• Mes enfants m’ont offert pour Noël, un très beau livre intitulé « Sormiou, le berceau bleu de mes souvenirs ». Or, aujourd’hui, même si j’en recommande vivement la lecture car j’ai pris beaucoup de plaisir à le lire, c’est plus de son principal auteur que j’ai envie de vous parler que du livre lui-même.

    Cet auteur, auquel aujourd’hui je veux rendre hommage au travers de cette très humble chronique, c’est le célèbre Albert Falco qui malheureusement nous a quitté en avril 2012, quelques mois après l’impression et la parution de ce livre dans lequel il nous raconte son remarquable parcours d’homme, de plongeur et de marin. Moi, je vais l’appeler Bébert car à Sormiou, tout les calanquais l’appelaient comme ça et je suis persuadé qu’il aurait voulu qu’il en soit ainsi. Je dis de lui qu’il est « célèbre » mais en réalité, j’avoue que je n’en sais trop rien mais il y a une chose dont je suis certain, c’est qu’il est forcément connu des gens de ma génération et à fortiori de la précédente mais à coup sûr de toutes les personnes qui, un jour ou l’autre, se sont intéressés de près ou de loin aux « choses de la mer ». Sur le plan mondial, ça fait tout de même beaucoup de monde !

    En effet, qui de la génération des années 1930 à 1960 ne connaît pas « le Monde du Silence » de Louis Malle et de l’illustre commandant Cousteau, film primé en 1956 par une Palme d’Or au Festival de Cannes et un Oscar à Hollywood en 1957 ? Qui, de ces générations-là n’a pas un jour ou l’autre, vu à la télé ou même possédé tout ou partie de la collection des aventures cinématographiques de la légendaire Calypso, intitulée « l’Odyssée sous-marine de l’équipe Cousteau » ? Alors forcément, même si Albert Falco est un peu moins connu des générations qui ont suivi et des jeunes d’aujourd’hui, il restera à jamais l’apprivoiseur de Jojo le mérou et l’irremplaçable chef plongeur et capitaine de la Calypso. A la fin de son livre, il suffit de lire sa « Chronologie » pour prendre conscience de la richesse de son incroyable parcours.  

    Moi, je l’avoue, j’ai un regard un peu faussé de Bébert. Mais comment pourrait-il en être autrement, car toutes proportions gardées, si Sormiou a été le berceau bleu de ses souvenirs, la calanque a été et est encore aujourd’hui largement le mien ? Sormiou, j’y suis quasiment né, enfin pas très loin, dans ce quartier de Marseille qui s’appelle Mazargues et qui est tout proche de la calanque. Mes grands-parents et mes parents ont toujours été détenteurs d’un cabanon au sein de la calanque et tout enfant, j’y venais, comme Bébert, par le sentier des Escourtines ou bien celui des Treize Contours avant que la route bitumée ne voit le jour. Comme son propre père, le mien y a toujours eu un bateau qu’il construisait d’ailleurs lui-même et qu’ici on appelle « bette », « barquette », « pointu » ou encore « youyous » quand ils sont plus petits. Mais bon, Sormiou, j’aurais sans doute l’occasion de vous en reparler un jour ou l’autre dans le « Journal mensuel » de mon blog, car si cette merveilleuse calanque a été le « berceau bleu » de Bébert et aussi le mien, je n’en garde pas que des bons souvenirs car elle a été aussi le « cercueil noir » de mon frère Daniel, qui en 1992 y a perdu la vie par un beau matin de juillet sur un quai de son petit port. Il venait tout juste d’avoir 46 ans.

    Mais revenons à Bébert car rien que d’écrire ces quelques lignes au sujet de mon frère, il m’en vient les larmes aux yeux….mais c’est sûr, je vous reparlerais un jour ou l’autre de Sormiou, ce berceau bleu de mes souvenirs à moi aussi.

    D’Albert Falco, je ne peux pas avoir un regard vraiment objectif car voilà un homme qui m’a fait rêvé la mer comme personne et notamment à travers ses films mais pas seulement. Personnellement, plutôt que de lire « sa vie », j’aurais nettement préféré qu’il me la raconte. Oui, cela aurait été sans doute génial et surtout possible car nous avons assez souvent vécu non loin l’un de l’autre à la calanque de Sormiou. En 1971, quand son cabanon a brûlé, il est venu s’installer pendant quelques années non loin du mien à celui qui s’appelle le « Conteur d’Ô » mais que nous, nous avions toujours appelé « le cabanon des Gomme » car une famille portant ce nom-là y avait vécu quelques années auparavant. Mais les circonstances n’ont jamais été réunies pour qu’il me raconte sa vie. Moi, parce qu’il m’intimidait et lui, car il avait sans doute d’autres passions à assouvir et d’autres missions lointaines à accomplir que de s’occuper de moi. A vrai dire, nous ne sommes pas souvent croisés. Parfois, depuis mon cabanon, je le voyais accoudé à la balustrade du sien, regardant la mer qui sans doute, l’appelait sans cesse même quand il était en vacances.

    Pourtant, les occasions de lui parler sont parfois arrivées mais je lui disais simplement bonjour et j’ai toujours pensé que le fait qu’il me réponde, suffisait à mon bonheur. Je me trompais et je m’aperçois aujourd’hui que j’aurais peut-être dû aller vers lui quand les occasions se présentèrent et pourtant par deux fois, je m’y suis essayé.  Ces deux anecdotes, elles sont profondément ancrées dans ma tête et je vais tenté de vous les raconter comme je m’en souviens aujourd’hui. Mais avant tout, précisons que Bébert était plus âgé que moi d’une vingtaine d’années. 22 ans pour être exact. Voilà ces anecdotes :

     

    -          Je devais avoir treize ou quatorze ans, peut-être un peu moins et déjà j’étais un vrai passionné de chasse sous-marine depuis 2 ou 3 ans. Passionné mais pas vraiment doué car sans doute un peu trop nerveux au moment fatidique où il fallait approcher les poissons et appuyer sur la gâchette de mon minuscule harpon équipé d’un trident. Mais heureusement quelques années plus tard, je vais finalement me calmer et là, ça changera du tout au tout et je vais « tirer mon épingle du jeu ». Mais revenons à Sormiou et à ce jour-là. Alors que j’étais sur le chemin qui va de la plage au port, je vois Bébert arriver en tenue de chasseur sous-marin avec sa combinaison néoprène et dans les mains, son masque, son tuba, ses palmes et son fusil. Pour moi, à l’époque, avec mes yeux d’enfant, il était déjà « l’immense Bébert », le plongeur de la Calypso, l’amadoueur des gros poissons et des requins notamment et surtout l’acteur de cinéma que j’avais déjà vu dans quelques films : le Grand Conclu, un film sur les holothuries qu’ici à Marseille on appelle « boudins de mer » et bien sûr, le Monde du Silence. Evidemment, je lui emboîte le pas et le voilà qu’il se met à l’eau juste devant mon cabanon à l’endroit même où j’avais l’habitude de me baigner et de « pêcher » mes pataclets et mes gobies. Il ne prête pas attention à moi, mais moi, je ne le quitte pas des yeux. Je le vois traverser les Cabesailles et disparaître très rapidement derrière la Pointe de la Busque que les calanquais appellent plus communément « Blanc » et désormais plus connue comme étant la pointe où se trouve le cabanon de Fabio Montale, la célèbre série télé avec Alain Delon. Que croyez-vous que j’ai fait ? Je l’ai attendu là, sur les rochers, au bord de l’eau, à me faire bronzer pendant plus de deux heures en espérant bien sûr qu’il ne sorte pas de l’eau ailleurs. Puis, au bout de deux heures, je l’ai vu revenir et quant il est ressorti de l’eau, autant le dire, j’étais plutôt déçu. Avec mon regard de jeune adolescent et l’admiration que je lui portais, je m’attendais à le voir sortir avec d’énormes poissons à la ceinture comme j’en avais vu nagé très souvent dans ses films et au lieu de ça,  il n’avait que quelques beaux sars, deux ou trois loups et muges plutôt moyens et surtout un très beau poisson aux multiples couleurs chatoyantes que je voyais pour la toute première fois. C’est ce poisson-là dont la maille faisait au moins 30 centimètres qui ce jour-là m’impressionna le plus, non pas à cause de sa taille mais de ses belles couleurs bigarrées. Quelques années plus tard, j’appris qu’il s’agissait d’un Labre paon ou plus exactement d’un Crénilabre paon (Symphodus Tinca)  mais qu’ici à Marseille, on appele plus couramment des « vieilles » ou des « roucaous ». Bébert a ôté son masque, son tuba et ses palmes et moi, je le regardais sans rien dire. J’avais pourtant une envie folle de lui adresser la parole mais je ne savais pas quoi lui dire et en tous cas, les mots n’arrivaient pas à sortir de ma bouche. Puis finalement, le voyant un peu embarrassé avec son matériel et sa douzaine de beaux poissons, je lui ai dit « belle pêche, je peux vous aider Monsieur » mais très gentiment il m’a répondu « non merci, ça va aller ! » puis il a rajouté « ça te ferait plaisir si je t’offrais un poisson ou deux » et là, je ne sais pas ce qui s’est passé dans ma tête mais j’ai bêtement répondu avec un mensonge « non, merci, moi aussi je fais de la pêche sous-marine et j’en attrape aussi des poissons comme ceux-là ! ». Il a simplement eu un petit sourire et a dit « Ah bon !  Très bien ! ». Puis il est parti. Je l’ai suivi jusqu’au chemin et se dirigeant vers la plage, il a très rapidement disparu et je suis resté très longtemps sans plus le revoir. Dans la seconde qui a suivi cette première rencontre, je regrettais déjà mes paroles, je m’en voulais d’avoir menti et fanfaronné à « Monsieur Albert Falco » mais ce jour-là, je me suis fait une promesse : « attraper à la chasse sous-marine autant de poissons que Bébert venait d’en sortir ce jour-là et surtout attraper ce magnifique poisson multicolore que j’avais aperçu accroché à sa ceinture». Voilà la petite histoire de ma vraie première rencontre avec Bébert. Cette courte rencontre a accouché d’un mensonge mais surtout d’une promesse d’enfant, promesse qui finalement a du m’être utile puisque elle s’est exaucée plus tard des dizaines voire quelques centaines de fois. Mais ce n’est pas tout. A partir de ce jour-là, mon parcours de chasse sous-marine préféré a été de me mettre à l’eau devant mon cabanon, de traverser les Cabesailles puis de partir derrière la Pointe de Blanc en direction de la crique de la Palée ou de Cancéou en passant par le récif de la Loude (renommée depuis peu Réserve Albert Falco) quand ce n’était pas jusqu’au Cap de Morgiou. Plus je grandissais ou vieillissais, plus je prenais de l’assurance et plus j’allais loin. Très souvent, quand j’estimais avoir le poisson suffisant à ma consommation personnelle, je me baladais uniquement pour le plaisir des yeux. Oui, je peux vraiment le dire, ce jour-là,  Bébert m’avait montré un chemin, un chemin magnifique qu’il m’arrive encore de parcourir aujourd’hui, même si je ne vais plus aussi loin qu’avant. Je ne me suis jamais lassé d’y découvrir de merveilleux fonds sous-marins.

     

    -          La deuxième rencontre avec Bébert est plus récente, beaucoup plus cocasse mais malheureusement pour moi, elle aussi s’est terminée en « eau de boudin ». C’était il y a une dizaine d’années, peut-être moins, je ne sais plus exactement et ce soir-là, à Sormiou c’était la fête. Les organisateurs avaient programmé une « belle » sardinade à laquelle tous les calanquais et amis étaient conviés moyennant une modeste obole. Tout à fait par hasard, à un moment de la soirée qui était déjà bien avancée, Bébert et moi nous nous sommes retrouvés en tête à tête devant une table, à quémander sans doute du rabiot ou un verre d’apéro supplémentaire au jeune garçon qui faisait office de serveur. Ce soir-là, très spontanémment, nous nous sommes serrés la main et c’est lui qui a engagé la conversation en me demandant si j’étais un « calanquais ». Sur le moment,  j’ai été très surpris de sa question et Bébert, c’est rendu compte de mon air étonné mais il fut sans doute encore plus surpris de ma réponse quand je lui dis que je venais tous les ans passer mes vacances à Sormiou depuis ma plus tendre enfance. Il me demanda mon nom qu’il semblait connaître ou du moins avoir déjà entendu puis il me demanda où se trouvait mon cabanon. Je lui décrivis l’endroit en insistant sur le fait que mon cabanon était non loin de celui s’appelant le « Conteur d’Ô » qu’il avait loué quelques années. En se dirigeant vers la plage, un petit cabanon juste après le virage ai-je rajouté. Ainsi, nous engageâmes une vraie conversation dont j’étais ravi car Bébert s’intéressait enfin  à moi. En tous cas, il s’intéressait à ma famille et semblait très surpris de ne pas mieux nous connaître au regard des premières réponses que je lui avais fournies. Bien sûr, j’ai insisté sur le fait que notre cabanon était un peu isolé des autres mais aussi que nous avions toujours été une famille discrète voire timide et parfois même un peu introvertie chez certains de nos membres. Je lui ai dit également que j’habitais la région perpignanaise et que depuis très longtemps je ne venais que quelques jours par an et le plus souvent pour les vacances d’été. Mais ensuite,  quelques-unes de mes réponses le troublèrent et semblèrent même un peu le contrarier quand je lui dit qu’étant plus jeune, j’avais toujours ressenti et même vécu une certaine rivalité entre les enfants de la plage et ceux du port, allant même jusqu’à lui dire que j’avais eu le sentiment qu’il y avait eu deux bandes distinctes, les riches côté plage et les pauvres côté port dont j’avais fait partie. Je ne sais pas si Bébert s’est senti visé car plus jeune il avait toujours vécu à Sormiou côté plage mais il semblait en total désaccord avec ma manière de voir les choses insistant notamment sur le fait que lui, il avait toujours eu beaucoup d’amis des deux côtés. Je lui ai dit que cette période des clans n’avait peut-être pas toujours existé et qu’en tous cas elle n’avait pas perduré dans le temps notamment pour mes propres enfants. La conversation allait bon train quand tout à coup, j’entendis un grand bruit et n’ayant pas le temps de me reculer quelques assiettes de sardines et plusieurs bouteilles d’apéritifs vinrent me tomber sur le bas du ventre et les jambes. Le serveur venait de renverser malencontreusement la planche servant de table qui se trouvait sur deux tréteaux. Ce petit désastre aurait pu s’arrêter là car bien que quelques bouteilles s’étaient cassées en percutant le sol, personne n’était blessé mais malheureusement une bouteille de pastis mal bouchée était tombée sur mes cuisses et désormais, j’empestais l’anis tel un vrai poivrot. Quelques sardines avaient même fini sur mon bermuda. Cet incident mit fin à notre conversation qui s’arrêta là brutalement, Bébert me disant sur le ton de la plaisanterie « vous devriez quand même aller vous changer ! ». J’étais à la fois déconcerté et en colère contre le serveur, même si je ne voulais pas le lui montrer,  mais j’étais surtout furax d’être contraint de mettre un terme à cette conversation avec le « grand Albert Falco ». J’aurais eu envie d’argumenter mon point de vue sur ce « mur virtuel » qu’il y avait eu entre les « riches » de la plage et « les pauvres » du port au temps de mon enfance et de ma jeunesse. J’aurais eu envie de lui dire que ce mur, il ne l’avait sans doute pas ressenti ou connu à la fois car nous n’étions pas de la même génération mais aussi parce que très jeune, il avait eu l’occasion de côtoyer des gens très intéressants qui l’avaient sorti d’une certaine oisiveté en l’initiant très jeune à la chasse et à la plongée sous-marine. J’aurais eu envie de lui dire que cette oisiveté, nous enfants du port de Sormiou, nous l’avions inévitablement connu car nos passe-temps favoris étaient très souvent les mêmes avec essentiellement des bains de mer et des balades sur les crêtes avec les copains, les seuls vrais entractes à ces divertissements étant les 14 juillet et les 15 août, jours de fêtes, les parties de pêche avec mon père le week-end ou bien quand nos parents nous autorisaient à aller « caler » les gireliers ou les jambins. J’aurais eu envie de lui parler de notre première rencontre au bord de l’eau, juste histoire de voir s’il avait gardé un quelconque souvenir de mon « affreux » mensonge. Non, à mon grand regret, je n’ai jamais pu finir cette conversation car ce soir-là, j’ai salué Bébert, j’ai quitté la sardinade avec mon bermuda trempé  et tâché et je suis parti me coucher avec l’odeur du pastis plein les narines. Jamais plus l’occasion de se parler n’est vraiment revenue. Lors d’un concours de pêche où notre bateau avait fini trois ou quatrième, Bébert remettant les prix aux vainqueurs, nous nous serrâmes la main une fois encore mais ce fut la dernière car je ne le revis ensuite que très rarement.

