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Ce diaporama est agrémenté de 4 versions de la chanson "Les Moulins de Mon Coeur", musique de Michel Legrand et paroles d'Eddy Marnay, chanson écrite initialement en anglais et s'intitulant "The Windmills of Your Mind" pour la bande originale du film "L'Affaire Thomas Crown (The Thomas Crown Affair)" réalisé par Norman Jewison avec dans les rôles principaux Steve McQueen et Faye Dunaway. Ces versions sont successivement interprétées par Michel Legrand (chant/piano), Ernesto Cortazar (piano) puis par Dany Brillant et Viktor Laslo (chant) et enfin par Slimane (chant).
En lisant le titre de cet article et si vous ne connaissez pas "le Moulin de Ribaute", vous vous direz : « super, nous allons balader et visiter un moulin ! ». Eh bien au risque de vous décevoir, ce ne sera pas vraiment le cas. En effet, le Moulin de Ribaute était un ancien moulin à eau ayant appartenu aux habitants de Duilhac-sous-Peyrepertuse permettant de moudre du blé sans que cette population ait à payer des taxes à un quelconque seigneur. Dans des temps plus reculés, ces droits seigneuriaux étaient si fréquents qu’on les appelait des « banalités » alors il faut le reconnaître, le cas de ce Moulin de Ribaute est si rare et si exceptionnel qu’il mérite bien d’être signalé. Et si je parle de ce moulin au passé c’est parce que de nos jours, vous n’entendrez ni le doux murmure de l’eau entraînant une roue à aubes, ni le crépitement des grains de blé passant sous les meulières. De ce moulin pas « banal » pour un sou, il ne reste que quelques vestiges c’est à dire de simples murs de pierres ruinés et deux meules qui gisent à terre dont une brisée. Mais ne soyez pas déçus pour autant car s’il y a une chose dont je suis certain c’est que vous ne serez ni chagrinés par cette petite balade et encore moins par le cadre enchanteur au sein duquel a été édifié ce moulin. Ce décor enchanteur se situe dans une portion des Gorges du Verdouble, gorges qui auraient déjà fait l’objet de quelques reportages télévisées. Le coin est donc relativement connu si j’en crois ce que j’ai pu en lire sur le Net. Bon personnellement, avant de m’y rendre pour cette petite randonnée, je ne le connaissais pas alors je me suis dit que je ne devais certainement pas être le seul dans ce cas. Cette escapade commence donc à Duilhac-sous-Peyrepertuse, petit village audois très pittoresque qui, à lui tout seul, mérite déjà qu’on s’y attarde et je ne parle pas bien sûr du château de Peyrepertuse, sa forteresse médiévale archi-connue qui le surplombe et dont les visites se chiffrent chaque année en plusieurs milliers de visiteurs. D’ailleurs, pour des yeux habitués, la « Citadelle du Vertige », comme on l’appelle ici, est déjà bien visible du point de départ de notre balade. Ce point de départ se situe au village même en bordure de la D.14 non loin de l’Hostellerie du Vieux Moulin et devant un immense platane. De toute manière, un grand panneau décrivant la randonnée au Moulin de Ribaute est planté là, au bord de la route. Un large chemin descend vers des jardins potagers encore bien fleuris en ce début octobre. Dès le premier virage et en enjambant le ruisseau de la Fontaine, une marque de peinture jaune sur un mur nous rassure quant à l’exactitude de la direction à suivre. Ce balisage jaune, on va le rencontrer sans cesse et d’ailleurs au moindre doute, d’autres signes comme des panonceaux directionnels et indicatifs et quelques cairns viennent opportunément nous confirmer le chemin à emprunter pour réaliser cette petite boucle. Le large chemin s’élève progressivement au dessus des dernières cultures et il ne se rétrécie qu’au moment d’entrer dans un sous-bois de chênes verts où il semble vouloir s’éloigner définitivement de la civilisation. Non, malheureusement la civilisation n’a pas totalement disparue de cette épaisse végétation car c’était sans compter sur quelques insensibles à la cause écologique qui ont laissé dans ce joli maquis de nombreuses « bagnoles » rouillées et d’horribles amas de ferrailles divers et variés. Effrayé non pas par ces ramassis métalliques mais par nos gros godillots, une petite couleuvre évite nos crampons et se jette dans le premier arbre creux venu. Duilhac s’éloigne mais on prend le temps de se retourner pour admirer le village coloré et pyramidal qui s’élève sur fond de « Quille » verdâtre. La « Quille », c’est cette longue chaîne rocheuse formant derrière nous un proche horizon allant du Grau de Maury jusqu’au Pla du Brézou et qui culmine, l’air de rien, à 964 mètres d’altitude. Une autre balade en perspective ? On tombe sur un calvaire mais notre itinéraire n’en est pas vraiment un même si quelques menus tracas nous obligent à redoubler de vigilance. En effet, sous nos pieds, le terrain devient plus caillouteux à l’approche du Col de la Croix Dessus (403 m) et dans le ciel, après moultes circonvolutions lointaines, un grand rapace noir au ventre blanc a décidé de nous angoisser en passant juste au dessus de nos têtes. De ce fait, nos yeux hésitent entre les difficultés du sentier et la proximité inquiétante de ce grand vautour tournoyant sans cesse. Au col, on retrouve la D.14 et on découvre une croix métallique au dessus d’un tertre ce qui explique sans doute la toponymie de ce lieu. Déjà un panonceau attire notre regard nous indiquant un itinéraire qui part en épingle à cheveux. Un premier coup d’œil sur la carte IGN pour constater que le chemin file en direction d’une colline répondant au doux nom de « Vente Farine ». Me dirigeant vers un ancien moulin à blé, ce nom m’interpelle d’autant que je me souviens l’avoir déjà aperçu lors d’une autre randonnée. De retour à la maison, j’ai cherché un peu et j’ai retrouvé une Couillade de Ventefarine non loin du « Sentier des Hauts de Taïchac » à Saint-Martin de Fenouillet. En cherchant encore, j’ai compris que ce toponyme que l’on écrit aussi « Bente Farine » était assez présent dans de nombreuses régions françaises même si je n’ai peut-être pas réussi à en trouver une signification absolument incontestable. En effet, les explications historiques restent plutôt vagues certains supposant qu’il s’agissait d’un lieu où était situé un moulin à vent, d’autres un endroit où souffle un vent violent et d’autres enfin le surnom donné à un meunier. En tous cas, une chose est sûre c’est celle désignant un lieu où il était question de « vent » et de « farine », alors l’explication la plus plausible est clairement celle qui signifie « qui évente le son de la farine ». On retrouve cette étymologie dans d’autres contrées et par exemple le village provençal de Ventabren (Venta-bren) signifierait la même chose c'est-à-dire un lieu où s’effectue le blutage, opération de tamisage consistant à séparer ces deux constituants du blé que sont l’enveloppe et le grain. « Vente ou Bente farine » serait dont un endroit où l’on éventait la farine pour la séparer du son tout simplement. Mais revenons à notre mou….lin de Ribaute. Le sentier descend un peu, semble vouloir revenir vers Duilhac puis bifurque à droite et s’aplanit quelque peu au sein de vieilles ruines et d’une végétation de plus en plus arbustive. Ici on retrouve tous les arbrisseaux communs aux Corbières : chênes verts et kermès, cistes cotonneux et de Montpellier, genêts, cornouillers, nerpruns, filaires, salsepareilles, baguenaudiers, etc…et j’en oublie. Dans ce décor totalement verdoyant, rares sont les plantes qui exhibent d’autres nuances de couleurs. Mais il y en a néanmoins quelques unes : les asters à feuilles de sedum avec leurs superbes fleurs mauves en étoiles serties d’un cœur jaune, quelques séneçons d’un jaune citron éclatant et les fruits rouges des Osyris blancs et des pistachiers lentisques. En se retournant, la haute colline de Peyrepertuse semble encore un peu plus découpée et désormais les remparts se détachent dans un ciel bleu purgé de tout nuage. Le sentier finit par atteindre une plate-forme rocheuse que l’on va longer dans une descente très caillouteuse mais glissante à la fois car faite d’une argile rouge. En s’approchant du bord de ce plateau, on prend conscience que l’on est au sommet d’une haute falaise dominant de profondes gorges mais une abondante végétation ôte toute sensation de hauteur et éclipse la rivière. De l’autre côté du ravin, le massif de l’Anayrac déploie sa toison olivâtre où émergent quelques barres rocheuses blanchâtres. Il en est de même sur l’autre versant de l’interminable vallon, côté Serrat du Bac. Quelques mètres plus bas, la rivière Verdouble si chère à Claude Nougaro apparaît enfin dès lors que l’on arrive en surplomb du petit barrage de Ribaute.
On l'appelle le Verdouble Toi le pêcheur en eau trouble
La rivière qui déroule Elle n'est pas faite pour toi
Ses méandres sur les pierres Le moindre poisson te double
La rivière des hautes Corbières Et te glisse entre les doigts
Mais si tu aimes la chanson Il scintille le Verdouble
De son hameçon Mais le cours de son argent
Elle te servira comme un échanson Ni les dollars, ni les roubles
Les flots fous, les flots flous Ne te le paieront comptant
De ses fraîches flammes
Pas la peine que tu te mouilles Mais tu seras riche à millions de ronds dans l'eau
A percer ses coffres-forts Il suffit d'un plongeon d'une gente dame
C'est dans l'oeil de ses grenouilles Et si tu bois le bouillon, pars à vau-l'eau
Que sont ses pépites d'or Noyé dans un baiser, ce n'est pas un drame
Ô, ô mon eau, ma belle eau, ma bonne eau Dans les gorges du Verdouble
Fais-moi flotter en haut de ta divine ronde Sur un lit de cailloux blancs
Ô ô ô, ô mon eau, radieuse radio J'ai composé ces vers doubles
Passe-moi en canot stéréo sur tes ondes Que j'espère ressemblants
Si aux eaux de mon Verdouble
Tu préfères l'océan
C'est facile, tu les ouble
Tu les oublies simplement.(Paroles: Claude Nougaro. Musique: Laurent Vernerey)
Pour écouter le chanson, cliquez ici
Un petit lac expose son miroir verdoyant et limpide où quelques poissons de toutes tailles musardent non loin de la surface. Le sentier passe à gauche de cortals en ruines et arrive à une intersection de chemins. Celui pour retourner vers Duilhac part à droite et passe devant les bergeries en question. Mais pour l’instant, l’heure du pique-nique a déjà sonné et comme des bancs et des tables de bois ont été aménagées à cet effet sur une vaste esplanade ce sont autant d’invitations à nous y installer. En ce début d’octobre, les touristes sont plutôt rares et si le silence n’est pas absolu, nous mangeons néanmoins dans la tranquillité et le calme que seuls le gazouillis des oiseaux et le clapotis du ruisseau viennent agréablement briser. De temps en autres, cette douce quiétude est interrompue par quelques tous proches jappements. Ces aboiements proviennent de deux chiens joueurs que nous allons découvrir dès le pique-nique terminé en même temps que ces merveilleuses cascades, toboggans, vasques et autres cuvettes naturelles que le Verdouble a su créer au sein de ce magnifique décor de calcaire. Pour cela, il nous aura fallu enjamber le mince filet d’eau du Rec de Riben pour nous diriger vers le petit barrage où une passerelle de bois permet de rejoindre les ruines du Moulin de Ribaute. Derrière ce dernier, un étroit sentier permet d’accéder au lit du Verdouble et à ses trésors d’architecture que ses eaux vives ont mis des siècles à sculpter. Avec un peu d’imagination et si vous observez bien la rivière, vous n’aurez pas de mal à distinguer que Dame Nature a eu la délicate attention de ciseler la tête d’un meunier coiffé de son bonnet blanc. Etonnant non ? Grâce à leur pureté et leur couleur menthe à l’eau, chaque petite poche d’eau, chaque petite alvéole, chaque cavité plus profonde ou chaque « marmite de géant » sont autant d'appels du pied à vouloir tremper nos fesses ou à « piquer une tête ». Dommage que l’été soit déjà si loin ! Les deux gentils chiens l’ont bien compris, ils n’ont cure de la saison, de l’interdiction de se baigner et n’attendent qu’un bâton ou un geste de leurs maîtres pour profiter pleinement de ces piscines cristallines. Ici chaque rocher plat ou poli par les eaux est un sofa de pierre que le meilleur des designers n’aurait pas pu imaginer. D’ailleurs, certains artistes ont été inspirés par ce lieu et ces rochers et ont cru bon d’y laisser quelques dessins insolites. Sur ces rochers, on y prend un peu de repos, on y réalise quelques féeriques photos et on peut même y grimper en remontant par la gauche le cours de la rivière pour une découverte un peu plus approfondie des gorges. On quitte à regrets ce petit paradis des Corbières en empruntant l’itinéraire qui passe devant les bergeries en ruines et suis le lit du Rec de Riben. Sans souci, il va nous ramener à Duilhac en longeant de vieilles vignes, d’anciennes terrasses et traversant des prés oubliés où la nature et la végétation ont largement repris leurs droits. Sur la fin, de belles vues se dévoilent sur les Hautes-Corbières, Peyrepertuse et Duilhac. Ici, l’altitude étant moins élevée que celle du village, ce dernier prend des airs de « paesellu » corse. Pour qui connaît un peu la Corse, cette vue de Duilhac est singulière et on aurait vite fait de penser que l’on a été téléporté tant la ressemblance avec quelques villages de l’Ile de Beauté est remarquable. Avec moins de 7 kilomètres, visite des vasques du Verdouble incluse, et son dénivelé plutôt modeste de 130 mètres seulement, cette magnifique randonnée est la balade familiale par excellence. On la terminera par une visite de Duilhac en pensant surtout à ne pas oublier d’aller goûter à l’eau fraîche de sa fontaine ornée d’un vers de Ronsard : "Quiconque en boira, qu'amoureux il devienne ». Les plus vaillants pourront y adjoindre un aller-retour jusqu’à Peyrepertuse à partir de Duilhac quant aux plus téméraires et aux plus sportifs, ici on les appelle les « Sauta-rocs" ou "Saute-rochers", il y aurait, paraît-il, une boucle réalisable enchaînant le Moulin de Ribaute, les Gorges du Verdouble, Rouffiac-des-Corbières, le château de Peyrepertuse et retour à Duilhac. N’ayant jamais réalisé ce long circuit et n’en connaissant pas les difficultés, je me garderais bien de vous le décrire et donc de vous le conseiller. Enfin pour les plus étourdis, je précise que ce Ribaute-là se trouve bien à proximité de Duilhac-sous-Peyrepertuse et qu’il ne faut donc pas le confondre avec la commune de Ribaute également située dans l’Aude mais sur les rives de l’Orbieu. Carte IGN 2447 OT Tuchan – Massif des Corbières Top 25.
