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    Ce diaporama est agrémenté de la musique "Romance pour violon No.2 In F Major Op.50" composée par Ludwig Van Beethoven interprétée par la violoniste japonaise Takako Nishizaki
     
    L'ERMITAGE-DE-FORCA-REAL
    FORCAREALIGN
     

    En Roussillon, tout le monde connaît Força Réal, ce piton rocheux à 507 mètres d’altitude, isolé   et planté-là au beau milieu de la plaine, par on ne sait quel mystère géologique. Tout le monde sait reconnaître le lieu, souvent visible et facilement identifiable de très loin, constituant d’ailleurs pendant très longtemps un amer pour les navires croisant près de nos côtes méditerranéennes,  à peu près tout le monde connaît le nom et sait le traduire en « Force Royale », moins nombreuses sont les personnes qui en connaissent l’origine et son Histoire et peut-être plus rares encore sont celles qui s’y sont rendues, même en voiture. Quand aux gens qui l’ont gravi à pied, elles ne doivent pas être légion. Pourtant cette balade est loin d’être inintéressante. Elle est de surcroît plutôt facile car très bien balisée à partir de Montner.  Bien sûr, à moins de connaître l’identité du détenteur de la clé de l’ermitage, on y monte essentiellement pour les panoramas à 360 degrés. C’est déjà très bien tant les vues de toutes parts sont extraordinaires. Pourtant, en se donnant un peu de peine et en cherchant tout autour, d’autres découvertes sont possibles et je ne parle pas seulement du ludique sentier botanique de  Força Réal qui vient enjoliver ce circuit. Non, il y a d’autres trouvailles, et ces trouvailles, je les ai découvertes en poussant jusqu’au col de la Bataille et même un peu plus loin en direction de Caladroy. Voilà ce qu’écrivait Victor Aragon en 1859 en préambule à sa « Notice historique, religieuse et topographique sur Força Réal » : « La montagne qui emprunte son nom à l’ancienne forteresse dont les débris font deviner l’enceinte sur son plus haut mamelon, domine la plaine féconde du Ribéral que le touriste, parvenu au sommet rocheux de Força Réal, peut admirer dans sa vaste étendue. De ce point culminant le Roussillon se montre à lui presque tout entier ; le regard l’embrasse dans le double horizon de la mer et des Pyrénées, cadre immense, rempli par les tableaux variés des vallées de l’Agly, de la Têt et du Tech, qui se déroulent parallèlement des montagnes vers la Salanca. Les détails infinis de ce riche paysage ne peuvent échapper à l’observateur curieux, et l’on comprend que les divers dénominateurs de la contrée aient établi sur la cîme de la montagne un poste d’observation, dont la consigne devait être de prémunir les habitants de la plaine contre les dangers d’une invasion subite. Força Réal était, sans doute alors, comme il est aujourd’hui, le point de mire des Roussillonnais du Ribéral ; mais de nos jours ce n’est plus vers la forteresse que les regards se tournent ; c’est vers la Chapelle protectrice, sortie, tout porte à le croire, des ruines du Castell depuis longtemps disparu ». Ici, en quelques lignes, c’est quasiment Força Réal qui est résumé. Le fondement même de son nom « forçia » provenant du latin « fortia » signifiant « fort » ou « forteresse » qui, bien sûr, accolé au mot « réal » laisse imaginer l’origine royale du château fort en question. La beauté et l’amplitude des panoramas et sa géographie que l’on découvre depuis son pinacle. Les raisons de l’édification d’un château fort sur ce sommet. L’évolution au fil du temps de ce lieu emblématique du Roussillon où une chapelle est venue remplacer les vestiges du château et d’une tour à signaux qui avait également été érigée au XIIe siècle semble-t-il. Enfin, vous noterez que dans ce préambule, rien n’est dit qu’en à la date la plus lointaine de l’édification de ce Castell. Je vous laisserais le soin de lire intégralement l’ouvrage de Victor Aragon accessible sur Google mais si certains historiens ont pu y voir l’œuvre des Romains, lui penche plutôt pour une origine aragonaise et voilà ce qu’il écrit avec sagesse et circonspection : « Tenons donc pour certain, autant qu’il peut y avoir de certitude en cette matière, que Força Réal est d’origine Aragonaise et remonte à la fin du XIIe ou au commencement du XIIIe siècle ». Il explique avec force détails, les raisons de l’attribution de ces constructions aux Rois d’Aragon de la Maison de Barcelone.  La suite du récit retrace l’histoire de Força Réal au fil des siècles, une histoire, il faut bien le dire, essentiellement militaire, où la montagne eut à subir sans cesse les assauts répétés des différents conquérants et envahisseurs du Roussillon. Même si du château fort et de la tour à signaux ne subsistaient que quelques ruines depuis déjà presque un siècle, il semble que les derniers assaillants de Força Réal furent les troupes du Général espagnol Ricardos qui, en 1793, fortes de 25.000 hommes furent tenu en échec pendant deux mois par une armée française pourtant très réduite de 4.000 hommes seulement. Sans doute, ces soldats avaient-ils puisé leur foi, leur vaillance et leur force sur ce sommet où avait été érigée une chapelle construite sur l’emplacement de la tour à signaux quelques années auparavant (1693/1708). Malheureusement, la chapelle souffrit de ces guerres successives et elle fut elle aussi en partie ruinée par les militaires.  Un peu plus tard, la chapelle devint un ermitage dédié à la Vierge, puis un lieu de pèlerinages et de cérémonies qu’elle est encore de nos jours.  

    A Montner, j’ai laissé ma voiture devant la coopérative vinicole puis me dirigeant vers le centre du village, j’ai emprunté la bien nommée rue de Força Réal. J’y ai remarqué un autre panneau indiquant la piste DFCI N° F140. De l’autre côté de la rue, un petit panonceau jaune au dessus d’une fontaine indiquait la direction à suivre «  Circuit Montner – Força Réal ». Une autre balade intitulée le « Chemin de Véronique », déjà expliquée dans ce blog, était également mentionnée. Un peu plus haut, je me suis engagé dans la rue de la Marinade sous l’œil incrédule de deux jolis matous puis j’ai poursuivi la piste DFCI F140 où d’ailleurs un balisage jaune était déjà bien présent. J’ai suivi ce balisage sans difficulté d’abord au milieu de quelques belles villas puis très rapidement sur un itinéraire traversant des vignobles. Plus j’ai avancé et plus le chemin devenait campagnard car verdoyant et bordé d’une magnifique flore en cette belle journée de printemps. La végétation explosait. Après les derniers jours gris et pluvieux, les oiseaux avaient retrouvé le goût de chanter.  Habituellement, si difficiles à photographier, aujourd’hui, ils avaient décidé d’être sympas avec moi et de « prendre la pose » sur les nombreux piquets soutenant les vignes. J’ai même vu deux perdrix rouges courir au milieu des ceps de vignes. Une bifurcation s’est présentée : «Circuit Montner – Força Réal – 3 h ». Flânerie et errements obliges, j’ai mis plus du double mais peu importe, j’adore ça surtout quand je marche seul car j’estime que cette solitude recherchée et non endurée est un privilège. A plusieurs, j’agace tout le monde avec mes arrêts et mes photos à répétition, ce que je peux comprendre.   Droit devant, une colline aux douces formes arrondies et très boisée se détachait dans le ciel bleu. Le randonneur novice aurait pu penser qu’il s’agissait de Força Réal mais au regard de la carte IGN, il n’en était rien et c’était simplement un petit « serrat » du nom de Bach de la Beille. Après, quelques zigzags au milieu des vignes et quelques rampes à la « bonne » déclivité, alternant terre mais également bitume, l’itinéraire est passé à droite de cette colline. Ici, dans la montée, la végétation verdoyante a été peu à peu remplacée par un maquis plus méditerranéen. Sur la droite, le Massif du Canigou et plus loin, la chaîne pyrénéenne ont pointé leurs superbes cimes enneigées. Derrière, l’horizon était barré d’une longue chaîne calcaire qui s’étirait à l’infini : les Corbières. A mes pieds, un patchwork de parcelles agricoles aux formes géométriques disparates partageait l’espace avec quelques bosquets verdâtres. Le tout était ponctué de petits villages blancs aux toitures rouges : Montner bien sûr, mais aussi Latour-de-France et Estagel. A la côte 398, j’ai enfin atteint un premier collet. En réalité, il s’agissait d’une simple plateforme dominant le vallon de la Jasse del Roc servant de marchepied avant la dernière montée vers Força Réal dont j’apercevais déjà l’extrémité du haut pylône de l’antenne TV.  Tout en montant, des panoramas sur une succession des collines bleuâtres se sont entrouverts vers l’est. Finalement, j’ai croisé une première pancarte explicative « Séneçon de Harvey » et quelques secondes plus tard, j’ai coupé la route D.38 montant à Força Réal.  Je venais de découvrir par hasard ce « Sentier botanique et de découverte de Força Réal ». Ici, pour mon plus grand plaisir, l’itinéraire s’est poursuivi tout naturellement sur ce sentier. C’était d’autant plus agréable, que ce sentier était commun avec ma balade et celui montant vers la chapelle que j’ai finalement atteint quelques minutes plus tard. Tout ce que j’avais lu de la magnificence des panoramas était vrai. Seuls, quelques gros nuages venant de la mer empêchaient une vision plus lointaine vers la Méditerranée et les Albères. Vers tous les autres points cardinaux, un grand ciel clair, pur et bleu permettait d’extraordinaires regards de tous côtés. Après avoir fait le tour du superbe ermitage, je suis parti vers le pylône TV, histoire de ne rien manquer de Força Réal. Un Canadair passa à la hauteur du pylône puis disparut, sans doute en provenance de la haute montagne car je n’apercevais aucun feu aux proches alentours. Mon appareil numérique bien rempli de nombreux clichés, je me suis remis en route en direction d’abord du Col del Bou (322 m) puis de celui de la Bataille (265 m). Là, dans la descente, la promenade était presque obligatoire car j’étais toujours sur le Sentier Botanique et tous les  dix mètres, il y avait une pancarte décrivant une nouvelle plante locale. Finalement, il me fallut une heure et quart pour parcourir les 4 kilomètres séparant le sommet de Força Réal du col de la Bataille, c’est dire si je m’étais arrêté plus que de raison. Là, une jolie esplanade avait été aménagée pour arrêter les touristes. Un grand panneau vantait les mérites du Haut-Roussillon, un autre expliquait très brièvement la toponymie de Força Réal puis un autre encore, celui de ce col où l’on pouvait lire « le nom de ce col apparaît dans les archives dès 1293. Il fait référence aux duels judiciaires des temps féodaux ».  Malgré l’intérêt que je portais à ce lieu, je n’étais pas venu jusqu’ici pour cela mais pour deux petites tombes qui se trouvaient quelques mètres plus loin en bordure de la D.38. La vision de ces deux pierres tombales crayeuses et identiques plantées-là, à quelques mètres d’une vigne aurait eu quelque chose d’insolite pour ne pas dire d’irrationnel si je n’avais pas connu la sordide histoire de ce père et de sa fille horriblement assassinés ici même le 10 juillet 1893. Un fait divers qui avait défrayé la chronique dans l’Indépendant de l’époque. Je pouvais lire sur les deux tombes « Ci-gît Trousseu Jacques DCD le 10 juillet 1893 âgé de 66 ans » puis sur l’autre « Ci-gît Trousseu Hortance DCD le 10 juillet 1893 âgée de 23 ans ». Bien sûr, ma curiosité aurait pu sembler macabre mais j’avoue que je n’avais pas cette vision des choses car connaissant un peu l’histoire je vivais plutôt cet instant comme un recueillement. D’ailleurs les mentions sur les tombes ne se terminaient-elles pas par « P.P.L » ou « P.P.E » signifiant « Priez pour lui » ou « Priez pour elle » ? C’était d’autant moins funèbre que ma balade ne s’arrêtait pas là mais continuait en direction de Caladroy où j’étais bien décidé à aller découvrir la « Peyre Drète » et les ruines de son imposante bergerie.  Je poursuivis donc la D.38 jusqu’à un faux menhir entouré d’un « faux » tumulus et là, je pris la piste de droite qui, au travers des vignes, m’entraîna vers ces vestiges. Toujours dans le livre de Victor Aragon, j’avais lu d’étranges choses sur cette « Peyre Drète » désormais brisée et couchée sur le sol : « On le voit, ce n’est pas sans raison que ces hauteurs où se sont livrés tant de combats, gardent, comme témoin mémorable de ces luttes, maintenant oubliées, la pierre druidique, symbole de victoire, élevé depuis des siècles non loin du Coll de la Batalla. » puis il rajoute en annotation :«les hommes de guerre qui, depuis les temps les plus reculés, ont sillonné ce pays et bivouaqué  peut-être autour du men-hir de Caladroer, respectèrent tous ce monument celtique, idôle des Druides et Trophée de Victoire, qui jaillissait du sol à une hauteur de seize pieds et s’y enfonce à une profondeur présumée égale. Pourquoi faut-il que ce curieux monolythe ait été cassé en deux par le fait d’un moderne vandale ou d’une déplorable incurie ? J’ai eu le chagrin de le voir gisant à terre et insoucieusement abandonné. Il serait digne du nouveau propriétaire de Caladroër de faire restaurer la pierre druidique la plus remarquable, à coup sûr, qui existe dans nos contrées ». Bien sûr, Victor Aragon fait allusion à cette « pierre droite » dont certains historiens prétendent qu’elle a longtemps servi de borne ou de limite entre certains territoires comme les diocèses d’Alet et d’Elne et ce, depuis le XIIe siècle. C’était au temps des premiers Rois d’Aragon puis un peu plus tard ceux de Majorque régnant sur le Roussillon. Ce menhir, désormais couché et brisé, est situé en bordure des vignes, sur un petit promontoire, juste après la bergerie qu’on laisse sur la droite. Après la découverte de cette grande pierre pleine d’histoires dont de nombreuses avec un grand « H », il ne me restait plus qu’à partir visiter l’ancienne bergerie mais un vigneron que je venais de croiser m’en dissuadât affirmant que déambuler dans ces ruines était bien trop risqué. Un panonceau « Danger - Défense d’entrer » me convainc définitivement d’y renoncer. Je me suis donc contenté de la regarder et de la photographier de loin. Il ne me restait plus qu’à retourner au col de la Bataille où après avoir emprunté une petite route vicinale asphaltée, j’ai retrouvé le « Circuit Montner - Força Réal ». Là, dans un champ, je pris le temps de m’arrêter sous des amandiers pour déjeuner. Quand je suis reparti, mon sac à dos s’était allégé de mon casse-croûte mais en contrepartie, il s’était bien plus alourdi de quelques kilos d’excellentes amandes séchées à point. Malgré l’asphalte, l’itinéraire du retour vers Montner fut très agréable. Le vignoble et les terres labourées permettaient de jolies visions lointaines de tous côtés et notamment vers Força Réal où la quasi totalité des nuages avait disparu. A l’approche du village, l’asphalte laissa la place à un chemin creux,  herbeux rafraîchissant et souple à souhaits et encore plus plaisant à cheminer. A l’entrée de Montner, de vieux puits, un coup à gauche et un coup à droite du Ruisseau de la Foun aiguisèrent une dernière fois ma curiosité. Mais il était temps d’en finir car avec mon sac à dos chargé d’amandes et sous un chaud soleil d’avril, la dernière montée vers le haut du village fut plutôt laborieuse. J’avais erré et flâné un peu plus de 6 heures pour parcourir 18 kilomètres sur un dénivelé plutôt modeste de 390 mètres environ mais des montées cumulées de 815 mètres. Bien sûr, rien ne vous obligera à parcourir le même circuit que le mien et en vous en tenant à celui intitulé « Circuit de Montner – Força Réal » vous pourrez raccourcir la distance d’un peu plus de 4 kilomètres. Carte IGN 2448 OT Thuir – Ille-sur-Têt Top 25.

