•  Il y a urgence.....la médecine est malade !

     

     

    http://www.ch-perpignan.fr/maison-medicale-de-garde-66.html

    http://www.maison-medicale-perpignan.com/

     

    Il y avait urgence et pourtant……

     

    La médecine serait-elle malade ? Je me pose la question et notamment pour la médecine dite d’urgence et je suis en droit de le penser après ce qui m’est arrivé.

     

    Il y  a quelques années, lors de coliques néphrétiques,  j’avais eu à déplorer une certaine lenteur pour ne pas dire inefficacité du service d’urgence de l’hôpital. J’avais eu plusieurs crises avant que l’on calme mes douleurs par une simple piqûre d’antalgique morphinique. Depuis le matin 7 h et jusqu’au soir 19 h, j’avais passé la journée entière, allongé sur un chariot et dans un couloir constatant que le service était complètement débordé. Les infirmières couraient dans tous les sens pour s’occuper des patients qui arrivaient mais délaissant ceux qui étaient déjà là. Sans doute, s’occupaient-elles aussi selon la gravité et l’urgence des soins à apporter mais ça, on ne le voyait pas vraiment.  Il y avait également des drogués et des alcoolos qui faisaient un foin pas possible et qu’ils avaient fallu attacher. Je me souviens qu’à côté de moi, il y avait sur des chariots deux personnes âgées qui avaient des fractures et que l’on avait délaissées malgré de violentes souffrances. Personnellement, ce n’est que vers 19 h le soir, qu’un urologue, « la gueule enfarinée » était passé me voir pour me dire que selon une échographie que l’on m’avait faite passer deux heures auparavant, j’avais expulsé le calcul et que selon lui, les crises étaient terminées. Il m’avait laissé partir après ce long épisode et j’avais gardé de ce passage aux urgences, un souvenir mitigé trouvant le personnel énergique mais sans doute pas assez nombreux et en manque de moyens et des élites peu présentes et efficientes.

     

    Cette fois, le constat est presque identique et voilà les événements tels qu’ils se sont passés. Il y a quelques jours, très tôt, un dimanche matin, mon épouse a été prise de très violentes douleurs abdominales avec des saignements importants quand elle allait à la selle. Quelques jours auparavant, ayant passée un examen, les résultats n’avaient pas été très bons. Un rendez-vous était déjà pris avec un gastro-entérologue pour une coloscopie et une fibroscopie.

     

    Mais là, il y avait urgence. Bien que ne faisant appel que très rarement aux services d’urgence et notamment au SAMU ; peut-être 3 ou 4 fois en 30 ou 40 ans, et encore ; là, je pense que j’étais à même  de faire la différence entre ce qu’on appelle une « urgence médicale » et « une urgence grave ». Là, j’estimais que le souci de Dany se situait dans la première catégorie et que la venue d’un docteur généraliste me paraissait suffisante. Je me refusais à appeler le 15.

     

    Mon premier réflexe a été d’appeler le cabinet médical chez lequel nous avons nos médecins traitants respectifs. Ils sont quatre toubibs et je me suis dit que sur les quatre, il y en aurait peut-être un de garde voire de disponible même un dimanche. Le secrétariat, qui est en réalité une espèce de centre d’appel extérieur au cabinet, m’a répondu qu’il n’y avait personne et qu’il faudrait attendre et rappeler le lundi matin.

     

    Sans vouloir remonter aux calendes grecques voire à mon enfance, je me souviens d’un temps où quand on appelait son médecin dit « de famille », ce dernier se déplaçait jour et nuit, y compris le week-end et quand, dans le pire des cas, il n’était pas là, un remplaçant était toujours joignable, prenant la relève. Apparemment, force est de constater que cette époque était carrément révolue et certainement pour toujours.

     

    La pharmacie la plus proche de mon domicile étant à 200 ou 300 mètres de chez moi, j’ai enfourché ma bicyclette car j’avais toujours dans l’idée que j’y trouverais sur sa vitrine, le nom et le numéro de téléphone du médecin de garde sur la commune de Saint-Estève ou du moins le plus proche. Là aussi, je me souvenais d’un temps, pas si éloigné que ça, où l’on trouvait très aisément cette  si « primordiale » information. J’ai donc pédalé comme un fou furieux jusqu’à la pharmacie, j’ai analysé de long en large la vitrine, n’y trouvant qu’une kyrielle de publicités, avant de m’apercevoir qu’il y avait de la lumière à l’intérieur. La pharmacie était ouverte. J’ai jeté mon vélo à terre, me suis engouffré dans l’officine et tout essoufflé, j’ai demandé à la pharmacienne présente si elle pouvait me donner le nom du médecin de garde le plus proche. Là, je l’avoue, je suis tombé sur le cul quand je l’ai entendu me répondre « non, Monsieur, je regrette mais je n’ai pas cette information ! ». Sans doute a-t-elle vu sur mon visage mon désarroi, sans pour autant me proposer une solution. J’ai simplement dit « c’est très urgent » mais n’obtenant aucun écho à cet appel complémentaire, j’ai tourné les talons et suis retourné à la maison, à tout berzingue comme j’étais venu. Là, je l’avoue, je commençais à avoir les larmes aux yeux car j’avais un sentiment d’impuissance mêlé à une angoisse et à un début d’une colère sourde.

