• Ce diaporama est agrémenté de la musique d'Ennio Morricone et de Alessandro Alessandroni "Forse Basta", en anglais "A Flowers Is All You Need", musique du film "Le Tour Du Monde Des Amoureux De Peynet (Peynet's Lovers Around The World)" de Cesare Perfetto. Elle est successivement interprétée ici par Masteryamani (Piano), Ennio Morricone et son orchestre, Demis Roussos (Chant) et Paul Mauriat et son orchestre. 

    Le Circuit du Champ de l'Ours (Campoussy) depuis Sournia

    Le Circuit du Champ de l'Ours (Campoussy) depuis Sournia

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    Sournia, parking de la cave coopérative le 17 octobre 2020. Il est 10h. Sous un ciel bleu d’un incroyable pureté, nous nous préparons pour une balade pédestre que j’ai intitulée « Le Circuit du Champ de l’Ours depuis Sournia ». Peu de personnes le savent mais le village de Campoussy, objectif principal de cette randonnée, a une origine romaine très ancienne dont le nom signifie le « Champ de l’Ours », raison première, mais pas la seule, qui m’a incité à donner ce nom au circuit que je vous présente ici. La plupart des historiens vous diront que cette toponymie n’est pas tout à fait exacte et ils auront probablement raison. Ainsi, sur son site Internet et dans la fiche de présentation de Campoussy,  l’historien Jean Tosti précise la toponymie suivante :  « Première mention en 965 sous la forme Campo Ursino, qu'on interprète souvent à tort comme "le champ de l'ours". Il s'agit en fait du champ d'Ursinus, nom de personne romain, diminutif d'Ursus (ursus = ours) ». L’encyclopédie Wikipédia et bien d’autres toponymistes à quelques mots près écrivent sensiblement la même chose. De plus, il faut noter qu’en occitan Campoussy s’écrit « Camporsin », nom visible sur le panneau signalétique à l’entrée du village, et qu’il faut bien sûr continuer à le séparer en deux avec « Camp » d’un côté et « Orsin » de l’autre. Ce dernier nom en occitan n’est pas sans nous rappeler le mot français «  oursin ». Or que nous dit Wiktionnaire dans la rubrique « Etymologie » à propos de ce coquillage ? « De l’occitan oursin issu du latin ursinus (« d’ours »), à cause que les piquants ont été comparés aux poils serrés de l’ours ou dérivé de ours avec le suffixe -in ». Enfin, notons que le site anglais « Babynames.com » apporte une confirmation supplémentaire en indiquant que le prénom  « Orsin » signifiant « ourson » est d'origine anglaise. Orsin est un nom utilisé principalement par les parents qui envisagent des noms de bébé pour les garçons ». On pourrait presque affirmer que « Campoussy » c’est le « Champ de l’Ourson ». Alors bien sûr, et comme on le voit l’ours n’est ici que le résultat très lointain et redondant d’une très vieille anthroponymie. Si je ne conteste pas le bien-fondé de cette toponymie, il faut savoir qu’ « à l’époque romaine, l’ours brun était encore présent partout en France, en plaine comme en montagne » (Source L’Ours en France, plaquette de l’association Férus).  Notons néanmoins que la présence d’un ours en Pays Fenouillèdes et de nos jours n’est pas si «stupide » que ça puisque Wikipédia indique qu’un spécimen aurait été aperçu il y a quelques années seulement.  En 2010, la présence de Balou dans l’Aude tout près de Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse et à 70km de Sournia a  été confirmée. Quant à sa présence certaine et abondante au 18eme siècle dans ce secteur, elle ne fait aucun doute puisqu’au même titre que d’autres grands gibiers, l’ours était beaucoup chassé et braconné à cette époque-là. Si sa chasse régressa, c’est parce que les populations s’amenuisèrent au fil du temps. « Dans les Pyrénées-Orientales, le dernier ours sauvage du département est tué en 1846 lors d'une battue organisée à cet effet » nous dit Wikipédia. Ce n’est d’ailleurs qu’en 1958 que sa chasse fut interdite mais il fallut attendre 1981 pour que l’espèce soit déclarée « protégée ». Toutefois, Wikipédia nous dit encore que  « La dernière ourse de souche pyrénéenne, Cannelle, a été abattue par un chasseur le 1er novembre 2004 ……Son fils Cannellito, né en 2004, est ainsi le dernier ours de souche pyrénéenne encore en vie ». Comme on le voit, le « Champ de l’Ours » antique est loin d’être démodé. Enfin, la deuxième raison à cette jolie dénomination est qu’en 2009, j’avais déjà entrepris le récit d’une longue randonnée intitulée « le Circuit de Campoussy depuis Sournia ». Alors bien sûr, impossible de donner deux fois le même nom à une balade différente même si la ligne de départ et l’objectif principal sont identiques !

    Comme pour des balades précédentes intitulées « Le Circuit autour du Vallon de la Désix » et « Le Circuit des Ponts Romains », nous démarrons depuis le parking de la cave coopérative direction Campoussy par la D.619. Là, il faut emprunter à gauche la piste DFCI N°F80. Cette large piste forestière, je commence à bien la connaître, même si la vieille carte IGN 2348 ET que j’utilise encore dans mon vieux GPS est obsolète depuis pas mal de temps déjà, une variante de l’ancienne piste ayant vu le jour. De toute manière, il n’y a rien d’autre à faire qu’à la suivre. Comme toujours, me voilà d’emblée aux aguets de la flore et de la faune, et principalement des oiseaux. Si les merles et les geais semblent les plus présents, paradoxalement c’est d’autres passereaux que je réussis à photographier en premier et de la meilleure des manières. J’ai prévenu Dany que ce circuit était court, que nous avions donc tout notre temps et que j’avais envie de flâner et surtout de prendre des photos. « Marche à ton rythme et ne m’attends pas, on se retrouvera à Campoussy pour le pique-nique » lui ai-je dit. Mais sans réponse et avec un haussement d’épaules, je comprends qu’elle n’accepte pas ce qu’elle considère à juste titre comme une « stupidité ». Oui, je suis bien conscient que nous sommes là pour marcher ensemble ! Mais c’est plus fort que moi, chaque mouvement d’un animal aussi petit soit-il ou chaque plante fleurie attirent mon regard. Elle marche à son rythme certes puis m’attends quand mes tentatives de photos animalières s’éternisent en longueur. A dire vrai, la flore est plutôt réduite, quand à la faune, elle se résume à quelques oiseaux et à de rares papillons et criquets. Nous avançons donc de manière plutôt régulière mais il est vrai que je m’arrête assez souvent même si la plupart de mes arrêts sont courts. Finalement en arrivant à une intersection en forme de fourche et au niveau d’une barrière, nous prenons à droite direction Campoussy. Le hameau n’est plus très loin et d’ailleurs quelques vestiges se présentent assez vite avec un très vieux et haut mur à droite du chemin. Simple mur de soutènement ? Reste d’une ancestrale fortification ? Rien ne permet d’apporter une réponse, pas même un lézard des murailles se chauffant au soleil. Il disparait avant que je ne réussisse à le cadrer. Dès le virage suivant le village apparaît, ou tout du moins son imposante église Saint-Etienne. Dans l’immédiat, l’église on ne voit qu’elle tant sa stature architecturale et sans doute gothique en impose. Il faut avancer encore pour apercevoir les premières maisons. En entrant dans le village, et bien qu’il ne soit qu’11h30, Dany en est déjà à chercher un coin agréable pour pique-niquer. Moi, et parce que de nombreux moineaux, pinsons, rougequeues noirs et à un degré moindre quelques étourneaux ne paraissent pas très farouches, je continue dans les ruelles pour tenter de les photographier. Quand je reviens vers Dany, je m’aperçois qu’elle a mis à profit notre courte séparation pour entamer une vaillante conversation avec une jeune dame du village. Apparemment, le sujet est le potentiel immobilier du village et les maisons à vendre. Alors je repars vers mes volatiles, préférant laisser les deux « papoteuses » à leurs échanges « affairistes » qui ne m’intéressent guère. Quand je reviens une demi-heure plus tard, Dany, pour pique-niquer, a finalement trouvé son bonheur sur un banc de la place centrale. C’est donc ensemble et en plein soleil, que nous attaquons un déjeuner bien agréable mais ô combien espéré. Tout en mangeant, elle me remémore un souvenir que j’avais gardé dans un petit coin de ma mémoire et que pour être franc j’attendais d’un instant à l’autre :

    • « Tu te souviens la dernière fois que nous sommes venus ici à Campoussy, nous avions vu un chat qui ressemblait comme deux gouttes d’eau à notre petite Noxi ? La ressemblance était frappante sauf que ce chat-là était beaucoup plus câlin car il s’était laissé caresser sans crainte ! C’était quelque jour après sa mort et j’y avais vu un signe ! 
    • Oui, je m’en souviens très bien, c’était effectivement quelques jours après sa disparition. D’ailleurs, nous étions partis manger à l’auberge de Sournia un peu à cause de ça et pour nous changer les idées. L’après-midi nous étions venus visiter Campoussy.
    • J’aimerais bien le retrouver ce chat !
    • Des mois ont passé et tu risques d’être déçue si tu ne le vois pas !
    • Non, je serais heureuse de le revoir mais je me ferais une raison s’il n’est pas là.
    • Ok, essayons de retrouver le mur en ruines où nous l’avions vu couchée. »

    Nous rangeons nos sacs à dos et nous voilà partis dans les ruelles à la recherche de « notre petite Noxi », car à vrai dire il s’agit bien de cela. Retrouver le passé, retrouver notre animal de compagnie que nous avons tant aimé et qui nous manque chaque jour que Dieu fait. Voilà ce que nous comptons trouver sous les traits de ce chat « européen » pour ne pas dire « de gouttière », somme toute assez banal la plupart du temps, sauf que là tout était identique y compris les yeux. Oui surtout les yeux. C’était si troublant. Toute la ressemblance était là ! Le pelage certes mais les yeux ! Malheureusement et comme je l’avais craint, si nous retrouvons aisément le mur en ruines, il n’y a pas de chat dessus. Ou plutôt si, il y en a un, mais pas le bon ! Un chat gris , un peu renfrogné et qui ne se laisse jamais approcher. Nous cherchons un peu, regardons dans les jardins alentours, dans les différentes arrière-cours, mais en vain. Cette fois, notre petite Noxi est partie pour toujours. Un peu tristes, nous continuons la visite du joli hameau que nous connaissons déjà. En février dernier, nous avions longuement papoté sur la beauté et la quiétude si agréables du village avec un couple profitant du soleil, mais eux aussi ne sont pas là aujourd’hui. Pourtant, nous apprécions toujours autant ces aspects paisibles et charmants. Oui, malgré des décors verdoyants, ravissants, ronds et reposants et un magnifique Canigou enneigé qui crève l’horizon, nous marchons comme deux automates, en silence car désabusés. J’ai bien peur que la fin du « Champ de l’Ours » ne se transforme en un « Complainte du Chat ». Après tout « champ » et « chant » peuvent prêter à la confusion et comme la confusion n'est jamais loin du désarroi....  Il n’en est rien heureusement et quand nous sortons du village par la route principale, alias le GR.36, je fais de mon mieux pour distraire Dany et que l’on oublie très vite cette espérance inassouvie. J’essaie de la distraire en lui montrant ce que moi je trouve intéressant. Il faut dire que les décors et les éléments contribuent à ce jeu : encore quelques oiseaux, un joli oratoire, un calvaire avec un croix en fer forgé daté de 1696 et joliment orné de deux plaques émaillées indiquant les noms des lieux : la Crutz et la Cami Vielh. Comme j'ai lu pas mal de choses avant de venir, les anecdotes ne me manquent pas. Plus loin, quelques vaches avec leurs veaux qui viennent vers nous en nous voyant, puis se ravisent en détalant comme s’ils avaient vu le diable en personne. Plus loin encore, une ferme espèce de hangar où des bergeronnettes grises s’égayent un peu partout. Une jolie vue de Sournia qui se dévoile soudain. Quelques magmas granitiques impressionnants. Encore des oiseaux, des papillons, des criquets et même une grosse araignée qui traverse le chemin. Quelques fleurs de-ci de-là. Plus loin encore, après la traversée de la D.619, quelques chevaux blancs et un petit poney brun viennent se laisser cajoler le front. Eux ont bien compris que nous n’étions pas des diablotins mais seulement des anges-gardiens de la gente animale. Après cet intermède équin, le parcours devient plus boisé et donc moins attrayant car les panoramas disparaissent. Il y a moins de tout autour de cet étroit sentier filant vers Sournia, pourtant il est loin d’être désagréable car il zigzague dans la forêt Domaniale des Fenouillèdes riches en essences diverses. L’arrivée se rapproche et il faut attendre la très proche proximité du village pour retrouver un peu de distractions avec une faune et une flore de nouveau un peu présente. Bien évidemment et chaque fois que je reviens à Sournia, comment ne pas me remémorer ce fabuleux Tour des Fenouillèdes réalisé en 2011 avec mon fils ? Nous avions été là lors de la 3eme et 4eme étape, juste le temps d'un bout d'après-midi et d'une soirée ô combien mémorables ! Puis le lendemain, nous avions poursuivi vers Caudiès. Oui, une fois encore et à cet instant, de bons souvenirs pédestres remontent en surface avec plaisir. Ainsi se termine ce « Circuit du Champ de l’Ours » mais que j’aurais pu appeler aussi « A la recherche du chat perdu ». Visite et déambulations dans Campoussy incluses, cette balade a été longue de 8,9km. Les montées cumulées ont été de 515 m et le dénivelé de 178 m entre le point le plus bas (489 m au début de la piste DFCI F80) et le plus haut (667 m au calvaire à la sortie de Campoussy). Carte IGN 2348 ET Prades - Saint-Paul-de-Fenouillet Top 25.


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    Ce diaporama est agrémenté de 4 chansons interprétées par l'ancien batteur des Beatles Ringo Starr. Elles ont pour titre : "You're Sixteen (You’re Beautiful And You're Mine)", "Only You (And You Alone)", "Honey Don't" et "Never Without You". Enfin, il y a un petit bout mais incomplet de la chanson "Photograph".

    Les Etangs de Font-Vive et de Passet en boucle à Porté-Puymorens

    Les Etangs de Font-Vive et de Passet en boucle à Porté-Puymorens

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    C’est presque sur un coup de tête que nous sommes partis faire cette balade à l’Etang de Font-Vive (**) à Porté-Puymorens. Nous étions à Urbanya et le 24 août au matin. La journée du lendemain s’annonçait grandiose sur le plan météo. Alors bien sûr, de nos jours, décider de partir vers Porté-Puymorens depuis Urbanya et faire les 90 kms qui séparent les deux communes n’est pas un problème en soit. En été, 2 heures sont en principe suffisantes. Sauf que je n’avais pas envie de « speeder », que la balade était prévue pour le lendemain seulement et c’est donc sur ce coup de tête-là que j’ai dit à Dany « ça te dirait d’aller faire une randonnée demain vers Porté-Puymorens ? ». La réponse à cette question étant « oui », j’ai immédiatement enchaîné sur la deuxième qui était « si je réserve une chambre d’hôtel pour ce soir afin d’être sur place dès demain matin, tu es partante ? ». Autant l’avouer, je ne m’attendais pas à autre chose qu’à un « oui » franc et massif, comme aurait-dit en son temps le général De Gaulle. Oui, car quand il s’agit de sortir, d’aller balader, de changer de quotidien, Dany ne sera jamais la dernière ou alors c’est qu’elle est malade. Alors bien sûr, un coup de tête comme celui-ci, avec des sites comme Booking.com ça se règle presque en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire. En réalité, il ne m’a fallu qu’un petit quart d’heures pour réserver une demi-pension à l’Auberge Campcardos de Porta. L’hôtel n’ouvrant qu’à partir de 18h, c’est donc très tranquilles que nous préparons nos sacs à dos et plus globalement nos affaires en cette après-midi du 23 août. Après avoir roulé « pépère » depuis Urbanya, il est pile-poil 18h quand nous arrivons sur les lieux. Assez bizarrement, l’auberge est encore fermée et nous sommes accueillis par deux très jeunes enfants. Ils sont seuls mais aptes à nous dire de téléphoner à un numéro indiqué sur une enseigne de la devanture. En réalité,  nous n’aurons besoin de passer qu’un seul appel téléphonique et de quelques minutes  supplémentaires d’attente pour que tout rendre dans l’ordre. L’accueil est très sympathique, la chambre qui nous est allouée simple et agréable, car en retrait de la route mais avec de jolies vues sur Porta et les montagnes environnantes.  Le hameau de Porta très charmant à visiter,  le souper excellent et presque inattendu au regard de l’aspect « relais routier » qu’offre l’auberge. Comme quoi, il ne faut jamais avoir de préjugés !  Oui, tout est parfait y compris le rapport qualité-prix et y compris le très copieux petit déjeuner qui présente l’avantage de nous mettre en forme avant de démarrer cette belle balade. Hier soir, nous avons pris le temps de venir repérer la ligne de départ et c’est donc tout naturellement qu’à l’entrée de Porté-Puymorens nous prenons la route des Lacs, puis 2 km plus loin, garons notre voiture sur l’esplanade gazonnée qui fait office de parking. Ce parking domine magnifiquement le lac de barrage du Passet et sa petite vallée où il se déverse. En ce début de matinée lumineuse, le lac bleuté, lui, ressemble à une soierie de satin qu’un géant aurait pris soin de poser au fond d’un magnifique et vaste écrin, écrin bien évidemment formé par le cirque glaciaire du Massif du Carlit. Les panneaux explicatifs sont nombreux et présentent l’avantage de situer où nous sommes : Massif du Carlit et dans la Haute Vallée du Carol (*). Tout autour, ce n’est qu’une longue succession de sommets où que l’on regarde. Certains joliment herbeux, d’autres très boisés puis d’autres essentiellement composés d’une incroyable minéralité plus ou moins déchiquetée. Sur la gauche, un panonceau directionnel indique en rouge et en gros notre principal objectif du jour : Font-Vives. Font-Vive (**) avec un "S", ce qui me semble être une erreur si je me fie à une logique qui voudrait que l'on traduise la "Font Viva" catalane en "Fontaine Vive" française. D'ailleurs, et bien que le topo-guide "Les Sentiers d'Emilie" l'écrive également avec un "S", la plupart du temps on le trouve sans le pluriel sur Internet. D’autres panneaux mentionnent « Lanoux » et « Carlit » mais à cause d’une condition physique insuffisante ça ne sera pas pour aujourd’hui, même si pendant plusieurs jours j’ai envisagé le célèbre « Chemin des Ingénieurs ». Nous démarrons mais par malchance en même temps qu’un groupe d’espagnols hyper bruyants. Ici, et grâce aux plaques minéralogiques des voitures, on voit de suite que plus de 90% des visiteurs et randonneurs sont nos voisins ibériques. N’étant pas venu pour marcher dans un vacarme assourdissant, je demande à Dany d’attendre et de les laisser passer. Malheureusement, comme ce groupe est composé de plusieurs enfants en très bas âge avançant très lentement, nous n’arrivons pas vraiment à être distancer. Nous attendons un peu plus longtemps encore et les laissons enfin nous décramponner. Je profite de ce long arrêt inopiné pour tenter quelques photos fauniques et floristiques. Très haut sur la crête sommitale, deux isards paissent entre pelouses d'altitude et blocs rocheux. A cause de la distance et de la configuration du terrain, je ne parviens pas à les photographier correctement. Finalement, pris par cette envie de nous éloigner du groupe bruyant, je les perds très vite de vue. Nous repartons en flânant car malgré la distance qui nous en sépare encore, le groupe continue de faire résonner leurs voix et leurs cris stridents dans toute la montagne. Bien évidemment, difficile dans ces conditions d’approcher les passereaux que j’aperçois pourtant en très grand nombre. Flânerie exagérée et arrêts photos continuels finissent par nous donner raison. On peut enfin marcher dans le calme et avec sérénité même si d’autres randonneurs, par bonheur moins bruyants, nous dépassent sans cesse.  Il me faut carrément perdre de vue « tout ce joli monde » et sortir du sentier battu pour commencer à immortaliser correctement cette petite faune bien présente composée essentiellement de petits passereaux, de quelques papillons et criquets et de très nombreux lézards. Sortir du chemin , c’est aussi aller à la rencontre de quelques vestiges d’un pastoralisme d’antan avec des cortals en ruines et quelques orris plus ou moins bien debout.  D’ailleurs pris par cette envie de nous éloigner du groupe bruyant, je les ai très vite perdu de vue. Je n’en verrais pas d’autres. L’arrivée à l’étang de Font-Vive est synonyme d’un agréable pique-nique dans un décor grandiose et rafraîchissant. Dany sollicitant un peu de repos après le déjeuner, j’en profite pour partir courir la petite colline qui sur la droite domine le lac. Rouges-queues, bruants, mésanges, accenteurs, tariers, fauvettes, de très nombreuses espèces de passereaux l’occupent et semblent attendre ma venue. Tous ne se laissent pas photographier facilement mais la patience et la persévérance finissent par être payantes. Dany me faisant de grands signes pour que je la rejoigne, c’est presque à regret que je quitte ce lieu hautement avicole. En quittant l’Estany de Font-Vive, on quitte automatiquement de jolis décors pour d’autres beaucoup moins attrayants. Pourtant la suite du parcours est loin d’être désagréable. Plus forestier, l’itinéraire reste néanmoins très varié avec des prés verdoyants, de jolis petits sous-bois, des sapinières, le Carol ou Rec de Lanoux, un charmant petit torrent descendant du lac éponyme, des passages plus techniques car rocailleux, de nombreuses clairières, de longs murets de pierres sèches signes de l’exploitation humaine, tout cela au pied d’impressionnants versants montagneux où quelques layons qui n’ont rien de naturel laissent présager de vieilles mais très violentes avalanches. Aujourd’hui, rien n’a craindre, pas une once de neige et seulement un ciel très pur permettant d’imaginer quelle furie a pu décimer ses grands sapins qui gisent tels d’immenses squelettes de bois. Ces carcasses parfois enchevêtrées sont devenues le repaire des bruants fous, des fauvettes et autres linottes mélodieuses.  Je quitte très souvent le sentier pour partir à leur rencontre mais une fois encore il faut un peu de chance pour parvenir à les photographier. La vision d’une passerelle qui enjambe le Rec de Lanoux puis celle des bâtiments de l’ancien téléphérique EDF sont synonymes d’arrivée toute proche. Il suffit de traverser le parking puis d’emprunter la petite route terreuse qui descend vers le lac du Passet pour y parvenir. Il faut simplement prendre garde aux très nombreux bovins qui déambulent dans tous les sens et dans ce qui ressemble à une totale indifférence.  Nous, et avant d’arriver au lac,  on s’arrête au préalable dans un snack qui tombe à pic tant nos gosiers sont à secs depuis que nos gourdes respectives ont été englouties. Alors que je décide d’aller faire « trempette » dans le lac, Dany, elle, préfère poursuivre la route bitumée pour rejoindre au plus vite la voiture afin de s’y reposer un peu. C’est ainsi que se termine pour elle cette superbe randonnée. Moi, je m’octroie une heure supplémentaire au bord du lac que je consacre à une baignade expéditive mais ô combien agréable car rafraîchissante. Quand l’eau est si proche et si attractive, il est bien rare que j’y résiste ! Puis vient le temps du séchage en plein soleil. C’est dans cette position du parfait rêvasseur contemplatif que j’observe et photographie les nombreux « tyroliens » qui traversent l’étendue d’eau suspendus à des câbles. La Tyrolienne du Passet Tyrovol serait la plus longue des Pyrénées et les éclats de rire sont apparemment proportionnels. Ils fusent constamment et c’est sur ces notes de bonne humeur que je termine à mon tour cette balade. Cette randonnée, dans une version à la distance plus réduite, on la trouve parfois sous la dénomination de Sentier des Encantades de Font-Vive- P.R.30. Elle est donnée pour 5,2 km et un dénivelé de 273m. Celle réalisée ici, que l’on trouve comme « Sentier d’Emilie » et qui est donnée pour 2h30 de marche est un peu plus longue et selon moi elle a les critères suivants : 7,5 km pour un dénivelé de 219 m et des montées cumulées de 410 m. En raison de mes nombreuses « sorties de route », j’ai réalisé 800 m de mieux. Bonnes chaussures à tige haute sont recommandées. Carte IGN 2249 OT Bourg-Madame – Pic Carlit – Col de Puymorens Top 25.

