• Le modèle social français, c'est quoi au juste ?

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    Dessin de René Le Honzec chipé dans le journal en ligne Contrepoints.
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    A chaque discours ou presque, à chaque conférence de presse, j’entends notre président Hollande nous dire qu’il ne touchera pas au « modèle social ». Il y a quelques jours notre ex-président Sarkosy, toujours dans une posture contradictoire quand il s’agit de François Hollande, prend le contre-pied et déclare : « il faut refonder notre modèle social ».

     

     

    Alors bien sûr, si comme de nombreux français, j’ai ma petite idée de ce que peut être le « modèle social français », j’ai voulu approfondir le sujet et savoir au juste ce qui se cache derrière ces trois mots accolés l’un à l’autre. En effet et pour être honnête, je n’en connaissais ni la vraie définition et encore moins le contenu exact et l’Histoire. Pour moi, et comme l’indique la plupart des dictionnaires, un « modèle » c’est ce qui sert de « référence », c’est une « source d’inspiration » et cela, au regard des qualités que la « chose » en question détient. Pas sûr qu’avec nos hommes politiques, les Français parlent de la même chose quand ils parlent de « modèle ».  Social qui plus est ? Pas sûr que le « modèle social français » vu par nos politiques soit encore une référence, tout autant qu’il en fut vraiment un au cours de son histoire si agitée ? Pas sur que le « modèle social français » soit si social que ça ? A toutes ces questions, rien n’est moins sûr. En tous cas, une chose est sûre, c’est qu’une fois encore, j’ai bien compris que Messieurs Hollande ou Sarkosy prennent les Français pour des imbéciles même s’il est évident que les effets de la crise, de la mondialisation et du « tout libéral » sont d’excellents prétextes pour vouloir changer « le modèle social » soit sous forme de « mesurettes » et sans avoir l’air d’y toucher comme pour le premier ou en très grande profondeur comme le veut le second.

     

    En effet, historiquement, le « modèle social français » repose sur des principes adoptés lors de la reconstruction de la France après la Seconde Guerre mondiale dont les idées essentielles, réformatrices et généreuses provenaient du Conseil National de la Résistance. En réalité, ces principes avaient pour fondement le système de protection sociale mis en place par le chancelier allemand Bismark contre les risques maladie (1883), accidents de travail (1884), vieillesse et invalidité (1889). Ces principes avaient pour objectif une plus grande justice sociale et notamment de palier aux aléas socio-économiques de la vie des Français et notamment à assurer à tous les citoyens, des moyens d’existence dans tous les cas où ils seraient incapables de se les procurer au travers du travail. En 1945 et dans  les années qui ont suivi, ces principes se sont mués en réformes mises en place sous la forme d’un pilier principal  : création de la Sécurité Sociale assurant la gratuité des soins et le droit à la retraite pour tous, financée par des cotisations sur les salaires à la charge des employeurs et des salariés. A l’époque, selon leurs concepteurs, ces mesures se veulent immuables dans le temps et de ce fait, les gouvernants et hommes politiques donnent la priorité à la politique du plein-emploi car l’assurance chômage n’existe pas encore et ne sera mise en place qu’en 1958 sous la présidence du général de Gaulle. Depuis on connaît la suite, le modèle social a enflé, certains diront qu’il s’est enrichi, de bien d’autres réformes (statut des fonctionnaires, nationalisations, création des comités d’entreprises, SMIG, assistance aux personnes handicapées, RMI, RSA, etc…) et le modèle social de 1945 a été tellement changé, remodelé, réformé pour ne pas dire bafoué qu’il n’existe plus vraiment dans sa conception originale. Les inégalités sociales se sont creusées et les écarts entre les personnes les plus pauvres et les plus riches aussi. Les régimes spéciaux de retraite de nombreuses corporations accentuent ce sentiment d’inégalités. Aujourd’hui, force est d’admettre qu’il y a pléthore d’allocations et d’aides en tous genres et que l’Etat est plutôt dans l’assistanat de nombreuses personnes que dans l’offre d’un moyen d’existence aux seuls sans-emploi. 

