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    Il y a quelques semaines, le 10 novembre exactement, j’ai regardé à la télévision, un reportage à Envoyé Spécial qui s’intitulait « Le gaspillage-Plongée dans nos poubelles ». Ce reportage concernait bien sûr le gaspillage alimentaire. Je l’avoue, pour diverses raisons qui tiennent sans doute à l’éducation que j’ai reçue, j’ai été terriblement choqué par ce reportage. En effet, étant enfant, mes parents m’ont toujours habitué à ne rien laisser au fond de mon assiette, quand à un « simple » quignon de pain, à la maison, il était hors de question qu’il finisse au fond de la poubelle. J’ai toujours mangé à ma faim et malgré ça, il ne restait pas souvent du pain sur la table et de la nourriture en général mais quand bien même il en restait, le pain finissait en « pain perdu » ou les restes finissaient la plupart du temps dans la gamelle du chien quand ce n’était pas dans le poulailler ou bien dans les clapiers des lapins quand il s’agissait de légumes. Pourtant, nous n'étions pas des paysans mais de simples citadins possédant un petit bout de jardin. Mais c'est ainsi que nous vivions, très modestement, et il était hors de question de jeter la moindre nourriture et nous recyclions, bien avant, la mode du "tout écologique", tout ce qui pouvait l'être. Eh oui, les temps ont bien changé....mais c'est la crise...donc ce n'est pas en bien !

    Mais revenons à notre reportage. Le film, lui, commence par une charmante jeune dame qui vient de faire ses courses, dont on apprend qu’elle serait institutrice. Elle ouvre son frigo puis son congélateur et avant même d’y ranger ses nouveaux articles, on la voit, après vérification des dates de péremption, jeter dans un grand sac poubelle, un nombre impressionnant de produits alimentaires dont certains, et notamment des barquettes de viandes, sont encore dans leurs emballages d’origine. Quand le journaliste lui demande comment elle peut en arriver là, à agir de la sorte et à jeter de la nourriture dont la date vient parfois à peine d'être dépassée, elle lui répond comme si tout ça était parfaitement naturel : « c’est sans doute la peur de manquer ! ». J’avoue que sur l'instant, si j'avais cette jeune femme devant moi, je lui dirais sans doute très vigoureusement le fond de ma pensée mais d’emblée, c'est plutôt la surprise qui prédomine et j’ai un mal fou à croire à ce scénario car pour une institutrice, qui plus est, mère de trois enfants, je me dis « quelle éducation a-t-elle reçue ? », et si c’est vrai, « quelle éducation va-t-elle inculquer à ses trois enfants ? ». Et bien oui, même si cette jeune femme jette sans compter et sur l'instant plusieurs kilos de nourriture, la suite du reportage semble tristement confirmer que le film n'a pas été monté de toutes pièces car le journaliste rajoute que chaque français jetterait pas moins de 20 kilos de nourriture par an ! C'est tout simplement incroyablement ahurissant mais le pire reste à venir car dans la foulée, le journaliste vient nous expliquer que cette « banalisation » du gaspillage ne serait pas uniquement la faute du seul consommateur mais qu’il s’agirait d’une habitude inscrite dans notre mode de vie actuel. Alors c'est ainsi qu'en France, un quart de la nourriture produite serait jetée, nourriture le plus souvent encore parfaitement comestible. Je ne vais pas vous décrire le reportage dans tout son détail car si vous ne l’avez pas vu, vous pourrez le regarder en cliquant ici, mais quelques points m’ont interpellé particulièrement. C’est ainsi, qu’on apprend que les cantines scolaires au même titre que les grands distributeurs (hypermarchés, supermarchés) et même les producteurs eux-mêmes seraient les plus grands « contributeurs » de ce gaspillage alimentaire. On y apprend ensuite que toutes les grandes chaînes de distribution jettent la plupart de leurs produits frais, leurs poissons et leurs viandes invendues avant même l’arrivée « fatale » de la date de fin de consommation et cela, de peur que les consommateurs ne les trouvent pas suffisamment frais et aillent voir ailleurs. Toujours aussi ahurissant, vous ne trouvez pas ? Chez les producteurs maraichers, même sons de cloches. On jette, on jette encore, on jette toujours, tous ce qui n’est pas « commercialisable » dans le circuit économique habituel : fruits trop petits ou pas suffisamment beaux, fruits ou légumes trop mûrs ou pas assez,  articles qui ne correspondraient pas au calibre souhaité par les consommateurs, etc...De ces produits parfaitement consommables , on en remplit des bennes entières pour les mettre en décharge après les avoir récoltés.  Vous avez dit ahurissant ? Puis, la jeune institutrice revient sur le devant de la scène et on la montre entrain de faire ses courses dans un supermarché, attentive aux produits les plus frais, aux fruits et légumes les plus beaux et aux dates de péremption les plus lointaines. Après l’avoir vu jeter un nombre incalculable d’articles sortis plein de fraîcheur de son réfrigérateur et de son congélateur, on est en droit de se demander pourquoi, elle est soudain si attentive à tout ça. Pas très logique ! Enfin, c’est sans doute en partie cela, les mauvaises habitudes inscrites dans le mode de vie des français ! Puis enfin, alors qu'un système de banques alimentaires fonctionne à merveilles et vient en aide à 13 millions de personnes démunies dans toute l'Union Européenne, comble de la « bêtise » et de la « rapacité » humaine, on y apprend que certains grands distributeurs versent de l’Eau de Javel pour dénaturer les produits afin que personne ne puisse les récupérer dans leurs poubelles. Car bien évidemment, le film se termine, avec la contrepartie de cette incroyable dilapidation alimentaire à savoir la nécessité « vitale » que certaines personnes (associations ou particuliers) ont à trouver à manger, quitte à faire les poubelles. En priorité, ces poubelles, ce sont celles des hypermarchés mais dans les villes, mais ce sont aussi celles des restaurants, des hôtels, des fast-food, des cantines, des hopitaux, des réfectoires divers et variés, des marchés, des petits commerçants mais c'est aussi la vôtre....En tous cas, pas la mienne car les "Dumpster diving", les plongeurs de poubelles, comme on les appelle, n'y trouveront rien à consommer !