    Voilà ce que j’avais envie de dire d’Albert FALCO, deux rencontres complètement ratées comme des bleus sur la peau, des bleus inaltérables et un homme que je n’ai jamais vraiment connu et que j’ai pourtant toujours profondément admiré….car autant le dire, si Bébert a eu la vie qu’il avait toujours rêvé d’avoir, moi depuis que j’ai quitté mon berceau bleu, j’ai souvent rêvé d’avoir la même que la sienne. Une vie face à face avec le bleu de la mer…

    Gilbert JULLIEN


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  • Ce diaporama est agrémenté de 4 chansons interprétées par Serge Lama. Elles ont pour titre : "Une Île" "Je t'aime à la folie", "L'enfant d'un Autre" et les "Ballons Rouges". Il y a également une version instrumentale de 'Les Ballons Rouges" par Emmanuel Milemont.

    LA-TOUR-DE-LA-MADELOC

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    La Tour de la Madeloc à partir de Banyuls-sur-Mer est une balade incontournable de notre département des Pyrénées-Orientales bien connue de tous les clubs de randonnées pédestres. Faut-il pour autant que je la néglige et que je ne l’inscrive pas dans mon blog ? A cette question, je réponds non. J’en veux pour preuve le nombre de plus en plus accrus de blogueurs qui s’étonnent de ne pas voir dans mon blog d’explications pour gravir le Pic du Canigou sur une seule journée. Il est vrai que depuis que le massif est devenu Grand Site de France, sauf à partir de très loin ou à prendre un taxi parfois à un tarif un peu prohibitif, notre « Olympe » est devenu de plus en plus inabordable. Autre cas que celui de cette autre blogueuse, touriste estivale et fidèle de notre région mais que le moindre dénivelé rebutait, qui m’avait adressé un mail  pour se plaindre de ne pas avoir trouvé le tour du lac de Villeneuve-de-la-Raho dans mes « Belles Randonnées Expliquées ». Elle rouspétait, à juste titre, de ne trouver que des randonnées ascensionnelles. Elle m’avait fait remarquer qu’après avoir arpenté pendant dix ans, en long et en large (enfin en large sans doute pas !), toutes les plages de notre département, une amie lui avait fait découvrir notre « populaire » lac de la Raho qu’elle avait trouvé tout simplement merveilleux sur fond de Canigou se reflétant dans ses eaux immobiles.  Alors, c’est promis, je ne négligerais jamais les « Incontournables » randonnées de notre département et voici le récit de cette jolie boucle qui m’a permis à partir de Banyuls-sur-Mer de gravir la Madeloc par le mythique G.R.10. En laissant ma voiture sur un parking du front de mer, je ne sais pas pourquoi mais je me suis mis à penser à une histoire que j’avais lu quelques semaines auparavant dans un vieux Géo Magazine. Cet article relatait le départ de la traversée des Pyrénées par le G.R.10 du fameux guide pyrénéen et écrivain Louis Audoubert. Il paraît que sur la plage de Banyuls, Audoubert s’était d’abord baigné puis, sortant de l’eau, il avait aussitôt troqué son maillot de bain contre sa tenue de parfait montagnard et c’est ainsi qu’il avait démarré sans attendre son périple de 850 kilomètres. Dieu sait si j’adore me baigner mais cette pensée me fit sourire car nous étions le 6 décembre et je me suis dit que l’eau devait être quand même très fraîche pour faire comme lui, d’autant que ce matin-là, une « bonne » tramontane balayait la plage. J’ai donc harnaché mon sac à dos, longé la promenade en direction de la mairie car je savais que le départ du G.R.10 se trouvait là sous la forme d’une superbe fresque en faïence. Une fois arrivé devant la mairie, si ce n’était une croix blanche et rouge peinte dans l’autre angle de la rue adjacente, c’est à dire sur l’avenue du Général de Gaulle, cette jolie fresque aurait presque tendance à nous induire en erreur en nous incitant à emprunter cette longue avenue. En réalité, il faut simplement traverser cette avenue et les légendaires marques blanches et rouges sont de l’autre côté. On emprunte la rue du Puig del Mas et il suffit désormais de prêter un peu d’attention pour suivre ce balisage au gré de diverses ruelles. Le G.R.10 nous entraîne très rapidement et sans problème hors de la ville. On sort de Banyuls en empruntant un tunnel passant sous la voie ferrée. Quelques minutes plus tard, on en a déjà à grimper l’illustre vignoble pour se retrouver très vite sur un large et bon chemin terreux qui file entre vignes et maquis. Bien qu’encore très loin, la Tour de la Madeloc est déjà là, droit devant, au sommet d’une croupe aride, rocailleuse et déchiquetée. Dans la ligne de mire que forme le chemin, notre rougeâtre et minérale cible du jour contraste avec un magnifique ciel bleu qu’une violente tramontane a purgé de tout nuage depuis quelques jours. Toujours parfaitement balisé, le G.R.10 trace sa route vers le Col de la Llagastèra dans des paysages sans cesse renouvelés et une végétation très changeante : pins, oliviers, agaves, chênes lièges, chênes verts ou blancs, mimosas et même quelques eucalyptus. Derrière, la Côte Vermeille sculpte une façade maritime très irrégulière mais ô combien éclatante. Ici la mer et le ciel aux bleus bien distincts esquissent une ligne d’horizon quasi parfaite bien qu’un peu blanchâtre. C’est là, que réside toute la beauté de cette contrée, d’un côté, la minéralité rougeâtre d’un terroir parsemé de quelques touches verdoyantes d’une végétation nébuleuse mais néanmoins bien présente et de l’autre, la légèreté et la douceur azuréenne de la Méditerranée. Ajoutez à cet incroyable tableau, une luminosité exceptionnelle et on comprend mieux que de nombreux artistes aient fait de cette côte leurs sources d’inspiration et leurs lieux de villégiature. En cette saison, la faune visible est essentiellement représentée par quelques oiseaux, des passereaux pour la plupart, qui, dérangés de mon passage, fusent des vignes et des ronciers pour s’envoler à tire d’ailes. Un épervier plane, s’arrête en continuant de battre des ailes et tel un automate se met à faire du surplace au dessus du Vall Pompo. Deux jolies bergeronnettes grises ont décidés de m’accompagner. Les photographier n’est pas une mince affaire. Sautillant devant moi avec une incroyable légèreté tout en surveillant du coin de l’œil l’espace qui me sépare d’elles, elles n’en n’oublient pas pour autant de picorer les quelques insectes qui parsèment le sol du chemin. Leur survie hivernale en dépend. En arrivant au col de la Llagastèra, on hésite un temps à poursuivre l’itinéraire vers la Madeloc car là-haut sur la colline, notre objectif semble s’être volatilisé. L’illustre tour a disparu. Aurait-elle choisie juste ce jour-là pour s’écrouler ? Non, ce n’est qu’un effet d’optique et n’ayez aucune crainte car bien qu’ayant été construite en 1285, la tour chère à Jacques II de Majorque est solide, encore bien là et le restera sans doute encore très longtemps. A ce col, un ludique table d’orientation nous retient quelques temps. Outre la description classique des paysages environnants, elle raconte brièvement la viticulture au temps des Templiers.  Après cette jolie découverte, on poursuit le bitume avant de descendre vers la droite en direction d’une ravine par un étroit sentier ombragé. Bordé d’un mur de schistes planté de nombreuses fougères Cétérach et de Nombrils de Vénus, le sentier n’a pas encore atteint le fond de la ravine qu’il se met soudain à remonter abruptement en direction de la route que nous venons de quitter. Tout à coup, en passant sous de grands châtaigniers, la pente s’accentue et le sentier devient plus caillouteux. Il coupe trois fois la route asphaltée et prenant de la hauteur, les panoramas s’entrouvrent merveilleusement. Ces ouvertures sont d’autant plus agréables que la « bonne » dénivellation oblige à reprendre son souffle. Le chemin est mauvais, alors plutôt que de regarder ses pieds, on s’arrête et on écarquille les yeux devant tant de beauté. Le col des Gascons est finalement atteint et on est désagréablement surpris et déçu de son altitude. 386 mètres seulement nous annonce le panonceau alors qu’on a le sentiment d’être à une altitude très nettement supérieure. Il est vrai que le départ à l’altitude zéro, le chemin déjà parcouru depuis ce départ et les vues impressionnantes sur Banyuls et les Albères engendrent mais faussent cette impression. Au col, je profite d’une herbe épaisse et grasse pour faire une pause et me restaurer un peu puis je repars toujours en montant sur un sentier commun au G.R.10 et à un petit P.R balisé en jaune. Très rapidement, je vais abandonner le G.R.10 au profit de cet unique balisage de couleur jaune. Malgré un rude dénivelé, la batterie des 500 est vite atteinte. Appelée ainsi car construite à la côte 500, elle fut édifiée comme bon nombre d’autres forts, fortins, batteries, redoutes, épaulements et autres casernements du secteur après la défaite traumatisante contre les Prussiens de la guerre de 1870.  Pour lever cet affront de la défaite de 1871 et avec un évident goût de revanche, à partir de 1874, c’est au Général Séré de Rivières, que revient la lourde tâche d’édifier un système de fortifications sur l’ensemble du territoire connu sous le nom de « rideaux défensifs ». La Côte Vermeille n’y fera pas exception d’autant que l’Etat prend conscience de l’importance de Port-Vendres dans le commerce avec l’Afrique du Nord.  Ici en Roussillon, le général Séré de Rivières ne terminera pas sa tâche, mais le génie militaire sur les bases de ses plans construira la route des crêtes, édifiera les Batterie des 500, de Taillefer et de la Galline ainsi que le fort du Cap Béar. Ici, de Collioure à Banyuls et sur les hauteurs, on trouve désormais un nombre incalculable de fortifications soit plus anciennes car médiévales ou bien érigées par Vauban ou Mailly soit construites de toutes pièces après 1870 ou soit reconstruites sur des emplacements de fortins déjà existants : château Royal, fort Carré, fort Rodon, fort Dugommier, batterie de la Galline, batterie de la Mauresque, batteries des Gascons près du col du même nom, fort Béar, redoutes, casernements et épaulements de la Madeloc, batteries de Taillefer, redoute Mailly, fort Saint-Elme, et j’en oublie sans aucun doute. La caractéristique de tous ces bâtiments du 19eme siècle, c’est qu’ils n’ont pratiquement jamais servi à des fins guerrières. Malgré ça et si certains ont été très bien conservés et entretenus, d’autres parfaitement restaurés, il y en a d’autres comme la batterie des 500 qui ont été complètement oubliés et sont en piteux états car victimes d’actes de vandalisme. J’ai bénéficié des grilles arrachées pour entrer et visiter dans le détail cet héritage historique bafoué. Avant de reprendre la petite route asphaltée qui monte vers l’ancienne tour à signaux, j’en ai profité pour prendre un maximum de photos me disant que passé un autre siècle supplémentaire, il ne restera peut-être plus grand-chose de visible. Puis quand je me suis décidé à quitter ces vestiges, là encore je me suis arrêté sans cesse car tout en montant, les vues sur la côte étaient tout bonnement extraordinaires. Là, je me suis véritablement régalé à « mitrailler » de près ou de loin tout ce qui me paraissait admirable. Mais il y avait tant de belles choses à mettre dans mon numérique : Collioure, Port-Vendres, le cap Béar, Paulilles, Cosprons, les fortifications, la mer, les vignobles en terrasses puis en arrivant à la tour, cette incroyable vision de la côte sableuse, avec une courbe quasi parfaite d’Argelès-sur-Mer jusqu’à l’infini. Ici, grâce à une visibilité exceptionnelle, cet infini avait pour nom Port-la-Nouvelle distant de 60 kilomètres à vol d’oiseau. Derrière la Madeloc, j’ai aperçu sa sœur jumelle, la Tour de la Massane, et dans une incroyable succession de sombres dos d’ânes, l’Albère qui déroulait ses belles forêts jusqu’à ses points culminants que sont les pics des Quatre Termes et le Néoulous. Encore un peu plus loin, j’ai remarqué les sommets enneigés du Canigou et du Madres puis en redescendant vers l’ample plaine du Roussillon, j’ai fini par deviner sous une chape brumeuse, la longue chaîne des Corbières d’où émergeait la monumentale table de la Montagne de Tauch. Après ce manège de paysages, mon seul regret a été l’impossibilité de visiter la tour aujourd’hui occupée par le Groupe TDF et donc fermée au public. Elle reste néanmoins un magnifique monument à regarder même si surmontée de pylônes, truffée d’antennes et bardée de paraboles, elle perd un peu de son authenticité. Mais après tout faut-il regretter qu’elle ait conservé sa fonction première qui était d’émettre et de recevoir des signaux ? En quelques siècles, quels progrès ! La tour est passée de signaux de feux et de fumées visibles de très loin à des signaux hertziens invisibles. Ah si les Rois d’Aragon et de Majorque pouvaient voir ça, à coup sûr, ils se diraient « quel merveilleux outil pour gagner des batailles et des guerres ! ». Après avoir flâné autour du sommet plus que de raison, et notamment sur les différents épaulements militaires, j’ai finalement repris la route en sens inverse, direction la Batterie des 500 puis le col des Gascons. Là, dans la descente, la vue porte jusqu’au cap Creus mais, au fil de l’inclinaison, cet horizon lointain disparaît très vite au profit de la barre rocheuse que constitue la fin des Albères plongeant dans la mer. On y distingue le sommet du Querroig dont je garde le bon souvenir d’une balade pédestre malgré un retour vers Banyuls sous une pluie froide et diluvienne. Au col des Gascons, je n’ai pas repris le G.R 10 mais j’ai poursuivi la petite D.86 jusqu’au premier virage où un large chemin balisé en jaune descend tout droit dans un bois de chênes-lièges. Au fil de la descente, le large chemin se dégrade jusqu’à devenir un étroit sentier exécrable et « tord-chevilles » car très caillouteux. Heureusement, ça ne dure pas longtemps car le sentier s’élargit de nouveau, s’aplanit et devient même agréable car on chemine désormais sur une crête de coteaux de vignes dominant sur la droite le vallon de la Baillaury et sur la gauche celui du Vall Pompo. Il va en être ainsi jusqu’à la blanche petite chapelle de Notre-Dame de la Salette. Ici tout est sérénité et même si la chapelle est fermée, j’ai pris plaisir à m’y reposer quelques instants, le temps d’y finir mon casse-croûte et de parcourir une table d’orientation dominant Banyuls. La chapelle fut construite en 1853 par Bonaventure Reig de la Serra, un très important propriétaire terrien banyulenc qui après s’être rendu à un pèlerinage en Isère à Notre-Dame de la Salette l’avait voulu ainsi. On ignore ses motivations exactes mais descendant d’une famille de viticulteurs depuis les Templiers, Bonaventure Reig était un fervent catholique et un militant très engagé dans sa religion. En quittant la chapelle, le sentier traverse quelques belles villas au style « méditerranéen » et aboutit au Mas Reig, haut-lieu de la viticulture et de l’Ordre du Temple. L’itinéraire passe devant la Gendarmerie et aboutit finalement à l’affluence du Rec du Val Pompo et de la rivière de Baillaury. Là, il suffit de suivre la rivière en empruntant l’avenue du Général de Gaulle et quelques minutes plus tard, on retrouve la mairie, la promenade et la plage. Moi, j’ai encore flâné car dans le lit de la rivière de nombreuses bergeronnettes grises et des ruisseaux ont encore retenu mon attention et celle de mon numérique. Puis j’ai finalement terminé cette longue mais ô combien merveilleuse randonnée que je vous conseille de faire de préférence un jour de grand soleil comme ce fut le cas pour moi. J’estime la distance du parcours effectué à 17 kilomètres pour des montées cumulées de 1.100 mètres environ. Quand au calcul du dénivelé, il ne peut être plus simple : 656 mètres, altitude où se trouve la Tour de la Madeloc. Carte IGN 2549 OT Banyuls-Col du Perthus-Côte Vermeille Top 25.

