• La minute nécessaire de Monsieur le Président - Vidéos insolites

    Le billet de Mon Journal Mensuel de ce mois de juillet, je l’ai voulu léger. Plusieurs raisons à cela. La première raison est qu’à cause de l’été et n’ayant pas Internet à ma maison d’Urbanya, je n’avais guère de temps à consacrer à rédiger un article plus sérieux et plus long. La deuxième raison est tout simplement que je n’avais pas envie d’être trop sérieux car l’été est déjà là, c’est l’époque des grandes vacances et du temps où l’on évite de « se prendre la tête ». Je me suis dit que c’était mieux ainsi. Enfin la troisième et dernière raison, c’est le retour de notre ex-président Sarkosy sur le devant de la scène médiatique pour des raisons qui paraissent à priori peu recommandables. Vous noterez le verbe « paraître » au présent du subjonctif laissant la porte ouverte à la présomption d’innocence dans toutes les affaires qui le menacent. Malgré ces menaces, on l’a vu à la télé, notre ex-président reste toujours aussi vaillant, bagarreur quand il s’agit de se défendre et beau parleur, ces deux dernières aptitudes étant celle d’un admirable avocat qui maîtrise parfaitement son sujet.

    C’est d’ailleurs avec ces belles aptitudes qu’il avait gagné les élections présidentielles en 2007 avec plus de 18 millions de voix et qu’il les a sans doute perdues en 2012 avec plus de 2 millions de voix en moins. Alors ce qu’il y a d’assez fascinant avec Internet, c’est la transformation de ces belles paroles. Un bon petit montage de quelques photos et de quelques passages de différents discours et voilà une vidéo assez extraordinaire que je viens de découvrir et qui s’intitule la « Minute nécessaire….de Monsieur le Président ». Elle n’est sans doute pas très récente, un peu « insolente » et « triviale» mais il faut dire qu’elle provient parait-il du Grand Journal de Canal Plus. C’est bien sûr une parodie de la célèbre « Minute nécèssaire de Monsieur Cyclopède », émission humoristique du regretté Pierre Desproges.

     

    Alors si vous êtes un Sarkozyste invétéré et sans humour, abstenez-vous de regarder cette vidéo mais pour tous les autres, allumez le son de votre ordinateur et vous verrez, elle est plutôt marrante……c’est en tous cas l’avis de 99% des personnes qui l’ont regardée selon un forum de commentaires.

     

    Cliquez sur le lien suivant pour aller sur le site de Koreus.com (site de vidéos insolites) où est présente cette vidéo : http://www.koreus.com/video/minute-necessaire-nicolas-sarkozy.html


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  • Ce diaporama est agrémenté sous la forme d'un montage de 4 musiques extraites de l'album "The Music Of Cosmos". Elles ont pour titres, auteurs et interprètes : "Depicting the Cranes in Their Nest-Sokaku-Reibo" par Goro Yamaguchi, "Canon and Gigue in D Major, P. 37: I. Canon" de Johann Pachelbel jouée par Sir Neville Marinner, "I.Allegro-The four seasons" d'Antonio Vivaldi joué par Gerard Schwarz et "The Sea Named Solaris-On Bach" d'Isao Tomita 

    Le Chemin de la Frigoulette depuis Cerbère


    Ce qu’il y a de bien avec notre beau département des Pyrénées-Orientales, c’est que l’on peut partir vers n’importe quel point cardinal, on trouvera toujours de superbes balades pédestres à y faire. De l’est à l’ouest et du nord au sud, du randonneur novice au plus expérimenté, chacun y trouvera aisément son bonheur. C’est ainsi qu’en l’espace de quelques jours, Dany et moi avons fait un grand écart, passant des châteaux de Fenouillet situés à la limite de l’Aude c'est-à-dire au nord de notre département, au sud le plus extrême du fameux « Cerveria locus,  finis Galliae » c'est-à-dire « au lieu-dit Cerveria, finissent les Gaules ». C’est ainsi qu’en l’an 43  le géographe romain Pomponius Mela définissait déjà notre frontière avec l’Espagne ou plutôt « l’Hispania », nom que les Romains donnaient à la péninsule ibérique. Bien évidemment, vous l’aurez compris, « Cerveria » c’est notre Cerbère actuel et la balade pédestre que je vais vous conter ici, c’est celle d’une agréable petite boucle intitulée le « Chemin de la Frigoulette » dont le tracé file entre Albères et Côte Vermeille. Alors bien évidemment, on pourrait très facilement imaginer que si le fil conducteur du Circuit des trois châteaux de Fenouillet était l’Histoire, ici à Cerbère, le passé disparaît totalement. Et bien détrompez-vous car ce n’est qu’en partie vrai. Bien sûr, il n’y a pas de vestiges romains ni médiévaux sur le bord du Chemin de la Frigoulette mais la Tour du Querroig du haut de ses 672 mètres surveille toute la contrée. Elle est mentionnée pour la première fois en 985 et a été utilisée par les Rois de Majorque comme tour à signaux dès le 14eme siècle au même titre que la Madeloc. Enfin, non loin du parcours, on trouve des dolmens comme celui de la Coma Estepera et même un menhir du nom de San Salvador au lieu-dit Pedra Dreta. L’Histoire de Cerbère est donc presque aussi riche que celle de Fenouillet et en tous cas, aussi ancienne que celle du Pays FenouillèdesCerbère est déjà citée dans des textes antiques, grecs ou latins, tels ceux de Strabon ou Pline le Jeune qui décrivent le lieu aux confins des Gaules comme étant amplement recouvert de forêts et peuplé d’animaux sauvages et surtout de cerfs. Le « locus Cerveria », c’est très clairement le lieu peuplé de cerfs ayant finalement donné son nom à la petite cité maritime. Aujourd’hui, les Albères orientales sont très éloignées des biotopes privilégiés par les grands cervidés de notre département  et la probabilité d’y rencontrer un cerf est infime voire quasi nulle. Quant à voir un cerf à Cerbère ou même dans ses abords n’y comptait surtout pas même si la vallée que nous traversons au cours de cette balade s’appelle « la Vallée des Cerfs ». Une randonnée éponyme est d’ailleurs réalisable. En tous cas, une chose est sûre c’est que vous verrez plus facilement de la « frigoulette » qu’un cerf ! Bien sûr, si vous êtes du midi, ce nom de « frigoulette » vous parle automatiquement et que l’on soit catalan, provençal ou occitan, tout le monde sait qu’il s’agit du « thym » parfois également appelé « serpolet ». Le « thym », « thymus » pour les botanistes qui aiment bien le latin, est un genre de plantes de la famille des Lamiacées. Ce genre comporte plus de 300 espèces différentes. La plupart sont rampantes et forment des coussinets portant de minuscules fleurs roses, mauves ou blanches. Le thym est surtout connu comme plante aromatique que l’on utilise sur le plan culinaire ou pour sa richesse en thymol, substance bactéricide permettant l’élaboration d’huiles essentielles. Enfin, le nom de « frigoulette » est un diminutif de l’occitan « farigola » car dans le sud de la France, le thym commun ou thym sauvage est fréquemment appelé « farigoule » ou « frigoule » ou par exemple « farigoulette » dans ma Provence natale. Tous ces mots-là ayant la même origine latine « fericula » avec bien sûr quelques petites variations « occitanes » selon les régions méridionales où l’on réside : « ferigoleta » « frigola » « fribola » « friola ».  Enfin, entre origine grecque, romaine ou égyptienne, l’étymologie du mot « thym » est si incertaine que j’ai laissé tombé mes recherches car après tout c’est le « Chemin de la Frigoulette » que je raconte ici pas celui du « thym ». A Cerbère, cette balade peut démarrer de la plage car c’est là qu’on trouve le plus facilement une place de parking pour garer sa voiture. Ensuite, on emprunte la rue du Ribéral ou rue Dominique Mitjavile où l’on remarquera devant une boulangerie, un panonceau indicatif de quatre randonnées parmi laquelle figure la nôtre portant le N°14. On continue cette rue rectiligne et au moment où elle tourne et atteint un grand tunnel passant sous la voie ferrée, on ignore le tunnel et on poursuit à gauche dans une ruelle tout au long de l’immense mur de soutènement du viaduc.   N’ayez aucune inquiétude car ici, un balisage très précis indique la marche à suivre. En réalité, il s’agit de la rue Jean Barrat, petite ruelle bétonnée bordée d’une étroite rigole évacuant les eaux pluviales descendant des « puigs ». Cette ruelle se termine, elle aussi, sous un tunnel, qui une fois franchi, débouche dans la garrigue. Un sentier s élève hardiment en direction de l’ancien bâtiment des douanes, grande bâtisse blanchâtre que l’on appelait « Porte de France » au temps de sa splendeur et que l’on garde dans la ligne de mire. Si le sentier s’étire dans une végétation et une flore typiquement méditerranéenne, on notera la présence de quelques jardins oubliés et de quelques casots ruinés au milieu d’une multitude de terrasses s’élevant en espaliers sur les flancs de la colline. La Nationale 114 et l’ancien poste frontière sont vite atteints. Là, de magnifiques panoramas se dévoilent sur la mer, sur la cité et son « inévitable » gare ferroviaire. Après quelques mètres sur le bitume, on emprunte à droite la piste DFCI AL14, direction le Puig dels Frare. Ici, et sous condition de prêter attention au balisage en tous points parfaits ; panonceau et marques de peinture de couleur jaune ; la randonnée devient d’une grande simplicité. Mais en ce superbe jour de printemps, on a le droit d’être distrait tant le regard embrasse une quantité incroyable de beautés diverses et variées. On ne sait plus où regarder. Le bleu azur d’un ciel intensément pur est-il plus beau que le violine des bouquets des lavandes à toupets ? Le rose pourpre des fleurs des arbres de Judée est-il plus soutenu que l’ocre rouge des vignes ? Le jaune flamboyant des genêts et des ajoncs est-il plus éclatant que le bleu vif et profond de la Méditerranée ? Voilà, des énigmes colorées que l’on laisse volontiers sans réponse pour la simple et bonne raison qu’elles s’inscrivent dans un seul et unique tableau que Dame Nature offre en permanence à nos regards contemplatifs. Après ce parcours tout en balcon sur ce patchwork minéral et végétal que représente le vallon  formé par le ruisseau le Riberal et quelques autres « correcs », le chemin amorce une descente vers le thalweg. Là, la mention forêt domaniale de Cerbère que l’on a vu sur la carte IGN prend enfin tout son sens. La garrigue ouverte laisse la place à une forêt plus compacte aux essences plus variées : pins d’Alep, pins parasols, cèdres, chênes verts et blancs, chênes lièges, aulnes, bruyères arborescentes, arbres de Judée sont les principaux arbres rencontrés. Quelques cabanes en pierres sèches encore parfaitement debout nous rappellent que l’occupation humaine et l’activité pastorale ne sont pas si anciennes que ça.  Dominé par le Serrat del Fito au sommet duquel trône la tour du Querroig, l’agréable chemin nous amène vers la Pla de les Vacas, petite clairière où l’on profitera d’une aire de pique-nique entre ombre et soleil. L’épaisse forêt s’arrête là et on retrouve désormais cette végétation de type maquis méditerranéen. Le sentier s’élève dans la Casa Cremada en suivant la configuration du cirque formé par les crêtes dominantes du Puig Juan. Les vignes ne sont pas très loin et on ne peut être que songeur du travail accompli par les viticulteurs du coin sur ces terrains ô combien hostiles. Sur des sols d’une aridité extrême et sur des pentes parfois très abruptes, les parcelles tracées au cordeau, les vignobles en espaliers et les ceps alignés comme à la parade nous laissent admiratifs. Après quelques sinuosités, la piste forestière atteint finalement le col d’Embarselo et le chemin dit « des crêtes »  au lieu-dit la Solana. Désormais le regard quitte les terres et se tourne vers la mer et les tout proches caps Peyrefite et Rederis. Il faut dire que ces deux caps me rappellent d’excellents souvenirs au temps où nous venions mon fils et moi pour des parties de pêches mémorables et nocturnes qui ne se finissaient qu’à l’aube du jour suivant. Sur ces rochers, dieu sait si nous en avons passé des nuits à la belle étoile, à pêcher mais à dormir aussi, en rêvant à des pêches miraculeuses. Les premières maisons de Cerbère sont déjà là et les souvenirs s’estompent. Les caps Canadell et Cervera effacent les caps précédents. Au milieu des superbes villas, on surveille le balisage jaune pour ne pas s’égarer dans ce dédale de ruelles. Puis le regard se pose sur l’emblématique hôtel Belvédère du Rayon Vert. Surtout habité par des dizaines de pigeons et quelques rares clients depuis que quelques appartements ont été rénovés, le vieux palace « art déco » est bien trop fantomatique et désertique pour que l’on n’ait pas un regard nostalgique sur ce bâtiment hors du commun. Le « paquebot » comme on l’appelle ici, désaffecté  en 1983 puis inscrit aux Monuments Historiques en 1987 renaît peu à peu de ses cendres grâce aux quelques chambres restaurées et à l’organisation d’activités culturelles. En franchissant la passerelle enjambant la voie ferrée, on ne peut s’empêcher de se dire qu’on aimerait bien que l’hôtel retrouve toute sa splendeur d’antan. Après quelques escaliers, on atterrit devant le wagon, la stèle et la statue en hommage aux transbordeuses (*). Ici se termine le « Chemin de la Frigoulette ». Les informations données sur le panonceau du départ sont proches de la réalité : 10,6 km, durée 3h30 et randonnée facile. J’y ajoute les 770 mètres environ de montées cumulées  pour un dénivelé de 260 mètres, le point culminant étant situé à 273 mètres peu après le Puig dels Frare. Carte IGN 2549 OT Banyuls- Col du Perthus- Côte Vermeille Top 25.  

