• Ce diaporama est agrémenté de la chanson "A Whiter Shade Of Pale" du groupe anglais Procol Harum (paroles de Keith Reid et musique de Gary Brooker et Matthew Fisher). Elle est successivement jouée et interprétée ici par Anthony Ventura et son orchestre (Intsrumental), par Annie Lennox (chant) et Procol Harum (chant).

    Le Balcon de Villefranche-de-Conflent (427m/1.091 m) par Belloc.

    Le Balcon de Villefranche-de-Conflent (427m/1.091 m) par Belloc.

    Pour agrandir les photos cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran 


     

    Le 3 septembre 2018 au matin, je partais d’Urbanya pour aller réaliser une balade que j’avais intitulée « Le Balcon de Villefranche-de-Conflent ». Enfin, ce n’est pas moi qui l’avais appelée ainsi mais la plupart des topo-guides. A hauteur de Ria, et tout en roulant vers la gare de Villefranche, si connue grâce au Petit Train Jaune, je m’étais mis à culpabiliser un peu. Pourquoi me direz-vous ? Parce qu’il faisait un temps splendide, que c’était le jour de la rentrée des classes et que de très nombreuses mamans accompagnaient leurs chérubins à l’école. Tout en regardant ce « fourmillement » de personnes, très inhabituel pour moi qui vivais tranquille à Urbanya depuis de longs mois, je me disais que j’avais une chance inouïe de pouvoir partir en randonnée. La chance de ne pas avoir de contrainte et d’être libre comme le vent. La chance de pouvoir profiter au grand air d’une journée qui s’annonçait exceptionnelle. La chance d’aller à la rencontre d’une Nature que je devenais si belle et si présente. J’essayais de me mettre à leur place et je me disais « combien de gamins et de mamans aimeraient sans doute être à ma place ? ». Néanmoins, et tout en pensant à ça, je conduisais en examinant cette colline qui domine le Fort Libéria, me disant au fond de moi que cette randonnée n’aurait sans doute rien de facile.  D’ailleurs et pendant longtemps, et au regard de la forte déclivité de cette colline, j’ai toujours pensé qu’il ne pouvait pas y avoir de sentiers sur un flanc aussi pentu. Je me trompais bien sûr, tant sur les sentiers que sur la difficulté à les cheminer. Aussi, quand j’en avais terminé, et ayant pris un plaisir immense à tout point de vue, je m’étais fait la promesse de revenir avec Dany pour refaire ce « Balcon de Villefranche ». En ce 3 août 2019, nous y sommes et je ne doute pas une seconde que Dany va aimer. La météo est aussi splendide, sinon plus qu’une année auparavant, et de ce fait, tous les voyants sont au vert. Il est 10h15, la gare est paisible et silencieuse quand nous garons la voiture. En un an, le prix du parking à la journée a pris un euro de plus, passant de 4 à 5 euros et c’est le seul aspect négatif.  Hausse de prime abord très relative il est vrai, sauf si on la ramène à un pourcentage et qu’on s’aperçoit que ça fait 25% de mieux. Je me surprends à voir, que même en randonnée, le comptable et financier à la retraite que je suis sommeille mais ne dort pas complètement. Je paye et reviens me préparer tranquillement. Connaissant très bien le chemin, je me dis qu’il n’est pas utile de speeder. Nous harnachons nos sacs à dos et démarrons sur le même rythme tout aussi tranquille. Si la colline est pentue, je connais le parcours, son degré de difficultés, la distance et le temps maximum que nous allons mettre même en flânant beaucoup. Dès le départ, quelques hirondelles qui logent dans l’avant-toit de la gare et dans d’autres bâtiments stoppent mon démarrage. Les photographier est assez "coton" mais j'y parviens malgré tout avec un peu de patience. Plus loin, sur le pont qui enjambe la Têt, je tiens à montrer à Dany que cette gare est en réalité celle de Fuilla et que le quartier s’appelle Sainte-Eulalie, prénom de notre bien-aimée petite-fille. Nous traversons le parking réservé aux autocars et aux camping-cars et nous voilà enfin sur le véritable itinéraire. Un panneau étonnant et un peu risible nous interpelle. Il s’agit d’une personne qui ayant perdu son hibou apprivoisé, demande qu’on la prévienne par téléphone si on aperçoit l’animal. Je ne sais pas pourquoi mais je me dis que si le volatile trouve le secteur aussi merveilleux que je l’ai trouvé moi-même il y a un an, il y a peu de chance qu’il revienne au bercail !  Le sentier s’élève vers le Fort Libéria et même en marchant d’un train plutôt « pépère » et en prenant le temps de regarder les premiers panoramas, les 20 minutes mentionnées sur les différents panonceaux sont largement suffisantes. Ça me réjouit de voir que Dany marche bien et n’a aucune crainte avec son genou opéré. Nous prenons le temps de regarder le fort et ce, d’autant qu’un rouge-queue noir, un joli mâle, semble enclin à se laisser photographier. Il vole d’un mur à un autre sans jamais trop s’éloigner du fossé qui sépare le rempart et le pont-levis. De temps en autre, il s’élève droit dans le ciel, effectuant un très court vol stationnaire mais néanmoins suffisant pour becqueter un insecte. En raison de sa livrée nuptiale si particulière car aux couleurs si vives, je serais prêt à parier qu’il a son nid dans ce secteur. Après cette « naturelle » observation, nous laissons le volatile à ses péripéties aériennes et repartons. Très vite, l’intersection et le panonceau Belloc se présentent. Dany sachant tout de ma première venue ici et des deux itinéraires possibles, je lui demande si elle est toujours d’accord pour accomplir cette balade en passant par Belloc. Partant dans l’inconnu mais sachant néanmoins qu’en passant par-là, elle me fait plaisir, elle acquiesce. Papillons, criquets et lézards sont très présents mais jamais faciles à photographier en raison d’une bonne brise soufflant d’Espagne. Par bonheur, plus la sente s’élève et moins elle semble soutenue.  