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    Ce diaporama est agrémenté de 4 chansons des Beatles composées par John Lennon et Paul McCartney. Elles sont jouées successivement par Chris de Burgh (The Long And Winding Road), par Rufus Wainwright (Across the Universe), par The Analogues (The Fool On The Hill et Good Night)

    La Serre de Monfort (1.141 m) depuis Montfort-sur-Boulzane (720 m)

    La Serre de Monfort (1.141 m) depuis Montfort-sur-Boulzane (720 m)

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    Au printemps 2017, et au départ de Montfort-sur-Boulzane, j’étais parti en solitaire découvrir la Crabixa, montagne ô combien riche dans sa biodiversité selon l’INPN, c'est-à-dire l’Inventaire National du Patrimoine Naturel. Si le sommet de la montagne, à 1.595 m d’altitude s’était dérobé à moi ; bien trop boisé là où j’avais voulu le défier ; autant l’avouer, j’avais été immensément enchanté de tout le reste. Cols de la Couillade, de l’Hommenadel et de l’Hommenet puis Bois de l’Orri et Vallon des Escoumeilles, grâce aux incroyables panoramas aperçus, grâce à une faune si présente et à une flore si luxuriante, cette randonnée est très longtemps restée dans ma tête.  En réalité, elle n’est jamais complètement sortie de ma mémoire puisque l’envie de retourner dans ce secteur est encore là en ce 10 juillet 2019. Il faut dire que j’avais également gardé en tête, mais également en photo, ce grand panneau de bois aperçu à l’instant même où j’en avais terminé.  « Serre de Montfort », il y avait écrit dessus. Et plus bas 8,5 km et 2h30, c'est-à-dire des critères très modestes dont j’avais la conviction qu’ils seraient facilement réalisables par Dany, souvent dans le doute depuis son opération du genou quand il s’agit de randonner. Là, et après les 2 randonnées ariègeoises (Cabanes du Goutets et Tuc de Montcalivert) qui s’étaient formidablement passées, j’étais très confiant. Seule, sur l’instant, la notion de dénivelé m’avait laissé perplexe car le panneau indiquait 720 m pour le plus faible d’entre eux, mais depuis j’avais acquis la certitude qu’il s’agissait de l’altitude au départ de Montfort. En ce 10 juillet, le ciel est bleu, le soleil brille de tous ses feux, tout est donc parfait et surtout cette balade est dans les cordes de Dany. De plus, je connais ses goûts, je sais qu’elle va aimer cette marche en forêt et ces clairières lumineuses qui ne manqueront pas de s’ouvrir sur des panoramas lointains. Dans cette journée qui s’annonce exceptionnelle, seul mon appareil-photo tout nouveau me tracasse un peu. Ne pas réussir à prendre de jolies photos reviendrait à me gâcher cette balade et peut être même la journée. Résidant à Urbanya, ce matin nous nous sommes levés plus tôt qu’à l’habitude. Ria, Cattlar, le col de Roque Jalère, Sournia, Rabouillet, le col d’Aussières, la route est longue et sinueuse depuis Urbanya, mais ô combien magnifique. À elle seule, elle est déjà un merveilleux voyage pour les yeux et les arrêts se multiplient au moins quand il s’agit d’admirer le Canigou et bien d’autres montagnes ou vallées. De plus, une grande partie de ce secteur me ramène 5 ans en arrière et à un fabuleux Tour du Fenouillèdes réalisé avec mon fils. 5 Jours à gambader dans ces paysages que nous traversons, de la Serre de Sournia à la forêt de Boucheville en passant par les Terres Noires. Après ce long périple routier en Conflent et Fenouillèdes, il est 10h15 quand nous garons la voiture à Montfort-sur-Boulzane. Au même endroit que le jour de la Crabixa, tout près de cette ancestrale faneuse en bois à la sortie nord du village. Connaissant la suite jusqu’au lieu-dit la Couillade, j’ai bien l’intention de ne rien changer à mes habitudes, c'est-à-dire flâner et photographier ce que la Nature voudra bien m’offrir. Nous démarrons tranquillement, passons devant le monument aux morts, empruntons les mêmes ruelles qu’il y a 2 ans et le même chemin essentiellement forestier s’élevant longuement vers le lieu-dit.  Tout est quasiment pareil sauf que je ne marche plus tout seul. La différence est de taille, et ce d’autant que si Dany ne court pas, elle ne me laisse guère le temps de photographier la Nature comme j’avais pu le faire précédemment. Alors, je reste néanmoins aux aguets et quand un sujet se présente ; fleur, oiseau ou papillon ; je me laisse distancer sachant que c’est au train que je vais regagner le terrain perdu. Ce chemin longeant en grande partie le Ruisseau de Rambergue est agréable. Il s’élève certes en permanence mais la déclivité est si modeste qu’elle n’est pas vraiment une contrainte. Si les oiseaux et les papillons sont rares dans ces sous-bois ; je n’ai photographié qu’un seul rossignol et trois papillons différents ; de nombreuses fleurs viennent à mon secours dans cette envie permanente d’immortaliser la Nature. Par bonheur, un écureuil roux et espiègle est venu dès le départ égayer notre mise en jambes.  Depuis ce divertissant épisode, je sens bien que Dany n’a pas sa facilité habituelle. Elle ne se plaint jamais mais m’attend souvent dès lors que je prends un peu de retard avec mes photographies. A l’approche de La Couillade, mais sans réellement se plaindre, elle finit par me demander « la montée est encore longue ? ».  En réalité, je lui dis que je n’en sais trop rien. Ce large chemin montant vers la Couillade est quasiment rectiligne et tous les abords se ressemblent. Seule ma montre est là pour m’aider un peu. Je lui dis « nous y serons dans 10 minutes maxi ». En réalité, il n’en faut que la moitié, et quand un grand pan de ciel bleu s’ouvre au-dessus de nos têtes, je lui dis « je crois que nous y sommes ! « Sans doute a-t-elle un peu souffert dans cette longue montée, car immédiatement elle éprouve le besoin de se poser puis même de rallonger cette halte pour entamer son pique-nique. Il faut dire qu’il est déjà 12h10. Moi, et avant même de déjeuner, je mets tout en œuvre pour tenter de photographier la Nature. Comme je le fais depuis quelques temps déjà, et quand la balade s’y prête, je dépose une grosse poignée de graines dans un endroit tranquille mais bien visible afin d’attirer des oiseaux. Sandwich dans une main et appeau dans l’autre, j’alterne les bouchées et les chants d’oiseaux. Dans l’immédiat, et or mis un pinson et une mésange charbonnière qui se sont un peu approchés, aucun passereau ne veut de mes graines et ne répond vraiment à mes sifflets. Même en changeant d’appeau, rien n’y fait. Aussi, le pique-nique terminé et Dany s’étant allongée sur l’herbe, je file photographier des fleurs et des papillons très nombreux ici dans ce secteur. Il faut dire que tout se prête à la présence d’une faune diversifiée dont les insectes sont de loin les plus présents et les plus visibles. Ici, les nombreux feuillus se mélangent aux conifères. Il y a aussi de grands prés donc un avec un enclos recevant de temps à autre quelques troupeaux et leurs déjections.  Il y aussi des clairières et les ruines d’une vieille bergerie. Quelques sources, dont celle de Rambergue, ne sont pas loin. Alors je reste confiant pour enregistrer quelques belles photos même si je ne maitrise pas totalement mon appareil. Dans l’immédiat, et Dany s’étant quelque peu assoupie, j’en profite pour prospecter toutes les prairies et les bois alentours. Au bout d’un quart d’heure, quelle n’est pas ma surprise de voir un jeune chevreuil immergé d’une fougeraie, non loin du pré où j’avais pu en photographier un autre voilà deux ans. A 50 mètres de moi, il s’éloigne sans vraiment détaler alors je tente plusieurs rapprochés quasiment au jugé mais néanmoins dans une précipitation qui ne présage rien de bon. « Enfin, je verrais bien » me dis-je.  A l’instant où je reviens vers Dany, je constate que quelques oiseaux ont déjà repéré le petit tas de graines. Des mésanges notamment. Bleues, nonnettes, huppées et charbonnières sont les plus présentes mais les plus fugaces aussi. J’ai également aperçu deux pinsons, un rouge-gorge, un rougequeue noir et une sitelle. Je suis ravi car je ne m’attendais pas à une telle affluence en si peu de temps. Il est vrai que nous sommes-là depuis plus d’une heure. Dany s’étant réveillée, je lui demande de patienter le temps que je m’essaie à quelques photos ornithologiques. Elle accepte et part ramasser des fraises sauvages, plutôt nombreuses dans le coin. Moi, je pars me cacher mais avec vue sur le petit tas de graines. Finalement, un mur de la bergerie en ruines toute proche est la cache la plus sûre, même si au passage il me faut écraser de nombreux épineux pour créer un poste de guet dépourvu de cuisantes échardes.  