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  • Je suis outrée, scandalisée quand je vois que la préoccupation première des français (peuple, médias, politique......) se concentre sur une manif pour le droit des homos a se marier, alors qu'au même moment en plus de la crise , du chômage....on met à la rue des familles avec leurs enfants à dormir sur le trottoir, que nos aïeux sont eux aussi jeter a la rue , que des gosses sont arrachés à leurs assiettes par les forces de l'ordre et tout cela , parce que ils ne peuvent plus payer ............................mais c'est quoi ce merdier, c'est quoi ce foutoir (et mes mots sont faibles tant je suis outrée et scandalisée) et à coté de ça on engraisse nos gros porcs de banquiers, de riches, ....et la liste et longue....c'est quand la manif du ras le bol ?????.....
    Et au lieu de mettre un stupide j'aime pour une fois faites quelque chose de bien ...un copier coller et faites suivre....vous le faites bien pour des conneries alors faites le pour un truc utile et intelligent merci......

     

    Gros coup de gueule sur Facebook de mon amie Angelina Rossignyol auquel j'adhère entièrement......

     

     


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  • .
    ( N.B : J'ai commis une erreur sur la photo où j'ai mentionné un Euprocte des Pyrénées (Calotriton asper). Selon un spécialiste du Muséum d'Histoire Naturelle qui m'a contacté, il s'agit d'un Crapaud épineux (Bufo spinosus).
    Ce diaporama est agrémenté de 3 musiques interprétées au piano par Ludovico Einaudi. Elles ont pour titre "Primavera", "Other Nature" (Trio Whitefree avec Robert Lippok et Ronald Lippok ) et "Divenire".
    LE-CIRCUIT-DE-FOSSE"
    Voir taille réelle

    Même si j’en fais une description plutôt précise, je suis enclin à dire que ce circuit de Fosse par la Couillade de Ventefarine, vous pourrez sans problème l’aménager à votre guise. En effet, les pistes forestières, chemins et autres sentiers y sont si nombreux que vous aurez l’embarras du choix quand à la boucle et à la distance que vous aurez décidé de parcourir. Moi, c’est une version plutôt longue (17 km) que je vous propose car une fois encore, nous avions ce jour-là, Dany et moi,  des « fourmis dans les jambes » et j’avais donc décrété que nous remplirions cette journée de novembre, qui selon la météo, s’annonçait si belle. Elle le fut, avec un ciel plutôt bleu, même si quelques rares cirrus et cirrostratus avaient décidé d’être de la partie, histoire d’enrober cette agréable balade d’un halo blanchâtre et de ternir un peu mes photos avec un moins de luminosité qu’à l’habitude. Mais les « fourmis » de nos jambes ne furent pas la seule raison à allonger inconsidérément cette boucle et surtout, à emprunter longuement le bitume dès le départ de Fosse. En effet, dans ma mémoire d’autres animaux étaient encore bien présents car il y a quelques années, alors que je randonnais dans ce secteur entre Saint-Martin-de-Fenouillet et Fosse, j’avais constaté un nombre incalculable de salamandres et de tritons dans les quelques fossés et poches d’eau qui jouxtent la petite route entre les deux hameaux. Je ne sais pas si les fortes pluies des jours précédents y étaient pour quelque chose mais dans une même poche d’eau, j’avais aperçu des dizaines de ces amphibiens urodèles. Ce jour-là, n’ayant pas d’appareil photo, je n’avais pas pu immortalisé cette vision assez insolite de nombreuses salamandres et tritons dans un même trou d’eau. En réalité, s’il s’agissait bien de Salamandres communes (salamandra salamandra), les tritons aperçus étaient sans doute des Euproctes des Pyrénées (Calotriton asper) reconnaissables à leur peau marron verdâtre très rugueuse. Comme il venait également de pleuvoir quelques jours avant cette randonnée, c’est avec la ferme intention de photographier cette scène assez rarissime et étrange que j’avais décidé d’emprunter sensiblement le même parcours et donc longuement le bitume en direction de Saint-Martin-de-Fenouillet. Il faut l’avouer, le résultat ne fut pas à la hauteur de mes espérances mais je suppose que les conditions climatiques, ensoleillement, hygrométrie, hydrométrie, températures de l’air et des eaux, etc… ne furent sans doute pas exactement les mêmes que la première fois. Ceci expliquant cela. Toutefois, la déception ne fut pas totale non plus car j’ai néanmoins pu photographier une Salamandre commune dans un fossé non loin du bord de la route. Malheureusement cette salamandre fut bien plus preste que moi et je n’eus pas le temps de prendre un second cliché en rapproché qu’elle avait déjà rejoint les profondeurs de la poche d’eau. Si cette salamandre fut le seul amphibien vivant que j’eus l’occasion de photographier ce jour-là, le bitume, lui, était suffisamment jonché de nombreux cadavres de salamandres et d’euproctes pour me confirmer la réalité d’une certaine abondance de ces animaux dans ce secteur des Fenouillèdes. Il faut simplement espérer que la circulation routière ne soit pas trop meurtrière et qu’au cours de leurs activités le plus souvent nocturnes de nombreux animaux soient épargnés afin que leur existence et surtout leur espèce se perpétuent. Pourtant, il faut reconnaître que cette petite route vicinale que nous avons cheminée est vraiment peu fréquentée car tout au long des 2.500 parcourus sur l’asphalte, nous n’avons pas vu un seul véhicule. Quand au village, nous n’y avons croisé personne non plus. Je suppose que ces amphibiens arrivent sur cette route, depuis la toute proche Matassa, rivière dont le débit est régulier tout au long de l’année. Si bien évidemment, les salamandres et autres tritons ne vous intéressent pas vraiment, vous aurez intérêt à rester sur les chemins de randonnées pour rejoindre au plus vite la Couillade de Ventefarine. Pour cela, vous aurez quitté Fosse en partant vers l’est et vous aurez eu le choix entre deux itinéraires bien plus courts et rapides que le mien. Soit un petit sentier matérialisé par une pancarte « Cauciel », P.R. balisé en jaune, qui, à la sortie de Fosse, part immédiatement à gauche en direction de Ventefarine, soit vous emprunterez le G.R.36 (balisage blanc et rouge) c'est-à-dire la route bitumée sur 1.200 mètres environ jusqu’à un premier panonceau indiquant Le Vivier et Saint-Martin. Quelques mètres plus loin, vous aurez à nouveau le choix entre deux autres itinéraires, soit le G.R.36 qui continue vers l’est ou mieux, un autre petit chemin qui rejoint le Sentier d’interprétation géologique des Hauts de Taïchac que nous avons pris nous-mêmes un peu plus tard. Peu après l’ancien four à chaux, il faut simplement prêter attention à un croisement qui part nord-ouest en direction de la Couillade de Ventefarine pour ne pas poursuivre inutilement le sentier d’interprétation. Comme toutes les diverses curiosités remarquables présentes sur les cartes, ce lieu-dit de la Couillade de Ventefarine est symbolisé sur la carte IGN par une étoile rouge à  cinq branches. Aussi quand vous l’aurez atteint sans doute vous poserez vous la question de savoir qu’elle est vraiment cette curiosité ? Y êtes-vous passé à côté sans la voir ? A-t-elle disparue à jamais ? Il y a bien sûr depuis ce sommet de cette longue crête de la Roque des vues admirables sur l’interminable synclinal de Saint-Paul, la Vallée de la Boulzane, les Corbières et le mythique Pech de Bugarach mais rien qui ne justifie vraiment que les géographes y aient campé une étoile à cet endroit-là sur leurs cartes. Si tous les topographes se mettaient à dessiner des étoiles rouges pour chaque beau panorama rencontré, les cartes en seraient complètement remplies et on ne verrait plus que ça ! Alors, la Couillade de Ventefarine, c’est quoi exactement ? Le mot « couillade » n’est pas un mot ou un nom très utilisé dans le langage courant. Pourtant amusez-vous à le taper dans Google et vous verrez qu’il y a plus de 3.500 sites comportant ce mot mais assez peu si on y adjoint le mot « Ventefarine ». Si vous analysez les résultats, vous constaterez qu’une immense majorité de ces 3.500 sites concernent les Pyrénées ou les Corbières mais par contre, je n’ai trouvé aucune explication historique ni aucun commentaire concernant notre objectif du jour. Quand à la toponymie du mot « couillade », elle est relativement facile à trouver et tout le monde semble à peu près d’accord pour la transcrire comme étant « un large col herbeux ». Elle serait donc la version occitane de notre « collade » ou « collada » catalane. Quand au nom propre « Ventefarine », j’ai déjà eu l’occasion de vous en donner une interprétation lors d’une récente randonnée au « Moulin de Ribaute » et je l’avais traduit comme étant le nom d’un lieu où l’on séparait la farine du son, opération que l’on appelle « blutage ». Il semble que je n’en étais pas très loin car selon l’historien Jean Tosti, il s’agirait plutôt de l’opération de « vannage » qui consistait à séparer les grains des restes de pailles et des poussières diverses. Cette opération nécessitant un vent favorable, on avait pris l’habitude de l’effectuer sur une colline où une aire bien ventée était présente (Le temps de la moisson site Internet de Jean Tosti). C’est ainsi que l’on trouve encore de nombreux « Ventefarine » ou « Bentefarine »  dans notre beau département (Vinca, Duilhac, Estagel, Néfiach, Maury, etc…) mais également en Ariège et bien plus loin aussi puisqu’on en trouve dans la France entière. Enfin, on peut imaginer que ce mot ait été une transformation du mot «ventarinada» qui en occitan signifie une bouffée de vent. Alors, bien sûr, un fois le circuit accompli, vous me direz que sur cette crête, vous n’y avez rencontré ni « col herbeux » ni « aire de vannage ou de battage du blé » ?  En êtes-vous bien sûr ? Il faut bien sûr se projeter de nombreuses années voire siècles en arrière mais en cherchant un peu au bord du sentier, on trouve assez facilement une vaste zone plane et les pierres taillées et écroulées d’une vieille ruine près d’un petit monticule rocheux. C’est la Couillade de Ventefarine. Bien sûr, cet emplacement où s’effectuait le « vannage » est aujourd’hui largement envahi par les chênes verts mais ces quelques ruines ensevelies sous la végétation sont les restes certains d’un vrai patrimoine historique. De plus, cet endroit est le seul de toute la colline à avoir un accès avec l’autre versant donnant sur le vallon de la Boulzane que l’on atteint grâce à un sentier aujourd’hui seulement connu des commandos qui viennent s’entraîner ici lors de marches nocturnes. A l’époque, il est presque certain que les paysans des deux versants de la Roque venaient y battre leur blé. La Couillade, c’était un vrai col ! Après cette découverte, il faut poursuivre le sentier en restant sur celui situé au plus haut et au plus près de la crête. Dans le cas contraire, vous redescendrez directement à Fosse mais quand on veut faire un circuit, ce n’est pas vraiment l’idéal ! Il s’agit d’un étroit sentier pas toujours merveilleusement débroussaillé mais praticable car le plus souvent emprunté par les chasseurs et les ramasseurs de champignons du coin. Vous y rencontrerez quelques vieilles bornes du temps où l’on confiait les levés topographiques aux Officiers d’Etat-major. A l’occasion de quelques trouées, de belles vues se dévoilent des deux côtés de la ligne de crêtes. Le Canigou et les Pyrénées d’un côté et de l’autre, le Bugarach et les Corbières. Ce petit sentier finit par atteindre une pinède où une large piste file à droite toujours au milieu des pins. Ici, pendant que Dany ramassait sur les talus quelques excellents lactaires délicieux, moi, je me suis mis à courir derrière un petit écureuil roux qui a finalement accepté mon appareil photo trop occupé qu’il était à finir de grignoter une pomme de pins. Ici, au bord de cette piste, on y remarque aussi une sinistre pancarte mentionnant l’étrange disparition du dénommé Sébastien Pous le 29  mai 2008. Agé de 84 ans, l’ancien maire de Fosse s’est littéralement volatilisé et le mystère reste entier car on ne l’a jamais plus revu. Ah ! Si les écureuils pouvaient parler ! Quelques mètres plus loin, on retrouve une variante du G.R.36 et une autre pancarte indiquant la direction du Col del Mas qu’il faut suivre sur 400 mètres environ jusqu’à une autre intersection de chemins : sur la droite, le Col del Mas et sur la gauche, pour un retour plus rapide vers Fosse par le G.R.36 si vous le souhaitez. Au Col del Mas, on traverse la D.9 et l’on poursuit tout droit en empruntant une large piste qui monte et laisse entrevoir de jolies vues sur la commune de Fenouillet, ses châteaux médiévaux, sur le verdoyant Vallon d’Aigues-Bonnes, le Pech de Fraissinet et la Serre de la Quière. Entre maquis et bois de résineux, on poursuit cette piste DFCI F39 jusqu’à rencontrer un nouveau panneau de randonnée indiquant la Source des Verriers, Ici, on ignore la direction de cette jolie balade déjà expliquée dans ce blog pour emprunter à gauche le large chemin herbeux qui file au milieu de prés très souvent plantés d’une multitude de champignons et notamment d’énormes Agarics des jachères (Agaricus arvensis). Ces Rosés des prés qui exhalent un fort parfum d’anis et que l’on rencontre surtout à l’automne ne sont pas les meilleurs champignons du monde car souvent un peu spongieux quand ils sont trop gros, mais ils s’adaptent merveilleusement et très facilement à de multiples sauces ou recettes de cuisine. Le sentier rectiligne descend, laisse entrevoir des vues panoramiques lointaines et finit par atteindre une nouvelle jonction de chemins. Une fois encore, on ignore l’itinéraire de la Source des Verriers qui file vers Vira et on lui préfère la piste DFCI F43 qui part à gauche en direction des Cabanes. Le chemin zigzague un peu, laisse sur la gauche un grand hangar en bois et on atteint très vite le hameau. Partie basse du village de Fosse puisqu’on y trouve la mairie, la traversée des Cabanes est très rapide car à vrai dire, il n’y a pas grand-chose à visiter. Il suffit de rejoindre le haut du village que l’on aperçoit au pied de l’oblongue « serre » et notre magnifique balade automnale autour de Fosse se termine quelques minutes plus tard. Le parcours effectué est long de 17 kilomètres environ pour un dénivelé très modeste dépassant à peine les 200 mètres mais comme indiqué en avant-propos, vous pourrez raccourcir ce circuit et l’adapter à votre guise. Certaines parties étant un peu embroussaillées et d’autres caillouteuses, bonnes chaussures de marche et pantalons longs sont vivement recommandés. Enfin si l'Histoire de Fosse vous intéresse, je vous conseille la lecture des quelques bulletins municipaux que la commune a édités. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de-Fenouillet Top 25.