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Une fois n’est pas coutume mais c’est dans les « faits divers » que je suis allé chercher le sujet de mon « Journal Mensuel ». Un horrible fait divers il est vrai que tous les médias ont plus ou moins relaté sans suffisamment insister à mon goût sur l’incroyable acte de courage, inutile certes et c’est bien dommage, qu’un jeune de tout juste 22 ans a réalisé en ce triste après-midi du vendredi 26 octobre 2012. Ce garçon s’appelait Pierre Lambert, il allait fêter son anniversaire et était étudiant à l’Université du Sud Toulon-Var. Quand sa collègue Mayinga est tombée dans les eaux furieuses d’une canalisation d’évacuation des eaux pluviales passant au milieu du campus, Pierre n’a pas hésité une seule seconde pour lui venir en aide. Pierre a offert sa vie pour tenter de sauver son amie Mayinga qui était en difficulté et il faut bien le dire à une époque où beaucoup trop de gens agissent uniquement par cupidité ou convoitise, un tel acte d’une telle bravoure complètement gratuit mérite une reconnaissance bien supérieure à une simple décoration à titre posthume décidée par notre « cher » Président Hollande.
Si j’en crois les témoignages relayés par de nombreux journaux tout s’est passé bien vite sur le campus de La Garde en ce vendredi après-midi. Il était environ 15h30. Tout comme Pierre, plusieurs étudiants venaient de sortir de la bibliothèque de l’Université. Pierre était déjà dans sa voiture. Mayinga, 26 ans discutait avec trois de ses amis sur le parking du campus quand elle a glissé dans le fossé en contrebas où démarrait une longue canalisation d’évacuation des eaux pluviales. A cause des pluies diluviennes des heures précédentes, elle a rapidement été emportée vers l’entrée puis à l’intérieur de la canalisation par des eaux devenues torrentielles. Pierre qui avait tout vu de cette scène, est sorti de sa voiture en courant et a tenté de la sauver en se jetant dans les eaux tourbillonnantes où s’écoule habituellement un maigre ruisseau du nom de la Planquette. Malgré son mètre 90 et sa puissante stature, Pierre a été aspiré à son tour dans la canalisation souterraine de 60 cm de diamètre qui 800 mètres plus loin se jette dans la mer. Les autres étudiants présents ont bien tenté de venir en aide à Mayinga et à Pierre mais il était déjà bien trop tard et bien trop risqué d’entreprendre une quelconque action sans aucun moyen matériel. Ils ont alerté les secours et d’énormes moyens ont été hâtivement mis en œuvre mais toute action de secours s’est vite avérée bien trop tardive, les victimes ayant sans doute très rapidement péri noyés, enfermées quelles étaient dans leur prison de béton. Les corps des deux pauvres malheureux étudiants ont été retrouvés quelques heures plus tard par des pompiers spécialisés dans la plongée.
Bien que mon article n’ait pas pour but de porter un quelconque jugement et d’ouvrir une polémique, il serait bien de comprendre comment un tel accident a pu se produire au sein même d’un campus universitaire où sont amenés à circuler des milliers d’étudiants. Pour la mémoire des deux jeunes étudiants, ce serait bien que la vérité apparaisse au grand jour afin que toutes les mesures de sécurité soient mises en œuvre pour que de tels accidents ne se reproduisent plus jamais nulle part. Il serait également judicieux de comprendre pourquoi il y a désormais tant de décès dès qu’il pleut beaucoup dans le Var. Selon de nombreux spécialistes, les causes seraient connues mais ignorées, semble-t-il, des pouvoirs publics.
Quand à Pierre Lambert, cet héroïque garçon, il mérite bien mieux qu’une simple médaille du courage et du dévouement remise à titre posthume par Manuel Valls.
Sans citer personne mais quand je vois qu’on octroie des médailles à tour de bras, pour « un oui ou un non », qu’on élève des statues ou bien qu’on attribue un nom de rue ou encore qu’on renomme tel bâtiment du nom de tel ou tel homme politique défunt ou pas, je me dis qu’il faut faire bien mieux pour Pierre Lambert, ce formidable jeune homme qui de surcroît a laissé dans un profond et immense chagrin, tous le gens qu’il avait connus ou côtoyés de près ou de loin.
L’acte intrépide qu’il a accompli en y laissant sa vie est aussi courageux, digne et respectable que ceux de résistants qui, dans les années 40, ont perdu leur vie pour libérer la France. Alors, ce serait bien d’ériger une statue à son image au sein de l’Université Sud Toulon-Var et même de renommer cette université, l’Université Pierre Lambert.
Voilà, en ce mois de novembre 2012, rien ne m’a paru mieux que de rendre hommage à ce jeune garçon….Il s’appelait Pierre Lambert….et mérite autant que bien d’autres de passer définitivement à la postérité.
Dommage que je n’ai pas le pouvoir de décider de ce genre de choses !…Bon j’ai le pouvoir de le dire et de l’écrire mais dans ce cas précis ça ne suffit pas à mon bonheur…..Très sincèrement, pour mon bulletin de novembre, j’aurais préféré trouver un autre sujet que celui-ci…..Mayinga et Pierre, reposez en paix....
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Cette balade au Cap de Morgiou depuis la calanque de Sormiou que je vous conte aujourd’hui, c’est sans aucun doute celle que j’ai réalisée le plus grand nombre de fois au cours de ma vie. Il faut dire qu’étant enfant, c’est à Sormiou que j’ai passé l’essentiel de mes vacances scolaires. Je ne sais plus exactement mais je devais avoir 7 ou 8 ans quand j’ai accomplie cette balade pour la première fois puis plus tard, il m’est arrivé d’enchaîner cette excursion plusieurs jours de suite dès lors qu’un nouveau copain arrivait dans la calanque pour passer ses vacances. Bien sûr, à l’époque, je ne partais jamais seul et nous étions toute une bande de potes qui la faisions ensemble. J’ignore donc combien de fois j’ai effectué cet aller-retour Sormiou-Cap de Morgiou-Sormiou mais je pense que ça se chiffre en plusieurs dizaines de fois. J’en garde donc des monceaux de souvenirs. A l’époque, ce n’était pas le goût de marcher, ni l’aspect sportif, ni la découverte du patrimoine historique qui nous faisait aller là-bas et nos desseins étaient beaucoup plus élémentaires : « cette balade était tout simplement très belle et nous voulions le prouver à nos nouveaux copains ». Aujourd’hui, c’est bien évidemment la même motivation qui m’a incité à décrire cette jolie balade dans mon blog mais il y en a aussi désormais quelques autres. En effet, 50 ans et des poussières plus tard, je n’ai pas eu envie, comme on dit, de marcher « idiot » et si quand je le peux, ce désir de marcher « intelligemment » est presque devenu « normal » pour moi, il l’était tout particulièrement pour cette randonnée-là. Je me suis donc lancé dans des recherches sur le Net avant de partir. Connaissant bien le Cap de Morgiou et ses nombreux vestiges, je me doutais bien que cet endroit devait posséder une histoire relativement riche et je dois l’avouer mes recherches sur le sujet m’apportèrent des réponses bien au-delà de toutes mes espérances même si parfois l’Histoire et le folklore marseillais finissent par se confondre. Grâce à quelques sites Internet et au plus remarquable d’entre eux, celui de Madame Michèle Weismann consacré aux calanques que son père le Docteur Albert avait tant aimées, j’appris par exemple que le sentier que j’avais cheminé tant de fois avait été emprunté le 30 Mars 1813 par 200 à 300 soldats de l’armée anglaise. Ils avaient débarqué à Sormiou dans la nuit et passant par ces mêmes crêtes que j’allais emprunter, ils étaient venus dès l’aube prendre à revers les 40 hommes de la garnison napoléonienne en faction au Cap de Morgiou. En lisant ce récit, je revoyais dans ma tête, ces fortifications qui de loin se fondent dans le décor et que l’on aperçoit seulement en arrivant au cap. Eh bien, il semble qu’on rencontre de nombreuses difficultés pour en établir la date exacte de leur édification. On parle d’abord de la construction d’une place forte pour faire face aux Barbaresques mais comme ces razzias en provenance de divers horizons musulmans ont perduré très longtemps dans toute la Méditerranée et bien plus loin encore, on mentionne la date de 1614, sortie, il faut le dire, de je ne sais où. Puis, selon l’histoire locale, peu après la Révolution Française et les guerres qui en découlèrent, les Anglais aidés par les monarchistes se seraient installés à Morgiou en 1793 où ils auraient édifiés ces remparts. Une version de l’Histoire raconte qu’en venant par la mer faire le siège de Toulon pour aider le Général Dugommier, le jeune capitaine Napoléon Bonaparte aurait, en passant devant le cap de Morgiou, essuyé des tirs d’artillerie d’Anglais commandés par un certain Hudson Lowe. Le futur empereur n’aurait pas répliqué et mal lui en a pris car ce même Hudson Lowe fut à Sainte-Hélène son plus affreux geôlier. Mais Bonaparte s’est-il néanmoins souvenu de ces tirs ? On peut le penser car l’Histoire officielle retient un décret impérial du 17 novembre 1810 signé de Napoléon lui-même dans lequel il ordonne la construction ou la reconstruction d’une ensemble de défenses maritimes sensé lutter contre la flotte anglaise qui n’avait de cesse de pirater les bateaux de commerce. Ainsi et malgré quelques lacunes historiques, une foultitude de choses s’éclaircissait pour moi. Tous ces vestiges découverts depuis ma plus tendre enfance, auxquels mes yeux d’enfant n’avaient jamais prêté beaucoup d’intérêts, prenaient enfin pleinement leurs sens. Le fortin, les remparts, les batteries, la vigie, ces amoncellements de pierres et bien d’autres ruines se transformaient soudain en de fabuleuses histoires avec un grand « H ». Ces Histoires, je ne vais pas vous les raconter toutes dans le détail, ce serait bien trop long et d’autres l’ont déjà fait bien mieux que je ne pourrais le faire moi-même. D’ailleurs ce n’est pas le but de mon blog qui est plutôt de donner envie de marcher et donc d’aller voir par soi-même. Par contre, vous trouverez dans cet article, quelques liens qui vous permettront d’en apprendre autant que moi. C’est donc la tête emplie de tous ces récits d’aventures authentiques que ce 12 septembre, j’ai démarré cette balade vers le Cap de Morgiou. En réalité, ce qui devait être une simple randonnée se transforma presque en une quête en arrivant au cap. Toutes ces ruines, tous ces vestiges que j’avais ignorés pendant tant d’années se présentaient soudain à mes yeux revêtus d’une incroyable importance et la randonnée se transforma bien évidemment en une extraordinaire flânerie d’investigation. J’ai démarré cette flânerie en empruntant le G.R qui s’élève au dessus du petit port de Sormiou. Un étroit sentier balisé en rouge grimpe immédiatement dans le maquis puis longe une barre rocheuse qu’il faut finir par escalader sur un ou deux mètres en s’aidant inévitablement des mains. Une fois cette petite difficulté franchie, le sentier bien que caillouteux s’aplanit et devient bien meilleur. Il longe désormais une longue falaise de calcaire blanc et ici, je ne peux m’empêcher de repenser à la cabane à Bob que tous les calanquais de Sormiou dignes de ce nom ont inévitablement connue. (déjà expliquée dans ce blog dans l’article consacré au Baou Rond). Le sentier contourne cette blanche falaise et arrive au lieu-dit « le Carrefour » où là, il faut suivre un balisage bleu en prenant à droite de l’immense cairn qui a été élevé à cette intersection. Entre-temps, vous aurez déjà eu l’occasion de découvrir les superbes vues plongeantes sur Sormiou et les panoramas plus lointains qui se dévoilent vers l’Archipel de Riou et le Massif de Marseilleveyre. Ces mêmes panoramas dont je vous disais qu’étant enfants, ils étaient nos seules motivations à venir jusqu’ici plusieurs jours de suite. En réalité, ce n’est pas tout à fait juste car ces collines étaient notre exutoire, nos terrains de jeux, nos terres d’aventures et grimper jusqu’à leurs crêtes, ce n’était jamais une corvée tant nous étions un groupe de copains et de copines uni comme le « Club des 5 » ou le « Clan des 7 » mais à une différence non