    (*) La Vallée et la rivière Le Carol : En observant la carte IGN, j’ai constaté que la rivière Le Carol n’apparaissait pas dans ce secteur où nous avions randonné, alors que dès la ligne de départ un grand panneau Point Info Pêche indiquait que nous étions ici dans la Haute-Vallée du Carol. Avec ma curiosité habituelle, j’ai donc cherché sur Internet ce qu’il en était exactement, et je l’avoue je suis resté un peu sur ma faim. En effet, il semble que la rivière Le Carol et le ruisseau (Rec) de Lanoux soit un seul et unique cours d’eau. Où cela se complique, c’est qu’apparemment la source se confond de nos jours avec le déversoir du barrage de l’Etang de Lanoux, plus grand lac pyrénéen. D’ailleurs, l’encyclopédie en ligne Wikipédia reste très vague quand à cette source qu’elle se contente de situer sur le versant sud du Massif du Carlit. Quant aux coordonnées également très vagues  (42° 35′ N, 1° 54′ E) qu’elle fournit, elles renvoient directement au milieu du lac ! La plupart des cartes de l’Institut National Géographique (I.G.N) mentionne le nom de Carol qu’à partir du déversoir du barrage de Passet à Porté-Puymorens, les ruisseaux qui alimentent ce lac étant le Rec de l’Etang de Font-Vive et celui de Lanoux. Alors pourquoi n’y-a-il pas de rivière Le Carol clairement mentionnée dans ce secteur au sud du Carlit ? Est-ce à cause du litige qui a longtemps opposé la France et l’Espagne à propos de l’usine hydroélectrique qui devait être alimentée par les eaux du lac de Lanoux et que les Français voulaient construire privant ainsi l’Espagne d’une partie des eaux du Carol. Si c’est le cas, cela confirmerait que Le Carol et le Rec de Lanoux sont un seul et même cours d’eau ou au pire que le premier serait la suite affluente naturelle du second. Les informations que l’on trouve sur Le Carol indiquent que cette rivière est longue de 31 km dont 29,9 km sont en France. Qu’elle se jette dans le Sègre à l’aval de Puigcerdà et que sa confluence est donc sur la commune d’Enveigt alors que sa source serait située sur la commune d’Angoustrine-Villeneuve-des-Escaldes. C’est donc assez curieux de constater que la longueur de cette rivière est très précise alors que le lieu de sa source reste très indécis. C’est finalement sur un site espagnol que l’on obtient la solution puisqu’il y est très clairement écrit que le Riu de Querol (Carol en espagnol) aurait comme autres noms « Riu de l’Aravo (en catalan) » ou « Rec de Lanos (Lanoux).  https://www.gralon.net/rivieres-france/riu-de-querol-90388.htm

     

    ( **) Etang de Font-Vive : « Le nom de ce magnifique étang de la municipalité de Porté apparaît au XVIème siècle sous la plume d’Antoni Olibà (*), originaire de Porta. Il désigne un  hameau aujourd’hui disparu. Jusqu’au XVème siècle ce lac était connu comme étang d’Evol. Fontviva signifie évidemment une source où l’eau est vive, courante ». (extrait d’Histoires d’eau. Légendes d’ici. Capcir, Cerdagne, Conflent parue aux Editions Loubatières). (*) Antoni Olibà (1534-1604) a été un juriste très connu et reconnu en son temps et bien plus tard encore. Vous trouverez des informations le concernant sur les liens suivants : https://ca.wikipedia.org/wiki/Antoni_Olib%C3%A0 et https://mediterranees.net/biographies/capeille/CapeilleN-O.pdf


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  • Ce diaporama est agrémenté de la musique "The Cascades" du compositeur et pianiste américain Scott Joplin. Elle est ici interprétée successivement par Adrian Holovaty (guitare), Gabriele Lampietro (piano), Rhode Island Saxophone Quartet (saxophones) et enfin par Scott Joplin lui-même. 

    Les Cascades Saint-Vincent et des Anglais à Vernet-les-Bains.

    Les Cascades Saint-Vincent et des Anglais à Vernet-les-Bains.

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    A Vernet-le-Bains, marcher vers les « Cascades Saint-Vincent (*) et des Anglais (**) » est une petite balade « incontournable » de notre beau département des Pyrénées-Orientales. Voilà de très nombreuses années que je n’y étais pas retourné. 20 ans ? 25 ans ? 30 ans ? Plus ? Franchement, je ne saurais le dire. D’ailleurs, je n’en garde que des bribes de souvenirs, avec bien sûr les superbes chutes d’eau mais surtout toutes ces passerelles qui permettent de franchir les très nombreuses difficultés. Je me souviens aussi d’y être aller en famille et d’y avoir amené mes deux enfants. Quels âges avaient-il alors ? 10 ans ? 13 ans ? 15 ans ? Là aussi, la mémoire me fait défaut, mais quoiqu’ il advienne, c’était il y a très longtemps. Une chose dont je me souviens parfaitement, c’était la mauvaise qualité du sentier plutôt difficile à cheminer en raison de la configuration du terrain. Je me souviens aussi qu’il y avait de merveilleux mimosas fleuris et de jolies stalactites de glace dans toutes les cascades. C’était donc en hiver. Aussi savoir que j’allais y retourner des années plus tard, avec cette fois-ci deux de mes trois petits-enfants était pour moi une joie intérieure intense. Pour Dany aussi.

    Le 11 août au matin, il est 8h40 quand nous quittons Urbanya, où nous séjournons, direction Vernet-les-Bains. Nous partons avec l’idée d’aller à la rencontre de la fraîcheur mais à vrai dire déjà un peu inquiets car une épaisse chape nuageuse monte dans la vallée d’Urbanya. Elle arrive clairement d’en bas, c’est-à-dire où nous devons nous rendre. Cela ne présage rien de bon. Mon gendre Jean-Christophe, grâce à une application, a repéré le départ sur son smartphone et je n’ai qu’à le suivre en voiture. 1h plus tard, nous arrivons sur le vaste parking dédié au départ vers les cascades. Parking vaste certes mais déjà excessivement rempli à cette heure si matinale. Enfin, malgré cette affluence inattendue, nous trouvons deux places pour nos voitures respectives. La chance est avec nous car les autres véhicules qui continuent d’arriver semblent bien plus embêter que nous pour se garer. La chance aussi et le bonheur en sus de voir un ciel purgé de tout nuage. Le temps de s’équiper, de nous chausser correctement, d’harnacher nos sacs à dos et nous voilà partis sur « les chapeaux de roue ». Chapeaux dont je l’avoue, je ne me coiffe qu’assez rarement quand je marche seul, étant plutôt « enjôleur de Nature » qu’« enjoliveur ». Oui, à 71 ans mon « train » préféré est plutôt celle du « sénateur » que du « pilote automobile ». Pourtant un premier panonceau annonce la couleur : « Sentier des Cascades – Cascade des Anglais 3h A/R » auquel vient s’ajouter un second préconisant la prudence sur un terrain très accidenté et exposé à des conditions climatiques « sévères ». Mais peu de personnes les lisent. Enfin, à voir le rythme de démarrage de mes 5 comparses, ils ne les ont pas lus et aujourd’hui il va m’être difficile de flâner comme je le fais en solitaire. Pourtant, et par habitude, je reste toujours aux aguets de ce que la Nature me propose. C’est plus fort que moi. Alors, tout au long du parcours, je vais essayer de trouver un compromis ; que je ne vais jamais vraiment trouver ; et ce d’autant que les randonneurs sont excessivement nombreux aujourd’hui. Ce compromis consiste à ne pas me faire larguer tout en essayant de ne rien louper de ce que la Nature offre à mon regard et à mon appareil-photo. A cela, j’y rajoute la prudence qui s’impose en raison du Covid. Apparemment, le Covid qui sévit encore un peu ne fait plus peur à personne. Le masque a été oublié par tous et les gestes barrières aussi, sauf pour quelques-uns dont je fais partie et qui essaient de conserver une certaine distanciation dans les endroits les plus fréquentés. Enfin, en cette circonstance de pandémie, soyons tout de même honnêtes et ne reprochons pas aux autres ce que nous faisons nous-mêmes. C’est-à-dire « Vivre ! » et avoir envie de « Vivre ! ».

    D’ailleurs ici, la vie est constamment présente avec bien évidemment cette eau de la rivière Saint-Vincent qui s’écoule si joliment en chantant voire parfois en hurlant selon les caprices des dénivellations. Cette rivière est vivante depuis si longtemps qu’elle a réussi à creuser de profondes gorges. Si aujourd’hui nous pouvons déambuler au fond de ces gorges, c’est grâce à l’ingéniosité de quelques hommes qui ont su créer ce sentier y élevant des passerelles, garde-fous et autres ponts de singe pour le plaisir du plus grand nombre.  La vie, elle se dévoile aussi avec une végétation exubérante dans laquelle la présence de quelques oiseaux, papillons, insectes et autres lézards ne semble intéresser que moi et mon appareil photo. Pas évident d’essayer de photographier la Nature au beau milieu d’une passerelle où des personnes se croisent dans un flot presque continuel. La vie, ce sont bien sûr les célèbres cascades. Celle de Saint-Vincent puis celle des Anglais où de nombreux visiteurs n’hésitent pas à parodier les pubs  « Ushuaïa » ou « Tahiti Douche », sans gel douche et dans une eau sans doute inférieure de très nombreux degrés. Oui, la vie est constamment présente au cours de cette courte mais si jolie balade, et sur le coup de midi, elle s’étale sur les roches granitiques sous les traits des très nombreux pique-niqueurs. Nous en faisons partie, car comment empêcher à des personnes qui adorent l’eau de prendre au moins un bain de pieds voire un bain tout court voire seulement un bain de soleil avant d’avoir envie de dévorer un ou plusieurs sandwichs ou une copieuse salade composée ? C’est notre cas et celui des petits-enfants en particulier. Nous adorons l’eau et manger. Deux plaisirs simples de la vie parmi quelques autres comme profiter du soleil sur une roche que ses rayons ont longuement tiédi. Manger ; raisonnablement bien sûr ; marcher, se baigner, se réchauffer au soleil, c’est l’assurance de vivre un peu plus longtemps. Alors pourquoi s’en priver dans le contexte actuel ? La vie, c’est aussi quelques truites apeurées qui zigzaguent entre nos jambes essayant d’échapper à ce prédateur qu’elles aperçoivent parfois une canne à pêche à la main. Aujourd’hui et pour leur bonheur, il n’y a pas de pêcheur, les prédateurs ne sont qu’imaginaires mais par contre des emmerdeurs qui viennent les réveiller au fond du lit de leur torrent préféré, il y en a beaucoup. Au fond de ces superbes et pittoresques gorges, difficiles d’imaginer qu’elles sont dominées par un seigneur des montagnes : notre mythique Canigou. Bien que le massif et son pic majeur soient invisibles, la rivière Saint-Vincent y commence sa vie, sa source étant située au lieu-dit Les Conques. La vie, c’est aussi laisser la place à d’autres visiteurs dès lors que le sentier se transforme en une cohue où marcher n’est plus un plaisir et devient seulement une galère. Oui, quand autour des célèbres cascades, cet instant commence à se produire, il est temps de rentrer. C’est ce que nous faisons avec tout de même un aller/retour qui aura duré 4h pique-nique et bains inclus. S’il est de coutume de dire que la vie n’est pas un long fleuve tranquille, aujourd’hui, elle aura été pour nous une toute petite rivière bien agréable du nom de Saint-Vincent. Une rivière un peu paradoxale quand on sait que Saint-Vincent est surtout le patron des vignerons, c’est-à-dire du vin et non pas de l’eau. D’ailleurs et parmi de multiples dictons, je retiens celui-ci : « Prends garde à la Saint-Vincent, car si tu vois et tu sens, que le soleil est clair et beau, nous aurons plus de vin que d’eau ». Après tout pourquoi ne pas prévoir une bonne bouteille pour ce soir ? Horace n’a-t-il pas écrit que « le vin c’est la vie ». Quant à Alfred de Musset il a écrit « qu’importe le flacon pourvu qu’on est l’ivresse ». L’eau, la vie, la Nature, la famille et finir cette merveilleuse journée avec une bonne bouteille de vin, n’est-ce pas la meilleure manière de faire un pied de nez à ce coronavirus qui nous emmerde depuis déjà trop longtemps ? Cette balade a été longue de 4,1km A/R. Le dénivelé est de 251 m entre les 764 m d’altitude du parking et la cascade des Anglais à 1 015 m. Les montées cumulées ont été de 340 m. Sachez que le départ peut s’effectuer directement depuis Vernet-les-Bains devant l’Office de Tourisme situé place de la République. Il s’agit de la randonnée N°7 dont vous trouverez le dépliant en cliquant sur ce lien et dans ce cas précis, la distance sera de 7km A/R. Sachez qu’il existe également une possibilité de faire une randonnée en boucle en passant par le Col de Llavent puis le pic d’Alzina. Notez toutefois que le sentier des cascades est inaccessible du 30 septembre au 1er avril (arrêté municipal en vigueur).  Carte IGN 2349 ET Massif du Canigou Top 25.

    (*) La cascade Saint-Vincent ainsi que la rivière éponyme doivent leur nom à un petit hameau du nom de Saint-Vincent de Campllong où au XIème siècle a été édifiée une chapelle romane. Si je dis hameau c’est parce que selon les textes on y dénombrait 4 feux en 1348. Selon les spécialistes, cette chapelle aurait été directement édifiée avec des galets de la rivière toute proche. A ce jour, il ne reste de cette chapelle que quelques vestiges situés sur une parcelle privée. De ces vestiges, seuls restent des murs latéraux de sa nef et son abside semi-circulaire (Source Balades Romanes). Selon l’historien Pierre Ponsich, ce lieu puis son église auraient été la possession des moines de Saint-André d’Eixalada avant sa disparition puis ensuite celle des moines de Saint-Michel de Cuxa, ce qui permettrait de dire que le hameau est bien plus ancien. La rivière, d’une dizaine de kilomètres de long, affluent de la rivière Cady, prend sa source au lieu-dit Les Conques sur le flanc ouest du pic du Canigou. Comme la plupart des torrents de montagne, elle sort régulièrement de son lit engendrant des crues provoquant de multiples dégâts tout au long de son parcours. Les plus importantes crues ont été celles de 1940 ou de 1992. Lors de l’Aïguat de 1940, on estime à 500.000 m3 le volume de matériaux déversés par le Saint Vincent au sein de la vallée qui abrite Vernet-les-Bains (Source « Un contrat de rivière pour la Têt »). Le 6 mai 1943, les Gorges Saint-Vincent ont été inscrites à l’Inventaire des sites à protéger, l’Etat estimant qu’elles représentaient un intérêt général du point de vue scientifique, pittoresque et artistique, historique ou légendaire. Avec ses 532 ha, c’est le site inscrit le plus imposant en terme de superficie du département des Pyrénées-Orientales.