Les oiseaux sont rares et se résument à quelques fauvettes impossibles à photographier. Il me faut une chance incroyable pour parvenir à immortaliser un passereau sans que je sache de quel oiseau il s’agit ? Il est vrai qu'en restant constamment aux aguets, il va en être ainsi deux ou trois fois au cours de cette balade. Malgré la déclivité constante qu’il faut gravir, je sens bien que Dany prend un immense plaisir à cheminer ce sentier constamment en balcon. En matière de balades, je connais ses goûts, et j’étais sûr qu’elle apprécierait ces vastes panoramas lointains et ces vues très aériennes sur les vallées environnantes. Celle où s’écoule la Têt étant complètement à notre aplomb, elle ne peut s’empêcher de s’exclamer « D’en bas, jamais je n’aurais imaginé que l’on puisse marcher ici ! » Je lui dis, que j’ai eu la même pensée voilà un an. A force de marcher en me disant que « c’est trop beau », elle ne résiste plus au fait de prendre quelques photos avec son smartphone pour les envoyer aux enfants. Finalement et dès lors que le panonceau « Belloc - 600 m » se présente, la brise cesse et les papillons sont légions. Ici, il s’agit presque essentiellement de la sous- famille des « Satyrinés » et il faut arriver à ce qui reste du hameau puis ensuite autour de la chapelle pour voir un peu plus d’autres sous-familles. Dany connaissant déjà la chapelle Saint-André de Belloc et ses alentours, le long arrêt que nous y faisons est surtout consacré au pique-nique avec vue sur le versant nord, c’est-à-dire vue sur ce long et merveilleux panorama de montagnes et de ravins qui s’étire du Massif du Madres en passant par le domaine de Cobazet, les trois vallées de Nohèdes, d’Urbanya et de Conat et se terminant au Pla de Vallenso. Au bout d’une heure, que j’ai largement consacré à faire des photos, nous repartons dans la direction d’une autre chapelle romane, celle de Saint-Etienne de Campilles. Heureusement que je connais le parcours, car dans ce sens, les indications directionnelles sont quasi nulles et se résument à une très vieille pancarte Saint Etienne, de surcroît cassée, mais accrochée à un arbre, à l’instant même où le sentier quitte la piste menant à l’antenne TV. Enfin, heureusement qu’elle est là, car le sentier étant bougrement embroussaillé, il serait quasiment invisible pour le visiteur de passage. Embroussaillé, il va en être ainsi tout au long de la combe et quasiment jusqu’à la chapelle et s’y se frayer un chemin est parfois difficile, « à toute chose malheur est bon » dit le proverbe. Ici, ce qui est bon, ce sont d’abord les papillons, très présents et qui le sont de plus en plus dès lors que l’on approche du sommet du plateau de Campilles. Il est vrai que plus on monte et plus il y a de fleurs. Ce qui est bon aussi, c’est l’instant où je réveille un sanglier, qui devait sans doute dormir car Dany est déjà passée à cet endroit même quelques minutes auparavant.  Une fois encore, et alors que je suis entrain de photographier un papillon, j’ai la chance d’avoir mon appareil-photo allumé, et qui plus est avec mon téléobjectif enclenché dans une position rapprochée. Aussi comme il démarre à un mètre de moi, je peux lui photographier les fesses puis le flanc alors qu’il tourne choisissant d’emblée une autre direction. Apparemment il était seul et il disparaît aussitôt dans une végétation très dense. La chapelle est là et bien que parfaitement connue elle aussi, nous y stoppons le temps d’une courte visite. Ayant lu sur Internet, un bouquin à propos des marbres griottes des Pyrénées-Orientales, je joue au professeur en montrant à Dany les fameuses pierres de marbre rouge que l’on aperçoit dans les murs de la chapelle. Puis, en surplomb du Roc Rouge, nous profitons pendant quelques instants des vues aériennes sur Villefranche et des panoramas qui s’étirent avec une incroyable amplitude et dont l'horizon est constitué du Massif du Canigou et de celui des Tres Estelles. La suite et la fin consiste à redescendre en flânant vers le Fort Libéria par cette longue sente en lacets dominant constamment Villefranche. Une fois encore, et comme je l’avais été moi-même voilà un an, Dany reste en extase devant ces superbes paysages si variés car plongeants, aériens, proches ou lointains.  Si parfois, on peut trouver ces lacets un peu longs à cheminer, personnellement, je suis presque surpris quand le fort apparaît si proche de nous. Il est vrai qu’ayant fait le chemin inverse l’an dernier, c’est à dire en montant, pour moi, c’est une lapalissade de dire qu’une descente est toujours plus rapide qu’une montée. Enfin, c’est mon cas ! Par contre, en terminant cette nouvelle boucle, s’il faut que je désigne laquelle a été la plus belle ; est-ce celle de 2018 ou celle de 2019 ? ; là j’avoue que je suis bougrement embêté ! Non, je suis incapable de dire si une est préférable à l’autre et je dirais même mieux, je considère qu’elles sont toutes les deux bien différentes. Celle-ci a été longue de 10,1 km avec des montées cumulées de 707 m et un dénivelé de 664 m entre le point le bas situé à la gare à 427 m et le plus haut à 1.091 m juste après la chapelle de Saint-Etienne de Campilles et à l’instant où l’on amorce la descente. Cartes IGN 2349 E T Massif du Canigou et 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.