    (*) Transbordeuses Au début du XXe siècle, les marchandises des trains qui transitent à la gare-frontière de Cerbère doivent être transbordées par des "dockers" ferroviaires. Pour les délicates oranges, le travail est confié à des femmes. Mal payées pour un travail pénible, elles se mettent en grève en 1906. C'est le premier mouvement exclusivement féminin de l'histoire. Il durera presque un an. (Extrait du site http://www.cabotages.fr/ et de la page http://www.cabotages.fr/cerbere-ou-la-greve-des-transbordeuses-d-oranges.html ) 

     

     

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  • Ce diaporama est agrémenté de musiques celtiques qui ont pour titre "Celtic Dream" de Ronan Hardiman, de "The Long Road" de Mark Knopfler
    3CHATEAUXFENOUILLETIGN

    A diverses reprises, j’ai eu l’occasion au travers de ce blog, de vous emmener du côté du village de Fenouillet, ancienne « capitale médiévale » du pays Fenouillèdes, à la frontière des Pyrénées-Orientales et de l’Aude. De mémoire, il y a eu une balade au Pech de Fraissinet, une autre au Vallon d’Aigues-Bonnes et aux Gorges de Saint-Jaume et enfin, au printemps de l’an dernier, c’est le Pech des Escarabatets que je vous avais invité à gravir. Pourtant, si Fenouillet a été, à chaque fois, le point de départ de ces jolies randonnées, jamais je ne vous en avais proposé la visite. Il faut dire que Fenouillet est une commune assez étendue en surface et éclatée en divers hameaux et lieux-dits, ce qui rend sa découverte plutôt compliquée. Je vais néanmoins tenter de réparer cette lacune en vous proposant une superbe randonnée que j’ai intitulée « le circuit des trois châteaux de Fenouillet » dont le point de départ est Caudiès-de-Fenouillèdes. Vous l’aurez compris, une fois encore l’Histoire avec un grand « H » va être le fil conducteur de cette belle randonnée car il s’agit de trois vieux châteaux médiévaux.  Si l’Histoire du village vous intéresse, je vous propose d’aller voir deux sites Internet assez remarquables à ce sujet. Il  y a celui consacré à Fenouillet dans l’Histoire du Roussillon et celui de l’historien Jean Tosti. Vous y trouverez des résumés de tout ce qu’il y a à savoir sur le joli hameau et vous verrez, partir marcher vers ce lieu chargé d’Histoire est bien plus attrayant quant on le fait avec quelques connaissances historiques. Il y a d’autres sites Internet évoquant les trois châteaux et chaque fois que je l’ai pu, j’ai mis un lien vous proposant un renvoi vers un de ces derniers. Il suffit pour cela de cliquer sur le nom du château en question. Comme déjà indiqué, la balade s’effectue depuis Caudiès-de-Fenouillèdes mais si le centre du village peu éloigné peut en constituer la ligne de départ, il est tout de même préférable de partir depuis le petit oratoire Sainte Anne de Notre-Dame de Laval se trouvant en bordure de la D.9. On gagne ainsi quelques kilomètres inutiles et sans grand intérêt à l’aller et au retour. Là, devant l’oratoire, on emprunte la piste DFCI F.14 qui file vers le Domaine des Demoiselles. Peu après le pont enjambant le ruisseau de Saint-Jaume, on laisse le bitume au profit d’un petit sentier balisé en jaune qui file à droite en entrant dans les bois. Auparavant, toujours sur la droite, vous aurez sans doute remarqué, une vieille ruine perchée au sommet d’une colline. C’est le premier de nos trois châteaux dont le but était de surveiller la Vallée de la Boulzane et de protéger le Vicomté de Fenouillet des agresseurs arrivant par là mais de ceux pouvant également venir du Vallon de Fosse. Ce château, il s’appelle Castel Fizel, il daterait de 12eme siècle et est situé à 496 mètres d’altitude tout au bout d’une longue colline faite de hautes falaises blanches qu’on appelle « La Roque ». La Roque n’est qu’une toute petite partie de l’étonnant synclinal de Saint-Paul-de-Fenouillet.  Certains historiens se sont empressés de traduire Castel Fizel en « château fidèle » en se fiant au vieux « Lexique roman ou Dictionnaire de la langue des troubadours comparée aux autres langues latines » de l’académicien François Just Marie Raynouard, philologue et historien français du 19me siècle. Pourtant le toponymiste Robert Aymard pense que le mot « Fizel » pourrait provenir du latin « fixus » signifiant « fixé » qu’on pourrait interpréter ici en « dressé », le Castel Fizel devenant ainsi le « château dressé ». Les avis sont donc partagés. Un peu plus haut, on retrouve la D.9  qu’on délaisse une nouvelle fois en empruntant une piste qui, cette fois, monte à gauche de la route. Un panonceau jaune indique «Voie romaine du Col del Mas » et comme ce col figure bien sur notre circuit, on est certains d’être sur le bon itinéraire. Comme on le voit, si ce secteur des Fenouillèdes a eu ses heures de gloire au Moyen âge, les romains sont également venus traîner leurs sandales par ici depuis bien longtemps déjà. Ils n’étaient pas les seuls d’ailleurs, car à ces époques bien antérieures à Jésus-Christ, les envahisseurs étaient nombreux et les peuplades arrivaient parfois de tous côtés : Ibères, Celtes, Phocéens, Grecs, Phéniciens, j’en passe et j’en oublie, sont venus dans le pays du « fenouil »  ou des « foins », là aussi les points de vue semblent divergents. Mais cette divergence s’estompe quand on sait que le Fenouil est appelé très souvent « petit foin » dans de nombreuses régions prouvant ainsi si nécessaire que l’origine latine des deux mots est commune. En effet, « feniculum » ou « foeniculum » c'est-à-dire le fenouil sont clairement les diminutifs latins de « fenum » ou « foenum » désignant le « foin ». En ce qui concerne toutes ces invasions, je vous renvoie une fois encore vers un excellent site Internet intitulé «  Fenouillèdes.free.fr - Chronologie historique de la préhistoire au XXe siècle » sur lequel vous trouverez toutes les dates des principales invasions que le pays Fenouillèdes ait connues. Mais revenons sur notre piste et notre voie romaine qui commence à s’élever et se transforme peu à peu en un véritable sentier pédestre. On laisse sur la gauche, un grand pré verdoyant qui se trouve au pied des ruines du château. On peut atteindre les ruines  de Castel Fizel par ce pré ou par d’autres itinéraires un peu plus haut, mais sachez que dans tous les cas vous serez sans doute confrontés à une végétation exubérante car les pourtours du château ne sont jamais débroussaillés. En effet, les vestiges subsistants étant considérés comme dangereux pour le public et les nombreux épineux faisant office de barbelés naturels, les autorités n’ont pas jugé utile d’en barrer l’accès. En conclusion, je vous en déconseille l’approche et vous préconise de regarder le Castel Fizel uniquement de loin. Il y aurait, parait-il, quelques vestiges de la Voie romaine, mais j’avoue  ne pas les avoir chercher non plus. En poursuivant le sentier, les sous-bois s’assombrissent car ici la végétation est plutôt abondante et en outre, les chênes verts et les buis atteignent parfois des hauteurs assez surprenantes. Toutefois, vous remarquerez aussi les nombreux murets en pierres sèches et les multiples terrasses et l’on peut donc penser à juste titre que la forêt n’a pas toujours été aussi dense et que les hommes ont, aux temps jadis, cultivé ces « serrats ». Si la déclivité est plutôt constante, elle est néanmoins assez douce et sans trop sans rendre compte, on va très facilement atteindre le point culminant de la journée à 589 mètres d’altitude. Autant dire que le reste de la balade peut être très aisément transformé en une longue flânerie et d’ailleurs, nous-mêmes n’avons pas attendu le col del Mas pour prendre à la fois un peu de repos et notre pique-nique. Il faut dire que la partie du chemin à l’aplomb du Roc Rouge est bien moins boisée et plus ouverte sur les paysages alentours. Quelques clairières fleuries de minuscules narcisses que butinent quantité de papillons sont des invitations à s’arrêter un peu pour profiter de cette nature luxuriante et des beaux panoramas s’entrouvrant magnifiquement sur la grandiose forêt de Boucheville mais vers le Bugarach aussi. Le pique-nique terminé, on continue le parcours en direction du col del Mas et l’on emprunte désormais le G.R.36 qui ici, fait la liaison entre Fosse et Fenouillet. Peu de temps après, on retrouve finalement le D.9 au col del Mas. Là, sans doute était-il embroussaillé, nous n’avons pas retrouvé le sentier surligné en rouge sur la carte IGN qui descend vers l’aire de pique-nique et le magnifique petit plan d’eau de Fenouillet, aussi avons-nous trouvé préférable de poursuivre la D.9 jusqu’au lieu-dit « Pal Ficat » puis de tourner à gauche pour retrouver l’itinéraire. Ce nom de « Pal Ficat » rappelle très étrangement ceux de produits alimentaires pour chiens et chats, mais bien sûr ça n’a rien à voir, car en occitan, un « pal » est un poteau ou un pieu, quand à « Ficat », c’est, toujours en occitan, le participe passé du verbe « ficher » dans le sens de « planter » ou d’« enfoncer ». « Pal Ficat », c’est donc le lieu ou « le poteau ou le pieu était planté ». Aujourd’hui, vous n’y décèlerez aucun pieu ni poteau et seulement quelques ruines devant lesquelles il faut passer pour se diriger vers le deuxième château, c'est-à-dire le Castel Sabarda. Bien avant d’y arriver, vous aurez sans doute profité de la fraîcheur du limpide petit étang puis de celle du chemin verdoyant et ombragé qui passe au dessus du « Camping des Randonneurs » pour se diriger ensuite vers « Lou Prat del Rey » c'est-à-dire le « Pré du roi ». Bien qu’érigé au 5eme siècle à 520 mètres d’altitude, cet édifice est le plus saisissant des trois car il est situé sur un piton rocheux plutôt réduit dont il épouse parfaitement la forme. Dans un texte médiéval de 1109, Guillaume Peire, Vicomte de Fenouillet, fait hommage au Comte de Cerdagne pour son château et son rocher fortifié de « Samardana ».Les philologues s’accordent à penser que l’évolution de l’appellation « Samardana » a finalement donné naissance au nom de « Sabarda ». Les toponymistes, eux, sont très clairement d’accord pour dire que « Sabarda » a pour origine le mot « savart » ou « sabart » signifiant une « friche » ou une « terre inculte ». Les historiens pensent qu’une première tour a d’abord été construite, puis une deuxième un peu plus tard, reliées par une courtine, mur amplement percé et ruiné que l’on voit encore aujourd’hui et qui se trouve en surplomb du hameau principal de Fenouillet qu’on appele La Vilasse. Si Castel Fizel était chargé de défendre le nord, le Castel Sabarda, lui, était très clairement chargé de protéger le sud, l’ouest et l’est mais les deux châteaux n’étaient que les bases avancées d’un système défensif principal dont le commandement se trouvait au château Saint-Pierre, dernier objectif de notre balade. Pour s’y rendre, rien de plus simple, il suffit de poursuivre le chemin et en quelques minutes, nous voilà déjà à La Vilasse. Pour monter au château vicomtal de Saint-Pierre, il faut passer à gauche de l’église Saint-André et suivre les indications. Saint-Pierre est un vaste site très ruiné qui doit sans doute son hagiotoponyme à la création d’une abbaye monastique bénédictine antérieure ou en corollaire à celle du château autorisé par le comte de Besalu, le « terrible » Bernard 1er surnommé « Taillefer » alors vicomte de Fenouillet en 1011. Parmi toutes les ruines, on peut d’ailleurs découvrir l’abside d’une ancienne chapelle.  De plus haut des ruines, on a une vue totalement circulaire sur l’ensemble des « pechs », « sarrats » et autres collines et vallons alentours : Vallon de la Boulzane, Pech de Bugarach, Gorges de Saint-Jaume, Vallon d’Aigues-Bonnes, Pech de Fraissinet, Vallon de Tulla, Col de Boire, Sarrat Naout, Vallon de Fosse, etc….autant de lieux de balades déjà expliqués dans divers de mes articles. Bien évidemment, avec ce regard embrassant ces superbes panoramas à 360°, on comprend mieux le rôle stratégique que le château Saint-Pierre a pu avoir à des époques où la guerre était le lot quasi quotidien du pays Fenouillèdes. Ici se termine la découverte de nos trois objectifs du jour mais pour autant, notre randonnée n’est pas terminée car il nous faut encore rejoindre la voiture. Alors bien sûr, si vous ne connaissez pas les Gorges de Saint-Jaume, l’épilogue de cette balade sera un bonheur supplémentaire, tant ce défilé est pittoresque et rafraîchissant.  Pour cela, il faut poursuivre la petite route bitumée qui descend vers le lieu-dit le Moulin où démarre le sentier des gorges. En réalité, ce sentier est commun à de multiples chemins et c’est par ici que passent le G.R 36, le Sentier Cathare et le Tour du Fenouillèdes. Dans la descente vers le moulin, un raccourci vous permet d’atteindre le sentier plus rapidement. Bien entendu, si vous souhaitez découvrir Fenouillet dans sa quasi intégralité, c’est également par là que vous pouvez rejoindre l’ensemble des autres hameaux ou lieux-dits à savoir le Roudouna, les Nautes, la Coume, les Bordes,  les Andrigotes et Aigues-Bonnes. Le sentier des gorges, lui, atterrit sur la D.9 à proximité de Notre-Dame de Laval. Rejoindre la voiture n’est plus qu’une simple formalité car il suffit de se diriger vers la vieille église, d’emprunter la porte de Notre-Dame de Douna Pa puis de descendre le petit chemin dit « des processions ». L’oratoire Sainte Anne est là et votre voiture aussi. Enfin la nôtre y était ! L’enregistrement « tracback » de la balade (enregistrement du tracé et d’un journal de route au cours de la marche) dans mon GPS a donné les chiffres suivants : distance accomplie 13 km200, dénivelé 247 mètres et montées cumulées 871 mètres. C’est donc une randonnée plutôt facile, réalisable en toutes saisons.  Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.


