• Être français ?


    Être français ?

    Plusieurs récentes et tristes affaires d’actualité m’ont amené à me poser cette question. La première fois a fait suite aux émeutes urbaines du mois de juin où les médias « de la pensée unique » s’empressaient de préciser que les jeunes qui avaient mis la France en feu étaient avant tout des « français ». Comme cette pensée unique est bien évidemment la « pensée officielle », notre ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin n’a pas hésité une seule seconde pour affirmer « Oui, il y a des gens qui apparemment pourraient être issus de l’immigration. Mais il y a eu beaucoup de Kévin (origine irlandaise) et de Mattéo (Mathieu en italien)  si je peux me permettre (sic) ». Alors bien sûr, ces 2 derniers prénoms ; très peu d’origine française notons-le ; sous-entendent qu’il y avait d’autres français que ceux issus de l’immigration et donc dit de « souche » bien évidemment. Pourquoi séparer les personnes si elles sont toutes françaises et méritent de l’être ? Plusieurs semaines plus tard, on apprend néanmoins qu’une majorité des émeutiers étaient de religion musulmane ! On s’en doutait sinon pourquoi plusieurs institutions et imams auraient-ils très vite appelés à l’apaisement ?

    Quelques mois ont passé, et comme la violence dans notre pays ne s’autorise plus aucun répit, le 17 novembre une autre affaire arrive très vite sur le devant de la scène ; car diffusée en vidéo par Médiapart ; où on apprend qu’un jeune jardinier de 29 ans prénommé Mourad reçoit de la part d’un septuagénaire des insultes racistes mais surtout des coups de cutter qui lui entaillent la gorge. Par bonheur et par chance, ce jeune Mourad s’en tire bien et n’aura comme seule séquelle une blessure superficielle et des jours d’ITT. Mais la récupération politique est immédiate et la gauche et la droite se déchirent lamentablement et notamment sur le fait que le prénom de ce jeune jardinier ait été mis en exergue car de consonnance arabe.

    2 jours plus tard, intervient l’horrible soirée de Crépol où plusieurs personnes sont blessées mais où surtout le jeune Thomas Perotto (*), 16 ans, est assassiné à l’arme blanche. Si l’enquête de police progresse à la vitesse grand « V », on sait aussi très vite que 9 jeunes (6 majeurs et 3 mineurs) seraient impliqués. D’emblée, on évoque une bagarre qui aurait mal tourné. Puis finalement, grâce à de nombreux témoignages, on apprend qu’il s’agit plutôt d’une expédition punitive, « où à l’aveugle, l’objectif aurait été de planter du blanc ».  Mais là, outre cet imbroglio médiatique et juridique, « gros problème » pour tous les journalistes car aucun ne parvient à connaître les noms et prénoms des majeurs suspectés ; le procureur se refusant de les donner ; pourtant tous « français », cette dernière précision n’étant pas elle gardée secrète. Bizarre ! En fin de compte, comme de nos jours la justice n’a jamais été aussi faillible et que les mailles des réseaux sociaux sont très larges, les prénoms de 7 d’entre eux apparaissent au grand jour :  Ilyes, Chaïd, Yasir, Mathys, Fayçal, Kouider et Yanis (source : JDD).

    Comme la violence a de moins en moins de limites, le 3 décembre au matin, en lisant les infos sur mon PC, j’apprends que la veille une attaque au couteau a eu lieu près de la tour Eiffel, attaque qui a coûté la vie à un touriste allemand de 23 ans. Là, j’apprends aussi que l’auteur de cette attaque mortelle se prénomme Armand R. Il serait « français », islamiste radical, fiché S, déjà condamné en 2016 et sorti de prison en 2020 et qu’il présente des troubles psychiatriques très importants, troubles pour lesquels il aurait été suivi et soigné. Eh oui, des français radicalisés à l’islam on en a connu pas mal depuis Mohamed Merah ! Finalement, j’apprends le lendemain que cet Armand, né le 21 mars 1997 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), a pour nom de famille Rajabpour-Miyandoab . Ses parents, non-musulmans, ont fui le régime islamique iranien pour s'installer en France dans les années 1980 et voulant être reconnaissant à la France de les avoir accueillis, ils auraient tenu à donner à leur fils un prénom français. Mais comme de nos jours rien n’est simple et désormais tout est analysé de fond en comble, une controverse ne tarde pas à circuler sur les réseaux sociaux quant au véritable prénom de ce jeune terroriste radicalisé. En effet, la divulgation d'un extrait du Journal Officiel du 22 mars 2002 indique qu’il se serait d’abord prénommé « Iman » et n’aurait changé de nom qu’en 2003, soit à l’âge de 6 ans. Quel scoop ! C’est grave docteur d’avoir fait le choix de franciser plus tard après sa naissance le prénom de son enfant ?