négligeable c’est que nous, nous étions le plus souvent 10, 15 voire 20. Rarement, j’ai entendu des amis se plaindre de la difficulté du parcours sauf peut-être quand certains avaient la mauvaise idée de venir marcher avec des chaussures inappropriées du style « sandale de plage » ou bien « espadrilles en cordes ». Là, dans les éboulis et les sentiers caillouteux à souhait, la partie de plaisir se transformait très rapidement en un calvaire que Jésus lui-même aurait mal supporté. Ceux-là, s’excluaient d’eux-mêmes du groupe et ils sont très rarement parvenus jusqu’à destination. Car bien sûr, il y avait une destination finale à cette marche de plusieurs heures, le plus souvent effectuée sous une phénoménale canicule. Cet objectif suprême s’appelait : « Saint-Pierre », ça ne s’invente pas ! Pour arriver devant Saint-Pierre, il fallait d’abord chevaucher la longue crête de Morgiou, descendre l’immense mamelon de la Porte de Rome dans un sentier difficile car très pentu et gravilllonneux pour atteindre le col de Renard. Là, il fallait poursuivre et franchir les fortifications puis redescendre tout le Cap de Morgiou jusqu'à son ultime extrémité. Ici, à la pointe du cap et non loin de l’emplacement des anciennes batteries, se trouvait « Saint-Pierre », seul endroit où nous pouvions accéder à la mer pour nous baigner et surtout remonter sur la terre ferme une fois les baignades terminées. C’était toujours un vrai bonheur de se baigner là. A la fois parce que nous avions eu très chaud par parvenir jusqu’ici mais surtout parce que la haute falaise était presque toujours un prétexte à se mesurer pour savoir lequel d’entre-nous effectuerait le plongeon le plus haut voire le plus audacieux. Les filles, elles, regardaient nos exploits et nous jouions déjà les frimeurs et les séducteurs dans l’espoir d’un flirt tant désiré. Les plus téméraires avions toujours l’impression de braver des interdits car outre les plongeons, au cap, les courants marins y étaient souvent puissants et redoutables. Pour les moins courageux, il y avait toujours cette petite cuvette pleine d’algues vertes au fond bien lisse où ils pouvaient tremper leurs fesses. Moi, les jours que je préférais, c’était les jours de gros vent d’est quand la mer frappait violemment la falaise. Pour se baigner, nous n’avions pas besoin de plonger ni de descendre jusqu’au bord de l’eau, il suffisait de s’accrocher fermement à un rocher et la mer faisait le reste. Nous étions très inconscients mais je retiens surtout de cette période, les nombreuses parties de rigolades et les bains de soleil que nous avons pu prendre sur les roches blanches, planes et chaudes de Saint-Pierre. Jamais, avant de lire l’Histoire du cap de Morgiou, je n’avais imaginé que cet endroit où nous faisions les fous et avions pris beaucoup de « bon temps », avait pu servir de débarcadère aux Anglais pour attaquer une nouvelle fois les Français le 2 mai 1813. Ici, de nombreux jeunes soldats français de tout juste 20 ans avaient peut-être trouvé la mort et ce qui avait été un terrain de jeux pour les jeunes insouciants que nous étions , avait été pour eux un champ de bataille et finalement un champ d’honneur. Pour Albert Falco, enfant prodige de Sormiou puis chef plongeur et enfin capitaine de la célèbre Calypso du commandant Cousteau, le cap de Morgiou était un terrain de jeux sous-marins. C’est lui et ses copains qui ont sorti quelques canons napoléoniens de cette guerre contre les Anglais visibles au Club de la Mer de Sormiou. Outre ces histoires guerrières, le Cap de Morgiou est devenu mondialement célèbre depuis la découverte par 37 mètres de fond au lieu-dit la Calanque de la Triperie d’une magnifique grotte rupestre déclarée par Henri Cosquer en 1991. Si vous pensez vous y rendre uniquement pour ça, vous serez très déçu car rien n’est visible ni sur la terre ferme ni par la mer, la grotte ayant été obstruée depuis longtemps par mesure de sécurité et après divers accidents dont certains dramatiques. Une visite virtuelle est visible sur le Net dans l’attente des financements pour la mise en œuvre d’une réplique programmée depuis plusieurs années. Après cette belle découverte du Cap de Morgiou et de ses nombreux vestiges militaires mais également pastoraux, il faut retourner vers le col du Renard et là, soit on reprend l’itinéraire bleu vers Sormiou, ce que nous faisions étant enfants, soit on file vers Morgiou en suivant un balisage noir qui descend vers la calanque du Renard. Le sentier évite cette petite calanque et part vers la gauche directement vers Morgiou dont on découvre d’abord le port. Ne quittez pas la calanque de Morgiou sans aller voir l’escalier Louis XIII. Non ce n’est pas un bel escalier de style mais quelques marches taillées dans la roche tout spécialement pour la venue du roi dans la petite calanque le 9 novembre 1622. Débarqué en chaise à porteurs, le roi aurait descendu ces escaliers pour venir harponner quelques thons que les pêcheurs de Morgiou avaient enfermés dans leur madrague. Horrible vous ne trouvez pas ? Pour revenir à Sormiou, on traverse l’allée bitumée au milieu des cabanons et on peut soit poursuivre la Route du Feu et quelques raccourcis jusqu’au col de Morgiou soit emprunter le petit sentier du Vallon des Tinettes dont il n’est pas utile que je rappelle aux marseillais la signification et l’origine de ce toponyme. Le premier itinéraire passe d’abord au col des Escourtines puis derrière le Baou Rond d’où on rejoint le lieu-dit le « Carrefour ». Le second arrive directement à ce même « Carrefour ». Ayant pris, un sentier intermédiaire, souvenir de mon enfance, un peu plus court mais un peu plus embroussaillé, je ne vais pas vous le décrire ici. La magnifique descente vers Sormiou est une formalité et s’effectue par le même sentier pris à l’aller. En retrouvant Sormiou, j’y ai croisé deux couples de touristes anglais et je n’ai pas pu m’empêcher de repenser à leurs compatriotes soldats qui, pour défendre leur royauté et le régime monarchique français, étaient venus jusqu’ici, dans notre calme et belle calanque, combattre les révolutionnaires français….C’était, il y a exactement 199 ans. La boucle que j’ai réalisée ce 12 septembre fut longue de 12 à 13 kilomètres environ. Carte IGN 3145 ET Marseille- Les Calanques Top 25.
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Le temps est passé bien vite ! Voilà la réflexion que je me suis faite quand le 5 octobre dernier, au travers des médias, j’ai appris que c’était le cinquantième anniversaire du premier enregistrement des Beatles. Il s’agissait de la chanson « Love me do » qui figurait sur la face A d’un single 45 tours sur lequel on retrouvait « P.S I love you » sur la face B. C’était autant le dire un vinyle consacré 100% à « l’amour » avec ces deux jolies chansons écrites par Paul McCartney mais créditées au duo Lennon/McCartney comme ce fut très souvent le cas au temps de leur fructueuse mais trop courte collaboration. Nous étions donc le 5 octobre 1962, je venais d’avoir 13 ans et je démarrais ma deuxième année de 6eme. Eh oui, je n’étais pas en avance n’ayant pas encore pris conscience de l’importance que pouvait revêtir une bonne formation scolaire. Ce n’était pas la faute de ma mère qui me faisait bosser très dur le soir et n’arrêtait pas de me dire « travailles plus à l’école, tu verras, tu le retrouveras plus tard ! », ni celle de mon père qui me bousculait un peu quand il prenait connaissance de mon carnet de notes et surtout des « mauvais » commentaires de mes profs. Mais que voulez-vous, je préférais le football, je commençais à prendre goût à la musique et surtout, j’étais un garçon turbulent, dissipé, bavard et « pouvant beaucoup mieux faire » comme je peux encore le lire dans les mentions de quelques-uns de mes livrets scolaires que j’ai précieusement conservés. Il en fut ainsi jusqu’au Bac et je n’eus vraiment le déclic d’apprendre et de me former qu’en étant amoureux et en entrant dans la vie active et professionnelle. Mais trêve de bavardage (eh oui, je le suis encore !) et revenons à l’année 1962. Ce n’est pas cette année-là que je fis connaissance avec les Beatles. En effet, nous n’avions pas encore de tourne-disques à la maison et les seules chansons que je pouvais entendre c’était celles du « Poste T.S.F » comme nous disions en ce temps-là. A l’époque, on entendait très peu de chansons en langue anglaise et de ce fait ma mère ne connaissait uniquement que des chanteurs français du style Tino Rossi, Georges Guétary, Charles Trenet, Jean Sablon ou bien les Compagnons de la Chanson dont elle raffolait ! C’est ces chanteurs-là et quelques autres qui ont bercé mon enfance et une partie de ma jeunesse. En réalité, j’ai entendu du rock anglais pour la première fois en 1963 chez un copain de collège dont le père voyageant aux U.S.A lui ramenait les premiers vinyles 45 tours. D’ailleurs, j’ai toujours gardé en mémoire le canular qu’il m’avait fait en me montrant un disque de Buddy Holly car ressemblant à ce dernier comme « deux gouttes d’eau » ; même visage, même lunettes et même coupe de cheveux noirs et frisés ; il avait tenté de me faire croire que c’était lui qui avait enregistré ce disque sous un nom d’emprunt. J’ai d’autant mieux marché dans cette plaisanterie qu’il se défendait déjà très bien à la guitare sèche, qu’il avait appris « Peggy Sue » par cœur et qu’il imitait Buddy Holly à la perfection. Pour la petite histoire, son père avait acheté ce disque tant il avait été frappé lui-même par la ressemblance de son fils avec le chanteur de rock qui était mort quelques années auparavant dans un accident d’avion. Pour moi, Buddy Holly fut le premier chanteur de rock que j’ai aimé. Ce copain essaya même de me convaincre de « monter » un groupe de musiciens avec deux de ces amis mais le poste de batteur qui me plaisait bien étant pris et n’étant pas doué pour la guitare, je ne vis aucun intérêt à poursuivre dans cette voie. Voilà, comment je fis connaissance avec le rock’n’roll et quelques-uns de ses meilleurs représentants en 1963. J’avais donc 14 ans et Buddy Holly, Eddie Cochran, Elvis Presley, Bill Haley, Chuck Berry et quelques autres encore allaient devenir mes idoles. En ce qui concerne les Beatles, je ne les ai entendu pour la première que l’année suivante en 1964 alors que j’étais en vacances chez ma tante Juliette à Drancy. Mes cousins avaient acheté le 45 tours qui venait de sortir et sur lequel figurait encore « Love me do » mais aussi « You Really Gotta Hold On Me » et « Boys » mais surtout « Roll Over Beethoven » que je connaissais déjà dans la version originale de Chuck Berry. Je fus immédiatement subjugué par leur « Roll over Beethoven » à eux mais je compris surtout que ces « quatre garçons dans le vent » avaient quelque chose de plus que les autres. J’ai tout de suite aimé leurs musiques et leurs chansons car je trouvais qu’ils ne s’enfermaient pas dans un style. Ils étaient très éclectiques mais avaient leur propre style avec à la base leurs propres compositions et ça j’ai aussitôt adoré ! Ils alternaient le rock des années 50, leur propre rock et de magnifiques mélodies sur lequel on pouvait dansé des slows voluptueux. Sans doute, ma mère était-elle pour beaucoup dans mes goûts très variés et voilà pourquoi j’ai trouvé mon compte dans la musique des Beatles. Ma mère commença à m’offrir leurs premiers disques et je me mis ainsi à faire la collection de tous leurs 45 tours et de tous leurs albums. Je devins un « fan » même si je n’aime pas la connotation de ce mot. En réalité, j’ai été un vrai admirateur mais pas un « fada hystérique » comme j’ai pu en voir lors de nombreux concerts. Non, moi, j’étais plutôt dans la délectation et si je collectionnais leurs disques et uniquement leurs disques, c’était avant tout pour les écouter religieusement. Ah oui, j’avais un « tic », c’était celui de vouloir traduire toutes leurs chansons et là, je dois l’avouer ce ne fut pas toujours facile pour moi car d’abord la compréhension n’était pas toujours évidente mais en plus, à l’époque, l’anglais n’était pas vraiment mon fort.
