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Ce diaporama est agrémenté par plusieurs musiques du compositeur mexicain Ernesto Cortázar II (piano)
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En ce vendredi 31 mai 2019, je suis à Urbanya et j’ai plusieurs raisons pour accomplir cette balade, que finalement je vais intituler « le Circuit de la Matte (Mata *) ». La première de ces raisons est que quelques jours auparavant, j’ai appris la réhabilitation d’un sentier que je n’ai jamais réussi à emprunter, sentier faisant la jonction entre « la Devesa » et le col de Marsac, lieux-dits mentionnés sur la carte I.G.N. La deuxième raison est que cette toute fraîche réouverture m’offre l’occasion d’inventer de nouvelles balades ; dont celle-ci ; laquelle nouvelle balade va me permettre de cheminer une belle partie du Tour du Coronat, très chargé d’heureux souvenirs et accompli voilà déjà 12 ans. Enfin, et c’est la dernière raison ; sans doute la plus séduisante ; l’envie de marcher est là, celle d’aller à rencontre de la Nature aussi et enfin la distance et le dénivelé relativement modestes correspondent bien au temps que je veux y consacrer, c'est-à-dire un après-midi, entier si nécessaire. Rien ne me retient, et comme Dany ; scotchée devant un très bon roman ; n’a pas le désir de marcher et donc de m’accompagner, il ne me reste plus qu’à préparer un petit sac à dos. Un peu d’eau et quelques victuailles, histoire d’éviter d’éventuels coups de mou, un bâton de marche, sans oublier surtout mon appareil-photo et me voilà fin prêt. Les cloches de l’église sonnent et il est déjà midi tapant quand je quitte ma petite maison. La direction à prendre est justement l’église Saint-Etienne et la piste qui démarre juste devant. C’est la piste DFCI CO60. Dans l’immédiat, je descends ma ruelle puis longe la rivière Urbanya. Si droit devant moi, c’est d’abord un pic du Canigou encore un peu enneigé qui attire mon regard et l’objectif de mon appareil-photo, la deuxième photo est, elle, beaucoup plus compliquée. Il s’agit d’un Cincle plongeur jouant dans la rivière. Comme son nom l’indique, cet oiseau adore l’eau mais ce que son nom ne dit pas, c’est qu’il aime tant l’eau qu’il est capable de disparaître sous sa surface. Le temps d’une photo, et encore d’assez loin, et le volatile a déjà disparu, sans trop que je sache où ? Je poursuis. Un Serin posé sur un fil électrique, lui, est plus docile devant mon appareil-photo. Voilà le panonceau annonçant la piste DFCI CO60. De cette piste, je n’ai pas encore accompli 100 mètres que trois éléments marquent mon esprit. Le premier d’entre eux est la beauté flamboyante du chemin grâce aux genêts fleuris qui l’encadrent très souvent. Plus je vais m’élever et plus il y en aura. Le deuxième, moins surprenant, c’est l’incroyable quantité et variétés de papillons, pas toujours facile à photographier d'ailleurs. Enfin, le dernier est l’étonnante et inespérée présence des oiseaux. Moi, qui suis toujours le premier a dénoncé la raréfaction des oiseaux de nos contrées, là je l’avoue je suis très agréablement surpris. Je ne m’y attendais pas. En moins de 100 mètres, et outre le Cincle et le Serin déjà enregistrés, je réussis à photographier quatre oiseaux de quatre espèces bien différentes. Et quels oiseaux ! C’est d’abord un Pouillot (j’apprendrais plus tard en analysant la photo qu’il s'agit d'un Pouillot de Bonelli), puis un pic épeiche, une buse variable et enfin un coucou, tous des oiseaux plus ou moins migrateurs, avec des habitudes de migration très disparates, mais habituellement très difficiles à observer, et donc à photographier. Toutes les photos ne sont pas parfaites mais elles sont là enregistrées dans mon numérique. Je me dis que de voir tous ces oiseaux et bien d’autres que je ne parviens pas à photographier est déjà hyper satisfaisant ! Et surtout, je me dis qu’aujourd’hui la chance est avec moi Je ne crois pas si bien dire ! Finalement, j’atteins l’épingle à cheveux de le Devesa, virage où il me faut quitter la piste forestière pour ce fameux sentier réhabilité. Ne trouvant pas immédiatement le balisage jaune que l’on m’a indiqué (il monte à droite au milieu des genêts et des roches de schistes), je fais le choix de descendre vers le Correc de la Coma. Je connais bien les lieux et ce petit sentier qui descend dans ce vallon creusé par le minuscule ruisseau, affluent de la rivière Urbanya. J’y viens parfois m’y promener, prétexte à surprendre la faune et à tenter de la photographier ou bien à cueillir quelques pommes sauvages, si délicieuses une fois cuites en compote. Sans aucun problème, je remonte le ru jusqu’à atteindre un très vieux chemin creux encadré de grosses pierres sèches. Le chemin est en partie défoncé mais le balisage jaune est bien là et à vrai dire, je m’en doutais un peu. Voilà donc le chemin réhabilité ! Il se poursuit puis tourne en s’élevant dans une sombre forêt d’épicéas. Ce sont bien ces épicéas-là qui jusqu’à présent avaient été un obstacle pour atteindre le col de Marsac. Depuis leur plantation dans les années 70, ces arbres ont énormément grandi, au point que leurs branches les plus basses ; toujours sèches par absence de photosynthèse, et donc acérées comme des poignards ; constituaient une véritable barrière au sentier qui avait été ouvert antérieurement. Depuis sa