• Le Chemin des Estives (Sur...) depuis Angoustrine

    Ce diaporama est agrémenté de la musique de Jean-Claude Petit, bande originale des films de Claude Berri "Jean de Florette" et "Manon des Sources". Elle jouait successivement par Tools Thielemans (harmonica), par James Cowper (piano), par Jean-Claude Petit (Bande originale-11'34), par Christopher Grech (piano) et par Paul Lassey (harmonica)

    Le Chemin des Estives (Sur...) depuis Angoustrine

    Le Chemin des Estives (Sur...) depuis Angoustrine

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    Le 14 août 2019. 10h30. Entrée nord d’Angoustrine sur la D.618. Dany et moi sommes au départ d’une randonnée qui s’intitule « Sur le Chemin des Estives (*) ». Après avoir roulé 1h30 depuis Urbanya, nous voilà enfin sur la ligne de départ qui est située au début d’une piste jouxtant la rivière d’Angoustrine. Venant de Mont-Louis, via Odeillo puis Targassonne, le village d’Angoustrine paraît tout proche mais nous ne l’avons pas atteint et encore moins traversé. Nous garons la voiture sur la bas-côté de la piste, tout près d’un panonceau indiquant la laconique mention suivante : « Sant Marti d’Envalls - 3,6 km/1h35 – PR13 ». Tout près, dans un champ, de nombreux ballots de paille enveloppés dans des films de plastiques attirent l’objectif de mon appareil-photo. En réalité de cette balade « Sur le Chemin des Estives » que j’ai trouvée sur un tout petit topo-guide, je ne sais que peu de choses, or mis le tracé que j’ai réussi à enregistrer dans mon GPS, la distance de 10 km et le balisage qui est de couleur jaune comme tout bon PR. Rajoutons-y le fait que je sais que l’itinéraire côtoie une chapelle qui s’intitule « Saint-Martin d’Envalls » et nous voilà convaincus d’être sur la bonne ligne de départ. D’ailleurs, et alors que nous n’avons accompli que quelques centaines de mètres, un grand panneau de bois planté à l’entrée d’un vaste parking nous rassure complètement. Le parking, c’est celui du « Parc Aventure » tout proche mais il sert aussi aux pêcheurs et aux randonneurs. De surcroît, ce panneau nous offre les premières mais très succinctes explications quant à son intitulé « Sur le Chemin des Estives ». Il est écrit : « Sur le chemin des estives …avec le berger. Je suis le berger, et mon histoire a de quoi faire rêver : imaginez que je suis monté en estive avec mon troupeau il y a 200 ans. Et si je suis aujourd’hui là pour vous en parler c’est qu’un étrange sortilège m’a plongé dans un profond sommeil. Je me suis réveillé il y a quelques jours à peine. Je vous invite à me suivre et à imaginer ce que j’ai ressenti devant tant de changements depuis mon départ ». Alors bien entendu, le suivre signifie qu’il faut continuer à marcher pour connaître la fin de l’histoire du berger. Après un panonceau directionnel indiquant le « Lac des Bouillouses 11,3km/3h50 GRP Tour du Carlit », un autre panneau explicatif arrive très vite : « …les arbres « têtards » ; témoins têtus du passé…J’ai comme tout le monde, « étêté » les frênes et les saules pour tirer de leurs rameaux de quoi faire des paniers, allumer le feu, voir nourrir mes bêtes et leur fournir une litière. Je suis heureux de constater qu’il subsiste au travers de leur silhouette si particulière des traces de mon labeur à tirer le meilleur parti des ressources naturelles ». Alors, bien sûr, et si l’on joue le jeu, il est bon d’être attentif et même curieux de tout ce qui nous entoure. Les arbres têtards dont parle le berger sont là au bord même du chemin, et il en sera ainsi des gros murets délimitant d’anciennes parcelles ou soutenant des terrasses où le berger et les membres de sa famille cultivaient pommes de terre et céréales. Des murets plus élevés servaient d’enclos pour que le bétail ne s’éparpille pas. Si le berger veut nous apprendre l’Histoire du lieu, plus loin et quand la chapelle Sant Marti d’Envalls se présentera, il prendra le parti d’affirmer qu’il faut parfois oublier les histoires et la rumeur, et se dire que les légendes ça existe aussi. Cette légende, c’est celle qui prétend qu’Envalls était un ancien village disparu sous une avalanche où seule l’église encore présente de nos jours aurait subsisté. Oui, les récits du berger sont là devant nos yeux. Si la large piste, mi-terreuse ou mi-bitumée ; est quelquefois un peu trop monotone car trop rectiligne, imaginer une vie passée reste souvent le meilleur moyen de la rendre plus attractive. Peu de temps après, à droite du chemin, l’Histoire se manifeste encore sous la forme d’un vieil oratoire dédiée à la Vierge. Sur l’autre versant de la vallée, le présent, lui, s’expose dans le décor minéral d’un « Parc Aventure ». On y aperçoit des filets suspendus, des ponts de singe, des tyroliennes géantes et des vias ferratas, le tout le plus souvent accroché à de monumentaux rochers complètement disloqués. Oui et comme l’affirme le berger, le changement est bien visible et pas seulement dans les décors qui l’intéressent. Il y a 200 ans, et alors que les lieux ne servaient qu’à subsister, qui aurait imaginé qu’on puisse payer pour venir y jouer à se faire des frayeurs ? Jadis, la peur était constamment présente, les paysans imploraient le ciel, priaient, invoquaient la protection divine, allant même jusqu’à conjurer le mauvais sort pour que leur récolte soit épargnée, qu'aujourd’hui, on vient exprès ici pour se faire peur. Ces deux images, que tout oppose, seulement séparées par un pré verdoyant et 2 siècles, ne manquent pas de m’interroger. Il y a 200 ans, l’adrénaline sécrétée était souvent le résultat d’une météo incertaine voire néfaste, d’un stress qui n’était pas souhaité mais était là par la force des éléments naturels alors qu’aujourd’hui, nous payons pour avoir du stress et cette sécrétion d’adrénaline. D’un côté, il y a cet oratoire enseignant ces pratiques où quelques madones ont été déposées dans la niche par des ouailles pourtant devenues si rares et de l’autre ce « parc aventure » où j’aperçois des personnes qui jouent à se faire peur accrochés qu’elles sont à des filins par de simples mousquetons. Changement de siècle et de mentalité où la plus sacrée des religions est désormais celle du jeu, des loisirs et de la TV, au détriment de la divine. Nous vivons une autre époque où la chrétienté si visible ici en Cerdagne comme ailleurs, est devenue quasiment absente de la vie quotidienne. Si je devais m’amuser à compter le nombre de randonnées où la chrétienté a été présente sous une forme ou une autre ; églises, chapelles, ermitages, oratoires, calvaires ; je pense que le chiffre serait assez faramineux ? Tout en ayant poursuivi le chemin, voilà à quoi je pense à cet instant précis. A cette Histoire du berger qui m’intéresse, moi j’y ajoute la réflexion, mais aussi et comme à mon habitude, la passion pour la photo de la flore et de la faune. Elles sont présentes certes mais assez peu variées au tout début de cette piste où le couvert végétal est très important. Dans ces conditions, il est bien difficile d’y photographier un oiseau ou un papillon. Il faut un peu de chance. Par bonheur, aussitôt que le sous-bois se termine, la vallée s’entrouvre et la faune et la flore réapparaissent comme par enchantement. Plus on va s’élever en altitude et plus cet aspect-là des choses évoluera favorablement. Oiseaux, papillons, lézards, fleurs sont une fois encore au rendez-vous de ma marotte qu’est la photo naturaliste. La chapelle romane Sant Marti d’Envalls arrive à point nommé pour faire enfin autre chose que cheminer une piste un peu trop uniforme. La vieille église est ouverte aux visiteurs à condition que l’on veuille bien pousser sa porte assez rudement, ce qu’un couple de touristes n’ose apparemment pas faire. Je m’en charge d’un coup d’épaule. La porte bien épaisse en a vu d’autres. Si son aspect extérieur est agréable à découvrir, son intérieur est d’une grande simplicité et sobriété et on peut même la décrire comme plutôt vétuste.  Il y a un autel, simple lui aussi, et donc bien à son image, avec les habituelles décorations du Christ et de la Vierge. Plus surprenant sur l’instant, on y découvre une portrait de l’abbé Pierre mais c’est vrai qu’à bien y réfléchir, cet homme-là s’inscrit bien dans ce cadre miséreux et dans l’histoire contée par le berger. Après tout, n’a-t-il pas été un des pasteurs parmi les plus rassembleurs de l’ère moderne ? A l’opposé de l’autel, un escalier en bois taillé à même des troncs d’arbre, et donc très sommaire, monte vers une mezzanine juste éclairée par une minuscule claire-voie. Après cette visite, et pendant que Dany part s’installer sur une table de pique-nique, je me mets an quête de vouloir photographier tous les lézards que j’aperçois occupant les murs de l’église et leurs très proches alentours. Et dieu sait s’il y en a ! Lors de notre récente balade dans la Vallée de l’Alemany, je pensais en avoir vu un maximum mais ici le record semble être battu dans le rapport nombre et périmètre. A une différence près tout de même, car là-bas, nous n’étions que deux et j’avais tout loisir de les photographier, alors qu’ici il y a beaucoup de passages et ils détalent au moindre mouvement. Après quelques clichés assez réussis néanmoins, je pars pique-niquer moi aussi. Le déjeuner terminé, nous repartons mais cette fois, non plus sur une large piste, mais sur un vrai sentier bien caillouteux et même parfois très rocheux. Désormais la rivière d’Angoustrine est beaucoup plus proche et au ronflement de l’eau que l’on entend, on comprend aisément qu’il s’agit d’un petit torrent de montagne. Il est vrai que le Rec de Carlit ou des Estanyets que l’on enjambe sur un pont mégalithique vient y rajouter un débit supplémentaire. Peu après les décors changent encore et on sent bien qu’un palier a été atteint. Avec ses gros blocs granitiques éparpillés, de toute évidence morainiques, la vallée ne laisse plus planer aucun doute quant à son origine glaciaire. Le torrent est là tout proche. Des personnes sont installées sur la berge dans un endroit où le lit forme une cuvette plus paisible. Quelques mètres plus loin, nous arrivons à la fameuse prise d’eau qu’un panonceau nous avait signalée juste avant la chapelle. D’un côté, une petite retenue d’eau très calme déridée de temps à autre par quelques minuscules truitelles et de l’autre, un jet bouillonnant sortant d’une canalisation et se poursuivant dans le torrent. Entre les deux, une passerelle métallique que nous empruntons pour poursuivre notre balade.  Saison des amours oblige, quelques merles noirs se coursent d’un arbre à un autre, attirant l’objectif de mon numérique. Le temps d’une photo réussie puis nous repartons. Si un panonceau « Sur le Chemin des Estives » et le balisage jaune continuent d’être présents, le sentier, lui, semble avoir bel et bien disparu. En tous cas, le seul à apparaître clairement sur le sol ne semble pas prendre la direction indiquée ni par le panonceau et encore moins par mon tracé GPS. On pourrait presque reprendre à notre compte la célèbre expression « il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir ! ». En effet, aussi bien le panonceau que mon GPS m’indiquent une direction identique que nous nous refusons d’accepter. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il faut sans doute traverser un pré, qu’il y a dans ce pré un imposant troupeau de vaches, veaux et taureaux, et surtout parce que l’herbe ayant repoussée, le sentier s’est carrément volatilisé. Un couple de randonneurs arrive, perdu lui aussi. Je leur dis que je pense qu’il faut traverser le pré mais eux non plus n’imaginent pas d’emblée cette solution. « Pour aller où ? » s’interrogent-ils. Je m’avance à leur dire : « De l’autre côté du pré où l’on aperçoit des murets en pierres » puis je rajoute aussitôt : « Je pense que le sentier est là-bas puis ensuite il doit sans doute grimper dans la forêt ! ». La dame s’exclame : « Mais on ne voit pas de chemin et en plus il faut traverser le troupeau ! ». « Oui, vous avez raison, mais je ne vois pas d’autres possibilités ! » lui rétorque-je en guise de toute réponse. Je finis par dire, « Restez-là, je vais voir ! ». Et me voilà parti. Dany crie déjà « Sois prudent ! ». Pour éviter le troupeau qui est bougrement disséminé, je fais le choix de le contourner au maximum en passant devant l’orri de Prat Carrera puis en longeant l’extrémité du pré car c’est là-bas que les bovins sont les moins nombreux. Bien que contraint de finir ma traversée en passant au milieu de quelques vaches, tout se déroule au mieux. Seul un taureau noir mais placide car couché m’observe d’un regard noir et que j’imagine mauvais. Je passe à trois mètres de lui mais il ne bouge pas. « J’ai réussi à passer » me dis-je, sauf qu’à cet instant, un couple de traquets ne trouve rien de mieux que de venir se poser sur un rocher à 15 mètres de moi. Indécis, je suis pris entre m’éloigner du taureau et louper une photo ou bien tenter un ou plusieurs clichés des volatiles. Je fais ce dernier choix mais le temps d’une seule photo et les oiseaux s’envolent déjà. Le taureau s’étant redressé sur ces pattes, moi j’ai juste le temps de prendre les miennes à mon cou. Je cours et saute le muret le plus proche. Après ce premier soulagement, le deuxième arrive aussi vite : « j’ai retrouvé l’itinéraire ! » me dis-je en apercevant un trait de peinture jaune sur un rocher. Je grimpe de quelques mètres pour m’assurer définitivement du sentier puis ayant retrouvé une seconde balise jaune, je fais signe aux autres qu’ils peuvent venir me rejoindre. Avec beaucoup de prudence, je les vois traverser le pré comme je viens de le faire moi-même. Je reste néanmoins sur le qui-vive car je m’aperçois que les vaches qui ont leurs veaux font désormais preuve d’une excitation singulière. Juste sous moi, j’aperçois d’autres orris, anciennes cabanes des bergers. Dany et le couple me rejoignent et nous poursuivons ensemble le sentier sur encore quelques mètres. A l’instant ou le sentier entre et monte en forêt, le couple décide de stopper et nous continuons tout seuls. 500 ou 600 mètres plus loin, un collet est atteint. La forêt disparaît et le regard s’entrouvre merveilleusement sur la vallée et sur des paysages cerdans plus lointains. Nous sommes à l’aplomb de la chapelle Sant Marti d’Envalls. Derrière nous, de très hauts sommets forment une longue crête le plus souvent dénudée. Le Carlit est par là-bas mais je ne le reconnais pas dans aucun des sommets. En dessous, quelques forêts de conifères tranchent au sein de ces décors arides. Désormais, le sentier file en balcon et devant nous, plus rien n’obstrue la vision. Les lézards sont encore très nombreux sur cette portion, tout comme les papillons, pourtant bien différents de ceux que j’ai pu photographier dans la vallée. C’est donc avec beaucoup de plaisir que l’on chemine ce sentier malgré une prudence restant néanmoins de mise. En effet, de petites portions nécessitent un peu plus d’attentions. Il va en être ainsi jusqu’à atteindre un nouveau bois de pins à crochets au lieu-dit Serra de Vilalta. Le sentier contourne le bois par la gauche et file dans des prés parsemés de genévriers. Sur la gauche, la centrale solaire Thémis de Targassonne apparaît, remarquablement visible grâce à son étonnante tour de 103 m de hauteur. Ici, un panonceau indique clairement la marche à suivre : « Angoustrine – Villeneuve-les-Escaldes – 1h25/3,2 km. Ces trois derniers kilométriques s’effectuent tout en descente dans un décor où les chaos granitiques se succèdent plus imposants les uns que le autres. Quelques ludiques panneaux expliquent ces mécanismes géologiques.  Genévriers, pins à crochets et blocs granitiques se partagent l’espace. Le sentier se faufile en leur sein offrant malgré tout quelques jolies vues aériennes sur Angoustrine et plus loin sur une belle partie de la Cerdagne.  Dany, qui a pris un peu d’avance sur moi, y réveille, avec une joie extrême un cervidé, qui devait probablement dormir au sein d’un boqueteau de genévriers. Il faut dire que c’est le tout premier qu’elle surprend et pourtant ça fait 30 ans que l'on randonne ensemble. Plus bas et à l’approche de l’arrivée, le chemin côtoie d’étonnants vergers en espaliers. La balade prend fin au lieu-dit La Part Petite et plus précisément dans la rue de la Filature, où paraît-il un musée met en valeur les anciens métiers à tisser. Nous ne l’avons pas vu mais il est vrai que l’arrivée aidant, nous étions surtout enclins à retrouver notre voiture. Cette balade a été longue de 10,2km pour des montées cumulées de 601 m sur un dénivelé de 373 m entre le point le plus bas à 1.346 m sur la ligne de départ et le plus haut à 1.719 m au début du bois de la Serra de Vilalta. Cartes IGN 2249ET Font-Romeu – Capcir et 2250ET Bourg-Madame  –  Mont-Louis – Col de la Perche Top 25.  