Voilà, 50 ans sont passés, j’aime toujours la musique des Beatles mais j’aime aussi le jazz et l’ancienne chanson française….celle que ma mère m’a apprise à aimer….
Merci m'man !
Love, love me do…
Aime, aime moi…
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Ce diaporama est agrémenté de 2 musiques extraites du ballet Spartacus composé par Aram Ilitch Khatchatourian. Elles ont pour titres "Spartacus Ballet, Suite No. 2: I. Adagio of Spartacus and Phrygia" et "Spartacus Ballet, Suite No. 1: V. Dance of Gaditanae and Victory of Spartacus"et sont interprétées par le Royal Liverpool Philharmonic Orchestra dirigé par Vasily PetrenkoPour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.
Avant de vous parler de cette balade que j'ai intitulée « Les Chapelles du Coronat », laissez-moi évoquer d'autres souvenirs pas si anciens que cela. A partir du joli village de Conat, j’avais eu l’occasion de vous entraîner à la découverte de deux vieilles chapelles perchées sur le Pla de Balençou (Vallenso). Il s’agissait de celle ruinée de Sainte-Marguerite de Nabilles puis celle magnifiquement restaurée de Saint-Christophe qui jouxte le hameau de Llugols. Ce minuscule hameau de Llugols, je l’avais découvert deux ans auparavant, en 2007, lors de mon Tour pédestre du Coronat et je garde encore aujourd’hui le souvenir de cette étape profondément ancré dans mon cœur tant j’avais apprécié l’accueil à la fois amical, bienveillant et empreint d’une grande simplicité qui m’avait été réservé par le couple du gîte Naulin. Lors de ce court séjour qui n’avait duré que le temps d’un après-midi et d’une nuitée, j’avais vraiment été « soigné aux petits oignons ». Le lendemain matin, partant pour la dernière étape pour relier Jujols, j’avais quitté le gîte à regrets tant j’y avais apprécié sa sérénité et tant je m’étais senti bien dans ce hameau un peu oublié du monde. Ne trouvant pas suffisant de quitter le gîte avec nostalgie, j’étais parti de surplus avec Bonnie, le chien des Naulin. Un chien très attachant et espiègle qui m’avait suivi pendant plus de deux heures et si loin que je m’étais inquiété de son sort dès lors qu’il m’avait brusquement quitté pour partir à la poursuite de probables sangliers. Je venais de traverser Conat et j’étais à ce moment-là dans l’ascension qui allait m’amener à la très belle chapelle de Saint-André de Belloc. La tête emplie de ces charmants souvenirs et de bien d’autres, j’ai donc décidé de repartir sur ce même chemin et c’est donc une portion de cette dernière étape du Tour du Coronat en direction de Belloc et de Campilles que j’ai mise à l’affiche de mon blog. Pour la nécéssité d’en faire une balade sur une seule journée, je l’ai transformé en une jolie boucle qui nous ramène au point de départ. Ce point de départ, c’est la Place du 8 mai 1945 qui jouxte la mairie de Conat. En réalité, il s’agit d’un parking où l’on peut garer de nombreuses voitures. Une rampe monte derrière le petit cimetière en direction du magnifique clocher de l’église. Un panneau de bois se présente : « Beilloc ». Cette dénomination qui peut s’écrire également Belloc ou Belloch est un toponyme assez répandu dans le département et dans tout le sud-ouest signifiant « Beau lieu ». Quand on sait cela mais qu’on ignore où l’on va randonner, c’est plutôt encourageant car on peut imaginer que de belles « découvertes » vont sans doute se présenter. Un étroit sentier monte à découvert pendant quelques instants laissant entrevoir de jolies vues sur les jardins maraîchers. Très rapidement une deuxième pancarte métallique de couleur verte se présente : « Conat, Réserve Naturelle – Ministère de l’Environnement – La faune, la flore, les milieux naturels sont protégés ». Une prévention qu’il n’est pas inutile de rappeler tant il arrive de trouver des déchets de toutes sortes sur certains sentiers. Le nôtre s’enfonce dans un sous-bois de petits chênes verts mais peu à peu bien d'autres végétaux viennent les remplacer. Si vous avez accompli la balade vers le Pla de Balençou sur le versant ensoleillé qu’ici on appelle à juste titre la « Solana », vous constatez immédiatement la différence qu’il peut y avoir entre cet adret et l’ubac ou « Bac » en catalan, c'est-à-dire le versant ombragé du vallon où nous nous trouvons aujourd’hui. Ce vallon, c’est celui du Callau (parfois écrit Caillau ou même Caillan). Au milieu coule la rivière…du même nom. Aujourd’hui, finit les caillasses aux arêtes acérées, finit les lauzes de schistes qui glissent sous les pas, finit les gravillons sableux qui roulent sous les godillots, finit les grimpettes en plein cagnard, non, ici c’est un sentier souple fait d’un terreau de feuilles décomposées ou de ramilles desséchées que l’on chemine le plus souvent. Malgré un bon dénivelé, il est très agréable à cheminer et serpente essentiellement dans un sous-bois de petits feuillus : les chênes verts, les buis, les chèvrefeuilles, les cornouillers, les pistachiers lentisques, les genêts, les églantiers, les baguenaudiers, les genévriers et bien d’autres arbustes de ce maquis bordent le parcours qui s’élèvent en zigzagant en sein de la « Boixera ». Brusquement, à l’approche des falaises, les senteurs se modifient et un parfum de résine emplit l’espace dès lors que la majorité de ces feuillus va laisser la place aux pins à crochets qui vont devenir à leur tour majoritaires. En cette fin du mois d’août, les plantes fleuries se font plutôt rares : quelques euphorbes, de jolis chardons, des céphalaires à fleurs blanches, de rares catananches, quelques ombellifères. Vers le bas, les belles vues sur Conat apparaissent à l’occasion de quelques trouées. En face, se dégagent les panoramas sur le Pla de Balençou où tels de petits « Lego », on peut distinguer les chapelles précitées et les rares maisons du hameau de Llugols. Sur la droite le vallon du Caillau s’entrouvre largement sur des décors plus vastes et des horizons plus lointains où prédominent les habitations. La plaine de la Têt est perceptible. L’ouest reste invisible et ce n’est qu’en arrivant au pied de la falaise qu’on finit par embrasser cet horizon fait de petites collines verdâtres, de profonds ravins insondables et sur les hauteurs, d’une longue chaîne de montagnes bleutées qui s’étire de la forêt domaniale de Nohèdes-Urbanya jusqu’au Massif du Madres. Ici, en atteignant le Serrat des Estelles, haute falaise blanchâtre veinée de rouille, on en termine avec l’essentiel du dénivelé. Ici, atteindre les « Etoiles », c’est tout simplement franchir ce seul passage accessible que l’on appelle le Pas de l’Echelle et parvenir au dernier barreau de cet escabeau rocheux. Ce dernier échelon, c’est un éperon broussailleux qui s’avance sur des panoramas époustouflants. Mais aujourd’hui, qu’ils soient proches ou lointains, ces panoramas sont plutôt opalescents. On devine au loin la petite perle scintillante du lac de Vinça. Encore plus loin, on ne fait qu’imaginer la Plaine du Roussillon encadrée de longues collines grisâtres dont les extrémités disparaissent dans une ouate blanchâtre infinie : la Méditerranée ! Déjà, le regard se tourne vers d’autres pôles d’intérêts : la belle forêt de Belloc prend pour la saison quelques couleurs automnales d’un rouge déjà bien vermillon, le Massif du Canigou, dont on n’aperçoit pas encore le pic, ressemble d’ici à une colline bleutée presque plane. Sur la gauche et au loin, de l’autre côté d’une petite ravine, on croit voir un bâtiment blotti dans un petit bosquet de chênes et ce n’est qu’en avançant encore qu’on arrive enfin à distinguer le joli clocher-mur d’une chapelle. Il s’agit de Saint-André de Belloc qui se détache enfin dans un ciel pur mais très laiteux. Notre premier objectif n’est plus très loin et il ne faut désormais que quelques minutes pour l’atteindre. Au préalable, on aura serpenté dans une sombre pinède puis longé un grand mur de pierres se terminant par un petit souterrain. Est-ce les vestiges d’une petite enceinte et d’une ancienne soute à munitions ? Vauban serait-il venu jusqu’à Belloc, lui qui avait la farouche volonté de vouloir sécuriser tout ce secteur du Conflent ? Il faut dire que dans cette colline de Belloc qui domine le fort Libéria, Villefranche-de-Conflent et ses remparts mais également la confluence des trois vallées de Cady, de Rotja et de la Têt, ces quelques reliefs seraient de bien pâles vestiges militaires au regard de tout ce que Vauban a édifié pour que Villefranche ne tombe pas entre les mains des Espagnols. Par une large piste, on atteint un carrefour et l’ancien hameau de Belloc ou du moins ce qu’il en reste, c'est-à-dire deux ou trois ruines envahies par des lierres et des ronces, une minuscule bâtisse servant désormais de refuge aux randonneurs et enfin la belle chapelle Saint-André parfaitement restaurée mais malheureusement fermée certainement par crainte des vandales. Aucune des fortifications de Vauban n’arrêtera jamais ceux qui ont souillé et barbouillé les murs et les cloisons du refuge d’innombrables tags et surtout de messages indélicats et grossiers. Le vandalisme n’est pas un vain mot et malheureusement, la bêtise humaine, ses abjections et leurs ignominies arrivent sournoisement dans les plus belles de nos montagnes munies trop souvent de bombes de peinture ! Je n’en suis pas certain mais je suppose que pour les randonneurs qui voudraient avoir un aperçu de l’intérieur de la chapelle, la clé du cadenas est sans doute disponible dans une mairie ou auprès d’une association de sauvegarde du patrimoine du secteur. Il doit en être de même pour la chapelle Saint-Etienne de Campilles, deuxième objectif de notre balade. Depuis Belloc et pour se diriger vers Saint-Etienne de Campilles, il faut, après la découverte de la chapelle Saint-André, retourner au carrefour des pistes et face au refuge, il faut emprunter celle qui file vers le sud. Immédiatement, un petit panonceau « Saint-Etienne » et un balisage jaune et rouge sont visibles sur le tronc d’un arbre. Le balisage, c’est celui de l’ancien Tour du Coronat jamais réhabilité. On quitte la piste au profit d’un étroit sentier qui s’enfonce dans un sous-bois. Au fur et à mesure que l’on s’élève, le sentier s’élargit jusqu’à devenir une piste forestière. Ici, on déambule dans ce qui est déjà la forêt domaniale du Coronat et même si le « mont » du même nom est à plusieurs lieux d’ici, on est bien au sein du massif éponyme. Tout en montant, Dany et moi sommes affligés car peut-on donner le nom de « forêt » à ce spectacle de désolation qui s’ouvre désormais devant nous. Nous ne reconnaissons plus rien de cette belle et sombre forêt de hauts pins noirs d’Autriche et de grands pins sylvestres que nous avions découverts bien des années auparavant et dernièrement encore lors de mon Tour du Coronat. Que sait-il passé ? Quelques bûcherons seraient-ils devenus fous ou bien, est-ce les effets d’une terrible tempête ? Non, par expérience et pour avoir déjà vu de tels dégâts un peu partout dans le département, je comprends qu’une violente tornade est à l’origine de ce désastre. D’ailleurs, il suffit de regarder certains de ces pins fracassés, étêtés et dépouillés de leurs branches pour comprendre que c’est sans doute Klaus qui en janvier 2009 est passé par là. J’ai lu sur le Net (http://guyviguier.free.fr/) que l’Administration forestière avait racheté tous les terrains de cette Combe de Belloc et de Campilles dès 1875 alors que le hameau de Belloc s’était déjà vidé de tous ses habitants. Le but était d’en faire une forêt purement anthropique car à l’époque, ce secteur de montagne escarpé était désertique et seuls quelques champs abandonnés subsistaient sur ses flancs. Ce fut chose faite avec une plantation de pins noirs d’Autriche dès la fin du 19eme siècle. Voilà cette forêt décimée avait au moins 110 ans et ses arbres une hauteur d’au moins 25 mètres pour un diamètre d’environ 40 centimètres. Tôt ou tard la