réhabilitation, ces branches-là ont été coupées, le balisage jaune repeint et de très nombreux cairns en jalonnent le tracé. C’est surtout à ces derniers qu’il faut prêter attention car le sentier s’élève peu à peu au fil des terrasses supportant la plantation artificielle. Un peu plus haut, au milieu d’une sévère montée cailloutée, on délaisse le bois d’épicéas au profit d’un autre sentier filant à l’oblique et en balcon au-dessus d’un bois de feuillus. Les oiseaux sont bien présents ici aussi et j’y photographie une mésange charbonnière. Peu de temps après, c’est un autre bois qui se présente, avec encore des épicéas mais avec bien d’autres résineux mais aussi des feuillus. Le col de Marsac est là, et mon arrivée est ponctuée par l’envol d’une compagnie de perdrix rouges impossibles à photographier tant ils me surprennent. Très belle clairière et royaume des genêts, les papillons y sont encore plus nombreux que nulle part ailleurs et les chemins que j’emprunte sont de véritables sanctuaires à lépidoptères. Seul problème ? Peu parmi eux se posent à cause d’un bon petit vent du nord qui semble les perturber. Avant de poursuivre, je m’éloigne du col, direction le petit mamelon qui le domine et que le cadastre appelle le Sarrat de Marsac. Ici, c’est l’endroit le plus propice pour profiter des vues s’entrouvrant à presque 360 degrés : Vallon d’Urbanya, Serrat de la Font de la Barbera, Serra Gran, Serra de Miralles, Serrat d’Estarder, Pla de Vallenso, Roc de Jornac, vallons de Conat et de Nohèdes, massifs du Canigou et du Coronat, puig d’Escoutou, pics de la Pelade, pics de la Serra, du Lloset, de la Moscatosa, de Portepas et del Torn, autant de panoramas sublimes, lieux de tant de balades déjà accomplies et donc de souvenirs agréables. Au-delà de ces visions, je pourrais presque imaginer d’être le seul survivant d’un monde certes beau mais complètement chamboulé, tant seule la nature est visible où que je me tourne. Et quelle nature ! Ici, les structures élevées par la main de l’homme ont quasiment disparu et peu importe où mon regard se pose, je suis toujours face à d’extraordinaires façonnages géologiques, espèces d’alchimies prodigieuses car jamais pareilles, modelées par on ne sait quel monstre titanesque venu des entrailles de la Terre. Oui, où que mon regard se porte, c’est constamment sur les résultats étonnants d’accidents tectoniques et fantastiques d’un autre temps. Vallons, ravins et ravines, tertres, buttes et mamelons, montagnes acérées et collines arrondies, plaines, plateaux, prairies et cols, falaises, dents, rochers, le tout le plus souvent approprié, voire au pire couronné, par une végétation verdoyante mais pourtant toujours très inégale. De cette végétation exubérante, de rares affleurements rocheux mais de toutes formes, blancs, ocres, bruns ou roux parviennent à s’extraire. Mais on ne sait par quel miracle ? Quelques photos-souvenirs, d’autres à la pelle mais pas toujours réussies ; à cause de papillons et passereaux volages et capricieux ; et il est temps de repartir. Dans ce florilège de belles choses, seule la météo me contrarie. En effet, de gros nuages gris arrivent en nombre du Capcir et s’amoncèlent sur le Massif du Madres. Comme pris dans un entonnoir, certains petit cumulus blancs arrivent finalement à passer la montagne et filent vers l’est, poussés par une brise fraîche venant du nord. Cette brise, c’est probablement ce que les Cerdans et les Capcirois appellent le « carcanet ». Vers l’est, c’est vers moi et je vois arriver peu à peu tous ces nuages avec l’appréhension de ne pas pouvoir finir agréablement cette balade, mais surtout d’être enveloppé dans ce frisquet carcan où le nom de ce vent trouve ses origines. Après quelques minutes de réflexions, je prends la décision de continuer. Je quitte mon beau perchoir. Immédiatement et de plus en plus nombreux, les genêts flamboient de toutes parts en escortant le chemin. Désormais, je file vers la Mata, cette ample zone très boisée que coupe en deux l’ancien itinéraire du Tour du Coronat. De ce tour et de ce chemin, qui m’avaient vu passer en 2007, je ne garde que de très bons souvenirs et ce malgré une météo qui à l’époque avait été encore plus désagréable qu’aujourd’hui. Toujours aussi herbeux qu’il y a 12 ans, et donc plaisant à cheminer, je retrouve avec bonheur ce même itinéraire montant le plus souvent au sein d’une merveilleuse forêt. Merveilleuse car si diversifiée en terme d’essences, et surtout, avec de hautes frondaisons formant d’immenses voûtes ombragées. J’ai parfois l’impression que c’était hier tellement ces douze années sont passées si vite. De me retrouver dans cette même gigantesque cathédrale végétale ne me laisse pas indifférent. A mes souvenirs, et à cette beauté environnante, mais toujours pour le plaisir des yeux, s’ajoutent les majestueux sapins, refuges des petites mésanges nonnettes, noires et huppées et des roitelets. Ici, les grands sapins côtoient bien d’autres habitats mixtes comme les landes de genêts ou de bruyères, les fougères, les broussailles et bien d’autres feuillus tels que les frênes et les merisiers où se reproduisent bien d’autres oiseaux. J’extrais de ma poche quelques graines pour oiseaux que j’ai cru bon d’emporter et les jette au milieu du chemin. Je m’éloigne un peu en me dissimulant, m’assieds et attends tout en grignotant