Finalement, je vais réussir trois ou quatre photos d’oiseaux bien au-delà de mes espérances. Il est temps de se remettre en route, direction cette fois la "Serre de Montfort" que je ne connais pas. Le sentier continue de s’élever très modestement dans une forêt où les feuillus et les résineux, tous très beaux, se partagent l’espace. Un nouveau petit collet est atteint puis le chemin bascule avec une vue superbe sur une vaste prairie de fauche mais également sur les contreforts plus ou moins boisés du Pic Dourmidou, du Pech Pedré et de la Montagne de Crabixa. La prairie, elle, a été récemment fauchée et plusieurs bottes bien rondes de paille sont là soigneusement rangées à son extrémité. Voilà donc la partie la plus visible de la Serre de Montfort, même si je sais qu’elle se poursuit plus loin sur la gauche, c’est-à-dire vers l’est. Avant de venir, j’ai longuement analysé une vue aérienne sur Géoportail, et je sais, qu’outre le nôtre, d’autres chemins y circulent. Sans Dany avec moi, j’aurais sans doute tenté l’aventure de les emprunter, mais aujourd’hui je préfère me cantonner au circuit choisi. L’aventure m’aurait d’autant plus tentée, qu’outre ces chemins ; il y a paraît-il les ruines d’un ou deux vieux castrums médiévaux, mais les quelques renseignements que j’ai pu trouver sur Internet sont nettement insuffisants pour se lancer dans une recherche opportune.  D’ailleurs, et si j’en crois ce que j’ai lu de l’Histoire de Monfort, il y aurait eu plusieurs forts, tours défensives ou châteaux protégeant le village et ses alentours, dont un fort originel qui aurait donné son nom latin de « Montis fortis in valle alba », que l’on peut traduire en « Montfort dans la vallée blanche ». Ce Castrum de Montefortis, lié au système défensif du château tout proche de Puilaurens, et avec lui la partie la plus ancienne du village, seraient situés sur le Roc d’al Castiellas. Ce lieu-dit, je ne l’ai jamais trouvé sur aucune carte.  Toutefois, et selon les quelques renseignements lus, il est clairement indiqué comme étant à l’ouest du village actuel, et donc on peut raisonnablement supposer qu’il n’est pas très loin de la Serre de Montfort. L’ensemble, castrum et hameau, aurait été détruit lors de la guerre entre la France et l'Aragon en 1496.  Un autre castellum, dont il ne resterait que quelques moellons, aurait existé aussi sur un autre roc tout proche de la bergerie des Escoumeilles, et c’est en premier lieu celui qui m’aurait intéressé puisque cette bergerie est bien connue et parfaitement située, et surtout non loin du tracé d’aujourd’hui. Enfin, un manoir féodal, ancienne demeure seigneuriale au Moyen-Âge, existe encore dans le village actuel mais ses divers remaniements lui ont fait perdre son caractère primitif. Il serait occupé par la mairie. Enfin, il faut noter que la seigneurie de Montfort a été longtemps la propriété de la famille du Vivier que j’ai longuement eu l’occasion d’évoquer lors d’une autre balade intitulée « le Cami del Viver depuis Saint-Martin de Fenouillet ».  Voilà ce que j’ai pu lire sur Internet sur un remarquable site appartenant à un dénommé Jean Alain Monfort. Si vous voulez en savoir plus sur Montfort-sur-Boulzane et tous les Montfort en général, je ne peux que vous conseiller la lecture de ce site, sans doute le plus complet sur ce patronyme. Alors qui sait, peut-être que ces vestiges et leur Histoire seront l’occasion rêvée de revenir ici pour une nouvelle balade ? Dans l’immédiat, et alors que je tente encore de photographier la multitude de papillons qui occupent cette prairie ; et que Dany est partie loin devant moi ; quelle n’est pas notre surprise d’entendre d’abord, puis d’apercevoir ensuite, une vieille « guimbarde » toute pétaradante remonter la piste et venir vers nous. Au delà du bruit que fait la voiture ; la vue de deux molosses courant derrière elle est bien plus angoissante. En courant, j’ai rattrapé Dany et désormais les deux chiens qui nous ont aperçus, nous vocifèrent dessus à seulement quelques mètres de nos jambes respectives. Nous rangeons nos bâtons télescopiques dans nos sacs à dos. La voiture arrive et un homme en descend. Il nous salue très brièvement et nous indique que ses deux chiens sont plus aboyeurs que méchants, surtout quand il est là précise-t-il. Les chiens continuant à courir autour de nous, et toujours en vociférant, babines bien moussantes, nous ne sommes qu’à moitié rassurés, surtout qu’il ressort de leurs gesticulations incessantes, un spectaculaire dynamisme et une incroyable force. L’homme se met à nous expliquer qu’il habite tout près d’ici, dans un mas isolé au milieu de la forêt, et qu’il a ressenti le besoin de dresser plusieurs chiens depuis qu’il y a quelques années des hommes sont venus le torturer pour tenter de le détrousser. Il rajoute qu’il ne vit que très modestement avec ses chiens, et si sa vieille guimbarde est déjà là pour justifier ses dires, sa très mauvaise dentition pleine de chicots en parachève leurs authenticités. Après cette troublante conversation, nous le saluons et reprenons notre chemin. Sa voiture ne redémarrant pas, nous lui proposons de la pousser mais il refuse notre aide. Après maints et maints essais infructueux, la voiture redémarre et disparaît bruyamment dans la prairie que nous venons de traverser. Ouf ! Les chiens disparaissent aussi. Le chemin emprunte désormais une bonne piste forestière et descend encadré d’immenses arbres. Un bout de la toiture de la maison de « l’homme aux chiens » apparaît au dessus de la canopée. Ainsi cerné par une haute végétation, le chemin devient forcément plus monotone et ce, malgré des fleurs et des papillons qui restent bien présents et que je continue de recenser photographiquement parlant. Un panonceau « point de vue » propose un allere retour au col de l’Hommenet. Nous en faisons l’impasse.  Les panoramas, eux, ont quasiment disparus et chaque petite fenêtre qui s’ouvre est l’occasion de s’arrêter pour observer celui qui se présente. Ce n’est que bien des décamètres plus bas et dès lors que nous enjambons puis dominons le Ruisseau des Escoumeilles qu’ils reviennent. La Serre de Montfort et son pinacle terminal sont désormais sur notre gauche. A l’aide de mon appareil-photo et en zoomant, j’essaie de voir si les ruines d’un château sont visibles mais la colline est bien trop éloignée pour acquérir des certitudes. Je ne vois que des bois ou bien quelques rares pierriers mais rien de suffisamment précis m’indiquant la présence de vieilles ruines médiévales. L’itinéraire zigzague un peu et longe désormais le Ruisseau des Escoumeilles se trouvant sur notre droite. Moi, sur cette piste presque rectiligne, je continue ma moisson de photos. Fleurs et papillons sont toujours bien présents.  Grâce à la présence du petit torrent, les oiseaux qui avaient quelque peu disparus refont surface. A cause de l’exubérance de la végétation, les photographier reste un difficile challenge. Patience et beaucoup de chance sont nécessaires. En général, la chance de photographier une oiseau se présente sur des branches mortes ou encore peu feuillues. Dans cette longue piste vers l’arrivée, seule la bergerie des Escoumeilles nous arrête quelques minutes. Plus loin, de nombreux chiens de chasse enfermés dans des enclos grillagés arrêtent Dany beaucoup plus longtemps. Au travers des grilles, elle tente d’offrir des caresses à tous les chiens « accessibles », lesquels en guise de suppliques, ne s’arrêtent pas d’aboyer. Il suffit de leur toucher le bout du museau pour qu’ils cessent.  Je suis certain que si Dany en avait la possibilité, elle leur ouvrirait les portes en grand pour qu’ils partent gambader. Dès lors que l’itinéraire tourne à gauche, suivant ainsi la courbe du ruisseau des Escoumeilles, je sais que Montfort n’est plus très loin. Quelques toitures apparaissent et le village est vite là. Nous le traversons tels deux lambins, tant il est joli à découvrir et que l’envie d’en terminer n’est pas encore totalement présente. Tout est prétexte à s’arrêter : une séculaire fontaine, un vieux lavoir, l’église, une tuile peinte, des hirondelles et des moineaux nichant sous les toits, des gros bouquets d’hortensias et quelques trépidants rougequeues noirs. Finalement, la vue du grand panneau en bois esquissant cette balade met fin à cette flânerie. La voiture est là. Cette balade telle qu’expliquée ici a été longue de 9,6 km. Les montées cumulées ont été de 730 m. Le dénivelé est de 414 m entre le point le bas à 726 m au départ de Montfort et le plus haut à 1.140 m au niveau du collet avant de descendre vers la Serre de Montfort. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul de Fenouillet Top 25.