nature reprendra sans doute ses droits mais pour reconstituer une forêt à l’identique qu’elle soit naturelle ou pas, il faudra encore le même laps de temps. Quelques rares arbres ont résisté mais de nombreux gisent encore à terre, d’autres ont eu leurs troncs fracassés et sectionnés mais pour la plupart, ils ont définitivement disparu et ont sans doute fini leur voyage, broyés dans des scieries, transformés en granulés en en bois de chauffage. Les beaux papillons, attirés par cette clairière aussi soudaine qu’inattendue ont pris possession des lieux et prennent plaisir à butiner les innombrables buplèvres, les jaunes séneçons, les lavandes parfumées et les dernières fleurs roses ou pourpres des nombreux plants de thym et d’origan. Dans la montée, le Canigou se dévoile intégralement et sa vue nous fait un peu oublier les calamités subies par cette forêt. Tout en montant vers Campilles, la forêt semble avoir moins souffert dans ce secteur et je peux me replonger dans mes vieux souvenirs de mon Tour du Coronat. D’ailleurs, je n’ai rien oublié ni de la belle petite chapelle Saint-Etienne qui apparait soudain avec sa toiture mi-ciment et mi-lauzes grises, ni de mes vieux souvenirs et notamment de cette rencontre impromptue avec un couple de touristes bien sympathique et leurs trois filles. Une de ces rencontres imprévue mais si cordiale qui fait que l’on aime encore un peu plus la randonnée pédestre. Pendant que cette jeune femme veillait fidèlement sur ses trois enfants, ce jeune homme voulait tout savoir du fonctionnement de mon GPS et de la cartographie du lieu. Fan de VTT, il voulait tout savoir des randonnées du coin. Pendant que son épouse ne pensait qu’à m’offrir un bout de son gâteau, lui voulait tout savoir du Pic du Canigou, étant persuadé que son ascension était réservée aux seuls alpinistes chevronnés. Je ne pus faire autrement que de répondre à toutes les interrogations de ce jeune homme. Je ne pus faire autrement que de goûter à un morceau de ce délicieux gâteau si gentiment offert. Ce jour-là, ce fut pour moi, une halte si agréable que je ne vis pas le temps passer et mon arrivée à 20 heures à Jujols, terme de mon Tour du Coronat, fut bien plus tardive que je ne l’avais initialement programmée. Voilà dans quel état d’esprit j’ai retrouvé Campilles, son agréable replat où j’avais longuement papoté et où il fait si bon se reposer à l’ombre des chênes verts. Un peu plus loin, j’ai retrouvé le faîte de son « Roca Roja » dont le folklore prétend qu’avec un filon de son marbre rouge on aurait construit une partie du tombeau de Napoléon. Je ne peux bien évidemment pas vous certifier si cette histoire est vraie ou fausse mais elle m’a été racontée par un ami des plus fiables. Depuis le sommet de ce roc, les vues sur Villefranche, le fort Libéria et la confluence des trois vallées y sont exceptionnelles et imprenables. On peut au choix retourner vers Belloc par le même chemin ou bien en empruntant la piste, un peu plus longue, qui passe au pied du pylône émetteur TV. A Belloc, on descend la piste qui file vers l’est mais après la dernière grande bâtisse en ruines, on emprunte aussitôt un sentier qui file à main gauche et entre dans un sous-bois. Ce sentier est un raccourci qui évite quelques sinuosités de la piste et permet de découvrir des amoncellements de pierres rouges et un original « orri » de la même couleur. Ces petits terrils sont les résidus et les dernières traces des nombreuses mines de marbres qui ont été exploitées dans le secteur jusque dans les années 70. Très difficile d’accès, celle de Belloc où l’on extrayait un marbre griotte fut abandonnée bien auparavant. Dans le Massif du Coronat, on a trouvé des marbres de toutes les couleurs et on trouve encore très facilement de nombreux fragments mais ici sur les flancs de la colline de Belloc, les marbres exploités par une marbrerie de Ria étaient plutôt violet, incarnat ou bien griotte. Après les mines, on retrouve la piste qui va nous ramener sans problème vers la Vallée du Callau, d’abord sur le D.26 et finalement vers Conat. Il y aura bien au préalable une dernière chapelle, mais c’est celle de Sainte-Croix et comme il s’agit seulement d’une vieille ruine amplement délabrée, on n’y prête guère attention d’autant que de magnifiques vues apparaissent en surplomb des Fontanells. Ici, la piste paraît récente mais il s’agit en réalité de chemins ancestraux qui faisaient le lien entre Ria et Conat ou Llugols et Belloc et que les bergers utilisaient pour la transhumance. C’était les fameux « Cami ramader ». Sur la D.26 et en direction de Conat, il y a aussi un petit oratoire dédié à Saint-Joseph. Puis enfin, à l’entrée de Conat, on trouve un autre oratoire quasiment semblable dédié à la Vierge. Après avoir parcouru une quinzaine de kilomètres pour un dénivelé de 540 mètres environ, l’incroyant que je suis a finalement terminé cette « religieuse » boucle après être resté un peu plus de 5 heures arrêts inclus sur les sentiers du Coronat. Ce fut pour moi un pur bonheur que de remonter à Belloc et Campilles car j'y avais laissé quelques bons vieux souvenirs que j'ai finalement retrouvés ! Bien entendu, toutes ces chapelles romanes qu'elles soient du Coronat ou du Pla de Balençou peuvent faite l'objet de balades bien distinctes et bien évidemment les distances à parcourir en sont le plus souvent raccourcies. Carte IGN 2348 ET Prades-St-Paul-de-Fenouillet Top 25.
(PS : Ayant reçu plusieurs messages et commentaires, je confirme que ces deux chapelles et même une troisième (Notre-Dame de Vie) peuvent être découvertes à partir d'une randonnée en boucle qui démarre de Villefranche-de-Conflent. Cette randonnée porte le nom de Circuit des Trois Chapelles ou Balcon de Villefranche-de-Conflent.
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Bon an, mal an, j’ai toujours donné quelques euros à plusieurs associations caritatives comme les Restos du Cœur, l’Arc, les Orphelins de la Police, l’Ifaw, le Téléthon, etc…et quelquefois encore pour des causes exceptionnelles comme le dramatique séisme d’Haïti ou bien le terrible tsunami de 2004 dans l’Océan Indien mais je dois l’avouer, participer à deux marches, en deux jours consécutifs, pour deux bonnes causes, cela ne m’était jamais arrivé.
Bien sûr, je n’en tire aucune gloriole mais quand on aime la marche comme je peux l’aimer c’est un vrai petit plaisir que d’avoir participé à ces Virades de l’Espoir organisées dans mon village. Après avoir marcher la veille contre Groupama pour « Libérer le Madres », voilà une cause que je connaissais mal et avoir entendu Armand Abad, le représentant départemental de l’Association « Vaincre la mucoviscidose » énoncer les sanglots dans la voix, les prénoms de tous les enfants malades du département avait quelque chose de tout spécialement émouvant. Rien qu’à cause de ça, j’étais content d’être venu, d’avoir fait un don et cela suffisait à mon bonheur…
Mais au moment de partir, mon attention fut attiré par un véhicule qui était garé sur le parking appartenant sans doute à l’Association et sur lequel était apposé le logo de Groupama sur la carrosserie. Bien évidemment, je fis la déduction que le groupe d’assurances participait certainement à cette opération. Après vérification sur le Net, j’eus la confirmation que cette hypothèse s’avérait juste et que Groupama participe bien à travers sa Fondation pour la Santé aux Virades de l’Espoir…
A vouloir trop en faire, ne risque-t-on pas de passer pour une girouette ? Un jour d’un côté, un jour de l’autre !!!
Vous ne trouvez pas que c’est compliqué tout ça ? Moi si !
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Définitions du dictionnaire :
Mucoviscidose : maladie héréditaire caractérisée par un épaississement des sécrétions muqueuses qui provoque une insuffisance respiratoire et digestive.
Virade : marche ou randonnée effectuée sans durée définie, à laquelle les participants amènent des dons pour un objectif médical ou humanitaire.
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A l’appel du Collectif pour « Libérer le Madres », j’étais ce samedi 29 septembre 2012 au col de Jau puis au Refuge de Caillau ! A 9h15 et donc en retard il est vrai, ce qui ne m’a pas permis d’assister aux discours des élus et organisateurs et de partir randonner vers le sommet du Madres ou au pic de la Rouquette. Il faut dire que ce retard auquel il a malheureusement fallu que j’ajoute le temps exécrable qui régnait dans le secteur n’ont pas été propice à courir derrière les plus rapides et les plus courageux des participants qui avaient démarré beaucoup plus tôt que moi. Les quelques « fâcheuses » expériences dont une déjà vécue dans ce secteur de la Glèbe par temps de brouillard m’ont appris à être prudent en montagne et l’âge aidant…j’ai préféré renoncer à tenter cette aventure tardive. Alors oui, j’y étais mais pas question d’en faire une affaire personnelle même si d’un autre côté, j’y trouvais bien sûr un intérêt fortement personnel. Comme vous le savez, je suis un fou de randonnées et je possède depuis peu une petite maison à Urbanya alors bien évidemment une interdiction de marcher sur ces territoires de Cobazet (*) et du Madres aurait été dramatique pour moi car c’est une vaste partie de « mon » domaine habituel de marche qui aurait été amputé. Alors je rectifie : « Nous y étions ! » car selon l’Indépendant, c’était plus de 500 personnes qui avaient fait le déplacement malgré des prévisions météo désastreuses (qui se sont avérées justes !) et un revirement de dernière minute du Président de Groupama qui, la veille même de la marche programmée, avait annoncé sa propre « marche ». La sienne, c’était une marche arrière si tardive et si inattendue que peu de gens y ont cru vraiment. Nombreux et moi le premier ont pensé qu’une fois de plus Monsieur Cornut-Chauvin nous « baladait » encore. J’ai donc profité de cette journée pour rencontrer quelques personnes très sympathiques et pour aller faire un tour à la mine de talc car après tout c’est bien ici que tout a commencé. Et plutôt que de vous relater cette histoire, je vous conseille à ce propos d’aller lire un communiqué signé Anne-Marie Delcamp paru sur la page Facebook d’Unitat Catalana.
Au moment où je laissais ma voiture au col de Jau pour partir vers le Refuge de Caillau, j’ai entendu deux détonations de fusils de chasse venant da la vallée de la Castellane et j’ai aussitôt pensé aux animaux qui avaient « trinqués ». Puis, dans la foulée suivante, je me suis dit que le domaine n’était apparemment pas interdit à tout le monde. En arrivant au refuge, j’ai constaté qu’il y avait une majorité de randonneurs et d’amoureux de la nature et j’ai donc été très surpris d’apprendre que parmi les participants, certains chasseurs s’étaient également mobilisés. Ne connaissant pas grand-chose à la chasse mais après les coups de feu entendus , j’en ai conclu qu’il y avait sans doute « chasseurs » et « chasseurs » et mon étonnement fut encore plus grand tant je pensais que les intérêts des chasseurs et des randonneurs étaient diamétralement divergents. Moi, je vais plus souvent à la montagne pour ce qu’elle est c'est-à-dire pour la beauté de ses paysages, de sa flore et de sa faune et bien moins pour ce qu’elle possède même si de tant à autre récolter des fruits rouges pour faire des confitures ou ramasser des champignons sont d’agréables moments de bonheur. Par contre, marchant très souvent tout seul, il m’arrive parfois de croiser ou de surprendre des animaux dont il faut bien reconnaître qu’ils ont une phobie prodigieuse de l’homme. Et là, force est de reconnaître que la chasse y est sans doute pour beaucoup. Les périodes de chasse sont-elles sans doute beaucoup trop longues et même si certaines prises sont limitées et fortement réglementées, les animaux, eux, ne le savent pas et ils ont depuis longtemps inscrits dans leur gêne cette peur de l’humain.