quelques biscuits. Rien ne se passe alors j’observe de gros cumulus filant vers l’est. Comme je le fais souvent sur ma terrasse, couché sur un transat, j’essaie de trouver des formes qui me parlent puis je tente de les photographier. Là, à cet instant, c’est quasiment une merveille qui se produit sous mes yeux. Un mystère ou un miracle ? Les deux peut-être ? Alors que j’observe un nuage plutôt arrondi mais tout de même informe, j’ai le vague sentiment qu’il va se passer quelque chose. Appareil-photo prêt à être enclenché, c’est avec un étonnement incroyable, mais constamment croissant et de plus en plus énorme que j’assiste à une véritable métamorphose de ce nuage. Difforme au préalable, puis faciès de singe ensuite, je constate qu’un visage commence à se former. Oui, une tête humaine de profil prend formes très rapidement, avec des contours de plus en plus éclatants, avec des cheveux bouclés, un front, une bouche, un nez pointu devenant de plus en plus précis, une narine, une oreille. Je zoome en enchaînant les clichés de crainte de perdre une seule miette de cette « évolution d’une espèce » que Darwin aurait sans doute appréciée à sa juste valeur. Sauf qu’ici, cette évolution est très éphémère et s’étiole aussi vite qu’elle est arrivée. Le visage disparaît et avec lui ce beau profil enfantin. J’en suis presque triste comme si j’avais assisté en direct à une disparition. J’ai été si troublé par cette vision que j’en avais presque oublié mes graines. Pourtant, ça tombe d’autant mieux qu’une mésange nonnette vient d’arriver à la tablée que j’ai tout spécialement organisée. Puis, au bout de quelques minutes, c’est une deuxième et une troisième et finalement elles paraissent tomber du ciel. Dans la variété de graines, seules les graines de tournesol semblent les intéresser. Elles en prennent une dans leur bec et vont la casser plus haut ou plus loin sur une branche. Puis le spectacle se poursuit. Pas d’autres oiseaux en vue que des nonnettes, alors je repars avec quelques photos mais tout heureux de ces deux superbes spectacles successifs que je viens de vivre. Si j’ai perdu plus d’une heure, à bien y réfléchir je l’ai amplement gagnée avec ces scènes de la Nature que si peu de personnes ont la chance d’observer ! Quand sur ma droite, la forêt disparaît, c’est pour mieux m’offrir des panoramas éblouissants sur la vallée d’Urbanya. Si en 2007, je me souviens avoir aperçu deux sangliers, cette fois-ci, c’est une expérience encore plus étonnante et surtout unique que je vis. Celle d’un daim que je surprends dans son sommeil. Si je dis « daim », c’est à cause de sa robe roussâtre amplement tachetée de blanc. Enfin « daim » ou peut-être plutôt « daine » car l’animal n’a pas de bois ? Le cervidé est en contrebas de la piste, couché au pied d’un arbre à une dizaine de mètres de moi seulement. Seules ses oreilles remuent, sans doute importunées par quelques mouches qui agacent l’animal. Mes photos sont loin d’être abouties car l’animal est à l’ombre et qui plus est, j’ai un arbuste devant moi qui empêche une mise au point parfaitement opérante. Dès que je l’ai aperçu, je me suis assis au bord du talus, mais désormais j’ai la crainte de bouger au risque de voir l’animal s’enfuir. Au bout de quelques minutes, et même sans avoir bougé, le daim a sans doute compris qu’il y avait une présence non loin de lui. Toujours couché, il relève simplement la tête, les yeux encore étrangement clos sur le rapproché photo que je suis entrain de faire de lui. Tel un périscope, il tourne sa tête dans tous les sens et presque continuellement, sans pour autant m’apercevoir car l’arbuste qui me gêne pour le photographier, le gêne lui aussi dans sa perception. Je m’y cache derrière, immobile, dès lors qu’il regarde vers moi. Tranquillisé, il se recouche. Ce manège se poursuit puis carrément s’éternise, mais finalement il a bien compris qu’il était observé. Moi, je ne peux plus guère le photographier sans prendre le risque de l’effrayer. Quand il s’ouvre, l’objectif de mon appareil-photo émet un petit sifflement et idem à chacune de mes photos. Au bout de longues minutes de cette magnifique observation, je prends le risque d’une nouvelle photo. Je n’aurais pas dû ! L’animal se redresse, m’aperçoit cette fois et d’un bond extraordinaire détale comme si elle avait vu le diable en personne. Je tente bien de photographier cette course folle mais la vitesse de l’animal plus les arbres où il slalome sont des désavantages impossibles à maîtriser. Alors que je la vois disparaître dans la forêt et à l’opposé de la piste où je me trouve, quelle n’est pas ma surprise de le voir revenir vers moi mais à une trentaine de mètres sur ma droite. Il s’arrête une dernière fois avant de décamper, temps néanmoins suffisant pour deux dernières photos, malheureusement pas trop géniale car au milieu des arbres et sans prendre le temps d’une mise au point qui aurait été forcément nécessaire. Amplement ravi néanmoins de cette observation, je repars en me souvenant qu’ici à Urbanya, il m’est arrivé de réveiller des cervidés des dizaines et des dizaines de fois ; dormant dans des genêts, des ronciers ou des fougères ; mais jamais encore je n’avais eu l’occasion d’une vision aussi précise et aussi longue. Habituellement, ce sont eux qui me surprennent mais aujourd’hui la surprise a changé de