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  • Il faut bien le reconnaître nos « grands » élus sont une caste d’Intouchables trop souvent irrespectueux de leurs propres électeurs. Bien sûr, on pourrait croire qu’au sein de nos différentes assemblées nationales, parlementaire ou sénatoriale, il y a des majorités bien établies mais quand il s’agit de se serrer les coudes, nos élus qu’ils soient de gauche ou de droite ne font qu’un ou presque. Presque, car il y a quelques exceptions mais elles sont si rares qu’on se demande parfois si elles sont sincères et ne sont pas là uniquement pour se faire un peu de pub en vue de prochaines élections. En tous cas, ces exceptions rentrent dans le rang (de leur parti) dès qu’elles veulent montrer trop bruyamment leur différence ou simplement faire entendre leurs voix. Quand au centre et aux extrêmes, le système électoral français est si parfaitement verrouillé par la gauche et la droite qu’ils n’ont aucun pouvoir de décision ni d’inflexion sur les lois à voter. Après le tintamarre monstre autour du mariage pour tous où des milliers de français sont descendus dans la rue, inutilement il faut bien le dire ; car le vote de la loi était couru d’avance ; j’ai le sentiment que ces « mafias parlementaires » ; il faut bien appeler un chat, un chat ; laissent une immense partie des français complètement indifférente. J’ai la vague impression qu’être pris pour un « con d’électeur » comme le disait feu Georges Frêche, ça n’intéresse pas la plupart des votants que nous sommes. En effet, concernant nos élus, alors qu’une majorité de français sont pour l’inéligibilité « à titre définitif » en cas d’actes délictueux, pour le non-cumul de leurs mandats et pour la publication de leur patrimoine, nos parlementaires ont récemment rejetés en bloc ces trois projets de loi. Ils y ont mis la manière, histoire de duper un peu plus les français. C’était il y a quelques jours. Trois projets de loi qui auraient pu pourtant constituer les premiers fondements d’une nouvelle démocratie indispensable et surtout souhaitable et souhaitée par une majorité de français. Et bien non, nos députés n’ont rien à foutre de l’avis de leurs électeurs, ils n’ont rien à cirer de la volonté des français et ils ont voté à une confortable majorité contre le projet de loi soutenu par le gouvernement Ayrault qui visait à rendre inéligible à vie les élus condamnés à des délits ou à des infractions contraires à la morale publique. Parmi ces faits délictueux, citons la corruption, le détournement d’argent public, le blanchiment, le trafic d’influence, les conflits d’intérêts, la fraude fiscale, sociale ou électorale, le favoritisme, etc.…enfin tous ces actes qui sont légion et font l’actualité de nombre de nos élus et la une de nos médias à longueur d’années. La peine d’inéligibilité a été ramenée à 10 ans au maximum, c'est-à-dire à « peanuts » quant on sait les délais incroyablement longs que notre Justice peut mettre parfois pour condamner un élu. Souvenons-nous de quelques affaires comme celle des emplois fictifs de la Mairie de Paris qui a mis plus de 12 ans avant d’être définitivement jugée en 2011 mais dont les premiers faits remontent à 1993 c'est-à-dire à presque 20 ans auparavant. Chirac a eu pendant ce laps de temps, tout loisir, de rester maire de Paris, président de son parti, ministre et député plusieurs fois et même bénéficiant d’une immunité pénale, d’être élu par deux fois président de la République, avant d’être reconnu coupable en 2011. Rappelons-nous d’autres affaires déjà très anciennes qui ont encore cours de nos jours ; Karachi, Bettencourt, Tapie pour ne parler que des plus médiatiques mais il y en a bien d’autres ; ce qui n’empêche pas certains de nos élus, mis en examen, de siéger dans ces « honorables » assemblées et d’autres hommes ou femmes d’avoir de hautes fonctions de gestion avec l’aval de nos gouvernants français voire parfois mondiaux. Oui, nos élus français sont irrespectueux de leurs électeurs car le non-cumul des mandats a été voté le 4 juillet mais avec une date d’entrée en vigueur en 2017 pour les parlementaires ou en 2019 pour ceux siégeant à l’Europe, le tout avec cette fois-ci, l’aval de l’Etat et du gouvernement, histoire de ne pas froisser d’innombrables amis qui étaient contre ce projet voulu par François Hollande. 2017, ça laisse pas mal de temps pour le modifier voire le supprimer. Quand à l’idée d’interdire l’exercice de plus de trois mandats d’affilée, elle a été carrément jetée aux oubliettes. Enfin la publication systématique et certifiée sincère du patrimoine de nos élus a été avortée avant même que d’avoir existé. En effet, les sénateurs ont changé d'avis. Ils avaient, dans un premier temps, voté pour l'amendement prévoyant la publication du patrimoine des élus puis vendredi 12 juillet, ils ont décidé de rejeter l’article 1 du projet de loi sur la transparence de la vie publique, dans lequel avait pris place l’amendement en question, faisant ainsi tomber la disposition. Pourtant, la plupart de ces lois ou principes égalitaires ont cours dans certaines grandes démocraties européennes, alors pourquoi sont-elles impossibles quand il s’agit de la France ? Pourtant, outre ces lois qui auraient du être votées sans coup férir pour satisfaire les français, la France a tant à faire pour devenir autre chose qu’une caste d’Intouchables, qu’une assemblée de mafieux voire autre chose qu’une république bananière. Au moment où l’on nous bassine sans arrêt avec la crise, avec les déficits abyssaux qu’on nous demande de combler au plus vite, nos élus ne devraient-ils pas être les premiers à montrer l’exemple. Des exemples et des idées, ils n’en manquent pourtant pas pour réduire le déficit d’une France qui deviendrait publiquement irréprochable: d’abord, lever l’irresponsabilité pénale du chef de l’Etat pour tous les faits répréhensibles et non pas pour le seul fait de « Haute Trahison » comme c’est le cas aujourd’hui. Puis on pourrait juger les élus soupçonnés de délits en comparution immédiate comme on est capable de le faire avec d’autres voyous. Puis ces mêmes élus pourraient diminuer leurs rémunérations ou bien ne pas les additionner dans le cas de mandats multiples, ils pourraient les plafonner quand ils disposent d’appointements personnels et privés. Puis, ils pourraient changer leurs retraites exorbitantes et très avantageuses et les aligner avec celle du citoyen lambda pour montrer leur solidarité. Puis, ils pourraient supprimer quelques couches administratives qui s’amoncellent au lieu de se réduire au fil des années (communes, cantons, communautés de communes, départements, préfectures, sous-préfectures, conseils régionaux, conseils généraux, Assemblée Nationale, Sénat, Conseil constitutionnel, Cour des comptes, commissions diverses et variées du style SIVU, SIVOM et j’en oublie sûrement encore beaucoup, payées néanmoins avec nos impôts qui sont déjà les plus lourds du monde parmi les pays dits développés. Sans oublier, dans cet énorme millefeuille national, quelques couches supplémentaires également françaises au niveau de l’Europe. Ces strates politiques sont de plus en plus nombreuses mais ce n’est pas pour autant que la France va mieux, bien au contraire. La France va de plus en plus mal et s’enfonce dans la crise avec un pourcentage de chômeurs jamais égalé. Le Français ne voit pas bien les intérêts qu’il y a à ce gros millefeuille et à toutes ces couches superposées de soi-disant décideurs politiques, pour ne pas dire à tous ces clans hors mis celui d’engraisser des gens, pour la plupart, déjà très bien payés et qui le plus souvent ont un job personnel et privé en sus de leur(s) mandat(s) d’élu(s). Enfin, on pourrait mettre fin à cette hégémonie du politique indéboulonnable en alignant toutes les élections au scrutin majoritaire à un tour ce qui supprimerait définitivement toutes ces magouilles électorales entre les tours. Un élu qui ne respecte pas ses électeurs serait jugé sur ses résultats ce qui est loin d’être le cas de nos jours, parfois élus par ses propres pairs comme c’est le cas des sénateurs et de bien d’autres aréopages.

    Si l’on écoute nos principaux gouvernants et élus, la France va très mal. Il en va de même de l’Europe. A gauche comme à droite, tous nos hommes politiques éprouvent les pires difficultés à trouver des solutions pour inverser cette tendance mais ils sont tous solidaires et d’accord sur un point : que surtout rien ne change jamais pour eux !

    Alors que faire pour changer ça ?

    En tous cas, voilà pour moi, une bonne raison que me ferait descendre dans la rue !

     

    (*) A ce propos, je vous renvoie vers une étude très intéressante du Cri du Contribuable qui s’intitule « la France croule sous ses 601.132 élus ». Elle date un peu car elle est d’ août 2011 mais comme depuis rien n’a vraiment changé, elle reste d’une actualité criante de vérité.  


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  • Ce diaporama est agrémenté de 3 musiques du compositeur japonais Joe Hisaishi et elles ont pour titre "Kiki's Delivery Service", "The Wind Rises" et "Il Porco Rosso", musiques créées pour des films d'animation du studio Ghibli dont les titres en français sont : "Kiki la petite sorcière""Le vent se lève" et "Le Cochon rouge". Ici, les musiques ont été extraites d'un concert à Paris en 2017 et Joe Hisaishi dirigeait l'Orchestre et le Choeur Lamoureux

    LE-PECH-DELS-ESCARABATETS

    PECHESCARABATETSIGN
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    Si allier une très longue balade en forêt à un authentique effort physique ne vous rebute pas, cette randonnée au Pech dels Escarabatets est faite pour vous.  Le Pech dels Escarabatets est avec ses 1.342 mètres d’altitude le sommet le plus élevé de la forêt de Boucheville, et de ce fait, il est légèrement plus haut que la Sarrat Naout (1.310 m), plus haut sommet des Fenouillèdes que nous avions découvert l’an dernier. Si les deux sommets se trouvent dans cette ancienne forêt royale, le  Pech dels Escarabatets, lui, n’est déjà plus, ni dans les Pyrénées-Orientales, ni dans le Pays Fenouillèdes mais dans le Canton d’Axat et donc dans l’Aude. Vous noterez également qu’il dépasse de 112 mètres son célèbre voisin, le mystique Pech de Bugarach, décrit comme étant le plus haut sommet des Corbières, qui lui ne culmine qu’à 1.230 mètres d’altitude. Le Pech dels Escarabatets est donc un peu à part, car situé entre la chaîne des Corbières et celle des Pyrénées, sur la ligne même de la frontière entre l’Aude et les Pyrénées-Orientales. Vu de loin, il représente le pinacle d’une montagne massive et calcaire intitulée le Roc Long, roc dominant quelques hameaux très pittoresques comme Puilaurens, Lapradelle, Gincla et Salvezines où l’on exploite diverses carrières de feldspath, d’albite et de bien d’autres minerais. Bien évidemment, m’intéressant à la toponymie du nom de lieux, j’ai voulu savoir ce que signifiait le mot « Escarabatets » et qu’elle en était l’origine et là surprise, en cherchant, je ne l’ai pas trouvé tel quel dans la langue occitane, comme on aurait pu le supposer, mais dans un vieux dictionnaire catalan de 1839 intitulé « Diccionari Catalá-Castellá-Llatí-Frances-Italiá, Volume 1 » imprimé à Barcelone par Joseph Torner. On y apprend très clairement qu’un « escarabatet » est un « petit scarabée »  mais qu’il est surtout le diminutif du mot « escarabat » signifiant « scarabée ». Alors bien sûr, en effectuant des recherches sur le mot catalan  « escarabat », on peut trouver selon les dictionnaires des traductions quelque peu différentes comme les mots « scarabée », « hanneton », « cafard », « blatte », « lucane cerf-volant » ou enfin plus globalement « coléoptère ». En vieux français, le mot « escarbot » a la même origine et quand on sait qu’il est donné à un coléoptère vivant essentiellement dans le fumier, on imagine sans mal qu’il s’agit de cet insecte qu’on appelle plus communément « bousier » ou parfois « fouille-merde » et plus rarement « hister ». Cet animal dont il existe d’innombrables espèces, on le trouve bien évidemment en grand nombre dans les zones de pâturage riches en excréments d’animaux comme c’est le cas ici tout autour du massif du Roc Long. Enfin, traduit en français, le Pech dels Escarabatets devient presque naturellement le Pech des Carabatets et là, on est bien obligé de penser à la « Carabe », cet autre petit coléoptère doré (Carabus auratus). On peut donc imaginer que c’est dans cette direction de l’Escarbot ou du Carabe doré qu’il faut chercher l’origine du nom donné à ce pech. Enfin, quelques recherches dans la langue d’oc m’ont permis d’apprendre que le « scarabée occitan » pouvait s’écrire indifféremment « escaravat » ou « escarabat ». Ouf ! L’honneur occitan est sauf ! J’ai démarré cette balade depuis le village de Fenouillet (P.O) et plus précisément du lieu-dit la Coume où j’ai laissé ma voiture. Si vous avez déjà réalisé la balade de mon blog que j’ai intitulé le « Pech de Fraissinet », sachez qu’il s’agit d’une balade quasi-similaire car les deux sommets sont très proches l’un de l’autre. Néanmoins, pour rendre celle d’aujourd’hui un peu plus originale, je l’ai gratifiée de deux différences significatives : primo, j’ai effectué celle-ci en sens inverse et secundo, j’ai complètement délaissé le Pech de Fraissinet pour me concentrer uniquement sur le Pech dels Escarabatets qui, sur une journée, se suffit à lui-même. Bien évidemment, je précise que ce n’est que par choix personnel que j’ai effectué cette randonnée dans ce sens mais que s’agissant d’une boucle rien n’interdit de la faire dans l’autre. Alors que Météo France m’avait prédit un temps ensoleillé, c’est sous un ciel très plombé que j’ai démarré du lieu-dit la Coume, direction Aigues-Bonnes. Ici, j’ai emprunté la piste DFCI N°F28 qui, au départ, n’est ici ni plus ni moins que le Sentier Cathare, balisé en jaune et bleu. Ce Sentier Cathare, dès la côte 535, on le délaisse très vite au profit d’une autre piste qui s’élève sur la gauche. On est toujours sur la piste DFCI N°F28. Tout en grimpant, je peste contre Météo France qui m’avait annoncé du soleil dès ce matin. Je ronchonne contre ce ciel bas et grisâtre bouchant toutes les vues lointaines. Heureusement, les panoramas lointains ne sont pas légion depuis cette piste qui désormais monte en lacets. En contrebas, j’aperçois seulement le verdoyant vallon d’Aigues-Bonnes, habituellement si merveilleux mais aujourd’hui bien triste et sans relief, voilé qu’il est d’une légère brume opaque. Un point positif néanmoins : il ne pleut pas !  Par bonheur, au fur et à mesure que je m’élève dans cette magnifique forêt domaniale de Boucheville, le plafond nuageux monte avec moi. Quand vers 11h30, je m’arrête pour manger un en-cas sur l’aire de pique-nique d’un refuge métallique, j’aperçois mes premiers coins de ciel bleu, promesses d’un temps idéal que j’ai tant espéré depuis mon départ. D’ailleurs, quelques rayons de soleil faisant leur apparition,  les nombreux petits oiseaux de la forêt qui étaient restés silencieux jusqu’à présent, se mettent soudain à entamer un incroyable concert de gazouillis divers et variés. J’en profite pour en photographier quelques uns, mais comme toujours très difficilement. A l’approche du col de Fraissinet (1.111 m), mes espoirs vont peu à peu se concrétiser pour finalement se transformer en réalité. Sous un ciel incroyablement bleu et pur, je m’avance dans la dernière ligne droite montant vers le Pech dels Escarabatets. Ce matin, cette belle météo était si inespérée que je m’arrête à chaque instant pour contempler, observer et photographier toutes ses vues extraordinaires qui commencent à s’entrouvrir : les Corbières, le Pech de Bugarach, Caudiès-de-Fenouillèdes, la vallée de la Boulzane, le merveilleux vallon d’Aigues-Bonnes. Mais sur ce chemin désormais plus caillouteux qui grimpe bien hardiment vers le pech, le plus beau reste à venir. Dans la montée, l’itinéraire se sépare en deux. Tout droit, un étroit sentier excessivement caillouteux semble se poursuivre plus haut dans un bois de conifères en se faufilant entre de petits bosquets. A gauche, un chemin plus large continue en balcon sur l’autre versant du massif et je choisis cette option. Quelques mètres plus loin et droit devant, une lucarne s’ouvre effectivement entre les arbres sur une belle montagne enneigée : Le Massif du Madres me semble-t-il. Puis, la lucarne devient fenêtre pour se muer en une vaste corniche où des panoramas à couper le souffle éclatent littéralement. Au loin, presque derrière moi, une étendue presque sans limite où les Pyrénées-Orientales finissent par se perdre dans les grisailles que j’ai connues ce matin. A mes pieds, le Pech de Fraissinet et l’immensité de la magnifique forêt de Boucheville où trône le Sarrat Naout. Au dessus, l’inévitable et majestueux seigneur Canigou superbement couronné d’argent. Puis, tout autour, c’est une longue ronde de sommets plus ou moins bleutés ou enneigés se perdant dans un horizon presque infini : Mont Coronat, Madres, Dourmidou, Pech Pedré, Montagne de la Crabixa, forêts de Resclause et d’En Malo, Pic d’Estable, Pyrénées Audoises et Ariégeoises et j’en oublie en route. Finalement, la piste se termine soudain sur un incroyable abîme. Je suis au bord même des hautes falaises du Roc Long et le Pech dels Escarabatets se profile à droite et encore bien au dessus de moi, à 400 ou 500 mètres de distance selon une rapide estimation. Ici, un bon dénivelé reste à gravir mais il n’y a plus de sentier et seulement quelques rochers plus ou moins plats à franchir, plantés de ci delà de quelques rares buissons rabougris et d’une végétation très rase. Par bonheur, ces rochers plats et cette végétation plutôt basse sont assez facile à cheminer, ce qui n’empêche aucunement d’avancer avec la vigilance indispensable et conseillée sur un tel terrain. La fin, à travers une végétation plus dense faite essentiellement de petits buis et de quelques pins est plus compliquée mais une fois le sommet atteint, toutes les difficultés sont très rapidement oubliées. Selon l’I.G.N, le sommet à 1.342 mètres serait matérialisé par une borne que je n’ai pas trouvée mais grâce à mon GPS, j’ai repéré l’altitude maximale non loin d’une pancarte effacée par le temps et enfouie dans les buis. Pour le reste, la crête sommitale est composée d’un plateau fait de petits dos d’âne où éboulis, pelouses et conifères se partagent l’espace. Bien évidemment, comme sur tout sommet de ce type, avec à-pics et falaises très abruptes, la plus grande prudence reste de mise.  Les vues ne sont pas à 360 degrés barrées qu’elles sont vers le nord et l’est par une rangée de hauts résineux mais néanmoins de nouveaux panoramas se font jour en sus de ceux déjà aperçus plus bas : vers le Pays de Sault, la Haute Vallée de l’Aude et les Corbières occidentales mais les visions les plus surprenantes sont ces incroyables vues aériennes sur les petits villages alentours :  Gincla tout en longueur avec ses maisons de chaque côté de la route, Salvezines et le Caunil et leurs surprenantes carrières en espaliers, Puilaurens et son joli château fort crénelé. Après ces jolies visions plongeantes, deux grands rapaces tournoyant dans le ciel, sont venus occupés l’espace opposé pendant quelques minutes. Des aigles sans doute. Après leur départ, j’ai, comme souvent en pareil cas, regardé longuement dans mes jumelles les coins de balades déjà accomplies comme le Sarrat Naout, le  Plat d’Estable, le pic Dourmidou ou le Madres par exemple, et ceux pouvant faire l’objet d’une randonnée prochaine. Je me fis la réflexion qu’il y avait encore tant de sentiers à parcourir et certainement de bien jolies choses à découvrir. Malgré cette agréable perspective, j’ai eu l’amère impression que l’heure que j’avais passée là-haut avait filée très vite et quand j’ai entamé l’itinéraire du retour, je l’ai presque fait à regrets. Pourtant, la randonnée était loin d’être terminée et pour rejoindre la Coume, quelques kilomètres restaient à parcourir. Pour redescendre vers le col de Fraissinet, j'ai repris cette fois, l’autre chemin, celui que je n’avais pas pris pour monter au pech. De ce fait, de nouvelles vues se dévoilèrent vers le nord, le Pech de Bugarach et les Corbières.  A partir du col et en prenant le petit sentier tout en descente vers le col de Tulla (932 m) tout devint routine car je connaissais par cœur la suite du parcours. Dans le bois, quelques oiseaux jouèrent à cache-cache avec le téléobjectif de mon appareil photo. Au col de Tulla, en empruntant le GRP Tour du Fenouillèdes, descendant vers Fenouillet, la routine se changea en agréables souvenirs de ce tour que j’avais accompli avec mon fils en septembre 2011. Pourtant tout était bien différent, la saison n’était pas la même et la végétation et la flore encore moins. Au gîte de Tulla, un chat noir très câlin prit la place du joli petit cabri que j’avais caressé, au même endroit, il y a un peu plus de deux ans maintenant. Avril 2013 ne pouvait pas ressembler à septembre 2011 mais malgré ça, j’arrivais à revivre cette portion d’étape du Tour du Fenouillèdes que nous avions accomplie de Sournia à Caudiès. Dans cette descente, je fis cependant une petite pause pour finir tout ce qui restait de comestible au fond de mon sac à dos. Allongé au soleil, je fis la pige à quelques beaux et placides lézards somnolant sur les roches chaudes.  En définitive, plongé dans mes rêveries ou très occupé avec mon numérique, je ne vis pas passer cette descente vers Fenouillet et ce fut tant mieux. En arrivant aux Bordes, trois petits chiens de berger vinrent me faire des fêtes et me sortirent définitivement de ma léthargie. Mais ce n’était pas bien grave car ma voiture était là à quelques mètres seulement. Mais au moment de la rejoindre, le plus ahurissant fut cette image d’un coléoptère au casque cendré plus clair que le reste du corps qui était noir. Il montait contre la façade d’une maison et j’eus tout le temps de le photographier. J’avais marché presque 8 heures sans avoir vu aucun « escarabatet » ni aucun « escarabat » ni aucun « escarbot » et ô surprise, le seul que je rencontrais, était là, à 50 mètres de la ligne de départ. En cherchant sur Internet, j’appris qu’il s’agissait d’un Capnode (Capnodis tenebrionis), insecte très nuisible car ravageur de l’arboriculture méditerranéenne. Telle qu’expliquée ici, cette randonnée est longue de 18 kilomètres environ. La Coume étant à 500 mètres d’altitude et le Pech dels Escarabatets à 1.342 mètres, le dénivelé est de 842 mètres. Les montées cumulées comme les descentes sont longues de 1.700 mètres environ, ce qui en fait une randonnée plutôt difficile où l’équipement du parfait randonneur s’avère indispensable. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul de Fenouillet Top 25.