    Ainsi, comme on le voit dans ces 4 faits d’actualité, le prénom serait devenu essentiel pour déterminer si vous êtes considéré français ou pas ? Si vous méritez de l’être ou pas ? Oui, que de querelles stériles et abêtissantes nous vivons désormais ! Il faut savoir que de 1803 à 1993, une loi datant de Napoléon Bonaparte, premier consul à l’époque, encadrait le choix des prénoms. Ils devaient être en usage dans les différents calendriers (français) ou ceux de personnages connus dans l'histoire ancienne. Il y avait donc du choix.  Pourtant en 1993, il semble que ce choix n’ait pas été suffisant pour le gouvernement socialiste de l’époque. En effet, cette année-là, la loi du 8 janvier consacre le principe de la liberté du choix des prénoms par les parents et seul l’officier de l’Etat-Civil peut avoir son mot à dire s’il juge que le prénom choisi va à l’encontre de l’intérêt de l’enfant. Autant dire que ces derniers cas sont « peanuts » et en français « pinottes », c'est à dire aussi réduits que de simples cacahuètes. Mais comme souvent en France qui dit « liberté de choisir » dit « bordélisation », on comprend mieux de ce fait les polémiques qui fleurissent « à tour de bras » de nos jours. On peut le regretter mais c’est ainsi. De surcroît, donner un prénom français à son enfant n’est-ce pas le premier signe évident d’une volonté d’intégration même s’il ne doit pas et ne peut pas être le seul ? Or, quand on voit qu’à la 3eme ou 4eme génération des personnes venues d’ailleurs, il y a encore un maximum de prénoms « arabo-africains », force est de se dire que cette loi du 8 janvier 1993 était d’évidence mauvaise, même si le prénom ne sera jamais l’alpha et l’oméga d’une francisation réussie ou pas.

    Oui, être français c’est quoi ?  Si vous vous amusez à poser cette question sur le Net, vous obtiendrez autant de réponses qu’il y a d’individus qui ont voulu donner leur point de vue. Il y en a pléthore !  Un vrai casse-tête. « Chinois », on pourrait éventuellement le résoudre mais « français » c’est tout de suite plus complexe ! Certains pour faire simple, vous diront qu’ils ont un « F » sur leur carte d’identité et que ça leur suffit, d’autres plus orateurs vous parleront d’amour du pays, de valeurs, de traditions, d’institutions, de références, d’une certaine culture, d’une appartenance au « Siècle des Lumières ». Ceux qui se sentent plus patriotes que les autres deviseront de leurs « racines », de « leur origine », de la « nation », de la « souveraineté » indispensable, « d’identité », des « droits et des devoirs ». Ceux qui plus récemment sont venus d’ailleurs évoqueront l’accueil qu’ils ont reçu, la convivialité de la France, la gentillesse et l’aspect sympathique de prime abord des français, les prestations sociales qui les ont bien aidés, les services de soins et de santé accessibles et compétents qu’ils n’avaient pas dans leur pays d’origine, leur intégration à un pays où les mots « liberté, égalité et fraternité » ont toujours un sens, le pays des Droits de l’Homme, etc….Ensuite, il y a tous les autres, ce qui ne disent rien et s’en foutent, puis surtout il y a ce que l’on ne parvient pas à mettre dans aucune des catégories citées ci-dessus car ils ne font rien de bien pour démontrer qu’ils sont français.