camp. Oui, aujourd’hui, la chance me sourit. Elle me sourit encore avec la vision d’un petit rhinolophe au lieu-dit Les Cortals, vieilles ruines dans un sombre sous-bois. Il n’y en a qu’un alors je prends deux photos et le laisse en paix. A l’instant où je parviens à l’intersection d’un chemin filant vers le col de la Serra, les souvenirs ressurgissent avec la vision d’un très vieux balisage jaune et rouge très effacé, qui ne peut être relatif qu’à l’ancien GRP Tour du Coronat dont le tracé avait été créé en 1982. En 2007, et alors que ce tour n’existait déjà plus, j’avais très souvent recherché en vain ce balisage bicolore. Là aussi, quel bol de retrouver un balisage vieux de 37 ans ! Peu de temps après, c’est un couple de loriots se poursuivant dans des grands frênes qui j’aperçois furtivement. Avec l’arrivée au lieu-dit la Travessa, ici se terminent le tronçon du Tour du Coronat et l’agréable chemin herbeux déjà cheminé en 2007. Si je n’ai pas eu trop le temps de me remémorer les vieux souvenirs de cette étape qui m’avait mené de Nohèdes au Refuge de Callau, je le dois en grande partie à cette Nature, constamment présente, qu’avec beaucoup de chance j’ai pu observer aujourd’hui. Outre les cathédrales végétales et le balisage effacé, seules quelques vaches têtues accompagnées de leurs jeunes veaux candides, et donc peureux, obstruant le chemin m’ont rappelé ce temps jadis. Il me faut rejoindre Urbanya et la plus simple possibilité étant la piste terreuse qui y descend, j’ignore tous les raccourcis que je connais. Pourtant au dessus de ma tête, le ciel est désormais carrément coupé en deux. Gris ou très gris vers le nord et encore très bleu partout ailleurs. Au dessus de ma tête, c’est gris clair. Je me dis que s’il vient à pleuvoir, la piste sera certainement plus praticable que des raccourcis dont je ne sais jamais s’ils sont régulièrement débroussaillés. Si je presse un peu le pas, c’est seulement à cause de cette météo qui se gâte, mais ce n’est pas pour autant que j’en oublie de photographier la faune et la flore. Toutes deux continuent d’être omniprésentes avec beaucoup de fleurs nouvelles et toujours des papillons et des oiseaux en très belle quantité. La chance est encore là, avec une nouvelle fois les photos surprenantes d’un Torcol fourmilier pendant son chant nuptial. Je dis une nouvelle fois, car j’ai photographié ce même oiseau « rare » il y a seulement quelques semaines lors du « Circuit des Sources de l’Agly et de la Sals ». Pinsons, serins et merles en grand nombre, des fauvettes refusant tout cliché, quelques mésanges, geais et bruants, des rapaces dans les cieux, des rouges-queues noirs, des moineaux et des hirondelles près des habitations, l’ornithologue amateur que je suis est enjoué de cette renaissance de l’avifaune, même si je ne parviens pas à toute la photographier. Pourvu qu’elle dure et dans le temps ! Comme je l’ai déjà fait à diverses reprises, je note que certains passereaux s’approprient certains étages altitudinaux ou végétatifs et jamais d’autres. C’est ainsi que je finis par apprendre que j’aurais beaucoup plus de chance de photographier tel oiseau à tel endroit ou dans tel type d’habitat. Il est 17h15 quand je retrouve ma petite maison. Comme très souvent, le gros des nuages est resté bloqué sur le Madres et côté Capcir, et par bonheur pour cette fois, il n’a pas plu sur le vallon d’Urbanya. L’été, quand le potager doit être arrosé et que j’assiste à ce même phénomène météo, je prie pour que tombe la pluie mais le plus souvent, il ne pleut pas non plus. C’est la frontière entre Capcir et Conflent, frontière géographique que la pluie refuse de passer tel un voyageur qui n’aurait pas son visa. Quand j’arrive, Dany a toujours le nez plongé dans sa liseuse mais elle prend néanmoins le temps d’écouter tout ce que j’ai à lui dire à propos des oiseaux, des papillons, de la chauves-souris et surtout du daim. Photos à l’appui, je lui raconte dans le détail ma longue observation mais quand je termine de parler, elle ne trouve rien d’autre à dire que : « quand je marche avec toi, je ne vois jamais rien ! ». Je lui réponds : « justement, c’est parce que tu es avec moi qu’on ne voit rien ! ». « Il faudra que tu me la fasses faire cette balade ! » ajoute-t-elle. Je lui promets de l’emmener, dès cet été quand nous serons en vacances ici, mais sans garantie que nous observerons autant la Nature. La Nature n’est-elle pas aussi capricieuse qu’une femme ? Ainsi se termine ce court mais merveilleux « Circuit de la Matte ». Telle qu’accomplie et expliquée ici, cette balade est longue de 8,8 km pour des montées cumulées de 666 mètres. Le dénivelé est de 349 mètres entre le point le plus bas à 856 m à Urbanya et le plus haut à 1.205 m à proximité du lieu-dit La Travessa. Bien sûr, je vous dispense du temps que j’ai mis pour l’accomplir car vous l’avez sans doute compris, la course en montagne ne faisait pas partie de mes objectifs. Le plus important était de « mater » ! La Nature, il va sans dire ! Je profite de l'occasion qui m'est donnée ici pour remercier Josette d'Urbanya, car c'est elle qui m'a informé de la réhabilitation du sentier menant de la Devesa au col de Marsac et un grand merci bien sûr à toutes les personnes qui ont oeuvré à cette réouverture. Cartes I.G.N 2348 ET - Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.