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  • En ce mois de janvier 2013, concernant l’article de mon Journal Mensuel, j’étais parti dans l’idée première de vous parler du cadeau que mes enfants m’avaient fait pour Noël. Un très beau livre. Enfin quand je dis un livre, c’était plutôt de son auteur dont j’avais envie de vous parler mais une fois encore l’actualité m’a fait changé d’avis et je me suis dit que de ce livre et de son auteur, j’aurais toujours le temps de les évoquer une autre fois voire dès le mois prochain.

    Pourquoi ce revirement ?

    Pour une fois encore lancer un grand coup de gueule sur notre monde (et ici notre France) qui ne tourne pas vraiment rond !

    Ce grand coup de gueule, j’ai voulu le pousser suite à un article paru dans l’Indépendant.fr.

    En effet, je ne sais pas vraiment pourquoi mais depuis quelques mois, je reçois dans ma messagerie Internet, les titres de l’Indépendant.fr. C’est une version Internet très résumée de notre quotidien régional que je feuillette et il m’arrive même désormais de donner parfois mes points de vue sur les forums. Or, début janvier, j’ai été scandalisé par un article qui s’intitulait « La Fédération de chasse veut mettre en place des brigades de piégeurs », article dont vous pourrez prendre connaissance en cliquant sur la photo que j’ai jointe ici. N'hésitez pas à l'agrandir en cliquant soit sur la photo ou mieux cliquez sur "taille réelle" puis une deuxième fois sur l'image qui est apparue. Ce n’est pas tant le contenu de l’article qui m’a choqué puisque le journaliste y présente un réquisitoire plutôt à charge contre les chasseurs mais l’idée même que des hommes fussent-ils chasseurs ou pas, puissent avoir de telles idées malsaines vis-à-vis de notre faune déjà très malmenée sur notre réseau routier. Que l’on piège des animaux présentant un risque sanitaire pour la population c’est une chose mais qu’on autorise nos chasseurs à les piéger parce qu’ils ne peuvent plus faire leurs  « cartons » dominicaux, j’estime que c’en est une autre !

    Bien que ce ne soit pas dans mes habitudes d’être grossier, là je l’avoue, ma réaction première a été de me dire «  mais où s’arrêtera la connerie humaine et celle des chasseurs en particulier ! ». Puis aussitôt, j’ai presque regretté cet emportement car il m’était arrivé au cours de mes pérégrinations pédestres de rencontrer quelques chasseurs avec lesquels j’avais pu longuement dialoguer de manière sereine de la gestion de la faune et j’avais eu l’impression d’avoir à faire à des gens sensés qui savaient de quoi il parlait. Alors, j’ai relu cet article à plusieurs reprises et j’ai même tenté de comprendre de quoi il retournait vraiment en lisant quantité d'écrits sur Internet concernant ces « fameuses  brigades de piégeurs ». Honnêtement, toutes ces lectures n'ont pas infléchi ma façon de voir les choses. Il faut dire que d’un autre côté, j’ai toujours constaté qu’en montagne, c’était plutôt les animaux qui étaient constamment effrayés par l’homme et rarement le contraire. De plus, comme très récemment, il m’était arrivé de rencontrer un renardeau très maigre, mon sentiment était très mitigé. En effet, alors que je roulais en voiture du côté de Nohèdes, ce jeune renard qui semblait malade et affamé était venu spontanément vers ma voiture et comme je ne m’arrêtais pas, il s’était mis à me suivre. Ce n’est que lorsqu’une voiture est arrivée en sens inverse et qu’il a failli se faire heurter, qu’il a pris peur et s’est enfui. Enfui étant un bien grand mot car il se déplaçait avec une immense difficulté. Pendant le laps de temps où il a suivi notre voiture comme un chien perdu, mon épouse et moi avons eu le sentiment qu’il souhaitait qu’on lui vienne en aide et non pas qu’on le piège pour en finir.

    Alors commençons tout d’abord par cet article et le plus simple c’est de le lire dès son début : « Il faut replacer les choses dans leur contexte. À l'époque de l'âge d'or de la chasse, durant laquelle tuer une demi-douzaine de lapins dans la matinée était à la portée du premier fusil, tant les populations de petit gibier étaient importantes, l'impact de la prédation était tout à fait anecdotique ». C'est-à-dire que si je comprends bien, il y a eu une période où les chasseurs tiraient sur tout ce qui était comestible (ici en l’occurrence du petit gibier en général et des lapins en particulier) et de ce fait, les animaux (ici on les appelle prédateurs) qui vivaient pour se nourrir de ce même petit gibier en général et de ces lapins en particulier, n’étaient pas vraiment un problème pour les chasseurs. Quoi de plus juste que cette analyse ! Je sais d'autant plus qu'elle est vraie que certains membres de ma famille étaient chasseurs au temps de cet âge d'or !

    Puis les choses ont changé…..mais continuons notre lecture : « De petit gibier à proprement parler, à poils comme à plumes, il n'en est plus question, hormis dans quelques recoins de l'Aude relativement peu chassés. D'où l'importance que revêt, aux yeux des défenseurs de la chasse, l'incidence des nuisibles (renard, fouine, vison d'Amérique, belettes…) qui, contraints d'assurer leur subsistance, "tapent" dans le garde-manger que constituent les stocks de petit gibier. ». Désormais, si j’ai tout bien compris mais c’est écrit clairement, il n’y a plus suffisamment de stocks de petit gibier sauf dans les endroits où l’on ne chasse pas, mais c’est quand même la faute des nuisibles (dont je vous rappelle qu’ils n’étaient auparavant que des prédateurs) qui tapent dans le garde à manger….

    Mais de quel garde à manger parle-t-on ? De celui des chasseurs bien sûr ? Encore une fois, quelle justesse dans cette description des situations actuelles et passées !

    Alors renard, belette, fouine et autre martre, si vous avez faim, vous savez ce qu’ils vous restent à faire ? Passez à la boucherie la plus proche de chez vous car sinon ces Messieurs les chasseurs vont finir par mourir de faim et comme ils en auront marre, ils vous piégeront. Normal car que voulez-vous ce n’est plus suffisant d’élever quelques faisans ou perdreaux en batterie pour pouvoir les canarder juste après un lâcher. Normal car que voulez-vous quand on doit payer les traites de l’énorme 4x4 à 30 ou 40.000 euros, qu’il reste encore à payer quelques échéances du fusil « dernier cri » à 3 ou 4.000 euros et qu’en plus, on doit encore se payer quelques boîtes de balles à 100 euros les 6 pour passer le week-end et que pour finir, on doit encore très souvent nourrir une cohorte de chiens, payer le carburant, les vêtements, les chaussures adaptées, la validation du permis, la cotisation annuelle « obligatoire » et quelques bracelets pour le gros gibier, il ne reste plus grand-chose à la fin du mois pour s’acheter un peu de viande ! Pauvres chasseurs….qui désormais sont obligés de s’en prendre à toutes les petites bestioles qui jusqu’à présent vivaient bien tranquillement dans leur biotope !

    Alors j’arrête là la lecture de cet article car vous avez très bien compris où je voulais en venir…..

    Mais êtes-vous certains d’avoir tout bien compris ? N’est-il pas utile de rappeler la définition même de la chasse dite de loisir ? N’est-il pas utile de rappeler quelques chiffres de la chasse en France ? Vous verrez ça peut quand même aider à un peu de compréhension.

     

    Définition de l’acte de chasse (*):

     L'acte de chasse est celui qui tend à la destruction d'un animal vivant à l'état libre. Ce rappel de la définition officielle de la chasse loisir fait immédiatement apparaître les deux types de problèmes que pose cette pratique :

    - Affectant les animaux vivant à l'état libre, elle interfère négativement avec la protection de la faune ;

    - Étant un acte de destruction, elle contrevient à l'approche bienveillante du vivant, au respect de l'animal perçu comme un être sensible.

    Dès lors, suscitant débat dans la société, la chasse et son droit fluctuent avec le rapport des forces entre tenants et adversaires.

    C’est très bien défini et tout ça est encore plutôt très juste (*).

     

    Quelques chiffres (**) :

    - La France est le premier pays de chasseurs en Europe, devant l'Espagne et l'Italie. En 2006, on comptait 1.361.000 licenciés, ce qui fait de ce sport, le deuxième en France, derrière le football et devant la pêche. Les chasseurs sont organisés en 95 fédérations départementales et 80.000 sociétés de chasse (soit avec nos 36.000 communes plus de 2 sociétés de chasse par commune en moyenne).

    C'est-à-dire que sur les 6 millions de chasseurs que comptent l’Union Européenne, un quart d’entre-eux sont français. Hallucinant non ?

    - En France, 91 espèces sont dites « chassables » et c’est le pays au sein de l’U.E qui selon sa législation en compte le plus.  En moyenne, c'est une dizaine d'espèces seulement dans la plupart des autres pays européens. Dans le même temps, c’est également le pays qui possède la plus longue période de chasse de toute la région paléoarctique (Europe, Afrique du Nord, Asie au nord de l'Himalaya) mais c’est aussi le pays qui possède en pourcentage le moins de surface classée en réserve naturelle. 

    - En France, on estime à environ 30 millions le nombre d’animaux tués au fusil pour les 39 espèces principales. Au sein de ce dernier chiffre, le plus lourd tribut est payé par les pigeons ramiers avec 5 millions de victimes puis viennent ensuite les lapins de garenne avec 3 millions de victimes puis suivent les faisans et autres oiseaux provenant principalement de lâchers et enfin les grives. Pour combien d'années me demanderez-vous ? Deux ans, sidérant non ? Ces chiffres proviennent d’une enquête effectuée pour les années 1998 et 1999 par l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) auprès de plus de 105.000 chasseurs. 

    - La France est le pays membre de l’U.E qui compte le plus d’infractions au droit communautaire de l’environnement.

    Etonnons-nous après tout ça, que certains animaux aient complètement disparus de notre pays ou soient désormais en voie de disparition ! Seuls les chasseurs semblent étonnés par l'absence de certains gibiers ! Enfin pas tous les chasseurs peut-être, quelques abrutis seulement mais ça fait pas mal de monde quand même !

    Mais comme ce n’est pas suffisant, on va encore piéger quelques animaux supplémentaires et enfin, on pourra défitivement vivre peinard et tirer sur tout ce qui bouge ! Enfin, sur tout ce qui reste plus exactement.

     

    Mais encore quelques chiffres (*) :

    - La France n'accepte pas quarante loups dans les Alpes alors que l'Italie en compte cinq cents, l'Espagne mille cinq cents.

    - La France accepte difficilement d’avoir 20 ours dans les Pyrénées alors que l’Europe toute entière en compte plus de 50.000. Alors un petit problème de calcul mental. Sachant que l’Europe compte 50 pays combien devrions-nous en avoir ? Oui, c’est 1.000. Vous aviez trouvé j'espère ?

    - La France est le seul pays démocratique au monde a avoir présenté un candidat représentant le lobbying des chasseurs à une élection présidentielle au suffrage universel. Oui, oui, j'ai écrit lobbying ! Rappelez-vous, il y a eu Jean Saint-Josse en 2002 puis Frédéric Nihous en 2007 puis 2012. Très proche du RPR puis de l'UMP, ce parti très présent dans toutes les strates de la vie politique française c'est donné bonne conscience en rajoutant à son sigle "Chasse et pêche" les mots "nature et traditions". Mais après tout pourquoi pas, car c'est bien dans les traditions de ces gens-là que de massacrer la nature !