    (**) La cascade des Anglais : Voici ce que l’on peut lire dans un texte du toponymiste Robert Aymard paru en 2008 aux Editions Caliban sous le titre « Pyrénées, un millénaire de présence anglais » :  « A l’autre bout de la chaîne (sous-entendu Pyrénées), je relève à Vernet-les-Bains une Cascade des Anglais. Ce nom vient de ce que, à la suite de la guérison par ses eaux thermales du fils du pacha Mehmet Ali en 1846, les Anglais affluèrent, par train direct depuis Londres. Rudyard Kipling y séjourna en 1910 et y écrivit notamment : "Pourquoi neige-t-il à Vernet ?". De plus, Vernet s’enorgueillit du seul monument célébrant l’Entente cordiale » , monument de Gustave Violet. Si la vie à Vernet-les-Bains d’Ibrahim Pacha,  fils de Mehmet vous intéresse, voici un lien où vous trouverez tous les détails de son séjour : http://ancienegypte.fr/iouf_khonsou/ibrahim_pacha.htm

    Concernant les Anglais, et à partir de cette année 1846, Vernet n’eut de cesse d’essayer d’attirer une clientèle étrangère aisée. Les thermes deviennent propriété d’un banquier de Lisbonne le comte de Burnay et la direction est confiée à un allemand Emile Kiechle « précurseur de la mise en marché moderne ». Pendant la Belle Époque, l’aristocratie française et espagnole fréquentent Vernet-les-Bains en été, la clientèle britannique y vient plutôt en hiver. Grâce à d’importants travaux de restauration dans de très nombreux hôtels, Vernet-les-Bains s’étoffe et devient une station thermale « chic », de réputation mondiale mais surtout anglaise. C’est la Belle Epoque où toutes les stations thermales pyrénéennes sont au sommet de leur gloire. La venue de plusieurs personnalités anglaises de renom contribue à cet essor. Il en est ainsi de Rudyard Kipling, écrivain anglais certes mais surtout prix Nobel de littérature en 1907. Il séjourne à Vernet en 1910,  1911, 1912, 1914 et 1926 accompagnant son épouse Carrie Balestier souffrant d’arthrite. Bien d’autres aristocrates sont là aussi comme lord Frederick Roberts, commandant des forces anglaises contre les Boers en Afrique du Sud. Le premier ministre Arthur Balfour, le ministre de la guerre Kitchener, la princesse Battenberg, fille de la reine Victoria, lord Neville Chamberlain. Oui, les Anglais deviennent omniprésents à Vernet adorant le thermalisme et ses eaux sulfureuses, la douceur du climat, le plus souvent hivernale pour eux, leur séjour au pied du Canigou et les nombreuses possibilités d’excursions que ce massif leur offre. Parmi ces dernières, celle qui consiste à suivre les gorges du Saint-Vincent pour aller admirer les cascades. La dernière accessible, la plus grande des cascades finira par porter leur nom.


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  •  Ce diaporama est agrémenté avec des musiques du DJ Michael Maretimo extraites de sa compilation intitulée "Spring Lounge 2019".

    Le Roc et le Bac de Torrelles (1.745 m) depuis Urbanya (856 m)

    Le Roc et le Bac de Torrelles (1.745 m) depuis Urbanya (856 m)

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    Urbanya, 5 août 2020. Il est 6h30. Assis sur le canapé avec mon plateau repas sur les genoux, je déjeune devant la TV comme je le fais parfois. Si je dis parfois, c’est parce qu’assez souvent je déjeune plutôt sur la terrasse, surtout quand il fait très beau comme c’est le cas aujourd’hui. En réalité, aujourd’hui, rien n’est comme d’habitude. Mon sac à dos est déjà prêt et je m’apprête à partir pour une balade qui doit m’amener au « Roc et au Bac de Torrelles (*) ». Voilà déjà plusieurs jours que je me prépare à cette longue randonnée sans doute pas facile pour mes vieilles jambes. Il y a 6 ans déjà, en août 2014, je m’étais rendu dans ce secteur de la montagne conflentoise pour une randonnée que j’avais intitulée « Le Canal d’Urbanya ». Si j’ai envie d’y retourner, ce n’est plus pour le canal que je connais désormais mais parce qu’à l’époque, ce Bac de Torrelles, je l’avais décrit comme un « sanctuaire ornithologique ». En effet, j’y avais aperçu tant d’espèces différentes de passereaux que c’était le seul vocable que j’avais trouvé pour décrire ce lieu de rassemblement avien. A l’époque, le zoom de mon appareil-photo ne m’avait pas permis de photographier tous ces oiseaux comme je l’aurais voulu. D’ailleurs, autant l’avouer, on ne photographie jamais les oiseaux comme on le veut !  Depuis, j’ai changé d’appareil et j’ai donc envie d’y retourner. Ça c’est la première raison. La deuxième, c’est que je constate d’années en années qu’il y a de moins en moins de passereaux à Urbanya et dans ses alentours. Je sais que cette situation est générale mais je ne me fais pas à cette idée de voir disparaitre les oiseaux et plus globalement la faune quelle qu’elle soit.  Ici à Urbanya, je marche quand même beaucoup, je fais constamment ce constat et je veux aller voir s’il se vérifie également à une altitude plus élevée. Comme vous l’aurez compris, je veux consacrer l’essentiel de cette longue excursion à photographier les oiseaux mais par expérience je sais qu’il n’y aura pas que ça ! Comme toujours, le plaisir de marcher sera là et les occasions de découvrir bien d’autres choses aussi. Voilà pour les objectifs.

    Alors que je me lève du canapé et regarde vers la porte d’entrée, je suis intrigué, car au travers de la vitre et du rideau qui la protège, je crois voir un chat que je ne connais pas. Il est entrain de manger dans la coupelle des deux chats que nous gardons. Les deux nôtres sont Kiwwie, la chatte de ma fille, et Flip le chat du vacher Philippe. Tous les deux sont très noirs et celui-ci est roux. En réalité, et alors que je m’approche de la porte, je constate qu’il ne s’agit pas d’un chat mais d’un renard sans doute très affamé. Il est d’un roux plutôt clair. Par bonheur, mon appareil-photo est posé sur un meuble, je m’en saisis et peux immortaliser cette image insolite d’un renard mangeant sur le balcon. Il est temps que je parte car l’itinéraire que j’ai programmé est long, difficile et probablement incertain, car en 6 ans, les parties hors-pistes, hors chemins et hors sentiers balisés risquent d’avoir quelque peu évolué défavorablement. Dans nos montagnes, les débroussaillages ne sont plus ce qu’ils étaient il y a quelques années. Je le constate régulièrement sans pour autant me l’expliquer. De plus, photographier les oiseaux nécessitent que je m’attarde très souvent, et bien évidemment, cet état de fait est peu compatible quand il y a une longue distance à parcourir. Enfin, à partir du pic Lloset (1.371 m), j’ai décidé d’éviter les pistes et d’enchaîner avec le pic de la Moscatosa (1.457m) et le Roc de Peirafita (1.535 m) en montant direct puis en longeant les clôtures. Si je connais bien tous ses modestes sommets, je sais qu’il faut très peu de temps pour que la végétation reprenne ses droits. Je ne crois pas si bien dire ! Un bisou à Dany et je démarre. Il est 7h tapantes. Le vallon d’Urbanya est encore à moitié dans la pénombre. Dès les premiers mètres, une couleuvre à échelons arrête mes pas. Elle est immobile contre un mur. J’ai tout loisir de la photographier. Je la titille du bout de mon bâton de marche mais elle semble insensible. Finalement et alors que je m’y attends le moins, elle part se réfugier entre les pierres d’un muret. Je démarre vraiment. Un peu plus haut, quelques papillons et surtout plusieurs oiseaux m’arrêtent encore me faisant déjà mentir quant à leur raréfaction. Je l’avoue, je suis indécis quant à cette balade et au reportage que je dois en faire. D’un côté, j’ai une envie folle de photographier un maximum d’oiseaux et de l’autre, ma crainte est que si j’y parviens, mon reportage soit contraire à ce que je constate le plus souvent, c’est-à-dire une forte diminution de leur contingent. Cette longue montée vers le pic Lloset, je la connais bien. J’en connais chaque secteur et sais où je peux éventuellement photographier chaque espèce d’oiseaux. Si les moineaux, les rouges-queues noirs et les merles ne dédaignent pas les habitations et donc la proximité de l’homme, les épineux sont les repaires des fauvettes, tariers et autres accenteurs. Les bruants et les traquets ont une nette préférence pour des buissons plus élevés, style hauts genêts et buissons à baies. Les pinsons, les gobe-mouches et les bouvreuils préfèrent les arbres légèrement plus hauts sans distinction. Les mésanges sont plus sélectives selon les espèces, certaines préférant les feuillus et d’autres les résineux. Idem pour les roitelets. Les pics, les geais et les sitelles sont plus enclins à faire leurs nids au faîte des arbres les plus hauts d’une forêt. Encore que cette règle soit constamment contredite car aucun oiseau ne rechigne à évoluer parterre s’il y trouve une nourriture à son goût. La nourriture parlons-en, car il y a des insectivores, des frugivores, des granivores et des omnivores. Ces derniers que l’on peut également qualifier d’opportunistes sont les mieux préparés pour affronter des conditions climatiques contraires à leurs habitudes.  Ajoutons à ces différents aspects, le fait que certains oiseaux sont seulement visibles à certaines altitudes, d’autres préfèrent la proximité de secteurs rocheux, d’autres vivent dans des zones humides, d’autres ne sortent que la nuit, etc… Oui, rien n’est jamais simple quand on veut photographier les oiseaux, mais je sais surtout qu’il faut marcher avec discrétion, silence et bien sûr constamment aux aguets. C’est donc en essayant de respecter au mieux toutes ces conditions que je m’élève vers le pic Lloset. Après la ferme de Philippe, la chance est avec moi sous les traits d’un chevreuil que je réveille mais qui finalement s’arrête pour me regarder avant de rebondir de nouveau. Cet arrêt lui aurait été fatal si j’avais été chasseur. Cette fois, il s’en tire à bon compte et aura sa « bobine » dans mon diaporama. En cette saison, la végétation étant fournie quel que soit l’étage montagnard, le nombre d’observations d’oiseaux et la chance de réaliser une belle photo sont des paramètres que l’on ne peut pas maîtriser mais seulement favoriser en respectant du mieux possible les conditions précitées. C’est ce que je fais avec plus ou moins de bonheur sans négliger le reste de la faune mais également la flore que j’aime à recenser en toutes saisons car je ne suis jamais à l’abri d’une agréable surprise. C'est le cas notamment avec une campanule blanche jamais vue jusqu'à présent et une mauve alcée plutôt rare par ici. Il est 9h20 quand j’atteins la crête à proximité du pic Lloset. J’estime à une quinzaine le nombre de clichés d’oiseaux, sans pour autant en connaître la qualité. Si un tiers est réussi je serais satisfait. Le clou de cette montée étant toutefois un deuxième magnifique chevreuil qui s’est immobilisé longuement sur la piste à une trentaine de mètres de moi me laissant toute latitude pour l’immortaliser. Ici, je délaisse la piste qui continue à droite, enjambe la clôture et me dirige vers le tout nouveau pylône dont j’ai appris qu’il avait été installé par Bouygues pour développer son réseau mobiles. Je le rejoins et poursuis tout droit en direction du pic de la Moscatosa. 3 oiseaux sortent des graminées et vont se jucher dans les grands sapins dominant la piste. Je m’y dirige. Il s’agit de grives musiciennes et c’est avec bonheur que je parviens à photographier la plus visible qui a fait le choix de se poser vers le bas du sapin le plus proche. Rien de notable jusqu’au pic de la Moscatosa or mis quelques papillons et un imposant criquet du nom d’Ephippigère des vignes. Si la faune et la flore agrémentent ma randonnée, les paysages grandioses vers les massifs du Canigou, du Coronat et du Madres ne sont pas en reste. Je ne m’en lasse pas. Vers le nord, la vision approximative mais lointaine que j’ai du Roc de Torrelles ne me décourage pas. Il est tôt et j’ai la journée devant moi. Rien de notable non plus dans la descente très boisée du pic de la Moscatosa or mis de nombreux papillons dans les rares parties en clairière et donc moins ombragées. Il suffit de longer la clôture pour rejoindre un chemin qui monte vers le Roc de Peirafita. Ici, et comme je le craignais, la végétation a repris ses droits. Depuis 2014, aucun débroussaillement n’a été entrepris et les genêts s’étant puissamment développés en hauteur et en largeur, ils forment une barrière presque infranchissable. Si je dis « presque », c’est parce qu’à force d’insister dans les trois directions envisageables, je finis par trouver une vieille clôture faite de gros pieux et de fils de fer. Dès lors que je la franchis, tout redevient normal. Très vite, les genêts laissent la place à un nouvelle forêt de résineux où s’égayent d’innombrables pinsons. Finalement, j’atteins la clairière où le Correc de la Pinosa et le canal d’Urbanya font une jonction. Il est 11h30. Dans ce lieu isolé, la présence d’une imposante pelle mécanique m’interpelle. Pas pour longtemps, car dès lors que j’emprunte le petit sentier longeant le canal, je comprends très vite que l’engin est là pour le réhabiliter. Je ne sais pas si ce travail est compliqué mais je ne vois pas dans cette nouvelle rigole une grosse différence avec celle que j’avais suivie en 2014. Bien au contraire. Elle est un peu plus large certes mais l’eau n’y circule pas plus mais surtout le sentier qui suivait le séculaire canal qui était plane et rectiligne, n’est désormais qu’une masse informe faite de glaise, de grosses pierres et de mottes de carex. Les parties encore planes et régulières sont rares et quand ce n’est pas le cas, l’emprunter équivaut à cheminer de petites montagnes russes inconfortables car peu stables voire carrément glissantes et « casses-gueules ». Au fur et à mesure que j’avance, mon constat est toujours le même :  l’eau n’y circule pas mieux et pas plus. En tous cas pas aujourd’hui. Pourtant le printemps a été relativement pluvieux.  Pour atteindre le Bac de Torrelles, à l’endroit même où ce lieu-dit devient une zone humide, je mets le double de temps par rapport à 2014 et ce, sans que les oiseaux en soient vraiment les responsables, même si leur présence est constamment là. Dans cet enchevêtrement peu aisé à arpenter, ma seule satisfaction est de voir des oiseaux. Il est midi et si les oiseaux sont certes présents, je ne retrouve pas ni en nombres d’espèces ni en nombre tout court, le « sanctuaire ornithologique » de 2014 ! Je détiens la preuve que l’avifaune se raréfie à tous les étages montagnards. Indifférent à ma présence, une Buse variable traverse le petit vallon du bac sans s’arrêter, ce qui signifie peut-être que son garde à manger est situé ailleurs. A l’ombre d’un grand pin à crochets et face au Canigou, je stoppe pour piqueniquer. Alors que j’ai d’abord choisi cet endroit comme étant le plus sec possible, en quelques minutes, il devient un bel et inattendu observatoire. Pinsons, tariers, fauvettes, accenteurs, mésanges, pouillots, bruants, gobe-mouches et linottes tournoient autour de moi et de cet « arbre de vie » de manière inespérée. Tous ne se laissent pas photographier facilement mais peu importe je suis satisfait de les observer. Pour preuve, dès lors que le piquenique est terminé et que je pars patauger dans les tourbières, tout devient plus compliqué car les passereaux se font plus discrets. Je me rattrape un peu avec la flore discrète de cette zone humide. 13h15, Il est temps de me mettre en route vers le Roc de Torrelles. Je continue à suivre le ruisseau de Torrelles jusqu’à ce qu’il devienne un étroit mais fougueux torrent descendant dans le vallon. J’allume mon GPS pour en retrouver le tracé que j’y ai enregistré. Ici, ce tracé est censé suivre des pointillés c’est-à-dire un sentier que j’ai observé sur la carte IGN, mais malheureusement même en respectant ce dernier il n’y a rien de concret sur le terrain. La carte IGN de mon logiciel CartoExploreur datant de 1997, elle est devenue obsolète et depuis, les pins ont tout envahi. Je comprends immédiatement qu’il ne faut pas que je continue dans cette voie et surtout qu’il faut que j’arrive à m’extraire de cette partie trop boisée. Je m’élève un peu et finis par trouver un semblant de sentier. Il se faufile dans un bois moins dense et surtout il finit par apparaître comme un vrai sentier, certes pas fréquenté du tout par les hommes et uniquement par des animaux, mais peu importe, il est bien visible sur cette pelouse faite de très bas genêts et de fétuques. Dans les Pyrénées, ces petits sentiers sont parfois appelés « caminoles », quant à ces graminées, il s’agit du très présent « gispet » (Festuca eskia ou flavescens). Le « gispet » pousse en mottes. Autant dire que cheminer ce sentier tout bosselé est aussi compliqué sinon plus que les monticules de glaise du canal. Mais mon objectif final, c’est-à-dire la crête du Bac de Torrelles étant toute proche, je ne désespère pas de l’atteindre. De plus, l’endroit étant fréquenté par plusieurs Becs croisés des sapins et quelques fauvettes huppées, le temps passe plus vite.  En 30 minutes, c’est chose faite, sauf que j’ai loupé le Roc de Torrelles que j’aperçois juste en contrebas à une centaine de mètres. Un coup d’œil sur mon GPS et je ne suis pas à 1.745 m d’altitude comme l’indique mon bout de carte IGN mais bien 91 m plus haut à 1.836 m exactement sur un éperon rocheux sans nom. Une fois encore peu importe car mon objectif était d’abord d’atteindre cette ligne de crête où les vues s’entrouvrent de manière incroyablement grandiose sur la vallée de Nohèdes et tous ses alentours.  Sur ma droite, l’horizon lointain est constitué d’un petit bout de la chaine pyrénéenne qui se détache au-dessus du col du Portus. Plus près le Puig d’Escoutou et le Pic Pelade, déjà gravis en d’autres occasions. En dessous, le Pic de la Creu avec à son pied l’Estany del Clot à peine perceptible. Devant moi, le Mont Coronat, dont j’ai une représentation encore jamais vue sous cet angle, et surtout plus imposante et massive que toutes celles aperçues jusqu’à à ce jour. Au loin, la Méditerranée, l’éternel et majestueux Canigou. Sur ma gauche le pic de Portepas. Enfin autant d'endroits plus ou moins faciles que j'ai déjà cheminés un jour mais également une grande partie du parcours effectué ce matin (Lloset, Moscatosa, Peirafita). Juste au-dessus le Roc de l’Aigle et ses 1.931 m que j’avais envisagé un instant de gravir avant de me raviser car j’estimais qu’il ne m’apporterait rien de plus si ce n’est une déclivité supplémentaire. Bien m’en a pris car après m’être octroyé une demi-heure de repos, me voilà déjà sur le chemin du retour. Est-ce la répétition de ce sentier très bosselé mais je n’ai pas fait 100 m qu’une violente douleur surgit dans l’aine côté gauche ? Ma jambe gauche est quasiment paralysée, je ne peux la tendre ni poser le pied à terre. Je m’allonge sur l’herbe, bois une grande gorgée d’eau et attend 5 minutes. La douleur s’estompe puis disparaît. Je repars avec une inquiétude certaine. A juste titre, car 30 m plus loin c’est autour de l’aine droite avec une douleur similaire. Re-repos, nouvelle gorgée d’eau et je repars une deuxième fois pour 100 m de mieux. Nouvelles douleurs mais cette fois dans les deux aines simultanément. C’est quoi ces douleurs ressemblant à des tendinites ? Là, je me dis que je suis mal barré, tout seul et nulle part au milieu de la montagne même si mon smartphone dort au fond de ma poche. J’y jette néanmoins un coup d’œil et comme je m’y attends souvent en pareil cas, seuls les appels d’urgence sont joignables. Pourtant une amie vient de m’appeler par erreur 20 minutes auparavant. C’est incompréhensible et c’est bien la peine d’avoir pris un forfait Bouygues, ce même Bouygues qui vient d’installer un pylône au pic Lloset à quelques kilomètres à vol d’oiseau me dis-je ! J’essaie de positiver en oubliant un éventuel appel au secours, de garder mon sang-froid et m’allonge une nouvelle fois. Plus longtemps cette fois-ci. 15 bonnes minutes. Les gorgées d’eau se succèdent et par bonheur, j’ai encore de l’eau en quantité suffisante. Les aliments également. Les douleurs disparaissent très vite une fois encore mais je fais le choix d’attendre quelques minutes de plus. Un Bec croisé femelle vient se poser à quelques mètres de moi et m’observe comme pour me défier. Je n’oublie pas que je suis là en partie à cause de lui. Je le photographie puis redémarre.  Plus prudemment que jamais, posant mes pieds bien à plat autant que c’est possible. Les douleurs ne reviennent pas. L’heure a tourné, tourne encore mais il n’est que 14h15 quand je retrouve la rivière de Torrelles. Je me dis que si les douleurs ne reviennent plus, j’ai largement le temps de retourner à Urbanya, même à cloche-pied. Je fais le choix de transformer ma flânerie habituelle en un « train de sénateur » que j’espère « thérapeutique ». J’ai l’âge pour ça ! Je fais également le choix de ne plus sortir de l’itinéraire normal même pour photographier la faune. Ça c’est plus difficile et ce d’autant plus que pour la première fois, j’aperçois deux lézards au Bac de Torrelles. Probablement des « vivipares » au regard de leur aspect plus ramassé que celui du Lézard des murailles. Je ne résiste pas à les suivre pour tenter de les photographier. Un seul aura le privilège de faire partie de mon bestiaire. Idem pour un Bruant fou qui sort de son bain et vient se sécher au soleil sur une branche dénudée. Ce sont mes derniers écarts et dès lors que les tourbières puis que le canal d’Urbanya se présentent, je ne peux plus guère faire le fou. Ici la prudence est de mise si je ne veux pas retrouver ces douleurs qui m’étaient jusqu’à présent inconnues. Je réveille un dernier cervidé mais celui-ci échappe à mon appareil-photo me laissant juste son arrière-train comme ultime souvenir. Je termine le canal sans problème et je fais le choix de continuer à descendre en suivant le Correc de la Pinosa. Je sais que c’est la manière la plus courte pour couper le Bac éponyme et retrouver la piste forestière la plus proche et surtout la plus praticable. Celle de la Fajosa. A 15h40, c’est chose faite. Définitivement rassuré, je finis mon casse-croûte au bord de la rivière Urbanya tout près de la jolie citerne DFCI. Immanquablement, cette citerne me rappelle mon Tour du Coronat effectué en 2007.  Joliment peinte en vert avec des dessins d’animaux, sanglier et cerf notamment, à l’époque c’était la toute première que je la voyais. La suite et la fin sont presque sans intérêt tant j’avais fait du Roc et du Bac de Torrelles mes objectifs majeurs. Sans les embroussaillements nombreux, sans les difficultés répétitives en longeant le canal puis sur les gispets, sans mes douleurs aux aines et avec une avifaune aussi présente qu’en 2014, j’y aurais sans doute passé une heure voire une heure et demi de plus. Quantitativement, j’ai vu moins de passereaux mais plus d’espèces même si certaines n’ont pas été observées. C’est le cas de pipits, de roitelets, de grimpereaux, de pies-grièches et d’alouettes aperçus en 2014.  C’est aussi le cas des bruants proyers qu’à l’époque j’avais vu en grand nombre sur la crête des pics Lloset et Moscatosa. C’est donc avec un sentiment mitigé que je termine ce vagabondage « perso ». Si j’écris « vagabondage perso », c’est parce que ce parcours n’est pas une vraie randonnée même si en terme de décors, il mérite largement que tout randonneur y consacre une belle journée. Pour moi, cette journée se termine en une sorte d’apothéose ornithologique. En effet, alors que je rejoins ma petite maison, des milliers d’hirondelles des fenêtres ont choisi le ciel d’Urbanya et surtout les grands frênes et noyers qui sont juste devant ma maison comme étapes à leur long voyage qui va les entraîner sans doute vers l’Afrique sub-saharienne. En conclusion, et même si la raréfaction des passereaux que j’appréhendais était fondée, je vais garder ces belles images très encourageantes de milliers d’hirondelles tournoyant dans le ciel d’Urbanya. Il est 17h50. J’ai été sur les sentiers pendant 7h50. Telle qu’expliquée ici, la distance parcourue a été de 19,5 km pour des montées cumulées de 1.458 m. Le dénivelé a été de 961 m entre le point le plus bas à ma maison d’Urbanya à 875 m d’altitude et la ligne de crête atteinte au-dessus du Roc de Torrelles à 1.836 m. Cartes IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de-Fenouillet et IGN 2249 ET Font-Romeu – Capcir Top 25.