(*) Toponymie du mot « mata », « matte une fois françisé » :
Concernant la toponymie du mot « mata », le mieux est de se référer à la toponymie du nom de la commune de Matemale que l’on trouve sur le site Wikipédia. C’est ainsi que l’on peut lire que « le terme « mata » est issu du pré-latin « matta », désignant des fourrés de buissons et d'arbustes (Lluis Basseda), avant peut-être de désigner la forêt qui entoure le village, jadis objet d'intérêt des rois d'Aragon puis des rois de France.». « Malus » signifie « mauvaise ». Le tout qualifie donc un endroit rempli d'une végétation hostile, peut-être remplie de buissons épineux et, éventuellement, de bêtes sauvages. Il existait sans doute deux lieux-dits » : « Mata Mala » et « Mata ». Le nom « Mata » est repris pour la forêt de la Matte, forêt plantée par l'homme à l'époque moderne ». Il s’agit donc clairement d’une toponymie très ancienne, puisque l’on peut lire aussi : « Le nom « Matamala » apparaît dès 965 et demeure par la suite sous cette forme, bien que l'on trouve aussi Mathamala en 1358. En catalan, le nom de la commune est « Matamala ». Je note que dans l’ouvrage « Toponymie Générale de la France - 1990 » d’Ernest Nègre, ce dernier se démarque un peu en mentionnant que le nom « Matemale » équivaudrait pour « mata » à « un tronc d’arbre sur lequel poussent des rejetons près de terre » et « mala » « mauvaise ». Il tient cette information du « Diccionari general de la llengua catalana-1931 » de Pompeu Fabra, célèbre linguiste espagnol. Une « mata » ou « matte » en français ; bien que cette signification n’ait jamais été retenue par aucun des principaux dictionnaires nationaux (*) ; serait donc un lieu planté de broussailles, si l’on veut faire simple. Cette notion est d’ailleurs retenue par la plupart des toponymistes et confirmée par exemple par André Pégorier dans son ouvrage « Les noms de lieux en France – Glossaire des termes dialectaux » où l’on peut lire qu’une « mate », « mate », « matte », ou encore « mathe », variante en occitan, nom féminin correspond à « hallier »,« cépée », « fourré » et que « matas », nom masculin en ancien français est un « buisson », « hallier », « haie », « broussailles ». Il faut toutefois noter, dans ce même ouvrage, les nombreuses et autres significations données au mot « matte » et selon les régions. Ainsi, dans les Vosges, c’est une « clairière gazonnée au milieu d’un bois », à Marseille, « des hauts fonds vaseux et sableux couverts d’herbes », dans le Poitou et le Saintonge, « le nom donné à des bosses de marais les plus larges consacrées à la culture ». Comme on le voit, rien n’est simple et on comprend mieux pourquoi aucune de ces significations n’aient été retenues en français ! Maurice Prat dans son article consacré à ses « Recherches de toponymie pyrénéenne - 1944 » indique que la « mata » serait un « bosquet » ou un « taillis ». Le site Généanet est lui plus catégorique quand il s’agit de fournir une origine et une étymologie au nom de famille « Mata », car selon eux, il désigne un « bosquet » et surtout pas un « buisson ». En poussant mes recherches un peu plus loin, j’ai également trouvé d’autres significations selon les régions et leurs langues ; occitan, provençal, gascon ; comme « bois », « petit bois, « touffe » (Charente-Maritime), « hallier épais », « gros buisson » dans l’ensemble des Pyrénées. Idem avec « matet » signifiant « un terrain couvert de buissons » en Gascogne. Idem avec « mato » signifiant « touffe serrée » et « buisson » en provençal et « touffe d’herbe » et « cépée de jeunes arbres » en languedocien mais seulement « buisson » dans le Gers. Notons que dans des zones marécageuses et inondables de la vallée de la Garonne, une « mata » désigne également une levée de terre artificielle faisant office de digue. Dans d’autres régions occitanes, elle est une « butte » ou un « tertre ».