    - Enfin, la liste des nuisibles en France est, par rapport à la liste des petits gibiers de notre pays , quasiment équivalente et presque sans fin et pour cause, or mis le sanglier, le pigeon ramier et le lapin de garenne, elle compte les principales espèces d'animaux qui n’intéressent pas culinairement parlant les chasseurs, les agriculteurs, les viticulteurs, les éleveurs, etc...enfin tous les gens ou presque qui possèdent un fusil de chasse. De plus quand on sait qu’un piégeur n’est pas automatiquement un chasseur et éventuellement vice-versa, on peut craindre le pire pour toutes ces petites bêtes dont on peut imaginer comment elles finiront pour nombre d’entre-elles quant elles ont un beau pelage. En voici une liste dont je ne peux vous dire si elle est exhaustive ou pas car elle émane du site de l’UNAPAF : belette, chien viverrin, fouine, lapin de garenne, martre, putois, ragondin, raton laveur, rat musqué, renard, vison d’Amérique, sanglier, geai des chênes, étourneau sansonnet, corneille noire, corbeau freux, pie bavarde et pigeon ramier. Au fait l’UNAPAF, c’est l’Union Nationale des Associations des Piégeurs Agrées de France. Oui, oui, ça existe !

    Bon, je suppose que selon leur comportement dans certaines de nos régions, on pourrait très facilement y rajouter le blaireau, le lynx, le chat sauvage et quelques autres petits mammifères rongeurs que l’on trouve désormais dans toutes les bonnes jardineries comme le furet, l’hermine, le cochon d’Inde, j’en passe et des meilleures…pour peu qu’ils aient réussi à échapper à leurs maîtres et qu’ils finissent par emmerder quelqu’un….

    Oui, oui, je vous assure que j'ai vu ça aussi et j’ai une anecdote à vous raconter à ce sujet ! Un jour que nous pique-niquions au bord du lac de Saint-Jean Pla de Corts, j’ai vu un pêcheur sortir du foyer réservé à leur club avec une Tortue de Floride dans les mains. Il est parti dans les bois et moins d’une minute plus tard, il est revenu les mains vides. Alors bien sûr, m’intéressant un peu à la cause animale, je suis allé à sa rencontre pour comprendre. Là, je l’avoue, j’ai été horrifié par ces propos quand ce « pauvre » homme m’a annoncé qu’il sortait ces tortues-là du lac car il y en avait beaucoup trop, que les gens les achetaient en jardinerie toute petites mais les jetaient quand elles devenaient trop grosses, qu’elles se reproduisaient dans le lac, qu’elles étaient nuisibles à l’activité halieutique et que de ce fait, il n’avait pas trouvé meilleure solution que de les mettre vivantes dans un congélateur pour s’en débarrasser. Puis me montrant le bois de son index, il a rajouté «  il y a plein de carapaces là-bas, si ça vous intéresse pour faire des cendriers ? ». A ce pauv'con, j'aurais pu lui dire que j'avais arrêté de fumer depuis 12 ans mais non,....je suis resté sans voix.

    Moi qui est "fait" mai 1968, je connaissais les « pièges à cons » selon le fameux slogan qui avait cours à l’époque auprès des manifestants soixante-huitards : « Elections, pièges à cons ! » et désormais, je peux dire que je connais les « pièges des cons ».

    Bon, je vous laisse car je m’en vais créer une nouvelle association qui s’appellera l’UNAPCF. Non, rien à voir avec le Parti Communiste Français ce sera plus simplement l’Union Nationale des Associations pour Piéger les Connards de France....Allez dès qu'elle est crée c'est promis, je vous envoie un formulaire d'adhésion.....


     

    (*)extrait d’une déclaration prononcée par Gérard Charollois, président et co-fondateur du mouvement Convention Vie et Nature lors d'une conférence prononcée à Limoges le 26/08/2005 sur le thème  « La chasse française confrontée au droit européen » dont vous pourrez lire l’intégralité en cliquant ici. Quelques éléments chiffrés cités ont été également extraits de ce discours.

    (**) pour la plupart des autres chiffres, je les ai reproduit à partir du site bien connu «linternaute.com» selon un document sorti en septembre 2007 « la chasse en France-les chiffres ». J’ai volontairement fait abstraction de certains chiffres comme ceux consacrés à ce que coûte et rapporte la chasse et ceux relatifs aux nombres d’accidents. En effet, j’ai estimé qu’ils étaient hors propos par rapport au fond, objet de cet article.

    Les textes en lettres italiques grasses ne sont pas de moi et sont des citations.


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  • Ce diaporama est agrémenté avec 6 chansons des Beatles parmi celles qui ont été élues comme étant les plus belles. Pour des raisons d'interdiction de droits d'auteurs, elles sont interprétées ici par l'excellent groupe The Analogues. Les titres sont "Eleanor Rigby", "Something", "Golden Slumbers", "Carry That Weight"'You Never Give Me Your Money" et "A Day In The Life" 

    LA-TRANCADE-D'AMBOUILLA


    Comment l’appeler ? Voilà la question que je me suis d’abord posée avant de commencer l’article consacré à cette randonnée. « Ambulla » « Ambullas » « Amboulla » « Embulla » « Embouilla » « Ambouillat » « Ambouillats » « En Bullas » comme écrit sur les panneaux indicatifs rencontrés au cours de la balade, « Ambouya » comme aperçu dans un dépliant publicitaire du Club Alpin Français. Sur Internet, tous ces noms-là  désignent ce petit massif montagneux qui s’étire entre Villefranche-de-Conflent et Sirach sur la rive droite de la Têt. Alors à force de retourner le problème dans tous les sens, j’ai constaté que la carte IGN ainsi que la dénomination la plus courante était « Ambouilla » précédée d’un mot qui m’était également inconnu mais lui aussi mis à diverses sauces : « trancade » « trencade » « trancada » « trencada » et parfois même « troncade » ou « traucade ».  De quoi, il faut l’avouer, être bien « embrouillé » ! Alors, une fois encore, je me suis lié à la majorité pour finalement intituler mon article, la « Trancade d’Ambouilla ». Cette majorité est essentiellement constituée de botanistes du 18 et 19eme siècle qui venaient chercher ou découvrir dans ce joli coin de notre département quelques plantes rarissimes voire parfois endémiques. Il y eut aussi quelques naturalistes de renom qui ont arpenté cette montagne parmi lesquels Philippe-Isidore Picot de Lapeyrouse déjà rencontré lors de ma dernière balade à la Montagne des Cornes. Mais il faut le reconnaître aussi, de nos jours, cette montagne est peu connue des randonneurs pédestres et bien plus renommée pour son sous-sol depuis, qu’en 1981, un certain ‘Dédé’ Lachambre a découvert un réseau souterrain extraordinaire avec plus de 25 kilomètres de grottes et de galeries constituées de nombreuses concrétions minérales faites de cristallisations exceptionnelles à bien des égards... Mais vous l’avez bien compris, ce ne sera pas l’objet de cet article et croyez bien que je suis le premier à le regretter tant cette randonnée dans les entrailles de la terre semble être de toute beauté comme le laisse entrevoir de très nombreux sites Internet qui lui ont été dédiés. Ne soyez pas déçus pour autant, il y a tellement d’autres découvertes à faire sur cette Montagne d’Ambouilla qu’une seule journée de marche peut parfaitement être remplie. Mais avant de faire la description de celle-ci, tentons tout d’abord de définir l’étymologie du mot « trancade » et la toponymie du nom « Ambouilla ». Je l’avoue, ce fut une recherche longue et fastidieuse pour un résultat très incertain. En ce qui concerne une « trancade », le Littré de 1872 en donne la définition suivante : « Gros bloc de pierre, plein de larges cavités, qui se trouve à la surface de la terre » quant à l’Institut Géographique National dans son dictionnaire des Noms de lieux en France – Glossaire des termes dialectaux, il définit le mot « trencade » comme étant un abattis de bois ou une tranchée, cette dernière définition étant également reprise  dans le livre de l’étymologiste Robert Aymard « Toponymie pyrénéenne » et dans "le Dictionnaire Gascon-Français" de l’Abbé Vincent Foix qui lui, la définit en plus comme étant une « trouée ». Enfin l’abbé Jean Espagnolle dans le volume 3 de son « Origine du Français » (1890), ne semble pas vouloir faire de différence entre «  trencade » ou « trancade » leur donnant à tous deux la même origine à savoir les mots de vieux français « trencer »,  « trencher » que l’on retrouve dans de nombreuses autres langues comme « trenca » « trencha » « trancha » en Béarnais, « trenchar » ou « tranchar » en Provençal, « trencar » en Catalan , « trinchar » en Espagnol, « trincar » en Portugais et enfin « trinciare » en Italien et bien sûr « trancher » ou « tranchée » en français actuel. Notons enfin qu’en terme militaire, on désigne par abattis, un retranchement fait d’arbres abattus. Alors une « trancade » c’est sans doute une tranchée au sens géologique du terme c'est-à-dire une « cassure » ou  plus simplement une « ravine » plus profonde que large ce qui semble parfaitement correspondre à notre montagne d’Ambouilla dont deux des principales croupes culminant à plus de 800 mètres d’altitude sont séparées par un minuscule et très étroit fossé ressemblant à une tranchée.  Enfin la toponymie du nom « Ambouilla » est beaucoup plus délicate en raison même de la diversité dans la manière même de l’écrire. Si l’on se réfère au mot latin « bulla » signifiant « bulle » ou «  boule », le professeur belge Armand Boileau précise qu’on retrouve cette origine dans le dialecte germano-roman des mots « bouye » , « bouille » ou « bouya »  signifiant « enflure », « bosselure » « saillis » « protubérance » ou encore « bosse »(Toponymie dialectale germano-romane du nord-est de la province de Liége-1971). D’autres rapprochent le mot « bulla » du verbe « bulleter » qui au fil du temps a fini par se transformer en « bluter », opération consistant à tamiser la farine. Il n’est donc pas impossible qu’il y ait eu une ou plusieurs aires de battage du blé dans cette montagne. Enfin, dans sa « Toponymie pyrénéenne », Robert Aymard, donne pour origine au mot « Ambouilla » le mot « ampulla » signifiant « ampoule » au sens de « verrue » ou plus simplement de « butte » quant à la traduction du « bulla », pour lui, elle désigne carrément une « boule » mais rajoute qu’il peut s’agir d’un « mamelon » ou bien d’un « sein » et que l’on retrouve cette origine dans de nombreux autres vieux toponymes roussillonnais comme « le Boulou » « les Bouillouses », « Bolquère » « Bouleternère » « le Boulès » « Boule d’Amont », etc…  Recélant quantités de grottes, nos anciens savaient-ils que cette montagne était creuse ? On peut le penser aussi ! Enfin, pour le mot « Embula », un dictionnaire Provençal/Français de 1839 de Joseph-Toussaint Avril donne les significations de  « tromper, attraper, surprendre, enjôler, ensorceler, séduire » quand au mot « embuya », il signifie « embrouiller, méler, entreméler » alors  rien n’interdit de penser que le nom « Embouilla » ou « Ambouilla » en soit de vieilles déformations que l’on pourrait allégrement rapprocher des mots « éboulis » ou « éboulements » en parlant de pentes caillouteuses ou rocheuses ou bien « d’embroussaillement » en évoquant des bois en friches. En tous cas, ces mots-là sont conformes à cette montagne et à un autre lieu-dit près de Mosset qui s’appelle les Ambouillades. Enfin notons qu’il y a non loin d’ici près de la commune de Los Masos, un lieu-dit du nom de l’Amboulade mais aussi et surtout que parmi les Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF),  une zone de type 1 de 33 ha intitulée « Trouée d’Ambouillet » a été délimitée et crée dans cette montagne. Tout comme la grotte de Sirach et le Massif de l’Ambouilla et des Canalettes, elle fait partie de la surface du Site Classé du Réseau Lachambre.   Je vous l’avais dit ce n’est pas facile de s’y retrouver mais on peut néanmoins faire une supposition assez simple et traduire la « Trancade d’Ambouilla » en « Tranchée des bulles ou des buttes » voire en «  Trouée des monts » ce qui parait assez logique au regard de la configuration de ce long et étroit fossé qui part du plateau d’Ambouilla au niveau du Camp del Gascou et descend jusqu’au Bac de la Trencade séparant ainsi les deux principales élévations de cette montagne. Mais laissons-là nos interrogations étymologiques et toponymiques et démarrons enfin cette randonnée. J’ai laissé ma voiture à Ria devant la vieille église Saint-Vincent mais ayant lu quelques temps auparavant que l’ancienne cité « Arria » était le berceau de la Catalogne (Ria-Sirach-Urbanya de Jean Viallet aux Editions Notes d’Histoire), il était hors de question que je quitte le village sans avoir vu son plus vieux quartier celui de la Llisse (lice) et les ruines de son illustre château où un certain Guifred le Velu, réunificateur de la Catalogne avait vu le jour au 8eme siècle. Ce fut d’autant bien que depuis cette ruine située sur le sommet de la colline, à 440 mètres d’altitude, les vues y sont superbes sur la plaine de la Têt, sur le Massif du Canigou et sur la Montagne d’Ambouilla, mon objectif du jour. Une stèle rappelant les origines de ce « bressol » catalan et une jolie table d’orientation aide le visiteur à mieux connaître le secteur. Après cette agréable visite de l’ancestral village, l’itinéraire me fit traverser la Nationale 116 et m’emmena vers Sirach par la traverse éponyme. Ria et Sirach, c’est un peu comme Sodome et Gomorrhe, les deux bourgs sont quasiment inséparables depuis des temps immémoriaux ayant été tous deux la possession de l’abbaye de Saint-Michel de Cuxa et la paroisse de Sirach ayant été une dépendance de celle de Ria depuis le Haut Moyen-Âge. Ils sont encore plus proches depuis 1822, date à laquelle les deux communes ont été définitivement réunies sous une même bannière par décision du roi Louis XVIII. La comparaison avec Sodome et Gomorrhe s’arrête là car alors que j’avais perdu le balisage jaune, une vieille dame comprit immédiatement mon désarroi et s’empressa aussitôt de me remettre dans le droit chemin alors que j’étais parti m’égarer vers la vieille église Saint Clément de Sirach. Ce droit chemin avait pour nom « rue d’Aragon » puis « rue de Bellevue ». Toute droite jusqu’au chemin des Ambullas, cette dernière rue m’entraîna rapidement hors de Sirach sur un sentier qui enjamba le canal de Bohère puis entra de plein pied dans une belle garrigue aux chaudes couleurs automnales. Longeant un petit ravin où s’écoule un maigre ruisselet du nom de « Correc de la Polit », « polit » signifiant « jolie » en occitan, le sentier grimpa sans cesse en direction de ce que je pensais être un collet. Mais il n’y eut point de collet et le sentier déboucha simplement sur une large piste qui continua de monter puis se stabilisa en arrivant au plateau d’Ambouilla. Au regard de quelques bovins et de vastes zones défrichées par un bulldozer, ce plateau semble de toute évidence essentiellement destiné aux pâturages. Par contre, un nombre incalculable de bornes plantées très anarchiquement laisse imaginer que bien d’autres activités aient fonctionné sur le plateau et les versants de la montagne. Quelle était la fonction exacte de ces bornes or mis celle de délimiter quelque chose et certainement des parcelles en raison de leur grand nombre ? Ont-elles été déplacées au fil du temps par les défrichages et les épierrements successifs ? Marquent-elles au contraire des emplacements où il est déconseillé d’épierrer en raison d’un sous-sol contenant des canalisations ? J’avoue ne pas avoir trouvé d’explications rationnelles au regard de leurs dispositions plus que bizarres.  En automne, les près adjacents au plateau recèlent une quantité incroyable de champignons parmi lesquels de nombreux et savoureux Rosés des prés. Il suffit de longer la totalité du plateau en ignorant tous les  panonceaux jusqu’à rencontrer celui indiquant la « Carrière de talc » pour avoir un aperçu de cette dernière. De tous temps, l’exploitation de divers minerais a été florissante dans ce secteur des Ambouillas et tous ses alentours : fer, marbre, feldspath, manganèse, talc et quelques autres minerais ont contribué à créer de nombreux emplois industriels.  Après la carrière, on poursuit le petit sentier direction Corneilla-de-Conflent pour atteindre le premier point de vue embrassant des vues remarquables de tous côtés : du Massif Coronat à celui du Canigou en passant par le Fort Libéria, Villefranche et ses remparts, la Vallée de la Têt, le massif des Canalettes, les vallons du Cady et de la Rotja, le Pla Ségala et les Esquerdes de Rotja, j’en passe et des meilleurs c’est quasiment une revue de détails d’objectifs pédestres et de découvertes qui défilent sous nos yeux émerveillés. Heureusement d’autres trouvailles nous attendent et il faut pour cela rebrousser chemin jusqu’à un panonceau indiquant une « chapelle romane ». Il s’agit en réalité d’une très vieille cabane de berger, véritable bijou d’architecture à encorbellements comme l’indique une opportune pancarte explicative intitulée « Cabane d’En Bullas ». De toutes les capitelles ou orris que j’ai pu rencontrer jusqu’à présent, c’est de toute évidence la construction la plus belle, la plus monumentale et surtout la plus aboutie architecturalement. Dix minutes plus loin sur le même sentier, un autre mirador panoramique laisse entrevoir de magnifiques vues aériennes sur Villefranche-de-Conflent mais également sur le Fort Libéria et la forêt de Campilles où l’on distingue la petite chapelle de Saint-Etienne, aperçue récemment lors d’une autre balade que j'avais intitulé les Chapelles du Coronat. Une nouvelle fois, il faut rebrousser chemin et cette fois, on choisit de retourner jusqu’à un panonceau indiquant la Redoute. Un sentier quitte le plateau et s’enfonce profondément dans la forêt. Sur la gauche, des terrasses évoquent des cultures passées, sur la droite, un étroit et profond fossé largement envahi par les arbres et une dense végétation. C’est la « fameuse » Trancade.  Le sentier descend de toute évidence entre les deux monts que j’apercevais clairement ce matin depuis les ruines du château de Ria. Sur la gauche, côté ombragé, on y voit essentiellement de hauts conifères tels les pins de Salzmann et les pins sylvestres. Sur la droite, côté plus longtemps ensoleillé, un maquis méditerranéen dans lequel on trouve néanmoins quelques feuillus comme les érables champêtres ou de Montpellier mais aussi de nombreux chênes verts et quelques pins d’Alep. En cette saison, les fleurs y sont plutôt rares : quelques bugranes naines, de nombreuses et minuscules Aspérules à l’esquinancie, des Asters à feuilles d’orpin en fin de floraison, les sempiternels Séneçons du Cap et au sommet des pins, de nombreuses boules vert jaunâtre qui sont celles de l’envahissant Gui blanc. Devant, dans l’angle ainsi formé par le fossé et les versants de deux monts, la colline de Belloc barre un horizon tout proche. On peut y distinguer sa vieille chapelle Saint-André. Un panonceau se présente dès la première intersection : « Corneilla-de-Conflent par fortifications » indiquant un sentier qui file à main droite. C’est la direction de la Redoute que l’on va suivre sur un sentier qui monte sans cesse tout en sinuosités. Tout droit, c’est « Villefranche-de-Conflent » que je prendrai au retour. A partir de ce panonceau, il faut compter environ 30 à 40 minutes pour atteindre la Redoute dont l’origine de la construction semble mal définie selon les historiens. En effet, le panneau explicatif à l’entrée du fortin la situe comme ayant été élevée au cours du 19eme siècle et certains en attribuent même la paternité à Napoléon III. Selon d’autres historiens, cette redoute serait l’œuvre de Vauban ou des Espagnols et notamment d’un certain Général Joseph Simon de Crespo qui aurait élevé deux redoutes sur les crêtes d’En Bulla (Campagnes de la Révolution Française dans les Pyrénées-Orientales de Joseph Napoléon Fervel-1851). En tous cas, tout ou partie de ce petit bastion dont l’originalité est d’être quasiment enterré est déjà existant lors de la Guerre de la Convention qui oppose la France à l’Espagne de 1793 à 1795.  Equipée d’une ou plusieurs batteries et pièces d’artillerie, cette redoute permet aux boulets d’atteindre la vallée de la Têt, le Fort Libéria ou la colline de Belloc sans être touchée elle-même, car inaccessible et protégée qu’elle est par les rochers de la falaise. En 1793, les Espagnols s’emparent des redoutes établies sur les versants de l’Ambouilla et prennent le dessus sur les Français. Au mois d’août 1793, le chef de l’Armée des Pyrénées-Orientales Louis-Charles de la Motte-Ango qui occupe le Fort Libéria, rend les armes et le Général Crespo occupe désormais Villefranche-de-Conflent et l’ensemble de ses fortifications que les rois d’Aragon et de nombreux militaires sauf Vauban avaient défini comme un « verrou stratégique infranchissable ». En effet en 1679, Vauban l’avait prédit «….la place forte peut-être prise par une armée qui s'établit sur les hauteurs qui entourent la citadelle…."  Un mois plus tard, début septembre 1793, le capitaine Sagné récupère ces redoutes permettant ainsi au lieutenant Gilly de reprendre Villefranche-de-Conflent et son fort. (Extraits du superbe site Internet 1793-1795 la Convention contre L’Espagne). Bien des années plus tard….début 1943, Sébastien Riu alias « Constantin », militant communiste et responsable F.T.P.F pour le secteur de Prades tente de recruter des résistants parmi les mineurs de Fillols, de Corneilla-de-Conflent et de Taurinya. Il mettra plusieurs mois avant de constituer un embryon de réseau.  En décembre 1943, Constantin et une douzaine de maquisards décident de faire de la Redoute d’Ambouilla leur lieu de résistance contre les Allemands mais les rigueurs de l’hiver, les risques encourus, les conditions de vie pénibles alliées aux difficultés de ravitaillements et d’accès au vieux fortin auront rapidement raison de leur unité. Le groupe est dissous et certains résistants rejoignent les membres du Maquis Henri Barbusse. Voilà très brièvement, quelques « Histoires » de cette Redoute qui en a certainement connues beaucoup d’autres. On ne quittera pas ce mamelon sans avoir jeté un dernier coup à la citerne de la Font de la Perdiu qui servait à ravitailler en eau douce les hommes et les bêtes des différentes garnisons qui séjournèrent ici. On n’oubliera pas non plus de se rendre au Roc de l’Aigle qui surplombe magnifiquement la vallée de la Têt. Pour cela, il faut rebrousser chemin, emprunter vers la droite la direction  du panonceau « Corneilla-de-Conflent-3h10 » et quand au bout de quelques mètres, on atteint un vaste plateau herbeux et rocheux, il faut suivre un balisage fait de ronds de peinture bleue qui part sur la gauche en direction du bord de la falaise. Ici se termine magnifiquement cette découverte de la Montagne d’Ambouilla à moins que comme moi vous décidiez encore d’aller faire un petit tour à Villefranche-de-Conflent, histoire de rester dans l’ambiance de l’Histoire avec un grand « H ». Dans le cas contraire, il suffira de poursuivre le sentier qui en pente douce vous ramènera sur le plateau puis à Sirach et Ria, par le même chemin qu’à l’aller. Si vous choisissez d’aller à Villefranche, sachez que le retour tout au long de la Nationale 116 est relativement périlleux jusqu’à la scierie et au pont d’En Gorner, surtout si vous êtes en groupe. Il n’y a pas de trottoirs, pas de sentier et la route est tout de même très fréquentée. Il sera donc préférable de laisser des véhicules à Villefranche. Le circuit tel que je l’ai réalisé est long d’environ 21 kilomètres. Le point culminant est la Redoute située à 813 mètres d’altitude. Le dénivelé est d’environ 450 mètres mais les montées cumulées dépassent les 1.500 mètres pour le parcours effectué. L’équipement du parfait randonneur avec de bonnes chaussures de marche est vivement conseillé. Carte IGN 2349 ET Massif du Canigou Top 25.