    A la maison, j’ai allumé mon ordinateur portable et sur « Google recherche », j’ai tapé « médecin de garde Saint-Estève ». Le moteur de recherche était à même de me donner 19.600 résultats mais bien évidemment, je n’ai prêté attention qu’au deux ou trois premiers, pensant qu’ils seraient suffisants. Le premier site Médecin de garde 7j/7 - Une urgence médicale? - service-medecin.fr‎ me paraissait trop général car il ne mentionnait pas le nom de ma commune. De plus, l’appel était carrément payant (2,99 €/mn), j’ai donc choisi de cliquer sur le deuxième site Médecin garde 24h Saint-Estève (66240). Là, ma satisfaction première fut de très courte durée car si il y avait bien une liste de 11 médecins stéphanois, j’ai immédiatement compris qu’il y avait un lézard quelque part. En effet, parmi les onze docteurs, deux appartenaient au cabinet médical que j’avais appelé en premier et parmi ces deux, un était mon propre médecin traitant que je savais en week-end. J’ai donc appelé le premier docteur sur la liste, un certain Jean Soubielle mais personne ne répondait au téléphone. J’ai poursuivi ainsi dans la liste et la seule réponse que j’obtenais était le plus souvent d'appeler SOS Médecins. Apparemment ce site était bidon et n’était qu’un site publicitaire de plus parmi tant d’autres. J’étais complètement dégoûté et la rage prenait peu à peu le pas sur ma détresse.

    Ce sentiment était d’autant plus fort que m’occupant d’une association sportive sur la commune et étant amené à gérer des certificats médicaux, je savais que le nombre de médecins et de cabinets médicaux y était pléthorique. C’est ainsi qu’après cette mésaventure j’ai décompté 5 centres médicaux pour 16 généralistes sur la commune et malgré ça, je ne suis jamais parvenu à savoir si un était de garde ce jour-là.

    Montre en mains, ça faisait presque une heure que je cherchais à joindre un médecin sur Saint-Estève voire un autre un peu plus éloigné qui aurait été de garde et aurait pu se déplacer à domicile. Je me suis donc décidé à appeler SOS Médecins, là mon écoeurement s’amplifia d’un cran supplémentaire car quel ne fut pas mon dégoût d’avoir à entendre comme première réponse, un long message indiquant que l’appel serait taxé au prix de 2,99 euros la minute. Ce n’était pas tant d’avoir à payer mais une question de principe de constater que même là, dans un cas d’urgence médicale, certaines personnes avaient trouvé un moyen de faire « toujours plus » de fric, ce « toujours plus » qui enrichit des « Crésus » déjà riches à millions et à milliards et laisse sur le bord du chemin quantité de pauvres gens. Je me souvenais du premier site que je n’avais pas choisi dont le prix de l’appel téléphonique était identique et de leurs annonces publicitaires de présentation mentionnant « Appeler nous 24h/24 pour vous accompagner - Disponible 24/7j · Service De Qualité · Vous Simplifier La Vie · Gagner Du Temps ». Tout ça était à vomir. Après ce message « tarifaire », un autre pris le relais dans lequel on me demandait de patienter. J’en ai profité pour passer le téléphone à Dany car ma crainte était d’envoyer « balader » la personne qui me répondrait. J’ai dit à Dany « tiens prends le téléphone et expliques-leur tes symptômes ».  Après une minute d’attente, qui me paraissait une éternité, un homme a répondu. Il a demandé à Dany quels étaient ses problèmes et celle-ci lui expliqua ses douleurs abdominales et ses saignements en allant à la selle. Je ne rentrerais pas ici dans le détail des indications que Dany lui a données mais là encore, nous sommes restés abasourdis quand l’homme lui demanda à quel endroit elle saignait ! Passe encore qu’il fallait payer, qu’il faille attendre mais voilà que maintenant nous avions à faire à un secrétaire médical totalement incompétent. L’homme demanda si elle était à même de se déplacer et comme Dany fit l’erreur de lui répondre que « oui », il lui dit, « alors, venez au cabinet à 10h30 car je n’ai pas de médecin disponible dans l’immédiat. Tu parles d’un SOS, tu parles d’un service d’urgence, « d’un service de qualité, disponible et fait pour vous simplifier la vie » comme le mentionnait cette publicité si mensongère.

     

    J’ai dit à Dany « non, dans ton état, tu ne peux pas attendre jusqu’à 10h30, ce n’est pas prudent, je t’emmène aux urgences de l’hôpital ». Dany ne voulait pas aller aux urgences, on a commencé à se disputer. Trop c’était trop et je me suis mis à chialer comme un gamin.