En résumé, il est nécessaire de revenir dans les Pyrénées-Orientales, ou en tous cas dans les Pyrénées, pour affirmer que le mot originel « mata » désignait un bosquet très broussailleux sans doute bas et inaccessible d’accès. Toutefois, dans le cas qui nous intéresse, c’est-à-dire ici à d’Urbanya, il semble que la signification ait évoluée au fil du temps et désigne désormais la forêt, forêt se trouvant versant ubac de la vallée et qui a été plantée au siècle précédent. Ce constat est confirmé par l’analyse que j’ai pu faire des différentes cartes que l’on trouve sur le site Géoportail. En effet, j’ai pu constater par moi-même que le lieu-dit mentionné « Mata » que l’on trouve sur les cartes IGN modernes n’existe pas sur les cartes plus anciennes (Cassini, Etat-major, 1950). Il en va de même pour d’autres lieux des P.O. où les mots « mata, mate ou matte » sont présents. Comme déjà indiqué, c’est aussi le cas à Matemale avec la forêt de la Matte, mais également au pied du Canigou, tout près du refuge de Mariailles avec « Les Mattes rouges et le matte vert » pour ne citer que ces quelques exemples que je connais le mieux. Voilà ce que l’on peut dire de cette toponymie. (*) Dans le dictionnaire Larousse.fr, une « matte » est une « substance métallique sulfureuse résultant de la première fusion d’un minerai traité et non suffisamment épuré ». La plupart des autres dictionnaires et encyclopédies en donnent une signification quasi similaire même si d’autres notions sont fournies dans sa lexicographie (lait caillé, banc de poissons semblables, fond vaseux, terme technique en judo, etc…). En tous cas, voilà un mot difficile à « mater » !
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Phobie or not phobie ? Mais que font nos académiciens ?
Cet été, le mot « phobie » a été plusieurs fois à la Une de l’actualité médiatique. Il y a eu en août et ce mois-ci encore, et dans les stades de foot, plusieurs manifestations « homophobes » orchestrées par quelques « Q.I d’huîtres » dont je l’avoue, je comprends mal deux choses de la part des responsables du football français : 1 - Qu’elles aient pu engendrer une polémique stérile entre le Président de la Ligue de football et la ministre des Sports qui en étaient à se chamailler pour savoir si les matches devaient ou pas être arrêtés. 2 : Si je dis « stérile », c’est parce qu’il suffirait d’aller voir un peu ce que les anglais ont fait très efficacement pour combattre le hooliganisme et ainsi le problème de ces quelques abrutis vociférant des insanités ou brandissant des banderoles « homophobes » (ou racistes parfois) serait quasiment voire complètement circonscrit une fois pour toutes.
Le deuxième cas m’a beaucoup plus interpellé. C’est celui du philosophe Henri Peña-Ruiz qui lors de l’université d’été de la France Insoumise a dit qu’on avait le droit d’être « islamophobe », suscitant ainsi une vive polémique dans les rangs du parti mais un peu partout aussi. Cette polémique m’a interpellé au point que j’ai dû lire au moins une bonne douzaine d’articles de grands journaux et magazines sur Internet pour tenter de comprendre pourquoi ? Peut-être suis-je idiot, mais je l’avoue, après avoir lu tous ces articles, je n’avais toujours pas compris pourquoi cette simple phrase avait fait couler autant d’encre et suscité autant de réactions que je trouvais très souvent exagérées ? Bien que connaissant l’aspect très tabou de ce sujet, j’en étais malgré tout à me dire « après tout dans un pays qui se prétend aussi laïque que le nôtre, pourquoi un droit aussi « basique » que celui-ci serait-il interdit ? » Et surtout, je me disais « depuis le 11 septembre 2001 et tout ce que nous avons vécu depuis au nom de l’islam, pourquoi n’aurait-on pas le droit d’avoir une crainte vis-à-vis de cette religion ? » Alors, j’ai voulu creuser le sujet car bien évidemment je ne suis ni philosophe, ni journaliste ; sans doute pas aussi érudit ? ; mais peut-être plus « pragmatique » en ma qualité de citoyen lambda.
En fait, tout réside dans la définition que l’on donne au mot « islamophobie ».
Je ne sais pas quel est le niveau d’instructions nécessaire mais je suppose que beaucoup de personnes donnent au mot « phobie », du grec « phobos », la même signification que la mienne, c’est-à-dire « la peur », « la crainte » ou « l’appréhension ». Les psychiatres, qui ont sans douté été à l’origine de l’utilisation de ce mot, y rajoutent les adjectifs « irraisonnée », « irrationnelle » « paranoïaque », mais ces mots font partie intégrante de leur métier et je ne partage pas toujours le fait qu’on les y accole presque systématiquement dans la définition. Ainsi, si on ne sait pas nager, on peut très bien, et avec raison, avoir peur de l’eau, c’est-à-dire être « aquaphobe » sans pour autant que celle-ci soit paranoïaque ou irrationnelle. Il est vrai que si le nombre de mots avec le suffixe « phobie » est aussi important qu’il peut y avoir de peurs, force est d’avouer que ceux que je connais personnellement, je peux presque les compter sur les doigts d’une seule de mes mains. Je suis quasiment certain qu’il en est de même pour la plupart d’entre vous ? Parmi eux par exemple, je sais que la « claustrophobie » est la peur d’être enfermé dans un espace clos ou confiné, l’« arachnophobie » est la peur des araignées, la « cancérophobie » » est la peur d’être malade d’un cancer et je pourrais ainsi en citer que trois ou quatre autres de plus seulement dont j’ai la quasi-certitude d’une bonne définition. Pour moi, comme pour beaucoup de personnes, enfin je pense, il allait de soi que « l’islamophobie » était la peur ou la crainte de l’islam. Que nenni puisque selon la plupart des dictionnaires, dont le Larousse, l’islamophobie est « une hostilité envers l’islam » et « les musulmans » plus généralement. Or, on voit bien dans cette définition que si le mot « peur » a disparu, en réalité celle-ci est toujours sous-jacente mais elle a carrément changé de camp. Ce n’est plus vous qui avez peur de l’araignée mais l’araignée qui a peur de vous ! Vous n’avez plus peur de l’eau mais vous y êtes carrément « hostile ». Au point de ne jamais vous laver ou boire de ce liquide ? Je ne sais pas car je ne suis pas psychiatre ! Idem pour bien d’autres « phobies ». Avec cette définition, ce sont désormais les musulmans qui ont peur, et comme il n'y a pas de mot pour définir celui qui a peur de l'islam, on pourrait presque imaginer qu'il n'y a aucune raison à cela ! Ainsi, en panne totale de mot pour décrire cette peur, celui qui a vraiment peur n’a plus que l’hostilité ou la haine « à se mettre sous la dent ».