    3 commentaires
  • Ce diaporama est agrémenté de 4 chansons de Francis Cabrel qui ont pour titre : "Il Faudra Leur Dire" (avec les Petits chanteurs d'Asnières) , "Elle Ecoute Pousser Les Fleurs", "C'est Ecrit" et "Octobre"

    La Vallée de l'Alemany (1.975 m) depuis Mantet (1.475 m)

    La Vallée de l'Alemany (1.975 m) depuis Mantet (1.475 m)

    Pour agrandir les photos, cliquez dessus. 2 fois pour un plein écran.


     

    Mantet. Le 26 juillet 2019. Il est 10 h. La météo n’est pas top mais tant pis, Dany et moi sommes prêts pour accomplir une balade qui s’intitule « la Vallée de l’Alemany ».  Enfin, c’est avec cet intitulé-là qu’on la trouve sur la plupart des topo-guides. Si pendant très longtemps, et avec quelques années de moins, Mantet et ses alentours ont été pour nous, un magnifique et immense « champ d’investigation », voilà déjà 9 ans que nous ne sommes pas revenus ici. La dernière fois, c’était en décembre 2010 lors d’une superbe journée où le Pla Segala, immaculé d’une belle poudreuse, nous avait accueillis pour une mémorable sortie en raquettes. Mémorable à cause d’une incroyable météo « estivale » mais surtout à cause de chaussures qui ne me convenaient pas et qui avaient fini par me « pourrir » la plante des pieds.  Avec des raquettes, il faut le faire !  Antérieurement, il y avait eu de très belles boucles, celle par exemple, menant au Porteille, toujours par le Pla Segala et le Roc Colom, où, à cause d’un bel égarement du côté de Pomerola, nous avions « flâné » 13 heures, avant d‘en terminer et de récupérer notre voiture au col de Mantet à 20 h tapantes. Il y avait eu aussi, celle un peu moins longue, au Col del Pal sur le GR.10 avec retour par la rivière de Caret et ses jasses. Ou bien encore, ce mémorable aller-retour pour vaincre le Pic de la Dona et ses 2.702 m. Toutes ses randonnées et quelques autres encore avaient à chaque fois marqué nos esprits tant cette vallée de Mantet est merveilleuse, ample et donc grandiose mais jamais aisée à cheminer. Ses crêtes alentours ne le sont jamais moins non plus. Au fil du temps et des balades, Mantet était presque devenu un fréquent pied à terre. Nous y réservions souvent une demi-pension au Bouf’tic afin d’être dispos pour une balade dès le lendemain matin. La gentille Odile Guinel, remarquable aubergiste et maire du village, commençait à bien nous connaître.  Parfois, c’était juste l’histoire de venir y passer un bon week-end alors que la météo nous annonçait un grand soleil dans un immense ciel bleu. Ces jours-là, nous vagabondions au gré des sentiers. Oui, les bons souvenirs ont été légions à Mantet mais comme dans la vie rien n’est jamais simple, nous y avons connu aussi des jours de grande galère. En 2001 par exemple, lors notre GR.10 depuis Mérens-les Vals, quand Dany, des ampoules pleins les pieds depuis Bolquère ; avait été dans l’impossibilité d’aller plus loin que Mantet lors de cette 8eme et, par la force des choses, dernière étape. Ou bien encore, lors de ces deux jours d’un 1er et 2 mai 2004, où nous avions fini par nous perdre dans ce Massif des Tres Estelles si beau mais incroyablement si fallacieux quand des hauts murs de glace et d’immenses névés n’avaient rien trouvés de mieux que d’être encore bien présents sur le versant nord du pic où nous voulions à tout prix redescendre pour nous diriger vers Escaro et notre voiture se trouvant au Pas del Grau. Pour toujours gravée dans nos têtes, cette terrible aventure, qui par bonheur s’était bien terminée grâce aux secouristes, était devenue à jamais « Un cauchemar pour trois étoiles ». Oui, en cette matinée du 26 juillet 2019, alors que nous enfilons nos chaussures de marche, les souvenirs sont là, tenaces mais pas vraiment angoissants car les bons et les mauvais finissent par se mélanger et se confondre. Il est vrai que nous avons toujours fait en sorte de ne pas rester sur un échec, refaisant le même itinéraire, histoire de vaincre le « signe indien ».  Si nous avons connu le meilleur et le pire, on se dit que rien de bien plus méchant ne peut nous arriver aujourd’hui. En randonnée, vaincre le « signe indien », on commence à connaître, même si la prudence reste constamment de mise car sinon à quoi serviraient les expériences ? Après un bref instant d’hésitation entre un chemin « Sentier d’interprétation » qui part à droite et celui qui traverse le village, nous choisissons ce dernier.  Le Bouf’tic est fermé mais un homme qui jardine nous indique qu’il fait toujours chambres d’hôtes mais plus du tout resto. Odile Guinel n’est plus maire du village nous annonce-t-il. C’est lui le maire nous dit-il. On le remercie pour les renseignements, lui souhaitons une bonne journée et démarrons enfin notre balade même si des souvenirs continuels, quelques fleurs, des oiseaux et un gentil ânon ne cessent déjà d’interpeller mon appareil-photo. Nous traversons le village, ici tout en descente, en notant tout de même quelques menus changements. Comme par exemple cette brasserie Senglar où l’on s’arrêtera au retour pour déguster l’excellente bière du pays dont la publicité sur le Net indique qu’elle est brassée avec une eau de source et confectionnée avec des herbes sauvages, le tout provenant de cette sublime vallée de Mantet qui nous attend. Malgré un temps plutôt médiocre mais pas du tout désagréable sur le plan température, et même si la luminosité n’est pas toujours idéale, mon appareil-photo essaie de ne rien louper de toutes les originalités que je découvre en chemin. Un beau chien cherchant des câlins, un jardin potager, une mésange peu farouche, un étrange message à propos des compteurs Linky, des lézards le plus souvent trop remuants pour l’instant, un rapace qui nous surprend et s’envole, finalement la petite passerelle de bois enjambant le Ressec est vite là. La présence de la rivière a démultiplié la présence des fleurs dont les plus beaux spécimens sont incontestablement les œillets de Montpellier. Blancs, parfois un peu rosée ou verts, accouplés aux mauves scabieuses et aux jaunes boutons d'or, les gros bouquets