Je rêve donc, pour mes petits-enfants, qu’il n’y ait plus d’espaces privés à la montagne et qu’il n’y ait jamais plus d’interdiction de randonner. Je rêve pour eux d’un Conservatoire de la Montagne comme il existe déjà un Conservatoire du Littoral….mieux, je rêve pour cette contrée du Madres d’un petit espace entièrement préservé et réservé à la flore et la faune, une espèce de petit parc «Yellowstone » à la française où les « grands » animaux et les plus petits aussi n’auraient plus jamais peur de l’homme….
C’est si bon de rêver !!!
Liens intéressants :
Pétition pour libérer le Madres
Mosset, le collectif communique
Article de l'Indépendant-Le Madres libéré !
(*) si l'histoire du Domaine de Cobazet vous intéresse, cliquez ici.
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Ce diaporama est agrémenté de 5 chansons extraites de la comédie musicale "Notre-Dame de Paris" (Luc Plamondon, Richard Cocciante). Elles ont pour titre et interprètes : "Belle" (Daniel Lavoie, Patrick Fiori et Garou), "Le Temps des Cathédrales" (Bruno Pelletier), "Ces Diamants-là" (Patrick Fiori et Julie Zenatti), "Beau comme le Soleil" (Hélène Segara et Julie Zenatti) et "Ave Maria Païen" (Noa).
En ce jour de juillet, c’est vraiment un concours de circonstances qui nous a conduit à aller faire une randonnée jusqu’au site classé des Camporells par la Serre de Mauri. Brièvement, ce hasard, puisqu’il faut bien l’appeler ainsi, c’est d’avoir les jours précédents un peu trop bossé à notre maison d’Urbanya et surtout d’avoir lu la veille de cette randonnée, un petit complément à la revue Pyrénées Magazine de juillet/août 2012 intitulé les « Carnets » dans lequel y étaient mentionnés quelques randos vers les plus beaux lacs pyrénéens dont bien sûr ceux des Camporells. Comme la journée du lendemain s’annonçait sous les meilleurs auspices, les dés étaient jetés et nous préparâmes nos sacs à dos avec la diligence et l'enthousiasme d’être déjà sur les sentiers du Capcir. Or, il faut se rendre à l’évidence, la clémence de la météo et l’azur du ciel ne changent rien à l’affaire et l’écart entre ce que l’on peut appeler chance ou hasard et malchance et fatalité est extrêmement mince. En ce jour d’été qui s’annonçait si merveilleux et qui l’était sur le plan météorologique, nous en avons fait le triste et sinistre constat car alors que nous arrivions dans ce site si majestueux que sont les Camporells, au même instant, de l’autre côté des magnifiques lacs bleutés, un drame se tramait. Une malheureuse randonneuse allait perdre la vie en chutant sur les pentes du Petit Péric. Ce matin-là, sans doute était-elle partie elle aussi en se disant quel jour extraordinaire pour aller randonner ! Sans doute était-elle partie marcher en se disant quel bonheur d’aller à la rencontre de la beauté, de cette nature si admirable et tellement grandiose ! En tous cas, j’espère qu’elle a quitté ce monde avec ces images-là, ces images d’un Capcir tellement fascinant et merveilleux que seules les randonnées en montagne sont à même de nous procurer de temps à autre. Pour Dany et moi, c’est le « ras-le-bol » autour des travaux de restauration de notre maison d’Urbanya qui nous incita à faire un « break » et à partir marcher. C’est donc sans carte, sans GPS (c’est si rare !) et presque au « pif », avec seulement le petit « Carnets » de Pyrénées Magazine que nous sommes partis vers la station de ski de Formiguères. Nous comptions bien sûr sur la qualité du balisage pour parvenir à nos fins et à part un bref égarement qui n’en fut pas vraiment un, l’itinéraire vers les Camporells (Camporeys ou les champs des rois de Majorque) fut d’une grande simplicité. Ce parcours est parfaitement indiqué avec de nombreux panonceaux et traces de peinture jaune propres aux P.R. On laisse la voiture au parking le plus haut de la station de ski de Formiguères et d’emblée quelques rudimentaires panneaux de bois annoncent la couleur : « Refuge des Camporells 2.240 m » puis suivent en dessous, les différents services offerts et les périodes d’ouvertures. Ces panneaux sont bien évidemment un encouragement à progresser sur la large piste terreuse qui s’avance vers la montagne et les sapinières en dominant les vastes bâtiments de la station. Cinq cent mètres plus loin, les premiers vrais panonceaux indicatifs de randonnées sont là non loin d’un joli oratoire. On quitte la piste en se dirigeant vers ce dernier et en suivant bien sûr l’itinéraire suggéré dans les « Carnets » : « Les Camporells par la Serra de Mauri ». Au passage, on remarque néanmoins un autre panonceau indiquant « Les Camporells par la Basseta » et cette attention s’avérera utile au moment de prendre la décision de revenir à la station en effectuant une boucle. Le balisage jaune est bien présent, il grimpe dans les prés en suivant le télésiège de la Calmasella. De petits poteaux jaunes nous font traverser les prés et nous entrainent vers un bois de pins à crochets où l’on reprend l’ascension. On finit par atteindre une très large piste carrossable pour constater que de nombreux randonneurs l’empruntent jusqu’ici et bien plus loin encore avec leur véhicule. Là, dans l’ascension de cette piste, les panonceaux sont nombreux mais les traces jaunes finissent par nous amener dans un sous-bois de pins et vers des pentes plantées de genêts en surplomb de la Vallée de la Lladura. De beaux panoramas s’entrouvrent vers de très hauts sommets lointains et d’autres bien plus voisins dont le Puig del Pam reste néanmoins le plus proche et le plus remarquable, en tous cas vu d’ici. Ce beau Puig del Pam que j’avais pris plaisir à gravir l’an dernier et que j’ai déjà relaté dans ce blog. On perd les traces jaunes quelques temps pour finalement retrouver la piste terreuse au terme de l’arrivée d’un télésiège. Je suppose que ce sentier que nous avons pris par erreur est un raccourci qui évite les sinuosités de la piste et qu’il est connu de quelques randonneurs seulement. Sans doute fallait-il suivre la piste carrossable et surtout être plus attentif au balisage jaune ? Ce balisage jaune, on le retrouve après la terminaison d’un télésiège et on ne va plus le quitter jusqu’aux Camporells. La piste, elle, reste le fil d’Ariane de l’itinéraire qui suit la longue Serra de Mauri même si de temps à autres, quelques brefs raccourcis permettent d’en éviter ses contorsions. Tout au long de cette portion du chemin, je me suis régalé à découvrir ces fleurs très particulières propres aux pelouses et aux rocailles d’altitude car ici ce sont bien les deux types de flores que l’on y rencontre. En atteignant le point culminant de cette balade à plus de 2.400 mètres d’altitude, on quitte définitivement la piste à l’approche de la petite mais très rocailleuse Serra de Dellà. Ici, le regard embrasse de tous côtés des panoramas à couper le souffle et de toute la balade, c’est sans contexte, le point de vue le plus captivant. Derrière, c'est-à-dire vers l’est, sur un lavis de montagnes bleutées, on a un meilleur aperçu de la longue Serra de Mauri que l’on vient de chevaucher. Au nord, c’est le début de la Vallée du Galbe et de ses quelques hauts puigs qui la dominent sous la forme d’une longue crête olivâtre. Au sud, l’imposant Puig del Pam apparait tel un saisissant mastodonte minéral et végétal. Droit devant c'est-à-dire vers l’ouest, on a une ample vision d’un enchaînement de hauts sommets triangulaires servant de frontière avec l’Ariège. Cette chaîne, paradis des isards, où subsistent quelques rares et blancs névés s’avance et se termine brutalement par les deux pyramides essentiellement minérales des deux Péric. Au pied de leur longue inclinaison, on arrive à distinguer l’immense lac des Bouillouses. Mais la vision la plus belle c’est celle aérienne sur le cirque de la Coquilla avec ses innombrables et verdoyants ourlets boisés et surtout celle sur le vallon des Camporells et ses merveilleux écrins bleutés que sont les Estanys Gros, del Mig et de la Basseta. La descente vers le refuge s’effectue sur un étroit sentier caillouteux et abrupt qui nécessite une attention de tous les instants. Nous, nous l’avons accompli en compagnie de l’amie du gardien du refuge qui était enceinte et qui, en plus, trimbalait son gamin de deux ans sur son dos. Autant vous dire que j’ai longtemps tremblé à la voir descendre sur ce sentier avec une célérité incroyable mais avec, il est vrai, un sens inné de l’équilibre et une dextérité déconcertante. Elle arriva bien avant nous au refuge. C’est d’ailleurs elle qui nous voyant arrivés à notre tour est venue nous prévenir qu’un accident venait de se produire sur les pentes du Petit Péric, son compagnon étant parti précipitamment sur les lieux de ce drame. A ce moment-là, attablés à la terrasse du refuge, nous ignorions tout du dénouement mais nous étions inquiets et avons prié pour cette dame qui venait de tomber. Comme nous ignorions les conséquences de cette chute, nous avons un peu mangé puis j’ai proposé à Dany d’aller faire le tour des lacs. Visiblement cette nouvelle l’avait ébranlée et elle n’était pas dans son assiette, alors je suis parti tout seul car perturbé moi aussi je préférais aller me changer les idées que rester au refuge dans l’attente insoutenable d’une éventuelle mauvaise nouvelle. Au moment où je démarrais, l’hélicoptère de la Sécurité Civile traversa le ciel et vint déposer des secouristes à proximité du refuge puis il disparut de ma vue en partant sur le lieu de l’accident. Il revint près du refuge alors que j’étais déjà de l’autre côté de l’Estany del Mig. Le ballet se poursuivit quelques temps puis l’hélicoptère aux couleurs sang et or disparut définitivement. Après la découverte de l’Estany del Mig et de sa splendide flore, j’ai remonté le torrent jusqu’aux berges de l’Estany Gros. Alors que j’en étais à prendre photos sur photos à la fois du relief du site, de sa beauté et de celle de ses fleurs, je me suis rendu compte qu’il y avait bientôt une heure que j’avais quitté le refuge et laissé Dany sur la terrasse. Il était donc temps de rebrousser chemin. A mon retour et à voir les mines déconfites de tous les randonneurs présents sur la terrasse du refuge, je compris aussitôt que le pire était survenu. Dany me confirma la nouvelle et je lui dis aussitôt que je n’avais pas trop envie de m’éterniser car ici tout le monde ne parlait plus que de ça, chacun y allant de son commentaire. En regardant vers le Péric, là même où cette malheureuse avait chuté et alors que le ciel avait été incroyablement bleu et purgé de tout nuage toute la journée, qu’elle ne fut pas ma surprise de voir qu’un petit cumulus blanc couronnait le sommet. Je ne sais pas pourquoi, je me mis soudain à penser qu’il pouvait s’agir de l’âme de la défunte qui était montée au ciel. Autant vous l’avouer, n’étant pas croyant, je ne crois pas à ce genre de choses, ni à la résurrection, ni à la réincarnation, ni aux apparitions, ni aux fantômes, ni aux anges ni à aucune de ces fadaises mais là, je l’avoue, ce petit nuage qui venait si brusquement d’apparaitre m’avait quelque peu troublé. Le temps excessivement sec n’étant pas propice à la formation d’un quelconque nuage, que faisait-il là tout seul ce petit nuage d’un blanc d’une incroyable pureté dans un ciel bleu aussi pur lui aussi ? Nous discutâmes quelques instants sur l’itinéraire à prendre pour le retour et plutôt qu’un aller-retour que nous trouvions un peu trop banal, nous choisîmes rapidement l’option du Lac de la Basseta, non pas celui des Camporells tout proche mais celui du vallon de la Lladura. Notre esprit de découverte et d’aventure prenait encore une fois le dessus car à vrai dire nous ne savions pas trop où nous allions. J’avais seulement visionné une carte à l’intérieur du refuge et je savais que la déclivité était conséquente et le parcours plus long que celui pris ce matin. Les deux durées étaient d’ailleurs sans aucune équivoque car écrites sur un panonceau au bord du lac. Alors même que nous quittions le site, un hélicoptère de la Gendarmerie survola le site et selon les dires d’autres randonneurs, il venait, paraît-il, chercher le corps sans vie de la pauvre malheureuse. Regardant voler cet appareil, je m’aperçus que le petit nuage blanc était entrain de se volatiliser comme si l’âme de cette dame partait en même temps que l’hélicoptère. Décidemment pourquoi avais-je ces pieuses pensées ? Une fois encore, je fus vraiment bouleversé par ce phénomène météorologique sortit d’où je ne sais où et aussi instantané que surprenant. Le retour vers la station de ski de Formiguères fut très difficile tant nos pensées allaient vers cette pauvre randonneuse. Il fut d’autant plus difficile que la descente vers le lac de la Basseta est relativement raide et caillouteuse pour ne pas dire accidentée et périlleuse et que nous redoutions nous-mêmes d’avoir un accident. Non loin du sentier, j’ai entendu chanter le déversoir des lacs c’est à dire la cascade des Porcs mais sans jamais la voir et sans pouvoir l’approcher malheureusement. Alors que dans le ciel d’azur, le lugubre hélicoptère de la Gendarmerie rompait sans cesse le silence en tournoyant encore, je me suis dit que le chant mélodieux de la cascade qui parvenait jusqu’à nous était le seul bruit agréable que j’avais entendu depuis ce matin. Par bonheur, nous fîmes cette longue et abrupte descente avec un sympathique couple de randonneurs qui nous tinrent compagnie pratiquement jusqu’à la station de ski. A tour de rôle, nous nous dépassions et nous finîmes par terminer ensemble cette belle mais triste balade. Comme nous, ils s’arrêtèrent à la fraicheur du petit lac de la Basseta et nous en profitâmes pour faire plus ample connaissance. Nous mîmes à profit cette halte rafraichissante pour finir un casse-croute que nous avions eu du mal à avaler en apprenant la terrible nouvelle. Le retour à la station de ski par la longue piste de la Lladura, le Creu de la Jaceta, le Pla del Bouc et le Bac de les Planes fut éprouvant autant à cause de la distance à accomplir, de la chaleur qui régnait en cette après-midi ensoleillée qu’en raison de nos jambes lourdes et tétanisées par l’horrible fatalité qui était survenue. Dans son « Voyage aux Pyrénées », Hippolyte Taine écrivait « la gaîté est comme un ressort qui rend l’âme élastique » et il ne croyait pas si bien dire car étant tristes, nous étions sans ressort et raide comme des passe-lacets. J’ai très longtemps pensé à cette dame mais également à ses compagnons de randonnée qui l’avaient accompagnée sur son dernier chemin. J’avais inscrit l’ascension des Péric à mon programme de 2012 mais je vais sans doute les remettre à un peu plus tard ou peut-être à jamais. Enfin je ne sais pas et encore une fois, je laisserais peut-être le hasard en décider. Il fait si bien ou si mal les choses ! Carte IGN 2249 ET Font-Romeu Top 25.