      

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  • Ce diaporama est agrémenté de plusieurs versions de la magnifique musique du compositeur Max Steiner "Theme From A Summer Place" (le nom du film en français est "Ils n'ont que vingt ans") interprétée ici et successivement par Tom Conlon (guitare), Joanie Sommers (chant), Percy Faith et son orchestre (instrumental) Max Steiner (Instrumental Lounge Music), Jack Jezzro (Guitare) et Bobby Vinton (chant). 
    LES-CRETES-DE-SERRABONNE
    CRETESSERRABONNEIGN
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    Pour quelqu’un qui comme moi s’intéresse un peu à la toponymie, c'est-à-dire à la science qui étudie les noms des lieux, le nom de « Serrabonne » signifiant la « bonne montagne », (mais il faut plutôt entendre la « belle crête ») est déjà en soit une invitation à une randonnée pédestre et à la contemplation. Alors bien sûr, si une balade pédestre aux Crêtes de Serrabonne se suffit à elle-même tant les panoramas à 360° y sont remarquables, je m’étais dit que tant qu’à y monter autant y monter pour découvrir tout ce qu’il y avait à voir. Et là bien sûr, je ne parle pas seulement des paysages naturels que l’on aperçoit de tous côtés allant du Massif du Canigou aux proches collines des Aspres en passant par les massifs du Madres et du Coronat, par les Corbières, la plaine de la Têt, par celle du Roussillon et quelques vues en sus sur les Albères, oubliant sans doute au passage quelques reliefs supplémentaires ou plus lointains. Non, outre ce chemin de ronde assez extraordinaire, il faut bien le reconnaître,  j’avais déjà depuis très longtemps entendu dire que les découvertes pouvaient y être nombreuses, très pittoresques et parfois même assez étranges. Comme toujours, je me suis aidé d’Internet pour affiner tout ça. C’est donc en ce 18 mars 2014, sous un soleil éclatant et printanier,  que j’ai démarré cette superbe randonnée du joli prieuré dont une visite à partir de Boule d’Amont a déjà été décrite dans ce blog. Mon objectif principal était de ne rien louper de tout ce que j’avais lu ou vu sur la toile et dans quelques bouquins feuilletés chez moi ou à la bibliothèque. J’étais donc paré avec en sus quelques notes dans mes poches et il ne me restait plus qu’à crapahuter vers ces crêtes pour découvrir toutes ces « choses » insolites qui m’attendaient bien sagement du côté de la Roque Rouge, du col des Arques ou du Roc de l’Amoriador. Il est 10 heures quand je gare ma voiture sur le parking du prieuré. Il n’y a pas foule et seule, un autre véhicule est déjà là. Au moment où je traverse l’esplanade déserte du prieuré pour suivre le panonceau « les crêtes, sentier de promenade »,  la réceptionniste arrive, accueillie par son chat qui, au seul bruit de son véhicule, accourt vers elle. Quelques photos du magnifique édifice roman et me voilà déjà entrain de grimper un petit sentier très rocailleux au milieu des pins, des chênes verts et des bruyères arborescentes. Le sentier est si évident que l’on oublie bien vite les marques de peintures multicolores traçant sans doute divers balisages. Quelques mètres plus haut, je retrouve les quelques roches en escaliers où, il y a quelques années, une amie s’était bêtement cassée une jambe, tibia et péroné, nécessitant ainsi un hélitreuillage d’urgence par l’hélico de la Sécurité Civile. Les paysages s’entrouvrent déjà. A l’altitude de 863 m selon mon GPS, de grandes roches plates et inclinées en surplomb d’un ravin m’arrêtent dans mon élan car j’y remarque sans peine un grand « A » gravé ainsi que des cupules et un croix peu évidente car patinée par les siècles. Est-ce des gravures rupestres ? Je ne sais pas car je ne me souviens pas avoir vu ou lu sur le Net des informations sur ces gravures-là. Quelques photos de ces trouvailles et je repars. Un peu plus haut, ce sont deux étranges tertres de pierres et de terre où rien ne pousse dessus qui attirent mon regard et me stoppent de nouveau dans mon ascension vers la crête. Buttes naturelles ou tumulus artificiels cachant un quelconque mystère ? Là aussi, rien ne transparaît de ces étranges amoncellements et mon questionnement reste entier. En tous cas, rien qui ressemble à un vieux défrichage ou à un épierrement pastoral. Ici, il n’y a pas de murets ni de terrasses et je ne comprends pas ce refus de la nature de vouloir laisser vierge ces monticules de pierres et de terre. Habituellement et selon la formule d’Aristote si souvent consacrée, « la nature a horreur du vide ».  En cherchant autour de ces tumulus, j’ai néanmoins trouvé, cachée dans les hautes bruyères, une petite cavité où je ne me suis pas trop aventuré ainsi qu’une grande pierre posée sur d’autres ressemblant très étrangement à un dolmen. Là aussi, ma carte IGN étant très muette à ce point précis et toutes mes recherches sur le Net et dans les bouquins ne m’ayant rien signalé de tels à cet endroit, l’apprenti archéologue que je suis repart des questions plein la tête. L’arrivée sur la crête et les grandioses panoramas qui s’y dévoilent, mettent un frein définitif à mes interrogations. J’enjambe une clôture et file sans tarder vers la droite en direction du Pic Ambrosi (981 m) et surtout vers celui de la Roque Rouge (1.015 m) où deux belles découvertes m’attendent. Dans la descente de la Roque Rouge, direction le Roc Grillère, c’est tout d’abord, cette très insolite et surprenante tête de dragon où à chaque instant, je m’attends à voir jaillir des flammes de son féroce naseau minéral. Moi, j’y vois une tête de dragon mais d’autres y voient la tête d’un cheval mythologique, enfin, les plus cartésiens y voient une sculpture montée de toutes pièces par quelques fantaisistes. Malgré des oreilles qui effectivement peuvent paraître un peu improbables, je préfère ne pas vérifier ce qu’il y a derrière ces supputations et rester avec mon regard de vieil enfant certains diront d'attardé mais je lui préfère le mot "candide". Néanmoins, et même si cette sculpture est mi-naturelle mi-factice, elle reste néanmoins incroyablement prodigieuse et l’on peut considérer son auteur comme un véritable artiste à la fois pour avoir eu cette idée et tant d’imagination mais aussi pour l’avoir concrétisée de manière aussi réaliste.  Peu après la tête du dragon et un peu plus bas encore, sur le replat entre les deux rocs, c’est un superbe et vieux puits à glace souterrain dans un état de conservation assez remarquable que je découvre. Si le trou d’aération sur le tertre est relativement dangereux car sans garde-fous, il s’agit, sans discussion aucune, d’un des plus beaux puits à glace qu’il m’ait été donné de découvrir, même s’il faut bien admettre que sa visite est peu évidente et demande hardiesse et prudence, la porte et le conduit menant à la chambre principale étant fort étroit et fort bas. Après ces belles découvertes, il est temps de rebrousser chemin, direction le col des Arques dont les définitions toponymiques sont bien trop multiples pour qu’on puisse ici en déterminer clairement l’origine. En effet, quand on sait que le mot « arque » du latin « arca » peut à la fois signifier une « forteresse », une « arche », un « arc architectural», un « coffre », une « caisse », une « citerne » ou bien encore une « auge », un « abreuvoir », un « ossuaire, un « caveau » ou un « cercueil », on imagine la difficulté qu’il y a à trouver un juste raisonnement dans ce lieu sommes toutes plutôt inculte et désertique. Les historiens et autres étymologistes ont donc procédé par logique et élimination pour obtenir des résultats qui ne sont que des postulats. C’est ainsi, que la présence d’un muret en pierres sèches entourant un petit dolmen ruiné dont la dalle de couverture est amplement gravée de croix et de cupules datant du néolithique a sans doute donné naissance au « Cimentiri dels Moros » ou « Cimetière des Maures ». Là aussi, par les aléas de l’accentuation ou de la prononciation, les « morts » sont-ils devenus les « Maures » ? L’Histoire ne le dit pas mais selon les légendes recueillies par Joan Amades, les « Mores » étaient également « de grands géants qui allaient par le monde, emportant leur maison avec eux : une dalle sur la tête, les deux autres sous les bras. A la nuit, pour s'abriter, il leur suffisait de s'accroupir : leur cabane était toute prête ». (extrait de Folklore - Revue d’Ethnographie méridionale- Tome XVII- 27e Année - N° 4- Hiver 1964). Comme dans de nombreux cas similaires où le « Maure » est mis en exergue, il faut rapprocher cette légende de celle de Roland, le pourfendeur des Sarrasins et des Arabes en général. Enfin, l’archéologue Jean Abélanet, grand spécialiste de la préhistoire du Roussillon a noté que tous les lieux de notre région où l’on retrouvait le patronyme « arca » semblent disposer d’un dolmen. Voilà sans doute, la meilleure des explications. Après cette jolie découverte, ma promenade sur les crêtes se termine par la visite d’un tout proche « orri effondré », dernier vestige historique certes mais bien plus récent celui-ci. Il me faut donc quitter la crête mais le plus beau des sites restant à découvrir, je prends un chemin qui part sur la gauche en direction de Camp de l’Homme Mort. Là, une barrière en empêche l’accès et sur une pancarte, je peux lire « parc à moutons, véhicules, motos et chiens interdits ». Ne me sentant aucunement concerné par ces interdits, j’ouvre la portail et m’engage sur un agréable chemin en balcon d’un vaste ravin. En réalité, si l’on regarde la carte IGN, ce n’est pas un seul mais de multiples ravins qui descendent en éventail tout au fond d’un immense vallon du nom de la « Castagnerède ». Quand au balcon lui-même, il arpente le Pla de las Eugues, c'est-à-dire "le plateau des juments".  Au regard de ce nom, on peut penser que ce lieu est propice aux rassemblements des chevaux lors de transhumances.  Si de magnifiques bouleaux blancs, des pins, des saules chargés de merveilleux chatons, quelques cuisants prunelliers et des genêts à balais jalonnent ce superbe sentier, on regrettera une fois encore que des écobuages mal maîtrisés se soient transformés en véritables incendies noircissant une ample partie des paysages. En tous cas, en arrivant par ce chemin, trouver le « fameux » Roc de l’Amoriador, vaste dalle entièrement ornée de gravures rupestres est vraiment un jeu d’enfant. Alors bien sûr, ayant lu le livre « Signes sans paroles » de Jean Abélanet, je suis moins subjugué que si j’avais découvert ce site sans cette lecture préalable mais néanmoins la fascination reste bien présente. Comment pourrait-il en être autrement en sachant que certains de nos ancêtres millénaires voire séculaires ont sans doute gravé la plupart de ces croix et sans doute aussi quelques motifs car pour de nombreux autres, je pense qu’on peut faire confiance à notre grand spécialiste de l’art rupestre quand il écrit en parlant de ce roc : « A l’évidence toutes ces gravures ne sont pas préhistoriques : une date en chiffres maladroits, 1873 ou 1813 et une autre inachevée, 181., nous rappellent qu’un certain nombre de gravures rupestres peuvent être le fait de bergers et qu’une fois patinées par quelques siècles d’exposition aux intempéries, ces gravures, qui reprennent souvent des motifs traditionnels, peuvent induire en erreur les meilleurs spécialistes. Plusieurs cruciformes du Roc de l’Amoriador, par leur technique et leur patine plus claire, doivent être d’âge préhistorique ; également, les motifs en fleuron ; quant au personnage marchant, avec son bonnet de grenadier, sa tunique à cinq boutons, son fusil à baïonnette, il évoque quelque fantassin du XVIIIe siècle ou un grenadier de l’Empire ; et, avec son sexe apparent, il constitue un excellent document d’ethnographie populaire. Comme la thématique de cette roche se démarque assez nettement de celle des autres sites rupestres catalans, nous nous interrogeons sur l’antiquité des autres motifs : la spirale…, l’oiseau et le quadrupède….,le signe en phi, le motif oculé et le signe en double arceau qu’on voit encore sur ce rocher ». Voilà la lecture que Jean Abelanet fait de ce roc et son témoignage et les quelques notes que j’ai dans une poche vont me servir à faire plus clairement la part des choses. Mais dans l’immédiat, il est l’heure de déjeuner et je m’installe confortablement sur l’herbe bien à l’abri d’une légère brise du nord qui s’est mise à souffler. Et là, salade en mains, c’est un autre grand spectacle qui débute sous mes yeux, car si l’oiseau de Jean Abelanet n’est qu’une pâle imitation d’une gravure rupestre, la vingtaine de grands volatiles qui tournoient devant moi, eux, sont bien réels, en chair, en os et en plumes. Une vingtaine de grands vautours fauves, marquage alaire pour certains d’entre eux, ont décidé d’imiter la Patrouille de France. Cette spectaculaire et « angoissante » représentation « ornithologique » va durer le temps du pique-nique et bien au-delà encore et elle ne se terminera qu’avec mon départ du Roc de l’Amoriador. Au fait « Amoriador » signifiant un « lieu frais et ombragé où l’on parque du bétail », les grands rapaces ne m’auraient-ils pas pris pour un éventuel et futur casse-croûte du style méchoui ? Peut-être, car bien que ces animaux soient souvent décrits comme uniquement nécrophages, j’ai lu qu’il n’était pas rare qu’ils s’attaquent à des troupeaux alors je suppose que s’ils ont vraiment faim…... Autant le dire, le retour vers le prieuré en passant par le col des Arques , celui de Saleig et celui de l’Aspic ne va pas être à la hauteur des multiples découvertes que j’ai faite jusqu’à présent. Seuls une vieille camionnette bleue Renault faisant office de cairn monumental va m’arrêter dans cette longue et fastidieuse descente. Comme souvent, mon numérique est là pour tenter de combler ce laborieux retour mais ici, aucune fleur nouvelle ne viendra garnir mon « herbier photographique » quant aux papillons et aux oiseaux, ils semblent avoir quasiment déserté le « Planell de la Roqueta » et c’est seulement à l’approche du prieuré que j’aurais la chance de photographier quelques oiseaux rares.  Mais je ne vais pas me plaindre,  car aujourd’hui j’ai eu mon lot d’oiseaux bien au delà de mes espérances car la photo animalière en général et ornithologique en particulier si elle requiert persévérance et patience, elle nécessite surtout d’avoir beaucoup de chance. Or aujourd’hui, de la chance, j’en ai eu beaucoup avec bien sûr les vautours fauves, mais également des rougequeues noirs à la pelle, une grive draine, un tarier pâtre, un coucou-geai, une sittelle-torchepot et un joli chardonneret. Après un épilogue assez sportif fait de petites montées et de descentes successives, j’avoue que l’arrivée au prieuré a été un vrai soulagement. Il l’a été d’autant mieux que le lieu est calme, reposant et incite à la méditation. Les tables et bancs d’une aire de pique-nique absolument déserte sont arrivés à point nommé pour prendre une collation, finissant ainsi les restes de mon casse-croûte que j’ai toujours tendance à emporter en trop grande quantité. Ce défaut étant la conséquence de multiples égarements plus ou moins gravissimes que j’ai connu dans le passé.  Il est 16h40. Arrêts inclus, je suis resté 6h30 sur les sentiers des Crêtes de Serrabonne parcourant ainsi 16 à 17 km, pour des montées cumulées de 1.120 mètres et un dénivelé de 486 mètres, le point culminant étant le Roc de l’Amoriador à 1.044 m d’altitude et le point le plus bas de cette balade étant à 558 m au fond du Correc del Vilar peu après le col d’Aspic. Une grande partie de cette balade étant peu ombragée, il est primordial d’emporter de l’eau en quantité suffisante, quant à l’équipement, les chaussures de randonnées à tiges hautes sont indispensables sur un terrain parfois caillouteux. Cartes IGN 2349 ET Massif du Canigou, 2449 OT Céret – Amélie-les-Bains- Palalda – Vallée du Tech et 2448 OT Thuir – Ille-sur-Têt Top 25.