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  • Nous sommes tous des arbres avec des racines.

     

    Plus je vieillis et plus j’adore la langue française. Je la trouve belle, pratique mais en même temps, il faut bien reconnaître qu’elle est complexe. Règles grammaticales, orthographe, syntaxes, exceptions, ponctuations, définitions, il faut vraiment y passer du temps pour l’apprendre correctement et encore. Toute la bonne volonté ne permettra jamais de tout connaître. D’ailleurs et de nos jours, on constate que tout est fait pour la faire évoluer défavorablement, et malheureusement je le crains, pour la faire dépérir. Au delà de cette complexité que l’on peut toujours travailler, il y a des locutions qu’on ne peut plus prononcer ou écrire sans qu’elles ne fassent polémiques. « Français de souche » en fait partie. « Racisme anti-blanc » aussi. Alors pourquoi autant de haine et de querelles autour de ces quelques mots si banals ? Je ne suis ni biologiste et encore moins généticien mais j’essaie d’être logique et pragmatique. Nous sommes tous des arbres avec des racines. Racines sensiblement identiques pour certains et bien différentes pour d’autres. Il suffit de regarder la Nature autour de nous, pour constater qu’il y a des arbres bien différents, certains petits, d’autres immenses, avec des essences, des couleurs, des feuillages, des fleurs, des bourgeons, des graines et des racines bien différentes aussi. Certaines racines sont bien plantées dans la terre, d’autres sont plus aériennes, d’autres arrivent à vivre et à se développer dans des milieux quasiment secs et presque sans eau, pendant que d’autres ne subsistent que dans des milieux aquatiques.  Alors bien sûr, on peut toujours imaginer, ou supposer, qu’après le bing bang, il y a eu au départ une cellule végétale. Vivant dans un milieu aquatique, elle est probablement devenue une algue marine, algue qui a probablement évolué en plante lacustre, plante qui a pris pied sur terre, se transformant peu à peu en plante terrestre, puis en arbuste et finalement en arbre. Je schématise mais c’est grosso-modo ce que les scientifiques échafaudent.  A partir de là, il faut bien admettre que l’évolution a peu à peu créé d’évidentes différences. L’environnement en étant la principale clé. Enfin, c'est l'affirmation d'une immense majorité de spécialistes. Certains archéologues, parce qu’ils ont trouvé de nombreux vestiges, voudraient nous faire croire qu’un premier et unique arbre du nom d’Archaeopteris aurait apparu tout seul et bien avant les autres, espèce d’immense Adam végétal de 30 à 40 m de hauteur qui peuplait nos forêts, il y a environ 370 millions d’années avant Jésus-Christ. Je ne suis pas paléobotaniste, mais on peut aisément supposer que si on trouve de nombreux fossiles de cet arbre, c’est justement parce qu’il était très imposant et peuplait nos forêts, mais cela ne signifie en rien qu’il était le seul et qu’autour de lui il n’y avait pas d’autres végétaux ! Les autres étaient peut être moins nombreux et plus petits et n’ont laissé que peu de traces voire pas du tout. C’est un peu comme si l’on affirmait que Lucy était la première femme hominidé parce qu’elle est la plus ancienne jamais retrouvée. En réalité, les scientifiques ne savent trop rien de tout cela car les mécanismes des évolutions restent la plupart du temps de grands mystères même si des progrès certains se font jour.  