    (*) Toponymie et étymologie du nom « Torrelles » : Il semble que cette toponymie ne pose guère de difficulté. C’est ainsi que la page de Wikipédia consacrée à la commune de Torreilles on peut lire ceci : « Ce nom apparaît dès 956 sous la forme Turrilias. Du xe au xiie siècle, cette graphie coexiste avec Torrelias. En 1122, on trouve aussi la forme actuelle en catalan, Torrelles.

    De nos jours, en catalan, le nom de la commune est Torrelles de la Salanca.

    Étymologie

    La Torre désigne bien sûr une tour ou un ouvrage défensif, mais aussi par extension toute maison rurale dotée d'une tour de refuge. Le suffixe latin -ellu (que l'on retrouve aussi dans le nom de Saleilles, à proximité) est un diminutif. Mis au pluriel sous la forme Les Torrelles, le nom peut alors désigner un ensemble de petites fermes équipées de tours défensives ou de refuge.

    Sur son site Internet et toujours à propos de Torreilles, l’historien Jean Tosti confirme plus précisément cette idée en indiquant qu’« on a affaire à des petites tours (en français tourelles), sans doute un groupe de petites fermes ayant chacune son propre système défensif.

    Dans son ouvrage « La colonisation agricole romaine à travers les toponymes des Pyrénées Orientales »Henri Guiter nous apprend que plus avant (de métairies romaines proches de la côte méditerranéenne) se trouvaient des ouvrages de signalisation ou de protection du rivage « Torrilias en 898 provenant de Turriculas ». Outre les définitions précitées, le Dicolatin nous apprend que le mot « Turricula » désigne un « pigeonnier ».  De ce latin « turricula », le français en a tiré l’adjectif « turriculé » qui signifie « qui a l’aspect d’une petite tour » en évoquant des coquillages.

    Notons enfin que lorsque on tape « torrelles » dans Google recherche, le premier site qui se présente est dédié à des communes espagnoles situées toutes les deux en Catalogne et dans la province de Barcelone. Elles ont pour noms Torrelles de Foix et Torrelles de Llobregat. En espagnol « Torrellas ». Si dans l’étude rapide que j’ai réalisée de ces deux communes, rien ne précise l’origine de leur toponymie, notons que le blason de la première est constitué de 2 tours noires crénelées sur un fond bleu et que sur le blason de la seconde sont visibles 3 tours bleus toujours crénelées sur un fond jaune. De manière surprenante, ce blason est quasi similaire à celui de Torreilles que l’on peut trouver sur Wikipédia dans la page consacrée à l’Armorial des communes des Pyrénées-Orientales. Sans contestation aucune, le nom « torrelles » a bien pour origine de « petites tours défensives ». Nohèdes et Urbanya n’ont apparemment pas de blason.

    Le Roc et le Bac de Torrelles étant situés sur la commune de Nohèdes, aucune indication dans l’Histoire de cette commune nous laisse supposer la présence de petites tours défensives voire de fermes équipées d’un système de protection. Néanmoins, en longeant le canal dit d’Urbanya, on peut constater la présence de murets, de cabanes et de cortals en pierres sèches.  Il y en a quelques autres dans les proches alentours. S’agit-il là de ces fameuses « torrelles » désormais effondrées ou plus simplement de vestiges d'un pastoralisme d'antan ? La question reste posée ! Rappelons-nous toutefois que se protéger a toujours été un des besoins fondamentaux de l’Homme. Dès lors que ce dernier a su élever un habitat, ce besoin a été exprimé dans les diverses architectures : oppidum, castellum, turris sont des mots reflétant ce besoin constant quelque soit l’époque.

    Enfin, si l’Histoire de Nohèdes vous intéresse vraiment, sachez qu’elle a été parfaitement contée et résumée par divers historiens. On y apprend par exemple qu’il y aurait eu un village plus important que celui de Nohèdes mais qu’il aurait disparu lors d’une catastrophe naturelle. Nos « torrelles » auraient-elles disparues à cette période elles aussi ?  Voici les liens vers leurs sites Internet :

     


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  • Ce diaporama est agrémenté de 5 musiques interprétées par le célèbre groupe anglais des années 60 "The Shadows". Elles ont pour titre "Telstar", "Cavatina", "Driftin'", "Apache" et "Shadoogie".

    Les Berges de la Têt (Au bord de la Têt) depuis Les Estanyols (Bolquère)

    Les Berges de la Têt depuis Les Estanyols (Bolquère)

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    Si dans « Google recherche », vous tapez « les Berges de la Têt », il est peu probable que dans les premiers choix proposés, vous trouviez une randonnée pédestre. Et pour cause ! Il vous faudra rajouter Bolquère voire Les Estanyols, car c’est bien sur cette commune-là et de ce domaine skiable que démarre cette « Boucle Au bord de la Têt ». En venant de Mont-Louis, direction Font-Romeu, les Estanyols est le nom d’un petit lieu-dit marécageux situé à gauche de la D.618, à environ un kilomètre avant l’entrée de Bolquère. Notre ligne de départ, elle,  est à droite. Il y a un vaste parking, mais surtout un domaine forestier tout spécialement réservé aux sports de plein air que sont  la randonnée pédestre, le ski nordique et les raquettes, et ce même si en été on y rencontre bien sûr des trailers et des vététistes. Quand au crottin de cheval que l’on trouve régulièrement sur les pistes, il me laisse imaginer que l’équitation est également pratiquée, et ce malgré les quelques chevaux errants que j’ai pu apercevoir dans la forêt au cours de cette boucle.  Dès le départ, les renseignements, la direction  et le ton sont donnés : Boucle PR. 63 - Au bord de la Têt – 10 km - +220 m de dénivelé – 3 h – difficulté facile. La piste à emprunter est évidente et conjointe avec une autre boucle plus courte intitulée « le Sentier de la Transhumance ». Il y a également sur la carte une variante à cet itinéraire avec un tronçon intitulé le « Cami dels Capcinesos ». Il s’agit de l’ancien « Chemin des Capcinois », dont l’histoire de la Cerdagne nos apprend qu’il partait d’Eyne et remontait la Vallée de la Têt, portait au Moyen-Âge les noms de Strata Francisca Superior ou Via Redesa ou voie du Razès (*), mais j’avoue ne pas avoir emprunté ce tronçon, préférant la piste. C’est avec un autre groupe de randonneurs plutôt bruyants que nous démarrons cette jolie balade forestière. Nos godillots sur la piste terreuse mais surtout cette cacophonie font s’envoler une belle volée de pinsons picorant au milieu du chemin. Ils disparaissent dans les sapins mais quelques-uns restent photographiables. Cet arrêt photo a eu un double avantage : j’ai réussi de belles photos de plusieurs volatiles et nous avons été largué par le groupe « tapageur » et marchons désormais dans le silence de cette forêt communale de Bolquère. Quelques fleurs, de nombreux papillons pas toujours faciles à photographier à cause d’une petite brise, la suite du parcours vers la Têt est « naturellement » passionnante pour moi. Les carrefours de pistes et le balisage « Berges de le Têt » n’étant pas toujours bien présents, voilà  les seules gênes à cette flânerie plutôt paisible. Je résous ces problèmes avec l’application « IphiGénie » que j’ai récemment téléchargée sur mon smartphone. Moyennant un petit abonnement forfaitaire annuel, cette application situe instantanément votre position sur la carte IGN appropriée. Il suffit de savoir lire une carte et se diriger devient un jeu d’enfants. Après avoir traversé plusieurs jolies clairières, celle de la Cabane de la Jaca del Pas se présente. A cet endroit, quelques petits marécages et des tourbières sont les premiers signes lacustres de la Têt toute proche. Quand le fleuve se dévoile, il s’agit ici d’une modeste rivière d’une dizaine de mètres de large, d’une profondeur de quelques centimètres seulement où l’inclinaison du terrain et le débit de son courant engendrent une petit frise de surface. Il va en être ainsi jusqu’au Pla de Barrès et seuls les derniers paramètres ; pente et courant ;  modifient la vision que l’on a du fleuve, parfois miroir, parfois torrent. Le sentier longe constamment la rive droite. Il est donc facile à suivre et si des panonceaux sont encore là, seules les distances sont intéressantes : « Pla de Barrès par les Berges de la Têt -3,2 km – 0h50 ». Une rivière paisible ou pas, de nombreuses fleurs, des oiseaux constamment bien présents, toujours des papillons, quelques libellules en plus, une belle métairie perchée au sommet d’une butte rocailleuse sur la rive gauche ; du nom de la Borda sur la carte IGN ; un décor de sombres forêts autour de prairies, aucune déclivité,  tout est en place pour prendre beaucoup de plaisir à flâner mais aussi à s’arrêter très souvent pour observer cette Nature parfois indolente parfois plus sauvage. On s’arrête aussi quand une prairie nous offre de nombreux animaux ; chevaux et bovins ; entrain de pâturer, de ruminer ou de gambader.  Car si la forêt est omniprésente, il suffit de jeter un coup d’œil sur la carte IGN pour s’apercevoir que l’élevage et le pastoralisme ont toujours été très présents dans ce secteur et à commencer par cette vaste zone où l’on va tourner autour et qui s’appelle El Rasteller, c'est-à-dire Le Râtelier. Râtelier à animaux certainement ! Sinon on trouve aussi  El Corral (le Coral),  Els Abeuradors (les Abreuvoirs), la Prada (la Prairie), la Jaça del Pas (la Jasse du Passage), la Pleta Vella (la Bergerie Vieille), le Clot Fondo (l’Enclos Fondo).  A l’approche du Pla de Barrès, les touristes et baladeurs se font plus nombreux. Certains s’égayent dans la fraîche rivière, d’autres font « bronzette » sur ses berges. Dans tous les cas, et y compris pour nous, la Têt est la cible de tous les regards, de toutes les distractions et de toutes les activités. Parmi ces dernières, et au regard du nombre de personnes qui le pratiquent, le pique-nique semble faire partie des préférées. L’heure s’y prête. L’arrivée au Pla de Barrès et à son camping est synonyme de retour à la civilisation. Elle se présente sous les traits de nombreux campeurs où tous les moyens de campements se côtoient : tentes de toutes tailles, caravanes, vans mais surtout camping-cars en grand nombre. Par bonheur, l’itinéraire s’en éloigne, longe encore un peu la rivière puis un nouveau panonceau indiquant « Parking des Estanyols – 2,4 km -0h55 » met fin définitivement à cette superbe déambulation fluviale. Automatiquement et en quittant la Têt, cette fin de boucle devient essentiellement forestière et un peu plus monotone. Avec moins de flore et moins de faune, nos foulées se font naturellement plus rapides. De ce fait, le parking des Estanyols arrive bien plus vite que je ne le voudrais, car je finis toujours mes balades avec ce sentiment d’être passé à côté de quelque chose d’important. Ce sentiment est consécutif au fait que la photographie naturaliste comme je la pratique ; c’est-à-dire au jugé, et parfois même « à l’emporte-pièce » ; est souvent sujette à de nombreux ratés. Cette balade a été longue de 8,2 km pour des montées cumulées de 126 m et un très modeste dénivelé de 85 m. Le point le plus haut étant peu après la ligne de départ à 1.734 m et le point le plus bas à 1.649 m au bord de la Têt. Il faut rajouter qu'en hiver cette superbe balade peut s'effectuer en raquettes. Cartes  IGN 2249 ET Font-Romeu – Capcir et 2250 ET Bourg-Madame – Mont-Louis – Col de la Perche Top 25.

    (*) Cami dels Capcinesos : extrait du livre d’Henry Aragon « Petite Histoire des Stations thermales et climatiques de la Cerdagne », paragraphe consacré à SuperBolquère pages 65 et 66. Voici le lien.

     

     

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  • Toujours en hommage à Ennio Morricone, ce diaporama est agrémenté de plusieurs musiques extraites de la compilation "Love Stories". Elles ont pour titre : "Presentimento secondo", "Un Amico", "Tema di Ada", "Canone inverso primo", "Il Figlio E La Nostalgia" et "Notte Di Nozze".