    (*) Le Chemin des Estives : Ce chemin de Cerdagne que vous emprunterez est séculaire et international. L’Histoire nous apprend que suite au Traité des Pyrénées de 1659 signé entre l’Espagne de Philippe IV d'Espagne et la France de Louis XIV, formalisant la paix entre les deux pays, la France souhaite annexer un certain nombre de comtés et de contrées. C’est ainsi qu’elle a des vues sur le Roussillon, le Vallespir, le Conflent, le Capcir, la Cerdagne mais aussi  sur le Vall de Ribes, le vicomté de Castellbò, la cité de Seu d’Urgell ainsi qu’une partie orientale de l’Emporda. Le 22 mars 1660, une conférence se tient à Céret pour formaliser concrètement ces annexions. Les tractations sont âpres entre les négociateurs. Parmi ces tractations, la Cerdagne demeure un point crucial car pour les Espagnols il est hors de question qu’ils cèdent la totalité de ce comté comme le souhaitent les Français. La conférence échoue totalement. Les négociateurs du Traité des Pyrénées se retrouvent et finissent par définir les territoires qui reviennent à la France : le Roussillon, le Vallespir, le Conflent, le Capcir en font partie mais la Cerdagne reste en partie en suspens. De ce comté de Cerdagne reste à définir exactement quelle partie va être annexée par la France. C’est chose faite le 12 novembre 1660 avec le Traité de Llívia. 33 villages tous situés au nord-est de la Cerdagne sont annexés. L’autre partie reste espagnole. Le cardinal Mazarin, ministre d’Etat de Louis XIV s’étonne de ne pas trouver le nom de Llívia, pourtant située dans cette partie septentrionale dans la liste des 33 villages concédés à la France. Don Luis de Haro lui rappelle l’antique statut de municipe dont bénéficie Llívia et lui indique que de ce fait, la ville autonome ne peut pas être concédée par l’Espagne et donc annexée. Par le fait même de ce droit qu’elle détient, Llívia devient une enclave espagnole en territoire français. Elle l’est encore de nos jours. Les français obtiennent seulement que la ville ne soit plus jamais fortifiée et quelques autres broutilles. La forteresse  existante est rasée. Si les textes des documents signés prévoient ces annexions, sur le terrain la réalité est toute. Les résistances et les rebellions sont nombreuses et il faudra par exemple attendre l’année 1720 pour que cette partie nord-est de la Cerdagne devienne pleinement française. Toutes ces turpitudes ont bien évidemment bouleversé les habitudes des habitants de ces contrées. C’est ainsi que les bergers de Llívia qui avaient pour habitude d’amener leurs troupeaux dans les estives montagneuses du Carlit se sont retrouvés bloqués à Angoustrine, cette dernière et son vaste territoire constituant un obstacle naturel. En 1754, en vertu d’une transaction, cet obstacle est levé. Les troupeaux de Llívia ont le passage libre et peuvent de nouveau accéder aux pâturages du Carlit et en revenir. « Les habitants d’Angoustrine sont tenus de laisser alternativement les endroits de passage en guéret, une année sur deux et en concordance avec le passage desdits troupeaux. »