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  • Après les dernières élections européennes et les résultats que l’on sait, bon nombre de français dont certains de mes ami(e)s , se sont dits froissé(e)s, choqué(e)s par la victoire du Front National. J’ai même lu des « j’ai honte d’être français » et là, je l’avoue, je trouve le raccourci un peu facile car c’est ignorer les raisons profondes de ce vote sanction. Car il ne faut pas se leurrer, c’est bien de ça qu’il s’agit, d’un vote sanction. Notre pays est clairement en faillite ; Fillon le disait déjà en 2008 ; et de nombreux français souffrent de la crise économique (enfin c'est comme ça qu'on nous la vend !) et ils ont voulu le faire savoir au Président Hollande. De nombreux français n’ont plus confiance dans les partis dits « classiques » pour trouver des solutions à leurs problèmes et ils ont voulu le faire savoir. De nombreux français ne voient pas le « bout du tunnel » et serrent la ceinture bien avant la fin du mois et ils ont voulu le faire savoir. De nombreux français sont de plus en plus ponctionnés de taxes et d’impôts sans que des solutions soient trouvées et ils ont voulu le faire savoir. De nombreux français vivent régulièrement dans l’insécurité, retrouvent systématiquement dans leurs rues ou leurs cages d'immeubles les voyous qui leur posent des problèmes et ils ont voulu le faire savoir. De nombreux français en ont assez de toutes ces affaires politico-juridico-financières du style Jérôme Cahuzac, Aquilino MorelleFaouzi Lamdaoui, Jean-François Copé et ils ont voulu le faire savoir. De nombreux français en ont assez de voir que le gouvernement est plus diligent à régler les problèmes de certaines communautés, du style mariage pour les homosexuels que leurs problèmes quotidiens et ils ont voulu le faire savoir. De nombreux français lisent qu’en ce temps dit « de crise »,  pour les plus riches ça va de mieux en mieux, ils ne comprennent pas ce paradoxe et ils ont voulu le faire savoir. De nombreux français souhaiteraient qu’en ces temps de crise, préférence leur soit donnée sachant très clairement que ce n’est pas toujours le cas et ils ont voulu le faire savoir….Alors bien sûr, dès que l’expression « préférence nationale » est mise en avant, on est clairement taxé d’être d’extrême droite, de xénophobie, d’antisémitisme, de stigmatiser l’étranger ou je ne sais quoi d’autre. Je suppose très aisément qu’un chômeur de longue durée un peu désespéré voire un smicard sans horizon ou un retraité encore obligé de travailler pour vivre seront plus enclin à voter F.N aujourd’hui qu’un Yannick Noah, qu’un Patrick Bruel ou qu’une Madonna, leur avenir en général et leurs fins de mois en particulier n’étant sans doute pas les mêmes ni de surcroît comparables. Peut-être que parmi ces « bons » français, bons électeurs de surcroît puisqu'ils ne s'abstiennent pas, certains ont-ils essayé de passer du bleu au rose et vice-versa,  en votant Giscard en 74, Mitterand en 81 et 88, Chirac en 95 et 2002, Sarkosy en 2007 puis Hollande en 2012 et finalement rien n’a vraiment évolué dans le bon sens ni changé pour eux. Finalement, ils ont pensé : voyons voir, si on essayait un peu le bleu marine !  Bien évidemment, mes écrits ne vont pas plaire à tout le monde mais la plupart de nos médias étant loin d’être sincères et l’information étant clairement manipulée pour que l’on nous fasse « prendre des vessies pour des lanternes »  à longueur d’années, je m’en fous « royalement ». Comme le dit si bien Anne Roumanoff, "on ne nous dit pas tout". A titre d’exemple, en cliquant dessus, prenez connaissance de cet article du journal algérien le Matin.dz intitulé « L’accord d’association Union Européenne - Algérie garantit à l’enfant l’accès aux prestations sociales en France », sous entendu à l’enfant algérien quel qu’il soit. Je précise que le journal algérien le Matin est un journal plutôt socialiste et que l’on ne peut pas le taxer de complaisance avec le pouvoir actuel, quelques journalistes ayant laissé leur peau dans leur combat pour une presse algérienne libre et son directeur ayant été emprisonné pour avoir écrit un livre pamphlet sur le président Bouteflika, « Bouteflika, une imposture algérienne ». Et bien pensez-vous sincèrement que cette information ait fait la Une de nos médias nationaux français, presse ou télévision ? Eh bien non, c’est le silence le plus total et seuls quelques blogs indépendants et les « Contribuables Associés » ont relayé cette information (voir photo ci-jointe à agrandir pour la lire)  et notamment dans un numéro spécial « les Enquêtes du contribuable » sorti en avril et mai 2014 et intitulé « L'assistanat ruine la France, décourage le travail et avilit les français » et en sous titre « voyage au pays des 1001 allocs » et« Immigration : l’appel d’air des aides sociales ». Je vous en conseille vivement la lecture avec un excellent article du trop rare François de Closets. Savez-vous, qu’un ancien vice-président de la CNAF (Caisse Nationale des Allocations Familiales), Olivier Collas pour ne pas le nommer, a clairement été viré de cette institution par Najat Vallaud-Belkacem pour délit d’opinion et pour avoir critiqué un peu trop vertement ce type de mesures très irrationnelles pour un pays qui comme le nôtre va si mal et qui subit des fraudes sociales et fiscales s’élevant à plusieurs milliards chaque année (voir l'encart sur la photo). Alors bien sûr, nombreux sont ceux qui en lisant mon article vont me taxer de vouloir stigmatiser l’étranger, ici en l’occurrence l’algérien venant vivre en France, mais essayons de faire preuve d’un peu de logique : si chaque mois vous éprouvez des difficultés à boucler votre budget, si chaque mois vous creusez votre découvert à la banque, vous vient-il à l’idée d’aller donner 100 ou 200 euros à votre voisin sans savoir s’il va mieux ou moins bien que vous ? La réponse est clairement NON ! Et pourtant c’est bien ce que la France fait chaque mois, depuis très longtemps, avec l’aide de l’Union Européenne qui l’y oblige, mettant par voie de conséquence, un grand nombre de français modestes ou même moyens dans la difficulté.

    Alors la solidarité c’est bien, c’est même parfait quant on peut pleinement l’assumer sans trop de contraintes mais en France, ce n’est plus la cas depuis très longtemps déjà….Pourtant, avec de telles mesures et depuis presque 40 années, nos hommes politiques de tous bords ont creusé un déficit abyssal (+ de 30.000 euros par habitants à ce jour) mais ils se refusent de voir la réalité en face et à engager de profondes réformes. On continue à accueillir toute la misère du monde.....et surtout on ne veut pas voir qu'on n'a jamais eu les moyens d'y subvenir....Où cela s'arrêtera-t-il ?

    C’est mon opinion et comme le chantait si bien Julien Clerc mais pour une de tout autre raison, « mais elle est, ma préférence à moi », je parle de la France bien sûr……


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  • Ce diaporama est agrémenté de 3 morceaux de jazz signé du compositeur et pinaiste américain Vince Guaraldi et extrait de la bande sonore du téléfilm "A Charlie Brown Christmas" en français "Joyeux Noël, Charlie Brown ! ". Ils ont pour titre et sont interprétés : "O Tannenbaum" et "Christmas Time Is Here" par Vince Guaraldi Trio et "Charlie Brown" par Ellis Marsalis Trio.
     
    LE-ROC-DE-LA-FRAUSA
    ROCDEFRANCEIGN
    Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.