    Alors quand j’entends l’expression « français de souche », je me dis « après tout pourquoi pas ? » Si les frontières de la France ont quelque peu bougées au fil des siècles, elles ont en grande partie conservé le cadre territorial qui était celui que les historiens ont appelé la Gaule. Alors pourquoi tant de polémiques autour de cette simple locution de « français de souche » ? Est-il complètement absurde de dire que notre évolution au sein de ce territoire ne peut pas avoir été la même que celle d’un africain, d’un asiatique ou d’un polynésien. Qu’il y a-t-il de choquant à dire cela ? Nous avons vécu, évolué et grandi dans des milieux naturels bien différents, milieux qu’on appelle de nos jours « écosystèmes ». D’ailleurs, l’Histoire n’est-elle pas là pour nous rappeler que nous sommes aussi, et en plus de l’environnement, les résultats d’évolutions successives aussi complexes que mystérieuses ? Prenons le cas de l’Europe par exemple. A l’école, on a tous appris que de multiples invasions avaient déferlé de l’est vers l’ouest, du nord vers le sud et vice-versa et ce, pendant des siècles et des siècles. Prenons le temps de citer la plupart de ces « peuples invasifs européens occidentaux » : les Celtes, les Romains, les Huns, les Alains, les Goths, les Visigoths, les Ostrogoths, les Vandales, les Suèves, les Burgondes, les Francs, les Vikings, les Alamans, les Bavarois, les Lombards, les Saxons, les Bretons et peut être aussi les Pictes, les Scots, les Angles mais la liste pourrait être encore très longue si on y ajoute les peuples et petites peuplades étant plutôt restés à l’est de l’Europe et ceux venus du Moyen-Orient et d’Afrique comme les Khazars, les Avars, les Hérules, les Tartares, les Egyptiens, les Phéniciens, les Carthaginois, les Perses, les Mongols, les Omeyyades, les Maures, les Sarrazins, les Slaves, j’en passe, j'en oublie, des meilleurs et des pires. Tous ces peuples-là, sont venus, sont passés ou se sont installés en Europe et donc obligatoirement, et plus ou moins volontairement ou pas (les viols étant nombreux !), ils se sont croisés avec des populations déjà résidentes, sédentaires ou déjà de passage ! Voilà nos véritables racines avec de grands mystères qui demeurent, comme nos langues par exemple qui sont si différentes malgré des invasions commises parfois par des peuplades si similaires. Des langues qui parfois ont pourtant des origines identiques. Alors, autant vous dire que si vous cherchez vos racines, elles risquent d’être aussi nombreuses et profondes que celle d’un séquoia géant !

     

    Sans remonter aux calendes grecques, si je prends mon seul cas, remontant à quatre générations, j’ai la quasi certitude,  que coulant dans mes veines, j’ai du sang « français (Jullien, Darbousset, Demongeot comme Mylène) », « italien (Bourrely, Duretto, Pizard et ma mère née Perrotto) » et même « allemand (Miard, Oustric comme le célèbre banquier fraudeur, Reynord, Graf comme SteffiFrancfort comme une saucisse, et ma grand-mère paternelle née Dauenhauer) ».  Je ne trouve pas ni d’anglais, ni d’espagnols, encore que si j’analyse mon nom de famille Jullien, voici tout ce que l’historien Jean Tosti en dit :  

    « Julien, Jullien : Voir Julia pour l'explication. On trouve les Julien un peu partout, mais notamment dans les Bouches-du-Rhône et l'Aveyron. Quant aux Jullien, outre la région marseillaise, on les trouve dans la Drôme et l'Isère. Variante : Julhien (43, 15)

    Julia : Equivalent catalan du français Julien. Le nom vient du latin Julianus, lui-même dérivé de Julius. On connaît plusieurs saints portant le nom de Julien. Le plus célèbre dans les P-O est saint Julien, époux de Baselice : tous deux ont refusé de consommer leur mariage, et sont partis évangéliser les païens, ce qui a valu à Julien de mourir dans d'affreuses tortures. En Normandie, on connaît aussi saint Julien l'Hospitalier, popularisé par un conte de Flaubert. Le patronyme Julia est très courant dans le Sud et le Sud-Ouest (81, 82, 31, 66). Variantes : Jullia (07, 82), Julhia (46, 82, 40).
    Julian, Jullian :   Variantes de Julien (voir Julia) portées surtout dans le Gard. Formes voisines : Julhan (48), Julhian, Julians, Juliant, Julliand (74), Julliant. Formes latinisées : Juliany, Julianus, Julianny »

     

    Alors comme on le voit, pas suffisant que j’ai des origines « romaines » ; tout comme la salade au cœur ferme et à la tête robuste si feuillue ; encore faut-il peut-être que je descende d’un saint à la fois catalan, puceau et finalement martyrisé ! Maintenant, je comprends mieux pourquoi en dressant mon arbre généalogique, j’ai constaté que mon arrière grand-père était né de père inconnu ! Bâtard en plus ! Un envahisseur a-t-il violé mon arrière-arrière grand-mère ou était-elle consentante ? Je  vous l’ai dit : « il y a des mystères ! » Celui-ci est le plus gênant dans mon parcours, car il m’empêche d’aller plus loin dans ma généalogie et ainsi de continuer à remonter le temps.

     

    Alors, même si je connais très mal l’Histoire de l’Afriquede l’Asie ou de la Polynésie, je suppose que les peuples de ces continents-là ont du avoir la bougeotte eux aussi, étant envahis eux-mêmes par d’autres peuplades, et donc à leur manière, ils ont eux aussi leurs propres souches et leurs propres racines, aussi complexes et mystérieuses que les nôtres. Et que la mienne !  