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  • Bingo, j’ai ma retraite ! Voilà ce que Dany s’est écriée quand, il y a 3 mois, elle a reçu une lettre de l’Assurance Vieillesse (CARSAT) lui confirmant qu’elle allait percevoir sa retraite à taux plein pour raison médicale et ce, malgré une insuffisance certaine du nombre de trimestres cotisés et admis.

    Autant le dire, si elle n’a jamais remis en cause le plaisir et le fait de voir sa polyarthrite chronique (*) enfin reconnue et prise en charge par les médecins conseils de la Sécurité Sociale au titre d’une inaptitude au travail, sa joie a été de courte durée quant à la retraite en question. En effet, quelques jours plus tard, la lettre de calcul de sa retraite arriva et sa joie se transforma soudain en une vraie désillusion.  Le montant annoncé par la CARSAT était de 40,50 euros net par mois ! Enfin, cette désillusion se mua en une authentique « soupe à la grimace » quand il y a quelques jours une nouvelle lettre à l’entête de l’ARRCO arriva : « 86,48 euros » lui annonçait-on pour sa retraite complémentaire et ….par trimestre !

    Bon pour être complet et fair-play, la CARSAT lui attribua en sus au moment du premier versement, une majoration du minimum contributif de 156,49 euros par mois soit un net total de 196,99 euros. Ne me demandez pas de quoi il s’agit et comment ça se calcule, je ne me suis pas encore penché sur le sujet.

    Il est vrai que pour avoir travaillé de 1967 à 2007 soit 40 ans même si c’est le plus souvent à temps partiel,  le total ainsi obtenu de 225,82 euros par mois tout compris, il faut bien reconnaître que ça fait peu !

    Il faut dire aussi qu’en analysant sa carrière, Dany a tout cumulé et quand je parle de cumul, il faut entendre une accumulation d’inconvénients, de désavantages, de désagréments, d’oublis, d’anomalies, d’erreurs plus ou moins voulues parfois, d’obstacles, de malversations enfin tout ce qui vient vous foutre une retraite en l’air, jugez plutôt !

    Pourtant, tout avait bien commencé. En 1967, quand elle commence à bosser comme apprentie dans une supérette, elle n’a  que 15 ans et elle vient d’obtenir son certificat d’études très facilement. Malgré son goût pour les études et d’excellentes notes, son père lui demande d’arrêter l’école et d’aller travailler pour subvenir aux besoins du foyer. En 1968, on se rencontre et pendant que je poursuis mes études, elle travaille déjà à plein temps dans divers commerces et cela jusqu’à la fin de l’année 1972, année où l’on se marie en février et arrive au monde notre premier enfant Jérôme au mois de décembre. Inconvénient sur cette période de 1967 à 1972, elle ne cotisera jamais à aucune retraite complémentaire car à cette époque, les employeurs n’ont pas d’obligation à ce titre. De 1973 à 1975, elle reste au foyer pour élever Jérôme.  Puis en 1976, elle reprend une activité d’assistance maternelle à temps partiel jusqu’en 1977, année qui voit l’arrivée de notre fille Carole au mois d’octobre. Là, elle décide de combiner l’éducation des enfants, son travail d’assistante maternelle à temps partiel et une formation d’animatrice de gymnastique. Elle continue donc son travail de gardienne agrée jusqu’en 1982, année où ayant obtenu tous les diplômes requis, elle commence à entreprendre un travail d’animatrice de gymnastique pour divers clubs et associations. En sa qualité d’assistance maternelle travaillant pour des communes, elle a  toutefois cotisé à l’IRCANTEC (Urssaf des fonctionnaires) de 1976 à 1982 mais toujours pas à le retraite complémentaire. A ce jour, l’IRCANTEC n’a toujours rien versé mais selon les infos reçues, on se dirigerait vers une seule liquidation en raison de la modicité de la retraite à percevoir (300 euros environ pour les 7 années travaillées). De 1982 à la mi-année 1986, elle travaille donc à temps partiel (payée à l’heure de cours) pour divers clubs et associations de gymnastique volontaire avec cette fois, le gros désavantage que ces derniers ne sont tenus à aucun établissement de bulletins de salaires, à aucun versement de cotisations ni auprès de l’URSSAF pour le retraite vieillesse ni auprès d’une quelconque caisse de retraite complémentaire. Aujourd’hui, on appellerait ça du travail au noir. Notez que nous sommes déjà en 1986, que Dany travaille depuis 1967 soit depuis presque 20 ans et qu’elle n’a toujours pas engrangé le moindre point de retraite complémentaire.

    A partir de mi-1986, les associations, pour lesquelles Dany travaille, ont obligation d’établir des bulletins de salaires, elles ont obligation de cotiser à l’Urssaf pour la maladie et la retraite (sic), aux ASSEDIC pour le droit au chômage (sic) et également à la retraite complémentaire (mais ça nous le saurons que bien trop tard et la prescription sera passée par là !). Il va en être ainsi jusque dans les années 2000 où sa polyarthrite chronique va contraindre Dany à réduire son activité pour finalement être dans l’obligation d’arrêter de travailler fin 2007 à cause de ses douleurs articulaires qui, très souvent, n’étaient plus supportables et compatibles avec son travail d’instructrice de gymnastique. Ici, tout un chacun pourrait penser qu’elle va avoir droit à des indemnités journalières de maladie ayant cotisé à ce titre à l’URSSAF ou bien qu’elle va pouvoir prétendre à des allocations de chômage, ayant également cotisé aux Assedic et bien non : « RIEN », « NOTHING », « QUE DALLE », « NADA », « MACACHE », « NIET », « NIB ». Vous n’avez pas assez cotisé ou vos heures travaillées sont insuffisantes lui dit-on. Une seule solution lui est proposée : « Vous avez le droit de vous inscrire comme demandeuse d’emploi ». C'est-à-dire que vous ne pouvez plus exercer votre emploi pour raison de maladie et je dirais même d’handicap (handicap reconnu aujourd’hui !) mais la seule solution que l’on vous propose c’est de continuer à travailler si vous voulez gagner un peu d’argent ! Sidérant non ? Enfin, sidérant quand on sait ce que certains tire-au-cul perçoivent pour de prétendues « longues maladies » depuis des années. Qui n’a pas dans sa famille ce type de personnages paresseux et profiteurs du système ?  Nous, nous en avons !

     

    Evidemment, tout cela n’est pas bien grave car moi, en cette année 2007, je travaille encore et mon salaire suffit amplement à nos besoins du moment.

    Nous sommes en 2007, je pars en retraite en mai 2008 avec environ 60% de mes revenus, alors que faire ? Demander pour Dany un départ anticipé pour raison médicale ? Pas possible, nous réponds-t-on à la CRAM (désormais CARSAT), il faut attendre que vous ayez 60 ans et 9 mois, c'est-à-dire mars 2013. Mais peut-on d’ores et déjà reconstituer une carrière qui va s’avérer compliquée ? Non, on verra ça quelques mois avant l’échéance, c’est « largement » suffisant  nous dit-on à l’époque.

    C’est fait, nous y sommes et le rendez-vous est pris avec la CRAM pour début novembre 2012 et il est temps de se mettre à la reconstitution de la carrière de Dany car le dernier document reçu de cet organisme listant les éléments qu’ils ont déjà enregistrés est bourré de « trous ». Le mot « trou » est un doux euphémisme au regard de ce que je vais découvrir.  Je fais le forcing pour être à l’heure le jour venu car outre d’innombrables erreurs, ce n’est pas moins de 480 bulletins de salaires qui sont manquants et je m’empresse d’en faire des photocopies à la fois pour la CARSAT mais également pour le Groupe Mornay, gestionnaire unique des caisses de retraites complémentaires. Ce n’est plus une reconstitution de carrière, c’est un vrai « gruyère » tant il y a de trous, des absences, des oublis, des anomalies, des erreurs auxquelles il faut ajouter de bien belles surprises. En effet, que constatons- nous ?

     

    -         De nombreuses associations ont fait cotiser Dany à l’Urssaf et aux caisses de retraites mais n’ont jamais reversé le moindre centime de cotisations à ces organismes ! A voir  nous dit-on en novembre 2012 ! Nous sommes en juin 2013 et nous n’avons toujours rien vu !

    -         D’autres associations ont prélevés des cotisations à Dany mais ne l’ont jamais déclarée et de ce fait, elles n’ont jamais rien versé ni à l’URSSAF ni à aucune caisse de retraite complémentaire car il semble qu’elles ne se soient jamais déclarées elles-mêmes auprès de ces organismes malgré les obligations qu’elles avaient de le faire ? A voir  nous dit-on en novembre 2012 ! Nous sommes en juin 2013 et nous n’avons toujours rien vu !

    -         D’autres associations, au fil des changements de leur bureau, ont retenues et versées leurs cotisations mais parfois que partiellement. A voir….et ainsi de suite….

    -         D’autres ont cotisé à l’Urssaf mais à aucune caisse de retraites complémentaires. Là c’est tout vu car il y aurait prescription, prescription qu’il n’y aurait pas eu en 2007 nous dit-on quand Dany a arrêté de bosser mais rappelez-vous, on nous avait demandé d’attendre pour reconstituer sa carrière ! Bel imbroglio dont on constate les inconvénients aujourd’hui !

    -         D’autres n’ont pas cotisé sur la bonne base parfois pour l’URSSAF, parfois pour les caisses de retraites, parfois pour les deux. Là, ce qui est fait et fait et impossible de revenir en arrière nous dit-on !

    -         Enfin et c’est là, sans doute le plus important des désavantages, c’est que toutes ces associations n’avaient pas l’obligation de cotiser à l’URSSAF Vieillesse et maladie sur le salaire brut comme le font la plupart des employeurs pour leurs salariés mais sur une base forfaitaire qui était 4 ou 5 fois moindre. Exemple : le salaire de Dany était par exemple de 400 francs pour le mois et bien l’employeur cotisait sur une base horaire forfaitaire qui ramenée au mois donnait 100 francs. Bien évidemment, on s’aperçoit aujourd’hui que ce choix de faire cotiser ces clubs et associations n’avait qu’un seul objectif, alléger leurs charges sociales. Or, il faut bien se rendre à l’évidence, ce gros avantage pour les employeurs, c’est transformé en un très gros inconvénient pour le salarié désormais retraité. Rajoutons à cela que de nombreuses associations en ont profité  pour cotiser sur cette base forfaitaire à leur caisse de retraite complémentaire au lieu du salaire brut comme elle avait l’obligation de le faire et la coupe est déjà bien pleine !

    -         Quand on sait que pour valider un trimestre, il faut avoir cotisé sur un salaire minimum qui est fonction de l’année, la coupe est plus que pleine, elle déborde, on se noie dedans et la retraite se transforme en une obole « ridicule » pour ne pas dire « honteuse ». En effet, tout en ayant travaillé et cotisé tous les mois d’une année, le résultat du calcul en nombre de trimestres se transforme le plus souvent en « 0 » voire en « 1 » trimestre. (voir photo).

     

    Voilà pourquoi, ce mois-ci je pousse ce nouveau coup de gueule car malgré notre bonne foi, la justification sans équivoque de tous les bulletins de salaires, une fois encore l’Administration n’a aucunement tenu compte des erreurs, malversations, anomalies, oublis voulus ou non par de nombreux employeurs de Dany. Je passe sur le laps de temps nécessaire à la CARSAT pour reconstituer sa carrière : depuis novembre 2012 et la fourniture des 480 bulletins, nous n’avons aucune nouvelle ou si peu ! Ils sont débordés paraît-il.  Selon l’estimation que j’en ai faite, c’est 36 à 40 % de sa carrière qui est partie en fumée et aux oubliettes tant auprès de l’Urssaf et des caisses de retraites complémentaires. Ce qui me fout aussi en boule, c’est que par mon métier de comptable, de financier et de responsable des ressources humaines, je me souviens d’un temps où avec une simple reconnaissance de travail par un tiers ou une simple attestation d’employeur ou sur l’honneur le plus souvent « bidon », cela donnait droit à 4 trimestres supplémentaires par année prétendument travaillée. Je connais personnellement des dizaines de personnes qui sont partis ainsi à la retraite bien avant l’heure. Et que dire de l’ASPA (**) (anciennement minimum vieillesse) que l’on offre à des étrangers qui n’ont jamais cotisé le moindre centime en France et à qui l’on est capable de donner presque 800 euros mensuels au seul privilège qu’ils posséderaient une carte de séjour de résident en France depuis 10 ans. C’est ça, que l’on appelle la justice sociale ? C’est ça le calcul d’un retraite juste et équitable ? Dix en France sans jamais y avoir travaillé ni cotisé et on peut obtenir 800 euros de l’Assurance Vieillesse contre 40 ans de travail à temps complet et à temps partiel et c’est seulement 40 euros ?  Bien sûr, en lisant ce témoignage, certains vont me taxer de tous les « mots » et de tous les « maux », de vouloir faire de la « préférence nationale », d’autres de mon manque d’esprit de solidarité, enfin que sais-je ?

     

    Et bien non, je n’ai pas honte de ce que je pense et de ce que j’écris car après tout, que reproche-t-on vraiment aux mots « préférence » et  « nationale ». La préférence ça peut-être un mot très « gentil » somme toute, pouvant signifier « choix », « goût », « prédilection », « attirance » voire « option » et pas seulement « faveur » ou « privilège ». Quant au mot « national » venant de « nation », j’ai appris à l’école primaire et secondaire que des millions d’hommes se sont battus pour elle au cours de l’Histoire de France et de nombreux en sont morts, il n’y a pas si longtemps que ça, aux guerres de 14-18 et  de 39-45. Faut-il avoir l’esprit tordu pour y voir uniquement la relation avec le « national socialisme » !

    Pourquoi, devrais-je avoir honte de  mettre ces deux mots bout en bout pour râler ? Parce que le premier à l’avoir « inventé » politiquement parlant était un adhérent du Front National ?

    Que ceux qui me jetteront la pierre aillent s’exiler 10 ans dans de nombreux pays pour percevoir l’ASPA de la contrée en question et quand ils auront perçu le premier centime, nous en reparlerons bien tranquillement.

     

    Quand je pense à tous ces régimes de retraites spéciaux et privilégiés, à tous ces écarts injustes qu’il y a trop souvent entre les retraités des secteurs privés et publics,  à ces systèmes de retraites dits « chapeaux », à ces parachutes dorés de ces grands patrons déjà si richissimes, quand je pense que notre gouvernement actuel veut encore durcir et surtout retarder les départs en retraite, quand je pense que l’on vient nous coller des taxes supplémentaires sur nos retraites à cause d’une prétendue crise qui bien évidemment ne touche que les plus démunis, je le dis tout ça est absolument lamentable !