    Quand j'ai voulu me lancer dans l'ascension du « Roc de France et du Roc Saint-Sauveur », j'avais des raisons très personnelles de le faire. En effet, après quelques petits problèmes de santé à répétition, je souhaitais savoir où j’en étais sur le plan physique et si certaines randonnées pédestres un peu difficiles étaient encore à ma portée ? A bientôt 65 ans printemps et ingurgitant chaque matin une grosse poignée de « cachetons » pour, selon mon toubib, combattre des ennuis essentiellement dus à la fatalité et à l’âge, j’avais envie de me tester. Bien sûr, si les récentes et longues randonnées sur le Chemin du Facteur à Caudiès, 19 kilomètres,  puis sur le Cami de la Retirada à Prats-de-Mollo, 20 kilomètres, m’avaient plutôt rassuré, il faut admettre qu’elles étaient plutôt faciles et en cette dernière circonstance, il fallait quand même reconnaître que le col d’Ares ce n’était pas l’Everest ! Bien évidemment, c’était un simple test que je voulais faire et pour moi, il était hors de question de considérer la prochaine sortie comme un défi. Un challenge oui, une bravade non ! J’ai donc cherché dans mes topo-guides qu’elle pouvait être cette prochaine randonnée sachant que je ne souhaitais pas affronter, ni les neiges du Capcir, ni celles de Cerdagne ni aucunes neiges d’ailleurs. Après maintes et maintes réflexions et hésitations, mon choix s’est finalement porté sur le Vallespir et sur deux rocs très proches l’un de l’autre et qui plus est, réalisables en une petite boucle lors du retour. Il y avait un petit côté « Jeanne d’Arc » dans  les noms très « cocardiers » de ces deux sommets, car le premier c’était le Roc de France (ou de Frausa) situé à 1.450 mètres d’altitude et le second le Roc de Saint Sauveur (ou de Sant Salvador) culminant lui à 1.235 mètres. Pas des « Everest » certes mais plus de 900 mètres de dénivelé depuis Montalba d’Amélie (543 m), pour des montées cumulées de plus de 2.000 mètres sur une distance d’environ 17 kilomètres. Selon les renseignements trouvés sur le Net, la montée vers le Roc de France s’effectuait essentiellement sur le célèbre G.R 10 quand au Roc de Saint Sauveur, un trail y était parfois organisé mais bien sûr, comme à mon habitude, j’avais plutôt l’intention de flâner que de courir. Courir en montagnes, ça n’a jamais été ma tasse de thé et si je l’avais fait à deux reprises, la première fois du côté du Pech de Fraysse et de la Tour des Géographes, c’était uniquement pour rejoindre ma voiture avant que la nuit ne tombe et la seconde fois pour échapper à un très violent orage d’eau et de gros grêlons qui nous avait surpris du côté du Pic de  la Vache, à plus de 2.700 mètres d’altitude bien au dessus des lacs de la  Carança. Cette dernière course s’était finalement terminée « trempés jusqu’aux os » au fin fond d’un orri où nous avions passé la nuit. Voilà pour les anecdotes des seuls « trails » forcés que j’avais connus, il y a de nombreuses années de cela. Aujourd’hui, je n’avais plus l’âge de courir et sincèrement, j’espérais ne plus avoir à le faire. En tous cas, les informations que j’avais recueillies sur le Net et les chiffres que m’annonçait mon logiciel CartoExploreur sur mon écran d’ordinateur me laissaient à penser que je n’aurais pas besoin d’y recourir. Voilà quel était le challenge que je me proposais de faire dès la prochaine journée de grand beau temps. Celle-ci arriva bien plus vite que je  ne l’avais imaginé et malgré la petite tendinite enregistrée sur le Cami de la Retirada dont quelques douleurs épisodiques se réveillaient parfois, je n’avais pas vraiment le désir de repousser « Ad vitam æternam » cet  agréable « test à l’effort ». Une fois encore, un grand et magnifique ciel bleu était de la partie mais il ne dura que le temps de la matinée, la crête frontière servant de barrière naturelle aux gros nuages noirs et gris qui eux avaient décidé de rester sur le versant espagnol. Mais peu importe, quand le premier nuage blanc fit son apparition du côté du Roc de France, il y avait déjà presque deux heures que j’avais démarré de Montalba d’Amélie cheminant le GR.10. Pour ne pas démarrer trop tard cette balade dont j’ignorais le temps qu’il me faudrait pour l’accomplir, j’étais parti très tôt de la maison, direction Amélie-les-Bains. Là, j’avais emprunté et roulé prudemment tout au long de la petite et sinueuse D.53 qui suit les superbes et profondes gorges de la rivière Montdony. J’avais même pris le temps de m’arrêter plusieurs fois pour profiter du spectacle car la route était magnifiquement garnie de mimosas en fleurs et les panoramas étaient grandioses. Tout au loin, les sommets que je m étais fixé d’atteindre apparaissaient au bout du vaste vallon. Je l’avoue, ces images me laissaient un peu perplexe quand aux difficultés qui m’attendaient mais la beauté des paysages vue d’ici m’incitait davantage à aller voir d’en haut si ça l’était aussi. Il était déjà 10h30 quand j’ai démarré cette balade et même si ces arrêts sur la route m’avaient coûté de nombreuses minutes, je ne le regrettais pas. Après une visite rapide de Montalba d’Amélie, et plutôt que d’allumer mon GPS, j’ai préféré suivre les recommandations d’un panonceau de randonnées indiquant les directions communes du Mouli Serradou, des cols Cerda et du Puits de la neige. Je savais que c’était le bon itinéraire et effectivement peu de temps après avoir pris le petit sentier démarrant à gauche de la fontaine du joli hameau, j’ai aperçu les premières marques blanches et rouges du G.R.10. J’avais la certitude que j’étais sur le bon sentier et il ne me restait plus qu’à marcher, en continuant à prêter attention à ne pas perdre ce balisage. C’est peu après les vestiges et les machines-outils remarquablement conservées du Moulin Serradou (833 mètres) ; El Moli Serrador sur la carte IGN ; que j’ai remarqué un premier nuage blanc peu menaçant puis les autres suivirent moins blancs mais toujours aussi peu inquiétants car plutôt clairsemés. Ici, le dénivelé se fit plus sérieux et il en fut ainsi jusqu’à l’approche de mon premier objectif, le Roc de France. Plus angoissantes avaient été les vues que j’avais eu du Roc de Saint Sauveur. D’abord gros dôme excessivement rocheux quand je le vis pour la première fois peu avant le moulin puis haute pyramide minérale et pentue telle avait été la vision que j’en avais eu peu après le col Cerda (1.058 m). Bien qua ma première réaction fut de me dire que j’aurais tout le temps d’y penser au moment du retour et dès lors que je serais à son pied, l’image de ce sommet pointu et essentiellement rocheux resta longtemps gravé dans ma tête. Je ne sais pas pourquoi mais ce sommet me rappelait quelques images du Mont Cervin ou bien celle que l’on voyait sur le fameux logo des films produits par la non moins célèbre société cinématographique Paramount. Ce roc était-il inaccessible pour le simple randonneur que j’étais ? Il semblait l’être en tous cas ? Tout en grimpant le G.R10 dans la très belle forêt de hêtres, direction le Roc de France, la question me turlupinait. Finalement et alors que je ne m’y attendais pas,  les premières plaques de neige arrivèrent et ces pensées disparurent car plus je montais plus la neige se transformait en glace et désormais toute mon attention était tournée vers mes pieds et sur quelle partie du sol, il fallait les poser. Plus le Roc de France approchait et plus l’itinéraire se faisait rocheux et recouvert d’épaisses couches de neige glacée. A chaque pas, la randonnée se transformait en une patinoire miniature où le but du jeu était de garder mon équilibre. Un groupe de randonneurs déjeunant au milieu même du sentier me rassura quand au fait que je n’étais pas le seul « ahuri » à venir marcher dans ce lieu ô combien hostile aujourd’hui. Après maintes et maintes difficultés, l’arrivée au sommet du Roc de France (1.450 m) fut la bienvenue d’autant qu’il était déjà 14h30 et qu’en tout et pour tout, je n’avais qu’une barre de céréales et quelques gorgées d’eau dans l’estomac. Tout en déjeunant, je pris mon temps pour regarder le spectacle, ou plutôt les spectacles, car assis au plus haut de la crête frontière, il suffisait que je tourne la tête pour que mon regard passe aussitôt de la Catalogne espagnole à la Catalogne française et vice-versa. Le ciel bleu n’était déjà plus au rendez-vous et c’était le seul regret que j’avais car les panoramas étaient en partie voilés par un vaste rideau d’une brume grisâtre. Tout au loin, côté espagnol, le petit lac de barrage de Darnius, d’habitude si bleu,  ressemblait à une simple flaque d’eau stagnante et côté français, question panoramas, ce n’était guère bien mieux. Il faut dire que les gros cumulonimbus n’étaient que très modérément plus hauts que moi et obstruaient en partie les paysages. Après le pique-nique, je pris la direction des pylônes des antennes TV car j’avais l’impression qu’il y avait moins de plaques de glaces mais une fois arrivé à la petite route bitumée qui accède à la station relais, j’ai fait demi-tour car en réalité si elles étaient moins nombreuses c’était seulement sur la partie la plus haute de la crête, là où les arêtes rocheuses sont pleinement ensoleillées. Sur le sentier, la neige et la glace étaient toujours aussi présentes qu’à l’aller. Une belle glissade, heureusement sur de l’herbe gelée et donc sans gravité, m’envoya bourlingué dans un petit genévrier. Quelques mètres plus loin, ce fut quelques fougères fanées qui amortirent une nouvelle chute plus hilarante que périlleuse. Néanmoins, il était indispensable que je redouble de prudence. La vigilance fut donc le leitmotiv du retour jusqu’à ce que les plus petits névés disparaissent complètement. De ce fait, le col Cerda arriva bien moins vite que je ne l’avais espéré  mais quand il fut là, j’étais déjà au pied du mur pour lequel j’avais pas mal gambergé. Ce mur, c’était le Roc de Saint Sauveur, 1.235 mètres seulement mais une impressionnante masse minérale assez vertigineuse vue d’ici. Un trépied sur lequel était cloué un panonceau bleu m’indiqua la direction. Sans trop réfléchir, je me suis mis à suivre de gros points bleus et là, le sentier se transforma bien vite en petites escalades successives et parfois peu évidentes. Si sur les plaques de neige, j’avais eu conscience du risque de me briser un membre, là des dangers bien plus évidents et fatals semblaient se faire jour. Etant seul, la sagesse aurait du me dicter de rebrousser chemin mais je continuais toujours plus haut, redoublant il est vrai d’une grande attention à chaque pas. La bravade dont je ne voulais pas au départ semblait être bien là. Je cheminais sur une arête rocheuse en suivant toujours le marquage bleu dont parfois, j’avais du mal à croire qu’il était le passage le plus aisé. Enfin, quand j’atteins ce qui ressemblait à un collet, une croix bleue barra l’itinéraire. Le sommet du roc était encore droit devant mais encore bien plus haut. Là, devant moi, se dressait un magma pierreux et granitique dont je voyais bien l’infranchissabilité. Je compris qu’il fallait que je descende dans un goulet qui me rappelait étrangement et toutes proportions gardées, la « cheminée du Canigou ». Dans la descente, le marquage du balisage passa du bleu au jaune et le parcours devint bien meilleur. Par la forêt, ce sentier contournait le roc mais continuait néanmoins à s’élever. Les dénivelés et montées successives commençaient à se faire sentir dans mes mollets. Surpris de ma présence, un groupe de chèvres détala mais sans trop s’éloigner. Les caprins aux belles et grandes cornes torsadées, des chèvres du Rove, plus étonnées qu’effrayées allèrent se juchaient avec une facilité déconcertante dans quelques rochers surplombant le sentier. Finalement et à force de monter, un replat herbeux se présenta. Je fis un point avec mon GPS pour constater que j’étais bien sur le tracé du retour que j’y avais enregistré. Sur la droite, un panonceau m’indiquant le Roc de Saint Sauveur, je pris cette direction et un étroit défilé dans les rochers m’entraîna très rapidement en bordure d’une corniche toute aussi réduite. De là, puis en grimpant de quelques mètres sur l’arête rocheuse qui se trouvait sur ma droite, j’embrassais, depuis ce promontoire naturel,  des panoramas à couper le souffle.  Une bonne partie du Vallespir s’entrouvrit devant moi et à mes pieds. Seule, la partie nord-est n’était pas visible car je n’étais pas totalement arrivé au sommet du roc, qui, semble-t-il, se trouvait encore légèrement au dessus. J’avais beau grimper de quelques mètres supplémentaires et chercher une issue pour l’atteindre, je ne voyais que des roches bien trop lisses et surtout bien trop abruptes pour tenter une ascension que je jugeais, cette fois-ci, bien trop hasardeuse sans matériel d’escalade. Le moment était venu d’être raisonnable, mon challenge et mes deux objectifs le Roc de France et le Roc de Saint Sauveur avaient été atteints et il était préférable que je redescende. Le retour vers Montalba d’Amélie s’effectua sans aucun souci et seuls quelques passereaux jouant les « Caruso », une croix pattée plantée dans un rocher et quelques fenêtres m’offrant de nouveaux panoramas m’arrêtèrent dans cette longue descente presque essentiellement en sous-bois. Les vues aériennes étaient superbes et le petit hameau de Can Félix que j’avais eu l’occasion d’apercevoir ce matin apparaissait désormais dans sa totalité. Derrière moi, le Roc de Saint Sauveur m’apparut tel un énorme pachyderme couché faisant le gros dos. J’avais lu sur le Net, et selon l’historien Jean Tosti, que ce sentier que je cheminais fut pendant très longtemps emprunté par des pèlerins vénérant la Vierge et qu’on l’appelait le Cami dels Evangilis, ce qui explique sans doute la croix pattée rencontrée. A moins que cette croix soit en relation avec la tour et le château de Montdony, aujourd’hui amplement ruinés et envahis par les hêtres, les chênes et les châtaigniers. Quand la chapelle et les quelques maisons de Montalba d’Amélie se révélèrent au bout du sentier, le soleil avait déjà décliné derrière le Pilon de Belmatx. Il était 19h30 et j’étais resté 9 heures sur les chemins du Vallespir. Mon « test à l’effort » se terminait de manière plutôt satisfaisante, or mis des jambes un peu lourdes, je n’étais pas trop fatigué et signe très encourageant, ma tendinite au genou m’avait laissé tranquille. Je pouvais envisagé bien d’autres balades. Ami(e)s lecteurs et lectrices, je ne terminerais pas ce récit sans vous recommander quelques conseils s’ils vous prenaient l’envie de refaire ce parcours tel que je l’ai accompli ici : tout d’abord ne le faites pas seul comme j’ai pu le faire, ce ne serait pas prudent ! Si vous n’aimez pas l’escalade ou êtes sujet au vertige, abstenez-vous de grimper au Roc de Saint Sauveur. Ensuite et comme toujours, étudiez bien la météo et si vous le pouvez, essayez de vous tuyauter pour savoir si la crête frontière est encore enneigée ou pas et enfin, ne partez surtout pas sans la panoplie parfaite du randonneur et sur ce terrain en particulier avec de solides chaussures de randonnées à tiges hautes. Bonnes balades. Carte IGN 2449 OT Céret – Amélie-les-Bains - Palalda – Vallée du Tech Top 25. 

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    Cette vidéo est agrémentée de 6 chansons sur le thème de la "liberté" et qui ont pour titres et interprètes : "Les Chemins de la Liberté" d'Yves Duteil, "Liberté" de Charles Aznavour, "Chansons en liberté" de Charles Trenet"Liberté" de Gilbert Montagné"Ma Liberté" de Georges Moustaki par Serge Reggiani"La Liberta" d'Haendel du film "Farinelli" chantée par Ewa Mallas-Godlewska et Derek Lee Ragin.

