• Les Gorges du Sègre depuis Llo

    Toujours en hommage à Ennio Morricone, ce diaporama est agrémenté de plusieurs musiques extraites de la compilation "Love Stories". Elles ont pour titre : "Presentimento secondo", "Un Amico", "Tema di Ada", "Canone inverso primo", "Il Figlio E La Nostalgia" et "Notte Di Nozze".

    Les Gorges du Sègre depuis Llo

    Les Gorges du Sègre depuis Llo

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    En ce 13 juillet, nous avions décidé de partir en Cerdagne, et plus particulièrement dans le village de Llo que nous ne connaissions pas. Si le village est bien connu pour ses bains aux eaux chaudes sulfureuses, et bien que nous ne les avions pas totalement exclues, là n’était pas notre objectif premier. Non, nous visions plutôt « Les Gorges du Sègre », petite randonnée en boucle que j’avais découvert sur le topo-guide « Les Sentiers d’Emilie en Cerdagne et Capcir ». Si je dis « petite randonnée », c’est parce que le bouquin en indiquait les humbles caractéristiques de la manière suivante : « vous marcherez 2 h en tout ». Aucune distance n’était mentionnée mais on se disait que même en flânant beaucoup ; comme c’est souvent notre habitude ; nous y consacrerions qu’une petite partie de l’après-midi et ce, même en terminant par une visite du village à laquelle nous tenions beaucoup. Dans ce joli mais modeste dessein que nous envisagions, seules des prévisions météo mitigées nous laissaient perplexes quant aux nombres de  découvertes que nous pourrions réalisées. 9h, nous  quittons Urbanya, direction la Cerdagne. Il est 11 heures quand nous rangeons notre voiture sur le long parking à l’entrée du village. Comme prévu, le ciel est très mitigé. Si sous nos têtes le ciel est encore bien bleu, vers le nord, une impressionnante chape nuageuse coiffe l’horizon. Petit problème, on voit clairement que cette chape vient doucement vers Llo, c’est-à-dire vers nous. Que faire ? Il est encore tôt pour pique-niquer et avec un ciel risquant de devenir menaçant, peut-être est-il déjà trop tard pour se lancer dans « les Gorges du Sègre » ? Finalement, juste à côté du parking, un couple qui s’affaire autour d’un bassin,  d’un petit canal et d‘un potager nous intrigue puis nous distrait tellement que nous allons passer presque une heure à les observer. Mais que font-ils autour de ce bassin ? Sont-ils des aquaculteurs ? Élèvent-ils des truites comme le lieu pourrait nous le laisser supposer ? Non, le petit canal alimente le bassin et le potager et dans le bassin, il s’agit d’inattendus poissons rouges ! Le terrain leur appartient et le couple parait enjoué par ce bassin qu’ils ont creusé à la sueur de leur front. Ayant eu des bassins avec des poissons rouges et des carpes koï une grande partie de ma vie, je comprends leur engouement. Quand au potager, je connais le plaisir qu'il y a à voir pousser ses propres légumes, à les cueillir puis à s'en régaler. La conversation s’est installée et nous décidons de pique-niquer sur un petit muret qui jouxte le joli potager. L’endroit me convient d’autant mieux que quelques oiseaux sont de passages et s’arrêtent sur les arbres du parking. Je m’empresse de les photographier. Finalement, si les nuages entourent le village, le ciel n’est pas vraiment menaçant. Nous décidons de démarrer la balade prévue.  Il est presque midi. Malgré le coronavirus qui sévit encore, les touristes sont nombreux. Par bonheur, ils s’éparpillent vers des centres d’intérêts bien divers : bains, village, randonnées, simples promenades, pique-niques et peut-être même une via ferrata dont j’ignore si elle fonctionne. Notre itinéraire file vers les thermes aux bains chauds que le chemin laisse sur la droite. De ce chemin, on va seulement regretter qu’il soit trop longuement asphalté, mais pour tout le reste, rien à redire, c’est superbe. Dany oublie l’asphalte en marchant d’un bon pas. Moi, je l’oublie grâce à tout ce qu’il y a à photographier. Flore surtout mais aussi