• Ce diaporama est agrémenté de 4 musiques jouées à l'harmonica qui sont successivement : "Michèle" par Robert Jassen, puis "A Star Is Born Theme", "Emmanuelle 2' et "Ben" par The London Starlight Orchestra.
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    Je ne compte plus le nombre de fois où dans ce blog, j’ai évoqué la carrière de talc de Caillau et pourtant, en y regardant de plus près, je me suis aperçu que jamais je ne vous l’avais faite découvrir, ni dans un article, ni dans aucune de mes photos. Alors, avec cette petite balade à partir du Col de Jau (1.506 m), je répare cette lacune mais je l’avoue c’est un peu le hasard qui l’a voulu ainsi. En effet, en ce jour de janvier superbement ensoleillé, Dany et moi, nous étions partis avec l’idée première de faire l’ascension du « Pic Dourmidou en raquettes » mais si le soleil était très présent ce jour-là, sans doute l’avait-il été suffisamment les jours précédents pour qu’il n’y ait plus aucune trace de neige ni au sommet et encore moins sur ses flancs. En effet, quand nous arrivâmes au Col de Jau, notre objectif du jour ressemblait plus au pic débonnaire et pelé qu’on a l’habitude de voir en plein été qu’à cette grosse coupole blanchâtre où nous étions déjà venus faire des raquettes lors d’hivers précédents et qu’on est en droit d’attendre un 22 janvier ! Il faut reconnaître que voir le sommet de Dourmidou avec ses 1.843 mètres d’altitude ainsi que ses flancs sans la moindre plaque de neige est assez rarissime en cette saison pour être signalé. Depuis Perpignan, le déplacement jusqu’au Col de Jau étant conséquent et l’heure étant déjà bien avancée, il était donc important de prendre une décision rapide quand au choix à retenir : soit nous grimpions au Dourmidou sans raquettes, excursion qui ne semblait pas avoir la faveur de Dany soit nous options pour une autre solution. C’est ainsi qu’a germé le projet d’aller balader jusqu’à la carrière de talc de Caillau. Cette idée de découverte étant aussitôt entérinée, nous avons harnaché nos sacs à dos et avons pris immédiatement la piste forestière qui file en direction du refuge. Connaissant le parcours et la faible distance à parcourir, je savais que nous pourrions flâner plus que de raison et c’est donc avec un train de sénateur que nous partîmes à la découverte de l’ancienne carrière. Cette agréable flânerie à travers la superbe forêt de Lapazeuil fut, il est vrai, encore très ralentie par les nombreuses et importantes plaques de glace qui recouvraient la piste dans les endroits les plus ombragés. Plus nous avancions vers le refuge et plus les parties gelées et parfois même enneigées se faisaient plus courantes et pénibles d’autant que nous n’avions pas de crampons à glace sous nos chaussures et que nous avions cru bon de laisser nos raquettes dans le coffre de la voiture. Sur ce terrain extrêmement glissant, il nous fallut trois quarts d’heures pour atteindre le refuge dont je gardais personnellement un excellent souvenir pour y avoir séjourné en 2007 lors de mon inoubliable Tour en solitaire du Coronat. Je garde encore en mémoire et je dirais presque en bouche, les succulentes lasagnes qu’Armelle nous avait confectionnées ce soir-là et je me souviens en souriant avoir peu dormi à cause des ronflements assourdissants de mes compagnons de chambrée. Mais revenons à notre balade pour dire que la suite de notre marche en forêt ne fut guère meilleure même s’il est vrai que le tronçon qui surplombe la magnifique Jasse de Caillau est un peu plus ensoleillé. Plus nous montions vers la carrière et plus les petits névés de glace ou de neige étaient plus nombreux et plus épais. Aussi, avant de quitter la piste et de partir à la découverte de la carrière, nous avons profité d’un coin magnifiquement ensoleillé pour pique-niquer. Quand le casse-croûte fut avalé et l’heure de la visite de la carrière de talc arrivée, Dany trouva que le sentier qui y mène était bien trop verglacé et donc dangereux pour poursuivre. Nous avons bien tenté d’y accéder par les hauteurs en poursuivant la piste mais la carrière est inaccessible car elle a été complètement grillagée par mesures de sécurité. Laissant Dany au soleil, je partis donc tout seul à la découverte de la vieille carrière en longeant le petit ruisseau qui semble y prendre sa source en hiver. Ce ru parait finir sa course un peu plus bas dans la rivière de la Castellane. J’ai donc tenté l’aventure en suivant le filet d’eau dont les berges étaient de vraies patinoires et j’ai fini par atteindre l’ancienne mine d’extraction à ciel ouvert qui en cette saison, ressemblait à un véritable petit glacier. En voyant ce modeste cirque terreux jonché de rochers, de pierres, de bois et de glace, je ne pus m’empêcher de penser à un sérac en miniature tels qu’on peut en voir au pied de certains grands glaciers alpins. Devant ce décor âpre et difficile, on comprend mieux pourquoi, l’exploitation n’était possible qu’à partir des premiers beaux jours. Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’évoquer dans ce blog, la carrière de talc de Caillau a toujours été étroitement liée avec le Domaine de Cobazet (*), situé un peu plus bas. Ici la société Chefdebien a commencé à extraire de la stéatite en 1885 mais il semble que le filon était déjà parfaitement connu et exploité bien antérieurement. La stéatite est une roche tendre composée presque essentiellement de talc, talc qui une fois mélangé à du sulfate de cuivre donne de la sulfostéatite cuprique. Cette poudre fabriquait dans l’usine Gibraltar de Prades était plus connue sous le nom de « Bouillie catalane » ou « Poudre Chefdebien ». Autant dire qu’à la fin du 19eme siècle, cette poudre tombait à pic, car en 1879, le mildiou de la vigne venait juste d’être identifié pour la première fois dans le vignoble bordelais. Cette poudre eut donc ses grandes heures de gloire car elle était censée lutter très efficacement contre le mildiou de la vigne et autres maladies cryptogamiques en général. Toutes ces informations, je les ai recueillies sur Internet dans la très intéressante Histoire de Mosset. Cette Histoire nous apprend que le talc aurait été exploité jusqu’à l’année 1972 et l’ensemble des activités de l’usine s’arrêta définitivement en 1975. Au cours de toutes ces années d’extraction, le transport du talc a été effectué de diverses manières vers des lieux de cette belle montagne qui sont devenus aujourd’hui des objectifs de balades. J’ai déjà eu l’occasion d’en décrire quelques-uns dans mon blog. Outre Caillau où se trouvent la carrière et l’ancienne maison des mineurs, aujourd’hui transformée en refuge pour randonneurs, le nom de ces lieux déjà décrits sont Canrec, Cobazet, Estardé et les cols de Tour ou de las Bigues. En effet, depuis la carrière, le talc traversait le superbe forêt de Canrec puis via le col de Tour partait jusqu’au lieu-dit Cobazet où se trouve la métairie. Ensuite via le col de Las Bigues, le talc filait jusqu’à Estardé où se trouvait une gare de transit. Depuis Estardé, le talc était ensuite acheminé vers Campôme à l’aide de bennes suspendues à des câbles. A Campôme, des charrettes tirées par des chevaux amenaient le talc jusqu’à la fabrique de poudres de Prades. Tous les moyens de transports ont été bons, mules, chevaux, bœufs, hommes, charrettes, mais très rapidement, un petit train tracté par une locomotive Decauville fit le trajet entre Cobazet et Estardé, puis la ligne fut mise en service jusqu’à la carrière. Au fil des années, le Baron de Chefdebien puis ses successeurs tentèrent de moderniser les infrastructures pour gagner du temps et transporter plus de minerais et ainsi d’autres moyens de transports plus récents et plus rapides furent mis en service. A Cobazet, on éleva de grands pylônes et par des systèmes de bennes suspendues à des câbles, le talc était descendu beaucoup plus rapidement vers la vallée de la Castellane au lieu-dit la Farga de Dalt (la Forge Haute). Là, le talc était réceptionné et des camions l’amenaient à l’usine de Prades. C’est ainsi que très rapidement la Gare d’Estardé ne servit plus à rien, tomba en désuétude et très rapidement en ruines. Quand on vient à la carrière de Caillau et dans ces lieux en général, il faut avoir une tendre pensée pour tous ces hommes et toutes ces femmes qui ont travaillé dur et qui ont vécu cette difficile aventure de l’exploitation du talc. Il y eut une main d’œuvre très diverse (mineurs, cheminots, jeunes volontaires, prisonniers de guerre, immigrés,etc…)  et si vous avez envie d’en savoir plus, je vous recommande vivement la lecture des excellents récits de Monsieur Jean Llaury et de certains de ces collègues que vous trouverez dans plusieurs numéros du Journal de Mosset- JDM (Histoire de Mosset). Si comme moi et sans être un vrai spécialiste de la minéralogie, vous aimez bien garder quelques  "souvenirs" de vos balades, ici à la carrière de Caillau, vous pourrez, outre la stéatite, trouver quelques minéraux intéressants. Après la découverte de la carrière que je vous conseille d’approcher à une autre saison que celle que j’avais presque involontairement choisie, il suffit de reprendre le même chemin jusqu’au col de Jau. Selon mon GPS, cet aller-retour fait moins de 10 kilomètres pour un modeste dénivelé de 120 mètres. Si malgré mes conseils, vous devez y aller en hiver, comme ce fut le cas pour nous, pensez à vous munir de crampons à glace et éventuellement de raquettes si la neige est abondante. Monsieur Llaury et ses collègues proposent une autre balade en boucle pour se rendre à la carrière de Caillau et ils semblent d’ailleurs conseiller le printemps comme meilleure saison, car selon eux une magnifique flore très variée y est présente dans l’amphithéâtre même de la mine à ciel ouvert. Alors patientez encore un peu, le printemps arrive  ! Carte IGN 2249 ET Font-Romeu et 2248 ET Axat-Quérigut Top 25.

    (*) Si l'histoire du Domaine de Cobazet vous intéresse, cliquez ici.


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    Ce diaporama est agrémenté de 4 chansons interprétées par Alain Bashung. Elles ont pour titre : "Les Mots Bleus" de Christophe avec Armand Amar, "Madame Rêve""Vertige de l'Amour" et "Osez Joséphine".
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    Avec les Pyrénées-Orientales, ce qu’il y a de bien, c’est que quelque soit la région vers laquelle on se tourne, il y a presque toujours des collines ou des montagnes à gravir. Alors quand on est randonneur et qu’on habite la plaine de ce beau département, on a cette chance inouïe de n’être qu’à quelques kilomètres de magnifiques régions montagneuses que sont le Vallespir, le Conflent, les Aspres, les Fenouillèdesles Corbières sans oublier bien sûr le Capcir et la Cerdagne qui constituent les prémices de la longue chaîne pyrénéenne. Mais géographiquement, la plus proche et la plus orientale des montagnes pyrénéennes c’est le Massif des Albères dont les premiers vrais contreforts démarrent du côté du Cap Cerbère et du Cap Creus au fond d’abyssaux canyons. Alors, les crêtes des Albères, où je vous amène marcher aujourd’hui, présentent cette particularité de laisser entrevoir des panoramas à couper le souffle tant vers la Grande Bleue que vers les Pyrénées et ça, il faut le reconnaître, peu d’autres régions offrent l’opportunité de tels regards à la fois si proches sur la mer et sur la montagne. Le Puig Sant-Cristau ou Pic Saint-Christophe (1.015 m) que nous allons gravir à partir de Saint-Jean d’Albère, mais qui est également accessible depuis Montesquieu-des-Albères ou Villelongue-dels-Monts, permet de telles vues même s’il est vrai qu’une partie d’entre-elles sur la Méditerranée est obstruée par le Pic Néoulous tout proche qui, avec ses 1.256 m constitue le point culminant du massif. Mais n’ayez aucune crainte, la mer vous la verrez quand même et si en plus le temps est très beau et clair, c’est une immense partie de la fantastique cambrure du Golfe du Lion que vous apercevrez au bout de la Plaine du Roussillon qui démarre ici, aux pieds même des Albères. Pour cela, il faut d’abord laisser sa voiture à L'Albère, minuscule hameau blotti au milieu des chênes lièges où l'église Saint-Jean est le monument essentiel. Là, on commence par emprunter la D.71 vers l’ouest sur 400 à  500 mètres environ. On ignore le panneau Coll Sant-Joan mais on ne doit pas louper celui indiquant le Col de Llinas à 1h20 de marche. C’est un très mauvais sentier, caillouteux plus qu’il ne faut qui démarre et monte rudement en se faufilant au milieu d’une végétation typique du piémont méditerranéen où les taillis de chênes verts prédominent. Mais si vous vous intéressez à la flore et que vous prêtez attention, vous constaterez qu’une variété extraordinaire d’arbustes et de plantes prolifère dans cette luxuriante végétation : arbousiers, buis, cistes, romarins, genêts, ajoncs, bruyères, euphorbes, fougères, sauges, ronces, menthe, fragon, aspérules, genévriers, hellébores, etc.… mais aussi quelques arbres plus élevés comme le bouleau blanc, le chêne-liège ou pubescent.  Le sentier, lui, balisé en jaune mais originalement enrichi parfois de quelques cailloux suspendus au bout d’une cordelette, s’est bougrement amélioré et finit pas atteindre le superbe dolmen de Na Cristiana, plus communément appelé ici Balma de Na Cristiana. De cette sépulture, les spécialistes prétendent qu’elle serait, avec son immense table de gneiss reposant sur sept autres dalles plantées dans le sol, un des plus beaux dolmens du département. Après quelques photos sous toutes les coutures de ce superbe monument mégalithique, on poursuit le sentier qui, brusquement s’entrouvre sur un magnifique Canigou enneigé et une Espagne bleutée, mais aussi,  sur le Perthus et son fort de Bellegarde, le Massif des Salines tout proche, les Aspres et une immense portion du Vallespir. On finit par atteindre un abri pastoral en surplomb de la forêt où plus aucun arbre ne vient contrarier la vision de ces merveilleux panoramas. De manière surprenante, le sentier redescend quelques temps mais c’est d’abord pour filer en balcon et mieux remonter vers le col de Llinas qui l’on aperçoit entre deux promontoires rocheux. Le col est vite atteint et depuis cette vaste esplanade herbeuse le regard bascule sur l’immensité de la mer Méditerranée où l’horizon se perd dans un bleu infini. A nos pieds, c’est le Roussillon qui déroule sa vaste plaine que seules les Corbières arrêtent au loin, vers le nord. Avant de repartir, on remarque une borne marquant le col et surtout un mur agrémenté de deux cavités que l’on pourrait prendre pour des fours. En réalité, il s’agit de soutes à munitions qui datent de la guerre franco-espagnole de 1793 à 1795 que l’on connaît ici sous le nom de guerre du Roussillon ou des Pyrénées et plus généralement de guerre de la Convention car elle oppose le Royaume d’Espagne commandé par le général Antonio Ricardos à le France révolutionnaire de la Convention Nationale. Les Espagnols, eux, l’appelèrent la « Guerra Gran ». En réalité, cette guerre ou plutôt ces guerres mirent aux prises un grand nombre de nations car même si elle fut entamée en avril 1792 par les révolutionnaires français qui voulaient exporter leurs idées vers d’autres pays, nombreux furent les royaumes et duchés européens qui virent d’un mauvais œil les profonds bouleversements que la Révolution Française de 1789 avaient engendré. Tous les pays n’entrèrent pas en même temps dans le conflit mais néanmoins, cette alliance composait des royaumes d’Espagne, de Sardaigne et des Deux-Siciles, du Portugal, des Pays-Bas, de Grande-Bretagne, de Prusse et de l’archiduché d’Autriche, on l’appela la Première Coalition. Ici, à ce col de Llinas situé au pied du Puig Sant-Cristau, vous êtes sans doute peu nombreux à imaginer qu’il s’agit d’un haut-lieu stratégique de ce qu’on a appelé improprement la deuxième bataille du Boulou et dont la France est sortie définitivement vainqueur. En effet, en avril 1794, le général Dugommier est convaincu que pour battre les Espagnols, il faut encercler leur quartier général du Boulou. Pour cela, une seule stratégie, s’emparer du Puig Sant-Cristau pour redescendre sur l’autre versant des Albères. Les Espagnols cantonnés au Boulou n’imaginent pas cette stratégie mais vont néanmoins avancer et se battre farouchement à Montesquieu-des-Albères et c’est là, que le plus fort de la bataille aura lieu le 30 avril et le 1er mai. Les Espagnols sont repoussés et vaincus, mais comme ils ont délaissé le Puig Sant-Cristau, Dugommier envoie le général Pérignon s’en emparer, le but de cette manœuvre étant d’acheminer de nombreuses pièces d’artillerie et de nombreux bataillons puis de redescendre de l’autre côté de la vallée, du côté du Perthus et des Cluses, pour prendre à revers et encercler les forces militaires espagnoles cantonnées au Boulou. L’autre objectif, bloquer toute tentative de retraite et couper les liaisons avec la garnison du Fort de Bellegarde situé au dessus du Perthus. Aidé par le général Augereau qui va s’occuper de l’autre flanc du côté des Aspres et de Céret, le plan ainsi élaboré va fonctionner à merveilles et sera un vrai succès car les Espagnols seront mis en déroute. Le Fort de Bellegarde que l’on aperçoit depuis ces crêtes, lui, ne sera repris qu’en septembre après quatre jours de siège. Cette victoire scella définitivement le sort des Espagnols offrant ainsi une victoire éclatante aux forces révolutionnaires. La guerre entre les deux pays se termina par le Traité de Bâle de 1795 qui vit la soumission de l’Espagne mais également de la Prusse. Seuls le Portugal, la Grande-Bretagne et l‘Autriche restèrent en guerre contre la France. Voilà pour l’Histoire avec un grand « H » de ce lieu qui a vu des milliers d’hommes des deux camps y laisser très courageusement leurs vies pour, il faut le dire, un piètre résultat si ce n’est celui de préserver les mêmes frontières que celles du Traité des Pyrénées de 1659. Pour la petite histoire, celle de cette jolie randonnée, j’ai délaissé le petit sentier qui monte rudement vers le col de la Branca et j’ai préféré emprunter la piste bien plus « cool » qui monte en zigzaguant jusqu’à ce même col et se poursuit jusqu’au pied du Puig Sant-Cristau. En montant, vous remarquerez deux autres soutes à munitions et sur la crête et au pied du pic, un vaste terre-plein herbeux construit sur un très haut soubassement de pierres sèches. Cette plate-forme présente l’avantage de vues sur les deux versants et a sans doute servi à installer les nombreuses pièces d’artillerie que les hommes du général Pérignon avaient eu la force et l’audace de monter jusqu’ici. Le sommet du pic Saint-Christophe est occupé par une chapelle rustique, par les ruines d’un vieux « castell » dont les premiers textes en mentionnent la présence au XIeme siècle et d’autres ruines dont on dit qu’elles seraient celles d’une ancienne tour à signaux. On profite largement du panorama à 360° pour effectuer une pause ou mieux, avaler un pique-nique bien mérité. Après cette découverte du pic avec vues sur des paysages époustouflants, on poursuit notre boucle en suivant le balisage jaune qui descend en dessous de la chapelle et file côté est sur des crêtes rocheuses souvent déchiquetées. La suite est d’une grande simplicité dans la mesure où on ne perdra pas le fil du balisage. Au col de la Font, on peut écourter cette balade en empruntant un sentier qui descend à Saint-Jean en 40 minutes. Moi, j’ai poursuivi tout droit car mon intention était d’atteindre également le sommet du Puig d’Orella ou Pic d’Aureille (1.031 m), histoire de rallonger quelque peu cette courte mais sportive randonnée et de crapahuter une peu sous les hêtres et les pins Laricio de cette splendide forêt domaniale des Albères. J’ai longé la crête par les cols de Baladre et de Sant-Joan pour finalement atteindre le sommet juste avant qu’un groupe de randonneurs n'envahisse ce joli belvédère. Le temps d’engloutir un autre sandwich en observant de nouveaux panoramas dont quelques uns superbes sur Saint-Jean d’Albère et sur le Néoulous enneigé et me voilà parti sur un agréable sentier qui descend vers le Roc del Grévol. Etroite, la sente se faufile au milieu de fougères presque aussi hautes que les petits arbres d’une jeune sapinière où j’entends caqueter des coqs de bruyère sans avoir pour autant le chance de les apercevoir. Au roc, on retrouve une piste forestière, qui par la gauche, nous ramène sans soucis au col Sant-Joan où un petit sentier mal débroussaillé au début descend vers Saint-Jean d’Albère. Attention, dans cette descente balisée en jaune, n’allez pas trop vite, à la fois car elle est par endroits un peu laborieuse mais aussi pour ne pas perdre de vue les marques de peinture jaunes pas toujours évidentes à repérer. Le sentier débouche à l’ouest du village sur la D.71 qu’il faut emprunter sur 600 mètres environ pour retrouver sa voiture. Cette randonnée telle que décrite ici est longue de 14 kilomètres pour un dénivelé de 500 mètres environ. En raison des sentiers parfois très caillouteux et difficiles, il est fortement recommandé d’y venir randonner avec de bonnes chaussures de marche bien crantées. Carte IGN 2549 OT Banyuls Top 25.

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    Ce diaporama est agrémenté de 3 chansons interprétées par Claude Nougaro et extraites de son album posthume "La Note Bleue". Elles ont pour titre : Les Chenilles, Autour de Minuit, l'Espérance en l'Homme.

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    Vous allez certainement vous dire que je ne quitte plus le pays Fenouillèdes car après l'époustouflant Pic de Vergès, le retour dans le temps à la Tour de Lansac, me voilà désormais au ravissant hameau de Vira pour une petite balade qui s'appelle "Aux portes de Boucheville". Autant le reconnaître, ce jour-là, Dany et moi, nous n'étions pas vraiment partis  là-bas dans cette grandiose et superbe forêt de Boucheville pour faire une véritable randonnée car notre objectif principal était d’abord d'aller cueillir du houx pour préparer le marché de Noël de notre village. Le résultat de cette agréable cueillette étant de constituer de jolis bouquets au profit de l'Association des Chats d'Oc de Saint-Estève, association qui avec beaucoup de persévérance et de courage vient en aide à nos animaux de compagnie depuis de nombreuses années. Le temps très doux de ce joli jour de décembre et l’occasion faisant le larron, nous avons donc joint l'utile à l'agréable. Et quand, je dis agréable, cet aspect-là des choses n'a pas consisté seulement à marcher, à pique-niquer et à ramasser du houx car il y a eu d'autres moments bien délicieux au cours de cette petite balade. En premier lieu, quand nous avons laissé notre véhicule à l’entrée du hameau, un gentil chien est venu d’emblée nous faire des fêtes. Allez savoir pourquoi, nous l’avons presque immédiatement appelé « Virus ». Sans doute, à cause du nom du village « Vira » mais aussi peut-être parce qu’il était collant et aussi difficile à se débarrasser qu’une maladie virale. Virus a commencé par nous suivre jusqu’à la place principale où, depuis que j’avais effectué une jolie boucle à la « Source des Verriers », je savais à l’avance que je trouverais d’autres panonceaux de randonnées. Effectivement, trois panneaux sont là pour donner le départ vers la Source des Verriers, le Sentier botanique de Vira et enfin notre randonnée du jour : « Aux Portes de Boucheville – 5,3 km – 1h50 – dénivelé 230 m ». Bizarrement et avant même que l’on emprunte le bon itinéraire, notre ami Virus, à la fois canin et câlin est déjà là à attendre dans la bonne direction comme s’il savait déjà quelle balade nous avons choisie. En tous cas, lui est bien décidé à venir en balade avec nous et quant on passe devant « La Claire Fontaine » en empruntant le « Chemin des Pradillets », Virus a déjà pris 20 mètres d’avance et il nous attends assis sagement sur son arrière-train avec un petit air qui semble vouloir dire : « Eh les amis, il faudrait voir à accélérer un peu le pas ! » Arrivé près d’un bel oratoire, il a déjà tourné à droite et il va en être ainsi tout au long du parcours car s’il y a une réelle évidence, c’est celle de constater que Virus connaît pas cœur cet itinéraire « Aux Portes de Boucheville ». Il faut reconnaître qu’en suivant Virus, Dany et moi ne trouvons pas utile de suivre les marques peintes en jaune pourtant parfaitement présentes et visibles. Virus, lui, suit son propre balisage jaune, celui de ses traces d’urine qu’il laisse à tous bouts de champ et à intervalles réguliers en levant la patte. Le chemin s’élève bien vite et laisse entrevoir des vues magnifiques sur Vira mais aussi bien plus loin, vers les blanches Corbières et les 1.230 mètres de son point culminant le Pech de Bugarach, véritable mastodonte de calcaire vu d’ici. Mais étonnamment, c’est un autre sommet, le Sarrat Naout qui semble bien moins haut qui attire nos regards. Pourtant, point culminant lui aussi mais des Fenouillèdes cette fois, avec ses 1.310 mètres de hauteur, le Sarrat Naout n’a rien à envier au Bugarach et il domine remarquablement le paysage de son dôme roussâtre qui se dévoile au bout du sentier. Plus loin, c’est le Pech de Fraissinet qui découvre sa protubérance pelée telle une grande baleine à bosse qui flotterait sur un immense océan végétal. Après les pluies torrentielles des derniers jours, les abords du chemin sont de véritables champignonnières naturelles mais dommage car la plupart des champignons sont soit déjà véreux soit dangereux et inconsommables. Avec deux gros lactaires délicieux et deux gros bolets dont un excellent « bleuissant » trouvés dans la forêt, nous aurons plus de chance en début d’après-midi mais l’heure du pique-nique est déjà venue au grand dam de Virus qui se demande bien pourquoi tout à coup on s’arrête. Lui qui sans cesse marche avec 20 ou 30 mètres d’avance mais reviens aussitôt vers nous quand il nous perd de vue, accomplissant ainsi plusieurs fois le parcours, cette fois, il ne comprend pas cette halte impromptue. Il aboie, part en courant puis revient, dodeline de la tête comme pour nous dire : « eh que faites-vous, il faut y aller, c’est par là ! ». Puis il s’arrête et nous regarde de son air désabusé, surpris de nous voir nous installer sur la pelouse d’une clairière ensoleillée. Mais quand on sort les casse-croûtes, Virus n’est pas si bête que ça  et il comprend vite que s’il veut sa part de la collation, il a tout intérêt à venir s’allonger entre nous deux. Mais Virus, même en jouant les mendiants avec ses faux airs de chien battu, est bien difficile à contenter car quand on lui tend un morceau de notre sandwich, il délaisse le pain et préfère sans contestation aucune le jambon, le saucisson et le pâté. L’après-midi, nous reprenons la piste forestière qui zigzague dans une belle hêtraie où les vestiges de quelques cortals finissent de tomber en ruines. Si les hêtres déjà bien dégarnis de leurs feuilles sont les plus nombreux, quelques derniers feuillages d’autres essences luttent encore pour le titre de la plus belle couleur d’automne. Quand aux quelques pins et autres conifères, ils sont parfois les terrains de jeux de quelques écureuils joueurs, malicieux et très difficiles à photographier. Pour trouver du houx aux superbes boules rouges que nous sommes venus chercher, il nous faudra néanmoins sortir un peu des sentiers battus. Virus, lui, continue à nous montrer la route et s’agace de nos volte-face incessantes quand on se met en quête de chercher des champignons ou bien du houx ou quand je cours avec mon numérique derrière un écureuil. Puis, Virus repart de la plus belle des manières et semble apprécier quand on retrouve le parcours dont il connaît l’itinéraire aussi bien que le bout de sa « truffe ». A l’approche d’un joli chalet de bois, Virus part dans le pré comme s’il connaissait très bien les lieux mais ce dernier étant vide de tout occupant, il se ravise et reprend la course en avant de sa « folle » chevauchée dans la descente qui mène directement vers l’aire de pique-nique et le sentier botanique tout proche. Situé à moins de 200 mètres, on peut aisément coupler la découverte du sentier botanique de Vira à cette courte randonnée. A cette intersection de plusieurs chemins et après avoir retrouver le bitume sur quelques centaines de mètres, on va très rapidement le délaisser à nouveau en s’élevant parallèlement à la route forestière qui arrive directement de la Source des Verriers et descend vers le village. Nous, du village, on va en avoir une ultime et magnifique vue aérienne sur ce dernier tronçon du parcours qui, au travers d’un chemin parfois haut ou parfois creux, encadré qu’il est de terrasses de pierres sèches, nous emmène illico à Vira. Au village, Virus retrouve un petit dogue, bon pote à lui semble-t-il et ils vont finir ensemble et sans problèmes nos restes de casse-croûtes.  Mais quand l’heure de reprendre la route a sonné, c’est avec un petit pincement au cœur que nous regardons Virus courir derrière notre voiture en aboyant comme s’il voulait nous dire : « Revenez, ne partez pas, revenez !!! ». Ah, si nous n’avions pas tant de chats et si tu n’avais pas un gentil maître qui te laisse tout le loisir de gambader, nous aurions bien aimé t’adopter affectueux et attachant Virus ! Et puis Virus, il faudra bien que tu continues à montrer le chemin à tous ces futurs randonneurs qui viendront effectuer cette jolie randonnée qui figure en bonne place dans le guide « 34 randonnées en Agly-Verdouble » ? Pause pique-nique et recherches incluses, nous avons mis trois heures pour accomplir cet agréable circuit « Aux Portes de Boucheville ». Il s’adresse à tout le monde et peut-être l’occasion d’une agréable sortie familiale où jeunes et moins jeunes y trouveront leur compte. Carte IGN 2348 ET Prades - Saint-Paul-de-Fenouillet Top 25.


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  • Ce diaporama est enjolivé avec 3 chansons interprétées par Gilbert Bécaud qui ont pour titre : "Et Maintenant", "Je reviens te chercher" et "C'est En Septembre".
     
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     Les deux randonnées étant suffisamment courtes et faciles pour pouvoir être accomplies en une seule journée, cette jolie balade à la Tour et au Roc de Lansac, je l'avais jumelée avec la dernière décrite dans mon blog, celle qui m’avait amené en cet agréable dernier jour de novembre au Pic de Vergès et à Saint-Arnac. Mon idée première avait même été de les accomplir toutes les deux d'une seule traite mais c'était sans compter sur les nombreuses pancartes d'interdiction de la carrière de feldspath de Lansac, carrière qui, en outre, avait dévoré une bonne partie du chemin balisé qui fait le lien entre les deux villages. C'est donc une balade en boucle à part entière à la Tour et au Roc de Lansac que je vous conte ici. Cette jolie balade s'appelle "Au chant du coq" et si les historiens avaient disposés de suffisamment de documents d’époque nécessaires au recoupement des mêmes thèses, l’éternelle querelle entre allégation légendaire et fait historique aurait cessé depuis longtemps. En la circonstance, l’Histoire d’ « Au chant du coq de Lansac » aurait pu peut-être ressembler à celle que je vous relate ci-après dont l’essentiel, je l’affirme, à part quelques références historiques dont je ne sais si elles sont vraies ou fausses, est sorti de ma seule imagination personnelle :  "Joan était un gamin  de 13 ans et comme il le faisait souvent, il était parti chasser à l’arc avant même le lever du jour sur un des serrats qui domine son village de Lanciano (Lansac à l’époque médiévale) . Soudain, il aperçut du côté du col de l’Auzine, une importante troupe de soldats se dirigeant droit vers le petit hameau. Pour gagner du temps, il emprunta plusieurs raccourcis puis tout en dévalant le dernier talus, il essaya de se souvenir de ce qu’il avait vu afin d’en faire part aux doyens du village. Joan avait vu de nombreux archers et fantassins mais aussi quelques cavaliers, mais ce qui l’avait effrayé par-dessous tout, c’était cet horrible lion rugissant, gueule grande ouverte avec d’impressionnantes griffes ornant un étendard rouge. Cet effroyable drapeau qu’un chevalier en armure brandissait bien haut, flottait dans le vent et à chacune des rafales, le lion argenté semblait vouloir donner de violents coups de dents et de griffes à un ennemi invisible ayant l’audace de l’affronter. Joan coupa à travers champs et commença à prévenir au passage les premiers villageois rencontrés. C’est donc un petit attroupement qui se forma rapidement au centre du hameau où Joan raconta rapidement son histoire car le temps était compté avant l’arrivée des soldats. Quand Joan rajouta qu’un autre cavalier tenait un étendard blanc orné d’une croix et que plusieurs soldats arboraient fièrement cette même croix sur leur poitrine, les plus érudits du village comprirent immédiatement à qui ils avaient à faire : c’était Simon de Montfort et ses mercenaires, anciens croisés de Jérusalem dont la principale mission était désormais de combattre les hérétiques. Convaincu que le Pays Fenouillèdes était devenu un repère de cathares, Simon de Montfort n’avait de cesse de massacrer avec zèle les villageois languedociens hébergeant des « Albigeois» et des « Parfaits ». Il y a quelques années, un prédicateur était passé à Lanciano mais depuis le hameau vivait paisiblement et personne n’hébergeait de cathares. Mais comme les carnages perpétrés par Simon de Montfort se faisaient souvent sans raison apparente, les plus anciens connaissaient le danger qu’il y avait à s’exposer à cette troupe et ils prirent immédiatement la résolution de quitter le village pour se rendre à la vieille tour carolingienne toute proche. Pendant que les habitants partaient se cacher dans la forêt et la tour, Joan décida de poursuivre jusqu’à sa chaumière située en dehors du village pour prévenir ses parents. Après avoir visité de fond en comble la petite masure, il dut se rendre à l’évidence, ses parents avaient été avertis et n’étaient déjà plus là. Au moment même où Joan était sur le point de sortir de la maison, il entendit le bruit des galops d’un cheval. Alors, pris de panique, il descendit se réfugier dans la cave où il trouva comme seule cachette un petit tonnelet de vin à moitié plein. Il s’introduisit dans le tonneau et se mit aussitôt à frissonner car le vin était très froid mais ses tremblements redoublèrent quant il entendit clairement le bruit très lourd des solerets de mailles retentir sur le plancher puis sur les marches de l’escalier de bois menant à la cave. Au moment même où il tentait de maîtriser sa peur, quelqu’un souleva la petite barrique et Joan comprit parfaitement qu’il montait, lui aussi, avec elle dans les airs. A cet instant, Joan entendit distinctement un coq se mettre à chanter à tue-tête dans le lointain puis ce fut les exhortations d’un homme qui criait : « Enric laisse tomber le vin ! Enric pose ce tonnelet et vient avec moi, Simon nous réclame auprès de lui ! ». Le tonnelet se mit à rouler et Joan s’immobilisa avec lui. A la fois étourdi par les vapeurs du vin et les culbutes qu’il venait d’effectuer, Joan attendit qu’un silence absolu se réinstalle avant de risquer un œil à l’extérieur. Quand le bruit des sabots des chevaux cessa et que seuls les cocoricos continuaient à retentir dans le lointain, Joan poussa le couvercle et sortit de la barrique. Il n’y avait plus personne dans la cour de la ferme et seules quelques poules picoraient comme à leur habitude. Tout à coup, le chant incessant du coq fut couvert par des clameurs qui venaient de la tour et de la forêt. Il s’agissait clairement de bruits de combats mais surtout d’hurlements de souffrance, de braillements et de plaintes d’hommes et de femmes que l’on martyrisait. Apeuré et pris de spasmes incontrôlables, Joan quitta sa maison et partit se cacher dans un fossé à l’abri d’une haute haie où il se mit à grelotter d’effroi. Il resta ainsi plusieurs heures à écouter le vacarme de la bataille qui se déroulait non loin de lui. Puis quand le silence s’installa, Joan comprit, que le pire qu’il avait tant voulu éviter,  était malheureusement arrivé. Se croyant désormais seul au monde, il se mit à gémir et à pleurnicher mais quand il vit les cavaliers suivis des soldats passer sur le chemin, il comprit immédiatement que son salut passait par la discrétion et il s’arrêta immédiatement de pleurer. Le lendemain, il se décida à sortir de sa retraite où il avait passé toute la nuit. Il retrouva avec joie et soulagement son père Matèu assis sur le perron de la maison mais ce dernier, la tête enfouie dans les mains était entrain de pleurer lui aussi. Matèu savait déjà qu’il était un des rares à avoir survécu au massacre perpétré par Simon de Montfort mais quand il constata que Joan était vivant lui aussi, il le serra très fort et longuement dans ses bras en remerciant le ciel. Mais Matèu continuait à se lamenter en disant : « Jamais, je n’aurais du accepter que ce maudit coq nous suive quand nous nous sommes enfuis avec ta mère », puis il rajoutait : « si ce satané coq ne s’était pas mis à chanter, les soldats auraient passé leur chemin et tout ça ne serait pas arrivé ! » puis culpabilisant, il ne cessait de répéter « c’est ma faute et celle de ce damné coq si ta mère est morte et avec elle tous les gens du village » puis serrés dans les bras l’un de l’autre, ils pleurèrent longtemps la perte de l’être cher.  De temps à autre, Matèu se mettait à vociférer : « il faut que je le retrouve ce coq et je vais lui faire la peau ». A intervalles réguliers, le coq chantait encore sur les hauteurs de Lanciano et Joan dit alors à son père : «  Non, papa, je vais aller le chercher et je vais le ramener vivant, car à moi, il m’a sauvé la vie ce coq ! ». Joan raconta l’histoire du tonnelet à son père qui comprit que le coq n’était pour rien et que seule la fatalité était imputable à cette tuerie perpétrée par Simon de Montfort et ses hommes. Le coq par fidélité avait suivi son maître comme il avait pris l’habitude de le faire depuis que Matèu l’avait élevé alors qu’il n’était encore qu’un minuscule poussin. Ce matin-là, le coq  avait suivi Matèu dans la forêt jusqu’au fortin mais les autres jours, c’était dans les champs de céréales ou bien dans les collines arides qu’ils avaient pris la marotte d’arpenter ensemble.  Et puis, n’était-il pas naturel pour un coq de s’époumoner au lever du jour ? Joan partit chercher le coq du côté de la tour à signaux que les soldats avaient complètement disloquée et ruinée. Les portes étaient béantes et les murs étaient désormais écroulés. Tout autour, le sol était jonché, de toute part, d’une trentaine de corps transpercés de flèches ou mutilés par les fléaux et les lances. Le gallinacé sans doute un peu perdu dans ce décor qu’il ne connaissait pas, chantait toujours dans les parages de la tour. Joan quitta volontiers le macabre fortin bien décidé à mettre le grappin sur le coq. Il le coursa ainsi une bonne partie de la journée puis il finit par l’attraper le soir au sommet du roc dominant Lanciano. Joan, Matèu et quelques survivants n’oublièrent jamais ce jour-là où l’aube avait été si funeste mais ils se remirent à travailler leurs lopins de terre comme ils l’avaient toujours fait auparavant. L’existence ne fut plus jamais la même mais le hameau retrouva peu à peu un semblant de vie antérieure... égayait aux aurores, comme depuis toujours, par les chants harmonieux d’un coq." Voilà, à de nombreux détails près, ce qu’aurait pu être la « chronique historique » de la Tour ruinée et de ce « Chantecler » de Lansac dont les chants matinaux auraient été la perte des habitants du hameau, exterminés par Simon de Montfort et ses soldats. Quand vous partirez faire cette agréable balade, vous emprunterez la rue des Vignes qui vous fera sortir du village avec le Roc face à vous et la Tour déjà visible sur votre droite. Arrivés près d’une citerne à demi enfouie, vous tournerez à droite en direction du cimetière et vous remarquerez peut-être les premières traces jaunes du balisage. Face à l’entrée du cimetière, ce balisage devenant plus précis grâce à un panonceau « Au chant du coq » orné notamment du dessin d’une tour, sans doute commencerez-vous à marcher moins idiots que j’ai pu le faire moi-même, ignorant tout de cette histoire, le jour de ma propre balade. Si vous avez lu ma « nouvelle », vous randonnerez certainement avec le souvenir de Joan et des habitants de Lansac fuyant le hameau devant la horde sanguinaire de Simon de Montfort. Inutile de presser le pas comme l’avait fait les villageois car la route bitumée qui domine Lansac laisse rapidement la place à une piste terreuse qui entre dans la forêt incitant à la flânerie et à la cueillette des innombrables champignons. La tour à signaux reste quelques minutes dans la ligne de mire, puis quand l’itinéraire se faufile en sous-bois, elle disparaît pour quelques temps. Même en arrivant au collet de la cote 364 où pas moins de trois panneaux indicatifs ont été érigés sur des poteaux, on aura l’impression que la tour de Lansac, elle, s’est définitivement volatilisée. Cette intersection à la cote 364, c’est bien celle que j’aurai du rallier en venant du Roc de Vergès par la carrière de feldspath. Le chemin zigzague mais la tour, elle, joue « l’Arlésienne » un bon moment encore et quand elle finit par réapparaître, on a l’impression qu’on va l’atteindre sans tarder mais on se trompe et quelques virages en pente douce s’élèvent encore avant de la rejoindre. Un panonceau est enfin là : «  Tour de Lansac » et « Roc de Lansac - 1h A/R ». Les vues depuis la tour sont superbes sur le village, ses alentours et tous les paysages faisant face au versant nord de la colline. La tour, bien que grandement ruinée, présente encore quelques jolis pans de murs encore debout. L’Histoire raconte qu’elle aurait été construite au temps de Charlemagne qui voulait sécuriser la région qu’il venait de conquérir. D’autres historiens prétendent qu’elle daterait du XIeme siècle seulement, elle aurait donc été bâtie du temps où les comtés et vicomtés se partageaient sans cesse et sans vergogne le pays Fenouillèdes. Bâtie sur un plan rectangulaire et sans doute bien plus haute qu’on peut l’imaginer aujourd’hui, elle aurait été construite sur plusieurs niveaux, sans doute trois ou plus en comptant bien sûr le rez de chaussée. Il suffit pour s’en convaincre d’observer les différents emplacements aujourd’hui vides des poutres qui soutenaient les planchers dont certains sont encore hauts mais d’autres sont désormais situés au niveau du sol. Les pierres constituant le sommet et la couverture sont donc tombées au centre de la tour et ont comblées celle-ci. En raison de son élévation et au regard de sa situation géographique situé au sommet de ce minuscule inselberg de granite, ce petit donjon a servi sans doute pendant plusieurs siècles de « farahon », ces tours à signaux qui reliées à d’autres tours ou forteresses féodales de la région permettaient, grâce aux feux et aux fumées, de communiquer mais surtout de signaler l’arrivée d’un éventuel agresseur. Ici, on peut aisément supposer que cette Tour de Lansac aurait pu être utilisée comme un relais entre d’autres tours, de petits « castellas » ou des châteaux plus importants, tous ces édifices médiévaux étant légion dans le secteur : Prats, Fenouillet, Rasiguères, Quéribus, Peyrepertuse, Trémoine, Triniach, la Torre del Far, Força Réal, etc.….Après cette jolie découverte historique chargée d’Histoire, on poursuit vers le roc mais là, le parcours change du tout au tout et devient un peu plus accidenté. C’est d’abord, un grillage que l’on longe sur quelques mètres et qui est là, pour éviter aux randonneurs de chevaucher de bien trop près la crête de cette falaise, sans doute, trop fragilisée par les tirs de mines successifs. Puis, toujours bien balisé, à la fois de coups de peinture jaune et de multiples cairns, le sentier se fraye un chemin au milieu des rochers et des racines des différents arbrisseaux qui composent la végétation : chênes verts, buis, chênes kermès, et genévriers essentiellement. Le Roc est un peu comme la Tour, on pense l’avoir atteint avant de s’apercevoir qu’il est toujours plus loin. Heureusement, sur ce versant de la colline, les panoramas sur le lac de Caramany et le Massif du Canigou enneigé sont tels qu’on finit par oublier que l’on doit y monter. Enfin, un nouveau panonceau boulonné à même la paroi rocheuse nous signale néanmoins sa proximité imminente et à partir de là, le sommet est vite escaladé. De là, c’est une vision circulaire qui s’entrouvre et dont on a du mal à se détacher tant les panoramas sont infiniment merveilleux. Il faut néanmoins repartir par le même chemin jusqu’au panonceau boulonné dans la paroi. Ici, deux choix s’imposent aux randonneurs : soit ils effectuent en sens inverse, l’itinéraire déjà emprunté indiqué comme le plus facile soit ils choisissent Lansac par la boucle. C’est pour ce dernier sentier que j’ai finalement opté et j’avoue ne pas l’avoir regretté tant il est guère plus difficile que l’autre et permet d’avoir d’autres regards sur le parcours effectué et notamment sur la barrage de Caramany. On notera au passage et à même le sentier, de très jolies roches sédimentaires rouges et roses de type poudingues, incrustées de pierres de différentes couleurs. On pourra même, si on le souhaite, rallonger un peu la balade, en poussant jusqu’au pied de la Serre d’Augé et en empruntant la piste de la Tartarouse pour rentrer. Dans les deux cas, on rejoint très rapidement Lansac soit en retrouvant la petite route du cimetière puis la rue des Vignes soit la D.79 à hauteur d’une aire de pique-nique. En raison du terrain caillouteux et des nombreux éboulis jalonnant le parcours, de bonnes chaussures de marche sont fortement recommandées. En été, et même si le parcours est plutôt court, il sera nécessaire d’emporter suffisamment d’eau. IGN 2448 OT Thuir – Ille-sur-Têt Top 25.

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    Ce diaporama est agrémenté des 3 chansons de Jean-Jacques Goldman. Elles ont pour titre : "Quand La Musique Est Bonne""Au Bout de Mes Rêves" et "Je Te Donne" avec Michael Jones.
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    picvergesign
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    Si je vous dis qu’il s’agit d’un pic à 584 mètres d’altitude et que pour y accéder, vous n’aurez guère plus de 250 mètres de dénivelé à accomplir et si, j’ajoute que de son sommet, on a en supplément des panoramas incroyablement époustouflants sur notre beau département et bien plus loin encore avec notamment des vues superbes sur un magnifique lac bleuté, vous allez me dire : « Non, ce n’est pas possible, il s’agit d’une arnaque ! ». Eh bien oui, ce pic existe bel et bien et ici la seule arnaque, c’est le nom du village, point de départ de cette jolie petite randonnée au Pic de Vergès que je vais vous décrire. Ce village s’appelle Saint-Arnac et si je reconnais que le mot « arnaque » peut paraître ici un peu excessif, il faut tout de même savoir qu’il y a néanmoins une « belle » supercherie quant on sait qu’aucun saint du nom d’Arnac n’a jamais existé. En effet, le village doit essentiellement ce nom-là à la transformation très arbitraire et purement phonétique du nom originel qui en occitan se prononce « çantarnac ». En réalité, si j’en crois les historiens, le village s’appela d’abord Villare Centernaco (an 899) tiré sans doute du nom de la première famille ayant occupée les lieux puis au fil des différentes invasions et occupations, cette appellation se modifia quelque peu (villa Sent Ernach en 1137, puis Sanctum Arnachum en 1214, Sent Arnach en 1395) jusqu’à devenir Centernach ou Centernac en catalan. Au 13eme siècle, période où le hameau fut sous le contrôle de l’Ordre des Templiers du Mas Deu, le nom de Centernach, on le retrouve associé à un prénommé Pierre, précepteur chargé de percevoir les redevances pour le compte de la communauté templière. Mais comme à l’époque, il était coutumier d’accoler le nom du village au prénom du frère qui était chargé de la gestion de la maison templière rien n’explique cette francisation du nom de Centernach en Saint-Arnac intervenue, elle, plusieurs siècles plus tard, au 17eme exactement. Voilà pour « l’arnaque » mais c’est la seule car la balade au Pic de Vergès, elle, mérite vraiment le détour. Moi, c’est tout à fait par hasard, que j’ai découvert les panonceaux relatifs à cette jolie balade ; tout autant qu’on puisse appeler « hasard », le Tour des Fenouillèdes pédestre, que j’ai réalisé en septembre dernier avec mon fils. Cinq jours de marche au cours desquels, nous avons amplement pris plaisir à découvrir cette belle région trop méconnue sans doute et que j’aurais l’occasion de vous décrire d’ici quelques temps sur mon site perso Internet. La balade au Pic de Vergès étant plutôt courte, plutôt que de démarrer de Saint-Arnac, j’avais décidé de partir du Col de Lacroux, juste au dessus du village, là même où passe le GRP Tour des Fenouillèdes et où j’avais découvert les panneaux indiquant le Pic de Vergès quelques mois auparavant. Mon idée première était de monter au pic le matin et de me rendre ensuite d’une seule traite mais l’après-midi, à la Tour et au Roc de Lansac, tout proches. La « chose » me semblait parfaitement concevable et réalisable à l’analyse que j’avais faite de la carte IGN,  mais, c’était sans compter sur l’impressionnante carrière de feldspath dont les exploitants ne semblent avoir cure des différents sentiers de randonnées. En effet, sans parler des multiples interdictions, cet itinéraire de randonnées pourtant parfaitement surligné sur les cartes et balisé sur le terrain a été en partie détruit par les bulldozers puis ensevelis sous les tonnes de gravas et les énormes magmas rocheux déversés par d’énormes camions style « Monsters Trucks » mais en bien plus gros. Alors, il est vrai que mon GPS aidant et si j’avais fait preuve à la fois de bravade et de ténacité, j’aurais pu réaliser le parcours initialement prévu mais le côté « galère » de cette « marche forcée »,  allié aux mesures de prudence répétées de la mine à ciel ouvert m’en ont dissuadé. Je n’ai pas eu à le regretter puisque ce contretemps m’a permis d’effectuer une petite boucle et d’aller ainsi découvrir le charmant village de Saint-Arnac que je ne connaissais pas et pour cause, puisque le Tour des Fenouillèdes évite le hameau en passant juste au dessus. Il faut le dire, la visite fut plutôt expéditive car le vieux village est minuscule et on en a vite fait le tour : quelques agréables petites ruelles, l’église du XIIeme siècle dédiée à Saint-Pierre avec une horloge assez insolite, la place principale « Pierre de Centernach » avec une jolie fontaine de 1881 et l’originale devanture de la cave vinicole dont le nom de « Préceptorie de Centernach » est un hommage certain rendu à l’Histoire du village en général et aux Templiers en particulier. C’est à peu près tout. Je ne vais pas vous décrire en détail le parcours que j’ai réalisé car il s’agit simplement d’une courte portion du GRP Tour du Fenouillèdes balisé en jaune et rouge qui part du Col de Lacroux, retrouve un peu plus loin le petit PR qui lui arrive du village et monte directement au Pic de Vergès. Si je ne vous décris pas mon parcours, c’est parce qu’il ne s’agit pas de l’itinéraire le plus logique qui lui part du village près d’un bel oratoire. Comme d’habitude, je joins à cet article, les tracés sur la carte IGN et un diaporama photos qui peuvent être des assistants précieux au parcours que vous souhaiterez accomplir. Toutefois, sachez que quelque soit le tracé que vous effectuerez, celui partant du village ou bien le mien, ici tout est parfaitement balisé, signalé, indiqué et pour atteindre le sommet de cette « serre » de granite, il vous suffira de suivre les nombreux panonceaux puis les innombrables marques jaunes peintes sur les pierres ou les arbres, tout au long du chemin. La piste que j’ai prise est intéressante car elle domine en permanence le village avec de très jolies vues presque de tous côtés, avant même d’arriver au sommet. Le vaste lieu-dit dominé s'appelle Lassaldou dont la toponymie m'échappe encore. On peut néanmoins imaginer que cette appellation serait l'association de "lassal" ou "la sala" signifiant "demeure seigneuriale" et de "dotz" qui est une "source" voire un "canal", le tout tiré de l'occitan. Une maison seigneuriale avec une source ou un canal a-t-elle existé ici ? Ce n'est pas impossible au regard de l'Histoire que l'on connaît. L’approche du pic de Vergès est courte mais pas toujours évidente à cause des éboulis caillouteux et de la déclivité très pentue du sentier où pour cette raison des escaliers de rondins ont été parfois disposés pour en faciliter l’ascension. Sur la fin, il faut s’aider autant des mains que des pieds pour parvenir au sommet. Mais avant de l’atteindre et par mesure de sécurité, des câbles ont été disposés aux endroits les plus risqués mais finalement peu dangereux pour peu que l’on prête un minimum d’attention et qu’on ne soit pas considérablement sujet aux vertiges. On continue de grimper quelques roches et un sentier encore caillouteux pour atteindre, tout près du sommet, de vieilles ruines, sans doute « pastorales », du temps où les bergers venaient faire paître leurs troupeaux sur cet étonnant belvédère. Puis au sommet, on y remarque aussi une petite plate-forme faite de quatre carrelages dont l’emplacement m’a laisser penser qu’elle avait pu servir à installer des appareils d’optique ou de mesures puis, juste à côté, une rudimentaire table d’orientation où les noms des lieux ont été grossièrement gravés à même la petite dalle cimentée. Plus loin, une petite borne géodésique ainsi qu’une plaque de l’Institut Géographique National démontrent l'intérêt que ce sommet a eu pour les géographes. Difficile de vous décrire la beauté des panoramas que l’on a depuis le pinacle du Pic de Vergès, chacun appréciant les paysages de sa propre façon et parfois, selon son humeur du moment. Moi, dans le silence ambiant que seul le vol d’une compagnie de perdreaux est venu troubler un court instant, je me suis assis et me suis mis à casser la croûte.  Puis, tout en dévorant mes sandwichs, j’ai tenté, dans un premier temps, de retracer le parcours que j’avais effectué avec mon fils, il y a quelques mois, en réalisant cet inoubliable Tour des Fenouillèdes. D’ici, le petit hameau de Trilla, départ de notre première étape, semblait complètement perdu au cœur d’un vaste plateau verdâtre, puis le sentier escaladé se terminait au sommet de la Sarrat de l’Albèze et du regard, je ne pouvais pas poursuivre plus loin l’itinéraire emprunté. Alors, j’ai légèrement tourné la tête sur la droite et j’ai aperçu très loin, presque à l’horizon, les collines dénudées que nous avions arpentées entre Eus et Sournia lors de la 2eme étape et qui servent de frontière entre pays Conflent et Fenouillèdes. Un peu devant, j’en étais déjà au début de la troisième étape qui nous avait emmené au dessus de Prats-de-Sournia dans cette merveilleuse et grandiose forêt de Boucheville dont nous avions mis une journée toute entière à traverser pour déboucher finalement au col de Tulla, au pied du Pech de Fraissinet et de La Pelade. D’ici, cet énorme mamelon à la fois aride et boisé semblait fermer l’extrémité de l’étonnant synclinal de Saint-Paul. Là, je n’ai plus pu tourner la tête à droite sans me déplacer. Alors, assis sur la borne géodésique qui matérialise le sommet du Pic de Vergès, j’ai tourné mes fesses vers le nord-ouest en direction des Corbières mais surtout du Pech du Bugarach dont nous avions tant apprécié les alentours verdoyants lors de la quatrième étape. Puis, toujours du regard, je me suis mis en grimper à nouveau les flancs débonnaires du Roc Paradet et là, de nouveau, j’ai perdu le fil d’Ariane de mon itinéraire imaginaire car les collines calcaires dominant Lesquerde obstruaient ma mémoire. Je brûlais les kilomètres et j’étais déjà là, au pied du Pic de Vergès sur cette piste bitumée qui surplombe d’un côté, les toitures rougeâtres de Saint-Arnac et de l’autre, les carrières blanchâtres de Lansac. Là, je fis quelques pas en arrière pour me remémorer les difficultés que nous avions rencontrées pour gravir les éboulis de la petite Serre de Cors avec nos sacs à dos bien trop lourds. Puis, après un nouveau demi-tour fessier, j’ai repris ma marche en avant vers le sud, pour finalement observer les reflets argentés du superbe et longiligne lac de Caramany. La rivière Agly qui remplissait le lac m'entraîna vers le merveilleux aqueduc romain d’Ansignan. Je me souvenais que nous avions baigné nos pieds endoloris et surchauffés dans les eaux fraîches du canal avec délectation. Je me souvenais aussi de la traversée dAnsignan et des Albas puis de la montée du petit Roc de Terre Blanco où nous avions, à la fois, tant soufferts des kilomètres déjà accomplis, de la forte chaleur et du manque d’eau dans l’ascension finale. En regardant vers Trilla, le souvenir de cette longue boucle de 5 jours et de cette 5eme étape du Tour des Fenouillèdes ; ou Vadrouille dans le fenouil comme je l'avais appelé ; se refermèrent conjointement. Assez bizarrement, je pris conscience que cette évocation des 5 jours de marche venait de me prendre que 5 minutes,  Il ne me resta plus qu’à lever les yeux au ciel et vers les cimes enneigées du Canigou pour finir en beauté ce périple. Voilà tous les paysages que j’ai vu des hauteurs du Roc de Vergès, mais si vous y allez, vous y verrez sans doute bien d’autres décors tant la vision porte bien plus loin que les limites d’un « simple » souvenir aussi beau avait-il été. Mais que voulez-vous, ce Tour des Fenouillèdes accompli avec mon fils ce fut pour moi, un vrai Tour du bonheur ! Alors monter au Pic Vergès et me remémorer tout ça le fut encore ! Carte IGN 2448 OT Thuir – Ille-sur-Têt Top 25.

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    metairie-cobazetign

    Une fois encore, c’est à partir de mon village fétiche d’Urbanya que je vous propose cette belle et longue balade à la Métairie de Cobazet (*). Cobazet est un lieu magnifique avec son pasquier entouré de superbes forêts, mais le corps de ferme, lui, est un bâtiment privé qui ne se visite pas. Alors, on y va uniquement pour le plaisir des yeux et celui de se retrouver pour pique-niquer dans un cadre enchanteur et verdoyant. Sur les pancartes qui délimitent le domaine forestier privé, appartenant désormais à la société Groupama, il est écrit « Cobazet » mais  sur certains documents, vous trouverez parfois les noms de « Coubazet », « Coubezet » ou « Covazet ». Sur de vieilles cartes IGN la désignation de « Covaset » est parfois présente et sa toponymie ne fait aucun doute, si je la traduis par le patronyme des « Sept cavernes » ou des « Sept grottes ». En effet, en catalan, une « cova » est une caverne ou plus simplement une grotte et « set » c’est tout simplement le chiffre « sept ». Alors, si je crois savoir qu’à proximité de la Métairie, plusieurs avens ont été découverts, j’ai également appris qu’ils auraient été obstrués depuis, sans doute par mesure de sécurité. Mais je l’avoue, je n’en sais guère plus car je ne suis ni géologue et encore moins spéléologue. Alors, en ce magnifique samedi d’automne, mais où la chasse était malheureusement ouverte, plutôt que de prendre le risque de partir en forêt à la recherche d’hypothétiques cavités, j’ai préféré ce jour-là, marcher gentiment sur des pistes forestières, sous un ciel cristallin et en écoutant fébrilement les détonations des fusils et les aboiements des chiens. Cela a largement suffit à mon bonheur. Le départ d’Urbanya est identique à celui que j’avais décrit dans un article précèdent consacré au Pic de Portepas, mais avec une différence importante, c’est que nous allons cette fois-ci poursuivre le Tour du Coronat jusqu’au col de Tour ou del Torn (1.536 m). Ce col, qui est à la croisée de multiples chemins, nous allons tout simplement le traverser en ignorant toutes les autres pistes ou sentiers qui partent à droite ou à gauche. D’ailleurs, et même si aucun balisage ne le laisse supposer, ni sur le terrain ni sur les cartes, cet itinéraire, c’est toujours celui du Tour du Coronat qui se poursuit jusqu’à Llugols, Conat, Jujols, Nohèdes et finit par faire le tour de ce joli massif. Lors d’une autre randonnée à la Gare d'Estardé, j’ai déjà évoqué l’exploitation du talc et bien il faut savoir que ce trajet n’est autre que celui qu’empruntait au temps jadis, la petite locomotive « Decauville » tractant quelques wagonnets remplis de minerais en provenance de la carrière de stéatites de Caillau. La Stéatite, c’est le nom d’une la roche très tendre essentiellement composée de talc mais ce fut aussi le nom que l’entreprise « Decauville » donna à la petite locomotive. Pour ne pas marcher idiot, avant même cette randonnée, je me suis intéressé à l’Histoire de ces lieux et c’est ainsi que j’ai appris que cette carrière de talc appartenait, tout comme la Métairie de Cobazet et 1851 hectares de la montagne de Mosset, au Baron Fernand de Chefdebien. En juin 1884, il venait d’en faire l’acquisition aux enchères effaçant ainsi le passif de 367.400 francs d’un certain Rémy Jacomy. Ce Rémy Jacomy était bien connu dans notre beau département puisqu’il était le principal maître de forges des Pyrénées-Orientales et le fondateur de plusieurs sociétés métallurgiques et minières. Il détenait lui-même tous ces biens pour les avoir achetés en 1860 au précédent propriétaire, un certain Monsieur Jean Aymar Delacroix, Marquis d’Aguilar, descendant des derniers seigneurs de Mosset. Mais pour en revenir à notre randonnée, si vous prêtez attention et sans parler des vestiges de quelques infrastructures de l’exploitation du talc dont les murs encore debout sont parfaitement visibles à Cobazet, vous remarquerez par endroits et sur la gauche du chemin, le terre-plein qui supportait la voie dont les rails de 60 cm de largeur en faisait à l’époque un des chemins de fer parmi les plus étroits de monde. Certaines ruines et vestiges sont enfouies sous la végétation, mais en cherchant bien, il est possible de  retrouver quelques vieux souvenirs, wagonnets, bouts de câbles ou de tôles, machines rouillées par le temps, clous ou bouts de ferrailles divers de cette aventure industrielle. J’ai appris que les premiers rails furent posés en 1886 entre la carrière de Caillau et la gare d’Estardé sur une longueur de 13 kilomètres environ. L’activité s’arrêta lors de la guerre de 1914 et les installations furent démontées pour les besoins de l’armée. Après la guerre, l’activité redémarra de plus belle, toujours équipée de la petite locomotive. Dans les années 30, l’activité atteint son apogée. Il faut dire que tous les moyens étaient bons pour faire du rendement, réduire les distances et par là même les délais. C’est ainsi qu’à Cobazet, on éleva un pylône de plus de 36 mètres de hauteur pour la mise en œuvre d’un téléphérique dont les wagonnets descendaient directement vers une forge de la Vallée de la Castellane, distante de 2 kilomètres seulement. C’’était toujours ça de gagné par rapport à l’éloignement que constituait un passage par le col de Jau ou la gare d’Estardé ! Au fil du temps, les vieilles charrettes tirées par des « percherons » amenant le talc à l’Usine Chefdebien de Prades furent remplacées par des camions. Plus tard, la vieille « Steatite » fut remplacée par un locotracteur électrique car les équipements, train et téléphérique, servaient bien sûr pour le talc mais également aux autres activités de Cobazet en particulier (balles de foin, produits agricoles, etc.…) et de la montagne en général (grumes de bois, matériels de scieries, etc.…). En 1943, plusieurs groupes de maquisards vont investir ce secteur de la montagne. Bien qu’étant indépendants les uns des autres et sous la direction de différents chefs, l’Histoire retient tous ces groupes sous la dénomination commune de « Maquis du Col de Jau ». Certains de ces groupes vont se former autour des sites miniers et agricoles de Caillau et Cobazet et avec la bienveillance du directeur et du contremaître de l’entreprise Chefdebien, de nombreux résistants, S.T.O et guérilléros espagnols vont être planqués au sein même des différents bâtiments. Vers 1950, avec des moyens plus modernes et plus rapides pour transporter directement le talc depuis la carrière jusqu’à l’usine de Prades, le petit train, devenu obsolète, s’arrêta définitivement et l’ensemble du matériel ferroviaire fut voué au ferraillage. L’activité industrielle qui, à partir du talc, consistait à fabriquer de la « Poudre Chefdebien », espèce de « bouillie bordelaise à la sauce catalane » censée combattre le mildiou et les autres maladies de la vigne, se poursuivit jusqu'au début des années 70. L’activité s’arrêta définitivement sans doute par manque de profitabilité, car il faut savoir que la carrière de Caillau étant située à 1.600 mètres d’altitude, les ouvriers ne pouvaient pas raisonnablement travailler les mois d’hiver dans la montagne enneigée. La bâtisse de Caillau qui avait servi de baraquement pour les ouvriers de la carrière fut transformée en 1984 en refuge pour randonneurs. Voilà pour l’histoire tumultueuse de ce joli coin de montagne désormais redevenu paisible et silencieux or mis quand les chasseurs sont de sortie. Quand on arrive à Cobazet depuis le col de Tour, les vues se dévoilent magnifiquement vers le Col de Jau, sur la Vallée de la Castellane, sur l’ensemble des montagnes environnantes (Madres, Bernard Sauvage, Dourmidou, Serra d’Escales, Roussello, etc.…) et sur l’immensité des superbes forêts où en automne les teintes des feuillages des différentes essences s’entremêlent et créent un véritable océan végétal aux couleurs chatoyantes. Mais l’image la plus belle est sans doute cette vue dominante depuis le chemin et par-dessus les sapins, de la métairie elle-même. Avec ses grands murs blancs, la grande bâtisse contraste étonnamment avec son pré verdoyant, ses grands cèdres sombres et ses pins noirs qui l’entourent et ce lavis de montagnes roussâtres qui ferme l’horizon. Même si en automne, on ne peut pas resté insensible aux couleurs de la forêt, c’est à mon goût au printemps et en été, quand la luminosité atteint son zénith, que les prés et les chemins se parent de mille fleurs, que Cobazet incarne un des plus beaux décors naturels qu’il m’a été donné d’observer lors d’une randonnée. Sur le coup de midi quand le vacarme des armes et des chiens a cessé et que le calme est revenu, j’ai aperçu une biche. Immobile, elle semblait m’observer avec ses grands yeux et au fond de moi, je me suis dit qu’elle avait beaucoup de chance que je ne sois qu’un « chasseur d’images » ! Après cette jolie vision, j’en ai profité pour casser la croûte avec devant les yeux ce panorama prodigieux sur le pasquier de Cobazet. Puis pour trouver un peu de repos, je suis parti m’allonger sur une pelouse non loin de la métairie. Un daguet est passé à toute vitesse sans me voir brisant furtivement le silence de cathédrale dans lequel j’avais sombré. Il a sauté les clôtures du pré où paissaient d’énormes taureaux puis a disparu dans la forêt. C’est marrant car en regardant ces puissants taureaux, je me souvenais avoir lu dans l’Histoire de Mosset sur Internet, qu’au 19eme siècle, les taureaux de Cobazet participaient déjà à des concours de beauté. Du coup, ils étaient très appréciés de tous les éleveurs du coin qui n’hésitaient pas à envoyer leurs plus belles vaches et génisses pour la reproduction. En observant ces puissantes bêtes, j’ai immédiatement pensé que si l’industrie minière du talc et du fer avait périclité, cette tradition pastorale, au moins, avait l’air de s’être perpétuée dans le temps. En début d’après-midi, la nature ayant complètement repris sa quiétude et ses droits, je me suis remis en route, moins anxieusement que le matin, et j’ai eu la chance d’observer deux chevreuils qui, il est vrai, paraissaient un peu désorientés et méfiants par les battues du matin. Cette méfiance ne m’a pas permis de les photographier comme je l’aurais voulu mais pour moi, c’était déjà un grand bonheur en soi d’avoir pu les observer encore debout sur leurs quatre pattes. Après la Métairie de Cobazet, le chemin à prendre est celui qui descend à gauche du grand pré. Il passe au milieu des clôtures, tourne à droite en continuant de longer le pacage et entre dans la forêt en direction de la Coma d’en Beget. Au premier carrefour suivant, on poursuit tout droit la piste DFCI N°C052. Cette piste monte légèrement et permet d’apprécier de splendides vues lointaines sur une belle partie du Conflent, ses crêtes frontières avec le pays Fenouillèdes et toute la Plaine du Roussillon. A nos pieds, s’étale l’éblouissante forêt du domaine. Si le temps est clair, c’est la Méditerranée qui par endroits se dessine à l’horizon. Puis à l’approche du Col de les Bigues (des Vigues), le Canigou apparaît majestueux derrière la modeste Serrat Grand et le clairsemé Bois d’Estardé. Au col, si tous les sentiers et chemins qui descendent vers Urbanya sont débroussaillés (ça arrive !), vous aurez l’embarras du choix. Moi, j’ai voulu changer un peu et j’ai, cette fois-ci, emprunté un large chemin qui file à droite, en dessous et parallèlement à celui qui retourne vers le col de Tour. Bordé de clôtures, il faut l’emprunter sur 750 mètres environ en regardant en permanence le côté gauche afin de remarquer un petit sentier caillouteux qui descend perpendiculairement au premier en suivant lui aussi une autre clôture. Le retour vers Urbanya est d’une simplicité enfantine puisqu’il suffit pour rejoindre le village de longer cette longue clôture. Avec plus de 2 kilomètres, cette descente va vous paraître sans doute bien fastidieuse mais sachez que ce petit sentier qui longe par la gauche le Ravin du Correc del Menter (Manté),est, lorsqu’il est bien débroussaillé, le plus court et le plus rapide itinéraire pour retrouver sa voiture. Depuis le parking d’Urbanya situé à 856 mètres d’altitude, il faut estimer cette boucle à une vingtaine de kilomètres environ. Le point culminant de cette randonnée étant le col de Tour à 1.536 m c’est un dénivelé de 680 mètres que l’on accomplit en réalisant ce magnifique et très facile circuit. Bien que la plupart des randonneurs soient attentifs à l’égard de la nature, dans le cas de Cobazet, il n’est peut-être pas inutile de rappeler qu’ici on traverse une propriété privée et qu’il faut être respectueux des lieux mais aussi des consignes et interdictions mentionnées à l’entrée du domaine. Lors des périodes de chasse, il est fortement recommandé de revêtir un gilet de sécurité fluo comme en portent eux-mêmes les chasseurs. Cartes IGN 2348 ET Prades-St-Paul-de-Fenouillet puis 2249 ET Font-Romeu-Capcir Top 25.
     
    (*) Si l'histoire de Cobazet vous intéresse, cliquez ici.

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  • Ce diaporama est agrémenté de divers morceaux de rock interprétés par Gary Glitter dont les célèbres "Rock and Roll Part 1 & 2".
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     Il y a une année environ, j’avais relaté dans un article de mon blog, une jolie petite randonnée à l’Estany del Clot depuis le hameau de Nohèdes. Cet « estany », petit étang de l’Enclos en français, est en réalité une retenue artificielle dont, peu de gens le savent, l’origine remonte au 19eme siècle, période où les premiers ingénieurs hydrauliciens des Ponts et Chaussées étaient à la recherche des lieux les plus propices à l’édification de barrages. A l’époque, ces ingénieurs arpentant ce merveilleux Massif du Madres-Coronat avaient remarqué depuis longtemps qu’il y avait trois petits lacs blottis au pied d’anciens cirques glaciaires de cette belle montagne. Dans ces lacs, si on y captait leurs eaux depuis quelques temps déjà grâce à de rudimentaires canaux d’irrigations, il paraissait évident que la construction d’un barrage eut été largement préférable. Ces lacs, que les nombreuses légendes désignent comme « Les Palais des Démons », sont des réserves d’eau naturelles, qu’ici on appelle « gorgs » ou parfois « gourgs ». Ils ont pour noms, Gorg Estelat, Gorg Blau et Gorg Negre et que l’on traduit naturellement en lac Etoilé, lac Bleu et lac Noir mais plus communément on les appelle lacs de Nohèdes et Bleu pour les deux premiers et lac d’Evol pour le dernier. Après des études topographiques poussées, ces ingénieurs en avaient conclu que si un barrage il devait y avoir, le meilleur emplacement se situerait sur les « jasses » en aval du lac de Nohèdes et bien sûr, ce fut quelques années plus tard la naissance de l’Estany del Clot et celle de la Centrale hydroélectrique de Nohèdes. Pour la petite histoire, la boucle est bouclée mais pour notre randonnée vers tous ces jolis lacs, car c’est bien de ça qu’il s’agit cette fois-ci, tout reste à faire et la virée sera longue et sportive (environ 19 à 20 km pour un dénivelé de 1.020 mètres). Alors, nous allons tenter de la raccourcir un peu et contrairement, à notre première balade où nous avions démarré de Nohèdes, nous allons cette fois-ci, traverser le hameau, poursuivre sur la droite de la route en direction de la centrale hydroélectrique et continuer la piste jusqu’à Montailla. Ce lieu-dit, on ne peut pas le louper car outre quelques séculaires maisons, il y a juste avant d’ y arriver un grand hangar en bardage métallique. On pense souvent à tort que le pastoralisme de nos montagnes a quelque peu disparu mais en réalité, il a simplement évolué et les corrals de pierres, que l’on voit très souvent en ruines, ont laissé la place à des bergeries bien plus modernes. Pour ne rien gâcher, celle-là est tenue au demeurant par un couple de bergers très sympathiques comme nous avons pu nous en rendre compte au retour de notre longue randonnée grâce à une invitation impromptue mais ô combien cordiale. Non, ce jour-là, nous avons constaté de visu que dans ce coin de montagne, le pastoralisme n’était pas mort car outre les nombreux cheptels de bovins et l’agréable visite de la bergerie, nous avons assisté avec un réel ravissement au retour de transhumance de deux troupeaux qui redescendaient des « plas » et des « jasses » de cet admirable massif. Mais revenons à nos moutons ou plutôt quittons-les pour préciser que si vous voulez démarrer cette belle randonnée depuis la bergerie de Montailla, la piste possédant par endroits quelques ornières et de nombreux nids de poules, il sera préférable d’avoir un véhicule un peu haut sans qu’il soit nécessaire pour autant de posséder un 4x4. A partir de là, vous n’aurez aucune difficulté à retrouver le petit sentier balisé en jaune, qui nous avait précédemment mené à l’Estany del Clot, premier des trois lacs que nous allons découvrir aujourd’hui. Il faut le préciser aussi, nous avons choisi de faire l’impasse sur le minuscule Gorg Blau, qui n’est pas inintéressant en soi au regard de son décor et de sa beauté mais qui présente l’inconvénient d’un aller-retour assez fastidieux au milieu de notre boucle déjà bien longue. Le sentier se chemine tout en sous-bois dans la belle hêtraie et retrouve un peu plus haut la piste forestière non loin de la Font de la Pèga. Après quelques raccourcis, on délaisse cette portion du Tour du Coronat qui file au Col du Portus (on revient par là !) et la piste va nous amener sans problème soit sur les rives de l’Estany del Clot, si vous avez choisi cette option, soit en surplomb même de ce petit étang bleuté en direction du Gorg Estelat. Avec des panoramas sublimes sur l’estany, le ténébreux Coronat et le vallon de Nohèdes, cette large piste zigzague sur les pentes plus ou moins pelées du Pic de la Rouquette pour se terminer au Pla del Mig. Même si quelques grands rapaces planent sans cesse au dessus de vos têtes, n’ayez pas trop la tête en l’air, car ici, il est impératif de faire attention au balisage et aux cairns pour emprunter un minuscule sentier qui monte à droite et évite ainsi de se retrouver dans un cul de sac que constitue le Pla del Mig et son refuge de bergers. Après un « bon » dénivelé tout en balcon au dessus des enclos de ce replat, on finit par atteindre un grand plateau où l’on coupe un autre sentier  intitulé « Col du Portus par le Canal de Jujols ». Ici, il faut savoir qu’au début du 19eme siècle, les courageux Jujoliens avaient, pour alimenter leur village en eau, conçu un canal essentiellement construit en lauzes qui reliait le Gorg Estelat au village de Jujols distant de 16 kilomètres. Un sentier suit quasiment ce canal, depuis Jujols jusqu’au lac et peut représenter lui aussi une très belle idée de randonnée. Sur ce Pla del Gorg, à ne pas confondre avec le Pla des Gourgs situé beaucoup plus haut sur les crêtes, on continue à surveiller le balisage jaune, parfois difficile à distinguer, car ici le décor est surtout constitué de prés aux herbes hautes, de pelouses inondées par des tourbières, de petits ruisseaux ramifiés et à l’approche et en bordure du Gorg Estelat, d’une jolie forêt de pins à crochets. Dans son somptueux écrin boisé et rocheux, terrain de jeux de nombreux isards et mouflons, le Gorg Estelat est avec ses rives sableuses, ses eaux limpides aux reflets argentés où cabotent d’énormes truites, un magnifique petit lac de montagne. Ici, un peu de repos et le pique-nique sont toujours les bienvenus après tous les efforts consentis pour réaliser les 870 mètres de dénivelés déjà accomplis. Le lac est superbe en toutes saisons mais il faut néanmoins le découvrir en été quand ses berges sont parsemées de rhododendrons et de genêts en fleurs. Les divers tons de verts de la végétation associés aux touches de roses et de jaunes qui se reflètent dans le bleu des eaux calmes sont un véritable chef d’œuvre coloré qu’on ne se lasse pas de contempler. Avant de repartir, vous vous demanderez sans doute pourquoi on lui a attribué le nom de « lac étoilé » puisqu’il n’en a pas du tout la forme ? Alors parmi deux ou trois interprétations dont certaines tiennent beaucoup plus de la légende, on peut noter celle de l’éminent naturaliste le docteur Louis Companyo qui écrivait en 1861 dans son « Histoire Naturelle du département des Pyrénées-Orientales» qu’il « prend son nom du scintillement des eaux qui semblent animées d'un mouvement vibratoire » ou bien celle du voyageur Victor Dujardin qui écrit en 1891 dans ses « Souvenirs du Midi - Le Roussillon – Voyages aux Pyrénées »« qu’il tire ce nom du reflet de ses eaux, glacées et profondes, qui scintillent au soleil comme des étoiles au firmament ». En arrivant près de l’extrémité est du lac vous aurez inévitablement observé un panonceau indiquant le « Refuge de la Perdiu ». Si comme nous, vous avez décidé de ne pas emprunter la rive sud qui va au Gorg Blau, c’est en direction de ce Refuge de la Perdrix qu’il faut se diriger dans un premier temps. Ce petit abri non gardé du Centre Alpin Français (C.A.F), j’avais eu largement l’occasion de le côtoyer et donc de l’évoquer dans ce blog lors d’une autre belle randonnée au Pic Pelade et à la Coume de Ponteils. De ce panonceau au bord du lac, démarre la partie la plus pentue mais par bonheur très courte de notre balade. On suit toujours le balisage jaune peint sur des rochers et des poteaux, on traverse le bois du Bac del Gorg pour grimper jusqu’aux crêtes de Pinouseil dans un secteur moins boisé qui laisse entrevoir de belles vues sur le lac olivâtre. Quand la crête s’aplanit, on n’hésite pas à se rendre vers son extrémité sud en bordure de falaises afin de profiter des époustouflantes vues aériennes sur le Gorg Negre qui s’offrent aux regards. Dans la démarche de cette belle découverte, on aura, au préalable, observé à la croisée de chemins, deux nouveaux panneaux directionnels, le premier indiquant les Gorgs Estelat et Negre et le second, le Refuge de la Perdiu. On emprunte bien sûr le sentier qui descend vers le Gorg Negre et qui traverse une forêt en partie décimée par on ne sait quelle logique. Tempêtes, pluies acides, sols trop pauvres ou autres phénomènes, je ne saurai vous le dire ? Sur ce flanc-là du Pic de la Creu, tels d’immenses squelettes blanchis par le temps, de nombreux arbres jonchent le sol mais d’autres encore bien debout semblent carrément avoir séchés sur pied. On traverse des pelouses et le balisage jaune pourtant bien présent jusqu’ici finit par se perdre définitivement dans un gros magma rocheux qui jouxte les rives du lac. A cause de ces gros blocs, les berges sont moins accessibles et ce lac est donc pour les randonneurs que nous sommes un peu moins attrayant que le précédent, d’autant qu’il faut le dire la perte du balisage n’incite pas non plus à une flânerie exagérée. Ce lac, toujours selon le Docteur Companyo, si on l’appelle « Etang Noir » c’est à cause de « la couleur sinistre que reflètent ses eaux, couleur due au creux profond, en forme d'entonnoir, dans lequel il est situé,aux roches noirâtres qui l'entourent et aux pins séculaires qui couvrent la montagne ». Malgré les nombreuses légendes que je ne vais pas vous raconter ici car elles sont bien trop nombreuses mais que vous trouverez aisément sur le Net, le Gorg Negre s’insère pourtant dans un cadre magnifiquement constitué d’un vaste cirque dominé par les crêtes planes du Pla des Gourgs. Il faut avouer que pour avoir cheminé ces crêtes, vu du ciel et avec son bleu profond, le lac d’Evol est bien plus beau quand on le domine de ces hauteurs. C’est la troisième fois que j’arpente ce secteur et la troisième fois que j’y perds le balisage jaune et le tracé pourtant bien présent sur la carte IGN, alors j’en conclu qu’il n’y aurait peut-être plus de balisage jaune ou bien un balisage insuffisamment présent et distinct. Alors si vous n’avez pas de tracé enregistré dans un GPS et si j’ai un conseil à vous donner, c’est celui de rejoindre les Tartères del Gorg et d’emprunter le sentier le plus évident, balisé par endroits de quelques points rouges. Ce sentier démarre non loin de la surverse du lac, suit parallèlement le tracé du petit ruisseau, s’en éloigne quelque peu et après une descente pas toujours évidente à trouver à travers bois finit par atteindre la Jasse d’Evol, zone d’estives plantés de genêts purgatifs rabougris où en général quelques bovins paissent près d’une cabane et d’un enclos. Ici, on retrouve une large piste qui file vers le col du Portus avec des vues étonnantes sur le Mont Coronat, le Puig d’Escoutou et le profond ravin du Pla de la Baillette où coule le torrent Evol. Ce torrent c’est celui que nous avons suivi depuis la surverse pour descendre du lac. Au col du Portus, on délaisse la route bitumée et la Cami Ramader qui filent à droite en direction d’Evol et d’Olette et on emprunte la piste qui descend à gauche vers le Pla d’Avall. Si la boucle se referme là, au panonceau « Gorg Estelat - Coll de Portus » déjà aperçu à l’aller, cette longue randonnée n’en est pas pour autant terminée puisqu’il reste encore plus de trois kilomètres pour retrouver la voiture laissée à Montailla. Comme je l’ai dit plus haut, le soir, nous avons eu l’immense privilège d’être invités par la sympathique bergère de Montailla. Outre le plaisir non dissimulé que nous avions à visiter son outil de travail, si nous l’avons suivi comme des moutons de Panurge jusqu’à l’intérieur de sa bergerie, ou plutôt de sa nurserie, c’est surtout parce que pas moins de 200 bébés agneaux venaient de naître. Nous ne pouvions rêver meilleur final et ce fut un grand bonheur de terminer ainsi cette superbe excursion aux « Palais des Démons ». Vous ne l’aurez peut-être pas remarqué et c’est surtout visible avec des vues aériennes mais tous ces lacs voient certaines de leurs grèves envahies par des algues vertes ou parfois brunes et c’est ce que l’on appelle l’eutrophisation, phénomène lié en général à un apport excessif d’éléments nutritifs. C’est particulièrement visible sur les pourtours nord et ouest du Gorg Negre. Très souvent, l’activité humaine et la pollution peuvent être à l’origine d’une accélération de cette dégradation d’un milieu aquatique mais il peut être aussi un long processus naturel (bois mort, feuilles, animaux, etc…) qui va peu à peu transformer les lacs peu profonds en marécages qui eux-mêmes vont devenir des prairies puis des forêts. Il faut savoir que c’est un processus inéluctable auquel sont voués nos trois objectifs du jour. Alors bien sûr, ce n’est pas pour l’an prochain ni pour les années suivantes, mais d’un autre côté, dites-vous que de les voir encore ainsi dans leur cadre majestueux c’est un privilège et une chance que certains de nos descendants ne connaîtront sûrement pas. Alors, n’hésitez pas y aller pendant qu’il est encore temps ! Pour cette longue randonnée, l’équipement du parfait randonneur est fortement conseillé.  Cartes IGN 2348 ET Prades-St-Paul-de-Fenouillet puis 2249 ET Font-Romeu-Capcir Top 25.

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  • Ce diaporama est agrémenté de la chanson "Les Croix" de Louis Amade et Gilbert Bécaud interprétée successivement ici par Gilbert BécaudEdith Piaf puis dans une version instrumentale karaoké.
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    Avec "le Serrat de Calvaire" (en deux mots Cal Vaire sur certaines cartes et en un seul sur d’autres et Calbaire sur la carte IGN et certains cadastres), c’est encore une jolie petite balade que je vous propose au départ d’Urbanya. Quand on approche du village par la route, le Serrat de Calvaire est cette haute colline très pentue coiffée d’une moumoute de conifères qui se trouve de l’autre côté de la profonde ravine où coule la rivière éponyme. De loin, on pourrait croire cette colline aride, mais quand on la chemine, on constate qu’elle ne l’est pas vraiment car ce maquis, s’il est plutôt rabougri, reste néanmoins très dense avec notamment de nombreux ligneux et surtout des épineux comme les ronciers, les églantiers, les aubépines, les genêts scorpions, les ajoncs, les prunelliers et quelques autres encore, mais qui néanmoins ne forment pas le gros du bataillon de la végétation de ce versant. En effet, si on regarde bien, on remarque que ce flanc-ci de la montagne a une couleur plutôt vert pâle et au printemps et en été, elle est encore un peu plus blanchâtre à cause des fleurs d’un arbrisseau ligneux et pyrophyte qui a envahi ce « serrat »  et qui n’est autre que le ciste à feuilles de lauriers. Au préalable, la couleur aura été jaune à cause des nombreux genêts. J'ai un peu cherché pourquoi cette colline s’appelait « Calvaire » mais je n’ai rien trouvé ni sur Internet ni auprès de quelques anciens du village. Alors comme chacun sait et selon la définition des dictionnaires, un calvaire c’est parfois une croix en plein air commémorant la Passion du Christ mais ça peut-être aussi une suite de longues souffrances. Ce que l’on sait moins, c’est que le mot « calvaire » a pour origine le mot « calvaria » qui signifie « crâne » qui lui-même provient de mot araméen « gulgota » ou du grec « golgotha » du nom de la colline où fut crucifié Jésus. Comme quoi, les mots « calvaire » et « colline » c’est une histoire déjà très ancienne. Alors autant vous le dire, sur le parcours en question, qui, il est vrai, n’est pas la partie la plus pentue du Serrat, je n’ai pour l’instant, ni aperçu de croix, ni vécu de longues souffrances, bien au contraire. Comme vous le savez peut-être, un « serrat » signifie au même titre que « serra » ou « sarrat » une chaîne de montagnes ou de collines ou plus modestement une ligne de crêtes. Or, dans le cas présent, de cette colline, on va surtout en faire le tour sans prétention de la découvrir dans sa totalité car or mis deux ou trois sentiers, le reste est quasiment infranchissable, sauf pour les animaux, à cause des cistes et des épineux cités plus hauts. Alors, rien n’interdit de penser qu’il y aurait eu une croix et que celle-ci soit désormais invisible ou inaccessible envahie qu’elle serait par cette flore invasive. En tous cas, lors de mes recherches, j’ai appris que cette colline avait été pendant très longtemps largement exploitée et on y dénombrait un nombre impressionnant de cortals. Il y a une cinquantaine d’années, on y cultivait en terrasses, encore bien visibles par endroits, des champs de céréales et notamment du blé dont la farine servait à confectionner le pain à une époque où le hameau d’Urbanya pouvait vivre en totale autonomie. Alors, sans doute les travaux agricoles sur cette colline très abrupte étaient-ils excessivement pénibles au point que cela finissait par devenir un vrai calvaire pour ceux qui l’arpentait à longueur d’années. Enfin et bien que cette colline ait vaguement la forme d’une  « boîte crânienne »,  j’ai du mal à croire qu’on l’ait appelé « calvaire » à cause de ça ! Le départ s’effectue depuis le parking situé à l’entrée du village. On se dirige comme si on se rendait à la mairie mais après le petit pont, on tourne immédiatement à droite en empruntant la ruelle qui s’intitule « le chemin de Saint-Jacques ». La ruelle file au milieu de quelques vieilles maisons tout en s’élevant en balcon au dessus des jardins potagers et au dessus de la ravine qui commence à s’esquisser un peu plus bas sur la droite. Cette ravine se creuse rapidement au fur et à mesure que l’on grimpe parallèlement à elle et devient carrément vallon puis vallée. Après la dernière habitation, on continue par le sentier de gauche qui s’élève au dessus d’une remise faite de planches et de tôles. Là aussi, j’ai tenté de comprendre pourquoi cet itinéraire, les anciens l’avaient appelé « chemin de Saint-Jacques » mais il semble que cette toponymie se perde quelque peu dans la nuit des temps. Bien sûr, de prime abord, j’ai immédiatement pensé qu’il s’agissait d’un chemin emprunté par des pèlerins se rendant à Compostelle passant par Urbanya. Mais en regardant tout à fait par hasard ce secteur de la montagne sur une vieille carte Cassini (1756), j’ai du me rendre à l’évidence et constater que ce « chemin de Saint-Jacques » n’avait rien à voir avec son « illustre » homonyme. En effet, sur la carte Cassini, je me suis rendu compte qu’il y avait eu, aux temps anciens et dans cette direction, un lieu-dit Saint-Jacques tout près d’Urbanya et grâce à un symbole stylisé, on y remarque même selon la légende cartographique, un hameau sans église entourée de prés et de cultures. J’ai également trouvé sur une autre vieille carte, et toujours dans cette direction, une parcelle mitoyenne au village qui s’appelait Saint-Jaume (Saint-Jacques en catalan), tiré sans doute du nom des Rois d’Aragon qui régnèrent au 13eme siècle sur cette région du Conflent. Alors c’est sûr, il y a eu une minuscule bourgade et elle a disparu sans doute par manque d’eau ou fut ravagée par la peste au même titre que de nombreux autres petits hameaux du coin, tels ceux de Nabilles et d’Arletes par exemple. Comme les autres villages, Saint-Jacques fut sans doute abandonné par sa maigre population, puis tomba en ruines détruit qu’il fut par les incendies ou les intempéries puis englouti par la végétation. C’est le scénario le plus probable et aujourd’hui, il n’en reste rien ni sur le terrain ni dans l’Histoire à moins bien sûr que ce Saint-Jacques soit ce lieu où subsistent quelques ruines d’un grand mas que l’on va croiser un peu plus haut sur notre itinéraire (Depuis, j'ai découvert d'autres vestiges d'un hameau juste au dessus de celui déjà mentionné) . En tous cas, j’ai appris d’un ancien que sur ce sentier, il y avait eu un oratoire avec une croix. S’agit-il du « fameux calvaire » et ce calvaire se trouvait-il à Saint-Jacques ? Le mystère reste entier pour l’instant mais je vais continuer à chercher.  Le sentier s’élève doucement. Derrière nous, le village apparaît ravissant, blotti qu’il est dans son écrin de verdure et quand on connaît un peu l’histoire récente, on a beaucoup de peine à imaginer qu’il y a encore quelques décennies, il n’y avait aucune forêt alentours et que ses environs n’étaient composé que de pauvres pacages et de quelques champs de blé. On atteint le sommet d’un premier mamelon où un croisement permet par la droite d’aller cheminer le Serrat de l’Homme et de se rapprocher ainsi du grand ravin d’Urbanya. Nous, on reste sur le chemin principal qui descend vers un vallon que l’on va couper en atteignant un bosquet où l’on entend murmurer l’étroit Correc de Vallurs. On enjambe ce petit ru et le chemin bordé sur la droite d’un gros muret de pierres de schistes remonte plus raide et finit par atteindre une grande bâtisse en ruines envahie par les mûriers sauvages. S’agit-il du lieu-dit Saint-Jacques dont je parlais plus haut ? Je ne saurais vous le dire mais en tous cas, si sur la carte Cassini qui date du 18eme siècle, un « Saint-Jacques » est bien présent dans ce secteur, les cartes les plus récentes ne mentionnent plus rien à cet endroit. D’ici les jolies vues commencent à apparaître sur toutes les montagnes environnantes. Alors qu’un gros bulldozer est entrain de défricher autour du mas en ruines, nous poursuivons le sentier le plus évident qui s’élargit et continue de monter en direction du Roc de Jornac. Après les fracas du bulldozer, le silence se réinstalle. Un lièvre détale devant nous sur le chemin et dans l’instant suivant, jaillissant des cistes, une compagnie de perdreaux s’envole en éventail. Le chemin continue de monter puis s’aplanit un peu, au moment même où dans la ligne de mire, le Canigou pointe le bout de son pic. Sur notre droite, apparaît dans sa somptueuse globalité le Massif du Coronat avec sa merveilleuse et sombre forêt de pins à crochets et ses hautes falaises blanches. A la côte 1098 sur la carte IGN, nous arrivons sur un replat où nous profitons d’un panorama grandiose qui s’entrouvre sur le massif du Canigou tout entier, la vallée de la Têt et la plaine du Roussillon. Ici, on ignore tous les autres sentiers et on poursuit par la gauche le large chemin qui fait une boucle en épingle à cheveux et continue de monter, un peu plus embroussaillé, dans ce maquis montagnard typiquement méditerranéen. D’ici, le sentier déjà parcouru se dessine nettement dans la rase et brune végétation où seules les petites ravines sont garnies de boqueteaux verdoyants. Un kilomètre plus haut, nouvelle boucle à droite qui finit par rejoindre une piste carrossable qui mène vers le col de les Bigues (ou des Vigues). Cette piste fait la démarcation entre la splendide forêt du Domaine de Cobazet et le Serrat de Calvaire que l’on domine désormais sur la gauche. Les autres « crêtes » comme les serrats Gran, Miralles, d’Estardé et quelques autres qui délimitent clairement l’ubac de la vallée de la Castellane et la solana du vallon d’Urbanya sont essentiellement occupés par diverses essences dont de nombreux conifères. On en remarquera quelques beaux échantillons sur notre droite avec bien sûr les pins sylvestres ou à crochets qui sont les plus répandus mais aussi quelques sapins pectinés et surtout de superbes sapins argentés. Cette piste en pente douce, où nous accompagnent sauterelles et papillons, nous amène sans problème au col de les Bigues où il ne reste plus qu’à emprunter le sentier le plus débroussaillé pour redescendre sur Urbanya. Nous, nous avons choisi le chemin qui descend au milieu des Escocells et qui se poursuit parallèle et sur la gauche au petit ravin du Correc du Serrat de les Bigues. Dans la descente, on rencontre parfois d’impressionnants amas de pierres, résultats sans doute de défrichages et d’épierrements successifs des terres autrefois cultivées. Parfois, on distingue les murs ruinés de quelques ancestraux cortals que j’évoquai plus haut. Il faut compter plus d’une heure de descente pour atteindre le village dans une végétation beaucoup plus variée et parfois bien différente de celle rencontrée jusqu’à présent : fougères, chardons, sureaux, genêts à balais, noisetiers et d’autres espèces ont légèrement regagné du terrain sur les différents ligneux et épineux que les éleveurs s’évertuent à défricher. On peut parfois avoir la chance d’y trouver quelques bons champignons. A l’approche du hameau, les vues aériennes sur le vallon sont superbes et on finit par le rejoindre après 4h30 environ de marche effective pour un peu plus de 10 kilomètres parcourus et un dénivelé positif de 500 mètres. Si cette randonnée vous paraît bien trop courte, vous pourrez très facilement la rallonger à votre gré en poursuivant par exemple après le col de les Bigues en direction du col de Tour (del Torn) pour une boucle beaucoup plus longue que j’avais intitulé dans un autre article de ce blog « le Balcon d’Urbanya ».  Aux saisons les plus propices, et à condition d’apprécier les confitures, la cueillette des nombreuses baies comestibles (mûres, sureaux, prunelles, cynorrhodons, cerisiers sauvages, merisiers, etc.…) est une autre manière de rallonger dans le temps et de manière utile cette agréable petite randonnée. Carte IGN 2348 ET Prades-St-Paul-de-Fenouillet Top 25.

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    Ce diaporama est agrémenté de 5 musiques du compositeur Hans Zimmer. Elles ont pour titre : "First Step", "Brothers", "Injection (de Mission Impossible 2)", "Lost But Won" et "Honor (théme de The Pacific) "

    Le Pic de Costabonne (2.465 m) et la Coma del Tech depuis la Preste (1.107 m)

     Le Pic de Costabonne (2.465 m) et la Coma del Tech depuis la Preste (1.107 m)

    Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


    Quand j’y réfléchis à postériori, c’est presque sur un coup de tête que je suis parti faire l’ascension en solitaire de ce « fameux » Pic de Costabonne (2.465 m). En effet, même s’il y a bien longtemps que j’avais envie d’aller conquérir ce sommet que je ne connaissais pas encore, il a fallu plusieurs concours de circonstances et surtout des conditions météorologiques exceptionnelles avec un « énorme » anticyclone pour qu’en ce 23 août mon projet se réalise enfin. Quant à l’idée de partir seul faire cette longue et difficile ascension, dans ma tête, ce n’était pas un souci car je gardais en mémoire ce qu’un ami m’avait dit, il y a quelques années à son sujet : «c’est un sommet magnifique avec des panoramas splendides et c’est certainement le troisième sommet le plus fréquenté des Pyrénées-Orientales après le Canigou et le Carlit. » Alors, si je dois reconnaître que cet ami m’avait dit la vérité au sujet de la magnificence du parcours, j’avoue que j’ai été quelque peu surpris de marcher dans la solitude la plus totale pendant 3h30 depuis le parking de la Preste (1.107 m) jusqu’au Pla de la Serre (2.203 m). Je me suis levé très tôt ce matin et il est à peine 8 heures quand je quitte le parking sous un magnifique ciel bleu purgé de tout nuage. Droit  devant, tout au loin au bout de la piste et à travers les arbres, mon objectif du jour pointe le bout de son pinacle et captive mon attention et l’objectif de mon numérique. Depuis la piste, la distance restant à parcourir et le dénivelé pourraient décourager même les plus vaillants mais heureusement le Costabonne disparait de mon champ de vision dès lors que j’emprunte le sentier PR.16 du Col de Siern (randonnée déjà décrite dans ce blog). Après 1h30 à zigzaguer dans la superbe forêt et sur un gros pierrier en balcon, je retrouve le pic et quelques superbes panoramas sur le Vallespir à l’approche du col. Avec ses flancs verdoyants, la fascinante pyramide est bien plus belle d’ici qu’elle ne l’était du parking mais elle est également bien plus impressionnante. J’atteins le col et ses vertes pelouses fleuries. Depuis la crête frontière, de splendides vues dont je ne me lasse pas se dévoilent sur l’Espagne mais mon attention est également attirée par un panneau indiquant le pic de Costabonne à 2h30. Je me mets en route immédiatement au milieu des gros et beaux chardons en suivant d’autant plus facilement le balisage jaune bien présent qu’il longe presque essentiellement la clôture qui délimite la frontière. Je trouve très agréable de cheminer sur cette herbe rase, en permanence en cheval sur la ligne de crêtes où les paysages de part et d’autres sont splendides. Néanmoins la « bonne » déclivité est quasiment constante et seuls quelques « plas » très courts me permettent de reprendre mon souffle. Tout en grimpant la longue Serre de Finestrol qui paraît interminable, le pic, attire sans cesse mon regard mais semble, toujours aussi loin et aussi inaccessible.  Puis quand je le regarde à nouveau alors que mes yeux ont été distraits puis envoûtés par quelques lugubres vautours fauves qui tournoyaient au dessus de ma tête, le pic est là et paraît soudain presque palpable. Mais n’est-ce pas qu’une illusion ? Un dernier raidillon avant le Pla de Serre où je fais ici ma première rencontre de la matinée sous l’apparence d’une jolie randonneuse espagnole, qui, elle, redescend vers Espinavell. J’arrive au Pla de Serre où de nombreux bovins dont j’ignore la nationalité et quelques randonneurs toujours essentiellement espagnols semblent s’être donné rendez-vous. Sur ce replat largement piétiné et labouré et face à l’énorme monticule herbeux et caillouteux que représente le Costabonne, je suis contraint de demander mon chemin, le plus court de préférence, car le seul panneau indicatif gît à terre. Un espagnol à l’amabilité de m’indiquer le chemin à emprunter que j’aurais eu tendance à confondre avec une profonde ornière naturelle. Si je suis au pied de mon objectif du jour, la partie est loin d’être gagnée et le plus difficile reste encore à accomplir avec 900  mètres pour atteindre le sommet mais 900 mètres d’un dénivelé avec un pourcentage d’environ 30%. En suivant quelques piquets et comme toujours en traînant au maximum, la déclivité n’empêchant pas la flânerie, je suis distrait par les paysages et la nature en général et je vais mettre une heure pour atteindre la cime me faisant doubler sur la fin par un couple de jeunes français ; les premiers de la journée. Avec de nombreux enfants extrêmement bruyants au sommet, j’ai l’impression d’atterrir dans la cour de récréation d’une école espagnole et quand je me retourne pour demander au couple de jeunes français de me prendre en photo, ils ne sont déjà plus là et je les vois dévaler tout schuss la pente nord dont j’ignore où elle aboutit ; en tous cas quand je regarde ma carte IGN. Grâce à un sympathique randonneur espagnol, je vais tout de même avoir ma photo à l’apogée du Costabonne avec vue sur le Canigou !  Alors que je prends tout mon temps pour observer de ce magnifique mirador, tous ces époustouflants panoramas à 360°, je me retrouve seul en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire. Ça tombe bien car j’ai envie de me reposer un peu dans le calme et de plus, il est 12h30 et l’heure d’avaler mon pique-nique. Je ne sais pas vous,  mais moi je vis ces moments de solitude au sommet d’une haute montagne dans une espèce de bien-être et avec cette impression d’être un instant seul au monde dans la plénitude la plus totale. Après avoir littéralement englouti mon repas, affamé que j’étais par tous ces efforts, c’est donc presque à regrets que je quitte ce sommet, non sans avoir laissé une petite bafouille sur le livre d’or du Costabonne et surtout conscient d’imaginer le plaisir que je vais prendre à découvrir beaucoup de choses lors du retour. En effet, ayant conquis le sommet, il est hors de question pour moi, de faire un simple aller-retour et j’ai prévu de faire une longue boucle en suivant les rives du Tech qui prend sa source non loin de là,  au pied du Roc Colom. C’est donc tout naturellement que je descends plein ouest en direction du cairn du Méridien de Paris et du Roc Colom pour ensuite bifurquer à droite au Coll del Pal et suivre la Coma del Tech. Ce qu’il y a de bien dans cet itinéraire qui est le PR.15, c’est à la fois la diversité des décors traversés et la faune susceptible d’être aperçue. Personnellement, je n’y vais vu que des marmottes, parfois curieuses mais surtout très craintives, mais on peut aussi y rencontrer de nombreux isards et comme dans toutes les forêts du Vallespir, d’autres cervidés comme le cerf, le chevreuil ou même le daim. Plus ou moins proches, les marmottes étaient visibles sur les flancs de la montagne, sur la partie rocailleuse qui va du Bac du Costabonne jusqu’au Refuge du Coma del Tech. Il faut dire qu’après la cabane, le sentier bascule dans la Jasse de l’Ouillat en grande partie occupée par une magnifique forêt de conifères puis par de jolies prairies à l’approche de la maison forestière éponyme, puis la sombre sapinière laisse la place à une aussi sombre forêt de hêtres et de frênes. Après, la Freixinosa, si les bois subsistent, on voit bien que la pastoralisme et le défrichage sont passés pas là et les clairières de fougères et de genêts se font plus nombreuses. D’ailleurs quelques vaches paissent de ci de là et un peu plus bas, aux lieux-dits la Graboudeille et la Barragane quelques bâtisses, certaines en ruines et d’autres encore debout, sont visibles depuis le chemin pour démontrer ce constat. Le sentier finit par retrouver le Tech et la route forestière du Col de Siern. Quelques minutes plus tard, je passe devant la Fromagerie Paraire et retrouve ma voiture. Il est 18h30 et arrêts compris (et ils ont été nombreux !), j’ai flâné dans cette merveilleuse contrée pendant 10h30. Au regard du panneau que j’aperçois de l’autre côté du parking et qui indique : « Le Costabonne N°16 9H A/R », je ne suis pas mécontent de ma performance. En effet, si j’en crois mon GPS et mon logiciel de cartographie, j’ai parcouru 22 kms pour 2.250 mètres de montées cumulées et 1.350 m de dénivelé. Alors à bien y réfléchir ce pic mérite bien son nom de « Bonne Côte » mais j’ai un petit regret, j’ai omis de m’arrêter aux anciennes carrières à ciel ouvert des « fameux » grenats, dont on dit qu’on peut encore y trouver quelques minuscules éclats. Une bonne occasion pour y retourner non ? A condition bien sûr que j’ai les mêmes éclats que j’ai trouvé ce jour-là, à savoir un soleil éclatant, un ciel éclatant, une nature éclatante et des panoramas éclatants. Il ne manquait que les grenats mais quand on a les moyens, c’est peut-être plus facile et plus simple d’aller les chercher chez le bijoutier ! Carte IGN 2349 ET Massif du Canigou Top.25.

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  • Ce diaporama est enjolivé de 3 musiques interprétées par le duo "Secret Garden". Elles ont pour titre : "Moongate", "Prayer" et "Elan" extraites de l'album "Dawn Of A New Century".

    Qui n’a pas rêvé de remonter le temps et de  revenir en arrière. Personne ! Il y en a même, comme l’écrivain anglais H.G. Wells, qui ont imaginé des machines pour cela. Or de l’imagination, c’est ce qu’il faut nécessairement, peut-être plus que des jambes aujourd’hui, pour faire cette ludique et courte randonnée « A travers les âges » à partir du pittoresque village de Bélesta de la Frontière. En effet, ce sentier de pays qui serpente dans la garrigue, mais pas uniquement, et que j’ai très légèrement modifié par convenance et curiosité personnelle, nous emmène de découvertes en découvertes  à travers l’histoire. Une histoire, certes, qui est loin d’être chronologique, mais qui n’en est pas moins intéressante car c’est avant tout l’histoire de nos ancêtres qui nous est contée. Car, ici c’est bien de ça qu’il s’agit, randonner bien évidemment, découvrir des vestiges historiques bien sûr, mais avoir une imagination suffisamment fertile pour tenter de deviner comment ont vécus nos aïeux plus ou moins anciens. Alors, si vous connaissez un peu Bélesta, vous savez, que la commune a été au cours de sa riche histoire, un village frontière à cheval entre les royaumes de France et d’Aragon de 1258, date du traité de Corbeil, jusqu’à 1659, année de la signature du traité des Pyrénées qui, outre la paix entre les royaumes de France et d’Espagne, a permis de modifier la position de la frontière entre les deux pays suite à divers échanges et annexions de territoires dont notamment celui du Comté du Roussillon.  Alors si la commune a des fondements très anciens comme le prouve son château fortifié par Louis IX, la présence de l’homme est encore bien plus ancienne comme le démontre la découverte en 1983 d’une grotte préhistorique exceptionnelle intitulée « la Cauna de Bélesta ». Alors avec cette randonnée « A travers les âges », nous allons bien sûr faire un grand écart de plusieurs siècles mais qui va encore s’amplifier avec la découverte d’autres vestiges bien plus contemporains. Le démarrage se fait au pied du château, devant la superbe cave coopérative vinicole qui, depuis peu, a été magnifiquement restaurée et aménagée en un hôtel restaurant haut de gamme. Vous remarquez sur le mur de la rue, un panneau jaune de randonnée indiquant la direction de notre balade du jour : « A travers les âges – 8,5 km– 2h30- dénivelé 260 m ».  On suit cette rue qui rapidement va nous faire sortir du village en se transformant d’abord en une chaussée carrossable mi-terreuse mi-bitumée puis en une voie bétonnée qui enfin devient un  vrai chemin pédestre.  Plus haut, ce chemin rejoint un carrefour sur les D.17 et D.21 où plusieurs panonceaux indiquent la direction à suivre.  On emprunte sur quelques dizaines de mètres la départementale en direction de Montalba et Caramany puis on la quitte par la gauche au bénéfice d’un large chemin qu’un panneau nous décrit comme un « Sentier d’Emilie » avec les mentions suivantes : « le Grotte de Bélesta – 1h AR ».  Ce sentier s’élève doucement dans la colline dénommée à juste titre « La Caune » avec de très belles vues sur les Fenouillèdes, sur les Corbières, sur le lac et le barrage sur l’Agly, puis, il redescend dans le maquis sur l’autre versant et effectivement peu de temps après, on se retrouve devant l’imposante entrée d’une grotte condamnée par une grille fermement cadenassée. Alors, comme la grotte est inaccessible et même si on peut imaginer que des hommes aient vécu ici pendant des millénaires car on y a découvert à la fois une tombe collective de plus de 5000 ans mais aussi les preuves plus récentes de la présence de bergers et de paysans, pour en savoir un peu plus sur cette « Cauna de Bélesta », il faudra impérativement visiter le musée où une reconstitution de la grotte et de nombreuses trouvailles y sont présentées.  Depuis l’entrée de la grotte, les panoramas lointains sur le Roussillon, le Canigou  et le début des Pyrénées ou plus proches sur les forêts du Bosc Negro sont splendides.  Au milieu des chardons fleuris, des prunelliers sauvages, des buplèvres, des fenouils et des lavandes sauvages, le sentier continue de descendre dans une petite ravine plantée de quelques vignes où l’on va slalomer avant de rejoindre une large piste près du ruisseau de la Crabayrisse  ou « Rivières des Chèvres ».  Quelques mètres plus loin, on tombe sur notre deuxième découverte historique de la journée sous la forme d’un ancestral et monumental puits à glace dont la présence ici, dans ce pays pas spécialement propice aux précipitations neigeuses, nous fait imaginer sans peine le courage et la volonté qu’il fallait à ces porteurs de froid pour aller chercher, le plus souvent la nuit, à dos de mulets ou en charrettes, de la neige ou de la glace de nos montagnes qu’ils devaient ensuite entasser convenablement pour que le résultat de leur labeur se conservent le plus longtemps possible dans cette vaste citerne de pierres. Ici on abandonne l’itinéraire principal car la rivière Crabayrisse et sa ripisylve vont devenir, sous le nom de « Parcours d’eau », les fils conducteurs ombragés et rafraîchissants de notre belle balade. Si dans son temps, l’eau a coulé au point d’être en mesure de faire tourner le « Moulin d’En Gateu », que l’on va découvrir 600 mètres plus loin, en cet été 2011, le lit de la rivière est excessivement bas au point que quelques minuscules poissons, alevins et têtards ont été pris au piège dans des poches asséchées. Je vais faire ma B.A. de la journée et réussir à sauver quelques dizaines de ces minuscules amphibiens en les jetant dans des trous d’eau bien plus profonds mais pour la plupart, le soleil et la sécheresse ont accomplis leurs méfaits et il est déjà bien trop tard. On suit le sentier toujours parallèle au ruisseau et l’on tombe sur un premier panneau d’informations présentant en détail ce « parcours d’eau ». Quelques mètres plus loin, les premiers vestiges sont visibles sous la forme d’une prise d’eau en béton qui alimentait un canal d’irrigation dont le tracé se perd désormais dans les roches et la végétation. Parfois, le vieux canal de pierres devient lui-même sentier. Le lit s’élargit dans ce qui était sans doute d’anciens potagers emportés par le terrible « Aïguat de 1940 » et on finit par retrouver la large piste forestière près d’un panonceau précisant la direction de nos deux randonnées jumelées du jour : « A travers les âges- Bélesta – 6 km– 2h » et « Parcours d’eau – Ancien canal d’irrigation et moulin – 700 m- 15mn AR ». On poursuit l’itinéraire du « parcours d’eau », sachant déjà qu’il nous faudra revenir à ce panonceau pour continuer à marcher « À travers les âges ».  Le sentier qui suit le lit de la Crabayrisse devient soudain plus difficile en rencontrant quelques gros magmas rocheux puis il le quitte et s’élève au dessus de la rivière dans ce qui était sans doute au siècle précédent d’anciens champs ou jardins cultivés. On finit par arriver au « Moulin d’En Gateu » qui domine du haut de ses pans de murs ruinés, un ample méandre granitique de la rivière. Ici, grâce à deux grands panneaux explicatifs, le système d’irrigation passé de Bélesta et le fonctionnement d’un moulin à eau n’auront plus de secrets pour vous. Avant de rebrousser chemin et dans un étrange silence ambiant où même la rivière ne chante plus, on ne peut s’empêcher de penser à l’âpreté de la vie de nos ancêtres qui travaillaient ou vivaient au bord de cette rivière capricieuse, une vie suffisamment dure par elle-même sans que les inondations successives et les saisons de grande sécheresse en rajoutent et finissent par décourager même les plus vaillants.  Il est temps de rebrousser chemin et de retourner « A travers les âges » pour nos dernières découvertes, celles des remarquables « bornes frontières de 1258 ». On quitte définitivement le « parcours d’eau » par une piste qui grimpe et rejoint plus haut, près d’une citerne DFCI à demi enfouie, celle du circuit initial. Ici, comme je l’ai dit au début, j’ai, par curiosité personnelle, fait une légère entorse aux circuits proposés en me rendant au sommet du Pilou d’En Gil (422 m) pour découvrir une borne frontière supplémentaire. J’ai, pour cela, emprunté une partie d’un itinéraire intitulé « Circuit des Tours » et la piste DFCI F187 pour un aller-retour qui, outre, la découverte de la vieille borne, offre, à partir de ce point culminant de la journée, des vues imprenables sur une immense partie du Roussillon et de la plaine de la Têt. Au retour, on récupère notre boucle près de la citerne enfouie pour la découverte des deux dernières bornes frontières dont l’histoire de Bélesta nous dit qu’elles auraient servies de jalons au cadastre parcellaire napoléonien. Si on peut comprendre que Napoléon, grand instigateur et utilisateur de la cartographie, dont celle d’Etat-major notamment, ait voulu répartir équitablement l’impôt en instaurant un cadastre, on ne peut éviter de se demander quel intérêt les maçons de ces bornes avaient eu à en ériger deux pratiquement similaires aussi près l’une de l’autre. Alors, une a-t-elle été édifiée par les Français et l’autre par les Aragonais ?  La croix pattée, symbole des rois d’Aragon, sculptée au pied de l’une et pas de l’autre, peut le laisser supposer. Mais, il faut bien le reconnaître, de nombreuses questions concernant ces bornes n’ont jamais été élucidées et le mystère reste entier !  En tous cas, placées au sommet de la Fount de la Selvio, ces bornes dominent idéalement le val de la Crabayrisse et étaient sans doute toutes visibles à une époque où la végétation était plus basse et moins dense. On ne termine pas cette jolie balade sans un petit détour près d’un casot en ruines qui va nous permettre de découvrir de splendides et centenaires genévriers dont un est tout particulièrement « remarquable » avec son tronc très noueux et très dénudé. Dans la garrigue, c’est la dernière découverte de la journée avant le retour dans le vieux village. On descend une dernière fois vers la Crabayrisse que l’on enjambe aisément car quasiment asséchée ici aussi et la suite du circuit va nous ramener au point de départ essentiellement par de larges pistes terreuses qui zigzaguent dans le maquis et finissent par devenir des routes asphaltées à l’approche du village. On y entre par le « Chemin de la Cruz » près d’un oratoire, on passe sous les ancestrales portes cochères, on longe les séculaires enceintes et on termine en flânant dans les vieilles ruelles jusqu’à retrouver l’antique église, le vieux château qui abrite désormais le « fameux » musée de la préhistoire dont la visite est recommandée. La boucle se referme devant la cave coopérative dont on pourra remarquer, sur le fronton de sa façade, la célèbre devise des Trois mousquetaires « Un pour tous, tous pour un » mais cette fois inversée et transformée en ce que l’on pourrait croire être une étonnante erreur « Tous pour un, un pour tous ». Non en réalité, ce n’est pas une erreur et il faut savoir que c’est la tradition qui se trompe car dans le célèbre roman c’est bien sous cette forme que la devise a été écrite par Alexandre Dumas Père. De nombreux autres vestiges historiques sont présents sur le territoire de Bélesta mais pour les voir, il vous faudra faire d’autres randonnées. La marche c’est comme l’Histoire, c’est sans fin…et revenir en arrière est souvent très difficile. Carte Ign  2448 OT Thuir - Ille-sur Têt Top 25.


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