     

    Bingo, je l’ai dit !

     

    (*) Dany souffre d’une polyarthrite chronique depuis 1989. Elle avait 37 ans. Cette maladie est réellement devenu handicapante à partir de 1995. Elle avait 43 ans et sa maladie a été reconnue par la Sécurité Sociale comme une affectation de longue durée dont les soins ont été pris en charge à 100%. Début des années 2000, les douleurs articulaires sont telles que le seul traitement efficace s’avère être une chimiothérapie légère par piqûres ou par absorption de comprimés mais malgré la soi-disant légèreté du dosage,  les effets secondaires sont tels qu’elle est contrainte d’arrêter ce traitement au bout de quelques années. Heureusement ce traitement déjà effectué et les cures thermales semblent avoir un effet bénéfique sur sa maladie dont les douleurs sont très souvent en dents de scie faites de poussées parfois fulgurantes et de rémissions soudaines.

     

    (**) ASPA – Allocations de Solidarité aux Personnes Agées :

    787,26 euros par mois pour une personne seule et 1 222,27 euros par mois pour deux personnes.


    Montant des plafonds de ressources : Personne seule : 9 447,21 euros par an - Deux personnes : 14 667,32 euros par an.

     

    Créée en 1998 sous le Gouvernement Jospin, l'Allocation de Solidarité aux Personnes Agées (ASPA) a remplacé depuis cette date le minimum vieillesse. 
    Jusqu'à présent, les étrangers issus de pays tiers à la Communauté européenne pouvaient en bénéficier sous certaines conditions. Ils devaient justifier d'une résidence stable et régulière en France et être titulaires d'un titre de travail depuis au moins cinq ans. Ces conditions n'étaient toutefois pas exigées des étrangers admis au regroupement familial
     et qui disposaient simplement d'un titre de séjour sans condition d'antériorité, ni avoir cotisé au régime d'assurance vieillesse
    La Loi de financement de la sécurité sociale a durci ces conditions d'accès. Les nouveaux demandeurs de l'ASPA devront justifier d'un titre de séjour régulier depuis au moins dix ans, même s'ils ont été admis au titre du regroupement familial. Cette nouvelle disposition n'est toutefois pas applicable aux réfugiés et apatrides.


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  • LE-PIC-DU-PIED-DU-POUL
    PICDUPIEDDUPOULIGN

    Il faut bien reconnaître que cette randonnée telle que présentée ici avec "Le Pic du Pied du Poul et les Bornes Milliaires" n'est pas la plus connue de toutes et donc pas la plus pratiquée. Or mis les gens du cru et quelques clubs de randonnée régionaux, peu de personnes connaissent le Pic du Pied du Poul que j’ai gravi début avril par une magnifique journée ensoleillée. Je vous rassure toutefois, comme son nom pourrait le laisser craindre, vous ne serez pas dans l’obligation d’aller au Pays de Galles pour atteindre ce modeste sommet culminant à 596 mètres d’altitude. Non, ce pic se trouve bien plus près de chez nous et plus simplement dans l’Aude où il est surtout très connu des spéléologues à cause de ses nombreux avens. Pourtant si l’on se fie à l’idiotisme animalier le définissant, quasiment identique au nom du fameux motif du tissu cher aux princes de cette nation du Royaume-Uni, on aurait pu penser le voir bien plus loin. J’aurais l’occasion de revenir longuement sur cette étrange toponymie au cours de cet article. Cette longue balade, que personnellement, j'aurais plutôt appelée, pour rester dans les gallinacés, le "Pic des nids-de-poule", vous comprendrez pourquoi plus tard, démarre plus simplement de la jolie commune de Roquefort-des-Corbières. Outre ce pic rocailleux dont on peut faire l’impasse, cette randonnée permet d’aller à la rencontre des étonnantes « bornes milliaires » de la Combe de la Clotte (photo). Elles sont bien plus connues que le pic, objectif subsidiaire et il faut bien le dire, plutôt difficile d’accès de cette randonnée. Selon les spécialistes, ces bornes militaires romaines situées à l’origine sur le tracé de la Via Domitia auraient été déplacées et mises là pour ériger une construction médiévale. Les bouger n’ayant sans doute pas été si facile que ça, car la Via Domitia se trouvait sans doute un peu plus à l’est de Roquefort-des-Corbières, on est en droit de se demander quel usage, elles ont pu avoir au Moyen-âge. Et bien si j’en crois certains sites Internet, ces bornes, découvertes en 1869, pour certaines d’entre-elles enfouies, classées aux Monuments Historiques depuis 1974, auraient servi à soutenir la toiture d’une bergerie. Comme quoi, nos aïeux moyenâgeux n’avaient pas toujours conscience de la valeur de notre patrimoine historique. Sans faire de mauvaise comparaison et toutes proportions gardées, ne soyons pas étonnés après ça, si de nos jours, des Touaregs du Mali ou des Talibans d’Afghanistan détruisent des chefs d’œuvre religieux inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce sont parfois eux aussi « d’ignorants » bergers, fermons la parenthèse. Contrairement à ce que je pensais, les sites Internet relatifs à ces bornes sont assez nombreux et semblent plutôt bien documentés, même si certains ne concernent que les vrais spécialistes de l’archéologie. C’est ainsi que j’ai appris que ces bornes sur la Via Domitia marquées des étapes. Elles étaient positionnées comme leur nom l’indique tous les mille romains c’est à dire tous les mille pas représentant 1.481,50 mètres d’aujourd’hui. Les indications gravées sur ces bornes donnaient les valeurs de distance en chiffres, alors que les lettres donnaient le nom de l'empereur qui avait engagé le tracé de la voie et l’édification des bornes. Ainsi les bornes milliaires de Roquefort-des-Corbières auraient été érigées en 2 av. JC sous le règne d’Auguste et elles présentes des toponymes sous forme abrégées « ]IVLII pour Forum Iulii (Fréjus), CVV pour ciuitatem Vasionem Vocontiorum (Vaison-la-Romaine) et CR[, parfois considéré comme une abréviation de Cotti regnum (le royaume de Cottius).Je passe sur la lecture de la transcription latine que les spécialistes ont fait de ces lettres et chiffres et je vous livre directement la traduction  qu’ils en ont faite :Sous le règne de l'empereur Auguste, fils du divin César, père de la patrie, grand pontife, 13 fois consul, 22 fois revêtu du pouvoir tribunicien, 14 fois empereur, 16000 pas de Forum Iulii, 917000 pas de la cité de Vasio des Voconces, 898000 pas du royaume de Cottius.Vous aurez noté que j’emploie très souvent le conditionnel quand je n’ai pas pu recouper certaines informations dont les ambitions sont d’être historiques et authentiques.  Voilà, quand vous saurez qu’il existe des centaines de bornes milliaires un peu partout en France et bien plus encore dans tous les pays de l’ancien empire romain, vous en saurez autant que moi sur le sujet et il ne vous restera plus qu’à aller à la rencontre de celles de Roquefort-des-Corbières. Personnellement, j’ai laissé ma voiture au centre-ville, près de la Place du Marché, puis j’ai emprunté le rue de Labadal, puis le chemin Neuf. Là, j’ai finalement atteint le chemin de la Triolle où les premiers balisages sont apparus. Très rapidement, je suis sorti de la cité et j’ai suivi le balisage du Sentier Cathare qui, allez savoir pourquoi, est ici jaune et bleu alors qu’il est rouge et blanc dans les P.O et en Ariège.  Ayant étudié la carte IGN, je savais que ce balisage me mènerait sans problème jusqu’au Bornes Milliaires où là, il faudrait peut-être que je sorte mon GPS dans lequel j’avais enregistré le tracé menant au Pic du Pied du Poul. En réalité, l’itinéraire est assez simple car rectiligne et parallèle à la Combe de Bouc jusqu’à la Combe de la Clotte où se trouvent les bornes romaines. Au loin, presque droit devant, la longue Serre de Roquefort étire son échine calcaire à la végétation clairsemée. Selon, le regard qu’on lui porte, elle paraît parfois très débonnaire car aplatie puis deux cent mètres plus loin, elle semble très haute et quasiment infranchissable. A l’instant de quitter le bitume de la route, le chemin s’élève jusqu’à un replat où une immanquable pancarte directionnelle annonce notre premier objectif « Bornes Milliaires ». Là, le regard embrasse et domine un petit vallon planté d’un vignoble net et soigné qui contraste avec la sauvage et anarchique garrigue environnante : c’est la Combe de la Clotte. En prêtant attention, on y remarque vers le fond du vignoble une petite cabane mais surtout des colonnes blanches entourées de murets, ce sont nos « fameuses » bornes romaines et les vestiges de la construction médiévale.  Ici devant cette pancarte, il y a une intersection de chemins : à droite, le sentier qui descend vers les bornes et à gauche celui qui doit plus tard, m’entraîner vers mon second objectif de la journée, le Pic du Pied du Poul. Un peu plus bas, nouvelle intersection avec le Sentier Cathare qui part à droite et celui des bornes à gauche, bornes que l’on atteint quelques minutes plus tard, en traversant les vignes ou mieux et par respect pour celui qui les travaille, en les contournant. Sur ces bornes, que j’ai photographiées sous tous les angles, je pensais y déceler des caractères romains bien apparents mais malgré mon insistance,  je dois avouer que rien de bien concret n’est apparu à mes yeux. Aussi,  même si quelques signes peu distincts semblent y être gravés, j’ai été très surpris, je l’avoue, de voir que les spécialistes y avaient trouvé autant de significations que celles que je vous ai décrites plus haut. Comment ont-ils fait ? Ça je l’ignore ! C’est donc plutôt déçu que j’aie quitté les lieux, non pas pour remonter le cours de l’Histoire comme je l’avais un peu espéré, mais pour gravir un sentier abrupt et caillouteux à souhaits qui m’a emmené vers le Plat de la Lause. Il faisait beau et chaud, les senteurs de thym et de romarins embaumaient le parcours, de merveilleux panoramas s’entrouvraient sur la mer, des lézards paressaient au soleil, quelques papillons virevoltaient, de rares petits criquets semblaient décidé à m’accompagner sur le chemin, des passereaux chantaient à tue-tête, des grives et des alouettes jaillissaient des buissons et s’enfuyaient à tire d’ailes, des rapaces planaient au dessus du maquis que l’on aurait pu croire aride et terne et dans lequel je voyais des fleurs colorées un peu partout : des muscaris d’un bleu intense, des tapis de jaunes Narcisses et d’Ibéris blancs, des érodiums roses, des iris nains mauves ou blancs, des malingres bouquets de paronyques et de germandrées argentées ou ceux plus touffus des Alyssons blancs. Cette longue randonnée qu’au départ j’aurais pu croire ennuyeuse, lassante et sans intérêt se transforma en une plaisante et très intéressante balade. Une fois encore, mon numérique en bandoulière, j’étais à l’affût de la moindre beauté et du moindre mouvement de la nature. J’avais la « gnaque » et j’acquis au fil du parcours de plus en plus de détermination à aller jusqu’au bout de ce pic du Pied du Poul que je ne connaissais pas et dont j’étais plein d’incertitude quand à sa toponymie. J’avais lu pas mal de choses avant de partir et parfois souvent contradictoires mais en plus je l’avoue, je n’avais acquis aucune certitude que ce nom avait un quelconque rapport avec le pied d’un gallinacé. Pourtant tous les dictionnaires et autres glossaires de la toponymie étaient à peu près d’accord pour dire que les mots de vieux français « Poul » ou « Pol » ou parfois même « poult » avaient la même origine et venaient du latin « pullus » signifiant « petit » et plus précisément « petit d’un animal ». Au fil du temps et à partir de ce mot latin, les aléas des langues dus aux accents et autres intonations auraient paraît-il transformé ce vocable, mais la plupart des dialectes étaient tombés à peu près d’accord pour le définir comme étant un jeune coq, un poulet et finalement en français une « poule » avec un « e » terminal. Il en est ainsi dans presque toutes les langues indo-européennes à quelques exceptions près comme dans la langue celte où le mot « poul » signifie « trou », « mare » voire « fossé ».  Ainsi, il n’est pas rare d’entendre un paysan français appeler ses poules, « petits, petits, petits ! » et on sait pourquoi désormais ! Mais le plus souvent, notre « Poul » serait donc un « coq » et cette version nous est largement confirmé dans le remarquable « Glossaire des noms dialectaux – Noms des lieux en France » d’André Pégorier, Ingénieur en chef géographe à l’IGN. Toutefois en effectuant des recherches toponymiques plus précises autour du pic en question, j’ai finalement trouvé une autre explication dans la « Toponymie Pyrénéenne » de Robert Aymard qui lui traduit ce « Pied du Poul » comme étant celui d’un dindon. Palmé de surcroît rajoute-t-il. Ne me demandez pas pourquoi le coq est soudainement devenu le dindon de la farce ! Enfin, pour compliquer le tout, le philologue Jean-Baptiste-Bonaventure Roquefort (de Roquefort pour son nom de « plume ») ; et oui on reste dans le Roquefort et les plumes mais c’est une simple coïncidence ! ;  dans son Glossaire de la Langue Romane de 1808 définit le « Poul » comme étant une montagne, une éminence, un lieu élevé tiré du podium romain au même titre que les mots  pec, pech, pet, peu, peus, peux, pi, pic, pie, pioch, poet, poi, pol, port, pou, poy, poya, puc, puch, puech, puesch, pui, puj, puig, punch, pus, puy, py auquel on peut aussi rajouter le mot de vieux français « pé » qui lui a de multiples significations selon les dialectes et les lieux puisqu’il peut aussi bien signifier le sommet d’une montagne que sa base ou son pied et même un but ou un repère chez les Normands (« Glossaire des noms dialectaux – Noms des lieux en France d’A.Pégorier-S. Lejeune-E.Calvarin). Alors bien sûr, aller chercher une explication dans cet imbroglio c’était un peu comme se mettre en quête de la « poule aux œufs d’or » et j’étais en droit de me demander que signifiait ce « Pied du Poul ». Etait-ce le « Pied d’un coq » ? Etait-ce- le « Pied d’un dindon » ? Etait-ce comme cela se produit parfois une toponymie pléonastique du type le « Pic du sommet de la montagne » voire le « Pic du pic du pic » ? Enfin, pourquoi avait-on ainsi dénommé ce pic ? Quelqu’un avait-il vu le pied d’un coq ? Ici, il ne pouvait s’agir que d’un coq de bruyère ? Le sommet ressemblait-il au pied d’un coq ou d’un dindon ? Quelqu’un aurait-il aperçu une empreinte ressemblant à un pied de coq, un peu comme celui du motif du célèbre tissu ? Une autre explication pouvait être envisagée, c’est celle d’une plante assez commune que l’on trouve ici dans la garrigue c’est la Dorycnie hirsute (Dorycnium hirsutum) que l’on appelle plus souvent Bonjeanie hérissée mais que les plus anciens appelaient « Pied de coq ». Et si la solution était là ! C’est en pensant à cette toponymie alambiquée que mes pas arrivèrent à un premier collet au pied d’un roc du nom de Roquebesse. Là, le chemin toujours aussi large se mit à grimper les Parazels et déboucha à un nouveau replat et guère plus loin à un nouveau collet. Plus je m’élevais et plus les panoramas se faisaient vastes et lointains. Un seul petit mouvement de tête et j’embrassais la mer de tous côtés avec des vues superbes sur les étangs de Gruissan, Bages et Sigean jusqu’à celui de Salses.  L’itinéraire se mit à redescendre puis remonta aussi soudainement et arriva à une nouvelle bifurcation de chemins. Un panonceau était là gisant à terre. Le relevant, je le calai dans un espèce de cairn servant de piédestal et je vis écrit : « Refuge – 1,5 km – 30 mn ». Effectivement, pile 30 minutes plus tard, j’atteignis le refuge mais auparavant j’avais gravi une large sente caillouteuse qui déboucha sur une crête plutôt plane et très sauvage : le Plat de la Serre.  Cette sente laissa quelques avens protégés par des grillages sur la droite puis elle amorça une descente qui m’entraîna vers cet étonnant refuge qui ne figurait pas sur ma carte IGN. Blotti dans une clairière au fond d’un vallon et entouré de chênes verts, je fus très étonné de trouver un refuge non gardé aussi coquet, propre et bien tenu dans ce lieu perdu de tous et de tout, or mis peut-être des spéléos dont j’ai appris plus tard sur le Net qu’ils en étaient les édificateurs. Ici, tout était « nickel » et même les couchages étaient d’une propreté exemplaire avec de vrais matelas. A cet instant et comme j’avais déjà pris quelques photos de cet intérieur, j’ai immédiatement pensé que quelqu’un devait l’habiter et je suis sorti aussi vite que j’étais entré car j’avais l’impression d’avoir violé l’intimité d’un occupant. Une fois dehors, je fus encore plus surpris de voir un couple de randonneurs arriver au moment même où je reprenais mon parcours. Juste le temps d’un salut rapide et ils me demandèrent aussitôt si le refuge était vide, ce en quoi je répondis positivement et immédiatement ils me quittèrent et entrèrent à l’intérieur. J’ai aussitôt pensé qu’ils étaient aussi curieux que j’avais pu l’être moi-même et que je les reverrai un peu plus tard dans l’ascension du Pic du Pied du Poul. Mais je ne les revis pas de la journée. Le refuge était-il leur objectif ultime, je ne vous cache pas que l’idée me traversa l’esprit mais comme le disait les Inconnus dans un célèbre sketch « cela ne nous regarde pas ! » A partir du refuge, le large chemin s’est rétréci un peu et il s’est mis à grimper sans cesse et plutôt régulièrement avant de monter plus abruptement et de déboucher sur une petite plate-forme herbeuse et fleurit de nombreux pissenlits (545 m). Si ce n’était un gros cairn élevé au début d’un étroit sentier qui filait dans la caillasse, j’aurais pensé être arrivé au bout de ma balade. Il était tout juste midi et si mon estomac avait eu plus que sa dose d’eau, il criait néanmoins famine et réclamait quelque chose de plus consistant. Sur la droite du replat, il y avait de gros rochers aplatis depuis lesquels les vues portaient à la fois sur la forêt mais aussi sur les Corbières et ses innombrables éoliennes, la mer et le Plat de la Serre en contrebas. Je vis en ces rochers, le lieu idéal pour pique-niquer et reprendre un peu des forces, ce qui s’avéra une excellente idée car si l’objectif n’était plus très loin, je n’étais pas au bout de mes peines. En effet, si le dénivelé restant jusqu’au pic était également plutôt modeste avec une cinquantaine de mètres à grimper, le sentier lui, si on peu appelait ça un sentier, allait m’en faire voir de toutes les couleurs au sens propre et au sens figuré. Je me mis d’abord à suivre des cairns et toujours le balisage jaune puis très rapidement, j’ai suivi de grosses flèches rouges qui m’entraînèrent dans un dédale de caillasses instables et d’arbrisseaux impénétrables se terminant à chaque fois dans des culs-de-sac.  Je fis demi-tour à deux reprises avant de me raviser et de retrouver le balisage jaune et des cairns qui zigzaguaient dans un terrain caillouteux de plus en plus compliqué et difficile à cheminer. Ici, impossible de regarder autre chose que ses pieds et le moindre faux-pas était synonyme d’une entorse assurée. Tout en poursuivant vers le pic, je pensais au fond de moi à cette étrange toponymie dans laquelle je n’avais trouvé aucune certitude et regardant les gros cailloux et les nombreuses failles dans le calcaire dans lesquelles j’évitais sans cesse de mettre mes pieds, je me disais pourquoi, l’a-t-on appelé  ainsi « Pied du Poul » ? Ici rien ne ressemblait de près ou de loin au « pied d’un coq ou d’un dindon » mais plutôt à de vrais « nids-de-poule » ! Même la plante, cette Dorycnie portant ce nom de « Pied de coq » n’apparaissait pas à mes yeux, des yeux il est vrai, trop occupés à observer où je m’étais les pieds. Non, ici les seules fleurs visibles, c’était de jolis bouquets de violettes dont on se demandait par quel miracle elles pouvaient pousser dans ces rochers arides. Finalement, je vins à bout de ce difficile chemin et les cairns bien présents, il faut bien le dire et remercier aussi les baliseurs qui les élèvent, m’amenèrent au sommet. Une borne entourée de gros cailloux matérialisait le pic et sur un rocher tout proche, les baliseurs avaient peint un chiffre : 596 m. C’était l’altitude où je me trouvais. Sur la borne, il y avait des caractères gravés que je ne pus pas lire mais j’ai pensé qu’il s’agissait peut-être des trois lettres « IGN » habituelles. Les panoramas étaient spectaculaires de tous côtés et malgré un temps devenu plus maussade qu’au départ, j’apercevais encore une immense partie de l’Aude et des Corbières. Au plus loin que je pouvais voir, je distinguais les Pyrénées enneigées et droit devant moi, beaucoup près, c’était le Montolier de Perellos et la boule blanche de son radar météorologique. De l’autre côté, j’arrivais à voir, par dessus les collines, l’immensité de la côte méditerranéenne presque jusqu’au Cap Béar. Jouissant de ce merveilleux spectacle, je mis à profit cette longue pause pour manger mon dessert fait d’un gros fromage blanc aux fruits rouges et d’une orange. Au moment où je m’apprêtais à repartir, un rapace vint tournoyer près du sommet. Pensant que je m’étais sans doute trop approché de son repaire, je me cachai rapidement au milieu de petits buis pour le photographier mais le temps d’une seule photo et il avait déjà disparu. Ce n’est qu’une fois chez moi et après quelques recherches que je compris que j’avais photographié le trop rare et petit Aigle de Bonelli qui paraît-il est présent dans certains secteurs des Corbières. Le retour fut plus rapide que l’aller, d’abord parce que je connaissais le chemin jusqu’à la bifurcation où j’avais aperçu le panonceau indiquant le refuge à 30 minutes, Là, je partis à gauche en direction d’un Roc du nom d’Infitou sur une large piste tout en descente.  Or mis, les panoramas visibles droit devant moi et quelques fleurs nouvelles à photographier rien ne vînt ralentir mes pas. Toutefois en arrivant au Clot de l’Alader, un grand panneau « aven danger » m’arrêta net. Regardant autour de moi, je ne vis rien de particulier or mis un petit amoncellement de pierres ressemblant à un abri de berger avec de très jolies vues sur la côte lagunaire, la plaine littorale et le piémont des Corbières.  Comme je n’avais guère envie de m’éloigner du chemin pour partir à la recherche d’un éventuel aven que de toute manière je n’aurais pas pu visiter, seul l’abri en pierres sèches retint mon attention. Me dirigeant vers lui, je vis d’abord une date, 1952 écrit avec des petits morceaux de tessons de porcelaine sur un bloc de béton, puis entrant dans l’abri qui n’était qu’un simple paravent en pierres contre le cers et n’avait absolument rien du vrai orri construit par encorbellement tel qu’on peut les rencontrer par ici, je vis d’autres gravures qui n’avaient rien d’ancestrales car insérées dans du ciment. Il y avait d’abord écrit « Castan Eugène 1950 », sans doute le nom de l’occupant de cet abri et la date de son édification puis sur la lourde dalle de béton servant de toiture, il était étrangement gravé « Mon Rêve ». Cette dénomination me fit sourire car je me rappelais l’avoir vu autre part et notamment sur plusieurs grandes bâtisses ou résidences secondaires de la Côte d’Azur et d’ailleurs. Je me mis soudain à penser que ce Castan Eugène devait être un homme très humble pour considérer cette simple protection de pierres contre le vent comme une véritable résidence secondaire. Regardant les paysages âpres autour de moi, j’essayais de comprendre pourquoi ce coin de garrigue était devenu le rêve d’Eugène et hors mis la beauté sauvage des panoramas sur le maquis et la mer, je ne vis aucune autre raison à cette qualification. Au regard de la taille de l’abri, je me mis à imaginer qu’Eugène était berger et qu’il passait la quasi totalité de son temps à rêver, tout seul au milieu de son troupeau, en quête d’un bonheur qu’il avait finalement trouvé ici dans l’indépendance et la solitude, au sein de cette terre si inculte. Je me remis en route, toujours en descente, croisant quelques bergeries ou mas, certains en ruines d’autres en cours de rénovation. Finalement après une courte montée, l’itinéraire arriva au Plat de Vabina, petit plateau encore largement occupé par la garrigue où quelques bergeries délabrées et quelques vignes annonçaient la proximité du progrès. Sur la piste devenue rectiligne traversant les Caulasses, ce progrès se confirma sous la forme d’un alignement de petites pancartes chapeautées sur lesquelles il était écrit « conduite de gaz haute pression à proximité ». Cette piste « roulante » arriva très vite à Roquefort et déboucha sur le « Camin del Bosc » non loin du chemin de la Triolle que j’avais emprunté au départ. Là, dominé par les falaises du Plat de la Roque et ses anciens moulins à vent, désormais sans ailes, le « Camin del Bosc » dévoila de biens jolies vues  sur le village que je me mis en quête de visiter malgré la fatigue. Seules les ruines d’un château perché sur un piton rocheux me rebutèrent et après avoir serpenté dans de biens agréables ruelles, je rejoignis très facilement ma voiture près de la belle église Saint-Martin. Sur le parking, assis au bord du coffre, j’étais entrain de changer de chaussures face à cinq ou six petits vieux qui discutaient sur un banc quand soudain l’un d’entre-eux s’adressa à moi avec un fort accent roulant les « r » : « vous avez marrrrché loin, j’étais devant ma porte et je vous ai vu partirrr tôt ce matin » ? Et je répondis « oui, je suis allé au Pic du Pied du Poul » et comme s’ils étaient tous un peu estomaqués, ils me regardèrent d’un air presque ahuri. L’homme qui s’était déjà adressé à moi rajouta « et pourrrrquoi fairrre, vous êtes allé là-bas ? » et je répondis aussi sec « pour le plaisir et pour voir, c’est tout » puis dans la continuité « mais au fait ça veut dire quoi « Poul » ? Je ne voulais pas laisser passer cette occasion de demander quelques explications aux anciens du village sur la toponymie du pic. Celui qui m’avait parlé jusqu’à présent, se leva du banc et répondit du tac au tac « et bien poul c’est un coq parrrrdi !» et comme aussitôt ma deuxième question fusa « et pourquoi, on l’a appelé ainsi « pied du poul ». Celui qui me parlait c’était déjà levé à l’énoncé de ma première question mais à cet instant, tous les autres petits vieux se levèrent comme un seul homme et partirent sans me répondre. Je ne comprenais pas pourquoi. Avaient-ils déjà décidés de partir ? Les ennuyais-je avec mes questions ? Y avait il un mystère autour du nom de ce pic ? Me trouvaient-ils trop curieux d’autant qu’avec ma voiture immatriculée « 66 », j’étais un étranger parmi eux, un « burro catalan » ou un « gavach » comme ils disent entre-eux dans le milieu rugbystique.  Je restais là, sans voix, ne comprenant pas pourquoi ils étaient partis si soudainement et sans répondre à ma seconde question. De toute évidence, je n’en saurais jamais plus. Voilà, comment se termina cette longue balade et si je ne savais pas tout de ce « Pied du Poul », une chose était désormais sûre, il s’agissait bien du « Pied d’un coq ». Telle que décrite ici, cette balade que j’ai enregistrée dans mon GPS est longue de 23 kilomètres. Elle inclut la visite de Roquefort-des-Corbières, les petits errements pour atteindre le sommet et quelques courtes échappées belles en dehors de l’itinéraire. Si vous envisagez de la faire, il vous faut éviter la saison la plus chaude, emporter de l’eau en quantité suffisante et mettre de bonnes chaussures de randonnée à tiges hautes…..car à vouloir faire le coq avec des chaussures non adaptées, il ne faudrait pas que vous y laissiez votre pied ! Carte IGN 2547 OT Durban-Corbières – Leucate – Plages du Roussillon Top 25.