sauvages ainsi constitués sont toujours extraordinaires. Ici, je connais bien ces torrents, celui de Ressec dont la confluence avec l’Alemany engendre un peu plus bas, la rivière de Mantet, elle-même affluent de la Têt. Combien de fois me suis-je rafraîchi à ces torrents soit pour de simples bains de pieds soit pour des immersions un peu plus conséquentes ? Un chemin encadré de grosses pierres et pavé grossièrement de plus petites file désormais en direction de la rivière Alemany que l’on enjambe un peu plus loin, juste après avoir poussé un petit portail métallique. Cette « carrerada » se rétrécie quelque peu mais garde encore ses fonctions primitives qui étaient d’amener les troupeaux aux estives tout en protégeant au maximum les cultures alentours. Si les fleurs et les papillons sont désormais les éléments les plus convoités par mon objectif photo, un rougequeue noir et une fauvette se laissent gentiment photographier. Mais que dire de tous ces lézards qui habitent dans les murets. Certains détalent, d’autres tergiversent à le faire, mais la plupart ne bougent guère ou pas du tout hésitant à quitter leur pierre que quelques éphémères rayons de soleil ont tout de même un peu tiédis. Jamais de ma vie, je n’ai aperçu autant de lézards et pour moi, c’est l’occasion ou jamais d’essayer de voir s’il s’agit du commun Lézard des murailles ou du plus rare Lézard catalan. Murailles, murailles, murailles et bien non ici à Mantet, je ne vois pas de catalan !  Puis finalement si, j’en vois aussi, grâce à leur plaque massétérique quasiment absente que j’observe en m’aidant du zoom de mon appareil-photo.  A l’approche d’un bois de pins, Dany qui le plus souvent marche loin devant moi, cette fois-ci m’a attendu. Elle souhaite s’arrêter pour déjeuner. Il est vrai que ne regardant jamais l’heure, je constate soudain qu’il est presque 12h30. A l’orée du bois et à quelques mètres du sentier, on s’installe sur l’herbe. De nombreux randonneurs passent devant nous et descendent vers Mantet. En réalité, et à notre étonnement, il y a plus de randonneuses que de randonneurs. Certains passent silencieux mais la plupart y vont d’un bonjour ou d’un bon appétit. Quelques-uns s’arrêtent et trouvent nécessaires d’engager une conversation aussi courte fût-elle. Bien évidemment, ils parcourent soit le GR.10 soit ils arrivent d’Espagne. Pendant un long laps de temps, tout redevient tranquille et c’est à ce moment-là que Dany me fait remarquer que d’innombrables oiseaux volent dans tous les sens au sommet d’un pic. Un petit coup d’œil sur mon bout de carte IGN et je constate qu’il s’agit probablement du pic de l’Orry culminant à 2.040m. Les oiseaux, en réalité des vautours fauves, sont encore bien plus haut et sans doute 300 à 600 m encore au dessus de la crête. Ils paraissent descendre et certains se détachent peu à peu de ce groupe énorme. C’est la première que j’en vois autant réunis sur un périmètre aussi réduit. Dans l’immédiat et le pique-nique terminé, je suis surtout attiré par les fleurs, les papillons et quelques hirondelles rustiques volant en rase-mottes. Je tente tant bien que mal de les prendre en photo mais malheureusement et vu leur vitesse, c’est plus souvent mal que bien. Heureusement que nous n’en sommes plus au temps de l’argentique car sinon quel gaspillage en papier ! Alors que j’en suis là à tenter en vain ces difficiles photographies des hirondelles en plein vol, une ombre immense passe au dessus des pins qui se trouvent à quelques mètres de nous. Il s’agit d’un vautour fauve. Un deuxième arrive et passe-lui aussi et en planant à 15 ou 20 m au dessus des pins les plus hauts. Puis, il en passe un deuxième, un troisième, un quatrième et je vais en conter six en l’espace de quelques secondes. Une fois encore, ce spectacle a toujours un petit angoissant car on s’interroge sur cette soudaine proximité. Photographier des vautours en plein vol et bien plus facile qu’une hirondelle. J’en profite. Finalement, les vautours disparaissent aussi soudainement qu’ils étaient arrivés. Nous repartons. Tout en marchant, je me dis que la toponymie (*) "aile grande" ; "ale" pour "aile" et "many" pour "grand" ;  que certains linguistes donnent au nom "Alemany" n'est peut être pas si absurde que ça ! Le sentier s’élève et avec la Jasse Grosse un palier semble atteint. D’ailleurs la végétation change aussi avec un peu moins d’arbres, une longue steppe d’herbes sèches parsemés de gros rochers sur la droite et sur la gauche des genévriers et des genêts nains. Avant même d’atteindre l’orri bien connu de ce lieu-dit, quelle n’est pas ma surprise d’apercevoir deux marmottes perchées sur de gros blocs. Elles ne bougent pas, mais une fois encore elles sont bien trop loin pour la puissance de mon téléobjectif. Je les photographie tant bien que mal. J’essaie de m’approcher mais très craintives, elles disparaissent aussitôt. C’est donc à regret que je retourne retrouver l’itinéraire. A regret, car il faut bien reconnaître que les occasions de voir des marmottes dans les Pyrénées-Orientales ; et d ‘ailleurs dans les Pyrénées tout court : ne sont pas si abondantes que ça ! En ce qui me concerne, c’est la quatrième fois que j’en vois et j’en ajoute une éventuelle cinquième, si je veux tenir compte des sifflets perçants que j’avais entendu du côté des Sources du Riuferrer, non loin du lieu-dit la Baraque del Faig lors de Mon Tour du Vallespir. Deux autres fois, c’était lors d’une randonnée au Pic de Costabonne, sur le versant ouest et nord du Bac du Costabonne plus exactement, puis ensuite un peu plus bas avant d’arriver à la Baraque de la Coma del Tech.  