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    Ce diaporama est agrémenté de 2 chansons interprétées par la chanteuse britannique Sade Adu et son groupe "Sade". Elles ont pour titre "Smooth Operator" et "Kiss Of Life"
    LA-MONTAGNE-DES-CORNES
    MONTAGNECORNESIGN
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    Si avant de me lancer dans la description de cette balade à « la Montagne des Cornes et le lac de Barrenc depuis Rennes-les-Bains », je vous parle d’orthocératites, d’ostracites, d’hippurites, de radiolites voire de rudistes, il est presque certain que tous ces mots-là ne signifieront pas grand-chose pour la plupart d’entre-vous. Ne vous inquiétez pas, il en était de même pour moi il y a très peu de temps encore et ce n’est qu’en lisant le numéro 132 de Pyrénées Magazine de novembre et décembre 2010 que je les ai découvert pour la première fois. Pourtant dieu sait si au cours de ma vie, j’ai mis très souvent la tête sous la surface des eaux de la Méditerranée et quelquefois d’autres mers ou océans…avec un masque et un tuba bien sûr…..et là, vous êtes un peu perdus car vous vous dites quel rapport avec Pyrénées Magazine et avec une randonnée dans une montagne du nom « des Cornes » ? Eh bien oui, il y a pourtant un rapport incontestable car tous ces noms-là sont ceux attribués à des coquillages marins qui ont vu le jour il y a 150 millions d'années dans ce qui était à l’époque notre Méditerranée. Certes, c’était une « Grande Bleue » bien plus grande que celle d’aujourd’hui car elle s’étendait grosso modo de la Mer des Caraïbes à celle du Japon et ce n’est que bien plus tard qu’on lui a donné le joli nom de Téthys. Ces coquillages, je n’en avais jamais entendu parlé, on ne les trouve pas sur les étals du « Pescadou » ni dans les plateaux de fruits de mer de chez « Boniface » et pour cause car si leur existence a duré 80 millions d’années, ils ont définitivement disparu il y a moins de 70 millions d’années et ils ne vous sont familiers que si vous êtes calés en paléontologie voire en géologie car bien évidemment il n’en reste aujourd’hui que des fossiles. Ces fossiles bivalves vivaient comme les moules et les huîtres aujourd’hui, c'est-à-dire en groupe et sur des récifs coralliens que parfois ils construisaient eux-mêmes. C’est le célèbre naturaliste toulousain Philippe-Isidore Picot de Lapeyrouse qui les a découvert dans cette montagne en 1775 et il rajoute que c’est le « vulgaire » qui leur a donné le nom de « cornes » car les coquilles étaient majoritairement cylindriques et ressemblaient effectivement à des cornes. Pour un scientifique tel que lui, le mot « cornes » n’étant pas acceptable, il s’empresse de cataloguer ces mollusques fossiles dans des familles déjà existantes du noms d’orthocératites et d’ostracites dans l’ouvrage consacré à cette découverte : « Description de plusieurs nouvelles espèces d’Orthocératites et d’Ostracites ». Un peu plus tard, en 1801, Jean-Baptiste de Lamarck leur donne respectivement le nom d’Hippurites et de Radiolites et en 1819, il crée le groupe des Rudistes où il met les Radiolites mais laisse par erreur les Hippurites dans la famille des Céphalopodes. Voilà pour une brève explication des quelques mots avec lesquels j’ai commencé cet article. Si le sujet vous intéresse, vous pourrez toujours l’approfondir en lisant le livre de Picot de Lapeyrouse mais je vous conseille également la lecture de l’étude de Michel Bilotte, professeur de géologie à l’Université Paul Sabatier de Toulouse, disponible sur Internet et intitulée la « Montagne des Cornes ». Bon je vous l’ai déjà dit aussi, je ne connais pas grand-chose à ces disciplines que sont la paléontologie et la géologie et c’est une fois de plus la curiosité et le plaisir de la découverte pédestre qui m’ont attiré dans cette Montagne des Cornes. Elle est située tout près de l’adorable cité thermale de Rennes-les-Bains, point de départ de cette balade. Après l’avoir découverte sur Pyrénées Magazine, je m’en étais beaucoup rapproché lors d’une belle randonnée qui, au mois d’avril, m’avait amené au sommet du Pech Cardou et c’est vrai que depuis, je l’avais inscrite sur mes tablettes. Mais après la découverte de la Rialsesse au printemps dernier, j’avais envie de voir comment était cette belle et dense forêt domaniale en automne. Autant vous le dire, je ne fus pas déçu car si les couleurs automnales me laissent toujours en extase, joindre la beauté à l’agréable n’était pas pour me déplaire et ce fut chose faite avec une « escarcelle » bien remplies non pas de rudistes mais de quelques magnifiques « roubillous » bien plus appétissants et d’un gros sachet de châtaignes. A Rennes-les-Bains, j’ai quitté la D.14 pour enjamber la Sals et après m’être quelque peu égaré sur ses rives, j’ai finalement rebroussé chemin avant d’emprunter la petite route de Montferrand. Il faut dire que mon idée première était de commencer cette balade par la visite de la Fontaine des Amours, mais comme mon observation de la carte IGN avait été négligée, je ne l’avais jamais imaginée aussi éloignée de la ville.  J’ai donc gardé cette Fontaine des Amours pour une autre occasion et je suis parti illico presto, plein d’entrain et impatient dans les pas de Picot de Lapeyrouse vers cette insolite Montagne des Cornes. Sur la route de Montferrand, dès que celle-ci s’élève en formant une fourche, on délaisse la petite ruelle qui descend à gauche et ce, malgré qu’elle soit matérialisée par une pancarte indiquant de nombreuses randonnées. On reviendra par là.  Immédiatement après, on prête attention à un balisage jaune qui, sur la droite, nous indique d’emprunter une rampe. Très vite, celle-ci se transforme en un sentier muletier pavé de gros galets s’élevant dans un sombre sous-bois. Quand tout aussi vite, on retrouve la lumière et le bitume, on poursuit tout droit en passant devant le Foyer médicalisé les Terrasses du Cardou. A la première intersection, un panneau de randonnée préconise d’aller tout droit vers la Fageole sur un « Sentier géologique ».  Si pour ma randonnée, le balisage jaune de ce sentier peut partiellement être suivi, j’avoue avoir quelque peu perdu son itinéraire en chemin et j’ignore si la Montagne des Cornes en est le but principal. Mais peu importe car si vous suivez mes indications vous la trouverez quand même. On poursuit sur 1.400 mètres environ, ce large chemin creux jusqu’à déboucher sur une pré herbeux où les premiers panoramas apparaissent. Ici, le sentier se sépare en deux et l’on se retrouve face un vaste dôme recouvert d’une épaisse forêt alternant feuillus et conifères. Ce dôme, c’est la Montagne des Cornes. A cet embranchement, on prend le sentier qui file à droite et entre dans la forêt, celui de gauche allant vers Montferrand. Six cent mètres plus loin, on délaisse le balisage pour emprunter un autre sentier mal débroussaillé qui part à gauche dans des feuillus toujours plus bas et ce, malgré une croix jaune qui semble en déconseiller l’accès.  Après quelques minutes de marche, les premières strates fossilifères de la Montagne des Cornes apparaissent. En poursuivant le sentier, on s’élève sur un grand tertre herbeux entouré de pins et sans s’en douter, on marche sur un ancien récif corallien de type tropical qui n’est, ni plus ni moins, qu’un amoncellement de fossiles vieux de plus de 80 millions d’années. Les principaux fossiles sont sur la droite du sentier dans les affleurements rocheux de la colline. Même si rien ne le laisse présager, on est parait-il, selon Pyrénées Magazine, sur un terrain privé et en tous cas avec certitude sur un site patrimonial véritablement exceptionnel. Il est donc impératif d’être  respectueux de cet environnement unique et également prudent car le site est certainement surveillé de temps à autres par des gardes forestiers. Si vous n’êtes pas, ni paléontologue, ni géologue, il est donc inutile d’y aller avec un marteau et des burins car des centaines de morceaux de « cornes » jonchent déjà le sol soient emportés par le ravinement des eaux pluviales soient à cause de quelques pilleurs indélicats ou collectionneurs de fossiles qui sont déjà passés auparavant. La lecture de vieux bouquins du 19eme siècle m’a appris qu’il en était de même il y a déjà plus d’un siècle (Dictionnaire de géologie : suivi d'esquisses géologiques et géographiques-Adolphe de Chesnel-1849)Après avoir longuement observé les fossiles, je me suis assis sur l’herbe et tout en grignotant une barre de céréales, j’ai fermé les yeux et j’ai imaginé, comme j’avais pu le lire dans Pyrénées Magazine, que je nageais dans les eaux turquoises d’un lagon entouré de quelques dinosaures entrain de faire un festin de ces coquillages. Puis mon rêve se transformât soudain en un cauchemar dès lors qu’un Tarascosaure, planqué derrière un palmier, attendait que je sorte de l’eau pour me croquer. Alors j’ai ouvert les yeux et j’ai préféré oublier ce « Jurassic Park » énigmatique et un peu dangereux et je suis parti, non pas à la recherche d’un « Monde Perdu » mais à celle plus « savoureuse » de quelques lactaires délicieux. Ce retour à la réalité fut bien inspiré car en partant sous les pins environnants, j’ai pu constater que les lactaires y étaient très communs même si les « oranges » et les « sanguins » n’y sont pas les plus nombreux. Après cette petite moisson, il était temps de rebrousser chemin en direction d’autres découvertes. Il y avait notamment le lac de Barrenc que je voulais voir car j’avais lu quelques histoires très étranges avec par exemple celle d’un mystérieux bélier noir sortant des eaux ou bien celle d’un berger qui avait failli être englouti dans un effondrement du terrain. En occitan, « barrenc » signifie puits, ravin, précipice, gouffre, aven, etc…. En chemin, j’aperçus encore quelques fossiles en bordure de la piste forestière mais comme je privilégiais la découverte de panoramas, je ne m’y suis pas attardé et dès que je l’ai pu, j’ai quitté cette large piste monotone au profit d’un sentier qui domine le vallon de la Coumo et laisse entrevoir de bien belles vues sur l’immense forêt domaniale et sur les pechs de Brens et du Bugarach. Vers le sud-ouest c'est à dire vers le Pays de Sault, mais à l’horizon, quelques sommets pyrénéens déjà enneigés étincelaient sous les ardents rayons d’un soleil au zénith. L’heure de casser la croûte était arrivée et un petit pré herbeux avec des vues sur ces merveilleux paysages se présentât à point nommé. Quand je repris mon itinéraire hors des pistes battues, j’eus la chance de passer sous de hauts châtaigniers dont les bogues piquants étaient tombés et jonchaient le sol. En quelques minutes, j’eus tôt fait de remplir une grosse bourse de délicieuses châtaignes puis j’ai finalement retrouvé des pistes à la jonction d’un carrefour. J’ai emprunté celle qu’un panonceau « Circuit D » m’indiquait de prendre. Je savais le lac de Barrenc peu éloigné mais comme aucun panonceau ne m’en indiquait sa direction, j’ai cru bon de jeter un coup d’œil sur ma carte et sur mon GPS. Bien m’en a pris car il fallait quitté rapidement cette piste principale au profit d’un sentier herbeux et boueux qui partait vers la gauche et c’est ainsi qu’en poursuivant, j’ai finalement atteint une grande et haute ruine au sein d’un bois qui domine ce mystérieux lac de Barrenc. J’ai cherché sur Internet et j’ai finalement trouvé que cette ruine était une ancienne métairie où l’on trouvait paraît-il du bon lait. (Pyrénées de Paul Joanne – 1888). Certains prétendent qu’un peu plus tard, à la fin du 19eme siècle, cette métairie servit de buvette et même de guinguette et que de nombreux curistes avaient pris l’habitude de venir se baigner dans le lac. J’ai même lu qu’on y pêchait des truites. Sans doute, le niveau de eaux était-il supérieur de plusieurs mètres à celui d’aujourd’hui ? A cette buvette, y buvait-on que du lait ? L’histoire ne le dit pas. Alors c’est vrai que le soir, au moment où j’allais rejoindre Montferrand, une rencontre opportune avec un couple de personnes âgées me permit d’apprendre que cette butte qui domine le lac de Barrenc avait été dans un passé pas si lointain que ça, un espace où il faisait bon venir le week-end pour se reposer dans un endroit calme en bordure de ce petit lac plein de fraîcheur.  J’avoue qu’à l’écoute de ce récit, j’ai été un peu circonspect car quand on voit ce lieu aujourd’hui, avec cette haute ruine largement envahie par la végétation, avec ce bois inhospitalier et ce lac qui n’a de lac que le nom car en réalité ce n’est ni plus ni moins qu’une petite mare insignifiante aux eaux noires et stagnantes dont les berges sont difficilement accessibles, on a du mal à imaginer qu’on ait pu y venir pour prendre du bon temps et même s’y baigner en grand nombre (Bulletin de la Société d’Etudes Scientifique de l’Aude-17eme année - Tome XVH de 1906). Quand aux truites qu’on y pêchait, elles y étaient sans doute déverser car le lac de Barrenc n’est parait-il alimenté par aucun ruisseau. Avec difficultés et en enjambant branches cassées et ronciers griffants, j’ai fini malgré tout par en atteindre une de ses rives pour quelques sombres photos et malheureusement, je n’y ai rencontré aucun bélier noir sortant de ses eaux ni diabolique sorcière, je dirais presque au contraire. En effet, au moment même où je venais de rejoindre la piste forestière après avoir quitté Barrenc, c’est plutôt une très belle fée qui m’accosta me demandant où se trouvait le lac. A son accent espagnol très prononcé, je compris très vite qu’elle n’était pas du coin et d’ailleurs elle s’empressa de me dire, mais en anglais, qu’elle était du Costa Rica. Bien qu’au fond de moi-même, je me demandais ce que pouvait bien faire une aussi jeune et jolie femme, de surcroît toute seule et Costaricienne à chercher le lac de Barrenc dans cette Montagne des Cornes, je n’ai pas osé lui poser de questions et je ne me voyais pas lui refuser mon aide. Nous avons donc regardé la carte IGN ensemble et dans mon anglais incertain, je lui ai donc indiqué le chemin sans toutefois négliger de la prévenir quand à l’accès très difficile pour atteindre le lac.  Je lui ai donc répété à maintes reprises « access at the lake more difficult ! » et «  the vegetation is more important » et au bout de quelques minutes me faisant signe de la tête qu’elle avait compris, la belle fée de la « Côte Riche » a fini par s’éloigner me gratifiant d’un joli sourire et d’un gracieux au revoir de la main. Supposant qu’il s’agissait d’une curiste voire d’une simple touriste, j’ai repris ma route vers le col d’Al Bouich, point culminant à 705 mètres de cette balade, puis vers Montferrand m’arrêtant en chemin pour finir pour mon casse-croûte. Toute cette partie étant parfaitement balisée avec de nombreux panonceaux indicatifs, il ne me parait pas utile de vous la décrire dans le détail. Sachez simplement que j’ai traversé Montferrand en reprenant à l’envers une partie de l’itinéraire qui, au mois d’avril dernier, m’avait amené au Pech Cardou puis je l’ai quitté près d’un panonceau indiquant Rennes-les-Bains. En quelques minutes, j’ai retrouvé la petite route de Montferrand et dans la cité thermale, il ne me restait plus qu’à rejoindre mon véhicule que j’avais laissé non loin de la mairie. J’estime la longueur de ma balade à environ 16 à 17 kilomètres. Le dénivelé est d’à peine 390 mètres mais les montées cumulées dépassent les 1.000 mètres. Carte IGN 2347 OT Quillan-Alet-les-Bains Top 25.