    Il y a des chemins de randonnées dont on aimerait bien changer le nom parce qu’ils ne correspondent pas vraiment aux découvertes que l’on fait sur le terrain. Dans ce blog, j’ai déjà eu l’occasion d’en mentionner certains. D’autres parce qu’ils sont trop généralistes, du type « A travers le vignoble » que l’on trouve dans notre beau Roussillon mais aussi un peu partout ailleurs. Puis, il y en a d’autres comme ce « Cami de la Retirada » que je vous présente aujourd’hui dont on est un peu confus de l’emprunter pour son seul plaisir quand on connaît sa lourde histoire. Alors bien sûr, on est le « cul entre deux chaises », car d’un côté, il y a ce chemin qui s’appelle ainsi, qui est chargé d’Histoire et de tristes histoires et on peut toujours se dire que le cheminer c’est une façon de rendre hommage à tous ceux qui y ont souffert en l’empruntant par obligation puis de l’autre, on se dit que l’on aimerait bien lui donner un autre intitulé surtout quand on sait que « la Retirada » c’est « la retraite » dans ses définitions les plus cruelles c'est-à-dire « l’exil », « l’exode », « l’expatriation » voire « la fuite » ou la « débâcle », mots qui ne correspondent plus à rien quand on l’arpente de nos jours comme « passe-temps » ou par pure passion de la randonnée pédestre comme c’est mon cas  . Voilà dans quel état d’esprit je suis au moment d’écrire cet article et j’étais sensiblement dans la même émotion au moment de démarrer cette belle randonnée. Car, autant le dire, même si le dénivelé, depuis Prats-de-Mollo (724 m) jusqu’au Col d’Ares (1.513m), est avec ses 789 mètres plutôt sérieux, je n’aurais pas l’indélicatesse de parler de souffrance. Non je n’ai pas souffert sur ce chemin et or mis une petite tendinite du genou droit qui m’a obligeait à changer mon itinéraire de retour initialement prévu, je n’ai eu que du bonheur car cette balade sur le « Cami de la Retirada » est superbe, surtout par un grand beau temps comme j’ai eu la chance d’avoir. C’était le 6 mars dernier, il est 10 heures tapantes quand je traverse le pont sur le Tech et laisse ma voiture à la sortie de Prats-de-Mollo près du centre d’accueil du village de vacances. Le départ est là au bord de la D.115 et pour les nuls en histoire, un grand panneau rappelle, photo à l’appui,  très brièvement le récit de ce « cami ». Voici ce que l’on peut lire : « En 1939, à la fin de la guerre d’Espagne, sont arrivés par ce chemin des milliers d’hommes et de femmes fuyant la répression franquiste. Les Pratéens les accueilleront avec dévouement ». Tout en haut, au col d’Ares sur un panneau similaire, on lira mais beaucoup plus tard« Ce chemin a été emprunté en 1939 à la fin de la guerre d’Espagne par des milliers d’hommes et de femmes fuyant la répression franquiste et laissant derrière eux leur terre et tout leur passé ». Enfin et toujours au col d’Ares sur la stèle en hommage à ces hommes et femmes, on pourra lire« Aux Républicains Espagnols, civils et militaires, qui franchirent le col d’Ares en janvier - février 1939. La Retirada, épilogue d’un drame humain sans précédent dans l’Histoire ». Voilà bien sûr, un « dérisoire » résumé de ce drame humain mais si l’Histoire de la Retirada vous intéresse, sachez que la bibliographie sur ce thème est très importante. Parmi tous les livres, s’ils n’étaient pas quasiment introuvables, je citerais ceux de l’écrivain local Jean-Claude Pruja : « Premiers camps de l’exil espagnol - Prats-de-Mollo 1939 » ou encore « Retirada, janvier – février 1939 – Prats-de-Mollo témoigne » que j’ai réussi à trouver et à acheter non sans mal sur Internet. Après la lecture de ce premier panneau, j’emprunte sur quelques mètres la D.115 puis un petit chemin qui file à gauche vers El Sandreu et passe devant un très beau calvaire. Jalonné de nombreux panonceaux de randonnées, si aujourd’hui seul le « Cami de la Retirada » retient vraiment mon attention, je ne peux m’empêcher de regarder avec un petit pincement au cœur celui indiquant le P.R.12 qui file vers Notre-Dame du Coral. Dans ma tête, les souvenirs de mon Tour du Vallespir d’août 2009 resurgissent. Lors de l’étape Saint-Guillem - Prats-de-Mollo, j’avais galéré comme jamais dans la forêt du Miracle, en raison du nombre incalculable d’arbres couchés par la tempête Klaus. J’avais gardé des séquelles de cette divagation inattendue, une plaie à un genou et d’horribles brûlures d’orties sur tous les membres dues à une chute. Dès le lendemain, au départ de Prats-de-Mollo, ces blessures m’avaient contraint à faire une entorse à mon Tour du Vallespir lors de l’étape menant à Notre-Dame de Coral. Ce jour-là, éreinté par une mauvaise nuit et meurtri, j’avais préféré ce « petit » P.R.12 bien plus court et donc bien plus facile plutôt que le vrai itinéraire du Tour du Vallespir montant par la tour de Mir et le col d’Ares. En empruntant aujourd’hui ce même démarrage, pour revenir ensuite par le Tour du Vallespir depuis le Col d’Ares, j’avais le sentiment de réparer un peu cette entorse de 2009. Heureusement, une fois le pont sur la rivière Canidell franchit, les deux chemins se sont séparés et les souvenirs de mon Tour du Vallespir sont partis momentanément dans les agréables oubliettes de ma mémoire. Le sentier s’est mis à grimper dans les bois en suivant le minuscule ruisseau de la Coume de Joan puis quelques ludiques panonceaux décrivant la faune du secteur ont occupés quelques instants mon esprit et ont mis un terme définitif à mes vieilles pensées. Peu de temps après, le sentier s’est hissé au milieu du parc aventure « Mont oz’arbres » où d’autres pancartes d’un sentier botanique ont retenu mon attention. Les panonceaux « Cami de la Retirada » étant fort nombreux, j’ai cru bon d’éteindre mon GPS car j’avais acquis la certitude que ce parcours serait parfaitement balisé d’un bout à l’autre. Après avoir retrouvé et traversé le D.115, je suis entré définitivement en forêt pour n’en ressortir qu’une heure et demie plus tard. Il faut dire qu’une fois encore, j’ai flâné plus que de raison car avec mon numérique, je tentais très souvent de surprendre les nombreux petits passereaux qui chantaient à tue-tête et qui avaient abondamment investi autant les feuillus que les résineux de cette magnifique forêt domaniale du Haut-Vallespir. Le sentier suivait le Ravin de Flameijes mais malgré la dense forêt, des fenêtres s’entrouvraient très régulièrement laissant percevoir de très belles vues vers les domaines pittoresques et verdoyants de Cal Touro et de Costerèbe mais aussi vers les crêtes alentours où la « dominante » tour de Mir jouait les « surgés » des panoramas. Sur les plus hauts mamelons, quelques plaques de neige faisaient de la résistance face à ce chaud soleil de mars et tout en montant, le plus souvent à l’ombre, j’étais confronté moi aussi à ces minuscules névés. Minuscules mais bien glacés et qui m’obligeaient à redoubler de vigilance sur ce sentier pas toujours stabilisé car étroit et constamment en balcon au dessus de ravines. Entre les Chalades (*) de Flameijes (**) et le Pla de l’Espinasse, les décors s’élargirent et dans un ciel bleu d’une pureté absolue, les vues enneigées du Massif du Canigou et des Esquerdes de Rotja s’entrouvrirent de manière éclatante. L’itinéraire déboucha une fois encore sur la D.115 mais à ce lieu-dit de l’ « Homme Mort », les panonceaux toujours présents m’indiquèrent de ne pas la traverser mais de la suivre de manière parallèle. Peu après, je perdis toute trace du balisage jaune que j’avais suivi jusqu’à présent et il me sembla préférable de rallumer mon GPS pour en examiner le tracé enregistré. Ce dernier m’indiquait de m’éloigner de la route, de partir sur la droite et effectivement les marques jaunes étaient bien là sur de petits poteaux plantés dans le sol. Sans doute confrontés au même problème que moi, des randonneurs avaient cru bon d’ériger en sus et dans les prés quelques minuscules cairns. Tout en montant, j’avais l’impression que le Vallespir s’ouvrait tout entier à mon regard et en prêtant plus particulièrement attention à certains paysages, je retrouvais assez facilement d’autres lieux où j’avais pris plaisir à randonner : Notre-Dame de Coral, les tours de Cabrens,  le Mont Negre et encore plus loin le Pilon de Belmatx. Sur la gauche du sentier, l’étonnante chapelle romane de Sainte-Marguerite me sortit de ces réflexions. Bien que ruinée, j’avais lu qu’elle datait du 13eme siècle, la première mention écrite datant de 1264 exactement et de ce fait, elle était inscrite aux Monuments Historiques depuis 2009 car le site avec son hospice constituait un des rares témoignages des hospices de montagne médiévaux de la région. Au Moyen-âge, la chapelle et l’hospice dédié à Sainte-Marie venaient en aide à tous les voyageurs franchissant le col d’Ares et plus précisément aux pèlerins se rendant à Saint-Jacques de Compostelle. Après cette belle découverte qui mériterait sans aucun doute une légitime restauration, j’ai quitté la chapelle pour rejoindre le dernier panonceau « Cami de la Retirada » aperçu. Ici, le sentier s’est encore élevé quelques instants puis a filé bien plat au milieu des pelouses, toujours parallèle à la D.115 dont j’apercevais quelques sinuosités en contrebas. Au moment où l’itinéraire coupa le bitume, j’ai estimé que l’heure du pique-nique était arrivée. Alors, je me suis assis dans l’herbe légèrement en contrebas de la route et j’avais à mes pieds un profond ravin, celui du Col d’Ares et devant moi un panorama exceptionnel sur une grande partie du Vallespir bordant toute la crête frontière. De manière très anarchique, les petites collines, les puigs plus importants et les profondes ravines se succédaient jusqu’à un horizon bleuté dont je ne voyais aucune limite. Un couple de rapaces, sans doute des vautours fauves,  se mit à tournoyer quelques instants au dessus de ma tête et disparut dans les conifères couronnant le Mont Falgas. Si le col d’Ares était désormais tout proche, le large chemin qui y menait était suffisamment enneigé voire bourbeux par endroits pour que la marche se transforme en une petite épreuve sportive non prévue au programme. Avec par endroits, une épaisseur de poudreuse de 40 à 60 centimètres amassée en congères, des raquettes auraient été les bienvenues mais les miennes étaient restées à dormir bien sagement au fond de mon grenier. Cette petite mésaventure passée, le col d’Ares et sa stèle en hommage aux Républicains espagnols arrivèrent heureusement très vite et désormais sur l’asphalte, j’avais tout le loisir de visiter et d’apprécier les lieux. Avec le bleu profond du ciel, le blanc des montagnes enneigées et un patchwork de bruns et de verts, ce spectacle coloré était somptueux. Des panoramas époustouflants se dévoilaient à la ronde vers le Vallespir, le Val de Camprodon, le Pic de Costabonne et le Massif du Canigou. Seul inconvénient à ces déboires neigeux que je venais de connaître, une vieille tendinite au genou droit s’était réveillée alors j’hésitais quant à la manière dont j’allais retourner à Prats-de-Mollo et ma voiture. Trois itinéraires principaux étaient possibles : soit refaire le Cami de la Retirada en sens inverse et donc dans le bon sens pris par les Républicains espagnols en 1939, soit prendre l’itinéraire du Tour du Vallespir, direction les Basses de Fabert puis la tour de Mir comme je l’avais prévu initialement et dont le panonceau m’annonçait une distance de 12 km restant à parcourir ou enfin, emprunter le longue piste forestière des Carbonères (***). Enfin la dernière et la plus sage aurait été que je fasse du stop mais ça il en était hors de question. Primo parce que j’estimais que la douleur n’était pas suffisamment violente, secundo, car j’avais encore envie de marcher et tertio car il n’était pas question que je batte en retraite, un comble sur ce « Cami de la Retirada » ! Je me suis donc installé à une table de pique-nique, j’ai déplié ma carte IGN afin d’analyser les différentes possibilités, leurs distances et leurs configurations. Bien qu’il était l’itinéraire le plus court, refaire le « Cami de la Retirada » en sens inverse ne me « bottait » pas trop, car en général je n’aime pas trop les aller-retour en randonnée pédestre. Prendre l’itinéraire du Tour du Vallespir comme initialement prévu avait ma préférence car je réparais définitivement mon « entorse » de 2009 mais seul inconvénient, j’appréhendais la descente très abrupte et caillouteuse après la tour de Mir que je connaissais parfaitement. Pour réparer une « entorse » morale, je risquais, sans genouillère, de m’en faire une vraie d’entorse, bien physique celle-là ! Alors au regard de la petite douleur lancinante que j’avais au genou droit, j’ai pris la décision la plus raisonnable et j’ai finalement opté pour la Route forestière des Carbonères démarrant tout près de la Chapelle Sainte-Marguerite. Depuis le Col d’Ares, j’ai donc repris le chemin en sens inverse jusqu’à proximité de la chapelle. Là, j’ai démarré une longue et fastidieuse descente dont le seul aspect positif était la « planitude » de la piste dont j’espérais qu’elle préserverait suffisamment mon genou jusqu’à Prats. Comme toujours, j’ai comblé ce laborieux retour en photographiant tout et n’importe quoi et notamment des oiseaux. Les pinsons, de très loin les plus nombreux, semblaient avoir pris possession de tous les arbres de la forêt. Leurs chants puissants aux notes variées emplissaient la forêt. Parfois quand ce concert s’arrêtait soudainement, j’en étais presque surpris mais ce silence retrouvé ne durait jamais bien longtemps. Après deux heures quinze de pistes DFCI, j’ai finalement atteint le radier sur la rivière Canidell puis peu de temps plus tard, j’ai abouti à la Maison Forestière de Can Got. Là, une pause casse-croûte a été la bienvenue car je n’étais ni au bout de mes peines ni encore arrivé. En effet, il me fallut encore trois quart d’heures de plus pour rejoindre Prats-de-Mollo d’abord par le P.R, sentier N°7 de la tour de Mir puis pour finir, par la D.115. Malgré, cette nouvelle « entorse » à l’itinéraire initialement prévu, j’étais plutôt satisfait car mon genou avait tenu la distance. Prats-de-Mollo, cité de mes « entorses » morales et physiques à répétition mais où je ne bats jamais en « retirada », telle était une fois encore le dénouement de mes péripéties dans cette partie du Vallespir. En conclusion, cette balade sur le « Cami de la Retirada » se terminait bien et j’étais resté 8 heures sur les chemins du côté du col d’Ares et au dessus de Prats-de-Mollo. Telle qu’effectuée, cette randonnée a été longue d’une vingtaine de kilomètres environ. Pour un aller-retour sur le Cami de la Retirada, il faut compter une quinzaine de kilomètres seulement quand à un retour par le Tour du Vallespir et la tour de Mir, c’est 21 à 22 kilomètres qu’il vous faudra parcourir. Carte IGN 2349 ET Massif du Canigou Top 25. (*) Chalade : dans les Pyrénées-Orientales, le mot « chalade » vient du catalan « eixalada » signifiant « pente abrupte » mais dans d’autres régions (Lorraine, Ardennes, Vosges) il signifie clairement « chemin en lacets dans une pente » (note extraite de « Les noms des lieux en France – Glossaire des termes dialectaux » d’André Pégorier. (**) Flameijes : le mot « flameije » signifie « flammèche », cette parcelle de flamme qui se détache d’une matière en combustion. (***) Les Carbonères : Bien entendu le mot « flameije » a un rapport certain avec les Carbonères c'est-à-dire ces « charbonnières » où les charbonniers d’antan amoncelaient du bois vert sous forme de meules pour fabriquer du charbon de bois. Aux temps jadis, le charbon de bois était le principal moyen de chauffage car ses propriétés « chauffantes » étaient bien supérieures à celle du bois. Son usage s’amplifia avec la révolution industrielle et les guerres. Ainsi, il servait dans les gazogènes, pour les fers à repasser, dans les chaufferettes, aux métallurgistes, aux chaudronniers, aux boulangers, aux forgerons miniers et autres, aux ferblantiers, aux maréchaux-ferrants mais également aux pharmaciens qui l’utilisaient pour ses propriétés filtrantes et chimiques. C’est au début des années 1950 que l’utilisation du charbon de bois comme combustible commença à décliner remplacé par des moyens plus performants et plus propres comme le gaz ou l’électricité.