    Oui, on trouve tout ça et tout ça peut être regardé à juste titre avec raison et sagesse mais aussi avec autorité et sévérité pour ceux qui se comportent mal, de surcroît s’ils sont binationaux ou encore pire étrangers. Or mis ces derniers, les arguments des uns et des autres sont acceptables, mais ce qui ne l’est plus ce sont ces querelles politiques et médiatiques et donc forcément « puériles » autour des prénoms mais surtout autour de ces violences et meurtres à répétition où en premier lieu on ne devrait penser qu’aux victimes innocentes quels que soient leur nom, leur prénom, leur origine et leur religion.

    Je me prénomme « Gilbert », prénom paraît-il d’origine « germanique », germain c’est-à-dire descendant de « peuples germaniques » qui selon les historiens de Wikipédia « ont contribué à façonner une grande partie de l'histoire de l'Europe occidentale depuis le haut Moyen Âge jusqu'à nos jours ». Qui dit Europe occidentale dit bien évidemment la France, vieux pays le plus occidental d’Europe et ce, depuis que le royaume des Francs a vu le jour au Vème siècle. Or les Francs étaient un peuple d’origine aussi germanique que mon prénom. Ils se sont amalgamés aux Gaulois, aux Romains mais aussi à bien d’autres peuplades comme les Celtes, les Wisigoths et les Ibères par exemple, pour n’en citer que quelques-unes mais il y en a eu bien d'autres.  Oui, la France est née de cette Histoire-là, que ça convienne ou pas ! Car si nos hommes politiques les plus récents ont tous et tout essayé pour supprimer les frontières afin de faire de nos pays respectifs européens un grand marché commercial et donc financier, vide de toute citoyenneté », je ne suis pas certain qu’une majorité de français souhaite vraiment cette disparition des frontières et ce malaxage « inter-nations » ?  Quand à mon nom, descendant de « Julianus » dérivé de « Julius », il ne fait pratiquement aucun doute qu’il serait d’origine latine et donc romaine.

    Romain d’un côté et germain de l’autre, j’ai malgré tout la France dans les tripes et ceux qui la haïssent au point de vouloir la casser, la brûler et au pire « vouloir la voir disparaître », ceux-là s’ils sont binationaux n’ont rien à faire chez nous. Il faudrait donc les déchoir de la nationalité française et qu’ils repartent dans leur pays d’origine et ce, quel que soit leur génération qu’elle soit de la première, de la seconde ou de la dernière. S’ils sont français « de souche », la justice doit être sévèrement exemplaire ! Quant aux détenus étrangers, je me demande encore pourquoi les prisons françaises, alors qu’elles sont archipleines, elles en acceptent encore autant ? On tombe sur la tête ! La France doit coûte que coûte arrêter d'être le ramassis de tous les individus peu recommandables. Si comme le disait si justement le poète Paul Fort « Si tous les gars du monde voulaient s'donner la main.....le bonheur serait pour demain » , mais à condition que tu n'es pas comme objectif de me casser les doigts ! 

    Oui, être français, ça doit être avant tout « viscéral », afin de vivre en harmonie, en sécurité, en paix et dans une « Douce France » comme le chantait si bien Charles Trenet ! Cela n’implique pas forcément que l’on vive la France de manière identique. Le pluralité n’est pas automatiquement un frein  à tout ça. Toutefois, ces quatre mots (harmonie, sécurité,  paix et douceur), force est de reconnaître qu’on les voit peu à peu disparaître de notre société « française ».

    Être français, c’est aussi la chance de pouvoir donner de bien jolis prénoms comme Ange, Aimé-e-, Candide, Céleste, Modeste, Prudence, Clémence, Fleur, même s’il faut bien reconnaître qu’ils ne sont jamais à la mode. Mais il y en a tellement d'autres aussi beaux ! 

    Faire en sorte que la paix se rétablisse au plus vite au Moyen-Orient ou en Ukraine, c’est très très bien, assurer celle de la France et des français au quotidien devrait être la priorité de ceux qui nous gouvernent. Or force est de constater que ce n’est plus souvent le cas car la France est désormais débordée de toutes parts par les incivilités, les violences et l’insécurité.

    (*) La mort de Thomas m’a bouleversé à double titre. D’abord parce qu’il était jeune, qu’il avait la vie devant lui et que rien ne justifiait qu’on le tue et ensuite parce que son nom de famille était également le nom de jeune fille de ma mère. Il n’est donc pas impossible que nous ayons eu des racines plus ou moins lointaines identiques.

     


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