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  • Il y des combats qui nous tiennent à cœur plus que d’autres. Moi, le combat du cacique Raoni Metuktire en tournée actuellement en France et dans toute l’Europe, pour sauver la forêt amazonienne fait partie de ceux-là. Prendre parti pour ce combat-là c’est tout d’abord prendre parti pour la nature. Se battre pour la nature c’est se battre pour l’avenir de notre humanité et de notre planète. Bien sûr, on peut lutter pour d’autres causes très justes : mettre fin à des guerres, combattre des pouvoirs dictatoriaux, batailler contre le pouvoir sans partage de la finance, aider à des causes humanitaires ou s’opposer au terrorisme et à l’intégrisme sous toutes ses formes et j’en oublie bien évidemment mais à propos de tous ces sujets-là, il existe des solutions, il y aura tôt ou tard des résultats car les adversaires sont connus, identifiés le plus souvent et les vaincre ne sera parfois qu’une question de temps. Par contre, sauvez l’Amazonie est bien plus complexe car les ennemis sont nombreux, souvent très puissants, parfois mal identifiés et parfois même invisibles mais ce qu’il y a de plus grave, c’est que le combat est entamé depuis déjà très longtemps et ce combat en cours, l’humanité est entrain de le perdre. Ce combat, c’est un peu le même combat que de tenter de venir à bout de terribles maladies et étrangement les deux sont intimement liés. En effet, grâce à ses innombrables espèces végétales, l’Amazonie est la principale ressource médicamenteuse de la planète. Même si ces dernières années, le gouvernement brésilien a accepté des déboisements moindres, même si des progrès sensibles sont visibles, le mal qui a déjà été fait et celui qui se déroule chaque jour est irréversible. 1350 m2 de forêt amazonienne disparaissent chaque seconde soit un terrain de football toutes les 7 secondes. Effarant non ? Soyons vigilants vis-à-vis de l’Etat brésilien et des autres pays concernés qui ont souvent soufflé le chaud et le froid dans ce dossier. Peu de gens le savent mais le principal vecteur nuisible est l’élevage bovin, responsable à 80% du déboisement. Le Brésil est de très loin le premier exportateur de viande bovine du monde. Une viande d’ailleurs pas toujours recommandable sur le plan sanitaire. Alors commençons peut-être par arrêter de manger de la viande brésilienne, c’est un petit point non négligeable à l’échelle planétaire mais à la longue, il portera certainement ses effets pour le devenir de l’Amazonie. Vous imaginez qu’un jour on puisse replanter ce qui a été mangé, déraciné, arraché, dévasté ? Non, c’est terminé et si nous ne sommes pas un nombre infini à défendre cette cause, à coup sûr, elle finira tôt ou tard par être définitivement perdue. La fin de la forêt amazonienne sera une perte irréparable pour l’espèce humaine toute entière et la fin d’un monde comme l’affirme Nicolas Hulot. L’homme ne peut pas vivre sans poumon et le Terre ne vivra pas sans le sien : la forêt amazonienne représentant à elle seule 60% de la totalité des forêts mondiales. 