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Parmi toutes les informations qui ont fait l’actualité ces derniers temps, il en est une qui m’a marqué et attristé, c’est celle de la mort de l’astronaute Neil Armstrong le 25 août dernier. Dire qu’il s’agissait d’un homme « immense » est d’une banalité sans nom et il suffit de prendre connaissance de son parcours dans n’importe quelle bonne encyclopédie pour en être persuadé. Wikipédia par exemple retrace sa biographie magnifiquement. En juillet 1969, en posant le pied sur la lune, Neil a fait rêver l’humanité toute entière. Moi, j’avais exactement 20 ans et j’étais scotché devant ma télé noir et blanc et je n’ai sans doute jamais plus écarquillé les yeux ainsi, tant ce jour-là j’étais subjugué par la grandeur de l’exploit qui se déroulait sur l’écran. A ma mère qui était perplexe, je n’arrêtais pas de lui dire en plaisantant : « tu vois maman, il ne faudra plus que tu me dises que je suis toujours dans la lune. C’est une bonne chose à partir d’aujourd’hui ! ». Je me souviens qu’après la prouesse de Neil et de son ami Buzz Aldrin d’avoir marché sur la Lune, une certaine inquiétude s’était installée. Cette inquiétude était de savoir si les deux hommes et leur compagnon Michael Collins, pilote du module de commande, seraient capables de revenir sur Terre. Tout se passa pour le mieux pour la mission Apollon 11 et les trois hommes devinrent les plus grands héros des temps modernes. Mieux, les plus grand héros de tous les temps, Neil prenant néanmoins la part la plus importante de cette incommensurable reconnaissance en ayant été le premier homme à avoir posé le pied sur un autre corps céleste que la Terre. A ce sujet, tout et son contraire ont été dit et écrit. Certains prétendent que l’exploit lui serait monté à la tête, d’autres ont affirmé qu’il avait rapidement quitté la Nasa et son métier d’astronaute pour ne pas faire de l’ombre à ses coéquipiers et aux astronautes des autres missions Apollo, etc….etc… Mais qu’importe ce que Neil Armstrong a fait ou pas fait, ce qu’il a dit ou pas dit, qu’importe tout ce qui a été dit et écrit car force est de constater qu’il reste et restera pour toujours et pour l’humanité toute entière, l’homme qui aura fait rêver le plus grand nombre de terriens. Le premier, le plus courageux, il y en a eu qu’un et ce fut lui quoi qu’il ait toujours voulu affirmer le contraire. Quand on lui rappelait cette performance, il rouspétait et disait qu’il n’y était pour rien, que personne ne l’avait choisi et que ce n’était qu’une question de chance ou de fatalité. En tous cas, il y a une chose que Neil avait parfaitement compris c’est que plus il resterait dans l’Histoire et plus il ferait ombrage à ses condisciples et là, il faut reconnaître qu’il avait vu juste car qui se souvient de tous les autres « arpenteurs de Lune » ? Pas grand monde, il faut bien l’avouer ! On se souvient de lui comme à un degré moindre de Youri Gagarine, un peu moins de Buzz et encore un peu moins de Collins. Ce n’est pas faire offense que de le dire. Et pourtant, les voyages de tous ces héros des autres missions Apollo n’étaient pas moins périlleux et pas moins risqués et la célèbre mission Apollo 13 est là pour l’attester. Parmi tous ces « marcheurs », les derniers sont restés sur la Lune dix fois plus longtemps que Neil Armstrong et Buzz Aldrin. Trois d’entre-eux sont d’ailleurs morts avant Neil et même si les communautés spatiales et astronautiques leur ont rendu de vibrants hommages, il faut bien reconnaître que peu de personnes se souviennent de leurs noms et de leurs prouesses spatiales et lunaires. Dommage !!! Alors à ma modeste manière, c’est donc cette injustice que je veux en partie réparer en citant tous les noms de ces « randonneurs de la Lune ». Si le sujet vous intéresse vraiment, il suffit de cliquer sur leurs noms ou leurs missions pour revivre leurs parcours et leurs exploits lunaires sur Wikipédia :
- Buzz Aldrin - Apollo 11
- Pete Conrad – Apollo 12
- Al Bean - Apollo 12
- Al Shepard – Apollo 14
- Ed Mitchell – Apollo 14
- Dave Scott – Apollo 15
- James Irwin – Apollo 15
- Charlie Duke – Apollo 16
- Gene Cernan – Apollo 17 le dernier a avoir marché sur la Lune.
- Jack Schmitt – Apollo 17
C’est dans le cadre du programme Apollo que ces douze hommes ont arpenté la Lune entre le 21 juillet 1969 et le 14 décembre 1972. Il faut rendre hommage aussi à leurs troisièmes compagnons qui, il ne faut pas l’oublier, ont été là, pour récupérer nos héros en pilotant superbement en orbite lunaire le module de commande et de service. Sans eux, rien n’aurait été possible :
- Michael Collins – Apollo 11
- Richard Gordon – Apollo 12
- Stuart Allen Roosa – Apollo 14
- Alfred M.Worden – Apollo 15
- Thomas K.Mattingly II – Apollo 16
- Ron Evans – Apollo 17
Il ne faut pas oublier non plus l’extraordinaire équipage de la mission Apollo 13 qui n’a jamais eu la chance d’alunir mais qui est devenu héroïque en conservant un calme et un sang froid exceptionnel leur permettant ainsi de revenir sains et saufs malgré une succession de pannes et d’explosions lors de cette incroyable mission :
Alors que la Terre s’enfonce plus que jamais dans des crises de toutes sortes, économiques et financières, identitaires et religieuses ou bien encore écologiques, la solution ne serait-elle pas d’aller voir ailleurs si il y a un monde meilleur ?
Et si un jour, cette conquête de l’espace et de la Lune avait servi à ça ?
Voilà, à travers cet article, je voulais rendre mon humble hommage à Neil Armstrong et à tous ces hommes (et femmes aussi *) qui ont fait progresser la science comme on ne l’avait jamais fait avancer auparavant.
(*) Oui n’en déplaise aux misogynes et aux machos de toutes sortes, les femmes ont également conquis l’espace comme la russe Valentina Terechkova, la première a être allée dans l’espace, les américaines Sally Ride (la première américaine) Eileen Collins, Peggy Whitson, Pamela Melroy ou Sunita Williams, la française Claudie Haigneré pour ne citer que les plus connues et j'en oublie de nombreuses. Certaines y ont même laissé leur vie comme lors de l’explosion de la navette Challenger 73 le 28 janvier 1986.
Un petit article pour moi et l'humanité, un article mérité pour eux......
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Cette chanson est agrémentée de 5 chansons du regretté Michel Berger. Elles ont pour titre : "Le Paradis Blanc", "Quelques Mots d'Amour", "Message Personnel", "Chanter Pour Ceux Qui Sont Loin de Chez Eux" et "Pour Me Comprendre".Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.