     

    Alors bien sûr, si l’on analyse « brutalement » les faits, la Sécurité Sociale existe toujours et elle est (en partie) toujours financée par des cotisations patronales et salariales. Le droit à la retraite est toujours là mais il est très inégal et en outre, il a beaucoup évolué au fil du temps. Premier gros bémol, le principe de la gratuité des soins et de vouloir assurer des moyens d’existence à tous les citoyens français n’existent plus vraiment même à ceux ayant pourtant travaillé très longtemps en France (*). Ces deux principes fondamentaux chers à nos vieux résistants, force est de reconnaître que seuls les étrangers (et même ceux en situation irrégulière) peuvent en bénéficier vraiment au travers de l’A.M.E (**) (Aide Médicale d’Etat) et à un degré moindre au travers de l’A.S.P.A (***) (Allocation de Solidarité aux Personnes Âgées). Sinon, pour le reste de la population française, il vaut mieux avoir beaucoup travaillé et cotisé,  avoir une très bonne mutuelle, ne pas être malade, ne pas avoir de dents cariées (les fameux sans-dents de notre cher président !), ne pas perdre la vue ou l’audition ou avoir la chance de vivre avec un conjoint ayant déjà une retraite correcte (*). Quand à l’impôt sur le revenu, moins de la moitié seulement des Français y contribue.

     

    Deuxième gros bémol, le plein emploi n’est plus d’actualité depuis longtemps et si on doit croire nos « chers » gouvernants, ça serait là où  le bât blesse. Ils disent vouloir tout mettre en œuvre pour remettre le plein-emploi sur les rails. Mais en réalité que font-ils à la place ? A coup de milliards d’aides et des subventions, ils viennent en aide à de grands employeurs déjà riches à millions et parfois à milliards. Pour quels résultats sur l’emploi ? Aucun mais dans le même temps, ces patrons-là et leurs actionnaires se remplissent de plus en plus les poches sur le dos des salariés, qu’ils voudraient voir travailler selon leur guise et pouvoir licencier quand bon leur semble. En 1939-45, c’était les parachutes de nos valeureux et désintéressés résistants qui tombaient sur notre « pôvre » France occupée par les Allemands mais désormais ce sont les parachutes dorés  qui n’arrêtent plus de choir et les Allemands exsangues après la guerre nous ont largement dépassés en matière socio-économique ! Ah décidément les temps changent et l’esprit des hommes aussi ! N’est-ce pas Monsieur Combes (Alcatel) ? N’est-ce pas Monsieur Lévy (Vivendi) ? N’est-ce pas Monsieur Lafont (Lafarge) ? N’est-ce pas Monsieur Forgeard (EADS) ? N’est-ce pas Monsieur Zacharias (Vinci) ?

     

    Alors Monsieur Hollande, arrêtez de nous bassiner avec votre « modèle social » que vous ne voulez pas changer. Il y a belle lurette que d’autres l’ont tout chamboulé à votre place et sans vous attendre ! De plus, il change tous les jours et à chaque fois que vous ouvrez grand les portes à toute la misère humaine pour laquelle vous n’avez aucune solution décente et en tous cas aucune qui ne se fait pas au détriment des Français les plus « lambdas ». Occupez-vous à mettre en œuvre, la principale action pour laquelle plus de la moitié des Français vous ont élu : « lutter contre la puissance financière et réduire les inégalités ! ».

     

    Arrêtez Monsieur Sarkosy, de vouloir le refonder, vous l’avez déjà suffisamment changé et pour quels résultats ? Continuez à faire vos conférences qatariennes, vous avez plus y gagner ! Car au fond, c’est bien ça que vous souhaitiez ? Travailler plus pour gagner plus non ? Aujourd’hui, les Français sont de moins en moins nombreux à travailler et leur pouvoir d’achat diminue et c’est ça que vous auriez du essayer de changer !

     

    Allez, pour être honnête, je ne suis pas un « modèle » moi non plus, mais au fond rien ni personne n’est parfait !

     

    Alors comment le « modèle social français » pourrait-il l’être ?

     

     

    (*) Avec mon épouse, nous avons eu 2 enfants. Elle a travaillé pendant 40 ans, en partie à temps partiel et a eu la malchance de cotiser sur une assiette forfaitaire Urssaf  au lieu du salaire brut ou plafonné (convention collective nationale du Sport). Il faut préciser que cette assiette forfaitaire qui existe toujours et qui est bien inférieure au salaire brut correspond surtout à une réduction des charges pour l’employeur. Dans le même temps, elle a eu aussi la malchance d’avoir une polyarthrite chronique dès l’âge de 37 ans. Résultats de cette application de l’assiette forfaitaire : aucun droit à des indemnités journalières de maladie ou de chômage pendant sa période salariale et 240,00 euros de retraite par mois aujourd’hui, vieillesse de la Sécurité Sociale et retraite complémentaire tout inclus. C’est ça, le « fameux » moyen d’existence auquel avaient pensé nos gentils réformateurs de 1945 ? Il est vrai qu’elle a la chance de m’avoir, que j’ai une retraite correcte et de ce fait, on ne peut pas tout avoir dans la vie !