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    En mars dernier, à l’aide d’un très long article que j’avais tenté d’étayer, je vous faisais part dans mon Journal Mensuel de disfonctionnements et d’erreurs récurrentes que je notais depuis quelques années et après contrôles dans les remboursements de mes frais de santé. En désespoir de cause, après « x » contacts par mails restés « improductifs », j’avais écrit au conciliateur de la CPAM. J’ai reçu, il y a quelques jours, la réponse écrite d’une conciliatrice (voir photo ci-dessus que l'on agrandit en cliquant dessus ou bien sur voir taille réelle)

    Estimant que cet organisme a un droit de réponse à mon article, je produis la photo de cette lettre dans mon blog.

    Toutefois, comme cette lettre est tout de même très édifiante et confirme une « immense » partie de mes craintes, la produire sans la commenter ne servirait pas à grand-chose.

    Pourquoi est-elle édifiante ?

    a-      D’abord parce que j’en suis à douter de la compétence des cinq personnes différentes que j’ai eues en face de moi dans ce dossier et je m’en explique. Sans vouloir faire des généralités et penser que tout le monde est « nul » à la CPAM, désormais, je suis bien obligé d’y inclure la conciliatrice. Voilà le souci : A cinq reprises, j’ai indiqué que pour une consultation de mon épouse de 23 euros du 28/08/2012, je n’avais jamais reçu de remboursement, spécifiant toute de même à de multiples reprises, que ce même jour, j’avais, moi-même, consulté mon médecin-traitant pour la somme de 23 euros également et que le remboursement de « ma propre » consultation n’avait jamais posé aucun problème. Eh bien, que croyez-vous qui se passa ? Cinq fois, ces cinq personnes différentes ont confondu « ma propre consultation » avec celle de mon épouse sur laquelle je précise quand même que la caisse a prélevé la participation forfaitaire de 1 euro ! Elle n’a donc pas disparu complètement du système informatique et ce prélèvement d’un euro en est la preuve formelle. J’ai dit édifiant ! Je précise que cette même conciliatrice m’avait dit, lors d’un appel téléphonique, que cette consultation avait été remboursée au médecin-traitant de mon épouse. Depuis, elle semble avoir changé d’avis.

    b-      Vous noterez que concernant la consultation du 15/10/2012 pour laquelle j’avais rencontré le même problème, la CPAM me confirme avoir directement remboursé le médecin-traitant alors que mon épouse avait réglé les 23 euros. Elle affirme que c’est le professionnel de santé qui s’est trompé et qu’il m’appartient de me rapprocher de lui, chose que j’ai faite il y a déjà plus de deux mois et qui s’est soldée par un remboursement de 46 euros de ce dernier car après vérification, il s’agit bien des 2 consultations qu’il avait perçu indûment (28/08/12 et 15/10/2012).

    c-      Vous noterez également la confirmation de ce que j’avançais quand j’écrivais que les participations forfaitaires et les franchises pouvaient être retenues bien des années plus tard et que de ce fait, elles devenaient totalement incontrôlables et invérifiables.

    d-      Enfin, veuillez noter que toutes les opérations en tiers-payant ne figurent nulle part ni sur les relevés mensuels du site Améli.fr, ni sur aucun envoi papier.

    Quelles étaient mes craintes et pourquoi sont-elles confirmées par ce courrier-réponse ?

    a)      Que constatons-nous à partir de ces erreurs ? Vous allez voir votre médecin-traitant ou bien n’importe quel autre médecin et vous réglez la consultation. Ce médecin vous demande la Carte Vitale mais dans le même temps, il fait une erreur de saisie en cochant ou pas une case sur son écran et le tour est joué. C’est lui qui encaisse le remboursement de la CPAM malgré votre paiement, malgré votre Carte Vitale, malgré un système automatisé de liaisons informatiques, malgré d’innombrables hommes et femmes qui travaillent derrière des ordinateurs, malgré que l’on vous prélève des cotisations Urssaf maladie, malgré un système que l’on nous a décrit comme étant la panacée. Personne ne s’aperçoit de rien sauf vous, mais sous la condition expresse que vous preniez soin de contrôler vos frais de santé. Malheureusement peu de personnes le font alors ne soyez pas étonné après ça si votre médecin a un train de vie bien supérieur au vôtre. J’ai oui dire que certains médecins et infirmiers profiteraient de cette faille pour s’arrondir les fins de mois. Veuillez noter que je mets cette dernière phrase au conditionnel car je n’en ai aucune preuve formelle. Toutefois le médecin-traitant en question m’a confirmé que ces erreurs étaient relativement banales et que dans la mesure où les patients ne réclamaient pas, ces sommes tombaient naturellement dans leurs poches.

    b)      Vous avez parfaitement compris que les opérations qui consistent à prélever des participations forfaitaires et des franchises étaient absolument invérifiables. A partir de là, on peut imaginer, au regard des constats précédents et notamment de la mise en cause de la fiabilité des systèmes informatiques, qu’il y ait également des abus de toutes sortes à ce niveau-là.  

    c)      Enfin, vous noterez et moi je le fais avec angoisse, que toutes les opérations en tiers-payant ne figurent nulle part et ne sont donc pas accessibles auprès de la CPAM pour les usagers que nous sommes. On est en droit de se poser la question : « Pourquoi ? » Je n’ai pas de réponse à cette question toutefois il faut là aussi être d’une grande vigilance car si « tiers-payant » signifie « ne pas faire l’avance des frais », il est important de savoir si votre mutuelle règle normalement l’autre partie au professionnel de santé. Enfin, toujours au regard du premier constat et du manque de fiabilité de l’informatique, on peut imaginer qu’allant voir un praticien acceptant le tiers-payant, ce dernier se trompe avec votre carte vitale et qu’au lieu de facturer une seule visite, il en facture deux, trois, voire plus et que « personne n’y voit que du feu », votre mutuelle réglant normalement sa partie. Vous devenez un malade qui « ruine » la Sécu, coûte bien trop cher à votre Mutuelle, les trous de la Sécu se creusent, les mutuelles pleurent et de ce fait, on augmente vos cotisations de toutes parts, on réduit vos remboursements, j’en passe et des meilleures…..

    Certains trouveront sans doute que je suis un peu « parano » et que je vois le mal partout mais je me suis amusé à cumuler les erreurs que j’ai constaté dans mes frais de santé et dans ceux de ma mère depuis 2008, erreurs soit de la CPAM soit des mutuelles que j’ai réussi à me faire rembourser bien entendu et bien je suis arrivé à la somme très « affligeante » et « édifiante » de 1.441 euros en 4 ans. A ce tarif-là, je l’avoue, je veux bien continuer à être « parano »….d’autant que ça se soigne très bien et que c’est remboursé !

    Amusez-vous à faire le calcul à partir des 27 millions de ménages français et des 2,4 personnes qu’il y a par ménage et vous arrivez à la somme « consternante » de 23.344.200.000 euros soit 23 milliards d’euros d'erreurs.

    Divisons par 2 ou 3 cette somme car tout le monde ne va pas au toubib dans la même proportion que ma mère ou que mon ménage et le chiffre continue encore à faire tourner la tête.

    Qui a dit qu’il y avait un trou à la Sécu  ?