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  • Ce diaporama est agrémenté de 3 chansons de Renaud extraites de son album "Tournée d'Enfer". Elles ont pour titre : "Morgane de toi", "Marchand de Cailloux" et "Pochtron !".

    C’est au cours d'une randonnée au Château des Maures et déjà, au départ de Caudiès-de-Fenouillèdes que j’ai découvert des panonceaux indiquant un « Chemin du Facteur ». En septembre 2011, j’ai de nouveau aperçu ces panonceaux lors de mon Tour des Fenouillèdes et même si je me doutais qu’il s’agissait sans doute de refaire la tournée d’un vieux facteur, j’en ignorais le détail et je me demandais en quoi consistait ce chemin. Je me suis donc mis en quête de renseignements sur Internet car si le panonceau que j’avais aperçu au départ de Caudiès spécifiait la présence de cette randonnée sur le topo-guide du Haut-Fenouillèdes, je ne disposais pas de cet ouvrage. En définitive, j’ai trouvé le circuit en question. Un circuit VTT certes mais un circuit parfaitement réalisable à pied car je pouvais le réduire et le ramener aux 14 kilomètres indiqués sur le panonceau. Il ne me restait plus qu’à programmer ce « Chemin du Facteur » et à croiser les doigts pour que la journée en question soit magnifiquement ensoleillée. Le 24 février, le jour tant espéré arriva et finalement la météo allait bien au delà de mes espérances. Un soleil estival et un ciel pur et bleu m’accompagnèrent jusqu’à Caudiès et ils étaient encore là sur la Promenade des Basses au moment où je m’apprêtais à démarrer cette belle randonnée. J’étais très heureux à la fois de savoir que j’allais sans doute balader avec cette superbe météo toute la journée mais aussi de savoir que cette marche consistait à mettre mes pas dans ceux d’un facteur rural vieux de presque deux siècles. Un facteur rural pour lequel j’avais acquis beaucoup de respect suite à  la lecture de diverses sources d’informations où leurs conditions de travail déplorables étaient mises en exergue. Après des recherches un peu plus approfondies sur le Web, c’est bien en cela que consistait ce chemin, refaire une tournée d’antan telle qu’elle s’était faite en 1830 quand le service rural avait été mis en place pour la première fois. Cette loi instaurant un service postal rural mise en oeuvre par le Baron Joseph de Villeneuve-Bargemont, nouveau Directeur Général des Postes fut, au même titre que l’instauration du timbre-poste en 1849, une véritable révolution. Jusqu’ici  la distribution à domicile du courrier n’était que le privilège des citadins et ce nouveau service consistait en une desserte obligatoire tous les deux jours pour tous les villages de campagne y compris les hameaux les plus reculés. A  l’époque, 5.000 facteurs furent recrutés sur toute la France et la plupart étaient d’anciens militaires que la marche ne devait pas effrayer. Ce chiffre alla crescendo d’année en année jusqu’à atteindre 23.000 en 1910. Deux ans plus tard, en 1832, la tournée des campagnes devint quotidienne. Selon les statistiques de 1877, la tournée moyenne qu’un facteur rural devait accomplir était de 27 kilomètres, chiffre déjà très conséquent,  pourtant le record était paraît-il égal au double de cette distance avec une tournée de plus de 53 kilomètres effectuée par le facteur de Vicq-Exemplet dans l’Indre. A l’époque, l’Administration des Postes estimait qu’une tournée qui ne dépassait pas les 32 kilomètres ne pouvait pas être considérée comme trop longue. Si les facteurs étaient rémunérés en fonction de la distance réalisée, 4 centimes du kilomètre en 1830 puis 5 en 1845,  les salaires restaient très faibles et étaient surtout améliorés grâce à quelques « carottes salariales » pour services rendus en sus. Les facteurs ruraux que l’on utilisait de manière soutenue puisqu’ils marchaient 7 jours sur 7 étaient  peu estimés à la fois par leur Administration mais également par les usagers qui les considéraient très souvent comme des domestiques à leur service. A titre d’exemple, en 1835 et en gagnant 456 francs annuels, un cantonnier était mieux loti qu’un facteur rural car sur la base d’une tournée moyenne de 25 kilomètres et selon la rémunération à la distance mentionnée ci-dessus, un facteur rural gagnait seulement 365 francs annuels en 1830  et 450 francs en 1845. Il est vrai qu’à cette somme venaient s’ajouter des indemnités pour « frais de chaussures » dont on a aucune peine à imaginer la régulière et obligatoire nécessité. Ce n’est qu’en 1893 que les facteurs ruraux furent finalement autorisés à prendre un jour de congé par mois. Mettaient-ils à profit cette journée de congés pour aller randonner ? Laissez-moi en douter ! Comme quoi les temps ont bien changé depuis. Voilà pour l’Histoire de ce « Chemin du Facteur » dans lequel j’étais prêt à me lancer et qui depuis Caudiès-de-Fenouillèdes allait m’entraîner tour à tour vers de minuscules hameaux oubliés ayant pour noms Pescarou, Campeau, les Bergeries de la Couillade et de Malabrac puis le hameau éponyme lui-même. Si les ruines de ces derniers étaient encore visibles deci delà, ils devaient sans doute y avoir d’autres dessertes dans des lieux encore plus lointains voire encore plus isolés mais aujourd’hui complètement disparus car enfouis sous la végétation. La Promenade des Basses puis la Départementale 20 m’ont entraîné très rapidement en dehors du village. Après le pont sur la Boulzane, l’itinéraire toujours sur le bitume s’est mis à longer un instant la rivière dont le lit est aujourd’hui peu profond mais qui dans des temps plus reculés, était paraît-il navigable. Il y avait même un port à Caudiès comme l’atteste une « impasse du Port ». Si au départ l’itinéraire est commun au Sentier Cathare balisé ici en jaune et bleu, il faut ensuite le quitter, aussi malgré des routes et des chemins partant un peu dans tous les sens, les panonceaux « Chemin du Facteur » et le balisage jaune bien présents sont toujours les bienvenus et rendent judicieusement impossible tout égarement. Il en est ainsi jusqu’au pied de la Soula de la Roque où un unique et étroit sentier plutôt caillouteux met fin à la piste forestière qui elle-même a pris très rapidement le relais de l’asphalte de la D.20 allant vers Prugnanes. Le panonceau « Chemin du Facteur » suivant, je ne l’ai vu que quelques kilomètres plus loin en arrivant à Campeau puis, je n’en ai plus vu jusqu’à Malabrac et ça, on peut le regretter car si personnellement je connais très bien ce secteur autour de Bugarach, j’imagine aisément que tous les randonneurs venant ici ne sont pas dans mon cas. Au pied de la Soula de la Roque, le sentier s’est mis à grimper en suivant puis en dominant en balcon le minuscule Ravin de Missaut. De ce fait,  il laisse entrevoir de superbes vues sur Caudiès et la sombre et dense forêt de Boucheville, ubac de la vallée de la Boulzane qui s’étire dans une verdoyante mosaïque. Tout en montant, j’arrivais  aisément à reconnaître quelques sommets antérieurement cheminés comme le Sarrat Naout, les Pechs de Fraissinet et des Escarabatets ou bien encore le Pic d’Estable et tous me rappelaient d’excellents souvenirs de balades familiales ou solitaires. Puis le sentier s’est rapproché du ravin et les panoramas ont aussitôt disparus dès lors que le parcours est entré dans d’obscurs sous-bois de chênes verts et de buis. Ici en raison de la difficulté du sentier qui était devenu étroit, rocailleux et sombre, j’essayais de me mettre à la place des courageux vététistes qui l’arpentaient sans doute en sens inverse, c'est-à-dire dans le sens de la descente et finalement, j’étais plutôt content de monter. Toutefois, ne voyant plus du tout le soleil ni la moindre parcelle de firmament, j’avais l’impression de marcher non plus dans la forêt domaniale du Moyen-Agly mais au sein d’une véritable jungle amazonienne sombre et inquiétante. Ce ténébreux sous-bois s'étalait un peu trop en longueur à mon goût. Finalement, ce n’est qu’une heure plus tard qu’une première fenêtre s’est entrouverte sur  un coin de ciel bleu puis les arbres s’éclaircirent et je reconnus les collines ondulées et les grandes prairies verdoyantes augurant le hameau de Campeau. Au loin et à la lisière d’un bois, j’ai aperçu un chevreuil aussi surpris que moi mais qui n’accepta qu’une seule photo et qui détala ensuite à la deuxième. Puis en arrivant devant la petite mare de Campeau, ce fut autour d’un limicole d’être immortalisée dans mon numérique. L’oiseau ne demanda pas son reste et s’envola bruyamment. A mon retour à la maison, je fus très étonné de constater qu’il s’agissait sans doute d’un Chevalier culblanc (Tringa ochropus)  sans doute un peu perdu dans sa quête migratoire. J’étais parti dans l’idée de m’arrêter assez longuement dans le hameau ruiné mais un gentil cheval devenant un peu trop pressant à mon goût, semblait en avoir décidé autrement. Il n’arrêtait pas de me suivre alors je lui fis quelques caresses sur le front mais quand il vit que je l’abandonnais, il me poussa dans le dos et finalement, je fus si surpris que j’ai été contraint de « prendre mes jambes à mon cou » pour repartir bien plus vite que je ne l’avais envisagé vers la Bergerie de la Couillade. Heureusement, les arbres et les ruines de Campeau m’avaient très efficacement servi de bouclier. Après cet épisode plutôt cocasse où j’avais ri « jaune » sur la fin, je me suis mis à penser à ce pauvre facteur rural qui, lui, devait être confronter quotidiennement à ce type de désagréments avec les chevaux bien sûr mais surtout avec les chiens de troupeaux car à cette époque de très nombreuses bergeries très actives jalonnaient sa tournée. Finalement, en arrivant à la Bergerie de la Couillade, bien qu’il soit midi passé, je pris la décision de poursuivre jusqu’à ce que le Canigou magnifiquement enneigé soit la toile de fond de mon déjeuner sur l’herbe. Un déjeuner sur l’herbe certes sans muse dénudée car solitaire, mais dont la lumière extraordinaire des paysages n’aurait sans doute pas déplu à un Edouard Manet fin connaisseur en la matière. Après cet agréable pique-nique, j’ai eu un mal fou à lever le camp mais comme je savais que la flânerie serait de mise, je me suis mis en route sans trop gamberger. Contrairement au facteur, moi  je n’avais aucune missive à délivrer à personne, tout le temps pour retrouver Caudiès et ma seule tournée était celle que j’étais entrain d’accomplir autour de l’emblématique Pech de Bugarach qui apparaissait sans cesse au dessus de petites collines débonnaires. L’expérience du cheval de Campeau étant encore toute fraîche dans ma mémoire et l’itinéraire m’entraînant vers un grand groupe de chevaux que je vis de très loin du côté des ruines de la Bergerie de Malabrac, je pris la sage décision de quitter le sentier pour marcher derrière une haie bien à l’abri du regard des équidés. Ce choix eut pour effet d’arrêter net ceux qui avaient déjà pris la décision de venir vers moi. Peu de temps après, le sentier tourna le dos au Bugarach et se mit à descendre sur une large piste parfaitement balisée car commune au Tour des Fenouillèdes et au G.R.36. Juste avant Malabrac, je pris la décision de rester sur ce balisage et donc de quitter la large piste au profit d’un étroit sentier puis, finalement, je me suis ravisé et juste avant d’amorcer l’abrupte descente de la Soula de la Roque que j’avais déjà prise dans ce sens lors de la balade au Château des Maures, je fis demi-tour et partit vers le vieil hameau abandonné. Après tout, le hameau de Malabrac constituait une étape essentielle pour le facteur de Caudiès et je ne me sentais pas le droit de l’oublier dans ma propre balade. Une fois au village, et de fil en aiguille, je pris la décision de poursuivre sur la piste qui filait en dessous du plateau de la Gorbelhe. Je savais que la randonnée ferait quelques kilomètres supplémentaires et non plus 14 kilomètres comme prévue initialement mais ce n’était pas bien grave. Il faisait un temps splendide et j’avais encore beaucoup de temps pour arriver. Si ce tronçon en forêt puis en balcon sur le Ravin dels Adoutx offrant de très belles vues sur Caudiès fut plutôt agréable, les 4 kilomètres du retour sur l’asphalte de la D.9 jusqu’à l’arrivée furent tout de même relativement fastidieux. Comme très souvent, je mis à profit ce languissant épilogue pour photographier tout et n’importe quoi mais aussi quelques oiseaux, histoire de voir si je pouvais garnir mon album ornithologique d’un nouveau volatile. Lors du dernier kilomètre avant l’arrivée à Caudiès, je fis la connaissance d’un vieux papy qui revenait da sa vigne et avec lequel la conversation s’engagea. Enfin c’était surtout lui qui parlait et moi je ne faisais que l’écouter. Il me paraissait très alerte pour les 90 printemps qu’il venait de m’annoncer mais au fil de la teneur de notre entretien, son ardeur s’estompa. Il faut dire que sur les quelques décamètres qu’il nous fallut faire pour atteindre sa maison, il me raconta toute son existence parfois de manière répétitive et assez désordonnée : son enfance et sa jeunesse à Saint-Laurent-de-Cerdans, la rencontre avec son épouse qui était espagnole, son mariage dans les années 40, sa vie professionnelle dans une fabrique de vigatanes, sa retraite à Caudiès, ses enfants qui ne venaient pas suffisamment le voir. Mais dans ce flot de récits, un seul revenait comme une litanie et semblait lui tenir le plus à cœur c’était de me parler de son épouse bien-aimée qui atteinte de la terrible maladie d’Alzheimer avait récemment fini sa vie ballottée entre des services spécialisés, l’hôpital de Quillan pour finalement décédée à celui de Perpignan. Tout en parlant, il sanglotait et n’arrêtait pas de répéter « ils me l’ont laissé mourir de faim à l’hôpital de Perpignan ! » puis inlassablement « elle me manque beaucoup, vous savez ! ». A coup sûr, la récente solitude pesait comme un énorme fardeau sur les épaules de ce brave homme et il paraissait dans une grande détresse. Quand finalement, nous arrivâmes devant le seuil de sa porte, à mon tour j’avais les larmes aux yeux. Il me serra la main puis il mit la sienne sur mon épaule et me dit « merci, allez ça va aller ! » puis il tourna les talons et rentra chez lui. Avec, ce « allez ça va aller », parlait-il de lui ou de moi ? Je ne le saurais jamais. Ce matin, j’étais parti sur ce « Chemin du Facteur » le sourire aux lèvres et voilà que je terminais cette balade la larme à l’œil et bouleversé par l’histoire pathétique de ce nonagénaire caudiésois. Jean qui rit, Jean qui pleure, ainsi va la vie ! Telle qu’expliquée ici, cette randonnée a été longue de 19 kilomètres environ pour un dénivelé de 517 mètres et des montées cumulées égales à 1.122 mètres. Vous pourrez bien sûr réduire tous ces chiffres en empruntant le vrai « Chemin du Facteur » qui revient par le Soula de la Roque plutôt que par la longue D.9 que j’ai empruntée pour finir. Cette balade figure sur le topo-guide Chamina Edition intitulé Corbières Fenouillèdes- Vallée de l’Agly –Pyrénées-Orientales- 36 circuits de petite randonnée. Cartes IGN 2347 OT Quillan-Alet-les-Bains et 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.