un peu de faune sous les traits de quelques papillons et de rares oiseaux. Bien trop fougueux, le Sègre (*) ne laisse que peu d’opportunités d’y déceler un animal. Pourtant, je réussis à y photographier un pic épeiche dans la végétation de son lit puis un autre passereau que je n’arrive pas à identifier sur l’instant. Il s’agit d’un accenteur mouchet mais la photo n'est pas géniale. Pas vraiment des animaux aquatiques mais dès le départ, j’ai photographié une jolie libellule dans un petit ruisseau affluent du Sègre. Ça sera la seule. Les papillons, eux, sont constamment bien présents. Comme toujours et parce que nos manières de marcher sont bien différentes, Dany est la plus frustrée, car elle est obligée de s’arrêter et de m’attendre. Elle « roumègue » un peu car elle préfère un rythme plus soutenu, mais pas trop car elle sait qu’aujourd’hui rien ne presse. Les gorges que le Sègre a creusées sont incroyablement hautes et impressionnantes et quand on les regarde au plus haut vers le ciel, elles forment comme un corridor céleste où des vautours fauves planent sans relâche. Avec leur envergure impressionnante et le façon de planer sans effort, ils semblent être les anges gardiens de ce couloir aérien. Sur la gauche, de hautes falaises aux roches acérées sont visibles alors que sur la droite on ne distingue qu’une épaisse forêt. Pourtant, un petit coup d’œil sur mon bout de carte IGN me permet d’y lire que le lieu-dit sur la gauche a pour nom « Roques Blanques », c'est-à-dire « Roches Blanches ». Cette dénomination, nous la comprendrons quand nous serons plus haut en altitude et en voyant ces roches blanches (enfin plutôt grises sous ce ciel gris !) et puis surtout en s’intéressant à la géologie de Llo dont Wikipédia nous dit qu’elle est « particulièrement riche » avec notamment du « calcaire, roche assez exceptionnelle en Cerdagne française ». Il faut savoir que ce secteur est surtout schisteuxDans cette géologie inhabituelle de Cerdagne, les émergences d’eaux souterraines sont nombreuses et celles qui jaillissent de la Fontaine de la Cayelle ont été remarquées depuis très longtemps. Cette fontaine est mentionnée à juste titre dans bons nombres d’ouvrages du 19eme siècle. Au titre d’un seul exemple ; mais il y en a bien d’autres ; voilà ce que l’on dit d’elle dans un livre de 1836 « Merveilles et beautés de la Nature en France » de Georges Bernard Depping : «  la Fontaine de Cayelle, qui s’accroît tous les jours une demi-heure et diminue ensuite, jaillit sur la montagne de Llo en Cerdagne. Cette crue journalière est toujours précédée d’un bruit souterrain plus distinct en été qu’en hiver ». Quand la fontaine se présente ; enfin je pense qu’il s’agit bien de celle-là ;  son écoulement est modeste et sans aucun bruit particulier. Apparemment, nous ne sommes pas dans la bonne demi-heure et il ne nous paraît pas opportun de l’attendre. Nous continuons. La pluie se met à tomber à l’instant même où sur la gauche, les parois rocheuses disparaissent pour laisser la place à de vertes prairies. Une bâtisse apparaît en son centre. C’est le bien nommé « Mas Patures » sur mon bout de carte mais « Paturas » sur les panonceaux et sur mon topo-guide. Par bonheur, la pluie ne dure pas mais un superbe arc-en-ciel vient chamarrer les décors.  Peu de temps après, une intersection puis une passerelle enjambant le torrent se présentent. Il faut ignorer cette dernière et lui préférer l’intersection en épingle à cheveux filant à gauche. Des panonceaux indicatifs rassurent les randonneurs. L’itinéraire longeant le Sègre se termine ici et celui des « Gorges du Sègre » file vers le Mas Paturas. Sur le topo-guide « Les Sentiers d’Emilie en Cerdagne et Capcir », il est indiqué « que la superbe bâtisse…..sera prétexte à une halte gourmande où vous pourrez déguster produits de la ferme et fromages de chèvre »,  alors bien évidemment nous sommes très surpris de n’apercevoir aucun panneau vantant ces produits du terroir. Non, il