     

    (**) L'aide médicale de l'État (A.M.E) est un dispositif permettant aux étrangers en situation irrégulière, au regard de la réglementation française sur le séjour en France, de bénéficier d'un accès aux soins. Elle est attribuée sous conditions de résidence stable et de ressources.  L'A.M.E donne droit à la prise en charge à 100% des soins médicaux et hospitaliers, dans la limite des tarifs de la sécurité sociale. Les bénéficiaires n’ont pas à avancer les frais. Les personnes à charge (conjoint ou personne en couple, enfants de moins de 16 ans, ou jusqu'à 20 ans s'ils poursuivent leurs études) peuvent aussi bénéficier de l'A.M.E. Pour les mineurs, les frais médicaux restent pris en charge à 100 % dans tous les cas.

    (***) L'allocation de solidarité aux personnes âgées (A.S.P.A) est une allocation qui permet d'assurer un niveau minimum de ressources si ces dernières sont faibles. Elle remplace le minimum vieillesse depuis 2006. Son montant dépend des ressources et de la situation familiale (seul ou en couple). Pour prétendre à cette aide, il faut remplir des critères stricts : être âgé de plus de 65 ans, avoir une ressource annuelle inférieure à 9 503,89 € pour une personne seule ou 14 755,32 € pour un couple. Cette aide est allouée même si l’on n’a jamais cotisé à la retraite car l’A.S.P.A est un dispositif non contributif. De ce fait, les étrangers peuvent y avoir droit si le demandeur réside de façon régulière sur le territoire français. Pour cela, il doit, soit justifier depuis au moins 10 ans d’un titre de séjour ou être considéré comme apatride ou avoir combattu pour la France, ou seulement être ressortissant d’un État membre de l’Union Européenne ou de la Suisse. Si toutes ces conditions sont réunies alors la personne peut prétendre à l’A.S.P.A dont le montant peut s’élever à 800 € par mois et 1.229,61 € pour un couple. Le site du Service de l’allocation de solidarité aux personnes âgées ( S.A.S.P.A ) précisent qu’en 2013, il y avait 70.162 bénéficiaires de l’A.S.P.A dont 24.259 étrangers (soit 35,96% des bénéficiaires dont 3,39% venaient de l’U.E et 32,57% hors de l’Union Européenne). En 2012, il y avait 564.000 allocataires du minimum vieillesse dont 25.167 étrangers ( 2.287 membres d’un pays européen et 22.880 hors Union Européenne), cela correspond à un peu moins de 5% des bénéficiaires du minimum vieillesse. Depuis 2012, le nombre d’étrangers qui bénéficient du minimum vieillesse est en baisse de 0,75%.

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  • Commentaires

    1
    Do et Frédo
    Samedi 3 Octobre 2015 à 18:28
    Et oui, le modèle social et tout ce qui va avec a du plomb dans l'aile. Mais au fond nous sommes nombreux à savoir que c'est voulu par nos dirigeants successifs qui rêvent d'avoir à leur pieds une France exsangue qu'ils pressurisent, abêtissent, assistent pour mieux les anesthésier. Comment peut-on déplorer un taux de chômage en hausse et détruire l'emploi en continuant de verser des indemnités mirobolantes aux saboteurs qui préfèrent s'implanter loin, très loin pour saigner des populations pour qui un salaire de misère est le Pérou ! Menteurs, arnaqueurs, nos politiques sont lamentables, leur égo est surdimensionné ! Une raison de se réjouir ? J'en vois une toutefois, la crise des migrants a montré sans ambiguïté que la France est tellement en perte de vitesse que même les plus démunis ne veulent y venir ? Il faut dire que si le bouche à oreille fonctionne, cela doit se savoir que nous ne sommes même pas capable de résoudre les problèmes de tous les laisser pour compte chez nous ! Travailler et ne pouvoir se loger, avoir travailler plus que le nombre d'annuités requises pour vivre avec moins de 500€ à la retraite, ça fait tâche ! bon enfin, nous pensons pareil, c'est toujours cela, nous ne sommes pas seuls ! Pour finir, rien à voir avec ce sujet mais avec la rando du même numéro, j'envie Dany qui randonne sans sac à dos ! Quel homme galant vous faîtes ! Bravo
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