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  • Ce diaporama est agrémenté de 2 chansons interprétées par le chanteur et guitariste Gary Moore. Elles ont pour titre : "Parisienne Walkways " et "Still Got The Blues"
    LE-CHEMINS-DES-BACS
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    Toujours à la recherche de nouvelles randonnées, c’est par hasard que j’ai découvert sur Internet ce « Chemin des Bacs (1) » au départ de Tautavel. Je pourrais presque m’exclamer « J’ai réussi aux Bacs ! » tant c’est un peu au petit bonheur la chance, beaucoup par persévérance et surtout sans rien « pomper » que je suis parvenu à faire ce circuit dont je n’avais découvert que le nom et quelques photos sur Internet. En effet, en cette belle après-midi de mars où je suis parti à Tautavel avec l’idée d’accomplir cette balade, je n’en connaissais pas le tracé mais j’espérais trouver là-bas un panonceau de départ au centre du village voire un quelconque renseignement à la magnifique Mairie ou au non moins superbe Palais des Congrès. Non, je n’ai pas eu de chance, au Palais des Congrès, l’Office du Tourisme était encore fermé quand au secrétaire de Mairie, il m’envoya vers la présidente du club local de randonnées en me communiquant son adresse personnelle. Bien évidemment, je n’ai pas osé déranger cette dame me disant que si tous les randonneurs ou pèlerins de passage venaient l’importuner chez elle, elle revêtirait très rapidement un habit de concierge qu’elle ne souhaitait peut être pas endosser. C’est donc la « fleur au fusil » et mon GPS allumé avec la fonction « tracback (2) » activée que j’ai suivi une marque de peinture jaune que j’avais aperçu sur le parking où j’avais garé ma voiture, à proximité du Palais des Congrès. Ce trait de peinture jaune m’entraîna vers le gué enjambant le Verdouble et là, de l’autre côté de la rive, sans doute distrait par quelques jolis oiseaux que je m’évertuais à tenter de photographier convenablement, j’ai finalement perdu le balisage. Sans trop savoir pourquoi, j’entrepris de poursuivre un chemin qui filait au milieu de champs en jachère, traversait quelques vignes et finalement au bout de 20 minutes de cette errance, j’atterris sur une piste bitumée DFCI F100BIS. Quelques minutes plus tard, alors que j’avais décidé de poursuivre cette piste, j’aperçus à nouveau une marque de peinture jaune. Pour être honnête, j’ignorais si j’étais sur le tracé du « Chemin des Bacs » mais en tous cas, j’avais la certitude d’être sur un chemin de randonnée pédestre. Ces petits chemins que l’on appelle localement « P.R ». J’ai donc persévéré sur cette voie carrossable et si je savais où j’allais grâce à ma carte IGN, j’ignorais totalement ce que j’allais découvrir. En fait, je ne fus pas déçu loin s’en faut car sur ce chemin rectiligne qui m’entraîna vers les jolies gorges de Gouleyrous et vers la Caune de l’Arago, j’eus le bonheur de découvrir d’abord une petite citerne puis deux « casots » qu’un artiste peintre local du nom de Nergal avait pris soin d’embellir avec de belles fresques aux couleurs chatoyantes. En sus de ce côté ravissant, ces allégories colorées avaient été enrichies de citations d’écrivains célèbres que l’on prend plaisir à lire et qu’on essaie même de retenir par cœur tant elles sont pleines de justesse et de bon sens. Au moment d’arriver à un nouveau passage à gué, deux gros chiens à l’air féroce sortis d’un van se ruèrent sur moi me laissant pétrifié de peur. Alors que les deux molosses toutes canines dehors tournaient autour de moi en vociférant, je restais là, complètement tétanisé, mon bâton de marche dans une main et le GPS dans l’autre, ne sachant que faire. Tandis que j’avais le sentiment que cette scène se prolongeait dans le temps, un homme sortît à son tour du van en hurlant après ses chiens qui aussitôt s’arrêtèrent d’aboyer et retournèrent vers lui. Qu’en partie rassuré, je repris ma marche en avant, regardant néanmoins derrière moi, si les « bêtes » ne revenaient pas à la charge.   Finalement soulagé, c’est heureux d’être « entier » que j’ai pu enjamber le Verdouble où sur l’autre rive quelques panonceaux de randonnées me rassurèrent quand à l’itinéraire que j’avais emprunté jusqu’ici. En effet, parmi ces panonceaux au nombre de trois, il y en avait un qui très concrètement me confirmait que j’étais bien sur l’itinéraire du « Chemin des Bacs ». Seul petit souci, mais ce n’était pas vraiment un problème, j’étais entrain de l’effectuer dans le sens contraire de celui préconisé. Un deuxième panonceau indiquait une autre balade donc je l’avoue, je ne comprenais pas vraiment l’intitulé « Du moulin aux Gouleyrous – 6,3  km – 2h35 ». Seule, la mention complémentaire des découvertes qu’il y avait à faire « au village de Vingrau – 6,3 km » me laissait supposer que cette balade menait à ce village. Il y avait enfin un troisième panonceau plus explicite indiquant la « Caune de l’Arago – 1 km – 40 mn – déniv.160 m ». Depuis le gué, j’apercevais la grotte, tout en haut de la falaise, recouverte d’un auvent et ceinte de hautes clôtures grillagées. Je fis le choix de partir dans cette direction avant de me raviser et d’aller visiter l’agréable site de Gouleyrous avec son joli moulin (3) parfaitement restauré, son plan d’eau et le début de ses gorges aux hautes falaises verticales très prisées des grimpeurs si j’en crois certaines pancartes. Ce n’est qu’une fois cette visite réalisée que je repris le sentier de la Caune de l’Arago où de nouvelles surprises jalonnaient l’itinéraire : sentier botanique, bel orri, vues superbes sur la vallée et ses versants et enfin la grotte elle-même, bien entendu fermée au public en cette saison (4). On y monte donc essentiellement pour contempler les  merveilleux panoramas mais tout en les observant, on peut aussi penser que l’on est assis sur un berceau sinon de l’humanité tout du moins de nos plus lointains ancêtres. On peut se prendre à rêver un instant d’être « l’Homme de Tautavel » et imaginer aussi que cette magnifique vallée a été fréquentée par d’incroyables animaux tels que des bisons, des bœufs musqués, des rennes, des ours bruns, des loups ou bien encore des rhinocéros,des panthères et des lions. Ça fait du bien de rêver un peu mais après il faut redescendre, à la fois sur Terre mais ici surtout vers Gouleyrous en effectuant un boucle qui se termine derrière le bâtiment de la station de pompage. Là, je suis reparti vers le gué et le panonceau du « Chemin des Bacs » sachant désormais qu’il me suffisait de suivre les marques de peinture jaunes pour parvenir à mes fins. Le balisage m'emmena de l’autre côté de la D.9 en direction des « serrats » calcaires au pied desquels une longue et belle pinède a pris possession des lieux. A travers le vignoble souvent cerné de murets en pierres sèches mais aussi de quelques déprises agricoles, j’ai finalement atteint cette pinède surprenant au passage deux jolis écureuils roux s’amusant sans doute au jeu de l’Amour. Après un bon dénivelé, environ 150 mètres selon moi, j’ai atteint une piste forestière laissant entrevoir d’autres visions de la Vallée du Verdouble. Des visions bien différentes d’autant que le ciel était devenu très laiteux sur l’autre versant et du côté de Tautavel que j’avais du mal à distinguer. La piste alternant très souvent l’asphalte et la terre, quitta les bois et redescendit vers les vignes et les vergers. Ici, or mis quelques « casots » et quelques cabanons planqués dans des bosquets, les découvertes sont moins nombreuses et comme l’itinéraire est très « roulant », on arrive très vite à la Ribe del Bac en surplomb de Tautavel. Cette Ribe del Bac (ou Rive de l’Ubac) qui a sans doute donné son nom à cette bien jolie balade. Le village est déjà là avec de nombreux restaurants et pas mal de choses à visiter dans ce secteur sud-est de la cité : caves particulières et coopérative vinicole, musée de la préhistoire et écomusée de l’abeille et du miel, théâtre de verdure, château ruiné, randonnée vers la Tour del Far, etc… En arrivant sur la place de la République, j’aperçus sur la façade du Crédit Agricole d’autres panneaux de randonnées. J’ai donc traversé le boulevard et là, ô surprise, il y avait notre balade d’aujourd’hui ! Le départ que j’avais cherché était là : « Chemin des Bacs – 8,5 km – 3 h – Déniv.150 m ». Je pris conscience que j’avais réussi à faire ce circuit avec persévérance, en suivant un balisage incertain, mais sans itinéraire cartographié, sans GPS et également un peu par chance il faut bien l’avouer. J’avais réussi aux Bacs mais chez moi c’est une habitude, j’adore les coins bien ombragés….pour roupiller un peu après une bonne rando ! Enfin pour tout vous dire, il semble que cette randonnée soit présente sur un guide qui s’intitule « Rando-découvertes - Pays cathare, citadelles et paysages sauvages », guide que l’on peut se procurer sur le site de la Communauté des communes de la Contrée de Durban-Corbières. Enfin, pour ceux qui comme moi ne disposent pas de ce guide, sachez que le parcours est visible sur la carte IGN du site Géoportail et ça, malheureusement, je ne le savais pas au moment de démarrer cette randonnée. Carte IGN 2448 OT Thuir – Ille-sur-Têt Top 25.

    (1) En catalan un « bac » est l’équivalent de l’ubac en français, c'est-à-dire le versant d’une montagne la plus exposée à l’ombre. (2) La fonction « tracback » d’un GPS permet d’enregistrer un tracé au fur et à mesure que l’on marche. (3) Le moulin de Gouleyrous est un ancien moulin à eau sur le Verdouble. Il est désormais utilisé par les scientifiques du CERPT (Centre Européen de Recherches Préhistoriques de Tautavel ) qui en ont fait un lieu d’intendance pour leurs fouilles. (4) La Caune de l’Arago se visite à des dates précises parfois même gratuitement. Vous trouverez les prochaines dates sur le site de la commune de Tautavel en cliquant ici.

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  • Ce diaporama est agrémenté de plusieurs musiques de films extraites d'une compilation YouTube intitulée "Best Epic Soundtracks From Movies". Elles ont pour titres : "Ballerina" de Klaus Badelt, "Into the Woods : Promenons-nous dans les bois" de Stephen Sondheim , "The Boss Baby" de Steve Mazzaro et Hans Zimmer et "Macbeth" de Jed Kursel
    LE-TOUR-DES-CABANES
    TOURCABANESIGN
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    Il y a un peu plus d’un an de cela, j’avais fait dans ce blog, la description d’une balade au départ de Salses-le-Château qui s’intitulait « le Cami dels Orris ». Lors de la rédaction de cet article, j’avais un peu ronchonné me plaignant de ne pas avoir rencontré sur cet itinéraire, sauf à sortir longuement des sentiers, de vrais orris, ces anciennes cabanes pastorales construites en pierres sèches par encorbellements. Et bien, j’avais tort de me plaindre car si j’en crois la description faite dans l’Encyclopédie libre Wikipédia, initialement l’ « orri » pyrénéen n’était pas une construction mais le lieu même où s’effectuait le pâturage. Il semble que peu à peu, on donna le nom d’orris à cette cabane que les bergers catalans ont très longtemps appelée « barraca ». Cette dernière servait d’habitation aux gardiens des troupeaux alors que les « cortals » hébergeaient les animaux. A vrai dire selon les régions, cette cabane de pierres sèches prit des noms bien différents et d’ailleurs, leurs formes et leurs destinations ne l’étaient pas moins. Quand à la technique mise en œuvre pour les édifier, elle fut sensiblement la même un peu partout. Ainsi, en Occitanie, le terme de « capitelle » s’étendit dans tout le Midi bien au-delà de la région nîmoise où l’appellation avait vu le jour. Si le sujet vous intéresse, il y a sur Internet de nombreux sites qui lui sont consacrés. Parmi eux, je vous conseille d’aller sur l’Encyclopédie Wikipédia où une longue et superbe étude est dédiée à la « cabane en pierre sèche » et pour les «  Cabanes en pierres sèches des Pyrénées-Orientales » en particulier, je vous renvoie vers l’excellent site de l’historien Jean Tosti ou bien à celui de Prats-de-Sournia où l’on évoque les cabanes de la balade décrite ici.  Les trois articles fourmillent d’explications et sont truffés de nombreux liens vers d’autres sites également très intéressants. Quand vous aurez lu ces trois articles et quelques liens, vous en saurez bien plus que n’importe qui sur le sujet.  Bien que je ne sois pas certain que les Salséens aient créer le « Cami dels Orris » pour partir balader au sein d’anciennes estives, voilà je rectifie le tir et fais un petit « mea culpa » concernant cette balade. Aujourd’hui, dans cette randonnée au départ de Prats-de-Sournia,vous l’avez bien compris, il va être encore question de pastoralisme mais cette fois-ci, il n’y aura aucune ambiguïté et aucune raison de râler : la randonnée s’appelle le « Tour des cabanes », on y rencontre de nombreuses cabanes en pierres sèches et les concepteurs de ce circuit ont même fait l’effort de défricher la forêt pour faire sortir de l’ombre certaines « barracas » qui étaient enfouies depuis des lustres sous la végétation. C’est dire si ici le titre de cette randonnée est amplement justifié. Sur certains sites, vous trouverez cette même balade sous le nom de « Sentier panoramique des Cabanes » tout un programme, ou bien encore sous la dénomination de « Sentier des grandes cabanes des Fenouillèdes ». A Prats-de-Sournia, le démarrage s’effectue Rue de Corbières où plusieurs panneaux de randonnées sont placardés, là contre le mur, au début de la ruelle qui monte en direction de la vieille tour-clocher. En réalité, une ancienne tour à signaux ou tour-farahon qui veille sur le village depuis le XIeme siècle et à laquelle on a adjoint une horloge beaucoup plus tard. Bien évidemment, un panonceau indique très clairement notre petite balade « 2h30 – 7,5 kms- Tour des Cabanes ». Un peu plus haut, on emprunte, le Rue de la Chapelle qui s’élève au dessus d’un grand lavoir puis, en prêtant attention au balisage jaune, on poursuit la route bitumée qui sort du village. Selon les informations que j’ai pu recueillir, on serait sur le raccordement d’une ancienne voie romaine et médiévale, un axe très important qui reliait Limoux à Prades est que les anciens avaient appelé « Lo Camin dè Caudiès ». Les premiers panoramas apparaissent sur la droite de l’itinéraire. Des prés verdoyants descendent en pente douce en direction de la départementale D.7 que l’on voit un peu plus bas. Juste en dessous la D.7, entouré de champs et de bois, un petit lac bleu se révèle. Au loin, les Corbières barrent l’horizon. Sur notre gauche, alertées par le bruit de nos pas, quelques brebis font les curieuses derrière une clôture. Accompagnées de leurs agnelets, elles bêlent, faisant un raffut de tous les diables. Elles pensent sans doute que nous sommes les geôliers qui vont les délivrer de leur prison grillagée, leur permettant ainsi d’aller gambader dans les prés et les forêts toutes proches. Bien que les marques de peinture jaune disparaissent un instant, on poursuit l’asphalte sans s’occuper d’autres chemins incertains. Enfermé dans un petit enclos et tout seul dans son pré exigu, un pauvre veau joue les Edmond Dantès et comme s’il avait honte de sa méprisable condition, il baisse la tête quand on s’approche de lui. Ici, on prend conscience que le pastoralisme n’est pas un vain mot, d’ailleurs, ne sommes-nous pas sur l’ancien chemin de transhumance qu’ici en Fenouillèdes, l’on appelait « tira » ou « carrerasse ». Même si ce pastoralisme s’appelle désormais élevage et est cerné de barrières, j’ose espérer que cette absence de liberté des ovins et bovins n’est due qu’à la froideur de la saison. C’est l’hiver, mais un hiver un peu fou, car après les neiges des derniers jours, aujourd’hui il fait très doux et Prats-de-Sournia s’enfuit derrière nous sous un ciel bleu immaculé. Peu de temps après, la route s’enfonce dans la forêt et le premier « orri » apparaît sur la gauche. A un passage canadien, la voie carrossable goudronnée laisse la place à une piste forestière DFCI. Enfoncée dans un tertre, une nouvel orri apparaît. A droite de la piste, on longe une source captée protégée par un grillage.  Plus haut, pendant un court instant, les arbres disparaissent et les vues s’entrouvrent sur une superbe Canigou enneigé et sur la lisière de la forêt communale du Vivier. On atteint le col de Guza où quelques ruines plus imposantes laissent supposer d’une ancienne activité rurale plus intense. La piste s’élève encore et si les bois sont encore bien présents sur son flanc droit, de vastes panoramas se dévoilent sur ses autres côtés. Les bergeries en ruines aux toits effondrés et les cabanes se succèdent. Juste devant nous, le Canigou plus merveilleux que jamais se dresse à l’horizon. Plus l’on avance sur cette piste désormais bien enneigée aux endroits ombragés, plus les vues grandioses s’entrouvrent sur le Bas-Fenouillèdes et bien plus loin encore sur le Roussillon. Ici, on comprend mieux pourquoi, on considère très souvent Prats-de-Sournia comme étant le seul véritable « Balcon des Fenouillèdes ». De plus, ce lieu-dit où nous nous trouvons s’appelle « Los Agradanos » que l’on traduira tout simplement en  « lieu agréable », « agrada » signifiant « agréable » et « anos », lieu.  L’église de Prats vient de sonner les douze coups de midi et comme, nous avons démarré très tard cette balade, l’heure du déjeuner est déjà arrivée. Etant persuadé que nous ne trouverons sans doute pas plus bel endroit pour pique-niquer, on arrête là notre flânerie. Tout au loin, à l’horizon, la mer scintille tout comme les neiges du Canigou que nous apercevons juste à notre droite. A gauche et droit devant, les paysages ne sont qu’une succession anarchique de collines et de vallons. Dans cet incroyable dédale, on y reconnaît néanmoins quelques élévations notoires de notre département comme Força Réal, le Roc Redoun, la Tour del Far, Quéribus ou bien encore le Pic de Vergès, pour ne citer que les plus reconnaissables. Le pique-nique terminé, nous reprenons la piste mais pas pour très longtemps car un panonceau  avec la mention « 4,5 kms - Tour des Cabanes » se présente indiquant d’emprunter à droite un petit sentier qui se faufile entre une haie de hauts buis. La sente s’élève et parvient finalement à une drôle de cabane avec deux entrées l’une à côté de l’autre, un peu comme si le bâtisseur avait voulu faire de cet orri, un appartement T2 façon pierres sèches. Si la première pièce est plutôt réduite et était sans doute destinée à l’usage personnel du berger et à quelques très jeunes agneaux que l’on séparait du troupeau par précaution, la seconde est très longue et spacieuse et devait certainement accueillir le cheptel. Ici, on y a « pelé » les ovins jusque dans les années 60 et quand on sait que cette cabane et le pâquis qui l’entoure ont pour nom « Pellado », on n’a pas de mal à imaginer pourquoi. Si depuis le palier de cet orri, les panoramas sont superbes mais quasiment similaires à ceux décrits ci-dessus on notera tout de même un aperçu des toits rouges et de la tour-clocher de Prats. Est-ce voulu et y avait-il un système de communication entre les orris et le village, je ne saurais vous le dire ? Après cette belle découverte, la pente s’accentue en direction des bois de la Pinouse. On atteint très rapidement un vaste plateau où les grands buis disparaissent et laissent la place à une végétation plus basse faite de genévriers, de genêts à balais et de cistes à feuilles de laurier. Quelques pins à crochets disséminés révèlent la proximité de la forêt. Les indications quant à notre balade se font plus présentes. La couche de neige, elle aussi, se fait plus tangible et surtout plus épaisse et en prêtant attention, on y découvre dans la poudreuse inviolée de nombreuses empreintes d’animaux. L’itinéraire file vers une clôture que l’on longe vers la droite pour atteindre le croisement de plusieurs pistes et chemins. Au loin, droit devant, le Bugarach a le « Pech »   neigeux et en le voyant ainsi, je me dis que nous, nous avons la chance d’avoir encore la « pêche ». Nous sommes début mars 2013, le 21 décembre 2012 est déjà bien loin derrière nous et aucune fin du monde n’est arrivée. A moins, que comme certains le supposent, nous soyons passés dans un autre monde sans nous en rendre compte, rien n’a vraiment changé depuis fin 2012. Pourtant, ici, à 916 mètres d’altitude, point culminant de notre balade, c’est effectivement un autre monde, un monde de silence et de bien-être, un monde de quiétude dont l’épaisseur de neige et sa pureté ne font que renforcer le sentiment. Ici à la croisée de chemins de nouvelles pancartes se présentent : « Tour des Cabanes – 3,3 kms » et à « 10 mn – Arbre remarquable – Le Vivier ». Concernant cet arbre, il s’agit du fameux hêtre à la circonférence et à la hauteur impressionnante que l’on appelle le « Fajas d’en Baillette » et que j’ai déjà eu l’occasion de vous présenter dans mon blog lors d’une jolie randonnée intitulée « le Circuit de Sournia des Terres Noires ». Aujourd’hui, la neige aidant, nous en faisant l’impasse et poursuivons notre « Tour des Cabanes » qui part à l’opposé sur un large chemin dont la ligne de mire n’est ni plus ni moins que sa majesté le Canigou. Un souverain très argenté qui va peu à peu sinon s’éclipser des regards tout du moins s’estomper au profit d’une longue ligne de crêtes et de hauts sommets également enneigés qui en est la continuité : ce sont les Pyrénées. Le chemin finit par atteindre le tracé du GR.36 et du GRP Tour des Fenouillèdes balisé en jaune et rouge où on retrouve très vite le bitume. Un tracé que je connais par cœur et pour lequel, j’ai encore de nombreux et excellents souvenirs très vivaces pour l’avoir accompli avec mon fils en septembre 2011. Si depuis notre T2 en pierres sèches, les cabanes avaient disparu, ici sur cet itinéraire tout en descente, il en surgit de nouvelles ainsi que de gros amoncellements de pierres qui laissent imaginer des travaux de défrichages et d’épierrements titanesques dont seuls nos ancêtres avaient la secrète énergie. D’ailleurs, il suffit d’observer les bas-côtés de la route pour constater qu’ici les arbres ont quasiment disparu laissant la place à de petits prés ou à des champs plus vastes que quelques haies salutaires pour la faune viennent entrecouper. Ne cherchons pas plus loin, la dénomination du village. Sournia n’est pas très loin et ses prés ou « prats » ont été très justement baptisés même si deux villages distincts ont finalement vu le jour. Ici, l’élevage est bien présent comme le prouve ce joli troupeau de gasconnes que nous apercevons près du Serrat de la Carrette et à l’approche du petit dôme d’« Al Carmeill ». Bien que le sommet de cette petite éminence ne soit pas sur l’itinéraire du retour, je vous conseille ce petit détour. D’abord, parce qu’il ne faut que quelques minutes pour atteindre « Al Carmeill », qui selon la toponymie signifierait « petit rocher », « car » signifiant « rocher » et le diminutif « eill », petit, puis parce qu’il y a une table d’orientation ludique et très originale et enfin parce que depuis son pinacle, on embrasse de biens jolis paysages à 360°. Moi, j’ai pris plaisir à revoir une « bonne » portion du tracé du Tour des Fenouillèdes que nous avions, mon fils et moi, démarré de Trilla, via Eus, Sournia, Caudiès et Saint-Paul. J’y ai également aperçu quelques objectifs de balades comme Campoussy, Séquières et quelques autres encore. Enfin, il y a l’oratoire avec sa croix de mission dont l’histoire raconte qu’une première croix de bois aurait été érigée en 1638 pour que s’arrêtent les mauvais sorts qui s’abattaient sans cesse sur le village. L’oratoire maçonné actuel, lui, est beaucoup plus récent et daterait du début du XXeme siècle. Depuis, l’édifice, on y voit Prats sous un angle aérien très ravissant. Le village n’est d’ailleurs plus très loin et par la route qui file en balcon de la dépression de Fount Barbix, il ne faut que quelques minutes pour l’atteindre. A l’entrée, vous noterez une petite chapelle au lieu-dit du Pré des Supplices. On ne terminera pas cette balade sans une courte visite de Prats-de-Sournia avec ses agréables ruelles dallées, sa placette centrale dite Place de la Fraternité décorée d’une magnifique fresque, ses jolies façades ornées et fleuries, sa tour-farahon et sa belle église dédiée à Saint Félix dont le superbe mur clocher mérite à lui seul le détour. A propos de cette église, je vous conseille le site de Jean Tosti consacré à l’histoire de Prats-de-Sournia ou bien celui des Fenouillèdes. Concernant les cabanes, vous aurez sans doute noter que toutes celles rencontrées avaient leurs entrées à l’opposé du cers, ce vent violent, sec et froid soufflant comme notre tramontane du nord-ouest de l’Aude. Enfin, pour prendre conscience de l’importance qu’avaient ces « cabanes » au temps jadis, je vous rappelle que non loin de là et tout près du village de Fosse, il y a un hameau dit des « Cabanes ». Bien que donné pour 7,5 kilomètres, j’ai personnellement enregistré dans mon GPS un distance d’environ 8,8 kilomètres pour le circuit effectué et tel que présenté ici. Cette distance inclus le petit aller-retour à Al Carmeill, une courte visite du village et deux ou trois escapades rapides de l’itinéraire principal. Le dénivelé est plutôt modeste et en tous cas inférieur à 300 mètres, le départ se situant à 634 mètres d’altitude devant la cave coopérative où on a laissé notre voiture et le point culminant à 916 mètres à la croisée du chemin menant à l’Arbre remarquable. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.