n’y a absolument rien ! Pas de pancartes d’accueil et pas âme qui vive. Alors bien sûr, ces absences ne sont pas des incitations à se diriger dans une habitation isolée, déserte et pas vraiment hospitalière de prime abord, et ce d’autant que le chemin se sépare en deux et celui conseillé pour Llo passe juste en dessous de la jolie ferme. Il faut se rendre à l’évidence, soit ces fermiers ne veulent pas être dérangés soit ils ne veulent pas de clients trop timorés. Nous le sommes. Nous continuons notre chemin, juste surpris par un chat qui détale des buissons une musaraigne entre les dents et des moutons très groupés qui broutent en contrebas. Le sentier s’élève en douceur mais magnifiquement au dessus de la vallée. On ne peut que regretter ce temps maussade. Toujours de plus en plus de fleurs et de papillons à photographier. Quelques oiseaux sont présents mais le plus souvent « inphotographiables » car trop remuants. Réussir une belle photo d'un volatile devient jubilatoire. Je jubile par intermittence. Un premier col rocheux se présente offrant à la fois une autre vision de cette géologie remarquablement saillante et déchiquetée mais aussi une belle vue sur la Vallée du Sègre et l’éperon rocheux où l’on distingue la vieille chapelle ruinée de Saint-Féliu de Castellvell de Llo. L’intersection menant à l’édifice religieux est vite là,  mais, une pluie fine reprenant du service, Dany préfère « jeter l’éponge » et poursuivre vers l’arrivée. J’y file tout seul sous ce petit crachin, mais là ô miracle quand je passe la porte de la vieille église, au dessus de laquelle trône la statue de Saint-Félix, la pluie s’arrête soudain et des bouts de ciel bleu apparaissent.  Peu après, il ne pleuvra plus. Dans l’immédiat, j’en profite pour photographier la chapelle sous tous ses angles, et comme sur ce piton rocheux du nom d’El Lladre, la faune et la flore sont également bien présentes, je m’y éternise plus qu’il ne faut. Haut-lieu de l'archéologie, je n'y trouve qu'une roche gravée d'une cupule, mais à vrai dire je ne cherche rien de préhistorique car c'est l'instant présent et la Nature qui m'intéressent. Oui, pas de doute, pour les oiseaux et les papillons que je poursuis sans cesse de mes passions, je suis ce Lladre catalan, c'est-à-dire en français ce « bandit de grands chemins ». Si le retour vers Llo est encore propice à la photographie naturaliste, la descente est suffisamment caillouteuse et scabreuse pour ne pas se consacrer qu’à ça. Cette pente réclame lenteur et prudence, ce qui ne fait pas le bonheur de Dany qui m’y attend à son extrémité. Le temps d’un petit en-cas et nous terminons par une belle visite de Llo, sa tour del Vacaro que l'on observe de loin, mais dans le contraste d'un étonnant ciel bleu, les vestiges de son château, ses jolies venelles mais regrettons que son église Saint-Fructueux soit close. Et dire que les dictionnaires donnent de ce « saint-là », ou plutôt de ce « mot-là », les définitions suivantes : « Qui donne des fruits. Qui procure un grand profit, un avantage, Qui donne un résultat utile ; fécond ». Tu parles ! Alors que le sentier d’Emilie donne comme sous-titre à cette balade « Au rendez-vous des sorcières », n’est-ce pas plutôt «Au rendez-vous manqués ? ». Non, nous n’avons pas vu de sorcières ! Non, nous n’avons pas goûté « aux fruits » de l’église Saint-Fructueux ; apparemment en cours de restauration ; pas plus qu’à ceux du Mas Paturas. Néanmoins, soyons honnêtes ! Nous avons pris un grand plaisir à marcher et à découvrir, et comme c'était le but recherché, nous ne faisons pas la fine bouche, même s'il est humain d'en vouloir toujours plus ! Cette balade, visites de Saint-Féliu et du village incluses, a été longue de 6,6 km. Les montées cumulées sont de 506 m. Le dénivelé est de 236 m entre le point le plus bas à 1.381 m à bas du parking et le premier collet juste après le Mas Paturas à 1.617 m. Carte IGN 2250ET Bourg-Madame – Mont-Louis – Col de la Perche Top 25