    Les Gorges du Sègre depuis Llo

    Les Gorges du Sègre depuis Llo

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    En ce 13 juillet, nous avions décidé de partir en Cerdagne, et plus particulièrement dans le village de Llo que nous ne connaissions pas. Si le village est bien connu pour ses bains aux eaux chaudes sulfureuses, et bien que nous ne les avions pas totalement exclues, là n’était pas notre objectif premier. Non, nous visions plutôt « Les Gorges du Sègre », petite randonnée en boucle que j’avais découvert sur le topo-guide « Les Sentiers d’Emilie en Cerdagne et Capcir ». Si je dis « petite randonnée », c’est parce que le bouquin en indiquait les humbles caractéristiques de la manière suivante : « vous marcherez 2 h en tout ». Aucune distance n’était mentionnée mais on se disait que même en flânant beaucoup ; comme c’est souvent notre habitude ; nous y consacrerions qu’une petite partie de l’après-midi et ce, même en terminant par une visite du village à laquelle nous tenions beaucoup. Dans ce joli mais modeste dessein que nous envisagions, seules des prévisions météo mitigées nous laissaient perplexes quant aux nombres de  découvertes que nous pourrions réalisées. 9h, nous  quittons Urbanya, direction la Cerdagne. Il est 11 heures quand nous rangeons notre voiture sur le long parking à l’entrée du village. Comme prévu, le ciel est très mitigé. Si sous nos têtes le ciel est encore bien bleu, vers le nord, une impressionnante chape nuageuse coiffe l’horizon. Petit problème, on voit clairement que cette chape vient doucement vers Llo, c’est-à-dire vers nous. Que faire ? Il est encore tôt pour pique-niquer et avec un ciel risquant de devenir menaçant, peut-être est-il déjà trop tard pour se lancer dans « les Gorges du Sègre » ? Finalement, juste à côté du parking, un couple qui s’affaire autour d’un bassin,  d’un petit canal et d‘un potager nous intrigue puis nous distrait tellement que nous allons passer presque une heure à les observer. Mais que font-ils autour de ce bassin ? Sont-ils des aquaculteurs ? Élèvent-ils des truites comme le lieu pourrait nous le laisser supposer ? Non, le petit canal alimente le bassin et le potager et dans le bassin, il s’agit d’inattendus poissons rouges ! Le terrain leur appartient et le couple parait enjoué par ce bassin qu’ils ont creusé à la sueur de leur front. Ayant eu des bassins avec des poissons rouges et des carpes koï une grande partie de ma vie, je comprends leur engouement. Quand au potager, je connais le plaisir qu'il y a à voir pousser ses propres légumes, à les cueillir puis à s'en régaler. La conversation s’est installée et nous décidons de pique-niquer sur un petit muret qui jouxte le joli potager. L’endroit me convient d’autant mieux que quelques oiseaux sont de passages et s’arrêtent sur les arbres du parking. Je m’empresse de les photographier. Finalement, si les nuages entourent le village, le ciel n’est pas vraiment menaçant. Nous décidons de démarrer la balade prévue.  Il est presque midi. Malgré le coronavirus qui sévit encore, les touristes sont nombreux. Par bonheur, ils s’éparpillent vers des centres d’intérêts bien divers : bains, village, randonnées, simples promenades, pique-niques et peut-être même une via ferrata dont j’ignore si elle fonctionne. Notre itinéraire file vers les thermes aux bains chauds que le chemin laisse sur la droite. De ce chemin, on va seulement regretter qu’il soit trop longuement asphalté, mais pour tout le reste, rien à redire, c’est superbe. Dany oublie l’asphalte en marchant d’un bon pas. Moi, je l’oublie grâce à tout ce qu’il y a à photographier. Flore surtout mais aussi un peu de faune sous les traits de quelques papillons et de rares oiseaux. Bien trop fougueux, le Sègre (*) ne laisse que peu d’opportunités d’y déceler un animal. Pourtant, je réussis à y photographier un pic épeiche dans la végétation de son lit puis un autre passereau que je n’arrive pas à identifier sur l’instant. Il s’agit d’un accenteur mouchet mais la photo n'est pas géniale. Pas vraiment des animaux aquatiques mais dès le départ, j’ai photographié une jolie libellule dans un petit ruisseau affluent du Sègre. Ça sera la seule. Les papillons, eux, sont constamment bien présents. Comme toujours et parce que nos manières de marcher sont bien différentes, Dany est la plus frustrée, car elle est obligée de s’arrêter et de m’attendre. Elle « roumègue » un peu car elle préfère un rythme plus soutenu, mais pas trop car elle sait qu’aujourd’hui rien ne presse. Les gorges que le Sègre a creusées sont incroyablement hautes et impressionnantes et quand on les regarde au plus haut vers le ciel, elles forment comme un corridor céleste où des vautours fauves planent sans relâche. Avec leur envergure impressionnante et le façon de planer sans effort, ils semblent être les anges gardiens de ce couloir aérien. Sur la gauche, de hautes falaises aux roches acérées sont visibles alors que sur la droite on ne distingue qu’une épaisse forêt. Pourtant, un petit coup d’œil sur mon bout de carte IGN me permet d’y lire que le lieu-dit sur la gauche a pour nom « Roques Blanques », c'est-à-dire « Roches Blanches ». Cette dénomination, nous la comprendrons quand nous serons plus haut en altitude et en voyant ces roches blanches (enfin plutôt grises sous ce ciel gris !) et puis surtout en s’intéressant à la géologie de Llo dont Wikipédia nous dit qu’elle est « particulièrement riche » avec notamment du « calcaire, roche assez exceptionnelle en Cerdagne française ». Il faut savoir que ce secteur est surtout schisteuxDans cette géologie inhabituelle de Cerdagne, les émergences d’eaux souterraines sont nombreuses et celles qui jaillissent de la Fontaine de la Cayelle ont été remarquées depuis très longtemps. Cette fontaine est mentionnée à juste titre dans bons nombres d’ouvrages du 19eme siècle. Au titre d’un seul exemple ; mais il y en a bien d’autres ; voilà ce que l’on dit d’elle dans un livre de 1836 « Merveilles et beautés de la Nature en France » de Georges Bernard Depping : «  la Fontaine de Cayelle, qui s’accroît tous les jours une demi-heure et diminue ensuite, jaillit sur la montagne de Llo en Cerdagne. Cette crue journalière est toujours précédée d’un bruit souterrain plus distinct en été qu’en hiver ». Quand la fontaine se présente ; enfin je pense qu’il s’agit bien de celle-là ;  son écoulement est modeste et sans aucun bruit particulier. Apparemment, nous ne sommes pas dans la bonne demi-heure et il ne nous paraît pas opportun de l’attendre. Nous continuons. La pluie se met à tomber à l’instant même où sur la gauche, les parois rocheuses disparaissent pour laisser la place à de vertes prairies. Une bâtisse apparaît en son centre. C’est le bien nommé « Mas Patures » sur mon bout de carte mais « Paturas » sur les panonceaux et sur mon topo-guide. Par bonheur, la pluie ne dure pas mais un superbe arc-en-ciel vient chamarrer les décors.  Peu de temps après, une intersection puis une passerelle enjambant le torrent se présentent. Il faut ignorer cette dernière et lui préférer l’intersection en épingle à cheveux filant à gauche. Des panonceaux indicatifs rassurent les randonneurs. L’itinéraire longeant le Sègre se termine ici et celui des « Gorges du Sègre » file vers le Mas Paturas. Sur le topo-guide « Les Sentiers d’Emilie en Cerdagne et Capcir », il est indiqué « que la superbe bâtisse…..sera prétexte à une halte gourmande où vous pourrez déguster produits de la ferme et fromages de chèvre »,  alors bien évidemment nous sommes très surpris de n’apercevoir aucun panneau vantant ces produits du terroir. Non, il n’y a absolument rien ! Pas de pancartes d’accueil et pas âme qui vive. Alors bien sûr, ces absences ne sont pas des incitations à se diriger dans une habitation isolée, déserte et pas vraiment hospitalière de prime abord, et ce d’autant que le chemin se sépare en deux et celui conseillé pour Llo passe juste en dessous de la jolie ferme. Il faut se rendre à l’évidence, soit ces fermiers ne veulent pas être dérangés soit ils ne veulent pas de clients trop timorés. Nous le sommes. Nous continuons notre chemin, juste surpris par un chat qui détale des buissons une musaraigne entre les dents et des moutons très groupés qui broutent en contrebas. Le sentier s’élève en douceur mais magnifiquement au dessus de la vallée. On ne peut que regretter ce temps maussade. Toujours de plus en plus de fleurs et de papillons à photographier. Quelques oiseaux sont présents mais le plus souvent « inphotographiables » car trop remuants. Réussir une belle photo d'un volatile devient jubilatoire. Je jubile par intermittence. Un premier col rocheux se présente offrant à la fois une autre vision de cette géologie remarquablement saillante et déchiquetée mais aussi une belle vue sur la Vallée du Sègre et l’éperon rocheux où l’on distingue la vieille chapelle ruinée de Saint-Féliu de Castellvell de Llo. L’intersection menant à l’édifice religieux est vite là,  mais, une pluie fine reprenant du service, Dany préfère « jeter l’éponge » et poursuivre vers l’arrivée. J’y file tout seul sous ce petit crachin, mais là ô miracle quand je passe la porte de la vieille église, au dessus de laquelle trône la statue de Saint-Félix, la pluie s’arrête soudain et des bouts de ciel bleu apparaissent.  Peu après, il ne pleuvra plus. Dans l’immédiat, j’en profite pour photographier la chapelle sous tous ses angles, et comme sur ce piton rocheux du nom d’El Lladre, la faune et la flore sont également bien présentes, je m’y éternise plus qu’il ne faut. Haut-lieu de l'archéologie, je n'y trouve qu'une roche gravée d'une cupule, mais à vrai dire je ne cherche rien de préhistorique car c'est l'instant présent et la Nature qui m'intéressent. Oui, pas de doute, pour les oiseaux et les papillons que je poursuis sans cesse de mes passions, je suis ce Lladre catalan, c'est-à-dire en français ce « bandit de grands chemins ». Si le retour vers Llo est encore propice à la photographie naturaliste, la descente est suffisamment caillouteuse et scabreuse pour ne pas se consacrer qu’à ça. Cette pente réclame lenteur et prudence, ce qui ne fait pas le bonheur de Dany qui m’y attend à son extrémité. Le temps d’un petit en-cas et nous terminons par une belle visite de Llo, sa tour del Vacaro que l'on observe de loin, mais dans le contraste d'un étonnant ciel bleu, les vestiges de son château, ses jolies venelles mais regrettons que son église Saint-Fructueux soit close. Et dire que les dictionnaires donnent de ce « saint-là », ou plutôt de ce « mot-là », les définitions suivantes : « Qui donne des fruits. Qui procure un grand profit, un avantage, Qui donne un résultat utile ; fécond ». Tu parles ! Alors que le sentier d’Emilie donne comme sous-titre à cette balade « Au rendez-vous des sorcières », n’est-ce pas plutôt «Au rendez-vous manqués ? ». Non, nous n’avons pas vu de sorcières ! Non, nous n’avons pas goûté « aux fruits » de l’église Saint-Fructueux ; apparemment en cours de restauration ; pas plus qu’à ceux du Mas Paturas. Néanmoins, soyons honnêtes ! Nous avons pris un grand plaisir à marcher et à découvrir, et comme c'était le but recherché, nous ne faisons pas la fine bouche, même s'il est humain d'en vouloir toujours plus ! Cette balade, visites de Saint-Féliu et du village incluses, a été longue de 6,6 km. Les montées cumulées sont de 506 m. Le dénivelé est de 236 m entre le point le plus bas à 1.381 m à bas du parking et le premier collet juste après le Mas Paturas à 1.617 m. Carte IGN 2250ET Bourg-Madame – Mont-Louis – Col de la Perche Top 25

     

    (*) Le Sègre : Vous trouverez sur Internet bons nombres d'informations intéressantes concernant la rivière Sègre. En voilà une que j'ai trouvée au cours de mes recherches. Elle a pour auteur, le célèbre journaliste et éditeur Adolphe Joanne, également président du Club Alpin Français pendant quelques années. Cette description très complète est extraite de sa « Géographie des Pyrénées-Orientales » de 1879 :  « La Sègre prend sa source au nord-ouest du Pic de Sègre, par plusieurs bras qui, en se réunissant, forment dès l'origine une rivière importante. Près de là est la fontaine intermittente de Cayelle. La Sègre suit d'abord la direction du nord-ouest, et, jusqu'à son débouché dans la plaine de la Cerdagne, coule profondément encaissée dans une gorge. Elle laisse à droite Llo, traverse, de l'est à l'ouest, une fertile plaine, couverte de champs de céréales et de gras pâturages, traverse Saillagouse, reçoit, à droite, la rivière d'Eyne, qui descend de l'étroite et pittoresque vallée d'Eyne, et passe à Eyne et à Estavar. Elle traverse, du nord-est au sud-ouest, l'enclave espagnole de Llivia, où elle recueille les eaux de l'Err, en sort au dessus de Caldegas, et quitte la France à Bourg Madame, au confluent de la Raour, rivière qui passe à Angoustrine et à Ur. Elle contourne, à droite , Puycerda, reçoit à gauche la Vanera, puis à droite , l'Aravo ,le plus fort de ses affluents français. Ainsi grossie, elle laisse à gauche Sanavastre , passe entre Isobol et Asonso , baigne à gauche les murs de la ville de Bellver . Après avoir reçu des deux côtés un grand nombre de petits affluents , elle traverse Martinet, où elle se grossit de la Llosa . Elle se dirige alors sensiblement vers le sud , passe au -dessous de la ville importante de la Seo d'Urgell, au delà de laquelle elle reçoit, à droite, l' Enbalire, et, après s'être grossie de la Noguera Pallaresa , de la Noguera Ribagorzana et de la Cinca , elle se jette dans l'Ebre au-dessous de Mequinenza, après un parcours de 300 kilomètres . L Èbre et la Sègre ainsi réunis vont se jeter dans la Méditerranée par plusieurs bouches au port du Fangal, bien au sud de Tarragone, après un parcours de 150 kilomètres à partir de leur confluent. » Vous noterez que Joanne emploie essentiellement le féminin alors que de nos jours on écrit "Le Sègre" et non pas "La Sègre". 

     


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     Ce diaporama est agrémenté de 6 musiques d'Ennio Morricone extraites de la compilation "Love Stories". Elles ont pour titre : "Giovanna & Féderico", "Forse Basta", "Presentimento secondo", "Un Amico (from Revolver)", "Tema Di Ada" et "Canone Inverso Primo".

    Le Circuit de la Tirounère depuis Saint-Paul-de-Fenouillet

    Le Circuit de la Tirounère depuis Saint-Paul-de-Fenouillet 

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    En été, quand la canicule règne mais que l’envie de randonner est toujours là, il y a deux manières d’aller à la recherche de la fraîcheur. Il y a celle consistant à monter en altitude ou bien celle résidant à trouver un point d’eau. C’est cette deuxième solution que j’avais choisie en allant vers le lieu-dit La Tirounère (*) à partir de Saint-Paul-de Fenouillet. La Tirounère est une résurgence d’eau souterraine située au fond de la rivière Agly à la sortie des Gorges de Galamus. Dans son livre « Les eaux souterraines des Pyrénées-Catalanes », le très éminent hydrologiste Henri Salvayre la décrit ainsi : « La résurgence de la Tirounère l'une des plus importantes « sources » après Font Estramar, jaillit dans le lit de l’Agly, sur sa rive droite en amont de St - Paul - de – Fenouillet ».  Haut-lieu de la spéléologie subaquatique, elle a été explorée par le célèbre spéléologue Robert de Joly en 1934 et depuis elle constitue un lieu très prisé pour tous les fanas de cette discipline. Depuis sa découverte, elle a été captée et fournit ainsi en eau potable une partie de la commune de Saint-Paul. Ses eaux se mélangeant à celle de l’Agly, vous avez déjà compris que mon but n’était pas d’aller faire de la spéléologie ;  j’en serais bien incapable ;  mais plus simplement une jolie balade et puis surtout d’en profiter très largement pour me rafraîchir. Pour cela, il ne faut pas avoir peur de braver quelques interdictions. En effet, il faut savoir que La  Tirounère a été pendant quelques années un passage obligé sur les sentiers de Grandes de Randonnées que sont le Tour des Fenouillèdes, le GR.36 et le Sentier Cathare. Une passerelle métallique enjambant la rivière Agly en permettait le passage sans être dans l’obligation de se mouiller les pieds voire les jambes et au pire de prendre un bain. Malheureusement, en novembre 2014, elle a été emportée par des crues historiques qui atteignirent leur apogée les 29 et 30. Un projet de reconstruction est dans les cartons depuis plusieurs années mais apparemment un budget de financement manque à l’appel. Le passage par ce lieu est en principe interdit même si en été franchir à gué les  4 à 5 mètres de largeur de la rivière est très facile.  Voilà pour la présentation. Mon circuit démarre de la rue de la Paychere (**) où, parce que je suis seul, je réussis à garer ma voiture contre le mur d’une villa. De ces hauts murs, croulent des oranges et des trompettes rouges d’une jolie plante que l’on appelle bignone. Tout autour, c’est déjà un peu la campagne avec des meules de foin, des champs de luzernes et des vignobles. De la cité, je n’aperçois que les toitures et bien évidemment les monuments les plus hauts que sont le Chapître et le clocher de l’église Saint-Pierre et Saint-Paul. Parce que je suis là aussi pour photographier la Nature, d‘emblée la chance est avec moi. Elle se présente sous les traits d’une minuscule vipère qui traverse la ruelle, de chardonnerets élégants car joliment colorés, d’une tarente se chauffant au soleil et de petits papillons. A cause de la saison et de la chaleur qui règne, la flore est rare voire déjà bien fanée. Néanmoins, je trouve quelques fleurs à immortaliser. Plus rien de notable jusqu’à un passage à niveau où circule le train rouge du Pays Cathare et du Fenouillèdes. Quand le train rouge passe, je suis déjà à plus de 200 m de la voie ferrée  et près d’un chenil où une meute de chiens de chasse vocifère aux moindres bruits de mes pas. Avec la chaleur qui règne, je comprends leur exaspération à être enfermés dans des baraques de tôles et de planches entourées de grillages. Quel être vivant accepterait de vivre dans des conditions si indignes ? J’apprécie ma liberté, et ce, d’autant plus après la période obligée de confinement que nous venons de vivre. Si les vignobles restent présents, la garrigue prend de plus en plus de place au rythme de mes pas. Les yeux aux aguets de tout ce qui pourrait se présenter, j’erre de droite à gauche sur ce chemin pourtant quasiment rectiligne, flânant comme jamais, mais avec ce sentiment de liberté que l’expression « prendre la clé des champs » reflète parfaitement. D’ailleurs, un coup d’œil sur mon bout de carte IGN vient magnifiquement me confirmer cette métaphore car le lieu-dit que je traverse s’appelle le Cami de Camps, c’est-à-dire le Chemin des Champs.  Les papillons se font plus présents mais leur petite taille semble inversement proportionnelle à la grande aridité des lieux. Pour l’avoir lu, je sais que les variations de taille voire de coloris chez les lépidoptères peuvent être fonction du climat, de la saisonnalité et de l’altitude. Ici le milieu plutôt sec semble être l’élément déterminant.  Seuls les Machaons et les Flambés, plutôt nombreux, semblent avoir une taille à peu près normale. Mon assiduité à photographier la faune me distrait au point d’en oublier que j’ai un itinéraire à suivre et voilà comment sur un simple aller retour, je fais un kilomètre de mieux ! Je reviens sur mes pas sans trop ronchonner car cet égarement m’a permis de photographier une remuante fauvette et un joli serin. Dans la garrigue, quelques rares pins, parsemés de-ci delà, sont les prémices des pinèdes de pins d’Alep qui ne tardent pas à arriver. Elles se succèdent au fil des premières vrais déclivités, déclivités qui prennent la forme de petites montagnes russes, le terme de « montagne » étant ici très exagéré, le mot « butte » étant plus approprié. Ces collines boisées sont le siège d’innombrables « cicadidés », c’est-à-dire des cigales, toujours très difficiles à photographier. Il faut une bonne vue pour arriver à les repérer sur les arbres où leur immobilité et leur mimétisme sont d’excellents camouflages, et puis surtout dès que l’on approche, elles s’arrêtent de chanter, démultipliant ainsi  la difficulté. Une fois de plus, il me faudra beaucoup de chance et surtout patienter avant de réussir une seule photo d’une unique cigale, et encore parce qu’une d’entre-elles a bien voulu s’envoler et se poser à quelques mètres de moi. Pourtant quel que soit le biotope le tintamarre qu’elles engendrent est extrême et il n’est entrecoupé que par les « tut tut tut » du petit train rouge que l’on entend de temps à autre dans le lointain désormais A l’approche du col de Lenti, la végétation change encore. Si les pins ne disparaissent pas totalement, c’est un maquis méditerranéen qui les supplante avec de nombreux arbustes. Chênes verts, arbousiers, cistes, bruyères arborescentes, filaires et redouls en constituent l’essentiel. Dans ces petits sous-bois, de larges fenêtres s’ouvrent de temps en temps sur d’abruptes collines de calcaire. Ces collines sont bien connues des passionnés de la varappe qui trouvent là des terrains de jeux d’une remarquable dimension, même si dans les Gorges de Galamus et à cause des chutes de pierres, cette activité est interdite car incompatible avec le canyoning  Dans ce décor karstique, la rivière Agly a creusé une belle échancrure dont les deux grosses bosses latérales ressemblent au dos d’un chameau géant : les Gorges de Galamus. C’est vers là-bas que je dois aller. Au col de Lenti (382 m), les panneaux directionnels et les intersections se succèdent sur quelques mètres et j’avoue que pendant un court instant, j’en suis à me demander quelle direction prendre vers la droite ? Pourtant, je suis passé ici en 2011 lors d’un mémorable Tour du Pays Fenouillèdes avec mon fils mais nous venions de Caudiès et allions à Saint-Paul. C’était simple car bien indiqué. J’en emprunte un petit tronçon, juste pour le plaisir de m’élever et de profiter ainsi de quelques panoramas. Reste à trouver le chemin de la Tirounère ? Mon GPS vient m’aider et finalement c’est bien le premier sentier descendant vers la droite qu’il me faut emprunter, même si un panneau mentionne et avertit du détournement consécutif à la destruction de la passerelle de La Tirounère. Après un étroit sentier tout en descente, un large chemin prend le relais. Une nouvelle fois, non loin du lieu-dit Borde del Rey, mon passage engendre les aboiements de quelques chiens que je pense séquestrés dans un chenil. En réalité, je me retrouve avec 4 chiens hurlant derrière moi, babines retroussées et crocs pointus bien visibles et de ce fait, peu engageants. Je cache mon bâton de marche dans mon dos, leur fais face mais n’en mène pas large. Finalement, ils doivent constater que je ne suis pas un sanglier, ils arrêtent très vite leurs hurlements et sur les quatre, trois repartent immédiatement dans le chenil. Le quatrième, un joli chien noir aux oreilles semi-tombantes reste tout seul puis pas du tout agressif et peu farouche semble vouloir me suivre. Alors que j’avance une main pour le caresser, il détale et disparaît. Ouf ! Je respire. Un semblant de silence revient car ici les cigales paraissent moins présentes. La route bitumée descendant vers la Tirounère se présente et dès lors je sais que mon objectif n’est plus très loin. Quelques centaines de mètres et il apparaît. De prime abord sous les traits d’une barrière avec la mention « propriété privée – défense d’entrer », barrière facile à franchir derrière laquelle se poursuit une grande allée bordée de vieux cèdres. Que faire ? Deux voitures sont garées à proximité de l’entrée. A gauche de la barrière, une pancarte annonçant "Un Sentier du Charbonnier" m'incite à la photographier, et ce, afin de l'inscrire sur mes tablettes. Sait-on jamais ! Sur ma droite et en contrebas, j’entends déjà le murmure de la rivière mais j’entends également des voix qui montent jusqu’à moi. Je ne vois pas d’autre issue alors je passe outre l’interdiction. Le lieu-dit La Tirounère est là comme l’indique un panneau de randonnée directionnel. Une longue bâtisse affiche une enseigne « Oxygen Aventure ». Un couple et 2 enfants sont assis autour d’une table de pique-nique mais sont sur le point de partir. Ils partiront peu après. Je me retrouve seul même si en aval j’entends encore quelques voix. Je visite en détail cette berge-là puis me décide à traverser la rivière sur une gravière. Au milieu de la rivière, j’ai de l’eau à hauteur du genou et la profondeur est donc d’environ 50 cm. Sur les galets moussus, ma seule crainte est de glisser avec mon appareil-photo, alors je m’aide de mon bâton de marche. Finalement, or mis cette appréhension, la traversée est simple et sans véritable risque, or mis celui de se retrouver le cul dans l’eau. Qu’en est-il en hiver ? Je ne sais pas. De toute manière, venir ici en hiver ne présente aucun intérêt. Je ne peux donc que vous le déconseiller. Je passe presque 2 heures sur cette rive, pique-niquant, visitant les lieux dans le moindre détail, me baignant à plusieurs reprises, me reposant et profitant de la fraîcheur ambiante et m’évertuant à photographier une faune variée. Elle est bien présente avec des insectes aquatiques, des libellules, des papillons, des lézards et quelques oiseaux dont les plus visibles sont des Bergeronnettes des ruisseaux et des Merles. Mais j’aperçois aussi des Bergeronnettes grises, des pinsons et une fauvette. Concernant le lieu lui-même, nul besoin d’être un spécialiste du captage de l’eau pour comprendre qu’il a été amplement aménagé pour ce faire. Un bac bétonné est suivi d’un seuil formé d’une petite chicane, le tout permettant de casser les éventuels débits trop importants de la rivière. La chicane forme une jolie petite cascade. L’ensemble est bien agencé avec des pare-fous, des échelles et un canal d’irrigation qui file parallèle à la rivière. La roche a été creusée et forme ainsi de petits tunnels où l’eau et les hommes peuvent circuler. C’est d’ailleurs par-là que je quitte les lieux, filant vers le lieu-dit Borde-Massé mais surtout préférant cette ligne droite rejoignant un large chemin plutôt que le sentier balisé des G.R qui se poursuit vers les hauteurs. Là aussi, j’enfreins quelques interdictions mais les endroits sont déserts, les champs en jachère et les quelques bâtis le plus souvent en ruines. Je retrouve le balisage du Tour du Fenouillèdes un peu plus loin et comme ce chemin est quasiment unique car parallèle à l’Agly, son cheminement est très simple. Dans ce cheminement m’amenant vers Saint-Paul, seuls quelques nouveaux oiseaux et de rares fleurs que je veux photographier s’allient à mon désir de prolonger au maximum cette belle journée. Saint-Paul est là, avec sa gare et son pittoresque petit train rouge filant vers d'autres bourgades. C’est sur cette jolie image de voyage que se termine mon propre voyage.  Quand je me le remémore, j’ai comme le sentiment d’avoir feuilleté un joli livre de sciences naturelles que j’ai beaucoup aimé. Cette balade a été longue de 9,300 km (égarements volontaires ou pas) pour des montées cumulées de 314 m et un dénivelé de 127m. Saint-Paul de Fenouillet à 255 m d’altitude est le point le plus bas et le col de Lenti (382 m) le plus haut. Carte IGN 2348 ET Prades - Saint-Paul-de-Fenouillet Top 25.