Enfin, les plus visibles et les plus proches que j’avais pu photographier avaient été vu au bassin d’Aixeques dans la Vallée de la Riberole, non loin du Refuge de l’Orri. Voir des marmottes est d’autant plus réjouissant que sa réimplantation à la fin des années 40 n’a jamais été vraiment considérée comme une réelle réussite et qu’il a fallu plusieurs campagnes de réintroduction pour la voir s’installer dans de très nombreuses vallées pyrénéennes ensoleillées. Aujourd’hui encore, il n’y a pas vraiment photo, entre celles que l’on voit dans les Alpes et qui se laissent gentiment approcher et nourrir et celles des Pyrénées toujours plutôt farouches et moins nombreuses. Après l’orri, le sentier serpente au sein d’un végétation plutôt rabougrie. Finalement, des panonceaux directionnels se présentent : Ras de la Carança d’un côté et Portella de Mentet de l’autre. Nous poursuivons cette dernière direction et très vite le Refuge de l’Alemany est là. Construit en 1988, il est bien occupé tant à l’intérieur qu’à l’extérieur par plusieurs randonneurs. Nous n’y stoppons que le temps d’un courte visite et d’un peu de lecture évoquant le refuge, la baraque des Allemands et la toponymie du nom Alemany (*). Le texte en question confirme bien la "grande aile" citée ci-avant. Malgré la vision exceptionnelle que nous venons d'avoir des vautours, j'avoue que je ne la partage guère.  Nous continuons et dès lors que le chalet du berger est atteint, je sais que les vestiges de la Baraque des Allemands ne sont plus très loin. Nous y stoppons et après un brève incertitude quant au bon sentier à poursuivre, mon GPS et le tracé enregistré nous indiquent la marche à suivre. L’itinéraire est là, peu visible sur l’herbe verte qui a sans doute repoussée, mais juste derrière les ruines de la vieille baraque. Alimenté par le ruisseau de Bassibès, il suffit de faire quelques mètres pour trouver une première passerelle enjambant l’Alemany. Etroit ruisseau très tranquille, il serpente au sein d’une incroyable végétation florale où les papillons et quelques autres insectes trouvent un biotope à leur gré et à leur dimension. La suite reste simple puisqu’il suffit d’emprunter ce sentier toujours parallèle au modeste ruisseau qui peu à peu devient petit torrent. Une deuxième passerelle se présente et permet de passer sur l’autre rive. Le sentier s’élève, file désormais en balcon au dessus de l’Alemany puis entre dans un bois de pins à crochets. Nous profitons de la quiétude du lieu pour finir les restes de notre casse-croûte puis repartons. Finalement, c’est à l’instant de sortir de ce bois que nous retrouvons les couleurs blanches et rouges du GR.10. La suite et la fin seront encore plus faciles et sans doute trop faciles pour moi car je décide tout à coup de quitter le sentier pour partir à la découverte des vestiges du passé. Cortals ruinés, orris et surtout des murs souvent plus impressionnants les uns que les autres, je me lance dans une quête que je sais perdue d'avance. Au sein de ce monde minéral, souvent envahi par le végétal, tout n’est que silence. On entend les abeilles voler et quand j’observe la Nature, l’évidence saute aux yeux : les lézards et les insectes ont pris la place des ovins, des caprins, des bovins et des chevaux qui devaient paître dans ces lieux, il y a moins d’un siècle sans doute. Ce n’est pas avec ça, qu’on se régalera d’un steak bien tendre aux auberges de Mantet me dis-je ! Je pars retrouver l’itinéraire que Dany a continué à suivre. Un brouillard très dense descend du col de Mantet et des Tres Estelles en direction du village. Je ne dis rien à Dany car elle vient de m’annoncer qu’elle aimerait bien se tremper les pieds dans la rivière mais au fond de moi, je me dis que nous devrions peut être presser le pas. Alors j’observe plus précisément cette brume mais finalement je m’aperçois qu’elle descend, remonte un peu et fait ce yoyo presque constamment, même si un mouvement de descente paraît certain. Je me dis que le chemin est simple et que l’arrivée n’est plus très loin. Dany trempe ses pieds dans l’Alemany et pour une fois, moi qui aime tant l’eau, je me contente de la regarder. Finalement, et malgré cet épais brouillard qui semble vouloir tomber sur Mantet comme un rapace tombe sur sa proie, nous flânons plus que jamais. On part voir la forge et son imposant marteau, je photographie des oiseaux, on caresse un chat puis le chien de la brasserie Senglar. Alors bien sûr, comment ne pas s’arrêter pour déguster cette merveilleuse bière artisanale que cette brasserie a concoctée presque essentiellement pour les visiteurs de Mantet ? Visiteurs d’un jour nous le sommes, visiteurs de toujours nous le resterons pour la vie. Nous quittons la brasserie et le sympathique Béranger. Le village est encore là, mais comme vide de tout occupant. Quelques ruelles restent à gravir pour en terminer. Le mauvais temps ferait-il peur aux Mantetaires ? Oui, sans doute, car ils connaissent la montagne et le mauvais temps qui peut survenir encore plus vite qu’il ne faut ici pour l’écrire. La suite va leur donner raison. Nous terminons cette balade dans la brume mais sans avoir vu la moindre goutte de pluie. Nous reprenons la voiture et filons vers Urbanya. Et là, à partir de Ria, c’est un véritable déluge. Par bonheur, nous sommes dans la voiture. Un tel déluge, Dany et moi l’avons connu une seule fois sur nos têtes. C’était en 2002, dans la descente du Pic de la Vache, près des étangs Bleu et Noir et alors que nous redescendions vers les étangs de la Carança. C’est trempés jusqu’au os que nous avions trouvé refuge dans le très bel orri à deux chambres qui se trouve au lieu-dit Planell de l’Estany. Oui, depuis notre égarement au pic des Tres Estelles et ce « Cauchemar pour Trois Etoiles », Mantet aura toujours cette faculté de faire renaître en moi d’incroyables souvenirs, les bons et les mauvais et ceux inoubliables du GR.10. Cet orage au dessus des Etangs de la Carança, qui par bonheur avait été très violent mais très court, je n’ai jamais su où le ranger ! Telle qu’expliquée ici, et errements photographiques inclus, cette balade dans la « Vallée de l’Alemany » a été longue de 8,8 km pour des montées cumulées de 708 m. Le dénivelé est de 504 m entre le point le plus bas à 1.475 m sur la passerelle enjambant le Ressec et le plus haut à la Baraque des Allemands à 1.979 m. Le parking du village est à une altitude de 1.580 m. Carte IGN 2250 ET Bourg-Madame – Mont-Louis – Col de la Perche Top 25.