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    Ce diaporama est agrémenté de 4 sublimes morceaux de boogie-woogie, dont le célèbre "Boogie-Woogie Queen", interprétés ici par les pianistes Ladyva et Brendan Kavanagh plus connu sous le nom de Dr.K. 

    LES-TOURS-DE-CABRENS

    TOURSCABRENSIGN
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    Les Tours de Cabrens font partie des randonnées incontournables de notre beau département. Toutefois, si on s’amuse à comparer celles-ci à certaines ascensions de nos hauts sommets des Pyrénées-Orientales, une randonnée aux Tours de Cabrens reste somme toute très confidentielle. Par exemple, je me suis amusé à taper sur Google les mots Canigou, Carlit, Costabonne et Cabrens précédés du mot « randonnée » et voilà les résultats qui donnent tout de même une idée de l’attrait que présente le lieu en question : Canigou 107.000 résultats, Carlit 31.600, Costabonne 2.740 et Cabrens 1.230.  Bon, j’avoue qu’il ne faut pas trop prendre à la lettre ces statistiques car si vous tapez dans Google le mot « randonnée » suivi des mots « Pic de Garces » qui est, comme chacun sait, un ridicule sommet à 675 mètres d’altitude au dessus de Céret, vous obtenez le résultat très étonnant de plus de 8 millions de résultats. Alors soit il y a un problème dans Google car je doute que les sentiers du Pic de Garces soient 80 fois plus empruntés que ceux du Canigou soit toutes les garces du monde aiment la randonnée pédestre ! Un peu d’humour ne peut pas faire de mal alors je tiens à préciser que je plaisante bien sûr car sinon plus aucune randonneuse ne viendra visiter mon blog. Bon, vous l’avez compris, cet article est consacré à une randonnée aux Tours de Cabrens qu’une fois encore j’ai effectué en solitaire et au cours de laquelle, je n’y ai rencontré âme qui vive. Parfois, c’est bien ainsi car la fois précédente lors de mon Tour du Vallespir de 2009, j’avais rencontré à Cabrens quelques randonneurs très désagréables, bruyants et sans aucun savoir-vivre. Non, cette fois-ci tout c’est bien passé et je suis parti bien tranquillement du village de Lamanère, lui aussi complètement désert. J’ai emprunté la « Carrer de Dalt » où un panonceau indique dès le départ les « Torres de Cabrenç » puis un peu plus haut, c’est le « Cami de la Font de Dalt » dont la ruelle pentue et cimentée s’élève entre les vieilles maisons en pierres. Les premières vues sur le village apparaissent. Encore plus haut, on finit par sortir du village avec des fenêtres qui s’entrouvrent entre les arbres, en bas vers le vallon du ruisseau du Saladou et en haut vers le long massif de la Baga de Bordellat. Ce massif, je le regarde d’un œil amusé me souvenant d’une mésaventure que Dany et moi avions vécu, il y a de nombreuses années de cela, lors d’une autre randonnée pédestre. Je ne peux m’empêcher de vous la raconter : « C’était presque au début où nous pratiquions la randonnée pédestre et en tous cas, la toute première fois que nous partions marcher deux jours. Notre choix s’était porté sur les crêtes de la Bagat de Bordellat que j’avais découvert dans le célèbre « 100 randos dans les P.O » de Georges Véron. Nous étions partis avec tente et bardas. Le soir au moment de s’installer dans un pré, voilà que Dany s’aperçoit qu’elle a perdu son duvet qui était censé être accroché à son sac à dos. Avant que je n’aie le temps de la retenir, la voilà qui part en courant et qui dévale la pente. Je sors mes jumelles mais elle est partie à une telle vitesse que quand je finis par l’apercevoir, elle n’est déjà qu’un tout petit point à l’horizon. Au bout d’une heure, je ne la vois toujours pas revenir et je commence sérieusement à m’inquiéter car le soir tombe. Je pars à sa rencontre et enfin, je la vois revenir vers moi mais bredouille. Entre-temps et heureusement j’ai dressé la tente et nous avons juste le temps de souper avant que la nuit fonde sur nous. Les insectes eux n’ont pas attendu et ils ont déjà fondu sur nos épidermes !  Dans notre tunnel de toile, nous partageons le seul sac de couchage qu’il nous reste en le transformant en une couverture peu pratique et comme la nuit va s’avérer très fraîche, nous revêtons en supplément de notre accoutrement du parfait randonneur tout ce nous avons de chaud et notamment un gros pull en laine que nous avions emmener en prévision.  La nuit s’avérera d’autant plus fraîche qu’ayant voulu transformer mon « Camelback » en oreiller, celui-ci se videra presque entièrement de son contenu et nous passerons l’essentiel de notre nuitée à baigner dans l’eau que nos pulls en laine ont copieusement pompée. Le lendemain, bien évidemment nous manquerons d’eau et en plus, nous marcherons une heure trente avant de retrouver le « fameux » sac de couchage. Une heure trente aller et une heure trente retour soit trois heures de plus que prévu à notre déjà très longue balade. Autant vous dire que pour une première expérience, celle-ci est restée très longtemps gravée dans nos têtes et de ce fait, la Bagat de Bordellat que j’aperçois aujourd’hui aussi ! ». Voilà pour l’anecdote. Le petit sentier balisé en jaune et rouge (GRP) atteint très vite une première piste. Quelques cairns précisent la direction à suivre. Pour deux raisons, il faut prêter attention aux cairns et au balisage et éviter de les perdre. Primo, parce qu’ils ne sont pas spécialement présents partout et suffisamment réguliers pour être évidents à suivre et secundo, il ne faut plus se fier aux itinéraires figurant sur les cartes IGN dont la plupart sont trop anciennes. Certains sentiers sont devenus obsolètes et c’est ainsi qu’il ne faut plus poursuivre cette première piste mais grimper presque immédiatement en face au sein du bois pour en atteindre une deuxième où un gros cairn a été élevé pour les promeneurs arrivant en sens inverse. Là, par contre, il faut poursuivre cette deuxième piste vers la droite même si le balisage est peu évident voire absent jusqu’à rencontrer une vieille pancarte jaune attachée à un poteau avec un bout de ficelle, pancarte sur laquelle on lit difficilement « les Torres de Cabrenç ». On quitte la piste pour s’élever dans une belle forêt de feuillus. Entre temps et depuis la piste, on aura amplement aperçu les « fameuses » Tours de Cabrens et on aura eu largement le temps d’apprécier les difficultés qui nous attendent. Au sein du bois, on continue de grimper sur le sentier le plus évident où d’autres pancartes diverses et variées vont se présenter rassurant le randonneur quand à la pertinence de l’itinéraire. La plupart de ces panonceaux indiquent « les Estanouses » ou, « les Tours » voire parfois les deux sur le même panneau. On finit par sortir du bois et apercevoir sur la droite, un superbe mas entouré d’un merveilleux domaine où gambadent un joli cheval blanc et un « Shetland », poney brun avec une belle crinière blanche. Ce sont les Estanouses, chères à mes amis Diane et Jean. On atteint une nouvelle piste qui débouche non loin de l’entrée du domaine où anciennement passait le GRP Tour du Vallespir. Afin de rencontrer mes amis et en souvenir de mon Tour du Vallespir de 2009, je me dirige vers le mas et ce portail que j’adore avec ses nombreuses statuettes de jolis chérubins puis désormais ce magnifique aurochs en résine plus vrai que nature qui semble surveillé l’entrée du domaine. Malheureusement mes amis sont absents et je poursuis la piste qui s’élève au dessus de la propriété. Au loin, la crête frontière avec l’Espagne étire son échine amplement bosselée et boisée. Le large chemin longe désormais une belle sapinière. Au dessus, deux des tours de Cabrens défient les randonneurs. Plus on monte et plus la pente s’accentue. Le chemin finit par s’engouffrer dans des sous-bois toujours plus denses et donc toujours plus obscurs. Quand la lumière réapparaît, on atteint une autre piste et le col Balladou où l’on peut enfin reprendre son souffle. Pourtant les montées ne sont pas terminées et la dernière va nous entraîner vers la crête de Cabrens, point culminant de cette belle balade où se trouve les Tours. En réalité, cette longue arête rocheuse s’appelle la crête de Serralongue comme le nom du village qui se trouve en contrebas vers le nord. Ecrit ainsi, il s’agit là d’une étymologie pléonastique puisque le mot « Serra » signifie déjà « crête ». Montant vers cette crête, il y a bien un sentier, espèce de raccourci qui rejoint la première tour mais je l’avoue, bien que plus longue, j’ai toujours préféré emprunter la piste bien plus praticable. Le plus souvent, sans doute par paresse car le raccourci est plus pentu mais également parce qu’en 2009, mon sac à dos pesait pas moins de 18 kilos. Même si aujourd’hui mon sac est plus léger, cette fois encore je reprends la piste. Devant moi, la première tour apparaît parfois au bout de la piste puis elle se volatilise au fil des virages. Derrière moi, le massif du Canigou déploie ses merveilleux sommets enneigés puis sur la gauche et dans la continuité, ce sont les longilignes Esquerdes de Rotja jusqu’à la pyramide blanche du Costabonne qui forment l’horizon. Vingt minutes plus tard, j’arrive au pied de la première tour. Il faut dire que j’ai lambiné comme jamais tentant très fréquemment mais le plus souvent en vain de photographier les innombrables passereaux qui volètent en tous sens : mésanges, fauvettes, roitelets, pouillots, bouvreuils et je pourrais ainsi en citer bien d’autres. Tous ces oiseaux ne tiennent pas en place et j’ai un mal fou à agrandir ma collection ornithologique photographique. Avec la première tour arrive l’heure du pique-nique mais avant de déjeuner, je préfère aller voir cet étonnant visage sculpté dans la falaise. J’ai beau l’avoir déjà vu et photographié « x » fois, je reste toujours subjugué par ce profil parfait que Dame Nature a su créer. Après cet émerveillement sans cesse renouvelé, je pars enfin déjeuner au pied de la deuxième tour. Adossé contre la muraille, je ne me lasse pas de scruter et de photographier tous ces merveilleux panoramas qui défilent devant moi. Il y a aussi quelques minuscules lieux que j’aperçois tels de petits îlots perdus dans un océan de forêts, d’herbages et de montagnes. Je constate que depuis mon Tour pédestre du Vallespir et si j’ajoute quelques balades isolées, je connais la plupart de ces endroits et de ces panoramas. Décrire la beauté de ces paysages est bien trop complexe et en élaborer une liste bien trop fastidieux alors je vous laisserais le soin de regarder les photos de mon diaporama où vous pourrez peut être reconnaître quelques objectifs de balades déjà décrites dans ce blog. Après le déjeuner, il ne me reste plus qu’à découvrir le troisième tour qui est en réalité un ancien château dont il ne reste que des fortifications et quelques murs ruinés. Je ne vais pas ici vous raconter l’histoire de ce château et des deux autres tours et cela d’autant qu’à proximité de la Tour Nord, la première rencontrée, des textes très bien rédigés résument parfaitement, plans à l’appui, en français et en catalan, la longue et très intéressante histoire de Serra Longua et de Cabrens. A proximité du château, une jolie table d’orientation avec une magnifique rose des vents donne aux visiteurs les principaux noms de lieux alentours que l’on peut observer depuis ce point culminant. Après cette dernière découverte, il est temps de retourner à Lamanère. Deux options restent possibles. La plus simple est de rebrousser chemin et de refaire le parcours en sens inverse et la plus compliqué est de redescendre la face sud de l’arête par un étroit sentier qui démarre au pied des fortifications et de l’entrée sud du château. Désormais, le GRP Tour du Vallespir passe ici et même si l’itinéraire reste plus difficile, comme en 2009, c’est de nouveau l’option que je vais choisir pour rejoindre le Pla de Castell. Le sentier descend assez abruptement dès le départ et il faut être très vigilant pour éviter une mauvaise chute, d’autant que les tapis de feuilles mortes peuvent s’avérer glissants et cacher parfois des cailloux plus traîtres encore. Deuxième conseil, ne pas perdre de vue le balisage jaune et rouge pas toujours évident à apercevoir et n’avancer que lorsque les prochains traits de peinture sont aperçus. En 2009, déjà handicapé par le poids de mon sac à dos, j’avais failli me perdre pour ne pas avoir respecté cette consigne presque essentielle quand on marche tout seul. C’’est un peu par hasard et beaucoup par chance que j’étais resté sur ce sentier que de temps à autre je quittais presque sans m’en rendre compte. Aujourd’hui l’expérience m’a servi et en plus je dispose d’un tracé enregistré dans mon GPS, chose que je n’avais pas en 2009 et pour cause, pensant pouvoir passer par l’ancien itinéraire des Estanouses. Malgré tout ça, je descends avec une grande prudence tout en essayant de ne rien louper des panoramas comme par exemple ces vues superbes sur le Mont Nègre et beaucoup plus loin sur la Serre de Montner, chevauchée il y a peu. Plus bas, le sentier devient relativement meilleur. Un panonceau confirme qu’on est bien sur le GRP Tour du Vallespir en direction de Coustouges et de Falgos. Immédiatement après, on atteint quelques ruines envahies par les lierres et une végétation foisonnante. Quelques minutes plus tard, la zone déboisée du Pla de Castell s’entrouvre. Dans la quiétude et dans la douceur de cette chaude journée d’hiver, j’y finis mon casse-croûte, allongé au soleil et sous un concert de chants d’oiseaux qu’une fois encore je m’évertue à photographier sans trop de succès. Puis, je repars en me fiant à une planche sur laquelle il est écrit «Lamanère » agrémentée d’un balisage jaune et d’un autre orange. Je vais suivre les marques jaunes sur cette large piste qui descend en pente douce sous l’ombre jumelée et bienfaisante de grands pins sylvestres et des crêtes de Cabrens. Peu après le premier virage, le balisage m’indique de quitter la piste pour un sentier encombré de branchages qui descend dans la forêt. Droit devant et de temps à autre, le superbe domaine des Estanouses apparaît à travers les arbres. Une autre piste se présente que j’emprunte vers la droite. Je ne vais plus la quitter car elle me ramène sans problème sur la piste prise à l’aller où je retrouve le gros cairn indiquant le petit sentier qui descend à Lamanère. La suite est un jeu d’enfants car il suffit de reprendre le parcours qui débouche à la Font de Dalt et de descendre la petite venelle cimentée qui file vers le centre du village. Dans cette descente, je rencontre un couple d’habitants occupés dans leur potager. On se met à bavarder et avec étonnement, je réalise que ce sont les seuls êtres humains rencontrés depuis que j’ai quitté mon domicile ce matin très tôt. Je vous l’ai dit, une randonnée aux Tours de Cabrens est plutôt confidentielle surtout à cette saison. A cette idée, certains pourraient angoissés mais pour moi c’est plutôt un bonheur d’avoir pu une fois encore m’évader dans cette nature dont je ne me lasse jamais. Cette boucle, telle que décrite ici, n’est pas spécialement longue, 12 a 13 kilomètres environ, toutefois depuis le départ de Lamanère (777 mètres) jusqu’à la dernière tour c'est-à-dire le château (1.336 m), la déclivité est quasi constante et plutôt sévère à l’approche des Tours. Avec ce dénivelé de 559 mètres et la descente scabreuse vers le Pla de Castell, les Tours de Cabrens restent une randonnée moyennement difficile où de bonnes chaussures de marche sont fortement recommandées. Carte IGN 2349 ET Massif du Canigou Top 25. 