    (*) Toponymie du nom "Tirounère" : Faut-il que je l'avoue, je n'ai rien trouvé sur Internet expliquant le nom "Tirounère", mais finissant par "ère", on peut seulement imaginer qu'il ait été mis au féminin. J'ai donc chercher avec "tiroun" et là,  j'ai constaté que ce nom apparaissait régulièrement dans la toponymie pyrénéenne et provençale. C'est ainsi que dans les Pyrénées, nous trouvons un "Tiroun de la Croux", un "Tiroun des Sorcières", un "Tiroun dès Oueilles", un "Tiroun Gran", un "Cap des Tirouns", une "Cabane du Tiroun, un lieu-dit "Tiroun" à Loubens en Ariège et des "Tirouns" parcelles cadastrales dans la commune de Bourréac dans les Hautes-Pyrénées. Si ces trouvailles ne m'ont guère plus avancé, Louis Saudinos dans son ouvrage "La toponymie du canton de Bagnères-de-Luchon" nous apprend qu'un "tiroun" peut-être tout à la fois un "mamelon rocheux", un "dôme", une "émergence ronde" mais aussi "un lac sert de bornage aux communes de Cirès, de Cathervielle et de Caubous". Ce lac est-il situé au sommet d'une "émergence ronde" ? Il ne le dit pas mais on peut le supposer, ce qui permettrait de confirmer qu'un "tiroun" est un "éminence ronde" en Pyrénées et qu'il est donc plus simplement une variante des mots "turon", "turrou ou "tyron" que l'on trouve de nos jours dans le lexique pyrénéen pour un sommet arrondi.

    En continuant mes recherches en Provence, j'ai appris que le mot "tiroun" au même titre que le mot "félibre" restaient des mystères. C'est ainsi qu'en lisant un article d'Alfred Jeanroy dans une revue "Romania" de 1894, on peut y lire ceci, extrait d'un texte qui s'intitule "MÉLANGES" : « Que de tres jour, tres niue, iéu noun vous retrouvère, Que. dins lou tèmple erias Que vous disputavias Emé li tiroun de la léi, Emé li sèt felibre de la lèi.»  Il rajoute « Le mot félibre, aussi inconnu du reste que le mot tiroun, ayant évidemment dans ce morceau le sens de « docteur de la loi » , fut acclamé par les sept convives, et l'Armana prouvençau, organe de la nouvelle école, proposé et fondé dans la même séance, l'Armana prouvençau per lou bèl an de Dieu 1855, adoubea e publica de la man di felibre, annonça à la Provence, au Midi et au monde que les rénovateurs de la littérature provençale s'intitulaient « félibres ». Alfred Jeanroy poursuit en disant qu'il pense que le mot "félibre" descend de l'espagnol "féligrés" signifiant "paroissien", "client de l'église" et en un mot un "fidèle". Toujours dans cette suite d'idée et pour le mot "tiroun", il émet "L'hypothèse d'une origine espagnole......" 

    Nous sommes loin bien sûr du "sommet arrondi pyrénéen" mais l'avantage d'avoir pris ce « chemin provençal » est qu'il m'a amené vers le très fameux "Félibrige" et à leur trésor cher aux Sept Primadié. Dans ce remarquable trésor, dictionnaire Provençal-Français, et pour faire bref, on y apprend qu'un "tiroun" c'est à la fois un "canard", "un fusil" ou "une corde", cette dernière explication ayant pour origine le verbe "tirer" en français et "tirar" en occitan, définitions que l'on retrouve dans l'occitan "tiron" et à laquelle on peut y rajouter "une lentille d'eau" que l'on appelle aussi "tirounado" en provençal. 

    Alors pour la "Tirounère", nous avons le choix ? "Un sommet arrondi ?". Il y en a bien un juste au dessus de la source, piton rocheux magnifique par ailleurs. Un canard ou plutôt une cane ou canette ? Pourquoi pas, ce n'est pas l'eau qui manque ! Une corde avec laquelle on tirait de l'eau de sa source ? C'est une idée ! Une lentille d'eau ? Voilà une explication qui a le mérite de correspondre à ce que l'on voit de nos jours ? Un endroit où les plantes aquatiques ne manquent pas !

    Enfin il y a des noms qui ne laissent pas indifférents et c'est le cas des mots basques "Ithuri", "iturri", "uthurri" signifiant fontaine ou source, "turusta" pour cascade. 

    Enfin, si quelqu'un connaît la solution, je suis preneur. Merci.

    (**) Toponymie du nom "Paychère" : Si le nom "tirounère" garde ses mystères, le nom "paychère" est plus facile à expliquer. D'ailleurs, j'ai trouvé l'explication peu loin de Saint-Paul de Fenouillet car dans un excellent site consacré à  Prats-de-Sournia et aux Fenouillèdes. Voici le lien. On peut y lire ceci  dans un article consacré aux Toponymes du Fenouillèdes : "Paissièra : ( Paychère, Paychèro ). Ce n’est pas un toponyme à proprement parler mais à Prats ce sont les veines nourricières du territoire. A lui seul le Rèc de la Farda en a compté 13. Ce terme désigne la prise d’eau et en Fenouillèdes avec la rigole d’amenée au champ, jardin ou pré. Considérant l’étendue de ce réseau, elles devaient avoir un nom pour les différencier." Cette thèse est d'ailleurs confirmée dans le remarquable site "Etymologie-Occitane.fr" où on peut lire qu'une Passièra est un « barrage de rivière, digue; chaussée d’un moulin; écluse, réservoir à poissons; .......Pansieire à Valleraugue (Gard) est  attesté en 2013 par mon petit-fils Aymerik, originaire du village.» Je vous laisse le soin d'aller sur le lien pour visionner la photo de cette "paychère" de Valleraugue dans le Gard. On y apprend qu'au 12eme siècle, elle était constitué d'échalas de bois lesquels mis les uns contre les autres formaient un barrage.


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     Ce diaporama est agrémenté avec des musiques d'Ennio Morricone extraites de la compilation "Love Stories". Elles ont pour titre : "La Califfa", "Tema d'Amore", "Il Colore Dei Suoi Occhi" et "I Remember You-Killer Tracks".

    Le Pic de la Serra (1.208 m) depuis Urbanya (856 m)

    Le Pic de la Serra (1.208 m) depuis Urbanya (856 m) 

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    Située dans le creux d’une vallée du Haut-Conflent, la petite commune d’Urbanya a pour les randonneurs un gros défaut. Ce défaut est, qu’au départ du village, aucun sentier, aucun chemin ne descend jamais. La seule voie qui descend, et encore, c’est la route bitumée D.26b. Si vous l’empruntez, elle vous mènera vers Bettlans, Conat puis Ria et Prades. Sinon au départ d’Urbanya et où que vous vouliez aller randonner, ça commence toujours par monter. Alors bien sûr, monter signifie que l’on va être confronté à divers échelons possibles, à diverses altitudes réalisables et selon les capacités physiques et sportives de chacun. Ici, tout autour du village, et pour effectuer une balade sur une seule journée, cette échelle des valeurs est vaste par le fait même que le village est situé à 856 m d’altitude et que le sommet le plus élevé atteignable en une longue journée est le Madres pointant son pic à 2.469 m. Par ce fait même, les objectifs sont innombrables et en choisir un ne pose donc aucun problème, or mis bien sûr si « monter » et « marcher » en sont pour vous.  C’est ainsi que pour la reprise d’après confinement de Dany, j’avais choisi le « Pic de la Serra » situé à l’altitude de 1.208 m. Ce sommet est un très modeste mamelon situé sur le flanc sud-est du Pic Lloset (1.371m). Avec ce dernier, le pic de la Moscatosa (1.457m) et le roc de Peirafita (1.535m), ils composent tous les quatre la crête frontière entre les communes d’Urbanya et de Nohèdes. Ce pic de la Serra est d’ailleurs si modeste, qu’il faut un certain recul pour constater qu’il est un véritable pic. Ce recul, on peut par exemple l’avoir au col de Marsac, ce  col constituant un jalon de cette balade. Pourtant, s’il est modeste, plusieurs raisons m’ont encouragé dans ce choix : des montées essentiellement par des pistes forestières, agréablement herbeuses assez souvent, l’assurance de traverser des décors variés (ubac avec une forêt de feuillus puis de résineux puis soulane avec des landes de genêts, puis sous-bois d’épicéas) garantie de pourvoir observer de beaux et amples panoramas, le gage d’une flore printanière encore bien épanouie et l’espoir d’apercevoir une faune que je soupçonne bien présente car plutôt très tranquille depuis quelques mois. Il est 13h quand nous démarrons. Dès le démarrage, cette faune se présente sous les traits de 2 couleuvres à échelons entrain de s’accoupler au pied de la maison de Moïra et Alan, nos voisins « so british » mais « so nice ». Nous observons les reptiles dans leurs ébats amoureux, ébats consistant à se tortiller en se frétillant mais vous dire laquelle est la femelle et lequel est le mâle, là j’avoue que c’est coton. Normal ! Rien ne ressemble plus à un serpent qu’un autre serpent ! On peut imaginer que le mâle est dessus comme souvent en pareil cas dans le monde animal, mais ici comment savoir qui est dessus et l’autre dessous dans ces étreintes torsadées permanentes ? Et vas-y que je m’enlace ! Et vas-y que je m’enroule ! Se trémousser devant nous n’a pas l’air de les gêner sauf lorsque du bout de mon bâton de marche, j’en titille un des deux. Là, celui que je viens de picoter ne semble pas d’accord mais redouble simplement sa trémulation. Finalement, trop de picotements c’est trop et il quitte sa moitié et part se réfugier dans le gros orifice d’un mur de pierres. Le second, sans doute surpris, de cette dérobade soudaine, ne bouge pas sur l’instant. Puis, constatant probablement qu’il lui manque quelque chose quelque part, il grimpe au mur et s’immobilise. L’instinct le pousse-t-il à se cacher ou bien a-t-il deviné que sa moitié était dans ce trou qui est si près de lui ? Il s’y précipite. Les deux couleuvres ayant disparu, il est temps de démarrer cette balade. Souhaitons aux deux partenaires qu’ils continuent leur batifolage et que de très nombreuses petites couleuvres à échelons naîtront de cette union. Elles sont si inoffensives pour l’homme malgré leur taille souvent impressionnante car pouvant atteindre 1,50 m voire parfois un peu plus. Malheureusement leur taille et la méconnaissance que l’on a de ces reptiles leur sont trop souvent fatales et il faut le regretter. Le chemin vers la ferme à Philippe s’élève constamment au milieu des genêts et comme Dany n’avance pas très vite, j’en profite pour tenter de photographier quelques oiseaux et une petite faune entomologique bien présente. Jolis papillons en composent l’essentiel même si je pourrais également photographier de très nombreux criquets. Je fais l’impasse de ces derniers car je perdrais trop de temps. La ferme est là et nous la traversons sous les aboiements rageurs mais peu belliqueux de deux chiens qui font leur travail de garde. Aucune vache aujourd’hui ce qui signifie qu’elles seront peut-être plus haut dans la montagne car ici c’est la liberté qui prime, pour nous bien sûr, mais y compris pour les bovins. Un peu de liberté avant l’abattoir, voilà la vie promise aux jeunes veaux des Pyrénées catalanes. Une vie pas longtemps très rose,  6 à 8 mois, pour une indication géographique protégée auxquels les professionnels ont donné le nom plutôt paradoxal de Rosée des Pyrénées. Après la ferme, la piste terreuse continue en zigzaguant. Elle commence à nous offrir des vues à presque 360 degrés. Village, forêts environnantes, Canigou, Pic Lloset ou del Torn, les beaux panoramas se succèdent. C’est ainsi que sur l’autre versant de la vallée, Dany avec sa vue infaillible aperçoit un gros sanglier dans un pré au-dessus du village. Quelques photos de l’animal et nous repartons. Une fois visionnées, les photos pas toujours très nettes à cause de l’éloignement, nous constaterons qu’il s’agit d’une laie accompagnée d’au moins deux tout petits marcassins. Cette femelle sanglier, depuis une grosse semaine, nous avons pris l’habitude de l’observer depuis notre maison, toujours au même horaire, entre 12 et 14 h. Le nez toujours enfoui dans les hautes herbes, elle a fait de ce grand pré son garde-manger. A hauteur du lieu-dit La Travessa, nous quittons la piste terreuse au profit d’un large chemin très herbeux et bien plus agréable à cheminer. Ici, on retrouve et on continue l’itinéraire déjà parcouru lors du Circuit de la Mata. C’est une portion de l’ancien Tour du Coronat.  Dans ce secteur, les petits oiseaux de la forêt sont plus présents. La période des amours n’est pas étrangère à cette présence. Pas facile néanmoins d’en immortaliser correctement. Si les criquets ont quasiment disparu, les papillons continuent à être présents mais ils sont souvent différents de ceux aperçus à un étage montagnard inférieur. Cette différence d’étage, on la constate à ce panachage permanent des différentes essences. A ce niveau,  les feuillus et les résineux se partagent encore  l’espace mais peu à peu les seconds ont tendance à s’approprier toutes les hauteurs. La piste forestière que l’on distingue parfois au sein de la Matte est très souvent la ligne de partage entre feuillus et conifères. A la côté 1181, il fut un temps où un panonceau directionnel indiqué plusieurs boucles dont celle vers le pic de la Serra. Il semble avoir disparu corps et biens, car malgré mes recherches, je ne l’ai plus retrouvé. A qui profites-ce « crime » ?  Ici, alors que nous stoppons au sommet d’une petite éminence rocheuse pour un peu de repos et la prise d’un en-cas, quelle n’est pas notre surprise d’apercevoir un chevreuil en contrebas. Il broute paisiblement et apparemment, il ne nous a pas vu ni entendu, occasion inespérée pour quelques belles photos de l’animal. Malheureusement sa perspicacité à deviner que nous sommes là est plus grande que notre faculté à rester invisible et silencieux. Il regarde vers nous fixement puis ayant compris qu’un prédateur était probablement là, il détale dans la sapinière. Les photos sont bien enregistrées et le cervidé malgré ses phobies de l’Homme aura son heure de gloire sur mon blog. Toujours aussi verdoyant, le chemin à suivre compose un angle droit et s’élève en douceur vers la crête sommitale. Sur cette crête, la forêt disparaît et le contraste est étonnant avec les décors traversés jusqu’à présent. Ici, sur le flanc du pic Lloset, les arbres sont rares et les quelques pins et arbustes plutôt chétifs. Au milieu d’une lande composée de genêts et des rosiers sauvages, le sentier descend vers le col de la Serra (1.200 m) puis juste après vers le pic éponyme. Il faut dire que sur cette crête, les écobuages ont très souvent meurtris la végétation et quelques genêts calcinés en gardent encore les stigmates. Par bonheur, le dernier écobuage paraît ancien, car les genêts sont magnifiquement fleuris, quant à l’orri situé au milieu du col, il disparait sous les ronciers alors que je l’ai connu, il y a quelques années, libéré de toute végétation. Le pic de la Serra (1.208 m), notre objectif est là. Il s’agit d’un modeste dôme sans grand intérêt particulier il faut bien le reconnaître.  Ses seuls attraits, ce sont les vues et les paysages qu’ils nous offrent. Le pic Lloset derrière nous, le Massif du Coronat sur notre droite et puis surtout ce panorama plongeant sur les vallées d’Urbanya et de Nohèdes séparées par cette longue échine qui semble disparaître au loin et comme par enchantement dans les arcanes des deux insondables ravines. Au bout et à droite, le Canigou très peu enneigé et donc un peu moins « fascinant ». Cette échine, il nous faut la descendre jusqu’au col de Marsac (1.056 m) sur un sentier pas toujours facile car peu emprunté par l’homme et donc peu débroussaillé et stabilisé. Ici, c’est plus souvent les ovins et les caprins qui sont amenés à le parcourir, alors bien sûr les « caminoles » qu’ils creusent s’agencent au gré de leurs toquades. Dany descend avec prudence et moi je mets à profit cette lenteur pour photographier les papillons très nombreux sur cette « solana ». Nouvel arrêt-goûter au col de Marsac puis nous retrouvons le sentier qui au travers d’un bois d’épicéas file vers le lieu-dit La Devesa. Dans la pénombre de ces sous-bois obscurs, l’essentiel est de ne pas perdre de vue les marques de peinture jaune et les nombreux cairns composant le balisage. L’important est de ne pas se précipiter et surtout d’avancer d’une balise à une autre car c’est la seule condition pour ne pas s’égarer dans cette « Llebreres » ou « Llabrères ». Dans ces lieux dont la toponymie nous apprend qu’ils sont « peuplés de lièvres » n’essayaient pas d’être plus rapide que ces derniers et soyez plutôt « tortues ». Quand la Devesa se présente, la piste forestière descendant vers Urbanya est déjà là. Cette magnifique balade se termine. Sur la terrasse de notre petite maison, nos deux fidèles chats Noxy et Zouzou ne sont plus là à nous attendre, disparus tous les deux à un mois d’intervalle en début d’année. Les retrouver au retour de nos balades était tellement devenu une habitude. Si nous en sommes toujours autant attristés, Flip le chat du vacher Philippe est venu prendre leur place et son immense gentillesse et ses « ronrons » compensent quelque peu ces douloureuses absences. Il en est de même pour Kiwwie, la chatte de notre fille qui dort sur notre lit mais rapplique en nous entendant arriver. Idem pour Rouquine qui vient réclamer pitance malgré son côté toujours aussi « sauvageonne ». En voilà une que nous avons réussi à piéger, à stériliser, que l’été nous continuons de nourrir mais qui est restée sauvage malgré toutes les attentions que nous lui portons au fil des jours. Oui, ici à Urbanya, la vie c’est un peu comme « une roue de la fortune » où les camemberts seraient des éléments de la Nature toujours différents.  On vit avec en permanence, en acceptant ce que le quotidien ou le hasard nous propose, ce que le familier ou le sauvage nous offre.  Un jour, nous sommes surpris par un animal, un autre jour c’est un nuage dans le ciel qui attise notre curiosité, le lendemain c’est un fabuleux clair de lune, une étoile filante, le ululement d’une chouette, le chant de détresse d’un pinson ou d’un merle en quête d’amour, le scintillement d’une luciole, le brame d’un cerf et que sais-je encore. Cette balade a été longue de 7,2 km pour des montées cumulées de 662m et un dénivelé de 365 m entre le point le plus élevé sur la crête juste avant le pic de la Serra et le village d’Urbanya à 856 m. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul de Fenouillet Top 25.