    Et oui, tout ça m’a énormément choqué, à l’heure actuelle où à chaque journal télévisé, on ne cesse de nous  « bassiner » avec la crise économique, à l’heure actuelle où on n'arrête pas de nous montrer la misère humaine et les famines qui règnent dans un grand nombre de pays, à l’heure actuelle où les produits alimentaires ne cessent d’augmenter et le pouvoir d’achat, lui, de diminuer sans arrêt, à l’heure actuelle où les associations caritatives et humanitaires, style Restos du Cœur, ont une incroyable recrudescence (+25% sur les 3 derrières années) du nombre de repas gratuits à offrir, à l’heure actuelle où la pérennité du PEAD (Programme européen d’aide aux plus démunis), cher à Jacques Delors et à Coluche, semble ne plus pouvoir être assuré pour les prochaines années, tout ça est complètement incompréhensible et absurde.

    Oui, pour toutes ces raisons et sans doute bien d’autres comme celle de savoir que dans le monde entier, c’est la moitié de l’alimentation produite qui n’est pas consommée, le tiers partant directement dans les poubelles, celle de savoir qu’on « assassine » pour rien des millions d’animaux d’élevage dont la vie même a très souvent été terriblement bafouée avant même d'arriver sur les étals, celle de cette période incroyablement égoïste que nous vivons où les riches n’ont jamais été aussi riches et les pauvres, jamais aussi pauvres, ce « monstrueux » gaspillage alimentaire a un côté « écœurant » voire « répugnant ».

    En tous cas, à quelques mois des élections présidentielles et dans cette période de crise économique et financière que nos politiques décrivent comme la pire jamais survenue, trouver des solutions pour commencer à tenter d’inverser cette spirale infernale du gaspillage alimentaire, voilà un très beau challenge que bon nombre de nos candidats serait inspiré de mettre en tête de leur programme….

    Alors si dans les années 70, en matière d’énergie, le slogan à la mode « chasse au gaspi » était devenu incontournable, aujourd’hui, il serait bon de le remettre au goût du jour pour l’alimentaire, quitte à ce qu’il devienne une espèce d’outil de « propagande ». Quelques bonnes idées comme par exemple la suppression des dates limites de consommation pour les produits les moins sensibles, plus un bourrage de crânes permanent, voilà ce qu’il faudrait sans doute mettre en œuvre pendant quelques années, pour changer les mauvaises habitudes de tous ou en tous cas du plus grand nombre…Mais il y aura toujours les lobbyings des plus puissants et là,.....c'est une toute autre histoire....que je vous raconterai peut-être un jour ou l'autre....


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