    Finalement, Dany a vu que j’étais au bord de la crise de nerfs et elle a accepté que je l’accompagne aux urgences. Dany a passé une grosse partie de la journée aux urgences mais comme la suite relève du secret médical, vous permettrez que je le garde pour moi.

     

    Il y avait très longtemps que je n’avais pas pleuré comme ça et je j’avoue, j’en veux beaucoup à cette « mafia médicale » qui n’a plus aucune compassion pour les malades et dont le seul attrait est de faire, avec la complaisance de nos gouvernants, « toujours plus de pognon ». Quand je vois, qu’en région parisienne,  ma fille éprouve un mal fou à trouver un médecin généraliste disponible sans être dans l’obligation d’avoir à payer des dépassements d’honoraires absolument exorbitants, je suis scandalisé. Quand je pense que mes petits-enfants sont à la merci de cette « clique » nauséabonde et cupide, je me dis que la santé en France file un mauvais coton. Ô mon dieu, que la France médicale a bien changé dans son dévouement et dans ses méthodes de soins. Si depuis mon enfance, les progrès médicaux sont certainement considérables, force est de reconnaître que la générosité et la solidarité ont disparu et la qualité du service s’est détériorée de plus en plus. De ce fait, je pense qu’on n’est guère mieux soigné et loti qu’auparavant.

     

    Tout ce qui est écrit dans cet article est pure vérité. Je n’ai rien inventé. Les faits se sont déroulés tels que décrits. Certains éléments, sites Internet, numéros d’appels téléphoniques sont facilement vérifiables, j’en mentionne les liens. Sans doute existe-t-il un moyen de trouver le médecin de garde de ma commune mais en tous cas, je ne l’ai pas trouvé dans les démarches que j’ai accomplies pendant plus d’une heure, ce qui laisse à penser que c’est compliqué et que la cupidité est plus forte que la simplicité. Je me souviens d’un bouquin de la psychologue Marie de Hennezel dans lequel elle disait que la médecine était devenue inhumaine. Ce dimanche-là, j’ai rallié son point de vue.

     

    Non, force est de reconnaître que dans tout ce qui nous est arrivé ce jour-là, à Dany et à moi, je n’ai pas retrouvé, sauf aux urgences de l’hôpital, les deux piliers du Serment d’Hippocrate, qui sont les lois de l’honneur et de la probité dont je rappelle les définitions selon le Larousse :

     

    Honneur : « Ensemble de principes moraux qui incitent à ne jamais accomplir une action qui fasse perdre l'estime qu'on a de soi ou celle qu'autrui nous porte »

     

    Probité : « qualité de quelqu'un qui observe parfaitement les règles morales, qui respecte scrupuleusement ses devoirs, les règlements, etc…. »

    Oui, ce jour-là, j’ai perdu une bonne partie de l’estime que j’avais vis-à-vis d’une fraction du corps médical…..

    Oui, ce jour-là, quelques grands principes du Serment d’Hippocrate ont été bafoués…..et en la circonstance, certains toubibs devraient se poser la question quand à l’estime qu’ils ont d’eux-mêmes……l’obligation de soins et de protection de la personne vulnérable était absente, la soif du gain bien présente et avait été amplement supplantée par la première obligation…..

     

    Alors vous l’aurez compris, ce n’est pas réellement à tous les docteurs que j’en veux. Ils ont une vie personnelle, parfois une femme et des enfants, des problèmes à régler, droit à du repos, droit à du sommeil, droit à des vacances, droit de gagner de l’argent mais j’en veux à un système qui les a rendu si inopérants, si absents et si souvent trop cupides…. en quelques mots si éloignés de leurs malades…..et de surcroît quand il y a urgence…..L'accointance de certains toubibs avec les groupes et les grands laboratoires pharmaceutiques est déjà un sujet connu de tous. Les français sont des sur-consommateurs de médicaments, un peu à cause de ça sans doute. Oui, la médecine est malade….et les choses ne vont pas aller en s'arrangeant....

     

    Le 5 janvier 2017, j'ai fini par apprendre qu'il n'y avait plus de médecins de garde dans le département et que suite à une réorganisation, il fallait désormais se rendre à une Maison Médicale Universitaire de Garde (MMUG) se trouvant à l'hôpital de Perpignan. Cette structure existe apparemment depuis janvier 2010 et bien évidemment, je l'ignorais. En plus, quand on effectue une recherche sur Internet comme je l'avais fait en tapant "médecin de garde Saint-Estève", le site n'apparaît jamais dans les choix proposés ou alors si loin qu'il est inopérant. Je vous communique dont le lien qui vous permettra d'éviter les énormes problèmes que j'ai moi-même connu.

    http://www.ch-perpignan.fr/maison-medicale-de-garde-66.html

    http://www.maison-medicale-perpignan.com/

     

     

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