    Bon, je ne veux pas faire trop long car l’intérêt de cet article, c’est quand même que vous soyez un maximum à adhérer à cette cause et que vous signiez notamment la pétition de Raoni pour empêcher la construction du barrage de Belo Monte :  

    http://www.raoni.com/

    Il y a aussi les pétitions Avaaz pour la préservation de la forêt amazonienne déjà un peu anciennes mais qui ne doivent pas s’arrêter  :  

    http://www.avaaz.org/fr/veto_dilma_global_final_push_fr/

    http://www.avaaz.org/fr/amazon_under_threat_1/

    Pour le reste, de nombreux sites sont à votre disposition sur Internet si le sujet vous tient à cœur autant qu’à moi. En voilà quelques uns divers et variés que j’ai glané de ci de là mais il y en a bien d’autres plus ou moins objectifs :

    http://www.zero-deforestation.org/deforestation-amazonie.htm

    http://www.linternaute.com/nature-animaux/nature/actualite/10-05/amazonie.shtml

    http://www.aquaverde.org/fr/index.shtml

    http://bresil.aujourdhuilemonde.com/les-enjeux-du-%C2%ABnouveau-code%C2%A0forestier%C2%BB-pour-lamazonie

    http://blogs.mediapart.fr/blog/caro-nashoba/290912/viande-bresilienne-et-deforestation-choisissez-votre-camp

    http://www.courrierinternational.com/article/2011/02/17/l-amazonie-enfin-sauvee

    http://www.greenpeace.org/france/fr/campagnes/forets/fiches-thematiques/en-amazonie/?gclid=CNu8pI_ugrQCFUbKtAodh24APw


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  • Comme déjà indiqué, nous étions dans la Var en cette fin du mois d’octobre. Une fin octobre et un Var marqués par une météo incertaine, capricieuse voire féroce dans certains recoins du département (voir mon journal mensuel de novembre en hommage à Pierre  Lambert et aux étudiants de l’Université de Toulon-Sud). Malgré ce temps très mitigé, nous avons profité de la moindre éclaircie ou accalmie pour partir en balade. Après les Etangs de Villepey le 30 octobre, nous étions deux jours plus tard entrain de gravir les pentes du Mont Vinaigre, point culminant du massif du Massif de l’Esterel avec ses 618 mètres. Un Mont Vinaigre que j’ai gravi avec dans la tête l’envie de savoir pourquoi on l’avait appelé ainsi. Autant l’avouer, je n’étais pas le seul à me poser cette question et je constate, notamment sur Internet, que nombreux sont ceux qui s’y sont essayés. D’ailleurs, alors que nous roulions en direction de Malpey, point de départ de notre balade je me souviens très bien avoir entendu quelqu’un poser la question alors même que j’étais entrain de m’imaginer quelle pouvait être l’étymologie de mot « vinaigre »  Chacun y allait de sa propre idée : ma fille supposait que c’était à cause de la couleur rouge des roches (pas vraiment couleur vinaigre il faut bien le reconnaître) , ma femme pensait qu’on devait y avoir cultivé des vignes uniquement pour faire du vinaigre, et ma petite-fille en regardant la tour juchée sur son sommet m’a dit : « la tour, ce ne serait pas une fabrique de vinaigre ? » Ne connaissant pas la réponse, je me suis bien gardé de donner mon avis mais je me promettais de chercher car j’avais dans l’idée que la solution ne serait pas aussi simpliste que celles-ci. En effet, je sais par expérience que l’étymologie du nom d’un lieu est bien plus complexe car elle est très souvent liée à des langues ou dialectes qui ont eu cours dans une région donnée et qu’ainsi elle peut parfaitement remonter à la nuit des temps et varier en fonction de différences d’intonation, selon les accents de tel ou tel terroir et elle peut avoir de ce fait une relation très étroite avec une phonétique historique. Je me souviens avoir lu cela alors que je cherchais l’étymologie de mot « Naout » après notre balade au Sarrat Naout, point culminant du pays Fenouillèdes. A mon retour du Mont Vinaigre, je me suis donc attelé à cette recherche et en plus des supputations déjà avancées par mes proches, j’en ai trouvé une ou deux autres comme par exemple la récolte supposée d’une plante dont les fruits très aigres servent d’épices qu’on appelle le Sumac des Corroyeurs (Rhus Coriaria) mais parfois appelé par erreur « Vinaigrier », nom que l’on donne à un autre Sumac celui de Virginie (Rhus Typhyna). En tous cas, je ne sais pas si ces deux sumacs sont présents sur les pentes du Mont Vinaigre mais je sais avec certitude pour l'avoir photographié qu'il y en a un troisième du nom de Sumac Fustet (Rhus Cotinus ou Cotinus Coggygria) que l'on appelle plus communément l'Arbre à perruques. Non franchement, je ne pense pas que la justesse étymologique est un rapport avec la culture ancienne de ces plantes utilisées dans le tannage du cuir. Enfin certaines personnes rapprochent le Mont Vinaigre du Mont Aigre (450 m), sommet se trouvant également dans l’Esterel sur la même ligne de crêtes mais simplement séparé par la petite dépression de Malpey et pense qu’il y aurait eu peut être des vignes et donc du vin sur l’un et pas sur l’autre. C’est sans doute la réponse la moins idiote et en tous cas la plus proche de la vérité à un détail près non négligeable c’est que le vin n’y serait absolument pour rien. En effet, mes recherches me laissent à penser que dans la vrai toponymie du Mont Vinaigre, il faut d’abord séparer le mot « vinaigre » en deux « vin et aigre » puis éliminer le mot « mont » qui ne sert à rien sinon à créer un pléonasme. En effet, dès lors que l’on sait que le préfixe « vin » ou « bin » est une racine pré-indo-européenne signifiant « hauteur, mont, montagne ou sommet » comme on peut la trouver dans d’autres lieux tels le Vignemale anciennement Vinhamala, massif pyrénéen bien connu signifiant au sens le plus large « mauvaise hauteur », le mot « Mont » ne sert plus à rien. Quand au suffixe « aigre », il a pour origine le mot latin « acer » également d’origine indo-européenne signifiant pointu, tranchant, acéré, âcre, dur, etc….On peut à partir de là traduire très facilement le mot  « vin-aigre » en « mont acéré » ou «  mont difficile ».  Difficile à quoi ? A gravir bien sur car nos Anciens ne disposaient ni de pistes forestières carrossables et encore moins de routes bitumées. Voilà le Mont Vinaigre était dans des temps plus anciens, un montagne difficile à vaincre ce qui n’est plus la cas de nos jours car télécommunications oblige, une route asphaltée monte désormais jusqu’à son sommet. D’ailleurs, selon l’Histoire, rien n’a jamais été très facile dans ce coin-là, ces montagnes de l’Esterel ont été très souvent le repaire de brigands dont le plus célèbre d’entre-eux fut Gaspard de Besse dont on dit qu’une des grottes du Mont Vinaigre lui aurait servi de repaire pendant quelques temps alors qu’il était particulièrement recherché par la maréchaussée. Bien que la tradition populaire prétend qu’il n’aurait jamais blessé ni tué personne, en septembre 1780, il est arrêté, enfermé dans un cachot avec certains de ses compères, bénéficie d’un long procès mais il est malgré tout condamné et supplicié sur la roue à Aix-en-Provence en octobre 1781, châtiment ô combien barbare mais relativement coutumier pour l’époque. Mais sa pénitence ne s’arrête pas là, car après sa mort, on lui tranche encore la tête qu’on cloue sur un arbre, dans le théâtre même de ses exploits, au Bois des Taillades près de Lambesc. Il avait 24 ans. Pas étonnant que des noms de lieux gardent le souvenir de ce pénible passé et c’est le cas de notre point de départ, c'est-à-dire Malpey, là même où près de la Maison forestière, Gaspard de Besse et ses acolytes avaient détroussé les voyageurs d’une diligence. On dit que Malpey serait un « mauvais pic » ou plus simplement une « mauvaise montagne » à cause de l’insécurité qui régnait dans ce lieu. En effet, dans Malpey on retrouve « mal »  signifiant mauvais et « pey » signifiant pic dans la même lignée que les « puy » « puig » ou « pech » ou autre « pueyo ». Décidemment, on n’en sort pas de ces « détestables montagnes » varoises et comme disait Petit Gibus dans la Guerre des Boutons, « si j’avais su, j’aurais pas venu ! ».  Bien sûr, pour notre balade familiale, nous avons laissé les voitures dans la nature peu après la Maison forestière de Malpey vérifiant quand même à deux fois si les portières étaient bien fermées avant de nous en éloigner. Nous sommes montés à pied en grande partie par la route asphaltée mais également en empruntant une partie du G.R.51. A vrai dire, poussette et petite fille nous ont contraints à nous séparer en deux groupes. Certains ont préféré le 51, le G.R j’entends et d’autres, comme moi, la route forestière qui monte directement au sommet. Là, ceux qui avaient pris le G.R.51 à l’aller ont repris la route et moi, j’ai emprunté le G.R. Comme tous les G.R, ce dernier est balisé en rouge et blanc et il faut simplement prêté attention aux bifurcations. En réalité, sur le tronçon que nous avons accompli, il y en a deux seulement. La première traverse la route et est bien plus visible que la seconde. De toute manière, quelque soit l’itinéraire emprunté, il faut bien reconnaître que les panoramas que l’on embrasse tout en montant puis au sommet sont tout simplement époustouflants. De la Méditerranée toute proche jusqu’aux sommets alpins enneigés en passant par le Massif des Maures et le colossal Rocher de Roquebrune-sur-Argens, c’est une constellation incroyable de panoramas qui défile à 360°. Par temps très clair, la vue porte très loin jusqu’au Mont Faron, au Massif de la Sainte-Baume et même jusqu’à celui de la Sainte-Victoire. Si vous montez jusqu’au la tour de surveillance contre les incendies, chose que je n’ai pas faite par manque de temps, les vues vers l’ouest laisse entrevoir la Baie des Anges et le début de la Riviera italienne. Alors, n’hésitez plus, pour ces raisons-là et bien d’autres, le Mont Vinaigre vaut vraiment le déplacement. Vous apprécierez sans doute son aspect très déchiqueté, très escarpé et donc très sauvage, la couleur rouge de ses roches magmatiques formées de rhyolite qu’on appelle souvent à tort « porphyres rouges de l’Esterel ». Si la flore ne vous laisse pas indifférent, outre le maquis méditerranéen habituel, vous aurez l’occasion de côtoyer, aux endroits qui ont réchappés aux divers incendies, une forêt encore primitive constituée pour l’essentiel de chênes lièges, de chênes verts, de pins d’Alep, d’arbousiers, de fougères en épis mais de bien d’autres espèces dont il serait bien trop long de dresser une liste ici. Cette végétation est bien sûr très variée selon les versants et leurs ensoleillements mais vous y rencontrerez sans doute des arbres plus inhabituels comme l’eucalyptus, le cèdre, le charme, le mimosa ou les sumacs et même peut-être quelques espèces tropicales échappées de jardins comme les grévilliers ou les hakéas. Quand à la faune, je ne vais pas vous raconter d’histoires mais vous aurez peu de chance de rencontrer le cerf élaphe, le Molosse de Cestoni, la tortue d’Hermann ou encore le chat sauvage et pourtant ils sont les hôtes permanents et protégés de ces montagnes de l’Esterel.  Voilà quelques bonnes raisons d’aller y balader quelques heures, non ? Mais attention, ne vous trompez pas car il y a toujours dans le Var, un autre Mont Vinaigre mais situé sur l'île de Port-CrosCarte IGN 3544 ET Fréjus – Saint-Raphaël – Corniche de l’Esterel Top 25.


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  • LES-ETANGS-DE-VILLEPEY

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    ETANGVILLEPEYIGN

    Après deux randonnées consécutives dans l’Aude, d’abord au Moulin de Ribaute puis au Château de Quéribus, nous voilà reparti sous d’autres cieux, ceux du département du Var. Bien sûr, la marche n’était pas le motif essentiel de notre déplacement là-bas mais inévitablement la météo étant parfois (mais pas toujours !) propice à d’agréables escapades, nous en avons bien profité. C’est ainsi que deux petites balades dans le Massif de l’Esterel sont venues agrémenter notre séjour. Deux belles balades, il est vrai, aux antipodes l’une de l’autre en terme de découvertes mais ô combien plaisantes car elles présentent l’avantage de pouvoir être réalisées en famille et qui plus est avec des enfants en bas âges. Pour preuve, nous y sommes allés avec tous nos petits-enfants et tout c’est formidablement passé. Cet article est donc consacré à notre première sortie aux Etangs de Villepey qui sont, avec les Salins d’Hyères, les deux seules zones humides littorales de la Côte d’Azur puis il y aura dans la foulée la deuxième sortie consacrée à l’ascension du Mont Vinaigre, point culminant de l’Esterel à 618 mètres. Situés dans le Var sur la commune de Fréjus dans le quartier de Saint-Aygulf au delta de la rivière Argens, les Etangs de Villepey constitue un espace de 260 hectares qui abritent une flore et une faune véritablement remarquable. Le site appartient au Conservatoire du Littoral qui en a fait l’acquisition entre 1982 et 1997 mais c’est la commune de Fréjus qui en assure la gestion. Le départ de notre balade s’effectue depuis le parking de Saint-Aygulf qui, par rapport à la plage de la Galiote, se trouve de l’autre côté de la Nationale 98. On enjambe l’embouchure de l’Argens par le pont et là, deux solutions sont possibles : soit on traverse la N.98, on descend vers la plage de la Galiote puis on repasse sous le pont de la N.98 soit on prend à droite en direction du grand hôtel de Saint-Aygulf, on longe les installations et on parvient au même endroit c'est-à-dire sur une allée bétonnée bordée d’immenses palmiers. On poursuit cette allée et inévitablement, on rencontre un grand panneau indiquant le site naturel protégé des Etangs de Villepey. A partir de là, on entre dans un autre monde essentiellement dominé par l’eau, la végétation et les oiseaux. Les étangs et leurs lisières ont bien sûr de nombres autres locataires (mammifères, poissons, reptiles, batraciens et insectes notamment) mais tellement discrets que vous aurez peu de chance de les apercevoir ou d’y prêter attention dans cette dense et extraordinaire végétation. Oui, ce site est exceptionnel car grâce aux échanges continuels de l’eau douce de l’Argens avec les eaux salées de la Méditerranée, la nature a su créer au fil du temps un véritable mosaïque de milieux bien différents mais complémentaires : étangs, lagunes, vasières, dunes, sansouires, prairies humides et sèches, ripisylve, pinèdes, etc…Tous ces biotopes variés étant bien sûr très favorables à l’installation définitive ou temporaire de nombreuses espèces. On y a recensé plus de 240 espèces d’oiseaux et on y trouve des animaux plutôt rares comme la Tortue cistude ou bien encore le Pachyure étrusque, petite musaraigne ne pesant que deux grammes. Au niveau rareté, la flore n’est pas en reste et certaines plantes y sont désormais presque quasiment endémiques comme la Canne de Pline (Arundo plinii) ou la rarissime Asperge maritime (Asparagus maritimus). Le parcours étant balisé en jaune, je ne vais pas ici vous le décrire dans le détail d’autant que nous ne l’avons pas accompli dans sa totalité et qu’il existe, en outre, une grande boucle qui fait le tour des Etangs de Villepey dans leur intégralité. Sachez que le parcours est ponctué d’un observatoire où vous aurez tout loisir de contempler ou photographier les oiseaux en toute tranquillité et que vous aurez à emprunter des pontons de platelages, des passerelles et des petits sentiers parfois boueux voir mouillés par temps de pluie. Sachez aussi qu’il existe une réglementation très stricte et qu’à certaines périodes de l’année quelques sentiers sont fermés. Renseignez-vous donc auprès de la Mairie ou de l’Office de Tourisme de Fréjus et n’hésitez pas à compulser les quelques sites Internet qui ont été mis en ligne par le Conservatoire du Littoral ou la commune. Il existe aussi un petit dépliant d’information visible sur Internet en cliquant ici - Carte IGN 3544 ET Fréjus – Saint-Raphaël – Corniche de l’Esterel Top 25.


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