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  • A trois reprises déjà, j’ai évoqué l’Institut pour la Justice dans Mon Journal Mensuel :

     

    -La première fois, c’était en novembre 2011 pour soutenir Joël Censier ce père de famille dont le fils sans histoire avait été lâchement assassiné par une bande de voyous. La justice avait cru bon remettre en liberté le principal suspect à cause d’un simple vice de forme dans la procédure. Il faut savoir que trouver un vice de forme dans une procédure pour obtenir la nullité d’un acte est le jeu principal des avocats de la défense pour que leurs clients évitent la détention à titre provisoire. Or la justice française fonctionne si mal et/ou si tardivement que trouver un vice de procédure est devenu d’une simplicité presque enfantine. Tapez « vice de forme dans la justice » dans Google et vous verrez qu’il y a pléthore de cas très médiatiques et ça vous laisse imaginer les milliers de cas parfois très menaçants qui ne le sont pas. Ainsi, des milliers de suspects dangereux que la police a réussi, non parfois sans risques, à interpeller puis à appréhender se retrouvent avec la liberté la plus absolue.

     

    -La deuxième fois, c’était en février 2012 pour évoquer la remise en liberté excessivement anticipée de la principale protagoniste Emma alias Yalda de l'infâme affaire dite du « Gang des Barbares », Cette affaire dont je rappelle qu’elle s’était terminée après torture par l’ignoble assassinat du jeune Ilan Halimi dans des conditions qui font froid dans le dos. Là aussi, la justice a été bien trop laxiste et les policiers qui avaient démantelés ce réseau ont été sans doute très dégoûtés de cet inconcevable dénouement de celle que l’on avait appelé « l’appât ».

     

    -Enfin,  la troisième fois c’était en septembre 2013 pour vous faire part de la lecture d’un excellent bouquin « Quand la justice crée l’insécurité » écrit par Xavier Bébin, juriste, criminologue et secrétaire général de l’Institut pour la Justice qui dénonce le fonctionnement de notre justice actuelle et l’insécurité qu’elle crée. Un livre à lire absolument même si on imagine être loin des problèmes d’insécurité.

     

    Aujourd’hui, je vais faire court et je veux de nouveau soutenir l’action de l’Institut pour la Justice car il est impératif que la réforme pénale que Christiane TAUBIRA envisage de faire voter très prochainement au Parlement ne passe pas. Au travers du site de l’Institut pour la Justice, vous avez d’abord l’opportunité de vous informer puis d’interpeller votre député. Alors n’hésitez pas une seule seconde, informez-vous et écrivez à votre député pour que cette exécrable réforme ne passe pas. Au moment même où la criminalité est en forte hausse, votre sécurité et celle de tous les français dépend de votre action. 

     

    POUR REFUSER LA REFORME PENALE DE MME TAUBIRA CLIQUEZ SUR CETTE LIGNE.


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  • Ce diaporama est enjolivé avec des musiques de Joyce Cooling extraites de son album "Playing It Cool". Elles ont pour titre : "Imagine that" et "Savannah".

    La personne qui vient à Caramany faire cette randonnée « Autour du Grand Rocher » sans connaître l’étymologie de la cité risque de se demander de quel « grand rocher » il s’agit. En effet, si le village est perché à l’humble altitude de 250 mètres entre deux pitons rocheux tout aussi modestes que sont le Mont Redon (394 m) et la Bade (313 m), l’intitulé de cette balade peut donc laisser songeur le randonneur mal informé. C’est en tous cas, la réflexion que j’ai eu quand, il y a quelques années, je suis venu faire cette belle randonnée pédestre pour la première fois. A l’époque, j’ignorais que Caramany tirait son origine de l’élément « kar » signifiant « pierre » et du latin « magnus » signifiant « grand » et que par extension, cette « grande pierre » était appliquée à tout rocher fortifié et par ricochet à un grand château fort. D’ailleurs, on retrouve « ker » dans d’autres langues comme la celte ou la bretonne où ce seul préfixe signifie « colline fortifiée », « forteresse », « château », « citadelle », etc…etc…. Ici, au fil du temps, les « kar magnus » ou « ker magna » ont fini par donner Karamay en 1211, Karamanho en 1242, Caramain en 1261, Caramayn en 1304 et Caramany en 1395. Sur les cartes Cassini, on trouve Caramaing et en occitan, le village devient Caramanh mais c’est la graphie catalane « Caramany » qui est restée la plus usitée. (Source : Wikipédia)  Une fois toutes ces précisions bien arrêtées, on n’est guère plus avancé car en réalité, on ne va n’y faire le tour d’un grand rocher et encore bien moins celui de l’ancien château médiéval, ça serait bien trop facile. Alors que viens-t-on faire au juste ici ? Et bien, il faut admettre que si le village mérite bien le détour et j’en conseille d’ailleurs la visite sans nécessité d’en faire le tour, le principal attrait de cette balade reste le lac de barrage sur l’Agly. Un barrage dont la construction puis la mise en eau s’est faite avec des soubresauts au sens figuré et au sens propre. Au sens figuré quand les archéologues mirent à jour une vingtaine de sites historiques s’étalant du Néolithique au Moyen Âge dans la zone inondable mais au sens propre aussi quand un séisme de 5,3 sur l’échelle de Richter eut lieu le 18 février 1996 au moment même où le remplissage arrivait presque à son terme. Tout ça sans parler du vignoble dont une grande partie a du être sacrifiée voir replantée dans des zones moins humides. Avec la présence du lac, c’est donc une balade plutôt rafraîchissante que l’on va accomplir, dans un cadre qui ne l’est pas toujours et notamment aux heures les plus chaudes de l’été. Pour moi, grâce à mon appareil photo muni d’un bel objectif, ce lac signifie  de voir des oiseaux et à ce titre, je dois dire que je n’ai pas été déçu tant la chance a été avec moi ce jour-là. Le départ s’effectue devant la cave coopérative vinicole où un panneau indiquant la balade est bien présent au même titre que quelques autres comme le « Balcon de la Pêche », le « Balcon du Lac » ou celui des Fenouillèdes. Si ce panneau indique très clairement de partir vers le village, nous, nous sommes partis à l’opposé en direction du lac. Ne voyez aucun malice à cela car si l’on a fait ce choix, c’est simplement que la fois précédente où nous avions réalisé cette randonnée, nous l’avions faite dans le sens préconisé. Alors bien sûr, comme il s’agit d’une boucle, il n’y a pas réellement un « bon sens » pour faire cette balade et que ce soit dans une direction ou dans l’autre, l’essentiel sera de trouver son chemin puis de revenir à la cave et à son véhicule. Pour nous le GPS était dans la poche pour nous y aider. Si vous n’avais pas ce petit appareil bien pratique, il vous faudra suivre le balisage jaune propre à ce P.R. ainsi que les panonceaux signalétiques indiquant « le Grand Rocher ». De toute manière et dans les deux cas, le début et la fin se terminent par de l’asphalte toujours un peu désagréable à cheminer et même un peu fastidieux, il faut bien l’avouer. L’avantage du sens contraire à celui préconisé, c’est que l’on garde la visite de Caramany pour la fin et même comme un agréable dessert si l’on décide de finir la balade à l’excellente Auberge du Grand Rocher, à condition bien sûr qu’elle soit ouverte. Il faut donc se renseigner au préalable. Mais pour l’instant, nous n’en sommes pas là et nous, à une stèle en mémoire au premier coup de pioche de la construction du barrage, on a quitté d’emblée l’itinéraire pour rejoindre le bord du lac où quelques oiseaux m’attendaient sagement pour quelques jolies photos. Bien sûr, rien ne vous obligera à faire de même et il suffira que vous restiez sur la petite route car à la fin du bitume, il suffit  de suivre la piste DFCI N°F67 qui file à gauche et tout droit et qui, peu à peu, s’élève au dessus du lac. Il va en être ainsi sur un peu moins de 2 kilomètres, toujours de manière rectiligne et sur la piste qui est parallèle à la berge méridionale du lac. Avant un virage en épingle où se trouve un point d’eau DFCI et quelques panonceaux indicatifs, on aura rencontré un grand panneau décrivant les différents vestiges archéologiques désormais immergés mais découverts avant la mise en eau du barrage. Au virage, les vues sur le lac se font plus grandioses et je prends plaisir et tout mon temps à photographier quelques oiseaux qui ont élus domicile sur le miroir bleuté ou sur ses berges. Tout en montant car le dénivelé devient plus conséquent, se dévoilent de magnifiques paysages : Vers le bout du lac en direction d’Ansignan et de son aqueduc romain émerge la très reconnaissable Serre de Vergés déjà gravie, encore plus loin le Pech du Bugarach laisse entrevoir son originale bosse pachydermique légèrement blanchie par quelques flocons de neiges tombés ces derniers jours. Toujours à l’horizon mais dans la direction opposée, c’est le Pic Aubeil également gravi au cours d’une jolie boucle autour de Bélesta que l’on aperçoit.  Devant, c’est le débonnaire Roc de Lansac qui étale quelques boqueteaux de chênes verts, la garrigue de ses « camps » oubliés et quelques vignobles descendant jusqu’aux rives du lac. Dans ce superbe décor, quelques ocres parcelles se reflètent sur la surface qu’elles assombrissent de leurs grandes silhouettes.  Ces grandes formes sombres contrastent avec le bleu outremer qui prédomine ici dans ce panorama aérien absolument exceptionnel. Sur les berges opposées, couleur ivoire, quelques oiseaux arpentent les paisibles plagettes. La large piste continue de monter en virages, elle se stabilise puis monte encore et au fil de cette modeste ascension, la végétation change. Les chênes verts laissent la place à quelques pins, cèdres et autres chênes blancs. On poursuit le balisage jaune mais on se fie aussi à la signalétique « Grand Rocher » qu’il faut bien sûr emprunter en sens inverse à celui fléché.  L’heure du pique-nique ayant sonné, on s’installe au pied d’un haut mirador non sans en avoir gravi au préalable les quelques marches afin de profiter des extraordinaires et époustouflantes vues embrassant l’aval du lac et le village de Caramany. Peu après cette pause, la vue sur le lac s’évanouit et au bord du chemin, les décors changent. Au milieu des petits vignobles aux sables ocreux, les cabanes, casots et « feixes » en pierres sèches se succèdent. Sur la droite, le long Serrat du Roc Rouge étire sa haute croupe boisée et bosselée. Le chemin descend parfois dans de minuscules ravines pour mieux les remonter quelques enjambées plus loin. A partir d’ici et en raison du grand nombre de chemins et de pistes partant en tous sens, il faut prêter bien plus attention au balisage ou bien marcher avec la carte IGN à la main ou mieux encore avec un GPS au tracé préenregistré. Ravin de Camarère, Llèbretous, Péménard, voilà les noms des quelques lieux-dits que l’on trouve sur la carte et que l’on va côtoyer à l’approche de Caramany. La fin, plutôt sinueuse, devient plus laborieuse car le village est parfois droit devant dans la ligne de mire puis on s’en éloigne pour mieux y revenir semble-t-il, mais non, on s’en éloigne à nouveau puis on y revient comme à presque le toucher avant de s’en écarter de nouveau et d’en faire un grand tour en laissant sur la droite les vestiges d’un vieux moulin à vent sur les contreforts du Mont Redon. Ici l’intitulé de la balade « Autour du Grand Rocher » prend tout son sens car le village était tout près puis l’éloignement devient de plus en plus significatif et la nouvelle approche par son côté sud-est et sur l’asphalte est tel qu’on aurait presque pu l’appeler « autour du pot » tant on ne voit pas la ligne d’arrivée survenir. Après maints et maints « atermoiements », on atteint finalement la D.21 et les premières maisons. Le village est là à quelques pas et désormais on retrouve le plaisir de la marche et de la découverte en arpentant quelques agréables ruelles. Si le village peut être vite traversé, il faut néanmoins en visiter l’essentiel de son patrimoine architectural avant d’en ressortir en poursuivant encore la D.21 pour rejoindre la cave vinicole et son parking où l’on a laissé la voiture. Selon le tracé enregistré dans mon GPS, la distance accomplie a été longue de 14km900 pour un très modeste dénivelé de 208 mètres mais des montées cumulées de 1.198 mètres, le point culminant étant à 385 mètres d’altitude. Carte IGN 2448 OT Thuir – Ille-sur-Têt Top 25.


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