    (*) Le nom Alemany et sa toponymie  :  La rivière de l’Alemany qui coule dans le vallée éponyme a une longueur de 5 km et son bassin versant une superficie de 11,2 km2. Les crues torrentielles les plus marquantes ont eu lieu en 1763, 1772, 1940 et 1992. Des avalanches ont parfois lieu dans la partie la plus haute de l’Alemany. (Les avalanches en haute Alemany de Jean-Marie Aguera (1985).

    Tous les linguistes semblent d’accord pour dire que le mot catalan « Alemany » signifie « Allemagne » ou « Allemand ». A propos du nom de famille, voici ce qu’écrit le professeur Jean Tosti sur la page de son site dédié : « Nom d'origine (allemande). Désigne une personne venue d'Allemagne. Le patronyme est fréquent en Roussillon ». Le site de généalogie Généanet écrit sensiblement la même chose : « Désigne une personne venue d’Allemagne. Le nom de famille est fréquent en Roussillon et plus généralement en Catalogne ». Ainsi, une recherche sur ce site donne plus de 27.000 résultats dans le fichier « ancêtres » et plus de 15.000 résultats dans la bibliothèque généalogique, c'est-à-dire au niveau des documents consultables en ligne si un compte est ouvert chez eux. Très étonnamment aucun nom ne figure dans le village de Mantet mais si on s’en éloigne de seulement 30 km autour, on obtient 139 résultats. Le site « La langue catalane et son histoire » confirme cette traduction et parle de l'orthographe et de la phonétique des mots finissant tout spécialement par "ny" (palatal et graphème).

    Concernant le nom de la rivière et des autres lieux-dits de la vallée (roc, bac, jasse, cortal, soula, refuge), là, les toponymistes sont beaucoup plus partagés. Pour Robert Aymard, aucun doute, le nom continue de définir un « allemand » (source « Les toponymes pyrénéens »). Pour les rédacteurs catalans de la « Nomenclàtor toponimic de la Catalunya del Nord », c’est la même chose, et pour eux la « Barraca de l’Alemany » devient carrément la « Barraque des Allemands ». Il faut donc se fier aux éventuelles explications données par Jean Rigoli, l’historien de Mantet le plus prolifique sur ce village (Diaporama photosHistoire, toponymie de tous les noms de lieux) pour envisager d’autres toponymes possibles. Voici textuellement (en bleu ciel) ce qu’il écrit à ce propos :

         Lalemany - Cad. 1824 - B2/57 à 121

     

              L' Alemany - IGN 1991 - 2250 ET

     

    Rivière et vallée au sud-ouest du village, en amont de Mentet : L'Alemany ou l'Alamany.

     

    La rivière porte aussi le nom de rivière de la Portella.

     

    - D'après Lluís BASSEDA, sans doute patronyme d'un possesseur, provenant du germanique Alls : tout + Man : homme pour donner le nom latin d'Alamanius.

