• Ce diaporama est agrémenté de musiques extraites de la bande originale du film "Amadeus". Elles ont pour titre et sont successivement interprétées par : "Arietta - Caro Mio Ben" de Giuseppe Giordani par Sumi Jo, "Concerto For Flute And Harp, K. 299; 2nd Mouvement" de Wolfgang Amadeus Mozart par Sir Neville Marriner, Academy of St Martin in the Fields, William BennettOsian Ellis et "Caro Mio Ben" par Fritz Wunderlich et Gerhard Becker et l'Orchestre symphonique de Berlin

    Le Chemin des Muletiers de Cosprons depuis Port-Vendres (Pont de l'Amour)

    Le Chemin des Muletiers de Cosprons depuis Port-Vendres (Pont de l'Amour)

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    Quand nous avons décidé de réaliser ce « Chemin des Muletiers de Cosprons depuis Port-Vendres », nous avons été confrontés au fait qu’il y avait sur Internet pléthores de versions différentes. Certaines très longues, allant parfois bien au-delà du hameau de Cosprons lui-même et de son chemin coutumier emprunté jadis par des mules, des mulets ou des ânes, d’autres partant vers la mer et la merveilleuse baie de Paulilles, d’autres montant plus ou moins vers la Tour de la Madeloc, d’autres plus courtes, d’autres moyennes mais empruntant parfois plus de pistes carrossables que de vrais sentiers, etc….etc. Oui, il y avait du choix ! Et de surcroît, quelle que soit la distance, nous avions le gage, si la météo était bonne, de superbes balades en terme de paysages et de panoramas. En effectuant ce petit circuit que je vous propose ici, il me semble que j’ai gardé l’aspect le plus traditionnel des chemins muletiers que les anciens empruntaient jadis pour rejoindre le hameau de Cosprons depuis Port-Vendres, et vice-versa. Ils le faisaient en maintes occasions. Pour les travaux agricoles, et le plus souvent vinicoles, pour transporter par exemple les comportes de raisins ou les banastes, mais plus globalement pour toutes les tâches de transports nécessitant d’emprunter ces chemins avec des animaux de bât. Si c’était notamment le cas pour tous les travaux des champs, c’était aussi le cas lors des fêtes traditionnelles ou religieuses où de nombreuses personnes n’hésitaient pas à cheminer les quelques kilomètres séparant les deux communes avec leurs équidés.  Elles étaient plus nombreuses à être croyantes que de nos jours et participer à une procession en direction d’une chapelle, comme celle de Sainte-Marie de Cosprons, était fondamental. Ces fêtes comme la Sant Jordi le 23 avril et celle des Pasquetes le dimanche suivant sont si enracinées, qu’elles se déroulent encore de nos jours avec une ferveur égale sinon supérieure à celle d’antan, même si le plus  souvent les déplacements sur les chemins muletiers ont été remplacés par la route et les automobiles. En effectuant cette balade un 19 novembre, nous savions bien sûr que nous n’aurions pas droit ni à ces festivités ni à leur ferveur. Mais tant pis, la journée s’annonce magnifique et quasiment printanière et rien ne peut nous empêcher d’aller marcher. De plus, nous imaginons déjà que nous aurons droit à des couleurs que seule cette saison d’automne est capable de nous offrir. Il est 10h30 quand nous laissons notre voiture très facilement dans le quartier Pont-de-l’Amour à Port-Vendres. De l’endroit où la voiture est rangée, nous avons déjà une belle petite idée des paysages rouges, verts et jaunes qui nous attendent.  Les bleus du ciel et de la mer sont en primes. Si le départ de cette balade est le plus souvent proposée de la gare voire de l’Office du Tourisme de Port-Vendres, j’ai trouvé beaucoup plus intéressant de partir de ce lotissement. Le lieu est calme.  Il y a l’aspect pratique en arrivant de Perpignan, car il suffit de sortir à droite à la fin de la voie rapide D.914 c’est à dire au dernier carrefour avant d’entrer dans Port-Vendres et d’emprunter la rue Jacques Ramio. De plus, trouver des places à la journée sur le port n’est jamais chose aisée quant à cheminer les abords de la gare, ça n’apporte rien de plus à cette balade. Enfin, le sentier démarre un peu plus bas de la rue Jacques Ramio et on entre de plein pied à la fois dans la balade et dans la garrigue. Oui, quand on n’est que deux à marcher, les avantages de partir de là sont certains. En groupe, cette vision des choses peut s’avérer différente. Rue Jacques Ramio, un panonceau directionnel annonce la couleur : « Col Perdiguer -500 m- 10 mn et Cosprons -2km- 30 mn ». Des temps pour des « trailers », mais que nous comptons bien doubler voire tripler, nos conditions physiques, notre envie de lambiner, cette superbe météo et la beauté des paysages s’amalgamant pour une flânerie et des contemplations obligées. Comme indiqué, la garrigue est immédiatement là. Les quelques fleurs que j’y trouve encore, malgré la saison, sont déjà un prétexte à musarder. Depuis que je sais que mon nom est inscrit comme observateur dans la base de données florale INPN (Inventaire National du Patrimoine Naturel), ma passion pour les fleurs reste sans prétention mais par la force des choses a pris une autre dimension. Avant, c’est avec plaisir et pour mon propre savoir que je photographiais les fleurs, me disant que ce que j’aime serait peut-être aimé par d’autres randonneurs, maintenant il y a en plus cet aspect « communauté scientifique », « inventaire » et donc « patrimoine transmissible» ! Après le col de Perdiguer, la garrigue laisse la place aux vignobles. Les terrasses, les murets et les rigoles de pierres sèches, ainsi que les casots que l’on voyait tout autour de nous depuis le départ sont désormais là tout proches. On peut les observer et surtout se rendre compte des travaux colossaux et ingénieux qu’il a fallu mettre en œuvre. Je me souviens avoir lu une longue chronique sur Internet à leur sujet (LE PAYSAGE DE TERRASSES DU CRU "BANYULS" ET SON ÉVOLUTION/Guy Oliver) et je me souviens qu’ils ne sont pas là pour rien mais bien pour limiter le ravinement et l’érosion des sols afin que les vignes résistent et subsistent le plus longtemps possible aux eaux pluviales les plus violentes.  Comme toutes ces élévations ont des noms catalans (casots, feixes, agullas, recs, pedragers)  les pierres en ont aussi (lloses, cossols, coverta, rocs de paret, cara, raplum).  Normal, elles ont chacune un rôle bien précis selon leur taille, leur forme et sont disposées à bon escient selon des procédés ancestraux que toutes les générations de vignerons se perpétuent entre-elles. C’est très intéressant et très enrichissant de transposer la lecture de cette belle chronique à tout ce que l’on voit sur le terrain. Un terrain souvent inégal car ici l’eau que l’on évoquait plus haut, a créé des « correcs », c’est-à-dire des petits vallons descendant des « serras » vers la mer. Il y a ainsi une multitude de ces petits vallons dominés par des collines ; souvent rocheuses au plus haut de leurs crêtes ; dont la principale car la plus haute est celle de La Madeloc. Ainsi, quand on arrive à Cosprons, il faut y monter, car le hameau lui aussi a été élevé sur un petit promontoire rocheux. D’ailleurs, et alors que les vignobles nous entourent depuis le départ, c’est très paradoxalement son beau château d’eau construit tout en pavements de pierres qui se présente au plus haut de cette petite colline. Par chance, il est ouvert car des travaux de réparations sont en cours. Les ouvriers acceptent gentiment qu’on y entre quelques minutes et nous fournissent des explications quant à son fonctionnement. Puis c’est l’église Sainte-Marie toute proche entourée du cimetière qui éveille notre appétit de découvertes. Malheureusement fermée, nous prenons néanmoins tout notre temps pour découvrir sa porte magnifiquement ferrée de jolies pentures. Quelques gravures du 18eme siècle sont visibles. Un banc bien à propos nous offre le confort nécessaire à un pique-nique qu’initialement nous avions imaginé moins funèbre qu’un cimetière et beaucoup plus champêtre. Pendant que Dany fait sa B.A en arrosant les fleurs de plusieurs tombes, appareil-photo en bandoulière, je pars découvrir les proches alentours. Ils se présentent sous les traits de nombreux oiseaux. Beaucoup de moineaux sont là à attendre que l’on déguerpisse pour voir si quelques miettes de notre déjeuner ne seraient pas tomber au sol. Il y a aussi des rougequeues noirs plus farouches et un faucon crécerelle que j’ai réussi à immortaliser avant qu’il ne s’envole de la pointe d’un cyprès. Ce dernier plane désormais très haut dans le ciel. Dans le mur de soutènement du cimetière, je découvre avec surprise ; et outre quelques jolies statuettes ; une jolie Rainette verte dans un des tuyaux d’évacuation des eaux pluviales. Peu craintive, ou peut-être curieuse, elle accepte de sortir de son trou pour une série de photos. La Rainette verte devient « reinette » de Cosprons. Puis c’est une courte visite du village où seules quelques échoppes proposant vins et vinaigres retiennent notre attention. Pour ne pas avoir à se trimballer des bouteilles, on se promet de revenir en voiture à la fin de la balade, sauf qu’on va oublier de revenir ! Puis c’est la sortie du hameau par la D.86a et donc le tout début du retour vers le Pont de l’Amour. A la côte 45 de la carte IGN, un canon et un ludique panneau nous rappellent qu’ici comme dans toute la région une guerre a fait rage en opposant Français et Espagnols de 1793 à 1795. On lui a donné le nom de Guerre du Roussillon. Après m’être « cassé la gueule » ; par bonheur au figuré seulement ; en tombant du canon où par bravade  je m’étais assis ; le pitoyable artilleur que je suis estime qu’il est temps de continuer la route. Elle s’élève un peu jusqu’à un dôme plantée de vignes, y tourne à gauche derrière, et c’est juste après que l’on reprend un sentier qui file vers le lieu-dit Mas d’en Pi. Ici, et parce que nous n’avons pas été assez attentifs ni au balisage jaune, pourtant présent, ni au tracé GPS, nous avons vécu un court égarement. Il faut donc être attentif car parfois le sentier peut se confondre ici avec le muret d’une « feixe » voire avec une rigole. On descend puis on coupe de menus ruisseaux dont le principal est le « Correc d’Oliva de Rama ». Ici, commence une balade bien différente de celle prise à l’aller. Nous étions sur des élévations et nous sommes au fond de ravines. Mais ça ne dure pas, car peu après le domaine Augustin, le sentier s’élève de nouveau vers le Puig des Cabreres jusqu’à couper  un nouvelle petite route bitumée. Un panonceau directionnel est là bien à propos : « Coll del Mitg - 10mn - 0,5km - Port-Vendres - 30mn - 2km ». Le sentier continue en face en balcon d’une nouvelle ravine puis il atteint une sombre pinède juste avant de s’élever et d’atteindre le col del Mitg. Ici apparaissent les premières habitations, signes d’une arrivée de plus en plus proche. Puis c’est au tour de Port-Vendres d’apparaître dans toute sa dimension à la fois maritime et collinaire. On peut seulement regretter que le béton ait largement pris le pas sur la verdure. D’ailleurs le béton est encore là, juste à côté du sentier car l’itinéraire tout en descente se poursuit au pied d’imposants lotissements en constructions. Par bonheur, quelques pins ont été conservés et c’est dans ce décor mi-béton mi-Nature que le lotissement Pont de l’Amour se présente. Adjacent à un banc, une jolie signalétique en métal nous rappelle ce joli nom. Quelques photos sur ce banc en souvenir de cette arrivée sous le signe de l’affection et de la tendresse et on retrouve notre voiture. Alors bien évidemment, avec l’esprit permanent de curiosité qui est le mien, j’ai essayé de savoir pourquoi ce quartier s’appelle ainsi « Pont de l’Amour » ? Pour être franc, je n’ai rien trouvé de concret et j’aurais même tendance à dire bien au contraire ! En effet, or mis un nombre incalculable de querelles immobilières, administratives, judiciaires et financières à cause de ce bétonnage que j’évoquais ci-avant, je n’ai rien trouvé de « glamour » dans les nombreuses évocations «Internet » de ce secteur.  En général, un « pont de l’amour », c’est un pont que traversent des amoureux pour se retrouver et échanger des baisers. Ici, il n’y a ni pont, ni amoureux, ni baiser et apparemment seulement des « castagnes » comme s'il en pleuvait ! Il y en a tellement qu’un seul mulet ne suffirait pas à toutes les transporter ! Il est temps que plusieurs muletiers reprennent du service ! Telle que décrite ici, cette magnifique balade a été longue de 5,425km, pour des montées cumulées de 280m et un dénivelé de 123m entre le point le plus bas à 18m d’altitude au fond du Correc d’Oliva de Rama et le plus haut à 141 m après le col d’en Perdiguer. Carte IGN 2549OT Banyuls-sur-Mer - Côte Vermeille - Col du Perthus Top 25.


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  • Ce diaporama est agrémenté de plusieurs musiques de Mark Isham extraites de la bande sonore du film "A River Runs Through It (Et Au Milieu Coule Une Rivière)" de Robert Redford avec Brad Pitt. Elles ont pour titres : "Haunted by Waters" , "A River Runs Through It", "The Moment that Could Not Last", "A Summer of Lumber and Fishing", "In the Half-Light of the Canyon" et "Swing Me High; Swing Me Low".

     

    La Boucle « Et au milieu coule la Têt - Ille-sur-Têt, Rodès, Casesnoves ».

    La Boucle « Et au milieu coule la Têt - Ille-sur-Têt, Rodès, Casesnoves ».