Une fois encore, c’est vers les Corbières et plus exactement vers Vingrau et sa Serre que j’avais jeté mon dévolu en cette belle journée de printemps. Outre le plaisir de faire un peu d’exercice et d’aller m’oxygéner, mon but était comme souvent guidé par mon désir de découvrir la flore et éventuellement la faune de cette belle contrée. Ma curiosité fut amplement satisfaite puisque c’est presque une centaine de végétaux (fleurs, plantes, arbres et arbustes) et de nombreux animaux que j’ai pu photographier ce jour-là. En flânant bien plus encore, j’aurais pu très facilement doubler ces chiffres qui sans doute peuvent paraître ridicules quand on sait que c’est plus de 1.000 espèces végétales et plus de 300 espèces d’oiseaux que l’on a recensées uniquement dans cette chaîne montagneuse. D’un autre côté et en y réfléchissant, ces chiffres sont très substantiels si l’on tient compte que ces photos sont prises au cours d’une seule saison et d’une longue marche d’une seule journée, sur un sentier unique, connu et ouvert à chacun, qu’il n’y a pas de volonté de ma part de me cacher pour surprendre un quelconque animal, qu’il n’y a pas de volonté d’aller à la recherche ou à la rencontre d’espèces particulières comme le feraient de vrais professionnels de la photo ou de la nature et qu’enfin mon petit appareil numérique aussi performant soit-il n’est pas vraiment adapté à la prise de vues d’animaux surtout quand ces derniers sont en mouvement. Seul le hasard enfante mes photos faunistiques ou floristiques qu’on se le dise. A Vingrau, sur les panonceaux indicatifs, cette randonnée que je vous décris ci-dessous, est intitulée « Falaises et Contrebandiers ». Si le mot « falaises » s’expliquent très facilement puisque cette balade emprunte pour une grande partie la longue colline de la Serre de Vingrau, bien connue des fans de la grimpe, j’avoue que j’ai éprouvé un peu plus de difficultés à comprendre pourquoi on y avait adjoint le terme de « contrebandiers ». Il y a bien dans ces falaises, une grotte des Contrebandiers mais comme la dernière carte IGN l’ignore totalement en ne précisant pas sa position, elle n’apporte rien de concret quant aux raisons historiques à cette dénomination. Sans doute fallait-il remonter au temps où Vingrau était situé sur la frontière entre les royaumes de France et d’Aragon que le Traité de Corbeil de 1258 avait officialisé ? J’avoue que sur Internet, je n’ai pas trouvé grand-chose sur le sujet si ce n’est qu’au temps du Royaume d’Aragon des droits de passage à la frontière étaient prélevés sur de nombreuses denrées. Comme toujours, ce sont ces droits qui ont engendrés la contrebande mais il n’est pas certain qu’avec le Traité des Pyrénées de 1659 et la disparition de la frontière, le commerce illicite et les contrebandiers aient disparus avec elle. Alors ces contrebandiers qui étaient-ils ? Quels trafics y faisaient-ils ? Grâce à leur esprit de conquête et à l’expansion toujours plus grande de leur royaume, les Rois d’Aragon ont développé un important négoce maritime en Méditerranée et bien plus loin encore sur la bordure atlantique et jusqu’en Afrique. On ne doit pas oublier que ces monarques ont été aussi les Rois de Majorque et qu’ils régnaient sur une bonne partie de la « grande bleue ». On peut donc imaginer que pour les fraudeurs, tous les produits de ce commerce étaient bons à passer sans avoir à payer les taxes exigibles : matières premières, tissus, denrées alimentaires, vins, armes, semences, etc.…. On peut supposer aussi qu’avec la proximité des salins méditerranéens, le trafic du sel y ait joué un rôle fondamental surtout quand la gabelle fut instaurée. Or si mes recherches Internet ne m’ont pas permis d’en apprendre bien plus de cette contrebande et m’ont laissé quelque peu sur ma faim, elles m’ont presque systématiquement ramené vers un lieu qui semblait emblématique de ce territoire des Corbières : le Trau del Cavall. Il semble qu’au sein de cette frontière matérialisée ici par la Serre, très éloignée des axes de communication habituels, ce « Trou du Cheval » ait été un passage idéal à la fois pour y pratiquer la contrebande mais également pour surprendre l’adversaire lors des nombreux conflits entre les deux royaumes. Or, ces rivalités n’ont jamais cessé à partir du moment où le Roussillon fut annexé et devint aragonais. A titre d’exemple, ce collet sépare quelques forteresses très proches des deux camps : Aguilar, Quéribus et Peyrepertuse côté français et Salveterra (Opoul), Tautavel et Salses côté aragonais. Autant d'endroits où les rivalités furent constantes mais où désormais il fait bon de randonner. Le village de Vingrau lui-même bascula à différentes reprises dans un camp puis dans l’autre. Enfin on peut noter que sur les cartes cadastrales, certains ont transformé ce « Trou du Cheval » en « Pas du Cheval » peut-être selon l’idée, que le « Trau » ne serait pas un « trou » mais un « trot ». Une fois tous ces éléments en mains, il m’a paru évident que ce « Trau del Cavall » était bien l’objectif incontestable de cette randonnée et il m’a donc semblé logique d’y attribuer le nom de mon article. C’était d’autant plus cohérent que cette trouée naturelle représente presque exactement le point géographique médian de cette longue balade. Bien sûr, reste à expliquer pourquoi ce lieu s’appelle ainsi et le folklore régional laisse circuler l’histoire de ce commerçant ambulant qui, de village en village, venait projeter des films cinématographiques aux populations. Un soir, entre Vingrau et Périllos, surpris par un terrible orage, il ne trouve rien de mieux que de s’abriter dans une grotte pour protéger sa monture et tout son matériel et c’est, dit-on, ce conte populaire qui aurait donné le nom à ce lieu. Au delà du fait que l’on peut se demander pourquoi cette trouée s’est soudainement transformée en caverne, on peut aussi se poser la question de savoir pourquoi ce projectionniste itinérant empruntait ce passage très difficile plutôt qu’une voie plus praticable qui existait déjà au temps du cinéma, fusse-t-il muet. Mais toutes ces questions sont inutiles et on peut d’emblée éliminer ce récit traditionnel pour expliquer la dénomination de ce lieu. En effet, le « Trau del Cavall » figure sur les cartes Cassini dont tous les levés sur le terrain ont été réalisés au 18eme siècle. Cette appellation est donc automatiquement et au moins antérieure à l’arrivée du cinéma de plus d’un siècle. Non, la réalité est sans doute beaucoup simple et cette trouée a été appelée ainsi car elle était, dans cette longue colline, le seul passage accessible aux cavaliers de tous bords. Alors, oublions un peu l’Histoire de cette belle contrée et profitons d’une merveilleuse journée ensoleillée pour partir à sa découverte. Nous quittons Vingrau par la D.12 en suivant le balisage jaune propre au P.R, direction le Bac del Trau (tiens encore un trou !), c'est-à-dire Tuchan. Très rapidement, un panonceau nous demande de quitter le bitume au profit d’un étroit sentier qui entre et grimpe dans la garrigue. Cette petite ascension laisse d’ores et déjà entrevoir de très belles vues sur Vingrau et sur le relief particulièrement découpé de la blanche et oblongue Serre qui se détache dans un ciel incroyablement pur mais que la chaleur matinale rend déjà laiteux. Ici, dans ce maquis plutôt bas et rabougri, or mis quelques pins clairsemés, rien ne laisse présager que l’on évolue dans la forêt domaniale du Bas-Agly. D’ailleurs cette végétation typiquement méditerranéenne, ce qui ne signifie pas inintéressante loin s’en faut, on ne va plus la quitter de la journée. Si la déclivité s’élève dès le départ, la suite du parcours jusqu’au pied de la Serre va s’aplanir et même être constante dans des altitudes très modestes oscillant entre 270 et 310 mètres. Cette longue partie est donc sans aucune difficulté si ce n’est sa longueur d’une dizaine de kilomètres jusqu’au « Trau del Cavall ». Elle risque donc de vous paraître assommante mais si vous prêtez attention à la flore et à la nature en général, vous observerez qu’elle est assez remarquable et colorée mais également constamment changeante selon que l’on alterne les passages en maquis, au fond d’une ravine (Ravin du Correc des Conques), dans des sous-bois parfois très différents ou bien que se succèdent vignes, murs de pierres sèches, anciens champs en jachère ou ruines de vieux cortals oubliés. Ici, sans exception, toutes les plantes et les fleurs de notre garrigue méditerranéenne sont présentes mais il en ait une très étonnante et qui étrangement foisonne par endroit, c’est la Férule commune. Il s’agit d’une ombellifère ressemblant quelque peu au fenouil mais avec les particularités d’avoir une tige énorme et creuse, de mesurer parfois plus de deux mètres de haut et surtout ne n’avoir aucune senteur d’anis. Attention toutefois à ne pas la confondre car sa consommation est, contrairement à celle de son cousin le fenouil, éminemment toxique à cause de son « latex ». Quand à la faune, elle est, en cette magnifique journée printanière, omniprésente pour peu qu’on daigne y prêter attention et l’observer silencieusement : lézards, passereaux, rapaces, papillons et insectes butineurs ou sauteurs sont les principaux locataires diurnes de cet habitat extrêmement sauvage. Plus on approche du « Trau del Cavall » et plus on rencontre de vestiges dont les cartes nous octroient des patronymes aux origines parfois disparates : Borde de Rotllan (Rolland), Jasse de Didot, Cortal d’en Domenge, Cortal Miquel et Mas Llenço (Llansou). Si on élargit le champ de nos investigations cartographiques, ces disparités s’accentuent : Cassanova, Fontanell, Parès, Parros, Résungles, Molto, Sarda, Duran, etc.… Au fil des siècles, on voit bien que les différents conquérants de ce territoire ont inévitablement laissé bien plus que des empreintes de leurs passages. C’est en arrivant au mas Llenço, envahi par la végétation et aux murs copieusement couverts de lierres, que débute la véritable ascension de la Serre. Bien balisé en jaune mais superbement bordé de bleus par les innombrables aphyllanthes de Montpellier, l’étroit sentier caillouteux s’élève progressivement mais plutôt gentiment en direction d’une brèche rocheuse bien visible. Notre cible du jour, le « Trau del Cavall » est là, au bout de ce chemin. Sur la droite, de vieux murets de pierres sèches et des orris laissent imaginer une vie pastorale passée assez intense. Est-ce une peu de lassitude ou est-ce la forte canicule mais parfois on croit voir brouter quelques moutons au milieu des broussailles ? Non, les troupeaux d’ovins ont vraiment disparu depuis longtemps et il s’agit de quelques roches blanches qui ont dévalé les flancs de la falaise pour s’immobiliser dans les cistes, les chênes kermès et les romarins. Une fois atteint le « Trau del Cavall », on s’attend à ce que le regard bascule sur un monde bien différent. Non, la réalité est nettement plus fade et aussi bien devant que derrière, les paysages sont quasiment semblables. Ils sont essentiellement constitués d’immensités de garrigues et de calcaires se terminant par de élévations plus ou moins hautes. Seuls quelques vignobles bien alignés, quelques champs verdoyants et quelques blancs et lointains hameaux donnent une touche d’humanité à ce patchwork sauvage, imprécis et confus. Au loin, vers l’est, c'est-à-dire vers Opoul se dresse le plateau reconnaissable de Salvaterra, vaste nid d’aigles où les ruines crénelées de l’ancienne forteresse sont encore parfaitement visibles. Vers le nord, la longue échine cabossée de la Serre se poursuit puis, tout en zigzaguant, elle semble se perdre dans un océan de collines plus ou moins lointaines et plus ou moins hautes. Quelques sommets reconnaissables se détachent : le Puig del Ginebre, la Serra de la Gran Cremada et le Montolier de Perellos. Vers l’ouest, c’est la Montagne de Tauch qui emplit l’horizon. Le sud, lui, tout proche attend qu’on grimpe sur ses bosses, semblables à de blanches « montagnes russes » mais le soleil désormais à son zénith ne l’entend pas de la même oreille et accable les plus vaillants. On bascule dans la trouée puis sur quelques mètres, on descend sur l’autre versant de la Serre. Le sentier se perd dans la rocaille et si le balisage jaune ou les cairns n’étaient pas bien présents, à coup sûr on s’y égarerait. L’itinéraire remonte rudement. Ici, pendant quelques temps et pour progresser, les mains deviennent aussi précieuses que les pieds et quand le sentier se stabilise enfin, on en ait déjà à chevaucher la crête sommitale avec de beaux panoramas des deux côtés. La tiédeur laiteuse du matin a laissé la place à une brume blanchâtre plus opaque qui empêche toute vision très lointaine. La Méditerranée et la plaine du Roussillon restent invisibles. Moi, dans cette ascension déjà compliquée, le photographe botaniste amateur que je suis, est encore plus embarrassé que le commun des randonneurs car comment avancer convenablement, appareil photo en mains, dans ce dédale minéral où d’incroyables fleurs sont venues se loger dans la moindre fente et le moindre interstice de la roche. Comment avancer quant on ne sait plus où donner de la tête tant la flore y ait insolite, merveilleuse et à la fois prolifique et parfois rarissime ? Œillets des rochers, œillets piquants de toutes sortes, géraniums, centranthe, ornithogale, iris et campanules des Corbières et bien d’autres fleurs embellissent le parcours. Quelques passereaux et rapaces jouent aux voltigeurs en bordure des falaises. Leurs piaillements nous interpellent. Les papillons et les sauterelles semblent nous accompagner dans cette aventure printanière. Quelque soit l’univers que l’on chemine : crêtes calcaires, éboulis caillouteux, plates-formes herbeuses, pinèdes, affleurements de lapiaz, vallon (Correc des Collets) encadrant de hautes falaises, on y découvre une flore et une faune exceptionnelle et ce, jusqu’à l’arrivée à Vingrau. En chemin, on découvre le refuge non gardé Yves Bernard offrant la possibilité d’un abri solide aux randonneurs au long cours ou en cas d’intempéries. Nous profiterons de son ombrage rafraîchissant pour y faire une simple halte goûter avant d’en terminer par le Planal de l’Eixartell laissant entrevoir de superbes vues aériennes sur le vallon de Cassanova, ses vignobles et ses jasses et enfin sur le superbe village de Vingrau. Nous sommes restés environ huit heures sur ce parcours, arrêts compris, mais il ne faut pas trop se fier à cette durée-là tant nous aimons flâner et perdre notre temps à tout observer dans ce type d’univers à la fois sauvage, hostile mais superbe. Alors il est sans doute plus simple que je vous dise que cette balade est longue de 18 à 19 kilomètres environ, que l’altitude la plus basse est à 140 mètres peu après le départ de Vingrau, que le point culminant est à 540 mètresau sein même de la Serre et que les montées cumulées se chiffrent approximativement à plus de 650 mètres. Au fait, savez-vous que Vingrau a pour origine l’expression latine « viginti gradi » signifiant les « vingt grades » mais qu’il faut traduire plus simplement en « vingt marches » ? En effet, le chemin principal menant au village passe par un col que l'on appelle "le Pas de l’Escala". Or, à l’époque romaine, ce « Pas de l’Echelle » était constitué d'un voie pavée dans laquelle vingt marches avaient été sculptées dans un passage difficile de la falaise. Peu à peu, le nom s'est transformé en "Pas de Vingrad", "Pas de vingt graus", puis enfin "Vingrau". (Source : https://www.les-pyrenees-orientales.com/Villages/Vingrau.php) Bon, il n’était pas si fous que ça ces romains et en tous cas bien moins que moi car ma balade, je peux vous le certifier, elle comporte bien plus que vingt marches !!! Allez-y et vous verrez par vous-mêmes. Carte IGN 2547 OT Durban – Corbières – Leucate- Plages du Roussillon Top 25.
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