     

      Mais il est possible aussi que cet anthroponyme provienne d'un ancien soldat d'un poste de garde, tenu par des colons ou mercenaires Alamans, pour contrôler le passage stratégique entre Coll et Portella de Mentet.

      Clin d'oeil ironique de l'histoire, ce poste de garde aurait alors préfiguré la "Baraque des Allemands" édifiée pour la même raison par les troupes d'occupation lors de la dernière guerre, en 1943. (voir B2.03.5)

     

      On trouve ce toponyme avec un "s" final, sous la forme Alamanys, à Tatzó d' Argelers et à La Roca de l'Albera.

      Cependant, il nous faut observer que la formation anthroponymique est pratiquement inexistante dans la toponymie ancienne de Mentet, surtout dominée par l'oronymie.

      D'autre part, le caractère sauvage et particulièrement isolé de cette contrée semble peu favorable à l'implantation domaniale gallo-romaine.

     

      Aussi peut-on avancer une autre hypothèse à partir de l'agglutination possible "Ala -Many"Ala, issu du latin Ala : épaule, aile, ayant aussi, en catalan, le sens de contrefort montagneux, accompagné ici du déterminatif du vieux catalan Many, issu du latin Magnus : grand.

       Semblable à Caramany du Fenouillèdes, à Galamany de Vià, à Rocamany de Mosset ou encore aux Capmany et Portmany d'outre-Pyrénées quant à sa formation, l'Alamany de Mentet désignerait le puissant épaulement de la Serra de Caret dominant la vallée de l'Alamany, avec le sens de grand contrefort montagneux.

     

      Une autre explication pourrait faire intervenir la survivance du vieux mot basque Ala : pâturage, associé au vieux catalan Many pour donner le sens de grand pâturage à cette vaste vallée si accueillante aux bestiaux.

     

      La voyelle atone de la deuxième syllabe a pu être indifféremment transcrite "a" ou "e", ce qui permet de trouver les deux graphies Alamany et Alemany, avec une fixation de cette dernière forme par la cartographie la plus récente.

     

    - Mentions du cadastre de 1824 :

                                                                - cortal de Lalemany

                                                                - cortal del Tramesou

                                                                - ravin del soula de Lalemany

                                                                - ravin del camp de l'orme

     

    - Mentions de la carte IGN 1991 - 2250 ET :

                                                                - refuge de l'Alemany

                                                                - roc de l'Alemany

     

    Parmi toutes ces explications, il faut noter que l'origine la plus ancienne du nom a été retrouvée à propos d'un cortal et d'un ravin sur un cadastre de 1824 et qu'il était écrit "Lalemany". On peut donc logiquement imaginé qu'il s'agissait du nom d'un habitant de Mantet possédant ce cortal. Il faut également noter que sur ce vieux cadastre, on trouve une autre "Jasse de Lalemany" non loin du pic du Canigou et plus précisément sur le versant ouest au pied du pic Joffre. Sur les nouvelles cartes IGN, il est désormais mentionné "Jasse Lallemand".

     

     


    4 commentaires
  • Le Rêve Etait Moche


     

    J’espère que ça ne vous arrivera jamais !

    Il y a quelques jours, je sors de chez moi pour partir promener. Une fois sur le trottoir, je suis indécis. Où vais-je partir ? A gauche, il n’y a franchement rien d’intéressant et en plus le quartier est peu sûr car il y a des insoumis, des anarchistes et parfois même des casseurs très violents. D’un autre côté et une fois passé cette partie, je sais que tout est vert. J’aime bien le vert. Mais là aussi, j’ai un peu d’appréhension car une fois ou deux je m’y suis risqué et j’ai pris une petite « volée ». De bois vert bien sûr ! A droite, plusieurs rues sont possibles, mais là aussi il y a souvent des rassemblements toujours au même carrefour. Rassemblements républicains ou nationaux d’après ce qu’ils disent d’eux. Pour avoir dialogué avec les plus aimables d’entre eux, je sais que ces personnes ont souvent des idées quasi similaires mais pourtant elles se font constamment face avec des regards pleins d’animosité, comme si elles allaient se battre entre elles. De ce côté-là ; les casseurs sont présents également, aussi violents que ceux de gauche. Comme j’ai du mal à comprendre toutes ces attitudes, ces personnes me font peur aussi. Au milieu, devant moi, il y a un long et haut mur avec quatre portes et des noms écrits sur des petites plaques dorées. Une porte est complètement dorée aussi, bien dissemblable des autres, et sur celle-ci, il y a écrit « Macron ». Alors, bien sûr, impossible d’aller par-là, sauf à prendre le risque d’essayer de pousser l’une des quatre portes. Des trois autres portes, un peu moins luxueuses que celle de Macron, j’ai déjà aperçu les propriétaires et je sais pour avoir lu les différentes plaques qu’ils s’appellent Bayrou, Lagarde et Morin. Parfois, mais assez peu souvent, ces trois personnes parlent entre-elles assises sur des chaises. Mais je ne sais pas pourquoi, elles sont toujours assises le cul entre deux chaises. Drôles de postures pour des personnes qui sont censées apprécier le centre des choses, d’après ce que je crois savoir ! « Enfin, ça les regarde ! » me dis-je. Ces portes-là ne m’intéressent guère et puis surtout le peu que j’ai vu de l’intérieur me paraît « fadasse ».