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    Voilà déjà pas mal de temps que je réfléchissais à faire cette boucle pédestre que j’ai finalement intitulée « Et au milieu coule la Têt - Ille-sur-Têt/Rodes/Casesnoves ». Deux randonnées (*) faites antérieurement m’avaient incité à me lancer dans ce que je considérais un peu ; mais par méconnaissance ; comme une aventure. Puis en fin de compte, c’est en regardant la vidéo de mon confrère Mickaël de « PO Express – La Route des Catalans » que je me suis aperçu que cette « aventure » n’était que très modestement périlleuse. Certes quelques passages en bordure de la Têt ne sont pas des autoroutes ; il faut parfois se tenir à une corde (voir photo) ; mais néanmoins ils restent accessibles à tout marcheur digne de ce nom, et ce pour peu que l’on soit prudent et surtout pas distrait. Sur sa vidéo, Mickaël la propose au départ du hameau de Casesnoves et dans le sens contraire des aiguilles d’une montre quand on regarde la carte IGN, mais ceci n’est qu’un détail de peu d’importance. En ce 27 octobre, j’ai décidé que notre point de départ serait le petit parking qui est peu éloigné de la bien connue boulangerie du Couvent à la sortie ouest d’Ille-sur-Têt. Ce petit parking est mitoyen du canal qu’il va nous falloir suivre comme un premier fil d’Ariane, et ce jusqu’à atteindre les berges de la Têt. Ce canal, vous le voyez écrit Rec d’Illa ( ou canal d’Ille) sur la carte IGN et ce dernier est également parallèle au canal de Thuir. C’est donc entre ces deux canaux que démarre cette randonnée. Or mis le beau temps, la fraîcheur et la paisibilité du canal, quelques fenêtres s’ouvrant sur des vergers, et de nombreux oiseaux pas toujours faciles à immortaliser, il n’y a pour l’instant rien de folichon dans cette « promenade de santé » matinale à l’ombre d’arbres dont certains sont des géants. Il faut attendre quelques décamètres pour qu’avec la Fontaine Saint Jules et son agréable aire de pique-nique, bien connue des Illois, la monotonie soit rompue. Un peu plus loin, c’est une petite baraque agrémentée d’une plaque en hommage à des travailleurs étrangers qui fournit un second prétexte à un arrêt presque inattendu. Pas d’indication sur ce groupe de travailleurs étrangers, or mis les dates de 1940 à 1943 et derrière la baraque, un chariot métallique sur des rails tels qu’on devait en trouver dans toutes les mines, carrières et autres chantiers du département à cette époque. Finalement, c’est guidé par ma curiosité et en finissant cette randonnée qu’il m’a fallu chercher sur Internet les raisons de cet hommage (**). Plus loin, des travailleurs, en chair et en en os, sont là à réparer le canal en bordure de la Têt. Par obligation, nous dévions notre trajectoire, trajectoire qui par bonheur peut s’effectuer sur des passerelles métalliques qui ont été disposées à cet effet et donc à bon escient. Si le canal est encore là, il disparaît assez souvent creusé à même la roche pour réapparaître un peu plus loin. Toujours aux aguets de tout ce qui bouge, je m’aperçois que plusieurs martins-pêcheurs empruntent ces corridors aquatiques et rocheux. Ils y disparaissent eux-aussi mais toujours dans le sens contraire de l’eau qui s’y écoule. Et comme nous longeons la Têt et que bien d’autres oiseaux y sont présents, il ne m’en faut pas plus pour demander à Dany de stopper le temps nécessaire à quelques photos ornithologiques. Finalement et pris dans cet engrenage « passionnel » pour la photo animalière, nous allons stopper presque une heure. J’ai bien fait de m’arrêter à cet endroit car si le canal continue encore un peu, il s’arrête définitivement peu après et l’itinéraire longeant la Têt avec lui. Finalement, et alors que Dany m’ a attendu sagement, je suis ravi des quelques photos que j’ai pu prendre planqué au bord du fleuve. Martin-pêcheur, cincle plongeur, bergeronnettes, fauvette et même un Grand cormoran en plein vol sont venus garnir la mémoire de mon appareil-photo. Un large chemin s’élève un peu et atterrit au milieu d’un verger. Alors que je suis sur le point d’analyser le tracé enregistré dans mon GPS, un petit groupe de marcheurs arrivent m’indiquant la suite de l’itinéraire. Ce dernier part à droite en direction d’un petit casot blanc où l’on retrouve le balisage jaune et un autre canal. Finalement, je reconnais les lieux pour y être venu mais en sens inverse lors d'une balade aux Gorges de la Guillera et au château de Rodes. C’est le Rec ou canal de Corbère qui longe et domine la Têt dans les superbes Gorges de la Guillera, avec notamment les vestiges du pont-aqueduc d’en Labau dont quelques piles et arches sont encore parfaitement visibles et ce malgré leur ancienneté. En effet, l’Histoire nous apprend que la plus ancienne mention est de 1337. En réalité, quand on aperçoit ces vestiges, on n’imagine pas que les canaux que nous avons suivi sont les témoignages hydrauliques encore éloquents de cette époque où des prouesses techniques incroyables étaient mises en œuvre pour irriguer la plaine et amener l’eau jusqu’au Palais des Rois de Majorque à Perpignan. Nombreux canaux, aqueducs et moulins ont longtemps fonctionné tout au long de la Têt y compris dans les secteurs les plus étroits, les plus rocheux et les plus encaissés comme ici. Souvent emportés par des crues, fallait-il du cœur à l’ouvrage pour que ce système complexe se remette à fonctionner correctement. A partir d’ici, je connais bien les lieux et je sais déjà que la partie de cette boucle que je considérais comme la plus compliquée est derrière nous. Si mon intention bien arrêtée est d’ignorer Rodes et son château que nous connaissons déjà fort bien, plus rien ne presse et malgré notre long arrêt au bord de la Têt, la flânerie demeure possible. Aussi dès que les Gorges de la Guillera se terminent et que l’on franchit le pont sur la Têt au lieu-dit « Station d’épuration », un banc arrive très à propos pour le déjeuner. Une grosse demi-heure plus tard, on se remet en route, direction les anciennes carrières de granit que j’ai longuement visitée en janvier 2019 lors d’une balade intitulée « Le Circuit de la Montagne brûlée depuis Rodès (le Sentier des Carrières et du village médiéval de Ropidera) ». Il est vrai que j’y avais aperçu des Hirondelles des rochers en grand nombre, cela ajoutant à ma curiosité première pour le patrimoine. Aujourd’hui, et de surcroît avec Dany, il n’est bien sûr pas question de retourner dans cette « galère » tant j’avais eu de mal à atteindre les bâtiments envahis par une végétation épineuse et urticante. Le sentier qui monte allégrement et joliment en surplomb de la Têt et de ses gorges, avec des vues admirables sur Rodès, sur la vallée et sur le Massif du Canigou suffira à notre bonheur. Je connais bien les goûts de Dany et je sais qu’elle prend du plaisir à cheminer ce sentier qui s’élève en douceur. Elle ne connait pas les lieux, lesquels aux flancs de ces gorges encaissées, laissent entrevoir de beaux et amples panoramas. Il va en être ainsi jusqu’à atteindre le point culminant à 350m d’altitude où une intersection se présente avec d’un côté la direction de Montalba-le-Château et de l’autre le hameau de Casesnoves qui n’est d’ailleurs pas indiqué sur le panonceau directionnel, d’où l’intérêt d’avoir un tracé GPS ou au pire une carte IGN. Si les paysages lointains continuent à apparaître, ils sont moins époustouflants, d’abord parce que le chemin descend vers une partie de la vallée de la Têt moins encaissée, mais aussi parce qu’une végétation de maquis et quelques magmas rocheux granitiques obstruent la vue assez souvent. Finalement, ce n’est plus tant les paysages qui captivent nos regards mais des visions plus imprévisibles comme deux vautours fauves planant au-dessus de la vallée, une corneille noire ou bien encore une énorme migration de grues cendrées dont c’est d’abord les cris stridents qui attirent notre attention. Quel beau spectacle que ces oiseaux volant en formation et en V multiples avec cette lubie et cette boussole directrice de rallier l’Afrique via l’Espagne ! D’ailleurs, leur boussole fonctionne-t-elle si correctement que ça ? Comme je l’avais déjà observé lors d’une autre balade intitulée « Le Sentier de découvertes et d’agrément de Néfiach », mais avec des cigognes, ces grues semblent parfois déboussolées ! Celles qui mènent le groupe changent tout à coup de direction, ce qui bien entendu paraît très perturbant pour l’ensemble. Elles semblent faire demi-tour mais en moins d’une minute, elles paraissent retrouver la « bonne » direction ! Ont-elles rencontré un élément perturbateur ou bien est-ce une façon d’attendre les éventuelles retardataires comme des cyclistes échappés attendent le peloton ? Elles disparaissent et ma question restera sans réponse. En définitive quand le hameau de Casesnoves se présente, avec son église Saint Sauveur fermée, ses ruines mitoyennes et sa tour médiévale sans grand intérêt de prime abord, nous avons conscience que l’essentiel de cette jolie balade a été observé. Pour qui connaît un peu l’Histoire de Casesnoves, si l’église a été parfaitement restaurée, aucune information n’évoque l’étonnante affaire de ses fresques murales qui ont pourtant défrayé la chronique dans les années 50 et je trouve que c’est un peu dommage. Les visiteurs qui viennent ici auraient peut-être envie de savoir ce qu’il s’est passé mais de savoir aussi que ses fresques sont désormais dans l’ancien hospice Saint-Jacques devenu Centre d’Art Sacré d’Ille-sur-Têt. Par le fait même que tout ou presque a été vu, la fin de cette balade est plutôt monotone même si sur notre gauche et de temps à autre les célèbres Orgues laissent entrevoir quelques-uns de leurs jolis « tuyaux » de blocaille sédimentaire. En fin de compte, ce qui va donner un peu de piment à la fin de cette randonnée, c’est de se tromper de rue pour rejoindre notre voiture, laissée près de l’ancien couvent cistercien. Après avoir un peu tourné en rond dans Ille-sur-Têt, finalement c’est bien le chemin des Neuf Fontaines puis celui de la Sini qu’il nous a fallu prendre pour en terminer. Avec pas mal de bitume pour finir, mais en suivant un canal, l’arrivée s’effectue en passant sous la N.116. Après une distance que j’estime à environ une douzaine de kilomètres, notre voiture est là ! Si la fin est un peu fastidieuse, ce n’est pas du tout cela que nous garderons de cette magnifique balade  mais les canaux, la Têt, une avifaune très présente, de jolis paysages, de beaux panoramas et un patrimoine à découvrir.  Carte IGN 2448OT Thuir – Ille-sur-Têt Top 25.

     

    (*) Le Circuit de la Montagne brûlée depuis Rodès (le Sentier des Carrières et du village médiéval de Ropidera) et Les Gorges de la Guillera et le château de Rodès (308 m) depuis Rodès (203 m)

    (**) En effet, après les inondations cataclysmiques d’octobre 1940 qui dévastèrent les deux tiers des Pyrénées-Orientales, il fallut reconstruire, réparer les énormes dégâts causés par les crues gigantesques des cours d’eau roussillonnais. Les GTE récemment créés furent mis à contribution. Le GTE 412 était commandé par le capitaine d’aviation André Herry. Francisco Rodríguez Barroso, ancien officier de l’armée républicaine, qui devait connaître suffisamment de français parlé et écrit le seconda dans sa tâche, assurant comme tous les étrangers exerçant ce type de fonctions dans les GTE, des fonctions de secrétariat. Le 412e GTE était divisé en quatre sections de 50 hommes dont la direction était assurée par l’un d’entre eux désigné pour ses aptitudes et compétences. Le 412e GTE fut employé à la réparation des nombreux canaux d’irrigation du secteur, indispensables à l’agriculture, et à la restauration des berges de la Têt, du Boulès son affluent, et du Gimenell, sous-affluent. Lorsque, en juin 1943, ces objectifs furent atteints, le 412e GTE fut transféré à Decazeville (Aveyron) où ses hommes furent employés dans les mines de charbon.


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  • Ce diaporama est agrémenté de diverses interprétations de la magnifique chanson "Till There Was You" de Meredith Willson devenue définitivement célèbre grâce aux Beatles. Elle est interprétée ici par Jennifer Judy Heller plus connue sous le nom de J.J Heller (instrumental), par le duo MonaLisa Twins (chant) , par Joscho Stephan Trio (guitares), Paul McCartney (chant) et Bill Tyers (guitare).

    Le Chemin de Milie à Saint-Estève

    Le Chemin de Milie à Saint-Estève

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    En vous proposant ce « Chemin de Milie » au départ de ma commune de Saint-Estève, autant vous dire de suite de ne pas trop vous fier au tracé que je mets en exergue avec ce récit. Ce tracé est celui que j’ai réalisé ce jour-là mais il n’est qu’un exemple parmi bien d’autres jolis sentiers et chemins qui sillonnent les vignobles et la garrigue stéphanoise. Il n’est donc pas une finalité en soi et bien d’autres itinéraires sont possibles. A vrai dire, en effectuant ce circuit un peu biscornu,  ma vraie finalité était double : aller rendre hommage à « Milie » et démontrer que la campagne stéphanoise est encore très « naturelle » et « sauvage » et ce, malgré toutes les agressions que le progrès et bien d’autres complications ne cessent de lui infliger. Enfin, s’il est aussi biscornu, c’est parce que certains impondérables et une interdiction nouvelle m’ont obligé à zigzaguer. Alors bien sûr, vous vous demandez qui est « Milie » ? Voilà brièvement son histoire. De son vraie nom « Méli », selon son carnet de santé et de vaccination, c’était une jolie petite chatte noire de race Bombay née en 2004, mais les enfants l’avaient immédiatement appelé « Milie » et ce nom lui était resté. Elle avait 6 ans environ quand un soir elle a trouvé la mort heurtée par une voiture. Bien qu’ayant fait de gros progrès de sociabilisation, Milie était restée assez sauvage. La caresser, était toujours très difficile pour le premier venu mais pour nous aussi parfois. Malgré cette difficulté, elle avait une double vie car il lui arrivait presque chaque soir de traverser notre rue pour partir dans le proche voisinage. Où allait-elle ? Que faisait-elle pendant ses longues absences ? Nous n’avons jamais réussi à le savoir malgré quelques investigations auprès des voisins ! Cette double vie lui a donc été fatale. Et quand je pars en balade lui rendre hommage, c’est parce que je l’avais enterrée non loin d’un grand pin parasol de la garrigue stéphanoise. Malheureusement sur le lieu en question, un grand nombre de gravats ont été déversé et Milie est désormais enfouie dessous. Mais je continue à y aller, prenant très souvent des chemins différents et ce prétexte qui me tient toujours à cœur depuis octobre 2010 où elle a trouvé la mort. Oui, comme indiqué en préambule « les Chemins de Milie » peuvent être nombreux. En ce 18 octobre, le temps est superbe et mon envie d’aller courir la campagne en est décuplée. Je démarre de chez moi mais plus véritablement du lieu-dit la Pinède, juste après le parcours sportif où j’allume mon appareil-photo. Là, direction le cimetière ouest encore appelé cimetière du Haut. D’emblée, les oiseaux sont plutôt nombreux et  se présentent sous les traits de quelques merles, pinsons et autres serins. Mais les photographier reste dans l’immédiat très compliqué. Après quelques mètres, un papillon et un écureuil peu craintif et joueur ouvrent enfin mon bestiaire . Le premier oiseau est une pie avec son joli plumage aux reflets noirs et bleutés. Après le cimetière, le chemin se fait plus rectiligne et file presque tout droit vers la D.614 qui va de Pézilla-la-Rivière à Baixas. Ici, fleurs, oiseaux et papillons sont déjà bien présents. Ce chemin qui était plutôt bon est désormais un peu défoncé par endroits suite aux tranchées réalisées récemment pour faire passer la fibre optique. Ce fameux progrès que j’évoquais au début se présente également avec un horizon tout proche où éoliennes et lignes à haute tension se partagent le ciel bleu de leurs têtes et la campagne de leurs gros pieds de béton. Non loin de moi, un hélicoptère s’élève dans le ciel transportant deux hommes dans une nacelle. Le progrès, toujours le progrès, encore le progrès. Si je ne suis pas totalement contre le progrès, je trouve assez dommage que l’on produise beaucoup d’électricité de manière si proche avec ici une grande centrale électrique, de nombreuses éoliennes et de plus en plus de panneaux photovoltaïques sans en profiter dans les tarifs qui ne cessent au contraire d’augmenter. Oui, on peut tous regretter ce paradoxe et ce d’autant qu’il était également dit que le compteur Linky devait s’avérer plus économique et plus vert ! Plus économique et vert(ueux) pour qui ? On est en droit de se le demander ! Malgré tout, la Nature reste encore présente dans cette campagne et j’arrive avec bonheur à faire quelques photos naturalistes. Jusqu’à quand ? A force d’empiéter sur la campagne et donc sur la Nature, un jour viendra où il sera trop tard ! Je n’en veux pour preuve une disparation de 30% des oiseaux en 30 ans mais aussi de 60% des vertébrés sauvages à l’échelle de la planète. Je ne vais pas jusqu’à la D.614 préférant bifurquer au préalable pour revenir en empruntant un autre chemin qui traverse les vignobles et les lieux-dits « El Clavell Baix » et « Serrat d’En Farines ». C’est dans ce secteur que j’ai enterré « Milie », mais si je retrouve l’endroit exact,  je n’en retrouve aucune trace et pas même cette petite ardoise que j’avais gravée de son nom le jour où j’avais trouvé les « fameux » décombres déposés sur sa petite tombe. C’était en janvier 2011, quelques mois après sa disparition. Tout a disparu sous ce progrès qui consiste à salir la Nature avec ce qui devient inutile aux hommes alors qu’il existe une déchetterie faite pour ça. Décheterrie certes mais il est vraie payante pour les professionnels. C’est quoi la préférence, protéger à tout prix la Nature ou bien faire de l’argent désormais si essentiel à l’existence des hommes ? A voir comment les richesses sont si mal réparties sur notre planète, on devrait aisément pouvoir faire les deux non ? Enfin, il fait beau, la Nature est là, gratuite de surcroit et même si ce type de questions existentielles m’interpellent assez souvent, je veux profiter de mon après-midi. D’ailleurs, près d’un casot en ciment, d’autres personnes moins enclines à toutes ces questions métaphysiques ont « bu comme des trous » et « ont fumé comme des pompiers » laissant tous leurs détritus sur place dans un carton, ce qui tend à prouver si besoin que la société est mal en point. Je ne suis pas psychiatre mais venir « se torcher » dans la garrigue soulève des questionnements. Oui, la science de l’être humain et de ses réalités qu’on appelle « l’ontologie » a encore « du pain sur la planche ». Moi, je continue « mes petits bonhommes de chemins » zigzaguant entre vignobles et garrigues, toujours à l’affut de la faune et même de la flore, faisant même un petit détour pour aller voir des graffitis plus ou moins bien réussis dans un bâtiment désaffecté au milieu du lieu-dit « Plana de Dessus ». Si je ne suis pas contre ce « street art » ou « art des rues », bien au contraire, parfois très agréable à regarder quand les dessins sont bien faits, bien présentés et colorés, je ne peux que regretter qu’en France plus le moindre morceau de béton ou de métal ne soit « barbouillé » de ces tags obscurs, souvent débiles quand ils ne sont  pas « crasseux », « grossiers » voire carrément « avilissants ». Ici, si la plupart sont relativement bien dessinés, il y en a un très beau et donc parfaitement réussi consacré « Aux enfants de Saint-Estève morts pour la France en 14/18 ». Voilà une belle initiative et qui est à même de réconcilier le présent et le passé, chose de moins en moins fréquente de nos jours ! Enfin, il faut regretter que certains « artistes » aient cru bon de jeter leurs bombes de peinture ou de résine alors que c’est pourtant si facile lorsqu’on est venu avec de les ramener chez soi. « Artiste » ne devrait jamais rimer avec « fumiste » !  Je termine cette balade en évitant de traverser le domaine Bobé appartenant à Monsieur le Maire, ignorant que je suis de l’installation récente d’un grand hangar photovoltaïque. Respecter la propriété privée quand elle est parfaitement indiquée fait partie de l’éducation reçue de mes parents. Enfin peu importe ce petit détour car l’envie de marcher est encore là. Ainsi se termine cette jolie balade au cours de laquelle j’ai pris autant de plaisir à prendre des photos qu’à parcourir la campagne avec ses belles couleurs automnales. Toulouse-Lautrec qui s’y entendait en couleurs, n’a-t-il pas dit que « l’automne est le printemps de l’hiver ». Je n’ai pas enregistré d’éléments de mesures mais j’estime que telle qu’elle est décrite ici, cette balade a été longue d’environ 7 à 7km5 pour une déclivité d’une quarantaine de mètres. Carte IGN 2548OT Perpignan – Plages du Roussillon Top 25.


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  • Afin de rendre hommage à Jean-Paul Belmondo qui vient de nous quitter, j'ai agrémenté cette vidéo avec la musique d'Ennio Morricone dont plusieurs variations sont extraites du film "Le Professionnel" de Georges Lautner.  En français, elle s'intitule "Le Vent, le Cri" et en italien "Chi mai".

    La Boucle pédestre de l'étang du Ticou depuis Pyrénées 2000.

    La Boucle pédestre de l'étang du Ticou depuis Pyrénées 2000.

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    Cette petite « Boucle pédestre de l’Etang du Ticou » à partir de l’Office du Tourisme de Pyrénées 2000 a quatre atouts principaux. Marcher, piqueniquer et être accessible au plus grand nombre sur un petit périmètre.  Le tout dans des décors montagnards incroyablement sympathiques. Personnellement, j’y rajoute une flore et une faune omniprésentes et donc « photographiables » pour le passionné de Nature et de photos que je suis. J’y adjoins aussi la découverte d’une partie de la commune que nous n'avons pas pour habitude de visiter,  car en hiver nous sommes trop attirés et obnubilés par les pistes de ski. Choisissez de préférence une belle journée pré-estivale voire estivale et votre satisfaction sera probablement complète. Comme indiqué, le départ s’effectue depuis l’Office du Tourisme situé avenue du Serrat de l’Ours. Un panonceau vous présente les grandes lignes de cette boucle : « PR61 – Dénivelé +75m – 4,2km – 1h20 – Très facile ».  Pour la bonne direction, il suffit de traverser l’avenue et un deuxième panonceau indique d’ores et déjà la suite : « Etang du Ticou -1,9 km- PR 61 ». Vous laissez sur votre droite un boulodrome et une aire de jeux et poursuivez tout droit sur un sentier bien marqué en direction d’un bois. Sur cette courte distance, moi j’en suis déjà à photographier des oiseaux et des fleurs. Les premiers se présentent sous les traits de moineaux, de rougequeues noirs, d’un merle et d’une bergeronnette. Les secondes sont des lupins aux couleurs bigarrées et en grand nombre puis une flore sauvage et diversifiée au fil de nos pas. De temps à autres, des passerelles permettent d’enjamber un étroit ruisseau. C’est le Ruisseau de Bolquère, lequel ici amène fraicheur et végétation exubérante mais remplit plus loin l’étang du Ticou. Peu de temps après, vous arrivez au lieu-dit Pla del Termenal où un vaste complexe sportif affiche ses structures et notamment ses terrains de tennis. On contourne ces terrains et on poursuit par un chemin toujours très évident. De toute façon, le balisage « Etang du Ticou »  est suffisamment bon pour ne pas s’égarer. La D.618 est à traverser et bien évidemment on le fait avec prudence et encore bien plus si l’on randonne avec des enfants. Ici, et au regard de certains appareils de gymnastique, la suite nous démontre que le sentier se confond parfois avec un « parcours santé ». Le petit lac est là avec quelques bancs pour s’ y reposer et quelques tables de pique-nique. Nous n’avons aucun mal à trouver la nôtre car il n’est pas encore 11h et il y a peu de monde à cette heure-ci. Plus tard, vers midi, les places assises seront un peu « plus chères », même si aujourd’hui ce ne sera jamais la cohue. De toute manière, un pique-nique sur l’herbe a aussi son charme, à condition d’avoir prévu un plaid à la taille des fessiers de tous les pique-niqueurs. Avec sa sapinière tout autour, le Ticou a un petit air « canadien » et bien sûr les pêcheurs à la ligne y trouvent un endroit bien agréable où « mouiller leurs asticots ». Après le déjeuner, rien ne presse. Dany a décidé que le banc sera son lit de camp quant à moi la Nature m’attend. Finalement, pour Dany l'herbe s'avérera plus confortable. Quant à moi, la Nature je l’entends dans les grands sapins m’appeler en s’égosillant et semble reconnaître le chant de très nombreux pinsons. Je quitte la table et « le Petit Poucet » que je suis n’a besoin de personne pour partir se perdre dans la forêt. Si les fleurs sont plutôt faciles à immortaliser ; sauf les minuscules ; les papillons m’entraînent bien plus loin que je ne l’aurais imaginé. Par chance, mon  sens de l’orientation me ramène dans le droit chemin et par bonheur c'est celui du Ticou. Finalement, c’est en faisant des tours du lac que je prends le plus de plaisir à la photo naturaliste. Il est vrai que photographier des libellules, des oiseaux et des truites dans l’eau est un exercice où la persévérance est mise constamment à rude épreuve.  « La difficulté est un obstacle qui se surmonte par la persévérance » dit un proverbe oriental.  Finalement le résultat global est plutôt satisfaisant. Il est temps de partir car Dany dans sa grande bonté a laissé la table de pique-nique à des visiteurs qui n’attendaient que ça ! Nous quittons le lac, direction son parking puis l’avenue des Lupins. Voilà une avenue qui porte bien son nom car ici les lupins poussent comme le riz en Chine du sud. En réalité, nous allons en découvrir de toutes sortes et de toutes beautés dans toutes les rues que nous allons arpenter pour revenir à l’Office de Tourisme : rue des Chanterelles, rue des Myrtilles, rues des Sorbiers, avenue des Erables, rue des Noisetiers et avenue des Lilas. Oui, ici quelque soit le nom du végétal attribué à une rue, les lupins sont légions et maîtres des lieux. Si je ne peux pas vous garantir que toutes ces rues correspondent au PR.61 suivi initialement, je peux vous assurer que nous avons refermé cette « Boucle pédestre de l’étang du Ticou » très correctement et sans problème. Il est vrai que de très nombreux panonceaux « Liaison Bolquère/Pyrénées 2000 » étaient là pour nous y aider. Tel que décrit ici ; mais sans mes errances naturalistes ; ce circuit est long de 4,1 km pour un dénivelé de 74 m et des montées cumulées de 90 m, c'est dire si elle est plutôt facile. Cartes 2249 ET Font-Romeu - Capcir et 2250 ET Bourg-Madame - Mont-Louis- Col de la Perche - Top 25.


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    Ce diaporama est agrémenté de 3 musiques du compositeur britannique David Mitcham. Elles ont pour titre : "Reflections On A Life", "Reflections Of Satie" et "Highlands and Lowlands"

    La Chapelle Sainte Marguerite de Nabilles depuis Conat

    La Chapelle Sainte Marguerite de Nabilles depuis Conat

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    En ce 19 septembre, et toujours en villégiature à Urbanya, nous avons prévu d’aller randonner au-dessus des Angles, du côté du petit étang de Vallserra (que l’on écrit aussi Balcère), quand la radio nous annonce de la pluie sur le Capcir pour une bonne partie de la journée. Etonnant quand même , alors qu’ici nous n’avons qu’un ciel incroyablement bleu. Que faire alors que nous nous apprêtons à démarrer ? Sur mon smartphone, cette mauvaise météo capciroise m’est confirmée avec un risque prévisionnel d’averses à 75%. Sur cette même application, aucune pluie n’est annoncée sur le Haut-Conflent. Rien d’étonnant à cela quand on sait qu’il arrive assez souvent que les pluies restent bloquées sur les Garrotxes et le Massif du Madrès. Alors oui que faire ? Changer mon fusil d’épaule ? Oui je ne vois que ça ! C’est ainsi  que cette balade à Vallserra se transforme à une jolie boucle vers « la Chapelle Sainte-Marguerite de Nabilles (*) depuis Conat ». Un petit détour par Prades afin de récupérer notre pique-nique qui prend les traits de 2 gros pans-bagnats ( ce sont les seuls sandwichs qui nous tentent !)  et à 9h15 nous voilà fin prêts sur la parking de la mairie de Conat pour cette balade. Le ciel est toujours merveilleusement bleu et il ne variera pratiquement pas de la journée. Je connais bien le tracé et je sais déjà que le GPS que j’emporte quand même ne devrait m’être d’aucune utilité voire si peu. Si Dany connaît déjà la chapelle, que nous avions découvert lors d’une autre balade intitulée « les Chapelles du Pla de Balençou », elle ne la connaît pas selon cette boucle qui j’espère devrait pleinement la satisfaire. Nous traversons le vieux mais pittoresque village et nous dirigeons vers la rue des Ponts Romans. C’est cette rue qu’il faut emprunter pour ressortir du village et trouver l’étroit sentier qui doit nous amener vers la chapelle située sur le plateau dominant la vallée. Dans l’immédiat, mon appareil-photo et moi sommes absorbés par de nombreux passereaux mais plus globalement par une Nature bien présente qui d’emblée freine ma marche. Quelques poèmes bien sympas rajoutent à cette flânerie imprévue. Par bonheur, les passereaux se laissent gentiment immortaliser et les poèmes sont courts. Tout cela suffit à notre bonheur. Nous reprenons notre marche. La jolie arche en pierres du premier pont « roman » est là ainsi qu’un ludique pupitre nous expliquant que ces deux ponts n’ont de « romans » que le nom. Les deux enjambent la rivière Urbanya mais le second se trouve un peu plus haut à la confluence d’un autre ruisseau descendant du hameau perdu et oublié d’Arletes : Le Riberot. Paradoxalement, c’est ce ruisseau que nous allons suivre en le dominant. Sur le pupitre et en lisant toutes ces histoires passées, l’importance de l’eau et l’intérêt qu’il y avait à la capter et à la canaliser du mieux possible, je ne m’empêchais de me souvenir de cette balade faite en juillet 2018 et que j’avais intitulée « Le Sentier d’Arletes et autres hameaux perdus ». Je me souviens avoir pleinement profité de l’ombrage qu’il y avait au pied des ruines d’Arletes et plus précisément au bord de ce fameux Riberot pour me reposer un peu et prendre un en-cas. Je me souviens des nombreuses mésanges qui piaillaient mais aussi de ces plants de menthe sauvage qui attiraient une incroyable variété d’insectes et de papillons. Oui, je me souviens très bien de toutes ces vies « butineuses » si fraternelles entre-elles que j’avais photographiées avec une immense délectation. Nous repartons plus que jamais sûrs de notre itinéraire, qu’un panneau directionnel vient de nous confirmer : «  Ste Marguerite ¾ d’heure ». Le sentier commence à s’élever et je précise à Dany qu’elle peut marcher sans crainte et à son rythme car je ne veux surtout pas la ralentir avec mes prises de vues quasi permanentes. Quelques fleurs, quelques papillons, quelques beaux panoramas, de rares lézards et de rarissimes oiseaux sont néanmoins suffisants à créer entre elle et moi une certaine distanciation, mot ô combien devenu malheureusement à la mode par ces temps de Covid. Par bonheur, un simple arrêt de quelques minutes de sa part et le rapprochement s’effectue de nouveau.  Les panoramas vers les massifs du Canigou et du Coronat sont superbes et on ne s’en lasse pa.s  Dès que l’on approche des flancs du plateau, les décors changent. On quitte le sentier encadré d’une végétation méditerranéenne  cheminant en balcon au-dessus du Riberot pour une garrigue plus ouverte et plantée de graminées, de petits buissons et d’arbustes plus épars. Il va en être ainsi jusqu’à la chapelle. Dans l’immédiat, je demande à Dany de m’attendre car en dessous du sentier j’ai aperçu une grange et ce qui ressemble à une ancienne carrière. La carte IGN me confirmant ces informations à cet endroit non loin du Correc de l’Espinas, je veux voir de quoi il retourne. Finalement, il s’agit d’une ancienne ardoisière sans grand intérêt même si certaines lauzes sont de toute beauté et m’auraient bien rendu service pour agencer mes terrasses potagères de ma maison d’Urbanya. Dans ce fatras de lauzes, seul un beau lézard que l’on appelle Psammodrome présente un bel intérêt. Mais comme il se cache derrière la souche d’un vieux chêne vert, j’éprouve beaucoup de mal à le photographier correctement sans l’effrayer. Quant à la grange, elle semble totalement constituée de ces lauzes-là mais elle est inaccessible car au pied d’un haut mur et de surcroît envahie par les ronciers. Il est probable que la grange, définie ainsi sur la carte IGN, était plutôt une cabane servant d’habitat temporaire pour les ouvriers travaillant à l’ardoisière.  J’abandonne les lieux et retrouve Dany qui m’a patiemment attendu près d’un grand cairn lui aussi élevé avec les lauzes du coin. Elle ne ronchonne pas de m’avoir attendu, mais il est vrai qu’elle est bien occupée à observer un vautour fauve planant très haut dans le ciel. Il descend en de larges circonvolutions se laissant planer, sans doute emporté qu’il est par des courants d’airs chauds. Après ce joli spectacle, la déclivité se fait moindre et après la ruine d’un vieux mas que nous laissons sur la droite, la chapelle est enfin visible. Alors que je suis parti visiter la ruine du vieux mas, quelle n’est pas ma surprise d’apercevoir un blaireau occupé sans doute à déjeuner. Le museau enfoncé dans l’herbe, il est difficile à photographier mais c’est déjà trop tard car il m’a vu. Il détale vers la ruine et s’enfonce dans un buisson d’épineux très dense. J’ai beau m’évertuer à faire le tour du buisson, il a disparu corps et biens !  Il n’est pas encore midi, nous sommes devant la chapelle. Dany décide de s’assoir sous le clocher sur une pierre qui fait office de banc et moi je pars faire un rapide état des lieux. Depuis ma dernière venue en septembre 2014 lors d’une balade que j’avais intitulée « Les Pierres gravées et dressées de Conat », rien n’a vraiment changé dans cette église dédiée à Sainte Marguerite d’Antioche, une vierge martyre née à la fin du 4eme siècle et morte décapitée au début du 5eme à l’âge de 16 ans. J’y trouve peut-être un peu moins de purin et de crottin, ce qui tend à prouver qu’aucun bovin ou ovin n’est plus venu ici depuis quelques temps déjà. Pour le reste, je regrette toujours qu’aucun travail de restauration n’ait été entrepris et notamment pour élever son clocher et consolider son toit ce qui lui donnerait un autre visage dans ce paysage abandonné ! Oui, il ne faudrait sans doute pas grand-chose pour quelle retrouve un peu de son lustre d’antan, elle dont les historiens savent peu de choses or mis qu’elle est romane et qu’ un écrit la mentionne pour la toute première fois en l’an 1279. Mais c’est compliqué, l’endroit est un peu perdu même si une piste arrive jusqu’ici soit de Prades soit depuis Campôme. Ma seule observation nouvelle est d’y découvrir sur la corniche du chevet, une pierre gravée d’un serpent ondoyant.  Mais comme j’ai eu cette information sur le site Internet des « Balades romanes » juste avant de venir, je ne suis pas vraiment surpris de cette trouvaille. Serpent ou dragon ? Je ne sais pas, mais toujours est-il qu’il y a une légende selon laquelle Marguerite d’Antioche serait sortie indemne du ventre d’un dragon qui l’avait avalée. Les bâtisseurs de la chapelle connaissaient-ils cette légende ? ça paraît probable.  Après cette jolie découverte, il est temps d’aller déjeuner,  et ce d’autant que je languis de partir vers d’autres trouvailles plus vivantes car j’ai déjà constaté qu’il y avait pas mal de papillons mais aussi quelques fleurs habituellement plutôt discrètes en ces lieux si arides. Si les papillons sont en grand majorité l’espèce que l’on appelle « Satyrinés » ; en latin « Satyrinae » ; il y a aussi des Piéridés et les habituels papillons saisonniers qui apprécient les maquis plutôt secs.  Mais alors qu’elle n’est pas ma surprise de rencontrer pour la toute première fois un Petit Monarque. Il est là, les ailes légèrement repliées, à butiner les fleurs d’un Daphné garou et malheureusement, je n’aurais de lui que 4 photos dans cette posture loin d’être idéale.  Il s’envole et je ne le reverrais plus malgré mon attention permanente à tenter de le retrouver. Papillon migrateur présent en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie, il est plutôt rare en Europe et bien sûr en France où jusqu’à présent il a surtout été observé dans l’Hérault et un peu dans l’Aude nous dit Wikipédia. C’est donc une magnifique surprise de le trouver ici sur ce Pla de Balençou, envahi il est vrai par le « Séneçon de Mazamet ou du Cap » qu’il semble apprécier. Après plus d’une heure autour de la chapelle, mais sur un tout petit périmètre, à recenser tout ce qui bouge et fleurit, le temps est venu de refermer cette boucle. Dany m’attend. SI nous amorçons la descente ensemble en direction du lieu-dit Millares, très vite ma passion pour la photo naturaliste engendre un nouvel espacement. Quelques oiseaux mais impossibles à photographier, un beau lézard vert et encore de nombreux papillons, cette fois, je ne la vois carrément plus. Dany a disparu ! Craignant qu’elle ait emprunté une caminole qui file tout droit au bord du précipice dominant Conat, je fais moi aussi le choix d’aller tout droit. Finalement je l'aperçois, après cette descente inédite entre Les Esquerdes et la Solana. Elle a fait le choix de s’arrêter mais il est vrai que la sente ne va guère plus loin sauf à prendre des risques assez insensés.  Alors certes, il y a d’ici une vue imprenable sur Conat, mais le bon itinéraire y menant est un peu plus haut, moins périlleux et moins direct même si l’aspect tortueux reste quelque peu présent. Après cet égarement, le bon itinéraire descendant par Les Teixonères, je le retrouve sans trop de problèmes. Il coupe le sentier menant à Llugols que je connais par cœur pour l’avoir sillonner à maintes et maintes reprises dans les 2 sens, et notamment en 2007 lors d'une étape sur mon mémorable Tour du Coronat. Ce Tour du Coronat qui était devenu pour moi « Des Merveilles au pays d’Alysse » reste là, encore gravé dans ma mémoire avec une fraîcheur quasi intacte quand je viens marcher dans ce secteur. Il est vrai que dans cette descente vers Conat, il suffit que je lève la tête pour que les merveilles ressurgissent : le Mont Coronat est là, dressé devant moi, si boisé, si sombre et si abrupt qu’il continue à me fasciner comme au premier jour. Il y a aussi cette Vallée du Caillan avec ses petites gorges sinueuses et cet étonnant moutonnement végétal sur son versant adret. Moutonnement grâce à leur forme en boucles arrondies car essentiellement constitué de chênes verts serrés les uns contre les autres comme des soldats romains dans un carré d’infanterie. Pourtant quand on connaît l’endroit, de nombreuses petites sentes y circulent dessous. Les anciennes « feixes » et les vieux orris de bergers y sont encore nombreux et en très bon état comme j’avais pu le constater lors d’une balade que j’avais intitulée « Le Pi del Rei et autres découvertes ». Oui, je continue à trouver tout cela très beau. Comment pourrait-il en être autrement alors que cette agréable balade se termine et que le joli village de Conat se présente orienté vers le soleil comme un beau tournesol ? Pour notre plus grand bonheur, il se présente aussi sous les traits de son ancien maire et de son épouse, dont nous sommes ravis de faire la connaissance. Nous papotons longuement de tout et de rien, de cette charmante balade à la chapelle Sainte-Marguerite mais aussi de la France et de ses tourments. Malgré la quiétude ambiante qui pourrait faire oublier les tracas, il est toujours plaisant de voir que l’on partage avec d’autres personnes les mêmes thèmes alarmants, l’amour de la France et de notre belle région, les mêmes ressentis, les mêmes idées, les mêmes conclusions mais aussi les mêmes débuts de solutions. Oui, on termine cette balade en voulant refaire le monde, pourtant assez paradoxalement celui que nous avons découvert aujourd’hui nous a totalement comblé  ! Cette balade a été longue de 6,2 km, découvertes incluses, pour des montées cumulées de 550 m. Le dénivelé est de 352 m entre Conat le point le plus bas à 513 m sur le pont enjambant le Caillan et le plus haut à 865 m à proximité de la chapelle. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de-Fenouillet et 2349 ET Massif du Canigou Top 25.

    (*) Nabilles  : On ne sait que peu de choses du hameau de Nabilles et en tous cas encore beaucoup moins que pour celui d'Arletes que j'avais évoqué lors de ma balade "Le Sentier d'Arletes et autres hameaux perdus depuis Conat". Les vieux écrits sont moins nombreux apparemment. Mais il reste quelques ruines à proximité de la chapelle et notamment entre les correcs de Nabilles et de l'Espinas, ce qui permet de ne pas douter d'une vie antérieure à cet endroit du plateau de Balençou (Vallenso). Il est fort probable que les raisons de la disparition de la vie à Nabilles ont été les mêmes que celles qui étaient survenues à Llugols ou à Arletes, c'est à dire les pandémies de peste, les conflits armés mais surtout les grandes difficultés à vivre dans ces lieux retirés et complétement désolés. En réalité, les seuls écrits que l'on trouve à propos de Nabilles sont des légendes et notamment dans deux livres de l'écrivain Christian Doumergue intitulés "Le chat : Légendes, mythes et pouvoirs magiques" et "La France des chats extrordinaires - 75 histoires de chats" où il reprend une légende déjà contée par l'abbé Jules Cornovol dans un texte du 15 octobre 1911 de la Revue Catalane. Sorcières, chats maléfiques, magie noire, corbeau, épidémie, tout est en place dans cette vieille histoire pour expliquer la disparition de toutes vies humaines. L'auteur indique qu'il s'est même rendu sur les lieux plusieurs fois pour ressentir l'atmosphère de ce passé enfoui à jamais. Tout comme moi, il y a éprouvé des émotions en imaginant cette vie si dure dans "cet écrin de solitude".


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    Ce diaporama est agrémenté avec des musiques jouées par le pianiste italien Giovanni Marradi. Elles ont pour titre "Shadows", "Romantico", "Just For You", "Dreams", "Remember When" et "Mamma" (incomplète). 

    Les Chemins de l'Ourriet et des Escocells depuis Urbanya

    Les Chemins de l'Ourriet et des Escocells depuis Urbanya

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    Urbanya le 9 juin 2021. Voilà ci-après comment nous avons réalisé cette randonnée que j'ai intitulée « Les Chemins de l'Ourriet et des Escocells (*) »Quand avec Dany nous avons démarré cette balade, je m’étais fixé le but d’atteindre le lieu-dit l’Orriet. Ce lieu-dit, qui est la ruine d’un très vieux mas de montagne, j’ai déjà eu l’occasion  de l’évoquer dans une autre balade que j’avais intitulée « Le Chemin de l’Ourriet depuis Urbanya ». Situé à 1.074 m d’altitude et Dany ne connaissant pas les lieux, je me disais que cette modeste élévation suffirait à son bonheur. En effet, si modeste soit-elle, cette déclivité offre de superbes et amples panoramas sur le vallon d’Urbanya. En montagne, la vision de grands espaces, Dany adore ça et moi aussi. La météo est superbe et au sein d’un printemps plutôt mi-figue mi-raisin, on se dit qu’il faut profiter des journées comme aujourd’hui. Si je ne me fixe pas d’objectif plus lointain c’est parce que je sais que nos formes physiques respectives ne sont pas au top. Dany souffre régulièrement de sa polyarthrite chronique et principalement aux hanches, quant à moi avec des dyspnées et des sifflements respiratoires, je suis très loin d’avoir totalement récupéré de mon embolie pulmonaire du mois de mars. Malgré tout ça nos volontés et surtout nos envies de randonner sont restées intactes. Il est 12h30 quand nous démarrons sous un ciel bleu ciel que quelques nuages blancs se complaisent à maculer. Ce chemin qui s’élève au-dessus de la rivière je le connais par cœur. Je sais que je vais y rencontrer un tas de fleurs et que parmi elles, il me faudra faire des choix et ne retenir que celles qui me paraissent les plus intéressantes pour mon reportage photos. Les plus intéressantes seront bien sûr les plus belles : celles qui touchent à ma sensibilité :  mais surtout les plus rares ou les plus saisonnières, celles qu’il faut parfois chercher pour les trouver si le hasard ne le fait pas pour moi. Les fleurs bien sûr, mais aussi celles qui volent et que les entomologistes appellent « papillons ». Ici, ils sont pléthores mais les photographier n’est jamais évident quand une petite brise est de la partie comme aujourd’hui. Pour tout le reste de la faune ; et Dieu sait si elle peut être présente et variée ; je sais que le hasard, la chance, mon abnégation et ma patience feront ce qu’il faut. Comme je le prévoyais, les premiers décamètres sont les plus pénibles et les plus éprouvants. Toutes les levées de genoux plus hautes que la normale deviennent une épreuve, et cela, aussi bien pour Dany que pour moi. Alors rien ne presse et je dis à Dany de prendre son temps et ce d’autant que tous les clichés que je m’autorise me permettent de prendre le mien. Nous avons atteint le niveau de la cascade d’Urbanya et nous sommes d’accord pour dire que ça va déjà bien mieux. Il va en être ainsi au fil de notre cheminement et quand l’Orriet est atteint, je suis très surpris d’entendre Dany me dire « et après qu’est-ce qu’il y a ? ». Elle s’assoie néanmoins pour m’entendre lui répondre « il y a 2 ruisseaux formant comme une clairière » puis « plus haut il y a une piste forestière permettant éventuellement d’effectuer une boucle ». « Allons jusqu’à la clairière » me dit-elle. Et nous voilà repartis pour quelques décamètres supplémentaires. Quand nous arrivons à la jonction du Correc du Col del Torn avec celui de Sardana, je lui annonce que nous sommes parvenus à la clairière. Elle bougonne gentiment et je me dis que c’est plutôt bon signe : « Tu appelles cela une clairière ? » s’exclame-t-elle, rajoutant aussitôt « j’appelle ça un sous-bois ! » « Les arbres ont poussé » lui dis-je en guise de réponse puis le silence s’installe. Pas très longtemps et la phrase que j’attendais survient « Et la piste dont tu m’as parlé, elle est loin ? » « Non pas très loin, à 200, 250 m tout au plus, mais je te préviens, il n’y a pas vraiment de sentier et il faut pas mal zigzaguer au sein du maquis pour l’atteindre ! » «  Et tu es sûr de la trouver ? » « Oui, je suis sûr car il suffit de suivre le Correc du Col del Torn ». « Allons-y ! » me dit-elle d’un air bien décidé. Je suis sur le point de lui dire de ne pas râler si les choses ne se passent pas comme elle le veut mais finalement je me retiens. Je ne veux rien gâcher de ce bel après-midi qui se passe formidablement bien et en tous cas au-delà de mes espérances initiales. Je vois qu’elle prend plaisir à marcher, à découvrir des panoramas qui lui étaient inconnus et comme je sais qu’il y en aura bien d’autres encore plus beaux si nous atteignons cette « fameuse » piste, j’ouvre ce « chemin évanoui » sans ne plus rien rajouter. Oui, un chemin a bien existé et quelques grosses pierres sont encore là pour prouver qu’il était creux. Mais le temps, la végétation et le désintérêt des hommes ont fait leur œuvre de sabotage. En garder un quelconque fil est totalement impossible. Alors Dany me suit, ne peste pas me demandant seulement de l’attendre dès lors que je prends un peu trop d’avance dans ce dédale où il faut constamment slalomer entre les rochers de schistes, les genêts, les prunelliers et les églantiers.  Ici, hors de question de m’amuser à faire des photos et je suis essentiellement concentré à chercher l’itinéraire le plus court mais également le plus praticable, tâche pas si aisée que ça même si c’est la énième fois que je m’y attelle. Finalement la piste si convoitée est là et franchement elle est très belle car très verdoyante avec de surcroît un panorama magique. Elle est en plus un étage végétatif car ici commence la forêt de pins à crochets et quelques autres résineux. On oublie très vite les difficultés qu’il nous a fallu franchir pour arriver jusqu’ici. Malgré un décalage évident, le « V » que forme la vallée d’Urbanya ajoutée à celle de Nohèdes est presque d’une symétrie parfaite avec le « V » inversé du Massif du Canigou. Des fleurs, quelques papillons souvent les mêmes et de nombreux oiseaux mais ici moins craintifs sont des offrandes permanentes à ma passion pour la photo. Une fois encore, le clou de ce spectacle grandeur Nature se présente sous les traits d’un chevreuil qui se régale de jeunes pousses. Deux photos et le voilà qui s’éclipse dans cette végétation exubérante. Le large chemin verdoyant que nous cheminons est une invitation à flâner. Il s’élève en douceur jusqu’au col de Les Bigues mais afin de raccourcir cette randonnée qu’au départ je n’aurais jamais imaginé aussi longue, je fais le choix de redescendre par le sentier des Escocells. Plutôt pentu, ce sentier consiste à suivre une longue clôture qui se termine à seulement quelques encablures du village. C’est le chemin le plus court pour rejoindre Urbanya. S’il est plutôt bien débroussaillé au départ, c’est de moins en moins le cas au fil de la descente où les genêts l’envahissent très souvent. S’il faut parfois les écarter ou les enjamber pour passer, poser nos pieds sur les branches est souvent synonyme de glissades et de chutes par bonheur sans conséquence. Si nous redoublons d’attentions pour éviter de tomber, chaque petite « gamelle »  se transforme désormais en éclats de rire et en franches rigolades. Oui, pas de doute, les ramures des genêts sont de vrais savonnettes ! Ce n’est pourtant pas à cause de ça qu’on les surnomme « à balais » ! Finalement la clôture se termine, les broussailles s’amplifient et après un très bref égarement, je réussis à retrouver le sentier qui débouche à hauteur du Correc del Menter, non loin de la cascade que nous rejoignons. Nous y passons de longues minutes bien agréables car l’endroit est reposant et rafraichissant. Après cette longue descente sur le chemin des Escocells, cette pause n’est pas superflue. Dans les petites vasques creusées par les jets d’eau de la cascade, deux minuscules truitelles et de remuantes « demoiselles »  m’occupent encore longtemps à la photographie. Après la passerelle, le large chemin nous entraîne très rapidement vers le village. De nombreux clichés dont ceux d’une couleuvre vipérine cherchant pitance dans la rivière viennent s’ajouter à mon reportage-photos. En arrivant à la maison, les paroles que nous échangeons Dany et moi ne laissent planer aucune équivoque. Nous sommes à la fois ravis et incroyablement étonnés d’avoir réussi cette balade au regard de nos conditions physiques que l’on pensait sinon pitoyables du tout moins très mauvaises. Qui l’aurait cru au départ ? En tous cas, nous considérons cette randonnée à la fois comme une prouesse et une promesse. Cette balade a été longue de 7 km. Le dénivelé est de 475 m entre le point le plus bas à 870 m à Urbanya et le plus haut à 1.345 m juste avant le descente vers Les Escocells. Les montées cumulées sont de 680 m. Carte I.G.N 2348 ET Prades- Saint-Paul-de Fenouillet - Top 25.

     (*) Escocells : Si j'ai longuement tenté d'expliquer les mots "Ourriet" et "Orriet" dans une balade précédente intitulée « Le Chemin de l'Ourriet (1.359 m) depuis Urbanya (856 m) » sans que cela soit trop compliqué, donner une signification formelle au mot "Escocells" sur la commune d'Urbanya a été nettement plus complexe. Cette complexité commence par le fait même qu'il n'existe pas de traduction française à ce mot dans la langue espagnole. Quant à la langue catalane ; celle qui nous intéresse ici ; le traducteur de Google indique qu'il s'agit d'une "garderie" quand le mot "escocell" est au singulier et de "pépinières" quand le mot est mis au pluriel. De prime abord, on voit mal le rapport qu'il peut y avoir entre une garderie et des pépinières mais en réfléchissant un peu, on peut néanmoins se dire qu'une garderie est faite pour garder un groupe de personnes et le plus souvent de jeunes enfants et une pépinière prise hors de son contexte agricole ou forestier un lieu où l'on trouve également un groupe de personnes et qui en l'occurrence peut être composé d'enfants. Exemple : une pépinière de jeunes agriculteurs, une pépinière d'informaticiens, une pépinière de surdoués. Comme on le voit, la recherche dans sa méthode la plus moderne ne permet pas d'apporter une explication concrète à la toponymie trouvée sur la géographie d'Urbanya.  Il m'a fallu continuer mes recherches et c'est le mot "escocell" dans le Wikipedia catalan qui m'a finalement apporté une explication plus plausible. En effet, traduit en français, il donne "une grille d'arbre", ces fameuses grilles que l'on trouve de nos jours tout autour des arbres sur tous les grands boulevards arborés. L'Encyclopédie catalane donne la même explication. Toutefois, l'article en question développe le sujet et indique qu'il peut s'agir aussi d'un simple trou circulaire autour d'un arbre. L'Institut d'Estudis Catalans (Intitut des Etudes Catalanes) dans son dictionnaire catalan/valencien/baléare donne la signification suivante : « Fossé que le vigneron fait autour d'une vigne en travaillant la terre et que la charrue n'a pas pu atteindre lorsque les agriculteurs sont passés (Rosselló, Conflent). Comme on le voit ici, la région du Conflent est carrément nommée et on peut donc supposer sans trop de risques de se tromper que les Escocells d'Urbanya ou d'ailleurs soient plus largement des fossés, des rigoles voire des tranchées autour d'un champ ou d'un pré permettant de gérer l'eau qui s'y écoule. On notera d'ailleurs que le mot "écoulements" a une lointaine mais certaine ressemblance avec le mot "escocell" que les linguistes et les géographes ont parfois écrit sur leur carte en "Escaussels" ou "Escausseils" mais le plus souvent en "Escauccels" . Concernant ce dernier mot, l'IEC donne la signification suivante : « Excavation faite en grattant le sol. Dans les montagnes, le pommier étant planté dans n'importe quelle zone de terre,  il est nécessaire que ces excavations soient faites autour des souches du tronc afin que l'eau puisse les irriguer avec le plus de justesse ». Fosses, fossés, rigoles, tranchées, trous, excavations, il ne fait plus aucun doute, les Escocells d'Urbanya étaient sans doute de petites canalisations permettant d'irriguer avec justesse et parcimonie de l'eau des vergers ou des vignes. Oui, l'eau était déjà un bien très précieux. Il le sera de plus en plus !

     


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  • Ce diaporama est agrémenté d'une très belle musique intitulée "Talking To Nature" interpretée par le flûtiste indien Shastro

    Les Gorges de la Carança depuis Thuès-entre-Valls et jusqu'au pont de Pierre.

    Les Gorges de la Carança depuis Thuès-entre-Valls et jusqu'au pont de Pierre.

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    J’avoue faire assez peu de différences entre randonner seul ou en agréable compagnie car j’ai cette faculté à me complaire dans les deux façons de marcher. D’ailleurs, à bien y réfléchir, seul, à deux ou à plusieurs, je ne modifie guère ma façon d’être dans l’action car avant tout c’est la Nature qui guide mes pas. Elle guide mes pas et ma façon d’agir dans l’acte de marche. Cette attitude, si elle n’est pas nouvelle, a bien sûr évolué en prenant de l’âge. Il y a pourtant une exception à cette règle, c’est quand je randonne accompagné de mes petits-enfants. Si la Nature reste bien entendu présente, ils en font partie intégrante, ce qui n’est jamais le cas des adultes. Je vais donc les observer avec presque autant de curiosités que des papillons, des oiseaux, des fleurs, des panoramas ou des paysages. Et quand je m’interroge à propos de cette observation, je me dis qu’il s’agit à la fois d’une dissection de leur comportement vis-à-vis de cette passion pour la randonnée pédestre qui est la mienne mais aussi d’une espèce de vigilance machinale mais probablement indispensable pour moi. Quoi qu’il en soit, je suis toujours très heureux d’être avec eux dans cet acte que j’aime tant qui est celui de marcher. En ce 26 août, tout s’est mis peu à peu en place pour qu’il en soit ainsi. Ce jour-là, mon gendre, ma fille et leurs deux enfants sont venus nous rejoindre à Urbanya où nous séjournons. Ils ont prévu d’aller « faire » « les Gorges de la Carança » en famille et nous ont gentiment invités Dany et moi. Je languis l’instant où nous serons tous ensemble sur les sentiers et ce d’autant que pour une fois je n’ai pas eu à me préoccuper de l’itinéraire à accomplir. Une fois n’est pas coutume, je vais me laisser guider.

    (Voici le lien du tracé que nous avons effectué : https://www.visugpx.com/pnXoZ9IVvH )

     Voilà déjà 13 ans que je ne suis plus venu marcher dans ces célèbres gorges et je m’en souviens très bien car la dernière fois, j’étais venu marcher avec des collègues du boulot.  C’est totalement inédit et malheureusement, ça ne s’est jamais plus produit ensuite. A Thuès-Entre-Valls, il est tout juste 9h quand nous garons nos véhicules sur le parking des gorges. Le temps que tout le monde se prépare et que mon gendre trouve le sens du départ et me voilà déjà les yeux aux aguets de tout ce qui bouge. Un merle et un papillon en font les frais. Dans le ciel, deux vautours fauves planent du côté de Llar. Ce tout petit hameau perché et perdu me ramène lui aussi à quelques années en arrière lors d’une jolie balade intitulée « Le Chemin des Canons ». Dans la rivière, un merle et plusieurs bergeronnettes continuent de m’immobiliser puis à mon approche, ils s’enfuient à tire-d’aile. Plongé dans mes photos, les volatiles me font presque oublier que j’ai une rude randonnée à accomplir. J’attendais tout le monde et maintenant me voilà déjà attendu. Nous démarrons. Si les gorges sont vite là, c’est surtout un grand panneau qui attire mon regard et m’interpelle car il y est écrit en grandes lettres bâtons bien visibles « ITINERAIRE DANGEREUX AUX RISQUES ET PERILS DES RANDONNEURS ». Or, c’est assez bizarre car je ne me souviens pas l’avoir lu lors de mes précédentes venues ici. Il est vrai que je n’étais qu’avec des adultes, ceci expliquant sans doute cela.  Immédiatement, je me mets à penser à mes deux petits-enfants et aux risques qu’on va leur faire courir. J’essaie d’enlever cette culpabilité de ma tête mais il me faudra quelques décamètres pour y parvenir. Finalement, c’est de voir mes petits-enfants gambader et sauter de roches en roches comme des cabris que je parviens à éliminer ces mauvaises pensées. Finalement, je m’aperçois que le vieux que je suis a le pied bien moins sûr et réclame plus d’attention sur ce sentier devenant rapidement tortueux. Je peux me consacrer pleinement à la photo mais je vois bien que mon numérique ne fonctionne pas comme à son habitude. Absence d’une bonne luminosité ? Je suppose. En tous cas, c’est la seule raison que je trouve à cet état de fait. J’essaie de procéder à des réglages mais en vain. Dans ces profondes gorges, les rayons du soleil peinent à pénétrer franchement et c’est un faisceau blanchâtre très puissant faisant office de couvercle qui empêche de voir le ciel dont je sais qu’il est pourtant très bleu. Il me faut faire avec et je me dis que Photoshop sera peut-être à même de corriger ces photos de mauvaise qualité. Si le sentier est bien tracé, je le trouve bien plus difficile qu’il y a 13 ans.  Les années supplémentaires ont démultiplié les difficultés. Toutefois, comme j’arrive à suivre le groupe sans trop d’essoufflements, je suis plutôt satisfait. Après avoir longé quelque peu la rivière Carança au fond de la gorge, le sentier devient plus compliqué car plus rocheux. Il faut assez souvent redoubler de vigilance pour se faufiler correctement dans ce qui ressemble à un pierrier quasi continuel. Tout en prêtant attention, je me distrais comme je le peux en photographiant quelques fleurs et nos déambulations. Mais le groupe avance à un bon rythme et les mises au point que je devrais faire pour des photos de qualité ne me sont pas autoriser, sauf à perdre trop de terrain. Tout compte fait, l’aspect le plus angoissant n’est pas la qualité désastreuse du sentier en soi mais le fait que l’on ne sait pas où l’on va et surtout comment l’on fera pour revenir en effectuant une boucle. Enfin , cette angoisse peut être compréhensible surtout pour tous ceux venant ici pour la toute première fois. Sentier tortueux, végétation parfois très dense, vues limitées, canyons profonds et insondables, pics acérés et inaccessibles, falaises abruptes, panneaux de prudence et de recommandations, tout ce qui nous entoure peut contribuer à une certaine appréhension. Cette appréhension peut encore perdurer même quand le lieu nous est déjà connu et notamment pour les personnes ayant pu lire de vieilles croyances populaires avant de venir ici. Quand la corniche apparait en face, creusée à même le flanc d’un à-pic impressionnant et que l’on y aperçoit quelques « lilliputiens », elle peut se transformer en frayeur voire en paralysie. Rien de tout ça parmi notre groupe et même les enfants avancent sans aucune crainte, ce qui est tout à fait normal car c’est bien connu qu’ils n’ont pas la même conscience du danger que les adultes. Tant mieux ! Ceci n’empêchant nullement les conseils de prudence, ce que je ne me prive pas de faire, sans pour autant les inquiéter plus que nécessaire. De toute manière, ils sont habitués à randonner et marchent avec beaucoup de sérieux la plupart du temps Après quelques petites montagnes russes et être passés sous le Roc de la Madrieu, nous retrouvons le lit de la rivière peu avant le lieu-dit « l’Abeurador », en français « l’Abreuvoir », et la confluence du Correc de la Guille. Coin peu paisible pour pique-niquer mais je m’éloigne un peu du sentier à la fois pour trouver une peu de paisibilité et m’isoler pour prendre quelques photos car par chance à cet endroit quelques pieds de menthe attirent des papillons. Si je me suis éloigné, je reste à proximité du groupe et les pieds presque dans l’eau. Sur la gravière, je réussis à attirer une minuscule truitelle avec de la mie de pain roulée en petites boulettes. Mais la truite sauvage est soupçonneuse et ne se laisse pas photographier si facilement, restant dans le courant. Je me rattraperai un peu plus tard. Un lézard des murailles se fait tirer le portrait plus aisément. Le pique-nique terminé, nous continuons à longer la rivière mais cette fois très souvent sur des échelles, des passerelles aménagées et des ponts de singe. Ici, faire le singe, il vaut mieux éviter car en cas de chute, il y a plus de chance de tomber sur un rocher que dans l’eau. Le torrent ne cesse de faire entendre sa rocailleuse musique. Tantôt à droite, tantôt à gauche, ou vice-versa, le plus compliqué est d’éviter de se croiser avec des personnes ou des groupes arrivant en sens inverse, ce qui ne manque pas d’arriver en raison de l’heure déjà bien avancée de la journée. Finalement le pont de Pierre est atteint et si je mets Pierre en majuscule c’est parce qu’il est ainsi écrit sur la carte IGN. Erreur des géographes ou hommage à un Pierre qui en serait le concepteur ? Aucune information ne vient étayer aucune thèse et on sait seulement que ce pont a été construit pour pouvoir plus facilement enjamber un affluent de la Carança qui a pour nom catalan « El Torrent Roig », en français « le torrent rouge ». Dans ses balades, Lison (*) évoque ce pont de pierre et la source de ce ruisseau torrentiel, précisant qu’au temps jadis, son débit était probablement plus puissant que de nos jours, expliquant par-là cette solide construction et le chemin en grand partie constituée de pierres taillées dans les roches du secteur. Ils étaient là aussi pour l'exploitation du bois et du cuivre et de quelques autres minerais.  Elle nous apprend aussi qu’en face de ce pont se trouvait sans doute un moulin dédié au sciage du bois. Enfin, elle vous explique tout ça bien mieux que je ne puis le faire ici. Qui mieux que Lison (*) qui a arpenté ce superbe et patrimonial secteur de la Carança en long et en large peut nous apprendre tout ça ! Le temps d’observer une belle petite cascade, de photographier une mésange charbonnière ; les passereaux sont peu visibles dans les gorges ;  et le temps est venu pour nous de faire demi-tour. Ah oui j’oubliais ! Il y a aussi un petit galet multicolore car joliment peint. Il a été laissé là sur le pont, sans doute par une personne un peu « New Age » en signe de porte-bonheur.  Porte-bonheur pour tous ceux qui comme nous arrivent ici ou passent pour monter plus haut vers le Refuge du Ras de la Carança ou les lacs. Ce n'est qu'ainsi que l'on a une idée plus ample et totale de ce qu'est la Vallée de la Carança (** voir le poème de Gaston Groussole à propos de cette vallée). Pour le retour, il n’est pas toujours facile de réemprunter les échelles et les passerelles métalliques, les ponts de singes sur lesquels le plus souvent il vaut mieux éviter d’être en surnombre. Il est 13h et dans les gorges c’est l’heure de pointe. Mais tout se passe toujours bien, tout le monde faisant preuve de civisme, de patience et de compréhension. Finalement, nous bifurquons de la rive droite à la rive gauche par une dernière passerelle à hauteur d’un petit barrage agencé de quelques baraquements. Wikipédia nous dit de lui « qu’il est situé à l'altitude de 1 004 m. Il mesure 2,8 m de haut et est muni d'une prise d'eau qui permet d'alimenter la centrale hydroélectrique de Thuès, située au bord de la Têt, légèrement en amont du confluent entre la Carança et la Têt. » Peu après commence la corniche creusée à même la paroi des gorges, partie de cette boucle la plus impressionnante car la plus périlleuse. Dans ce sens, que vous ayez le vertige ou pas,  il y est préférable d‘avoir une « conduite anglaise », de bien serrer sa gauche et de tenir d’une main ferme ce câble ligne de vie qui vous sécurisera. Cela vous évitera de prendre des risques inutiles et de vous faire des frayeurs qui le seront tout autant. Dites-vous bien que quoi qu’il en soit, aujourd’hui vous aurez eu droit à une belle dose d’adrénaline. D’ailleurs, comment faire quand vous aimez les fleurs mais que quelques-unes d'entre-elles ont pris un malin plaisir à aller pousser dans des endroits improbables et que malgré ça l’envie de les photographier est encore là ? Il faut parfois choisir, reculer quand le danger est trop grand et c’est ce que je fais. Par bonheur, un couple de Grands Corbeaux noirs et une Hirondelle des rochers qui a choisi de nicher dans le plafond de la corniche viendront compenser deux ou trois reculades florales. Plus on avance au sein de la corniche et plus on prend conscience des travaux colossaux qu’il a fallu entreprendre pour parvenir à la creuser ainsi. Quelques tunnels perpendiculaires mais tous claquemurés et dont on ne voit pas le bout rajoutent un maximum de mystères.  Sur Wikipédia, l’histoire nous dit que c’est en 1943 que tout cela a commencé aux fins de la construction d’un grand barrage sur la Carança qui finalement n’a jamais vu le jour pour des raisons de coût. Finalement, c’est un petit barrage qui permettra d’alimenter une centrale hydroélectrique qui fonctionnera à partir de 1946. Ce fameux passage en corniche est resté pour le plus grand bonheur des montagnards et autres randonneurs. Si la plupart font comme nous et se contentent d’arpenter ses gorges grandioses, certains partent rejoindre le refuge du Ras de la Carança et encore un plus haut les lacs dont  l’Estany Negre ou Etang Noir situé à une altitude de 2 505 m. Ce dernier constitue la source de la rivière, longue de 15,3km jusqu’à sa confluence avec la Têt à Thuès. D’ailleurs dès lors que l’on termine la corniche, la vallée de la Têt est là, bien visible en contrebas avec sa route nationale 116 et sa voie ferrée parallèle où circule « Le Canari ». C'est le surnom donné au joli « Petit Train Jaune » montant ses flots de touristes vers la superbe Cerdagne depuis Villefranche-de-Conflent. La vallée, il suffit désormais d’y descendre pour rejoindre Thuès et terminer cette magique randonnée. La descente démarre à droite à hauteur d’une bâtisse « chambre d’eau » d’où s’échappe une longue conduite forcée. 20 minutes plus tard , le parking est là, à moins que vous ne fassiez comme moi et que vous attendiez que le « Canari » passe pour le photographier. Selon le tracé que m’a fourni mon gendre, cette randonnée a été longue de 8,3km pour des montées cumulées de 1.012 m et un dénivelé de 336m entre le point le plus bas à 836m à Thuès et le plus haut à 1.172m au pont de Pierre. Cartes IGN 2249ET Font-Romeu – Capcir et 2250ET Bourg-Madame - Mont-Louis - Col de la Perche Top 25

    (*) Les Balades de Lison et la Carança : Vous voulez connaître la Carança et un peu son histoire, voici quelques liens proposées par mon amie Lison : Enigmatique Carança,  Carança d'autrefois : le bois et le cuivreCarança d'autrefois (fin) : les troupeaux et le charbon.

    (**) La Vallée de la Carança : Je ne peux m'empêcher de vous délivrer le superbe poème ci-dessous à propos de la Vallée de la Carança. Il est l'oeuvre de Gaston Groussole, écrivain et poète bien connu des Toulougiens, et extrait de son livre de poésies "Eclaire-moi Fanal !" édité par Les Presses Littéraires : Les Gorges de la Carança depuis Thuès-entre-Valls et jusqu'au pont de Pierre.Les Gorges de la Carança depuis Thuès-entre-Valls et jusqu'au pont de Pierre.


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  • Ce diaporama est agrémenté de 4 chansons qui m'ont été inspirées en regardant l'agréable film "Bridget Jones : L'âge de raison" avec la truculente, très jolie et remarquable actrice Renée Zellweger. Elles ont pour titres : "Bridget's Theme" d'Harry Gregson-Williams"Your Love Is King" de Will Young, "Sorry Seems To Be The Hardest Word" d'Elton John interprétée par Mary.J.Blige"I'm Not In Love" du groupe 10cc 

    Le Circuit des Genêts à Urbanya

    Le Circuit des genêts à Urbanya

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    12 mai 2021 Urbanya. Avec ce « Circuit des Genêts », voilà ma vraie première randonnée d’après Covid et sortie du confinement. Nous sommes ici depuis une semaine et si j’ai choisi cette boucle, c’est pour plusieurs raisons. La première est que j’espère être capable de réaliser les très modestes 3,8 km de distance, les 210 m de dénivelé et les 220 m de montées cumulées malgré une convalescence qui s’éternise un peu trop à mon goût. Oui, autant l’avouer, avec des essoufflements récurrents au moindre effort et des sifflements dans la gorge et la poitrine, je ne peux pas vraiment parler de guérison totale de l’embolie pulmonaire causée par la Covid, même si je n’ai plus aucune douleur thoracique depuis ma sortie de clinique, c'est-à-dire le 6 avril. La deuxième raison est que ce petit parcours est celui que j’accompli le plus souvent quand je suis ici à Urbanya, même si fréquemment j’y intègre quelques variantes en forêt. A la rencontre constante de la Nature, les années précédentes, il m’arrivait de réaliser cette boucle plusieurs fois par semaine. Cette année pas encore ! Aujourd’hui pas de variante et une boucle tout ce qu’il y a de plus classique mais avec un atout supplémentaire, la réaliser avec les genêts (*) merveilleusement fleuris, d’où le nom que je lui donne et qu’il mérite amplement en la circonstance. C’est bien à cet instant de l’année que ce circuit pédestre est le plus beau et le plus intéressant. C’est le printemps et ici les genêts sont les plantes fleuries affirmant le plus ce cycle annuel car de très loin les plus visibles. Depuis quelques années, ils ont même pris un aspect « invasif » non négligeable, faisant la pige aux cistes à feuilles de laurier, autres envahisseurs du secteur, lesquels fleurissent un peu plus tard. Les genêts sont très beaux mais ils prennent le dessus sur le reste de la végétation et de plus en plus de place, même dans les sentiers et les chemins. Enfin, dernière raison non négligeable quant au choix de cette petite balade, c’est le printemps et la promesse d’une Nature qui s’éveille de plus en plus. J’en ai déjà fait le constat autour de ma maison.  Nous venons de déjeuner tôt et il est 11h45 quand nous démarrons. L’aspect pratique et intéressant est que le sentier s’élève directement derrière notre maison, direction les antennes relais et le château d’eau. Nous n’avons pas encore fait 10 mètres que le spectacle s’offre déjà à nous sous les traits d’un couple de couleuvres à échelons qui s’accouplent au pied d’une ruine. Le temps de quelques photos, et les deux « amoureux timides » partent se réfugier dans le trou d’un muret. Quelques oiseaux et papillons, des fleurs nouvelles à profusion qu’il faut parfois savoir observer de très près pour apprécier leur beauté voire leur originalité et voilà qu’un autre spectacle merveilleux mais très inattendu se présente à nous. Cette fois, il s’agit de trois cervidés qui paissent tranquilles dans un pré juste en dessous du chemin. Sans doute une biche et ses deux faons car si le plus grand reste visible, les deux autres semblent plus petits et disparaissent plus facilement dans l’épaisse végétation. De temps à autre, on aperçoit leur dos ou leur arrière-train mais c’est tout. Et savez-vous ce qu’ils savourent ? Des genêts bien sûr ! Caché moi-même derrière d’autres genêts, j’ai tout loisir de photographier le plus grand avant que peu à peu il ne s’éclipse dans un bois trop touffu. Les genêts parlons-en ! En une année, ceux qui occupaient le chemin ont bien grandi, des nouveaux ont vu le jour,  ont bien poussé et il nous faut carrément les pénétrer et zigzaguer au milieu d’une « futaie » flamboyante pour parvenir à poursuivre. Moi qui suis allergique au pollen, bonjour ma guérison ! Par bonheur ça ne dure pas trop longtemps et quand la ferme à Philippe se présente, la piste redevient quasiment normale. Voilà 8 mois que je ne suis plus revenu ici, depuis cette fameuse semaine où j’avais ramassé des mûres sous les cris des veaux et de leur mère et la présence « mystique » d’une présumée Dame Blanche. Le premier jour, les veaux étaient partis à l’abattoir. Leurs mères et pères sous d’autres cieux dès le lendemain car Philippe avait cédé tout son troupeau à un autre éleveur. Quant à la Dame Blanche, elle était restée quelques jours dans ma tête mais depuis elle s’était volatilisée elle aussi. Oui, aujourd’hui tout n’est que silence et donc tristesse. Il n’y a plus aucun meuglement de bovins. Les chiens ne sont plus là à vociférer quand on passe. Le chat noir et blanc de la ferme qui était là pour manger les souris, Dany vient de le découvrir quelques minutes auparavant tout desséché sur le bas-côté du chemin. Ça nous a attristés même si nous ne le connaissions pas plus que ça. Nous aimons les chats et les animaux en général. Dans cette désolation, seul un Bruant proyer picorant sans gêne les fleurs d’un genêt a retenu mon attention et celle de mon appareil-photo. En quittant les lieux, je veux positiver et je me dis qu’il y a quand même une bonne nouvelle à retenir dans cette profusion de mauvaises. Cette bonne nouvelle s’appelle Flip. Flip, c’était le second chat de la ferme au temps où Philippe y travaillait encore d’où son nom car au départ nous l’appelions « le chat à Philippe ». Puis la contraction en Flip est venue tout naturellement. Depuis que nous avions perdu nos deux chats Noxi et Zouzou, il avait pris pour habitude de nous rendre visite. Livré à lui-même et à cause d’un ulcère à un œil, nous l’avions recueilli quelques jours avant mon Covid. Sans soin, il aurait perdu l’œil et sans doute la vie nous avait dit la véto ! L’ulcère se serait sans doute propagé vers le cerveau avait-elle rajouté. Aujourd’hui, Flip a retrouvé un œil normal, il est sauvé, vit avec nous et n’a pas l’air de s’en plaindre. Voilà ce qu’il nous reste de concret de cette ferme sans vie à l’instant où nous la quittons. Après les couleuvres, les biches, les souvenirs contrastés liés à cette ferme, on pourrait penser que par la force des choses la suite est moins attractive. Mais non ! Les fleurs et les papillons me freinent constamment. Les oiseaux, eux, m’arrêtent carrément et quand c’est le cas Dany se montre pleine de compréhension. Je ne fais pas trois mètres sans qu’il n’y ait pas quelque chose à photographier. Et encore, je fais en sorte de ne photographier qu’un spécimen de papillon ou de fleur dès lors qu’une photo antérieure est réussie. Pour Dany et moi, cette petite marche nous rend excessivement heureux. Je revis et Dany avec moi, elle qui s’est tant inquiétée à cause de ma santé chancelante. Oui, je peux aisément comprendre que ces mois de février et de mars si terribles pour moi ont été bien longs et bien difficiles pour elle. Psychologiquement. Aujourd’hui, marcher c’est se rétablir, mais c’est aussi tenter d’effacer ce passé. Cette balade, nous la voulons positive. Elle prend plaisir à randonner et moi, je rajoute à cette passion de la marche celle pour la photo naturaliste. Fleurs et papillons à profusion et oiseaux en nette progression depuis que nous sommes là, même si pour l’instant quelques espèces manquent encore à l’appel. Par bonheur, les hirondelles, les rougequeues, les mésanges, les moineaux et les merles viennent un peu réparer cette raréfaction dont malheureusement je sais qu’elle est chronique. Mésanges charbonnières et rougequeues noirs occupent les quelques nichoirs que nous avons mis autour de la maison et c’est toujours un réel plaisir de voir les parents nourrir leur progéniture. Ce sont journellement des centaines voire des milliers de va-et-vient incessants auxquels on assiste.  Cette balade du bonheur pour nous se termine sur une autre note positive, celle de la vision rapprochée du clocher de l’église Saint-Etienne d’Urbanya qui a été magnifiquement restauré. En 2020, nous l’avions quitté en pleins travaux. Si pour moi, le démarrage de cette courte balade a été laborieux à cause de quelques dyspnées, par bonheur, elles ont assez vite disparu et c’est très encourageant pour la suite. Bien sûr, je reste conscient que 3,8km ce n’est qu’une très courte distance pour n’importe quel randonneur aguerri ou pas mais pour moi, il était important que je la finisse correctement. Je suis ravi d’y être parvenu et je sais déjà qu’il y en aura d’autres. Aussi courtes ? Plus longues ? Dans l’immédiat, ce n’est pas important et l’essentiel est d’être debout sur mes deux pieds et d’être capable de marcher. Cartes IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.

     

    (*) Les genêts d’Urbanya : Ici à Urbanya, on peut découvrir plusieurs espèces de genêts mais encore faut-il être aguerri à cette reconnaissance, ce qui n’est pas mon cas, loin s’en faut. Il est vrai que certaines espèces sont relativement proches sur le plan visuel et ce d’autant, que leurs différences se résument parfois à quelques détails que seul un botaniste saura analyser avec pertinence (fleurs, branches, feuilles, gousses, etc…). Les genêts appartiennent à la famille des Fabacées (Fabaceae) tout comme les cytises et les spartiers et leurs fleurs sont le plus souvent de couleur jaune.

    - Dans le Haut-Conflent et au printemps, les plus communs sont les Genêts à balais (Cytisus scoparius), les Genêts ou spartiers purgatifs ou genêts oroméditerranéens (Cytisus oromediterraneus), les Faux-genêts d’Espagne encore appelés Spartier à tiges de jonc (Spartium junceum), les Genêts cendrés (Genista cinerea), les Genêts de Catalogne (Cytisus arboreus subsp.catalaunicus) et les Genêts d’Espagne (Genista hispanica). Bien d’autres sont présents mais parfois en d’autres saisons ou moins visibles. Citons le Genêt bleu (Erinacea anthyllis), le Genêt du Dauphiné (Genista delphinensis), le Genêt ailé (Genista sagittalis), le Genêt des teinturiers (Genista tinctoria) que l'on trouve plus haut en altitude, le Genêt scorpion ou épineux (Genista scorpius) très piquant comme son nom l'indique et enfin d'autres plus rares encore comme le Genêt d'Angleterre (Genista anglica).


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    Ce diaporama est agrémenté de 4 musiques du compositeur John Barry. Elles ont pour titres : "The John Dunbar Theme (John Barry)", "Theme From Somewhere In Time (The City of Prague Philharmonic Orchestra)", "Give Me A Smile (English Chamber Orchestra/John Barry)" et "Out Of Africa/Flying Over Africa (John Barry)".

    La Chapelle Saint-André et la carrière de marbre de Belloc depuis Conat.

    La Chapelle Saint-André et la carrière de marbre de Belloc depuis Conat.


     

    Quand en ce 14 août au matin, nous avons décidé d’aller randonner jusqu’à « la Chapelle Saint-André de Belloc et à sa carrière de marbre depuis Conat », je mentirais bougrement si je vous disais que nous partions totalement à l’aventure. Non, concernant cette chapelle, c’était la énième fois que nous y allions et si je vous donnais un chiffre rond, je mentirais aussi ! Je me souviens d’un temps très lointain où nous y amenions nos enfants puis à diverses reprises quelques amis. Pour les enfants, c’était quand ? Il y a 35 ou 40 ans peut-être, mais sûr dans cette fourchette-là ! Les amis un peu moins. Je ne sais plus. Puis, nous y sommes retournés en août 2012, puis encore en 2018 et en 2019 lors de deux « Balcons de Villefranche-de-Conflent » dans les deux sens. Oui, j’ai arrêté de compter le nombre de fois où je m’y suis rendu et ce, d’autant que j’y étais également passé en août 2007 lors d’un mémorable Tour du Coronat en solitaire et en 6 jours. Une chose est par contre certaine, c’est que je n’ai jamais véritablement découvert cette carrière de marbre qui jouxte la chapelle. Je sais où elle se trouve, je l’ai photographiée de loin mais ne l’ai jamais véritablement approchée même si j’ai beaucoup lu à son sujet. C’est donc avec ce double objectif que je pars aujourd’hui : la chapelle mais surtout la carrière et comme toujours la flore, la faune et tout ce que la Nature va m’offrir. Pour Dany, marcher dans la Nature et observer d’amples panoramas suffisent à son bonheur. Elle devrait y trouver son compte sans problème.  Il est 8h quand nous nous mettons en route sur la parking de la mairie de Conat. Deux rougequeues noirs semblent y chercher pitance et sautillent sur l’asphalte dans un mouvement de danse fait de balancements presque parfaits car quasiment synchronisé entre eux. Ils semblent ignorer royalement notre présence. L’itinéraire démarrant en haut et à gauche juste après le clocher de l’église, nous longeons le cimetière. Le soleil n’a pas encore jeté tous ses rayons dans la Vallée du Caillan (Callau sur certaines cartes IGN) et le ciel est plutôt étrange car d’un blanc très laiteux et donc opaque vers le sud et l’est et d’un bleu très pur car sans nuages vers le nord et l’ouest. Il en sera ainsi une grande partie de la demi-journée puis les choses s’inverseront dans le milieu de l’après-midi. La journée s’annonce superbe et je me réjouis déjà de la flânerie envisageable.  Pour moi, le verbe « flâner » signifie prendre mon temps pour tout. Tout, c’est observer et photographier la flore et la faune, le patrimoine, les paysages et les panoramas et aujourd’hui, il y aura en sus la géologie et peut-être même de la paléontologie. Tout cela en amateur bien sûr, mais curieux de tout cela. Si le début de la montée vers cette falaise et cette brèche qu’on appelle le Pas de l’Escala est plutôt monotone car essentiellement en sous-bois de petits chênes verts, dès lors que l’on change d’étage collinéen, les centres d’intérêts vont se multiplier. Dans l’immédiat, les chênes verts aussi petits soient-il semblent faire trop d’ombre à tout le reste. Peu de panoramas hors mis au tout début sur la Vallée du Caillan et ses jolis et rectilignes jardins potagers. Or mis un minuscule papillon dénommé la Brocatelle d'or (Camptogramma bilineata), aucune faune n’y semble présente. Quant à la flore, elle se résume à des Crassulacées comme les Joubarbes et les Orpins puis à de petites fougères et à quelques ombellifères (Apiacées) du style Boucages ou Buplèvres. Il faut donc attendre un autre étage supérieur pour que la végétation se diversifie : Quelques fleurs commencent à montrer le bout de leurs diverses inflorescences, il y a d’autres arbustes méditerranéens, puis divers feuillus et enfin de très nombreux pins accompagnés de quelques cèdres. Le lieu-dit « La Boixera » porte bien son nom, car s’il est de coutume de penser à juste titre qu’il s’agit d’un « bois de buis », ce nom désigne plus largement une « végétation très touffue » car en fagots, qu’il est d’usage de brûler soit pour se chauffer soit pour cuisiner (Joan Becat).  Ici, la faune se fait un peu plus présente avec déjà pas mal de papillons et quelques rares oiseaux, tout ce joli monde restant assez difficile à photographier compte tenu de la densité de la végétation, y compris parfois à même le sentier. Il me faut donc faire preuve de patience et de ce fait, rattraper Dany après chacun de mes arrêts photographiques. Dans cette épaisse végétation, de rares mais jolies ouvertures sur Conat et la vallée permettent de se faire une excellente idée du chemin parcouru mais surtout de l’élévation déjà réalisée. La présence de petits éboulis et de pins de plus en plus nombreux laisse imaginer que la fin de la colline est atteinte. Il n’en est rien et il faut vraiment attendre d’avoir franchi ce fameux « Pas de l’Escala », (pas de l'escalier) passage rocheux délicat mais peu dangereux ici, pour voir la falaise blanche et ocre disparaitre.  Si le sentier continue de zigzaguer au sein d’une jolie pinède, les difficultés liées à la déclivité ont totalement disparues. Sur la gauche, on aperçoit parfois l’imposant clocher de la chapelle romane Saint-André de Belloc. Peu de temps après se présente une vieille source captée, espèce de très court tunnel aménagé de quelques escaliers se terminant par une modeste citerne pavée. Pour qui connaît un peu l’Histoire de cette colline de Belloc mais aussi la Font de la Perdiu (Perdrix) située en face et de l’autre côté de la vallée de la Têt sur la colline de l’Ambouilla, il est assez facile de deviner que cette source captée est également d’époque « vaubanienne ». Or mis une porte en moins ici, les deux citernes sont quasiment semblables. De plus, leurs courts tunnels respectifs ont cette même forme en ogive que l’on retrouve un peu partout dans les souterrains d’Ambouilla et du Fort Libéria ainsi que dans les galeries de contrescarpe. D’ailleurs, sinon Vauban, qui aurait pu imaginer la construction d’une telle source à l’extrémité d’un long mur de soutènement dont on voit bien qu’il n’est là que pour soutenir un large chemin pour y accéder ? Oui, il ne fait guère de doute que cette citerne a été construite à la même époque que le Fort Libéria, c’est-à-dire dans les années 1681 à 1683, dès lors que le fort a nécessité l’accès aux carrières de marbre mais aussi qu’il fut utile aux armées de Louis XIV de se protéger de tous les côtés.  Pourtant les interrogations demeurent et notamment à propos de la construction de la Redoute d’Ambouilla que certains historiens attribuent aux architectes de Napoléon III voire aux Espagnols. Ici, aucune information n’apportant de précisions à mes interrogations, j’entre dans la source uniquement pour la photographier et donc sans m’éterniser. Les fleurs que j’ai aperçu ici dans cette clairière sont pour moi bien plus captivantes. Après quelques photos, nous continuons en longeant le mur évoqué. Une nouvelle clairière se présente, bien plus ample que la première et plantée d’un grand cèdre. Ici, c’est l’emplacement de l’ancien hameau dont on aperçoit encore quelques ruines envahies par la végétation de-ci delà. La chapelle est un peu plus haut et à gauche sur une butte. Nous n’y faisons que passer, juste histoire de voir s’il n’y a rien de nouveau depuis notre dernière venue. Il n’y a rien de nouveau et la porte de la chapelle est toujours aussi cadenassée, alors nous partons déjeuner avec cette vue splendide car ample sur la Vallée de Caillan qui s’étire du Massif du Madres jusqu’à nos pieds. Le pique-nique terminé, Dany part se reposer sur une planche qu’elle a repérée du côté de la clairière pendant que je me lance à la conquête photographique de la flore et de la faune de cette butte rocailleuse. Elle est ensemencée d’une multitude de plantes pour peu que l’on veuille les observer : thym, brachypode, genêt, chardons et carlines, bugranes et liserons, camélée, rouvet et j’en oublie encore beaucoup. Les papillons et les criquets sont également nombreux. La clairière où je retourne n’est pas en reste. Parmi de nouvelles fleurs, une toute petite bien bleue munie d’un long éperon et qu’il me faudra dénommer après recherche (Dauphinelle de Verdun). Dany s’étant bien reposée, il est temps de filer vers la carrière de marbre. Sur la carte, plusieurs chemins semblent y mener à travers le maquis mais je préfère prendre la piste  car je sais déjà que Dany n’est nullement intéressée par la visite de cette carrière. De plus, ne sachant pas si son accès est aisé ou pas, je ne veux prendre aucun risque avec elle. Finalement après quelques virages, la carrière de marbre griottes (*) est là ou tout du moins le terril constitué de blocs plus ou moins gros ressemblant à un éboulis. Dany continue la piste à la recherche d’un endroit ombragé pendant que je choisis l’accès le plus facile et le moins périlleux pour accéder à la mine à ciel ouvert. Plus facilement que je ne l’aurais cru, j’atteins un large chemin où d’autres éboulis me font face. Je me lance dans une recherche de petites pierres dont le but est à la fois de trouver les plus originales et les plus dissemblables. Si la plupart sont quasiment sans intérêt, quelques-unes présentent de petits fossiles blancs que l’on appelle Goniatites. Ces petits mollusques céphalopodes, depuis très longtemps disparus, ressemblent un peu à ces petits escargots qu’on appelle limaçons. En réalité, ils sont plus proches des ammonites également disparus et des nautiles d’aujourd’hui. S’ils sont souvent bien visibles sur les roches, ils sont parfois complétement déformés par la pression tectonique qui s’est exercée au Dévonien, c’est-à-dire voilà – 350 millions d’années environ. Les géologues les appellent « fantômes ».  Ils leur donnent aussi le nom d’ « Œil de Perdrix » quand ces fossiles sont totalement cristallisés et blancs. D’autres roches ne sont pas tavelées de Goniatites mais présentent d’autres intérêts comme des cristaux brillants de divers coloris ou bien des traces noires voire gravées d’activités de dislocation, d’écoulement, d’écrasement ou de rainurage comme les lapiaz ou les « pelures d’oignons ». Tout cela permet d’imaginer aisément l’activité bouillonnante et donc sans doute volcanique qui a eu lieu ici alors que la mer était présente ici comme sur une immense partie de la Terre. Les scientifiques estiment à 70 %  la disparition des espèces vivantes même si la cause précise de cette extinction reste inconnue : période d’anoxie océanique, pic de volcanisme lié aux mouvements de la dérive des continents, origine extraterrestre (impacts cométaires ou météoritiques) ou une combinaison de ces facteurs ? (Source Wikipédia).  Je photographie les exemplaires rocheux que j’estime les plus remarquables pour mon reportage, conserve les plus petites mais les plus originales, mais pas plus d’une dizaine, que je mets au fond de mon sac pour ma modeste collection de pierres et de fossiles et part vers d’autres recherches. Je remonte le chemin puis trouve une première carrière sur ma droite. Elle se présente sous la forme d’une tranchée avec sur la droite une falaise, espèce de petit coteau pentue,  plutôt crevassé de toutes parts et rouge brique. Rien de folichon à première vue, alors je continue de grimper vers la seconde bien plus haute, bien plus vaste et un peu plus lisse. Ici les roches que je découvre sont plus intéressantes à observer mais également plus diversifiés. Les clichés se multiplient. Finalement, j’atteins la croupe dominant celle-ci. C’est la garrigue mais relativement bien boisée de chênes, d’autres feuillus méditerranéens et de pins. J’y divague quelque peu photographiant des papillons, un énorme lézard ocellé très farouche, dont malgré tout je garderai de lui une piètre photo. Un poteau me rappelle que je suis toujours au sein de la Réserve naturelle et que certaines consignes basiques sont à respecter. Ces recommandations aidant, un peu perdu dans cette garrigue, je me sens comme un chien dans un jeu de quilles. Alors il est temps de quitter les lieux. Dany m’attend alors je trouve bien plus facile de redescendre par le chemin où je suis monté dans les carrières que de prendre le risque de m’égarer dans la garrigue. Finalement, je la retrouve tel Saint-Louis assise à l’ombre d’un grand chêne, mais le sien est vert et elle ne rend pas la justice. Sa seule loi est de bougonner un peu car voilà déjà presque une heure que je suis parti au sein des carrières et elle me dit qu’elle a trouvé le temps long. Nous continuons la piste qui descend vers Les Termaneres et la D.26. Ici, dans cette descente, les seules choses notables sont quelques papillons, la plupart déjà vus, un couple de sittelles dont une est peu craintive et se laisse tirer le portrait, un pinson qui picore sur la piste devant nous et semble jouer en sautillant au fur et à mesure que l’on avance vers lui et de beaux panoramas plongeants sur la vallée de la Têt, Prades et Ria-Sirach.  Puis tout se referme et cette piste devient assez monotone jusqu’à hauteur de la chapelle ruinée de Sainte-Croix (Santa Creu) où un nouveau panorama plongeant se dévoile sur la vallée. Il y a bien un sentier sur la carte IGN qui file vers Conat mais je ne le connais pas et une fois encore je ne veux pas prendre de risque avec Dany, et ce d’autant qu’elle commence à souffrir de ses hanches. A tout prendre, je préfère la monotonie de la piste. Un bel oiseau jaune au lieu-dit Les Termaneres puis encore quelques fleurs et papillons puis nous empruntons un petit sentier, lequel parallèle à la D.26 rejoint Conat. Ici, tout comme après le départ ce matin, nous retrouvons ce sous-bois de chênes verts un peu vide de tout, or mis la présence de quelques fougères.  Il est 15h quand nous touchons au but et retrouvons notre voiture sur le parking de la mairie. Les Rougequeues noirs photographiés ce matin sont toujours là mais cette fois ils ne veulent pas de mes photos et s’envolent vers le cimetière. Tant pis pour le spectacle mais comme à  la place nous avons eu droit à une petite compagnie de perdrix rouges marchant sur la D.26, nous finissons cette balade sur cette jolie conclusion.  Elle a été longue de 8,2 km, cette distance incluant la totalité de mes déambulations. Le dénivelé est de 406 m entre le point le plus bas à 519 m à Conat et le plus haut à 925 m juste avant d’arriver à la source captée. Les montées cumulées sont de 703 m. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de-Fenouillet et 2349 ET Massif du Canigou Top 25.

    (*) La carrière de marbre griotte de Belloc et son histoire : Plutôt que de réécrire l'Histoire, je vous donne un lien où vous trouverez une maximum de renseignements à propos de cette carrière. C'est à ce jour le document le plus complet que j'ai trouvé. Il est l'oeuvre de Michel Martzluff, Pierre Giresse, Aymat Catafau e Caroline de Barrau, tous sont des spécialistes de l'archéologie, de l'Histoire ou de la préhistoire. On peut néanmoins rajouter que la carrière de Belloc était sans doute connue depuis le Moyen Âge, les nombreux parements que l'on trouve dans les chapelles Saint-Etienne de Campilles et Saint-André de Belloc toutes proches en constituent quelques preuves irréfutables. Les carrières ont refait surface plus tard retrouvées par quelques curieux dont certains les ont exploitées.  C'est le cas de "Monsieur Philippot, propriétaire d'exploitations de marbres à Perpignan qui exploita la carrière dite de Conat à partir de 1843 et dont quelques échantillons exposés lui valurent une médaille à l'exposition nationale de 1844. C'est le cas aussi de Monsieur Bernard Bernard de Villefranche qui se lança dans l’exploitation du marbre griotte de Belloc (ainsi que dans celle d'En Gorner, marbre violet et incarnat) mais d'un accès très difficile la carrière sera abandonnée au bout d’une vingtaine d’années. A cette carrière travaillaient une quinzaine d’ouvriers venus de Ria, Sirach, Conat et même Nohèdes. Les blocs de marbre épincés, taillés complètement terminés étaient expédiés en gare de Ria. Certains blocs pesaient presque huit tonnes. Il arrivaient « bruts » de Belloc par le chemin d’En Corner (« Foun de la Baronne ») sur des charrettes trainées par deux couples de bœufs. Ils étaient façonnés. Le marbre griotte acajou ou griotte coquillé était très prisé par les acheteurs.  Bernard Bernard décédé, une société belge prît le relais. Est-ce Holtzer des hauts-fourneaux [de Ria] ? De 1950 à 1955, je me rappelle que la carrière avait été exploitée par une entreprise italienne originaire de Carrare, le patron était M.Del Papa. Cinq à six ouvriers dont M.Garbati et son fils travaillaient sous ses ordres […]. Les gros blocs de marbre étaient exportés par chemin de fer vers Carrare (en Italie). Les ouvriers logeaient à « la bonne truite ». Un beau matin ils partirent, un grave accident s’étant produit, il laissèrent des factures impayées, et deux personnes qui avaient été blessées sont revenues quelques mois à Villefranche faire la plonge et de nombreux travaux pour compenser le manque à gagner et par reconnaissance du bon temps qu’elles avaient passé chez nous. A côté de cette carrière, un concasseur qui avalait toute pierre non façonnable pour produire gravillon de divers calibres et poudre de marbre. En amont l’entreprise familiale de Monsieur François Angles de Ria où travaillait Jacky Roque. La société Denain Anzin qui exploitait les mines de fer a repris la grande carrière de marbre sous les ordres de Georges Falguères (1966). Elle se lança en particulier dans la fabrication de pierres taillées pour la construction mais aussi de carrelages, de plaques de marbre polies, de monuments funéraires etc. Pour le carrelage, le marbre trop veineux voyait trop de carreaux se casser. Paul Dulcet y avait travaillé après avoir été serre-frein sur le train minier de Sahorre à Ria. Le dallage du café « Le Canigou » et les pierres taillées de l’encadrement des portes venaient de cette entreprise, qui a rapidement battu de l’aile. Pour ne pas être assez rentable, la société Denain-Anzin arrêta l’exploitation en 1973. Pourtant Jean Lannelongongue, maire de Villefranche à cette époque croyait à la survie de ces carrières, sources d’emploi. Avec le contremaître de la société Denain-Anzin ils avaient présenté une exposition au Palais des Congrès à Perpignan. Ils avaient reçu en mairie une délégation d’entrepreneurs de Carrare (Italie) prospectant des sites d’extraction en Languedoc Roussillon et dont l’attention a été attirée par la réputation du marbre rose de Villefranche. Mais aucune suite n’a été donnée". L'exploitation du marbre du Conflent et du Haut-Conflent s'est définitivement arrêtée. Voilà ce que l'on peut lire sur différents documents et sites Internet. Si ce marbre de Belloc est sans doute encore présent dans une multitude de bâtiments et sculptures, l'oeuvre la plus connue reste la Fontaine de Prades réalisée en 1867 et située place de la République.  D'autres sculptures réalisées dans le marbre de Belloc sont visibles sur le site suivant : https://monstresjpm.fr/marbres-calcaires-rouge-orange-rose-orange-red-rose-coloured-marble-limestone/


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  • Ce diaporama est agrémenté d'un medley de 3 morceaux de musique joués par la pianiste hongroise Adrienne Hauser. Ils ont pour titre : "Ballade slave" et "L'Isle Joyeuse" de Claude Debussy et "Jeux d'eau" de Maurice Ravel.

    La Chapelle Saint Joseph de Torremilà depuis Saint-Estève

    La Chapelle Saint Joseph de Torremilà depuis Saint-Estève

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    Quand ce matin-là 19 mars, j’ai décidé que mon après-midi serait consacrée à une balade pédestre, au départ c’était comme je le fais souvent une sortie sans itinéraire précis car tournée presque essentiellement vers la photographie naturaliste, ce dernier mot étant pris dans son sens le plus large car incluant bien sûr les fleurs et les animaux mais aussi tout ce qui me paraîtrait beau ou digne d’intérêt devant mon objectif. Puis finalement, je me suis dit « pourquoi ne pas imaginer un parcours et s’y tenir en y alliant la photo naturaliste ? ». Oui, cette idée qui venait de germer dans ma tête me plaisait bien ! Aussitôt je me suis penché sur la carte IGN top 25 de ma commune et c’est ainsi qu’est née cette balade à « la Chapelle Saint-Joseph de Torremilà ». Cette chapelle, je ne la connais pas vraiment. Je ne l’ai vu qu’une seule fois lors d’une sortie en VTT et donc par hasard. Elle était fermée et je n’avais pas insisté.  Je me mets donc en quête d’en savoir un peu plus. C’est donc avec étonnement que je découvre sur Internet que cette petite chapelle a un site qui lui est consacré (et quelques autres plus succincts), qu’elle a une Histoire assez ancienne, qu’elle a connu bien des vicissitudes et a failli tomber en ruines, qu’elle a ses « amoureux » réunis en association qui se sont démenés pour lui donner une nouvelle vie, qu’elle a un cérémonial du nom de « Bénédiction des cartables », et donc qu’il y a depuis longtemps une réelle ferveur autour d’elle. A chaque 1er mai, on y célèbre aussi un Aplec, mais en Catalogne, c'est une tradition avec messe et parfois carrément un pèlerinage où les fidèles rendent hommage à la Vierge.  La sardane y est très souvent à l'honneur. Il faut d'ailleurs mettre ce mot au pluriel car des Aplecs, il y en a un peu partout en Catalogne et jamais à la même date. Oh ! Je ne me fais guère d’illusion et j’imagine déjà que je vais la trouver une nouvelle fois fermée, mais mon objectif de balade est arrêté et de surcroît je sais que je vais partir marcher en connaissant l’essentiel de ce qu’il faut savoir. Si « ne pas marcher idiot » reste ma devise, là je vais démarrer déjà bien « éclairé » sur cette chapelle ! Il est 13h30 quand je démarre de mon domicile, direction l’étang de Saint-Estève et plus précisément son déversoir, vrai point de départ de cette balade. Je fais un tour complet de l’étang afin de prendre quelques photos de la faune qui l’occupe. Assez rapidement plusieurs sont dans « la boîte » alors je continue vers le déversoir sans trop m’appesantir. Ce déversoir, c’est en réalité le Correc de la Corregada, petit ruisseau,  que je vais poursuivre en longeant sa rive gauche mais au préalable il faut traverser avec prudence un grand carrefour. Ce ruisseau et ce chemin, je les connais bien car les oiseaux y sont souvent très présents et de ce fait, je viens ici régulièrement pour tenter de les photographier. Paradoxalement, cette fois-ci, ce ne sont pas des oiseaux qui attirent mon regard en premier mais un petit poisson et un serpent, les deux étant à quelques centimètres l’un de l’autre dans l’eau limpide du ruisseau à proximité d’une buse en béton.  J’en suis même à me demander si le serpent n’a pas des intentions belliqueuses à l’encontre du poisson qui est constamment immobile. Mais non, le serpent se réfugie dans les roseaux de la berge et le poisson continue à faire le mort. Après de nombreuses photos plus ou moins réussies de cette « fable », je continue l’itinéraire et si les oiseaux sont bien présents, seuls un serin et une fauvette se laissent gentiment photographier. Depuis la traversée du carrefour, j’ai mis presque une heure pour accomplir les 250m qui me sépare désormais de lui .Il est vrai qu’outre les oiseaux, j’ai également photographié beaucoup la flore. Il est temps de quitter le ruisseau.  Ici, et à une vingtaine de mètres avant un pin, je sais qu’il me faut le quitter pour un étroit sentier qui entre à gauche dans la garrigue. Comme ce petit sentier n’est pas simple à trouver, j’ai disposé moi-même quelques gros galets en guise de cairn. Il est souvent embroussaillé par les cistes et les ajoncs mais aujourd’hui par chance il est étroit mais encore praticable. Une machette ou une serpe ne sont donc pas utiles. Il passe derrière la ruine d’un casot puis continue dans  cette immense zone que les géographes appellent la « Plaine de Torremilà ». Composée presque essentiellement de garrigues et de vignobles mais aussi de rares vergers et oliveraies et d’une zone humide temporaire, cette zone s’étend grosso-modo depuis la ZAE de Saint-Estève dite de La Mirande jusqu’à l’aéroport de Perpignan-La Llabanère et au quartier du Haut-Vernet à Perpignan. Inscrite à l’Inventaire National du Patrimoine Naturel (I.N.P.N) comme Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique (Z.N.I.E.F.F), je regrette d y’voir s’étendre de plus en plus les nombreuses décharges sauvages, les entreprises et les vastes implantations en panneaux photovoltaïques, espérant que les pouvoirs publics auront la clairvoyance de laisser un peu de place à la Nature, préservant ainsi les quelques espèces rares, protégées et « déterminantes » qui habitent ou s’arrêtent ici lors de leur migration. Si je viens souvent par ici, c’est pour elle : la Nature ! Et malheureusement je la vois se réduire comme peau de chagrin. Connaissant bien les lieux (une partie de mon Circuit de l'Eau y passait déjà), aujourd’hui, je fais en sorte d’éviter les déchetteries sauvages pour donner une priorité à la faune et à la flore. La chance est avec moi car les oiseaux sont nombreux et parfois même assez étonnants. C’est ainsi que deux chevaux dans un pré sont suivis par un petit groupe de hérons garde-bœufs. Une fois encore, j’y passe un temp infini mais ce spectacle le mérite. En me voyant, les chevaux viennent vers moi mais se ravisent au dernier instant. Dommage car les garde-bœufs les suivaient comme leur ombre. Plus loin et à l’instant même où je traverse la D.5, ce sont des grands corbeaux freux qui viennent se poser à une idéale distance de mon appareil-photo. Garde-bœufs et corbeaux, voilà des volatiles que je ne photographie pas tous les jours ! Je continue vers la chapelle. Ici le chemin devient asphalté mais il n’en est pas pour autant désagréable circulant autour de quelques mas isolés entourés de vignobles. Ici les passereaux sont bien présents aussi, différents de ceux de la garrigue, mais plus difficiles à discerner au milieu des vignes. L’itinéraire est simple mais zigzague dans cette « morne plaine » comme aurait dit Napoléon en évoquant Waterloo dans le célèbre poème de Victor Hugo « L'expiation ». Il faut dire que la météo s’est bien dégradée depuis mon départ et la luminosité n’est pas géniale. Au niveau du Mas des Oliviers, je quitte enfin le bitume pour emprunter un itinéraire plus incertain qui se faufile entre vignes et une haute clôture agrémentée de cyprès. Finalement, la chapelle Saint-Joseph est là sur ma droite et j’y file presque tout droit par l’itinéraire le plus praticable. Comme prévue, elle est fermée, alors je me contente de quelques photos de son extérieur mais en le photographiant sous tous les angles. Quant à son intérieur, les photos sont rares sur Internet mais je n’ai aucune difficulté à imaginer une certaine sobriété. Je flâne sous les pins, y photographie la flore présente, des moineaux,  un papillon puis un rapace qui apparemment occupe une ruine mitoyenne. Dérangé, le rapace a décidé que l’heure de la chasse était venue et le voilà qui entreprend un vol stationnaire non loin de la chapelle. Je réussis à le photographier. De mon côté, l’heure est venue de sortir mon GPS et de regarder le tracé que j’y ai enregistré. En effet, pour revenir à Saint-Estève, j’ai dessiné un itinéraire dont je n’ai aucune certitude car pour les trois-quarts au moins je ne le connais pas.  Ma méconnaissance commence ici même car je me suis fié à une seule vue aérienne visionnée sur Internet. Le GPS m’entraîne vers le nord de la chapelle puis il bifurque, longe un long et haut talus puis se dirige vers le minuscule ruisseau de La Llabanère (La Llavanera sur la carte IGN) puis c’est la route D.5. J’ai un peu galéré dans les broussailles mais finalement la route est là.  Là, je continue de l’autre côté de la route en suivant encore le ruisseau de la Llabanère. Finalement, le parcours que j’ai dessiné et enregistré sur mon GPS a été bien plus praticable que je ne l’avais craint même si quelques portions ont nécessité de zigzaguer entre des broussailles. La suite devient bien meilleure et un large chemin s’éloigne de la route D.5 pour s’en rapprocher de nouveau. Un coup d’œil sur mon bout de carte IGN me permet de retrouver un itinéraire plus éloigné de la route. Ce dernier file vers le sud du lieu-dit Planals de les Basses où un cheval qui s’ennuie dans son box vient vers moi sans aucune hésitation. Il semble apprécier les quelques biscuits moelleux et la pomme que je lui tends au travers du grillage qui nous sépare. En l’absence de mets supplémentaires, il ne juge pas utile de poursuivre cette « conversation » silencieuse et gourmande.  Il tourne les talons de ses sabots et pour me montrer sa colère, il entreprend quelques ruades tout en émettant de bruyants hennissements. Le tout avec un « zizi » bien en érection. Comme le chantait Brassens « la bandaison papa ça ne se commande pas ! » Non, je ne suis pas Robert Redford, je ne murmure pas à l’oreille des chevaux, je les comprends encore moins et j’ignore pourquoi il agit ainsi ? Je laisse « le petit cheval blanc » derrière moi et poursuis mon chemin. La suite devient très simple et le centre médical avec la clinique Supervaltech et les autres bâtiments me servent de point de mire. Il suffit de traverser quelques vignobles et champs en jachère pour y parvenir. C’est sur cette portion du parcours que les passereaux sont les plus présents et les plus divers. Dans cette diversité, les tariers pâtres, les rougequeues noirs et les alouettes sont de très loin les plus nombreux. Pourtant, les mœurs de ces trois espèces sont bien différentes et parfois même à l’opposé. Les tariers occupent essentiellement les champs en jachères et les zones à garrigue, sont peu craintifs, se perchent sur des hauteurs et en général ils se laissent gentiment photographier, alors que les alouettes sont posées au sol au milieu des vignes, détalent à la moindre alerte et de ce fait, il faut beaucoup de chance pour en immortaliser au moins une. Les rougequeues noirs n’ont pas de préférence et ils occupent tous les biotopes. Outre ces trois espèces, il y a par bonheur toute une pléiade d’autres passereaux plus ou moins photographiables et notamment des serins, des grives, des chardonnerets et des fauvettes. J’y passe un temps incalculable mais le résultat est à la hauteur de ma patience même si les photos ne sont pas toujours parfaites. Quand l’étang se présente, j’en fais encore une fois le tour histoire de quelques animaux nouveaux mais non ce sont les mêmes qu’au départ. Je sais qu’il est temps pour moi de ranger mon appareil-photo. Ainsi se termine cette boucle de ma composition. Je suis relativement satisfait car à part quelques difficultés après la chapelle dues aux broussailles, j’ai globalement respecté le parcours que je m’étais fixé et que j’avais dessiné sur la carte IGN et enregistré dans mon GPS. Au départ, ce n’était pas évident. Si la découverte de la chapelle ne m’a rien apporté de nouveau que je ne savais déjà, l’avifaune aperçue et celle photographiée ont été bien au-delà de mes espérances. Ajoutons à cela, une flore intéressante, quelques premiers papillons printaniers, les chevaux, le poisson et le serpent et j’ai été amplement ravi de cette balade champêtre et que je voulais absolument naturaliste. Malheureusement, cette visite à Saint-Joseph de Torremilà ne m’a protégé du fléau de la maladie puisque quelques jours plus tard, le 24 mars j’entrais aux urgences de l’hôpital de Perpignan pour la Covid doublée d’une embolie pulmonaire. Par contre, peut-être Saint Joseph était-il là pour m’apporter cette force intérieure qui m’a permis de m’en sortir après 15 jours d’hospitalisation ? Au départ de chez moi, cette balade a été longue de 8km1. Un peu moins bien sûr si on fixe le déversoir de l’étang comme ligne de départ. Carte IGN 2548 OT Perpignan – Plages du Roussillon Top 25.


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