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  • NINA-DE-LLUGOLS
    Nina et ses frères, le 17 août 2007 à Llugols.
    SANT-MARTI-DE-LA-ROCA-
    Photo de la Chapelle Sant-Marti de la Roca retenue en juillet 2012 par le magazine Bol d'Air pour  agrémenter  leur feuilleton de l'été "Les Mystères du Sud".
      CHEMIN-DE-FLASSA
    Photo de Jujols prise depuis le chemin de Flassa. Photo sélectionné par l'agence de communivation KFH pour enjoliver une plaquette d'information de la DREAL L.R concernant le déviation de la R.N.116 à hauteur de Joncet.
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    J’adore la photo que je pratique en amateur tout au long de l’année et surtout lors de mes randonnées pédestres.  Pourtant, voilà que par deux fois en quelques mois, deux de mes photos que j’avais mise sur Internet ont été appréciés et retenues par des professionnels de la communication. La première fois, c’était l’an dernier pour une photo de la chapelle Sant Marti de la Roca retenue par Bol d’Air, le magazine du samedi de l’Indépendant de Perpignan. Ma photo était venue agrémenter le feuilleton de l’été intitulé « les Mystères du Sud » dont l’acte 4  « Une héroïne de friction » était une nouvelle écrite par Philippe Georget. Puis le mois dernier, c’est l’agence de communication montpelliéraine KFH travaillant pour le compte de la DREAL Languedoc Roussillon qui souhaitait faire figurer une de mes photos pour enjoliver une plaquette destinée à la « fameuse » déviation de la RN.116 à hauteur du hameau de Joncet. Il s’agissait d’une photo prise depuis le chemin de Flassa sur laquelle on aperçoit le hameau de Jujols. Il semble que la future déviation passera non loin de là. Bien évidemment, c’est avec une certaine fierté que j’ai remis ces deux clichés aux intéressés.  Je précise tout de même que je les ai offertes car pour moi il était hors de question de faire une quelconque concurrence déloyale aux photographes professionnels. Mais aujourd’hui, ce n’est pas de ces deux photos dont je veux vous parler mais d’une troisième dont l’histoire très insolite et inattendue m’a littéralement rempli de bonheur en ce début du mois de mai. Cette photo, je ne peux pas l’appeler autrement que « Nina de Llugols » ou « la photo de bonheurs retrouvés ». Laissez-moi vous en raconter le récit mais auparavant, il me paraît important de planter quelques jalons. Depuis que la photo numérique existe, je prends grosso modo entre 150 et 300 clichés au cours d’une randonnée pédestre d’une journée. Tout dépend bien sûr de la longueur de la balade mais surtout des intérêts que je vais y trouver car comme vous avez pu peut être l’observer sur mes diaporamas tout ce qui touche à la nature ou au patrimoine m’intéresse : flore, faune, paysages, panoramas, lieux divers, découvertes, bizarreries, fantaisies, etc….Un seul élément manque souvent à cette boulimie de photos : les personnages. S’ils ne sont pas de ma famille ou de mes amis, ils sont la plupart du temps absents de mes livres d’images. Eh oui que voulez-vous savoir vivre et vie privée oblige, je ne me sens pas autorisé à prendre n’importe qui n’importe comment. Bien que le scoop photographique ne me laisse pas indifférent, je n’ai pas l’âme d’un paparazzi. D’ailleurs, je pense que dans certaines conditions bien spécifiques, la loi ne permet pas la publication d’images de personnes sans leur autorisation préalable. A cette modération que je considère normale, j’ai, je l’avoue, fait parfois quelques entorses. Je ne parle pas bien sûr des photos où un public peut être présent par hasard ou bien de celles que j’ai parfois prises avec une autorisation préalable ou bien encore de photos de groupes auxquels je participais. Non, je parle de vraies entorses que j’ai pu faire parce que « l’instant de la photo » me paraissait plus important que tout. Parmi les milliers de photos numériques qui emplissent le disque dur de mon ordinateur, des photos comme ça, je pense que je peux très facilement les compter sur les doigts d’une main voire au pire des deux. Parfois, il m’arrive de les retrouver au hasard du mur d’images qui défile sur l’écran de veille de mon ordinateur et c’est toujours un immense bonheur de les revoir. Oui, c’est bien ça, c’est une grande joie car ces photos ont toutes leur propre histoire, leur raison d’être, leur « moment de vérité », leur « instant présent ». Parmi ces photos, il y a, vous l’avez compris, celle de « Nina de Llugols » dont voici ci-après l’étonnante histoire :

    A l’été 2007, je décide d’accomplir le Tour pédestre du Coronat en 6 jours et en solitaire. Dany souffre de sa polyarthrite et je suis dans un certain état d'esprit car la veille de mon départ, j'ai marié ma fille. C'est la première fois que je pars si longtemps tout seul et d'avoir marié ma fille, c'est comme une grande page de ma vie qui s'est tournée. J'éprouve le besoin de m'oxygéner et de me retrouver seul. Comme chacun sait, le Coronat est un massif montagneux du Conflent dont la longue crête s’étire sur environ 17 kilomètres depuis la commune de Ria jusqu’au col du Portus. Vers le sud, le massif domine la vallée de la Têt jusqu’aux environs d’Olette et au nord, les vallées du Callau et de Nohèdes. A l’ouest, c’est le vallon d’Evol qui clôture la montagne. Son sommet, le Mont Coronat culmine à 2.172 mètres. Après avoir lu un topo-guide de la série « Détours Pyrénéens » intitulé « 5 Grandes Randonnées en Pyrénées-Orientales »,  plusieurs particularités m’incitent à faire ce voyage en priorité plutôt que les autres. Il y a tout d’abord le fait que ce massif s’inscrive au sein de trois réserves naturelles : celles de Jujols, de Nohèdes et de Conat. J'ai le sentiment que les découvertes vont être belles et nombreuses. Deuxième élément, les hautes falaises sont le repère d’une fleur endémique, rarissime et relictuelle, l’Alyssum Pyrenaicum que je ne rencontrerai jamais malgré l’ascension du mont Coronat en octobre de la même année. Des nombreuses merveilles que je découvrirais au fil de ce magnifique parcours et de cette fleur que l’on appelle plus communément l’Alysse ou Alysson des Pyrénées, le titre de mon récit viendra à moi presque comme une évidence : « Des merveilles au pays d’Alysse ». Le cinquième jour de ce beau périple, le 17 août exactement, je pars du Refuge de Callau et j’arrive au beau milieu de l’après-midi à Llugols où une chambre m’attend dans le gîte Naulin. Llugols n’est pas vraiment un village mais un embryon de hameau qui se reconstitua bien longtemps après que l’épidémie de peste du XIVeme siècle en eut chassé les derniers survivants. Après cette tragédie, les premiers nouveaux arrivants furent sans doute des bergers et des ermites qui trouvèrent ici ce qu’ils étaient venus chercher : la sérénité dans la solitude. Il y a juste quelques maisons et une piste terreuse qui arrive dont ne sait où. Juste à côté du hameau, une jolie petite chapelle dédiée à Saint Christophe. Autour de Llugols, quelques vestiges préhistoriques et d’autres chapelles oubliées des hommes et des dieux. Voilà le décor est planté. Et quel décor ? Juste en face de notre mythique Canigou !  A Llugols, c’est plus souvent le calme plat et il y a donc peu de chance qu’une surprise jaillisse. Et pourtant !

    Voilà ce que je dis de Llugols dans mon récit : « Ici, à Llugols je suis particulièrement sensible à cette quiétude que je vis dans l'instant. Ici tout paraît plus simple plus humble mais de cette humilité transparaît une grande sérénité. Ces grands espaces qui rayonnent dés que l'on sort du gîte, ces vergers qui descendent en pente douce, ces jardins potagers très ordonnés que les sangliers s'obstinent à défoncer, cette magnifique chapelle romane Saint-Christophe superbement restaurée, des chats trop heureux de se prélasser sur la terrasse ensoleillée, Bonnie, ce chien facétieux qui s'évertue à me suivre dès que je fais un pas, et puis que dire de Monsieur et Madame Naulin, mes charmants hôteliers qui m'installent comme un prince face au Canigou puis assis sur leur perron me regardent manger. Non ici à Llugols, je n'ai pas la vie d'un prince mais plutôt celle d'un roi. J'ai envie de leur dire : venez vous asseoir à ma table, je ne veux pas être servi comme un roi, je suis un humble chemineau ! Je prends conscience des " choses simples " de la vie qui consolident l'idée que je me fais du bonheur ». Puis un peu plus loin, je raconte d’autres « choses simples » que j’observe comme ces trois enfants qui descendent la piste poussiéreuse du hameau sur des motos miniatures.  Leurs éclats de rire viennent rompre le silence et la quiétude du hameau. Je ferme les yeux et je revois mon enfance. Mais avant de fermer les yeux, je tente de prendre une belle photo de ces enfants ivres de bonheur. Miracle, malgré le mouvement, la première photo est la bonne ! Voilà ce que j’écris de cet instant que j’ai immortalisé : « Oui ici, à Llugols, je suis à la fois heureux et nostalgique. Nostalgique de mon passé quand je croise ces enfants qui descendent à tout berzingue sur des jouets à roulettes la seule piste du hameau. Enfant, dans le quartier de la Vieille-Chapelle à Marseille, je descendais de la même manière le Boulevard des Neiges sur ma carriole faite d'une planche et de quatre roulements à billes. Nostalgique du présent car demain le Tour du Coronat touche à sa fin et en terminant ce parcours, j'ai le sentiment de perdre quelque chose. D'ailleurs, je fais mien ce proverbe qui dit " ne cherche pas le chemin du bonheur car le bonheur, c'est le chemin ! ".Le soir tombe sur le Coronat, je suis sur ce rocher qui domine la chapelle Saint-Christophe et j'observe cette étrange croix néolithique gravée dans la pierre depuis des milliers d'années. A cet instant, je réalise davantage pourquoi les hommes viennent à Llugols depuis des temps ancestraux, je comprends mieux pourquoi de nombreux ermites venaient y vivre en autarcie, loin du reste du monde. Ici, ils trouvaient le bonheur et la béatitude. Mais pour moi, il ne fait aucun doute, ce bonheur et cette béatitude, pour eux, c'était merveilleux ! Comme je le fais moi-même, ici à Llugols, tous ces hommes venaient chercher des merveilles. Ces merveilles, c'étaient celles du pays d'Alysse ! ».

    Voilà dans quel état d’esprit je me trouve à Llugols en ce 17 août 2007 et voilà que six années plus tard, je reçois ce mail étonnant : « Bonjour Jullien,j'ai trouvée votre adresse sur votre site de vos histoires de randonnée. J'habite en ce moment en Russie. Et par un moment de nostalgie je vais sur Google, et tape "Llugols", regarde des photos et au bout d'un moment tombe sur votre site. Je lis l'histoire de votre randonnée du 17 août 2007, regarde les photos.... et BAM je tombe sur une photo de moi et de mes frères, ou nous sommes sur des petites motos. Je n’ai pas pu agrandir la photo, si jamais vous avez des photos de ce jour-là, peut -être pourriez vous me les envoyer ? En espérant une réponse, Nina Neveroff. »

    Voilà la surprenante histoire de cette photo de « Nina de Llugols ».

    J’ai bien sûr répondu favorablement à Nina Neverov en lui adressant en pièce jointe un exemplaire grand format de cette photo. Depuis, nous avons échangé quelques messages sur le Net et sommes devenus amis sur Facebook.

    Nina va revenir passer ses vacances à Llugols et notre souhait commun est de nous retrouver un de ces jours dans ce joli hameau pour faire plus ample connaissance et évoquer de vive voix la belle histoire de cette photo. J’ai le secret espoir que nous deviendrons de bons amis autrement qu’à travers le Toile.

    Six années sont passées, Nina est devenue une jolie jeune fille et moi, j’ai pris un coup de vieux supplémentaire. Pour elle comme pour moi, cette photo représente de grands moments de bonheur. Des bonheurs que l’on pourrait croire bien différents. Elle, de se revoir ainsi, entrain de jouer et de rire avec ses frères au hameau de Llugols dont elle est nostalgique quand elle est en Russie, sa patrie lointaine. Moi, d’avoir vu dans cette photo, le reflet de ma propre enfance quand je jouais avec mon frère. Mais à y réfléchir, nos bonheurs se rejoignent. Elle voit sans doute dans cette photo, sa propre enfance qui s’enfuit et moi, je suis nostalgique de ces beaux instants passés à Llugols. Merci Internet et merci Nina ! A bientôt à Llugols !


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