     

    Oui, je n’ai aucun scrupule à le dire,  je suis né à Marseille et donc dans le périmètre de ce qui est la France, je me considère avant tout citoyen français. Je ne dirais pas "fier de l’être" car je n'ai pas choisi, mais tout simplement patriote, non pas au sens "guerrier" du terme car je suis foncièrement pacifiste, mais j'aime mon pays, ses traditions, ses valeurs et ses paysages. La France est ma « souche ». Je suis « français de souche », même si je suis conscient  que mes racines viennent probablement d'horizons lointains et différents ! Tous ceux qui contesteraient cette idée, seraient considérés comme faisant du « racisme ». « Racisme anti-blanc ? » Je vous laisse seul juge mais je suis blanc et ça je ne l’ai pas choisi non plus, tout comme mon nom et mes ancêtres.  

     

    Bon, je ne veux plus créer de polémiques ! Alors, il est peut-être bon de rappeler ce qu’est une souche selon le Larousse. Cela peut être :

     

    • Soit la partie inférieure du tronc d'un arbre, située au-dessous du collet et d'où partent les racines.
    • Soit la partie d'un arbre qui reste en terre quand l'arbre a été coupé au ras du sol ; cette même partie arrachée.
    • Soit une personne ou un animal de qui sort une suite de descendants : Chien de bonne souche.
    • Soit l’origine de quelqu'un : Être de souche paysanne.
    • Soit la source, origine, principe d'un ensemble ethnique, d'une famille linguistique : Mot de souche francique.
    • ….etc….etc…..voir le lien si vous le souhaitez !

     

    Je vous l’avais bien dit en préambule que la langue française était complexe….et si en plus, elle doit désormais faire polémique pour un oui ou un non (nom), l’avenir risque d’être une grosse souche impossible à sortir de son trou ! Allez, je vous laisse, je pars continuer à faire le mien....et ça, il faut bien reconnaître que ce n'est jamais facile pour personne !

     

     

     

     

     


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  • Ce diaporama est agrémenté de 4 chansons de Laurent Voulzy dont les titres sont "Oiseau malin" composée et chantée avec Alain Souchon, "Jésus", "C'était déjà toi" et "Derrière les mots" composée et chantée avec Alain Souchon.