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    Ce diaporama est agrémenté de la musique "Arrival of The Birds" de Jason Swinscoe, bande originale du film "The Crimson Wing : Mystery Of The Flamingos" en français "Les Ailes Pourpres : Le Mystère des Flamants" interprétée ici par The Cinematic Orchestra et le London Métropolitan Orchestra.

    Le Sentier du Pi del Rei depuis Ria et autres découvertes.

    Le Sentier du Pi del Rei depuis Ria et autres découvertes. 

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    5 juin 2020, 9h. Me voici à Ria, devant l’église Saint-Vincent pour ma toute première randonnée après cette astreignante période de confinement pour cause de Covid-19. Cette balade doit m’amener sur le « Sentier du Pi del Rei », un grand pin maritime que j’aperçois déjà au sommet de la colline. En raison d’un grand et incroyable ciel bleu, il se détache remarquablement sur une crête qu’ici on appelle « En Salabert ». « Remarquable », c’est le qualificatif qu’on lui attribue le plus souvent et qui engendre chez les randonneurs l’envie d’aller à sa rencontre. Outre ce pin que je dois découvrir, j’ai prévu une jolie boucle plutôt perso qui doit m’amener à Llugols puis à Conat et retour. Pour être franc, je n’ai pas voulu reprendre les deux tracés les plus connus de ce « Pi Del Rei » car celui allant seulement à Llugols et retour est plutôt court et le second consistant à revenir par Belloc après Conat est plutôt long. S’agissant d’une reprise après presque 3 mois d’inactivité, j’ai voulu trouvé un compromis entre ces deux versions, et de d’autant que LlugolsConat et Belloc, j’y suis déjà passé l’an dernier et à diverses reprises jadis. J’ai donc donné la préférence à un retour que je ne connais pas ou si peu. Dany qui devait m’accompagner m’a fait faux bond à la toute dernière minute. Elle a pris comme prétexte qu’elle n’a pas fini certains travaux de peinture qu’elle avait commencés dans notre petite maison à Urbanya. Ce qui est vrai. En réalité, lui ayant dit que je n’avais pas de tracé G.P.S, elle a eu peur que je parte à l’aventure. J’aime autant car ma crainte est que cette randonnée soit déjà trop longue pour elle. C’est donc en solitaire que je démarre cette balade, « pin » dans la tête, et tournant le dos à un majestueux Canigou encore un peu enneigé. C’est justement la route D. 26 filant direction Urbanya qu’il me faut emprunter au départ. Un panonceau jaune, couleur du balisage que je vais devoir suivre, est là indiquant « El Pi del Rei 1,7 km et 50 mn et Llugols 2,8 km et 1h30 ». Le village est quasi désert et seule une vieille dame portant un masque blanc me rappelle au souvenir de ce fléau viral que nous subissons avec crainte depuis déjà trop longtemps. Le village est donc plutôt silencieux et seule une tourterelle qui roucoule et quelques moineaux qui piaillent rompent la douce musique d’un canal qui s’écoule au bord de la route. Ces volatiles, le pin, le village, le Canigou et de bien jolies fleurs colorant les bas-côtés de la route sont déjà venus s’enregistrer dans la mémoire de mon appareil-photo. Comme toujours, ce dernier pend à mon cou en guise de troisième œil et de deuxième cerveau. Son but ? Ne rien oublier de cette balade ! Un second panonceau est déjà là et un balisage jaune peint sur un poteau m’incite à quitter la D.26. L’itinéraire descend puis file vers un pont enjambant la rivière Callau et un très bel oratoire. Les deux édifices sont dédiés à Saint-Sébastien dont mes lectures m’ont appris qu’il protégea efficacement le village durant l'épidémie de peste noire qui avait sévi au milieu du XIVe siècle. Quelques merles noirs et des bergeronnettes des ruisseaux cherchent pitance dans le torrent. Dans les arbres qui l’encadrent, quelques mésanges se poursuivent en quête d’une rencontre. Je passe quinze bonnes minutes sur le pont à observer tout ce joli monde et à essayer de les photographier. Finalement j’y parviens tant bien que mal et je peux repartir. Le sentier commence à s’élever. Sur ma gauche et en contrebas, une dame occupée à son superbe jardin potager me fait un signe de la main. Je lui réponds de la même manière y ajoutant mon pouce en l’air pour lui montrer que j’apprécie grandement les lieux et surtout son remarquable travail de maraîchère. Force est de reconnaître que mon potager d’Urbanya n’est pas aussi bien tiré au cordeau car mes sillons sont toujours tout tordus alors que les siens sont bien droits. Je repars non sans avoir photographier de magnifiques roses blanches fleurissant en grappes. Elles sont pour moi le symbole du printemps, de la liberté retrouvée et de cette lumineuse journée ensoleillée dont je compte bien profiter. Au sein d’une géologie schisteuse et argileuse, le sentier continue de grimper mais désormais dans une végétation typiquement méditerranéenne. Fleurs des garrigues, papillons à foison et quelques lézards que je m’évertue à vouloir photographier me font oublier qu’il y a une déclivité. Pourtant, de merveilleux panoramas sont constamment là pour me rappeler que je m’élève. Ils s’entrouvrent magnifiquement au dessus de la Vallée de la Têt et de son petit affluent le Callau. En observant toutes ces beautés qui m’entourent et tout particulièrement cette végétation exceptionnellement verdoyante et foisonnante, je me remémore que l’hiver a été tout particulièrement pluvieux subissant même plusieurs jours tempétueux. La tempête Gloria est passée par là, plus violemment encore qu’ailleurs, engendrant de multiples glissements de terrains et des routes emportées. Celle d’Urbanya à Ria que j’ai pris ce matin n’a pas été épargnée, loin s’en faut. Quant au sentier que j’emprunte, s’il est encore praticable, quelques petits glissements d’argile et de pierres sont visibles de-ci delà. Pourtant, quand en contrebas, je regarde cette grandiose vallée dominée par le Massif du Coronat tout parait en place et sans dommage apparent. Tout est si calme et si reposant aujourd’hui que j’imagine mal qu’une tempête ait pu sévir voilà quelques mois. De Ria jusqu’aux sommets les plus hauts, tout semble uniforme avec un moutonnement végétal extraordinaire où seuls quelques affleurements rocheux et de rares édifices parviennent à s’extraire. Une intersection se présente. De nouveaux panonceaux indiquent Llugols à gauche à 2,1 km et à 1h10 et El Pi del Rei à droite et à 30 mn pour 1 km. Je poursuis à droite vers le pin. Le sentier continue de s’élever. Au loin, dans un creux formé par de deux collines, je suis plutôt surpris d’apercevoir le Fort Libéria visité voilà 2 ans lors d’une autre randonnée. Je continue de flâner allant parfois de surprises en surprises. Elles se présentent tout d’abord sous les traits d’un Hémidactyle verruqueux avec ses grands yeux verdâtres exorbitants et son dos empli d’excroissances telles celles que l’on voit souvent sur de gros crapauds. Le temps d’une seule photo et il a déjà disparu. Quelques mètres après, c’est un étrange chêne vert qui stoppe ma flânerie. Si je suis censé aller découvrir un « pin remarquable », j’estime que ce vieux chêne vert n’est pas très loin de mériter cette dénomination. Avec sa superbe ramure aux branches multiples et très grosses, dont certaines noueuses et parfois totalement écorcées, il a un petit air de pieuvre géante. Oui, il mérite d’autant plus ce critère de « remarquable » qu’il est sans doute très vieux et que son tronc semble s’être extrait des énormes roches fracturées qui l’entourent. Guère plus loin, ce sont des vestiges en pierres sèches qui aiguisent ma curiosité. La lecture du livre de Jean Viallet « Ria-Sirach-Urbanya » me laisse supposer que je suis au lieu-dit En Salabert, lieu rempli d’étranges légendes locales si j’en crois l’auteur. Si les murets et les vieilles terrasses agricoles n’engendrent que peu des questions, il n’en est pas de même d’un édifice tout en rondeur. Orri à la toiture effondrée, four à chaux ou puits à glace ? Si j’ai une nette préférence pour la dernière alternative car j’ai déjà vu d’autres puits à glace, je ne suis pas un spécialiste. A l’instant où je quitte ce lieu, un beau lézard vert sort de sa tanière de pierres et se laisse gentiment photographier. Quelques minutes plus tard, une nouvelle intersection indique que le Pi del Rei est là, à gauche, à 250 mètres et à 10 mn, aller et retour. Tout droit, le sentier file vers le Pla de Vallensó. Je pars bien sûr en direction du « fameux » pin. Il est là, assez majestueux il faut bien le reconnaître, surclassant de toute sa stature tous les autres végétaux du voisinage. S’il est certes majestueux , il n’est pas spécialement esthétique, et ça il le doit à son tronc unique qui devient très rapidement bicéphale et ses nombreuses branches sèches qui mériteraient d’être coupées. Son houppier est quelque peu dégarni et penché ici vers le sud-est, caractéristiques propres aux pins maritimes qui sont confrontés à de vents multiples et forts venant du nord et de l’ouest. Lui, de « maritime », il n’a que le nom car la seule mer qu’il domine est totalement végétale. Avant de venir le voir, j’ai bien essayé de tout savoir de lui mais je n’ai absolument rien trouvé à son propos et en tous cas rien quant à sa toponymie (*). On ne parle de lui qu’à propos des randonnées qui mènent à lui. De ce fait, et compte tenu de ma curiosité, je me suis posé bien des questions. Pin du roi ou roi des pins ? Dans le premier cas, de quel roi s’agirait-il ? D’un des rois d’Aragon et de Majorque, digne successeur des comtes d’Arria qui sont nés ici ? Pourquoi ne pas lui attribuer directement le nom du roi en question ? Pin roi Jacques 1er ou II par exemple. Du dernier roi qui a régné en France et sur ce secteur du Conflent, c’est-à dire Louis-Philippe 1er de 1830 à 1848. Cela lui conférerait un âge avancé de 190 ans. C’est possible, si j’en crois ce que j’ai lu à propos des plus vieux pins maritimes qui pourraient vivre 500 ans et atteindre les 40 mètres de hauteur, ce qui ne me semble pas être son cas. De rois antérieurs comme Louis XVI ou Louis XVIII dans la fameuse branche des Bourbons ? (** ). C’est possible aussi si je me fie à l’énorme respect et à la fidélité que les Rianencs ont toujours eu à l’égard de cette lignée dont une sous-branche serait originaire d’ici.(**) Toutes les hypothèses peuvent être envisagées puisque rien n’existe à son sujet. Même l’historien Jean Viallet qui a pourtant beaucoup écrit sur Ria ne dit rien de lui, et en tous cas, je n’ai rien trouvé dans son livre Ria-Sirach-Urbanya aux Editions Notes d’Histoire. J’ai orienté mes recherches sur les sites recensant les « Arbres Remarquables de France » mais là aussi, il n’apparaît nulle part. A ce jour, seulement trois pins ont reçu le label de « remarquable » mais aucun n’est maritime. N’a-t-il pas les mensurations nécessaires à un classement en « arbre remarquable » ? C’est probable car des pins maritimes comme celui-ci, je pense qu’il y en a de très nombreux. En tous cas, j’en ai déjà vu ailleurs mais dans des boisements où ils n’étaient pas aussi solitaires. Il bénéficie donc de ce privilège d’être seul et très largement le plus grand de tous au faîte de cette colline. Si à juste titre, il pourrait être qualifié de « remarquable », il le devrait sans doute à son âge mais surtout à sa « remarquable » résistance. Résistance aux diverses maladies du pin, aux insectes xylophages très nombreux, mais aussi au fait qu’il a su résister à toutes les tempêtes qui ont sévi dans notre beau département. Résister à toutes les tempêtes alors qu’il dépasse très nettement la crête de cette colline où rien ou presque ne le protège des vents d’ouest et du nord, j’estime que c’est déjà un «remarquable » exploit. En décembre 1999, la tempête Martin a abattu un pin maritime, le pin Cazau, qui était considéré comme le plus vieux d’Aquitaine. Avec une circonférence de 4,95 m, les spécialistes lui donnaient l’âge avancé de 210 ans. Souhaitons-lui de résister encore très longtemps car force est de reconnaître que les dérèglements climatiques engendrent des catastrophes de plus en plus récurrentes, qu’elles soient météorologiques ou physiologiques. Je le photographie sous toutes les coutures, sous tous les angles et dans tous ses décors, dont le plus beau reste le Canigou enneigé. Comme je le fais toujours pour les arbres remarquables que j’ai pu observer, je photographie un maximum de messages gravés sur son tronc : ici simples initiales, dates ou petits dessins le plus souvent mais d’autres gravures sont moins lisibles voire incompréhensibles car les écorces se sont desquamées puis sont tombées. Je note que ces dernières sont parfois amplement perforées de petits trous et m’en inquiète. Hylésine ? Scolyte ? Bupreste ou autres ? Les possibilités d’être dévorer de l’intérieur par des insectes xylophages et d’en périr sont si nombreuses ! J’espère que les gens de l’ONF et les élus municipaux s’en inquiètent aussi ? Je ramasse une pomme en espérant y trouver des graines pour éventuellement les replanter, mais non la pomme est vide ou presque. Une deuxième idem. Une troisième a une ou deux graines mais loin d’être matures et surtout moisies. Au sol, il n’y aucune graine non plus. Des écureuils seraient-ils passés par là ou ai-je la malchance d’avoir trouvé que des cônes mâles ? Toutes mes questions à propos de cet arbre restent sans réponse. Il est temps de repartir. Un balisage bleu qui part du pied de l’arbre vert le nord-ouest m’incite à le suivre. De fil en aiguilles, ou plutôt d’orris en orris, je m’éloigne de mon itinéraire initial, celui qui était censé m’amener au Pla de Vallensó. A l’instant ou ce sentier « bleu » amorce une raide descente vers le vallon, j’estime qu’il est temps de faire demi-tour car j’ignore jusqu’où il peut me mener, même si je suppose fortement qu’il rejoint le sentier de Llugols ignoré ce matin. Etant parti la fleur au fusil, sans tracé GPS, et surtout sans ma carte IGN que j’ai oubliée, je préfère prendre cette option plutôt que de m’égarer. Je reviens sur mes pas et prend cette fois la direction du Pla de Vallensó. Le sentier s’élève en douceur avec toujours des édifices en pierres sèches, cortal et terrasses, laissant supposer une occupation d’antan. Il coupe un ruisseau, le Correc dels Colls, lui aussi amplement canalisés de pierres sèches par endroits. Il le longe puis s’en éloigne. Ici les lézards verts sont légions mais bien trop rapides pour que je parvienne à en photographier au moins un. Finalement, au lieu-dit la Creu d’En Barina, j’approche la piste terreuse qui fait le lien entre Prades et Llugols. Peu après, je la coupe et le sentier continue de s’élever en direction du Pla de Vallensó. Ici, dans une joli petite ravine, ce sont des fauvettes chantantes qui arrêtent ma progression. Il me faut dix bonnes minutes de patience pour réussir à en immortaliser une, et encore uniquement de très loin. Je passe ce temps à attendre le bon-vouloir des fauvettes à photographier quelques papillons, toujours très nombreux mais très perturbé par une brise qui s’est levée. Sur le sol pierreux du chemin, le passé se révèle avec les traces creusées par les roues de vieilles charrettes. Jadis, de très nombreuses sont passaient par là et il se dit même, que parmi leurs besognes le plus souvent agricoles, certaines rejoignaient l’ancienne carrière de Callau dans le cadre de l’exploitation industrielle du talc. Sachant où se situe cette carrière, je n’ai aucune peine à imaginer la pénibilité de cette besogne tant pour les hommes que pour les animaux tirant ces charrettes. Le Pla de Vallensó est là et se matérialise sous la forme d’un poteau directionnel indiquant 930 m d’altitude et Llugols à 20 mn et à 700 m. Je connais bien ce poteau déjà aperçu au cours d’autres balades dont celle qui m’avait mené sur le « Sentier d’Arletes » et à « la Roche gravée de Fornols ». C’est sous un impressionnant rassemblement de pinsons qui s’envole, que j’aperçois les premières toitures de Llugols. Réussissant à photographier un de ces volatiles, je lui trouve d’étranges couleurs ternes. Une femelle sans doute toujours moins colorée que le mâle. Ce hameau, je le connais par cœur. Je l’ai toujours découvert aussi désert et silencieux qu’aujourd’hui, sauf en 2007 lors de mon Tour du Coronat parce que des enfants jouaient sur des « carrioles » en criant leur bonheur. J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer Nina et ses frères. Pas une âme qui vive une nouvelle fois même si des voix d’hommes sont perceptibles dans la forêt en contrebas. Je n’ose pas m’arrêter chez mon ami Mr. Naulin, d’abord par prudence à cause de l’épidémie qui sévit encore, mais aussi parce qu’il n’est pas encore midi et que j’estime que ce n’est pas un horaire décent pour arriver à l’improviste chez les gens. Je le regrette. Je repars mais la Nature m’arrête quelques mètres plus loin sur le seuil d’une autre maison déserte elle aussi. Je reste là assis quelques minutes sur le perron à regarder deux bousiers entrain de pousser une boulette toute sèche d’excrétions animales. Où ont-ils trouvé cette boulette ? En sont-ils les architectes ? Où vont-ils ? Que vont-ils faire de cette dernière ? Je les observe tout en me posant ces questions-là. Un escalier se présente et ils déboulent laissant échapper leur convoitise. Je me dis qu’à notre échelle, tomber d’une telle hauteur nous aurait été fatidique. Un des deux bousiers est tombé sur le dos et éprouve un mal fou à se rétablir. Pendant ce temps, l’autre est déjà parti à la recherche de sa « boulette » et il y parvient avec une facilité déconcertante. Finalement, l’autre le rejoint. Et les voilà repartis dans leur étrange labeur, labeur qui semble « gauche » dans la gestuelle mise en œuvre mais finalement la boulette avance bien plus vite qu’on ne pourrait le penser. Nouvel escalier, nouvelle chute, nouvelle recherche et nouvelle retrouvaille. Il est temps de décamper et de partir vers d’autres découvertes car je me suis promis d’aller visiter la chapelle de Las Monges que je ne connais pas malgré mes nombreuses venues ici. Je laisse les petits coléoptères coprophages à leur boulette me promettant de chercher sur Internet les réponses aux nombreuses questions que leur vision vient de soulever en moi. Je quitte le hameau fleuri de magnifiques capucines grimpantes parfois rouges parfois oranges et file vers la chapelle en question. Je n’ai aucun mal à la trouver car un panneau « Couvent de Las Monges » en indique la direction. Le sentier passe devant la Fontaine du Châtaignier (Font del Castanyer) puis s’élève. Si l’édifice est bien ruiné, les vestiges ne laissent planer aucun doute quant à son caractère religieux, le cœur de la nef et son abside étant encore bien visibles. L’Histoire nous dit que sa première mention écrite date de 1375, qu’elle a été utilisée comme église et comme couvent mais que son vrai nom serait Saint-Sernin d’Eroles. Seulement diverti par une mésange bleue et un gros criquet qui semble décidé à manger autant que moi, j’y pique-nique paisiblement, assis sur un large mur d’enceinte en surplomb de la forêt. Je quitte les lieux vers une suite que je connais par cœur. D’abord en direction de la chapelle Saint-Christophe puis d’un gros rocher qui la domine où quelques croix datant du néolithique sont visibles. Si je fais ces quelques foulées supplémentaires que je connais sur le bout des doigts, c’est essentiellement pour faire connaître au plus grand nombre de randonneurs ces lieux chargés d’histoire. Si quand on passe à Llugols, on a toujours ce sentiment « que la peste sévit encore depuis le 14eme siècle », ces quelques étonnantes découvertes sont des portions de vie plutôt inattendues. La suite vers Conat, je la connais également par cœur. Quelques soient les saisons, le sentier qui y mène peut être découpé en trois sections. La plus courte , ce sont d’abord les prés de Llugols où en cette saison les fleurs sauvages se livrent des duels de pétales multicolores. J’y surprend un beau sanglier mais la surprise semble encore plus grande pour lui. Il ne demande pas son reste. Puis, c’est la partie boisée qui s’appelle Les Teixoneres. Enfin, le sentier tout en balcon se termine sur la partie la plus « caillasseuse » dont la dénomination Les Esquerdes ne laisse planer aucun doute quant à son aspect rocheux, abrupt et ardu, les trois en même temps le plus souvent. Dans cette longue déambulation vers Conat, si mes pieds savent déjà où ils doivent se poser, mes yeux, eux, restent constamment sur le qui-vive d’une flore et d’une faune dont je sais qu’elles peuvent être surprenantes à chaque virage du chemin. Cette fois-ci, c’est un superbe lézard ocellé qui est proclamé « roi des Teixoneires ». Un petit bain dans une cuvette limpide du Correc de Sainte-Marguerite, puis je continue, la tête plus fraîche et les pieds quelque peu dégonflés. C’est bien la toute première fois que je vois autant d ‘eau dans ce modeste ruisseau. Après une heure de marche supplémentaire, Conat finit par arriver sous les traits d’une gentille demoiselle qui est assise au bord du torrent Callau. Elle est si jolie que j’en oublierais presque que nous devrions bavarder avec un masque. Nous blaguons un peu, puis finalement beaucoup trop, non pas à mon goût, mais à bien y réfléchir, car je suis encore très loin de Ria. Nous parlons de tout, de Conat où elle est en vacances, de ma balade, de randonnées en général, des découvertes que l’on peut faire dans les environs. Il me faut rompre cette sympathique conversation, et ce d’autant que je n’ai plus la moindre goutte d’eau dans mes deux gourdes et qu’il me faut impérativement trouver une fontaine. Une fois, la fontaine trouvée et les gourdes de nouveau pleines, j’accélère le pas pour sortir du village. Voulant absolument éviter le bitume de la route, j’ai décidé de suivre un sentier que j’ai emprunté voilà presque 20 ans. Par bonheur, il est encore parfaitement praticable et évite les sinuosités de la route, route qui par ailleurs a été emportée sur une belle portion par la tempête Gloria à la sortie sud de Conat. Des ouvriers y travaillent depuis plusieurs semaines. En évitant de prendre la route, j’évite de les déranger dans leur besogne, leur rendant sans doute service au passage. Ce sentier m’entraîne vers les Termanères où j’ai décidé d’emprunter la piste forestière qui file vers Belloc. Cette montée vers Sainte Croix commence à peser dans mes mollets. Chaque oiseau, chaque fleur nouvelle, chaque beau papillon non encore photographié sont autant de raisons de ralentir. De plus, sans carte et sans tracé GPS et connaissant très mal ce secteur, il me faut être vigilant à chaque panonceau Ria et surtout me souvenir de l’itinéraire que j’avais imaginé. Je sais qu’à Sainte-Croix, je dois redescendre vers Ria juste après la ruine d’une vieille chapelle. Quand une ruine se présente, rien ne me permet d’affirmer et même d’imaginer qu’il s’agit d’une ancestrale chapelle. Il ne s’agit que de vieilles pierres ceintes par une végétation inabordable. Par contre, il y a bien une intersection. Il me faudrait donc quitter la piste montant vers Belloc ici, mais j’éprouve quelques difficultés à trouver la suite ? Finalement et par bonheur, j’aperçois un minuscule panonceau « Ria » vissé à même un petit placard réservé à des compteurs électriques. « Ria » est quelque peu effacé mais le sentier est bien là, invisible au premier coup d’œil car bien embroussaillé. Il descend en forêt en longeant en partie le Correc de Santa Creu. Dans cette descente vers Ria presque constamment en sous-bois, et déjà un peu sombre à cette heure-ci, qu’elle n’est pas ma surprise de poser le pied sur le cadavre d’un gros canidé. Chien, chien-loup, loup ? Je ne sais pas vraiment dire ? La mort n’est pas suffisamment récente pour émettre un avis formel mais elle n’est pas très ancienne car le cadavre est peu envahi par la vermine et n’a pas une odeur putride très pestilentielle. Je prends deux photos du pauvre animal dont la puissante dentition ne m’apporte pas d’élément supplémentaire or mis l’assurance qu’il ne s’agit pas d’une renard et ce, malgré son pelage fourni, roux et blanc (***). Des renards morts, j’en ai déjà vu et celui-ci ne ressemble pas du tout aux précédents. Si ce n’est pas un renard ou un loup, de quelle espèce de chien s’agirait-il ? De surcroît que ferait-il là mort au beau milieu du chemin ? Il serait mort de quoi ? Comment, pour quelle raison ou par qui ? Une fois encore, cette balade aura soulevé en moi bien des questions. Apprendre, je marche aussi pour ça ! A tout prendre, j’aurais préféré rencontré un renard ou un autre canidé bien vivant comme cela m’est arrivé assez souvent. Rencontre avec un loup jamais vu jusqu’à présent ? Je ne sais pas ! Il parait qu’un loup isolé n’est pas très souvent dangereux car plutôt craintif, comme toute la faune en général face à l’homme, le pire des prédateurs. Aujourd’hui par exemple, j’ai été ravi d’apercevoir et donc de savoir que toutes les espèces de lézards ou presque sont bien présentes sur ce secteur même si le plus souvent ce ne sont que des visions furtives : lézard des murailles, lézard catalan, vert, ocellé, psammodrome, hémidactyle. Seule, la Tarente de Mauritanie et le lézard des souches n’ont pas été observés mais je ne doute guère de leur présence. Le sentier se termine sur les flancs de la Rocamenera d’En Gorner où justement je photographie mon premier lézard des murailles juste à côté d’une citerne. Puis je finis cette balade sur le désagréable asphalte de la bien longue avenue d’En Cassa menant vers le quartier de la Llisse. J’avais imaginé terminer par le canal éponyme mais des panneaux « danger, risques d’effondrements » en interdisent l’accès. C’est donc à regret que je termine sur le bitume cette belle et première balade d’après confinement. Au-delà des nombreuses questions qu’elle a soulevées, j’ai retrouvé le plaisir de marcher , de redécouvrir la Nature, de retrouver des lieux où j’avais passé jadis des instants merveilleux et notamment lors de Mon Tour du Coronat. Oui, j’attendais avec impatience cette balade. N’ayant pas enregistré de tracé GPS, j’estime la distance effectuée au cours de cette balade entre 12 et 14 km pour un dénivelé de 386 m entre le point le plus bas au départ de Ria (388 m) et le plus haut au Pla de Vallenso à 774 m.