Il allait de soi que j’avais tout faux ! En l’absence de mot, et donc étant complètement démuni, je ne partageais absolument pas, ni cette définition, ni cette façon de voir les choses. Pour moi l’athée, pour moi le baptisé incroyant, quelles raisons aurais-je d’être plus hostile ou plus haineux envers un musulman qu’envers un catholique pratiquant, un protestant, un bouddhiste, un juif ou un orthodoxe ? Aucune, car si je ne sais pas ce qu’est avoir la foi, je pense être suffisamment tolérant pour accepter que des personnes pensent différemment de moi, et surtout qu’ils aient la conviction que notre destin est guidé par une force supérieure qu’elles nomment « Dieu ». Pour moi, peu importe ce dieu, puisque ce dieu n’existe pas ! Comment pourrais-je être hostile envers une croyance et à des êtres fervents de celle-ci dont je pense qu’elle n’a pas de raison d’être ? Et ce d’autant s’ils vivent cette croyance dans la paix, la sérénité et dans un espace privé tranquille qui leur est propre ?
Ce constat, une fois établi dans ma tête, et toujours avec pragmatisme, restait à savoir si j’avais des raisons valables d’avoir peur de l’islam ou des musulmans, c’est-à-dire le « droit d’être islamophobe », mais avec ma propre définition ? Celle d’une peur raisonnée ?
Toutes ces questions tombaient d’autant mieux que j’avais encore quelques expériences toutes fraîches dans ma tête :
La plus marquante s’était produite le dimanche 26 mai exactement, jour des élections européennes.
Ce matin-là, Dany et moi avons prévu d’aller voter en fin de matinée. J’ai donc un peu de temps devant moi et pars faire mon loto foot dominical au tabac-presse. Avant de partir, Dany me dit « profites-en pour acheter des bananes ! ». Après mon loto, je file donc au supermarché tout proche, Leader Price pour leur faire un peu de pub, pour acheter les « fameuses » bananes réclamées par mon épouse. Alors que je suis occupé à comparer les prix et la qualité de bananes bio à celles qui ne le sont pas, j’entends parler arabe une première fois, puis une seconde fois et enfin une troisième fois, mais avec des voix et des tonalités bien différentes m’indiquant que les personnes qui parlent le sont aussi. Je lève la tête, et là, autour du rayon fruits et légumes, il y a 3 couples, d’âges bien différents, parlant l’arabe. Outre ce parler, les 3 couples ont en commun le fait que les trois femmes sont voilées et ont une longue robe (en tissu très épais pour les deux plus âgées) qui les couvrent du ras du cou jusqu’aux chaussures. Les hommes, eux, n’ont rien de particulier sur le plan vestimentaire mais les deux plus jeunes portent une copieuse barbe noire alors que le plus vieux a simplement une moustache grisonnante. Enfin, rien de très particulier les concernant et ce d’autant que la barbe est à la mode. Il y a un couple d’une trentaine d’années, un autre ayant bien dépassé la cinquantaine et les derniers sont probablement des septuagénaires. Ils ne semblent pas se connaître et en tous cas, ni ils ne s’adressent la parole, ni ne se regardent. Bien que très indécis, car si les bananes non bio sont très vertes mais moins chères, celles bio sont toutes petites et bien trop mûres et trop molles à mon goût. Je finis par prendre les premières en me disant qu’elles mûriront et file à la caisse. Il y a peu de monde dans le magasin, et pour être franc, il n’y a en réalité que les trois couples en question et moi, enfin selon la vision que j’ai de l’intérieur du magasin depuis la caisse. Je règle l’addition et à l’instant où je m’éloigne de la caisse, l’homme et la femme d’âge moyen arrivent à leur tour et je constate qu’ils parlent tous les deux parfaitement le français avec la caissière. Je sors du magasin avec dans ma tête bon nombre d’interrogations du style « je trouve qu’il y a de plus en plus de musulmans et de femmes voilées ? », « pourquoi parlent-ils l’arabe alors qu’ils ont fait le choix de vivre en France ? », « pourquoi les femmes s’obstinent-elles à se revêtir de la tête aux pieds, alors qu’il fait déjà très beau et très chaud et qu’une tenue plus légère leur serait obligatoirement plus confortable ? » « Cette façon d’être et d’agir n’est-elle pas la preuve d’une difficulté ou du refus de s’intégrer dans la société française ? » Finalement, en enfourchant mon vélo pour rentrer chez moi, je me dis « arrêtes de penser à tout ça car tu es entrain de devenir « islamophobe », sachant qu’à l’instant où je me dis ça, le mot « phobe » n’a qu’une seule résonance, « la peur d’une islamisation trop importante de la France avec tout ce que cela engendre car force est de reconnaître que nos idées sont très souvent bien différentes et notamment le regard que nous avons de la femme». D’un autre côté, je sais aussi que la peur est très souvent la compagne de l’ignorance ou de l’incompréhension, voire des deux. Ici, c’est le cas car c’est une religion que je connais mal mais je crois savoir aussi qu’elle est très complexe. Preuves en sont les conflits permanents entre les sunnites et les chiites par exemple. Alors qu’ils sont censés défendre le même mot « islam », je n'ai jamais vraiment compris quelles étaient les bonnes raisons qui les séparaient. Quand j’arrive chez moi avec mes bananes et sans doute parce que nous devons aller voter un peu plus tard, j’ai déjà oublié tout ça !