    Le Tuc de Montcalivert (677 m) depuis Saint-Lizier (419 m) - Ariège

    Le Tuc de Montcalivert (677 m) depuis Saint-Lizier (419 m) - Ariège 

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    Ce matin, en quittant Le Port pour Saint-Lizier, voilà déjà 5 jours que nous sommes en vacances en Ariège et nous n’avons qu’une seule randonnée à notre actif. Celle aux Cabanes de Goutets depuis La Foulie.  Il est vrai que nous avons beaucoup privilégié les longues sorties en voiture et les découvertes environnantes : la grotte de Niaux, l’incroyable et « baba cool » marché de Saint-Girons, l’étang et le port de Lers, Aulus-les-Bains, Ercé, Cominac et ses "fameuses" grangesOust, Seix, le col de la Core (où nous avions baladé voilà déjà 10 ans !) et presque toutes les montagnes et campagnes aux alentours de Massat. Et dieu si il y en a de belles de campagnes et de montagnes ! Idem pour les villages et les petits hameaux, tous plus beaux et pittoresques les uns que les autres. Ces sorties, nous les avons agrémentées soit de quelques pique-niques organisés soit de restos inopinés mais jamais décevants quelque soit le niveau du standing. De la très belle auberge aux magnifiques produits du terroir au petit snack sans prétention, tout le monde a été super accueillant et avec de surcroît, une cuisine saine, digeste et de qualité. Aujourd’hui, pas de resto au menu de la journée mais tout est programmé avec une nouvelle randonnée au « Tuc de Montcalivert depuis Saint-Lizier ». Enfin, selon les cartes, vous trouverez « Montcalivert » ou « Montcalibert », toponymies (*) que j’ai tenté de découvrir et de comprendre mais sans aucune prétention car je n’ai trouvé qu’aucun élément concret sur le Net. Comme l’avait été notre première balade aux « Cabanes de Goutets », j’ai également trouvé celle-ci sur un guide touristique. Si en lisant l’article, j’ai noté que le Tuc de Montcalivert était, par grand beau temps, le plus remarquable belvédère du Couserans, en analysant le parcours, j’ai également observé que cette petite randonnée pouvait avoir bien d’autres atouts : possibilité de visiter Saint-Lizier mais également Montjoie-en-Couserans et puis surtout, elle est suffisamment courte et facile, pour que l’on puisse prendre son temps, c’est-à-dire flâner et pique-niquer, sans que ça remette en question l’ensemble du programme de la journée. Après l’achat des éléments nécessaires à un pique-nique dans un supermarché de Saint-Girons, il est 9h45 quand nous rangeons notre voiture sur le vaste parking du Palais des Evêques de Saint-Lizier. La visite du palais et plus globalement de Saint-Lizier est prévue cet après-midi au retour de la balade. Dans l’immédiat, un panonceau est là indiquant « Montcalivert 3h30 ». Nous démarrons sous les yeux inquisiteurs d’un vieux couple qui nous regarde passer comme si nous arrivions d’une autre planète. Moins dérangeants mais presque aussi curieux, de nombreux rouge-queues noirs jouent sur les murets encadrant le chemin herbeux servant de ligne de départ. Bien balisé en jaune, ce dernier tourne à droite, file dans un sous-bois et se dirige en montant vers un petit pré où un calvaire a été érigé en son centre. C’est la croix dite de Pouterolles où paraît-il  les évêques avaient pris pour habitude de venir méditer. Méditer nous aimons ça aussi mais ce n’est pas au programme, alors nous quittons le pré et sa croix, descendons un talus par un escalier fait de rondins et retrouvons une large piste forestière. Cette piste, parallèle à de vieux remparts ; dont j’ai lu qu’ils étaient gallo-romains ; passe devant l’entrée du cimetière de Saint-Lizier, longe ce dernier, en offre une vue aérienne, puis continue toujours à monter en sous-bois. Sous-bois, prairies de fauche, re-sous-bois et ainsi de suite, pas de doute nous sommes sortis de la vieille cité épiscopale. Seuls des portillons qu’il nous faut pousser, un espace boisé, espèce de circuit gymkhana abandonné et fermé, indiquent que la ruralité n’est pas totale. Pourtant, nous continuons à zigzaguer au sein d’un cadre magnifiquement verdoyant où de nombreux aspects nous rappellent constamment que nous sommes à la campagne : ancienne bergerie, engins agricoles inactifs, bovins, ovins, corvidés et autres oiseaux très nombreux, papillons qui le sont encore plus, nous prenons plaisir à marcher. Si les zigzags presque continuels nous interpellent car nous perdons peu à peu le sens de l'orientation, une clairière offrant une vue plongeante sur Saint-Lizier stoppe nos interrogations et permet d’évaluer le chemin déjà parcouru.  Chemin des Gabats ou de Montcalivert,  d’autres panonceaux directionnels balisés de jaune se présentent évitant toutes confusions ou égarements. Nouveau sous-bois rectiligne puis une ferme est là en surplomb sur notre droite. Nous sommes au Gaïrard d’en Haut comme l’indique un panneau signalétique. Poules, coqs et canards en liberté nous rappellent que la vie à la ferme n’est jamais totalement végétarienne. De très nombreux moineaux s’envolent d’une mare et vont s’immobiliser sur un fil téléphonique. Je lève la tête vers eux mais dans la continuité du ciel un corbeau coursant une buse détourne mon regard. A moins que ce ne soit la buse qui course le corbeau ? Difficile d’affirmer telle ou telle hypothèse, tant la bagarre est faite de pirouettes très rapprochées. Les volatiles « querelleurs » s’éloignent puis disparaissent de ma vue sans que je sache qui est sorti vainqueur ?  Au Gaïrard d’en Haut, l’asphalte ayant pris le relais des chemins souples et herbeux, cette portion est moins agréable à arpenter. Le Tuc de Montcalivert est là, droit devant, avec une belle et grande croix blanche à son sommet. Sur la droite, le village de Maubresc est à ses pieds. Hier soir, quand nous avons pris la décision de faire cette randonnée, j’ai lu sur Internet tout ce que l’on pouvait  lire à propos du Tuc de Montcalivert et j’avoue avoir été scotché par tous les méfaits dont cette croix blanche est régulièrement la victime. Ça va de la personne de passage qui veut la voir supprimer et qui a porté plainte pour arriver à ses fins, à des tags fréquents que la municipalité est continuellement  obligée d’effacer. Mais dans quel pays vivons-nous ? Mais quel est ce pays où une simple croix au sommet d’une colline peut provoquer une frénésie de réactions aussi dingues ? Mais quel est ce pays où la tolérance et le respect de l’autre sont constamment bafoués ? Je ne comprends pas tous ces sacrilèges et pourtant je ne suis pas croyant ! Je tente de ne plus penser à ça, voulant profiter au maximum de cette superbe journée. Le balisage indique de descendre vers Maubresc. Au sol et sur l’asphalte, de grandes flèches ont été tracées, facilitant bougrement la direction à suivre dans les différentes ruelles de ce village. Guère plus loin, les panonceaux directionnels continuent d’être bien présents. Après quelques jolies villas, un large chemin rectiligne et herbeux file vers le lieu-dit Trignan et nous éloigne définitivement de Maubresc. Après le dernier bâti de Trignan, que le chemin laisse sur la droite, un étroit sentier prend le relais. Il s’élève en quelques menus lacets, et donc plutôt en douceur, en direction du sommet. Alors que je suis très occupé à tenter de photographier de très nombreux papillons, Dany marche à un bon rythme vers ce « sacro-saint » pinacle. Il est vrai que contrariés par une bonne brise, les papillons ne tiennent guère en place. Les photographier dans ces conditions devient vite galère et ce, d’autant que mon appareil-photo continue à faire des siennes. Tout en montant, je peste car la plupart de mes clichés n’ont pas la qualité que je suis en droit d’espérer d’un tel appareil que je viens d'acheter si récemment. Il « délire » continuellement. J’ai beau constamment le paramétrer avec les valeurs par défaut, rien n’y fait, les photos ne sont jamais nettes et en tous cas rarement parfaites. Si ces petits malheurs me mettent en rogne, par bonheur, l’itinéraire qui s’élève offre suffisamment de panoramas admirables pour les relativiser. Finalement, et comme le sentier se raidit encore un peu plus sur la fin, Dany arrive bien avant moi auprès de la croix qui est à 677 m d’altitude. Quand j’y parviens à mon tour, elle a déjà copieusement entamé la salade de son pique-nique. Nous restons au sommet presque une heure à tout observer, soit directement de visu, soit en profitant des deux tables d’orientation qui ont été dressées à bon escient. D’ici, nous constatons que les Pyrénées sont encore bien plus enneigées que nos différentes sorties nous les avaient laissé imaginer. Puis pendant que Dany se repose un peu, profitant d’un chaud soleil, je repars vers quelques « captures » photographiques des papillons et de la flore présente.  A l’instant de repartir, je note qu’ici, sur la table d’orientation, il est écrit « Montcalibert » et non pas « Montcalivert », chose que je n’avais pas remarqué précédemment. Erreur ou bien le toponyme peut-il s’écrire des deux façons, sachant que dans de nombreuses langues et dialectes, le « b » et le « v » ne font qu’un ? Je me fais la promesse de regarder et même d’analyser la toponymie (*), si je la trouve sur Internet. Alors que je pensais réemprunter le même itinéraire qu’à l’aller, au moins jusqu’à Maubresc, Dany fait le choix d’un autre sentier qui part à gauche et entre presque aussitôt dans un sous-bois. Je ne sais pas où il va ; elle non plus ; mais comme il est balisé en jaune, je ne m’y oppose pas. Ce sentier constamment en forêt n’est pas facile et nécessite attention et prudence. Quelquefois rocheux,  souvent humide voire boueux, je constate qu’il descend constamment sur le versant sud-est de la colline.  Au regard de l’analyse que j’ai faite hier soir d’un tracé I.G.N, je me persuade qu’il va dans la bonne direction, c’est-à-dire vers Bergerat. Finalement, et outre les précautions presque constantes que nécessite ce sentier, le plus gros souci arrive dès lors qu’il se termine devant une haute clôture électrifiée. Que faire ? Or mis de faire demi-tour, solution difficilement acceptable, nous ne pouvons qu’envisager d’enjamber cette clôture. Nous y parvenons sans l’abîmer et surtout sans prendre de « châtaigne » et poursuivons en direction d’une ferme qui est là à quelques mètres seulement. Bien qu’un peu surprise de nous voir arriver par-là, une dame occupée à son jardin nous accueille avec beaucoup de gentillesse, allant même jusqu’à nous indiquer la suite du parcours. Elle nous explique que si la clôture électrifiée peut ennuyer les randonneurs, elle est surtout là à cause du bétail qu’avec son époux ils élèvent. Nous la remercions, la laissons à ses magnifiques rosiers et continuons vers Bergerat, car effectivement c’est bien là que nous sommes. Le petit hameau est vite traversé et l’itinéraire aboutit sur la D.627 à hauteur d’un bel oratoire dédiée à la Vierge Marie. En observant cet imposant oratoire, et sur la base de toutes les croix christiques que j'ai vues depuis le départ, je suis contraint d'admettre que ce secteur de l'Ariège est probablement celui où la présence d'une foi chrétienne est la plus manifeste. Juste après l'oratoire, nous suivons les indications de la gentille éleveuse, traversons la route et empruntons immédiatement un chemin qui tourne à droite. Ce chemin retrouve très rapidement la départementale 627 qu’il nous faut désormais emprunter pour arriver jusqu’à Montjoie. Montjoie-en-Couserans, dont hier soir, j’ai lu sur Internet quelle était une des plus petites bastides de France voire la plus petite. Alors, bien sûr, pour le provençal que je suis, une bastide c’est d’abord une grande et belle bâtisse, et de ce fait, je ne comprenais pas pourquoi cette petitesse était mise en avant comme si c’était une méritoire vertu. J’ai donc lu tout ce que je trouvais sur Internet concernant Montjoie en particulier et les bastides en général, c’est-à-dire ces villes « neuves » construites entre 1222 et 1373, avec des architectures parfois différentes mais toujours innovantes pour l’époque, des caractéristiques bien particulières (contrat de paréage, droits spéciaux, noms, etc…), leur octroyant une spécificité et leur permettant d’accéder à cette dénomination spéciale de « bastides ». Si l’Histoire des bastides m’a énormément intéressé, j’étais surtout ravi que le fait de « ne pas marcher idiot » continue à rester mon leitmotiv ! En définitive, Montjoie étant en effet une toute petite commune, très jolie et très pittoresque certes, mais « petite bastide » comme je l’avais lu, nous n’y passons guère plus d'une heure, et encore parce que nous en profitons pour faire des pauses. Pause-pipi dans les latrines de la commune et pause-café tiré d’un thermo. La suite et la fin de la marche vers Saint-Lizier et sur le célèbre Chemin de Compostelle sont plutôt « tristounettes », pour ne pas dire affligeantes, car essentiellement sur l’asphalte. En tous cas, cette très courte portion bitumée du célèbre chemin vers Saint-Jacques ; assez incompréhensible dans un secteur aussi campagnard ; ne donne guère envie d’aller jusqu’en Espagne à pieds ! Comme prévu dès le départ, nous consacrons une belle partie de l’après-midi à la visite de Saint-Lizier. La vieille cité, la seule à avoir eue deux cathédrales, mérite bien ce long intérêt. Outre sa magnifique cathédrale dédiée à Saint-Lizier et datant du XIeme siècle ; le seul édifice dont nous visitons l’intérieur ; il y a aussi le Palais des Evêques, son musée et la cathédrale Notre-Dame de la Sède fermée au public ce jour-là. Il y a aussi une étonnante pharmacie du XVIIIeme siècle et tout autour de la cité, des remparts gallo-romains formant une belle enceinte au sein de laquelle de nombreuses ruelles, quelques placettes et des maisons à colombages combleront les curieux et les passionnés de vieilles pierres et d’Histoire.   Il est 17 heures, cette balade au Tuc de Montcalivert ; mais pas que ; se termine. Nous rentrons au Port. Enfin, non à Le Port ! Cette balade a été longue de 10,8 km, visites inclues de Montjoie et Saint-Lizier, pour des montées cumulées de 480 m et un dénivelé de 267 m, point le plus bas à  410 m à Saint-Lizier et le plus haut à 677 m au sommet du tuc. Carte IGN 2047 OT Saint-Girons – Couserans Top 25.

    (*) Toponymie du Tuc de Montcalivert ? : Je précise que sur Internet, je n’ai rien trouvé de particulier concernant cette toponymie. Tout ce que j’écris ici est donc strictement personnel  et n’avance que moi. Comme le précise le site Wikipédia, un tuc est « une hauteur, en général une butte, une colline ou une simple dune ». On peut donc raisonnablement affirmer que le mot « Tuc » suivi immédiatement du mot « Mont » est un toponyme pléonastique. Si on sait tous ce qu’est un « mont », reste à savoir quelle est la signification du toponyme « Calivert » ou « Calibert », puisqu’il y a 2 manières de l’écrire. Concernant « Montcalivert », je note sur les cartes les plus récentes (IGN et cadastrales) qu’il s’agit d’un hameau ou d’un tout petit lieu-dit constitué seulement de deux ou trois habitations. La randonnée expliquée plus haut n’y passant pas, je ne peux rien vous en dire de plus or mis ce que j’en trouve sur Internet, c’est-à-dire rien ! Je constate simplement sur le site Géoportail que ce lieu-dit est situé sur le versant nord-ouest du tuc, près d’un autre lieu-dit du nom de « Biouandé ». On peut raisonnablement penser que c’est la présence toute proche du mont qui a donné son nom au lieu-dit et pas l’inverse. Enfin, je pense que c’est logique. Très boisé, la photo aérienne de ce hameau, et du secteur en général, n’apporte aucun élément concret supplémentaire à mes recherches. Toutes les autres cartes que l’on peut trouver sur Internet (Mappy, ViaMichelin, Google, etc…) ne mentionnent pas ces deux lieux-dits. Sauf que l’on peut aisément imaginer que la terminaison « bert » signifiant « vert » en gascon n’est peut-être pas si innocente dans un lieu aussi verdoyant.  Alors faudrait-il pour obtenir un début d’explication couper en deux le nom « calibert » et en faire un « cali bert » voir un « cal bert » ? Peut-être ? Je vais m’y essayer ! Tous les étymologistes sont d’accord pour affirmer que le préfixe indo-européen « kal ou cal », c’est la « pierre ». Toutefois, ce préfixe a tellement fourni  d’autres mots qu’il est presque impossible de les énumérer tous et de s‘orienter vers une unique explication. Notons toutefois qu’en de très nombreuses circonstances (calade, cale d’un port), une « cale » est  un plan incliné même si la notion de « pierres » reste présente dans les cas cités. Ainsi, les mots « cale » ou « calle » ou encore « cala » sont selon certaines langages régionales, mais toutes issues de la « langue d’oc », soit un terrain en pente (Alpes) soit un champ en terrasses (Rouergue), explications présentant l’avantage de correspondre au cas qui nous intéresse, puisque le « Tuc de Montcalivert » est d’abord une colline, colline dont il ne fait aucun doute qu’elle ait été exploitée de manière agricole et pastorale au temps jadis.  Alors le « Montcalivert » serait-il un « terrain en pente vert » ? Voilà déjà une première éventualité que l’on ne peut pas écarter !

    Confirmant le découpage cité plus haut, je note sur Internet que le mot s’écrit de diverses manières et parfois tout attaché soit en deux mots « Mont Calivert », les 2 mots séparés quelquefois par un trait d’union « Mont-Calivert ». Comme sur la table d’orientation située au sommet, on le trouve également sur Internet écrit « Tuc de Montcalibert » avec un « b » au lieu d’un « v », ici aussi écrit parfois en un seul mot ou en deux « Mont Calibert ». Rien de surprenant concernant ces multiples façons d’écrire ce toponyme. Comme on l’a vu plus haut, la mention « tuc », pléonasme de « mont » ne se justifiait pas et d’ailleurs, elle ne figure que sur les cartes les plus modernes (IGN et cadastrales). Cette mention « tuc » a sans doute été rajoutée afin de différencier le « mont » du hameau tout proche. Enfin et pour expliquer les autres façons d’écrire le patronyme « Montcalivert », cette colline étant située sur l’ancienne province de Gascogne et la lettre « V » n’existant pas en « gascon », on peut raisonnablement envisager que « Montcalibert » est la vieille version « gasconne » et « Montcalivert » la plus moderne, ç’est à dire la version « française ».  Cette hypothèse est d’ailleurs largement confirmée par l’analyse des cartes proposées par le site Géoportail et selon leur ancienneté. En effet, les cartes les plus récentes,  c’est-à-dire  les différentes cartes IGN (Institut Géographique National) mentionnent le « Tuc de Montcalivert » alors que les cartes cadastrales mentionnent le « Tuc de Montcalibert ». Il en va de même pour la carte de 1950 avec « Montecalibert » et les cartes Cassini « Moncalibert ».

     

    Si on a vu plus haut qu’un « terrain en pente » et la couleur « verte » pouvait être une explication plausible, elle n’est peut-être pas ni la seule à imaginer ni la bonne ? Alors, il est peut-être intéressant de continuer les recherches ? Malheureusement, et comme on va le voir, les statistiques à partir de Google Recherche n’apportent que peu d’éléments indubitables :

    En effet, quand j’ai tapé les différents noms dans Google recherche, j’ai obtenu en un minimum de secondes les résultats suivants :

    -Montcalivert : 1.580 résultats.

    -Mont Calivert : 935 résultats.

    -Calivert : 4.280 résultats

    -Montcalibert : 1.430 résultats

    -Mont Calibert : 2.590 résultats.

    -Calibert : 15.700 résultats. Toutefois,  il faut noter que dans ce dernier cas, il s’agit d’un nom propre un peu plus répandu que « Calivert » tant en nom de familles qu’en nom de lieux. Ainsi, sur le site de généalogie Filae, le nom « Calivert » n’apparaît jamais alors que le nom « Calibert » apparaît 233. Idem sur Généanet où le patronyme « Calibert » obtient 63 résultats alors que « Calivert » en obtient seulement 6. Par contre, le site Généanet n’évoque aucune toponymie prétextant que ce dernier a évolué au fil des siècles comme de nombreux autres patronymes, ce dont on ne peut pas douter ! Plus intéressant, mes recherches me précisent que le mot « Calibert » serait le nom patois du fruit de l’églantier ou cynorhodon, très souvent appelé « gratte-cul ». Le « calibertier » serait l’églantier lui-même. Ici, il s’agit du patois vellavien, c’est-à-dire du Velay dont l’origine est l’occitan tout comme le gascon, même si cette assertion est encore largement discutée, à juste titre, par de très nombreux linguistes. Alors bien évidemment, on pourrait presque affirmer que le « Montcalibert » serait le « mont des églantiers », solution toute trouvée et qui paraît plausible dans la mesure où cet arbuste est présent dans le secteur comme dans tout le département de l’Ariège. Voilà une deuxième possibilité !

    Faut-il pour autant arrêter les recherches ici ? Je ne le pense pas. En effet, et comme le précise le site Généanet, les noms « Calibert » ou « Calivert » ont évolué au fil des siècles. Ainsi, si au nom « Calivert », on enlève le « i », on obtient « Calvert » dont l’étymologie en « calvaire » ne semble guère faire de doute pour les spécialistes de ce site en généalogie. Alors dans ce cas, le  « Mont Calivert » deviendrait le « Mont du Calvaire », ce qu’il est aujourd’hui et depuis les années 1933/34 où la grande croix blanche a été érigée dans le cadre d’une mission catholique. Cette croix a-t-elle été érigée pour remplacer un précédent calvaire qui aurait disparu ? Je n’ai rien trouvé sur Internet à ce sujet mais peut-être que des historiens du cru pourraient me renseigner ? Dans le département du Lot, à Floressas exactement, il existe un « Pech Calvert » et là, de manière assez surprenante, les toponymistes pensent que le nom « pourrait venir du mot occitan "calvet" signifiant chauveUne colline au sommet dépourvu d'arbres (un Mont Chauve) », citation extraite du site « https://floressas.jimdo.com/la-commune/les-lieux-dits/ ». Alors pourrait-on imaginer que le « Montcalivert » soit également un « mont chauve ? ». Un peu boisé, il n’est pas totalement « chauve » de nos jours, mais l’a-t-il été dans un passé bien antérieur ? Difficile de le savoir ? S’il est évident que les noms propres (toponymes, patronymes) ont évolué au fil des temps, au travers des langues et dialectes, selon leur phonétique, selon les accents et les prononciations avec lesquels ils étaient formulés, il est également évident qu’à force de leur ôter des lettres,  « calivert, calvert puis calvet » on peut en obtenir des significations bien différentes.

    Alors comme on le voit ci-dessus les explications concernant le « Montcalivert » peuvent être nombreuses, raison pour laquelle j’ai mis un point d’interrogation au titre de ce paragraphe. Est-il :

    1. Un mont verdoyant ?
    2. Un mont où poussent des églantiers ?
    3. Un mont ayant possédé un calvaire ?
    4. Un mont chauve ?

     

    Si  vous possédez la bonne solution voire une autre explication, sachez que je suis preneur !

     

    En octobre 2010, et alors que la croix était en cours de restauration, voilà ce que l’on pouvait lire dans la Dépêche.fr : « Patrimoine laissé par nos anciens, cette croix s'érigeait entre 1933 et 1934 dans le cadre d'une mission catholique et l'histoire dit que le chantier terminé les outils furent enfouis dans le socle. Quelques mesures pour ce « corcovado couserannais » : premier socle, 2,20 m x 3,70 m ; deuxième socle, 1,60 m x 2,10 m ; bras de la croix, 3,40 m ; hauteur de la croix, 10 m. L'été dernier, les plaques commémoratives rénovées, dont les inscriptions retracent sa construction et l'historique, reprenaient place sur le gros socle et son sommet se coiffait d'un chapeau de protection. Pour l'admirer, il suffit de partir de Saint-Lizier ou Montjoie et emprunter les itinéraires piétonniers balisés menant au sommet du tuc du Montcalivert. A 677 m d'altitude, au pied de la croix entourée de deux tables d'orientation, ce belvédère panoramique à 360° embrasse une vue splendide sur les sommets de la chaîne pyrénéenne du pic du Midi au Montcalm, en passant par l'emblématique mont Valier ».

     


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