     

    En cliquant sur le lien suivant vous accéderez à la totalité des textes de cette transaction de 1754 figurant au « Traité de délimitation de la frontière entre l'Espagne et la France depuis le val d'Andorre jusqu'à la Méditerranée (avec acte additionnel). Signé à Bayonne le 26 mai 1866 Acte final approuvant les annexes et les règlements relatifs au Traité susmentionné. Signé à Bayonne le 11 juillet 1868 »

     

    Si vous voulez connaître un peu mieux l’Histoire de la Cerdagne, je vous conseille la lecture du livre de Marc Conesa « D'herbe, de terre et de sang : La Cerdagne du XIVe au XIXe siècle » paru aux Presses universitaires de Perpignan en 2012.

     

     

     

     

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  • Commentaires

    2
    jean pallares
    Vendredi 10 Janvier 2020 à 20:19

     bonne année , Gilbert  , à toi et tes proches , très belle ballade dans cette vallée que j'affectionne particulièrement , magnifique photo de la bergeronette 

     

    1
    Jeudi 2 Janvier 2020 à 19:55

    Bonsoir Gilbert

    Un petit passage sur ton blog pour te remercier de tes vœux et te souhaiter également une très bonne année 2020 ... beaucoup de joies et la santé pour toi et ton épouse pour profiter encore de balades dans nos magnifiques régions

    Je découvre en même temps ton nouvel article et prend un grand plaisir de te suivre sur un circuit que j'avais énormément apprécié il y a environ 2 ans

    Amicalement , Patricia

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