     

    (*) Le Sègre : Vous trouverez sur Internet bons nombres d'informations intéressantes concernant la rivière Sègre. En voilà une que j'ai trouvée au cours de mes recherches. Elle a pour auteur, le célèbre journaliste et éditeur Adolphe Joanne, également président du Club Alpin Français pendant quelques années. Cette description très complète est extraite de sa « Géographie des Pyrénées-Orientales » de 1879 :  « La Sègre prend sa source au nord-ouest du Pic de Sègre, par plusieurs bras qui, en se réunissant, forment dès l'origine une rivière importante. Près de là est la fontaine intermittente de Cayelle. La Sègre suit d'abord la direction du nord-ouest, et, jusqu'à son débouché dans la plaine de la Cerdagne, coule profondément encaissée dans une gorge. Elle laisse à droite Llo, traverse, de l'est à l'ouest, une fertile plaine, couverte de champs de céréales et de gras pâturages, traverse Saillagouse, reçoit, à droite, la rivière d'Eyne, qui descend de l'étroite et pittoresque vallée d'Eyne, et passe à Eyne et à Estavar. Elle traverse, du nord-est au sud-ouest, l'enclave espagnole de Llivia, où elle recueille les eaux de l'Err, en sort au dessus de Caldegas, et quitte la France à Bourg Madame, au confluent de la Raour, rivière qui passe à Angoustrine et à Ur. Elle contourne, à droite , Puycerda, reçoit à gauche la Vanera, puis à droite , l'Aravo ,le plus fort de ses affluents français. Ainsi grossie, elle laisse à gauche Sanavastre , passe entre Isobol et Asonso , baigne à gauche les murs de la ville de Bellver . Après avoir reçu des deux côtés un grand nombre de petits affluents , elle traverse Martinet, où elle se grossit de la Llosa . Elle se dirige alors sensiblement vers le sud , passe au -dessous de la ville importante de la Seo d'Urgell, au delà de laquelle elle reçoit, à droite, l' Enbalire, et, après s'être grossie de la Noguera Pallaresa , de la Noguera Ribagorzana et de la Cinca , elle se jette dans l'Ebre au-dessous de Mequinenza, après un parcours de 300 kilomètres . L Èbre et la Sègre ainsi réunis vont se jeter dans la Méditerranée par plusieurs bouches au port du Fangal, bien au sud de Tarragone, après un parcours de 150 kilomètres à partir de leur confluent. » Vous noterez que Joanne emploie essentiellement le féminin alors que de nos jours on écrit "Le Sègre" et non pas "La Sègre". 

     

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  • Commentaires

    4
    Vendredi 16 Octobre 2020 à 15:22

    Comme chez moi, un beau ciel bleu vous accompagne pour cette belle randonnée, bravo et à bientôt
    Amicalement
    JC...

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    3
    Vendredi 9 Octobre 2020 à 15:17

    Bonjour Gilbert

    Même courte c'est une balade agréable . Nous avons fait ce circuit lors de quelques jours de vacances en Cerdagne ... comme toi un temps nuageux et juste avant la pluie ! Je peux te dire qu’en 2016 la via ferrata fonctionnait car j'y ai vu quelques personnes dessus . Nous avons eu aussi la chance de visiter l'église Saint Fructueux qui était ce jour-là ouverte par la dame qui entretenait le lieu et qui nous a permis d'y entrer

    Peut-être peux tu me renseigner si tu connais un site internet où je pourrai avoir des renseignements pour trouver le nom d'insectes et rampants que nous avons vu hier à Conat ? ... je n'avais pas encore vu ces bestioles !

    Bon weekend ... Amicalement , Patricia

     

     

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    2
    Mercredi 7 Octobre 2020 à 08:35

    Coucou les randonneurs,
    J'ai vu passer le train jaune et du coup j'ai visité, avec vous autres, la Cerdagne, merci pour cette jolie balade...
    Amitiés...

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