     Alors que faire ? Seule la porte « Macron » me reste inconnue.  Je me dis : « tant pis, aujourd’hui je vais tenter d’ouvrir la porte « Macron » et qui sait peut-être que derrière ça sera bien ? ». Je traverse la rue, pousse la porte après beaucoup d’hésitation et suis presque prêt à me mettre en marche mais d’abord j’observe. Il y a un très beau couloir devant moi, luxueux même, avec un plafond de verre très bas et des murs de chaque côté, bien roses au début, puis peu à peu tout devient de plus en plus sombre et au fond c’est le noir le plus total. Non, pas vraiment le noir total car si mes yeux cherchent à s’habituer à l’obscurité, mais ce n’est pas facile, il me semble voir un palais très luxueux dans la faible lumière finale ? Je n’ai pas encore fait trois pas que déjà il me vient une pensée unique. Que fais-je là ? Oui, que fais-je là au début de ce couloir qui va automatiquement m’envoyer dans le noir au fur et à mesure que je vais marcher. « Non, je n’ai rien à faire ici ! » me dis-je. « Atteindre un palais ? me dis-je aussi. « Mais que pourrais-je y faire ? ».  Je fais demi-tour, tente de pousser la porte mais elle paraît fermée. J’insiste. Rien. Il y a un bouton sur la porte que je n’avais pas vu sur l’instant. Dessous, il est écrit : LREM. Je suis hésitant à appuyer sur le bouton mais je n’ai pas d’autre choix car la porte résiste malgré mes coups de boutoir. A contrecœur, j’appuie sur le bouton et là aussitôt, une trappe s’ouvre sous mes pieds et je tombe dans un puits tout noir. Quand j’atterris ; indemne, par je ne sais quelle chance ? ; une lumière très diffuse revient. Autour de moi, il y a des grilles avec de gros barreaux, séparées par des piliers sur lesquels des panneaux sont scellés. Sur les panneaux, il y a 4 lettres : LREM. Plusieurs personnes sont là, assises ou couchées à terre, la plupart à gémir « je veux des sous », « je veux de la reconnaissance », « je veux un travail ». Certaines ont des gilets jaunes fluo mais j’ignore pourquoi ? Je m’assieds. Je tente d’engager la conservation avec mon voisin de gauche mais ne sachant pas quoi lui dire, je lui demande simplement : « ça fait longtemps que vous êtes là ? ». Il me répond d’un laconique « oui ! ». Je comprends vite qu’il n’a guère envie de me parler. Alors j’insiste quand même et lui demande « ça veut dire quoi LREM ? » Il me répond toujours laconique « je ne sais pas et je m’en fous ! » Je pose la même question à mon voisin de droite, mais là au lieu de me répondre, il lance à la cantonade « eh les gars, ça veut dire quoi LREM ? » Pas de réponse. Apparemment personne ne semble savoir. Mais dans un coin de la pièce, un très vieil homme qui semblait dormir lève le doigt et s’avance à dire très doucement « je crois savoir moi ». Alors tout le monde se tourne vers lui et comme un seul homme « alors accouches ! » Je crois que c’est « La République En Marche ! » dit-t-il d’une voix fluette. Un autre se met à crier « mais non, pas du tout c’est La République Est Mauvaise ! ». Non « pas mauvaise mais méprisable ! crie celui qui m’avait dit qu'il s’en foutait. Un autre s’avance à dire « non, pas méprisable mais maudite ! ». « Non, vous n'y êtes pas du tout, M c’est malhonnête » dit un autre. « Pas du tout, c’est médiocre » dit son voisin. « Non, ici le M ça veut dire misérable ». Et ainsi de suite, tout le monde y va de son adjectif commençant pas « M ». Personne n’est jamais d’accord mais une chose est sûre, je me dis que nous sommes tous au fond de cette même prison sans savoir pourquoi, alors est-ce si important de savoir ce que veulent dire ces 4 lettres LREM ? Toutes les propositions que je viens d’entendre semblent convenir pour définir ce trou à rats si moche.  Oui, c’est ça LREM c’est sans doute « La République Est Moche » ? Mais je garde cette réflexion pour moi ! Au bout d’un moment, et de l’autre côté des barreaux, des femmes en tailleur et talons aiguilles et des hommes en costumes et cravates vont et viennent, apparemment indifférents à nos destins. Ils ont des badges accrochés au revers de leurs vestes. Il y a leurs noms et dessous il est écrit député, sénateur, ministre. Un homme jeune et mince s’arrête. Il a gros un trousseau de clés dans les mains. Il joue avec et les clés tintent entre-elles comme s’il jouait d’un triangle musical.  Il continue de nous observer avec un petit sourire carnassier. Apparemment, et malgré tous ces va et vient, c’est bien le seul qui semble détenir les clés de notre sort. Je le reconnais, c’est Macron, mon voisin d’en face. Il nous lance à la cantonade « eh les gaulois récalcitrants, ça ira mieux demain ! » et il disparaît. De fatigue, je m’endors. Combien de temps ? Je ne sais pas, mais un mauvais cauchemar me réveille.  Je suis tout en sueur, le souffle court mais par bonheur allongé dans mon lit douillet. J’ai du mal à retrouver mes esprits. Je me lève, mais qu’au bout de longues minutes et comme un peu groggy. Je file prendre une douche, m’habille et pars me promener. Je suis sur le trottoir et encore indécis……Où vais-je aller ? J’ai encore ce cauchemar tout frais au fond de ma tête. Lequel au juste ? Je ne sais plus ! Je ne me souviens que d’une chose : « Le Rêve Était Moche ! ».

    (Toute ressemblance avec des personnes existantes, ayant existé ou se reconnaissant dans cette nouvelle est purement fortuite).

     

     


    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires