• En ce mois de janvier 2013, concernant l’article de mon Journal Mensuel, j’étais parti dans l’idée première de vous parler du cadeau que mes enfants m’avaient fait pour Noël. Un très beau livre. Enfin quand je dis un livre, c’était plutôt de son auteur dont j’avais envie de vous parler mais une fois encore l’actualité m’a fait changé d’avis et je me suis dit que de ce livre et de son auteur, j’aurais toujours le temps de les évoquer une autre fois voire dès le mois prochain.

    Pourquoi ce revirement ?

    Pour une fois encore lancer un grand coup de gueule sur notre monde (et ici notre France) qui ne tourne pas vraiment rond !

    Ce grand coup de gueule, j’ai voulu le pousser suite à un article paru dans l’Indépendant.fr.

    En effet, je ne sais pas vraiment pourquoi mais depuis quelques mois, je reçois dans ma messagerie Internet, les titres de l’Indépendant.fr. C’est une version Internet très résumée de notre quotidien régional que je feuillette et il m’arrive même désormais de donner parfois mes points de vue sur les forums. Or, début janvier, j’ai été scandalisé par un article qui s’intitulait « La Fédération de chasse veut mettre en place des brigades de piégeurs », article dont vous pourrez prendre connaissance en cliquant sur la photo que j’ai jointe ici. N'hésitez pas à l'agrandir en cliquant soit sur la photo ou mieux cliquez sur "taille réelle" puis une deuxième fois sur l'image qui est apparue. Ce n’est pas tant le contenu de l’article qui m’a choqué puisque le journaliste y présente un réquisitoire plutôt à charge contre les chasseurs mais l’idée même que des hommes fussent-ils chasseurs ou pas, puissent avoir de telles idées malsaines vis-à-vis de notre faune déjà très malmenée sur notre réseau routier. Que l’on piège des animaux présentant un risque sanitaire pour la population c’est une chose mais qu’on autorise nos chasseurs à les piéger parce qu’ils ne peuvent plus faire leurs  « cartons » dominicaux, j’estime que c’en est une autre !

    Bien que ce ne soit pas dans mes habitudes d’être grossier, là je l’avoue, ma réaction première a été de me dire «  mais où s’arrêtera la connerie humaine et celle des chasseurs en particulier ! ». Puis aussitôt, j’ai presque regretté cet emportement car il m’était arrivé au cours de mes pérégrinations pédestres de rencontrer quelques chasseurs avec lesquels j’avais pu longuement dialoguer de manière sereine de la gestion de la faune et j’avais eu l’impression d’avoir à faire à des gens sensés qui savaient de quoi il parlait. Alors, j’ai relu cet article à plusieurs reprises et j’ai même tenté de comprendre de quoi il retournait vraiment en lisant quantité d'écrits sur Internet concernant ces « fameuses  brigades de piégeurs ». Honnêtement, toutes ces lectures n'ont pas infléchi ma façon de voir les choses. Il faut dire que d’un autre côté, j’ai toujours constaté qu’en montagne, c’était plutôt les animaux qui étaient constamment effrayés par l’homme et rarement le contraire. De plus, comme très récemment, il m’était arrivé de rencontrer un renardeau très maigre, mon sentiment était très mitigé. En effet, alors que je roulais en voiture du côté de Nohèdes, ce jeune renard qui semblait malade et affamé était venu spontanément vers ma voiture et comme je ne m’arrêtais pas, il s’était mis à me suivre. Ce n’est que lorsqu’une voiture est arrivée en sens inverse et qu’il a failli se faire heurter, qu’il a pris peur et s’est enfui. Enfui étant un bien grand mot car il se déplaçait avec une immense difficulté. Pendant le laps de temps où il a suivi notre voiture comme un chien perdu, mon épouse et moi avons eu le sentiment qu’il souhaitait qu’on lui vienne en aide et non pas qu’on le piège pour en finir.

    Alors commençons tout d’abord par cet article et le plus simple c’est de le lire dès son début : « Il faut replacer les choses dans leur contexte. À l'époque de l'âge d'or de la chasse, durant laquelle tuer une demi-douzaine de lapins dans la matinée était à la portée du premier fusil, tant les populations de petit gibier étaient importantes, l'impact de la prédation était tout à fait anecdotique ». C'est-à-dire que si je comprends bien, il y a eu une période où les chasseurs tiraient sur tout ce qui était comestible (ici en l’occurrence du petit gibier en général et des lapins en particulier) et de ce fait, les animaux (ici on les appelle prédateurs) qui vivaient pour se nourrir de ce même petit gibier en général et de ces lapins en particulier, n’étaient pas vraiment un problème pour les chasseurs. Quoi de plus juste que cette analyse ! Je sais d'autant plus qu'elle est vraie que certains membres de ma famille étaient chasseurs au temps de cet âge d'or !

    Puis les choses ont changé…..mais continuons notre lecture : « De petit gibier à proprement parler, à poils comme à plumes, il n'en est plus question, hormis dans quelques recoins de l'Aude relativement peu chassés. D'où l'importance que revêt, aux yeux des défenseurs de la chasse, l'incidence des nuisibles (renard, fouine, vison d'Amérique, belettes…) qui, contraints d'assurer leur subsistance, "tapent" dans le garde-manger que constituent les stocks de petit gibier. ». Désormais, si j’ai tout bien compris mais c’est écrit clairement, il n’y a plus suffisamment de stocks de petit gibier sauf dans les endroits où l’on ne chasse pas, mais c’est quand même la faute des nuisibles (dont je vous rappelle qu’ils n’étaient auparavant que des prédateurs) qui tapent dans le garde à manger….

    Mais de quel garde à manger parle-t-on ? De celui des chasseurs bien sûr ? Encore une fois, quelle justesse dans cette description des situations actuelles et passées !

    Alors renard, belette, fouine et autre martre, si vous avez faim, vous savez ce qu’ils vous restent à faire ? Passez à la boucherie la plus proche de chez vous car sinon ces Messieurs les chasseurs vont finir par mourir de faim et comme ils en auront marre, ils vous piégeront. Normal car que voulez-vous ce n’est plus suffisant d’élever quelques faisans ou perdreaux en batterie pour pouvoir les canarder juste après un lâcher. Normal car que voulez-vous quand on doit payer les traites de l’énorme 4x4 à 30 ou 40.000 euros, qu’il reste encore à payer quelques échéances du fusil « dernier cri » à 3 ou 4.000 euros et qu’en plus, on doit encore se payer quelques boîtes de balles à 100 euros les 6 pour passer le week-end et que pour finir, on doit encore très souvent nourrir une cohorte de chiens, payer le carburant, les vêtements, les chaussures adaptées, la validation du permis, la cotisation annuelle « obligatoire » et quelques bracelets pour le gros gibier, il ne reste plus grand-chose à la fin du mois pour s’acheter un peu de viande ! Pauvres chasseurs….qui désormais sont obligés de s’en prendre à toutes les petites bestioles qui jusqu’à présent vivaient bien tranquillement dans leur biotope !

    Alors j’arrête là la lecture de cet article car vous avez très bien compris où je voulais en venir…..

    Mais êtes-vous certains d’avoir tout bien compris ? N’est-il pas utile de rappeler la définition même de la chasse dite de loisir ? N’est-il pas utile de rappeler quelques chiffres de la chasse en France ? Vous verrez ça peut quand même aider à un peu de compréhension.

     

    Définition de l’acte de chasse (*):

     L'acte de chasse est celui qui tend à la destruction d'un animal vivant à l'état libre. Ce rappel de la définition officielle de la chasse loisir fait immédiatement apparaître les deux types de problèmes que pose cette pratique :

    - Affectant les animaux vivant à l'état libre, elle interfère négativement avec la protection de la faune ;

    - Étant un acte de destruction, elle contrevient à l'approche bienveillante du vivant, au respect de l'animal perçu comme un être sensible.

    Dès lors, suscitant débat dans la société, la chasse et son droit fluctuent avec le rapport des forces entre tenants et adversaires.

    C’est très bien défini et tout ça est encore plutôt très juste (*).

     

    Quelques chiffres (**) :

    - La France est le premier pays de chasseurs en Europe, devant l'Espagne et l'Italie. En 2006, on comptait 1.361.000 licenciés, ce qui fait de ce sport, le deuxième en France, derrière le football et devant la pêche. Les chasseurs sont organisés en 95 fédérations départementales et 80.000 sociétés de chasse (soit avec nos 36.000 communes plus de 2 sociétés de chasse par commune en moyenne).

    C'est-à-dire que sur les 6 millions de chasseurs que comptent l’Union Européenne, un quart d’entre-eux sont français. Hallucinant non ?

    - En France, 91 espèces sont dites « chassables » et c’est le pays au sein de l’U.E qui selon sa législation en compte le plus.  En moyenne, c'est une dizaine d'espèces seulement dans la plupart des autres pays européens. Dans le même temps, c’est également le pays qui possède la plus longue période de chasse de toute la région paléoarctique (Europe, Afrique du Nord, Asie au nord de l'Himalaya) mais c’est aussi le pays qui possède en pourcentage le moins de surface classée en réserve naturelle. 

    - En France, on estime à environ 30 millions le nombre d’animaux tués au fusil pour les 39 espèces principales. Au sein de ce dernier chiffre, le plus lourd tribut est payé par les pigeons ramiers avec 5 millions de victimes puis viennent ensuite les lapins de garenne avec 3 millions de victimes puis suivent les faisans et autres oiseaux provenant principalement de lâchers et enfin les grives. Pour combien d'années me demanderez-vous ? Deux ans, sidérant non ? Ces chiffres proviennent d’une enquête effectuée pour les années 1998 et 1999 par l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) auprès de plus de 105.000 chasseurs. 

    - La France est le pays membre de l’U.E qui compte le plus d’infractions au droit communautaire de l’environnement.

    Etonnons-nous après tout ça, que certains animaux aient complètement disparus de notre pays ou soient désormais en voie de disparition ! Seuls les chasseurs semblent étonnés par l'absence de certains gibiers ! Enfin pas tous les chasseurs peut-être, quelques abrutis seulement mais ça fait pas mal de monde quand même !

    Mais comme ce n’est pas suffisant, on va encore piéger quelques animaux supplémentaires et enfin, on pourra défitivement vivre peinard et tirer sur tout ce qui bouge ! Enfin, sur tout ce qui reste plus exactement.

     

    Mais encore quelques chiffres (*) :

    - La France n'accepte pas quarante loups dans les Alpes alors que l'Italie en compte cinq cents, l'Espagne mille cinq cents.

    - La France accepte difficilement d’avoir 20 ours dans les Pyrénées alors que l’Europe toute entière en compte plus de 50.000. Alors un petit problème de calcul mental. Sachant que l’Europe compte 50 pays combien devrions-nous en avoir ? Oui, c’est 1.000. Vous aviez trouvé j'espère ?

    - La France est le seul pays démocratique au monde a avoir présenté un candidat représentant le lobbying des chasseurs à une élection présidentielle au suffrage universel. Oui, oui, j'ai écrit lobbying ! Rappelez-vous, il y a eu Jean Saint-Josse en 2002 puis Frédéric Nihous en 2007 puis 2012. Très proche du RPR puis de l'UMP, ce parti très présent dans toutes les strates de la vie politique française c'est donné bonne conscience en rajoutant à son sigle "Chasse et pêche" les mots "nature et traditions". Mais après tout pourquoi pas, car c'est bien dans les traditions de ces gens-là que de massacrer la nature !

    - Enfin, la liste des nuisibles en France est, par rapport à la liste des petits gibiers de notre pays , quasiment équivalente et presque sans fin et pour cause, or mis le sanglier, le pigeon ramier et le lapin de garenne, elle compte les principales espèces d'animaux qui n’intéressent pas culinairement parlant les chasseurs, les agriculteurs, les viticulteurs, les éleveurs, etc...enfin tous les gens ou presque qui possèdent un fusil de chasse. De plus quand on sait qu’un piégeur n’est pas automatiquement un chasseur et éventuellement vice-versa, on peut craindre le pire pour toutes ces petites bêtes dont on peut imaginer comment elles finiront pour nombre d’entre-elles quant elles ont un beau pelage. En voici une liste dont je ne peux vous dire si elle est exhaustive ou pas car elle émane du site de l’UNAPAF : belette, chien viverrin, fouine, lapin de garenne, martre, putois, ragondin, raton laveur, rat musqué, renard, vison d’Amérique, sanglier, geai des chênes, étourneau sansonnet, corneille noire, corbeau freux, pie bavarde et pigeon ramier. Au fait l’UNAPAF, c’est l’Union Nationale des Associations des Piégeurs Agrées de France. Oui, oui, ça existe !

    Bon, je suppose que selon leur comportement dans certaines de nos régions, on pourrait très facilement y rajouter le blaireau, le lynx, le chat sauvage et quelques autres petits mammifères rongeurs que l’on trouve désormais dans toutes les bonnes jardineries comme le furet, l’hermine, le cochon d’Inde, j’en passe et des meilleures…pour peu qu’ils aient réussi à échapper à leurs maîtres et qu’ils finissent par emmerder quelqu’un….

    Oui, oui, je vous assure que j'ai vu ça aussi et j’ai une anecdote à vous raconter à ce sujet ! Un jour que nous pique-niquions au bord du lac de Saint-Jean Pla de Corts, j’ai vu un pêcheur sortir du foyer réservé à leur club avec une Tortue de Floride dans les mains. Il est parti dans les bois et moins d’une minute plus tard, il est revenu les mains vides. Alors bien sûr, m’intéressant un peu à la cause animale, je suis allé à sa rencontre pour comprendre. Là, je l’avoue, j’ai été horrifié par ces propos quand ce « pauvre » homme m’a annoncé qu’il sortait ces tortues-là du lac car il y en avait beaucoup trop, que les gens les achetaient en jardinerie toute petites mais les jetaient quand elles devenaient trop grosses, qu’elles se reproduisaient dans le lac, qu’elles étaient nuisibles à l’activité halieutique et que de ce fait, il n’avait pas trouvé meilleure solution que de les mettre vivantes dans un congélateur pour s’en débarrasser. Puis me montrant le bois de son index, il a rajouté «  il y a plein de carapaces là-bas, si ça vous intéresse pour faire des cendriers ? ». A ce pauv'con, j'aurais pu lui dire que j'avais arrêté de fumer depuis 12 ans mais non,....je suis resté sans voix.

    Moi qui est "fait" mai 1968, je connaissais les « pièges à cons » selon le fameux slogan qui avait cours à l’époque auprès des manifestants soixante-huitards : « Elections, pièges à cons ! » et désormais, je peux dire que je connais les « pièges des cons ».

    Bon, je vous laisse car je m’en vais créer une nouvelle association qui s’appellera l’UNAPCF. Non, rien à voir avec le Parti Communiste Français ce sera plus simplement l’Union Nationale des Associations pour Piéger les Connards de France....Allez dès qu'elle est crée c'est promis, je vous envoie un formulaire d'adhésion.....


     

    (*)extrait d’une déclaration prononcée par Gérard Charollois, président et co-fondateur du mouvement Convention Vie et Nature lors d'une conférence prononcée à Limoges le 26/08/2005 sur le thème  « La chasse française confrontée au droit européen » dont vous pourrez lire l’intégralité en cliquant ici. Quelques éléments chiffrés cités ont été également extraits de ce discours.

    (**) pour la plupart des autres chiffres, je les ai reproduit à partir du site bien connu «linternaute.com» selon un document sorti en septembre 2007 « la chasse en France-les chiffres ». J’ai volontairement fait abstraction de certains chiffres comme ceux consacrés à ce que coûte et rapporte la chasse et ceux relatifs aux nombres d’accidents. En effet, j’ai estimé qu’ils étaient hors propos par rapport au fond, objet de cet article.

    Les textes en lettres italiques grasses ne sont pas de moi et sont des citations.


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