    (*) Toponymie possible d’El Pi del Rei : Finalement, c'est un peu par hasard que dans le N°18 du journal de la commune de Ria-Sirach, j'ai pu lire "ce pin fut planté après le Traité des Pyrénées par le ministre des Eaux et Forêts de Louis XIV". Après le Traité des Pyrénées de 1659, on peut donc aisément imaginer que cette décision est consécutive à l'ordonnance de 1669 de Louis XIV et Colbert qui faisait la part belle à une vaste reforestation du royaume. Ce pin aurait donc à ce jour (16/09/2022) 353 ans ! Le roi en question serait donc Louis XIV ! Je vous laisse lire la suite que j'avais écrite juste après la randonnée mais ne gardez pas tout bien sûr !  A propos des arbres remarquables, voici ce que le journaliste et écrivain Adolphe-Laurent Joanne écrit en 1856 dans son recueil intitulé « Les Environs de Paris illustrés. Itinéraire descriptif et historique » : « …une foule d’arbres magnifiques que les touristes vont aujourd’hui admirer seraient restés inconnus. Dans le principe, on ne signalait guère que cinq ou six de ces arbres : Le Bouquet du Roi, Le Clovis, Henri IV et le Sully, la Reine Blanche, arbre du Bas-Bréau, incendié cet hiver (1856) par des imprudents qui firent du feu dans sa cavité, le Charlemagne et le Chêne des Fées ». Comme nous le voyons, au 19eme siècle, il n’était pas rare d’attribuer des noms de rois ou d’illustres personnages aux grands arbres, il est donc fort possible que le Pi del Rei date de cette époque et qu’il ne faille pas chercher ailleurs son appellation de « Pin du Roi ». Dans ce même livre, il évoque les fameux essais d’implantation du pin maritime dans les Landes au cours du 18eme siècle et leurs échecs successifs, à cause d’hivers trop rigoureux mais surtout par méconnaissance de cet arbre, peu présent en France avec quelques rares boisements, et donc fort méconnu à l’époque. Dans son livre « Traces du végétal » aux Editions Presses Universitaires de Rennes, Elisabeth Amblard nous rappelle que « Le pin symbolise la force et le pouvoir dont dispose le roi, mais, situé à côté d’un if, ce pouvoir devient une force du mal » car « l’if est un arbre aux feuilles et aux fruits toxiques ». Ici l’auteur fait référence au roi légendaire Marsile, ennemi juré de Charlemagne dans la « Chanson de Roland de Roncevaux ».


    (**) Ria, les rois et le pin : Dans son livre « Ria-Sirach-Urbanya », Jean Viallet évoque en de multiples occasions l’attachement que les Rianencs avaient depuis toujours pour leurs rois , et notamment aux 18 et 19eme siècle. Ainsi peut-on lire « Napoléon est vaincu, Louis XVIII montre sur le trône et voyez comme notre municipalité célèbre l’événement ». Cette phrase fait référence à une assemblée municipale du 30 octobre 1814 où les habitants de Ria par l’entremise de leurs représentants municipaux prêtent serment et jurent à Dieu de garder obéissance et fidélité au roi. Est-ce en cette occasion que les Rianencs ont planté cet arbre pour rendre hommage à Louis XVIII ? Là aussi c’est possible et l’arbre aurait 206 ans ! Cette fidélité au roi est très ancienne puisqu’elle a pour origine le fait que les comtes d’Arria, nés ici selon certaines versions, auraient de ce fait un lien direct avec la branche des Bourbons, famille aux multiples ramifications mais régnante en France et en Espagne. Ce lien, ils le tiendraient de Marguerite de Provence, reine de France car épouse de Saint-Louis ; mais fille de Raimond-Bérenger V de Provence, lui-même fils de Alphonse II de Provence, et lui-même fils Alphonse II roi d'Aragon, lui-même fils de Raimond-Bérenger IV de Barcelone. Ici, la branche dite de « Barcelone » est directement issue de Guilfred le Velu, né ici à Ria (légende ou réalité ?) et de son père Sunifred Ier de Barcelone. Assez paradoxalement, c’est Vauban sur ordre de Louis XIV qui a détruit le château ancestral de Ria où tout aurait commencé ! Allez comprendre ?

    (***) Le canidé mort de Sainte-Croix : Le 22 juillet 2020 et sur les conseils d'un ami, ancien de l'ONF, j'ai signalé l'animal au "Rézoloup" de l'ONCFS avec envoi des 2 photos que j'avais en ma possession. Un technicien s'est rendu sur le lieu pour lequel j'avais fourni les coordonnées. Finalement, il s'agissait d'un malinois de plus de 19 ans dont les propriétaires avaient signalé la disparition. L'animal est probablement mort de vieillesse voire d'épuisement à ne pas parvenir à retrouver son chemin. Les propriétaires ont pu faire leur deuil et ont apprécié que leur chien ait pu être retrouvé tant de semaines après sa disparition. Il faut noter que le malinois étant un lupoïde, c'est à dire un canidé dont les caractéristiques anatomiques évoquent celles du loup, la confusion avec ce dernier était donc logique. L'enquête a permis d'enlever la thèse d'un loup sur la commune de Ria-Sirach. Rianencs vous pouvez dormir tranquille, aucun loup ne se déguisera en grand-mère ! Par contre, je ne peux pas vous garantir du contraire !


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  • Ce diaporama est agrémenté de la merveilleuse musique "Cavatina" de Stanley Myers jouée ici et successivement par Gheorghe Zamfir (flûte de pan) puis par le guitariste Al Marconi dans une version arrangée personnelle mais extraite de la bande originale du film "The Deer Hunter" (Voyage au bout de l'enfer) de Michael Cimino.


    Le Circuit de l'Anse de Paulilles depuis la plage de Bernardi (Port-Vendres).

    Le Circuit de l'Anse de Paulilles depuis la plage de Bernardi (Port-Vendres).

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    Le lendemain de cette journée à l’Anse de Paulilles et donc de ce très joli petit circuit effectuée le 2 février dernier, voilà ce que j’écrivais sur ma page Facebook avec quelques belles photos à l’appui :

    « Hier, et après la tempête Gloria, c'était une journée estivale à la gloire du soleil et de la chaleur. A l'Anse de Paulilles où nous étions partis pique-niquer puis balader, il y avait un monde fou. Un monde fou qui profitait bien de la plage, des petites criques tranquilles aux eaux limpides, des bains de soleils et parfois même, et pour les plus courageux, des bains tout courts. Parti la fleur au fusil, sans maillot ni serviette, j'ai longuement regretté de ne pas faire partie de ces derniers. Peut-être ce monde fou et un peu fou profitait-il comme nous du dérèglement climatique ? Avec plus de 30° au thermomètre, on est en droit de penser que pour un 2 février ce n'est pas très normal ! Dans les petits raidillons, les randonneurs suaient sang et eau, les oiseaux marins ou non marins semblaient apathiques, en pleine garrigue des massifs de fleurs et de flamboyants ajoncs et mimosas me faisaient regretter d'avoir cru un jour que j'avais pu avoir la main verte. Sur le chemin du retour, un demi-pression port-vendrais arriva à point nommé pour mettre fin à cette pépie qui avait eue raison de nos gourdes remplies seulement d’un litre d'eau fraîche. Oui, quelle belle journée nous avons passée !!!! »

    Depuis, des événements tragiques et mondiaux se sont précipités à cause de ce fameux fléau viral auquel les scientifiques ont donné le nom de « Covid-19 », acronyme anglais de COronaVirus Infectious Disease 2019, (Source Wikipédia). En français, “Maladie infectieuse au Coronavirus 19”. Sorti de la ville chinoise de Wuhan, à ce jour encore, on ignore comment ce virus a pu si soudainement apparaître et se propager jetant toute la planète dans le pire des cauchemars. Afin de nous protéger, une période de confinement a été mise en place par nos gouvernants, période de confinement encore en cours à l’instant où j’écris ces quelques lignes. Alors bien sûr, à l’instant où j’ai réfléchi à cet article et quand je regarde derrière moi, je me dis que nous avions bien fait de profiter de cette magnifique journée d’hiver. Oui, en disant que nous vivions dans un monde de fous, je ne croyais pas si bien dire. Si sur le plan climatique, le monde est effectivement devenu de plus en plus fou, qui aurait pu imaginer qu’une pandémie virale telle que celle que nous vivons vienne s’y ajouter ? Non personne, n’aurait imaginé un « cataclysme » d’une telle ampleur, si rapide dans sa contagiosité et si désastreux dans ces effets sur l’humanité toute entière, tant sur le plan sanitaire qu’économique ou sociétal. Oui, profiter de l’instant présent, des bons moments, des superbes journées ensoleillées, voilà que nous en rêvons aujourd’hui car force est d’avouer que ce virus ne nous laisse que peu de répit. Pas de répit dans nos têtes, ni dans nos cœurs et encore moins en terme d’horizon quel qu’il soit ! Du matin au soir, nos pensées sont devenues « virales » et si un espoir demeure, c’est avant tout de voir le disparaître à jamais afin de retrouver notre vie antérieure ! C’est d’abord cet espoir que m’incite à écrire cet article, car cette petite boucle pédestre est si merveilleuse que je n’ose même pas imaginer que plus personne ne l’accomplira jamais. Alors, je la propose pour ça.

    A Paulilles, site classé depuis l'aménagement de l'ancienne usine d'explosifs Nobel, le départ s’effectue de l’extrémité de la plage de Bernardi. Là, un panonceau précise qu’il s’agit du « Sentier du littoral » filant vers la plage de Balanti en 15 mn, vers le phare de Béar en 50 mn et vers Port-Vendres en 1h45. De ces 3 destinations, aucune ne servira vraiment de jalons à notre propre circuit, même si la première et la deuxième seront des centres d’intérêts amplement visuels. Le sentier, s’il est bien balisé et donc assez simple car il est longuement parallèle à la côte rocheuse, il n’en demeure pas moins que certains secteurs nécessitent du souffle, de l’attention et parfois même une grande prudence. Si la beauté des lieux oblige à de nombreux arrêts, la stèle d’un jeune pompier mort en service commandé et les hommages qui lui sont rendus nous rappellent que la Nature que l’on aime est fragile et que les hommes qui se battent pour la préserver, parfois au péril de leur propre vie, méritent le plus profond respect. Dès lors que le cap, le phare et le sémaphore de Béar sont en vue, il faut descendre puis remonter comme si nous allions nous y rendre. Là, et dès lors qu’un pinacle est atteint, espèce de plateforme terreuse et rocheuse, il faut retourner d’où on vient en empruntant une étroite sente qui part à gauche, laquelle cette fois reste très éloignée de la côte. Garrigue méditerranéenne, chênes verts et lièges, petites pinèdes, vignobles en pente, terrasses en pierres sèches, ce sentier finit par parvenir jusqu’à une piste beaucoup plus large. Entre vignes et mimosas, petits cabanons planqués dans des pinèdes, la piste assez longiligne se poursuit jusqu’à un casot tout en ciment. Une plaque en hommage à un certain Jean-Claude Le Parco y est apposée et on peut bien évidemment supposer qu’il fut l’heureux utilisateur de ce coin à la fois si sauvage et si magnifiquement merveilleux dans ses décors. Là, entre une vigne et un très mauvais muret composé d’amas de pierres sèches, on emprunte une piste qui descend droit vers l’anse de Paulilles, Tout au bout, le chemin tourne à droite et longe une haie de cyprès. Ces cyprès sont amplement occupés par quelques passereaux et notamment par des étourneaux qui de très loin sont les moins craintifs. S'ils quittent les cyprès à notre approche, c'est pour mieux nous observer depuis des câbles électriques. Les autres s'envolent et partent dans les vignes ou la garrigue. Je passe de longues minutes à tenter de photographier tous ces oiseaux. Entre échecs et réussites, ces tentatives se soldent avec 4 ou 5 photos plus ou moins réussies. La suite et la fin vers la plage de Bernardi devient d’une grande évidence. Ainsi se termine cette courte mais ô combien magnifique balade. Moi, qui suis venu tant et tant de fois à Paulilles, quelles que soient les saisons, pour y pratiquer la chasse sous-marine ou bien pour venir y pêcher à la canne à soutenir ou au lancer, jamais je n’avais pris autant de plaisir à  y venir pour marcher. Pourtant dieu sait, si je marchais aussi, avec mon attirail de pêche à la ligne ou sous-marine, cette dernière toujours rehaussé d’une ceinture de plomb de 9 kg, indispensable à ma flottaison aquatique car habillé de néoprène. Je suppose que l’âge aidant, et par la force des choses, les passions changent avec le temps. Il fut une époque où je prenais plaisir à extraire de leur milieu aquatique si merveilleux, de jolis (et bons) petits poissons, et des moins petits aussi. Mais aujourd’hui cette passion a quasiment disparu au profit de la seule marche à pied. De surcroît, je rechigne désormais à faire mal à la moindre « petite bête », alors à un poisson, je ne sais pas si je pourrais de nouveau ? Cette petite balade a été longue de 3,7 km pour des montées cumulées de 212 m. Le dénivelé très modeste est de 85 m, cette altitude sur la carte IGN étant matérialisée à l’endroit même où se situe le casot cité ci-dessus. En été, et malgré la distance plutôt modeste, il est impératif d’emporter de quoi bien s’hydrater. N'oubliez jamais que ce n’est pas la distance à parcourir qui fait la beauté d’une randonnée mais les beautés que l’on y perçoit et les plaisirs que l’on en retire. Carte IGN 2549 OT Banuyls-sur-Mer  - Côte Vermeille – Col du Perthus Top 25.


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