Il faut dire qu’outre cette troublante coïncidence avec la vision de ces trois couples parlant l’arabe en un seul endroit très réduit, j’ai, en seulement quelques jours ou quelques semaines, été « confronté » à plusieurs femmes voilées et plus globalement à l’islam.
Ainsi, la veille même des élections européennes, c’est-à-dire le samedi, j’ai appris en lisant un article qu’un parti ayant pour nom « Union des démocrates musulmans français » avait été retenu par le ministère de l’Intérieur pour se présenter au scrutin, constituant ainsi la 34eme liste. Au-delà de cet agrément étatique que je n’approuve pas ; et par le fait même que j’estime que la laïcité est un rempart pour notre démocratie, considérant que la religion et la politique ne doivent en aucun cas interférer ; de la même manière, je n’accepterais pas un parti chrétien, protestant, bouddhiste, orthodoxe ou juif se présentant à des élections françaises. Au-delà de cette réserve, ce qui m’a le plus troublé, ce sont les affirmations d’une femme musulmane appartenant à ce parti qui indiquait au journaliste qui l’interrogeait qu’elle ne trouvait pas de réponses à ses problèmes dans aucun des 33 autres partis. Alors bien sûr, et le journaliste ne lui ayant pas posé la question, je me demandais « mais quelles réponses attendait-elle au juste ? » « Que toutes les femmes françaises portent le voile comme elle le portait elle-même ? » « Que plus aucun français ne mange du porc ? » « Que tous les français adoptent l’islam comme religion ? ». Non, franchement je ne comprenais pas ce qu’elle attendait alors qu’un choix immense d’autres partis avec des motivations et des programmes bien différents lui était offert ! « Cette réponse, n’était-ce pas plutôt un refus catégorique de nos principes sociétaux et républicains ? ». J’en étais quasiment convaincu.
Quelques semaines auparavant et suite à un examen que je devais passer à l’hôpital, je me suis retrouvé avec deux très jeunes femmes voilées dans un ascenseur. Elles avaient une vingtaine d'années. A vrai dire, quand je suis entré dans l’ascenseur, j’étais tout seul et la porte était déjà entrain de se refermer quand elles sont arrivées. A cet instant, par élégance ou courtoisie, appelons cela comme on veut, je me suis précipité entre les deux portes pour qu’elles puissent entrer avant la fermeture totale et pour qu’elles n’aient pas à attendre un autre ascenseur. Là, ayant été cogné violemment par une des deux portes, et alors que je reculais déjà vers le fond de l’ascenseur en me tenant l’épaule pour les laisser entrer, les deux jeunes femmes se sont mises à parler l’arabe puis aussitôt à éclater de rire en me regardant. D’emblée, j’ai mis ça sur le compte de leur jeunesse mais comme elles continuaient de parler en arabe et à m’observer sans jamais baisser les yeux sauf pour se jeter des regards d’acquiescements partagés, j’ai très vite changé d’avis. Pour parler franc, pendant toute la durée de ce petit voyage qui nous amenait du rez-de-chaussée vers le 4eme étage, j’avais le vague sentiment qu’elles se foutaient de ma gueule, qu’elles étaient arrogantes et surtout j’étais plutôt choqué de ne pas avoir entendu le moindre merci. Non, je n’entendais que des éclats de rire et des paroles dont je ne comprenais rien. De ce fait, je me sentais un peu humilié et je l’avoue j’étais passablement énervé. Par bonheur, le 4eme étage arriva très vite et nous prîmes des chemins opposés. J’aurais pu en rester là mais après m’être enregistré à l’accueil du service en question, je suis entré dans la salle d’attente. Là, il y avait une autre femme voilée qui avait sans doute la cinquantaine. Or mis son voile, elle était habillée normalement, c’est-à-dire comme une « européenne », si je peux me permettre cette formule. Elle parlait arabe dans son téléphone mobile sans aucune discrétion. La plupart des autres personnes ; trois ou quatre seulement, je ne me rappelle plus exactement ; avaient également le nez plongé dans leur smartphone et ne semblaient pas y prêter cas, trop absorbées qu’elles semblaient être. Toutefois, une autre femme voilée, toute vêtue de noir de la tête aux pieds entra, et là, les regards se firent plus suspicieux et ce d’autant plus que les deux femmes entamèrent un dialogue encore en arabe sans plus de pondération. On m’appela pour l’examen et pour moi, la scène se termina ainsi.
Quelques jours plus tard, et alors que nous avions amené notre petite-fille jouer dans un parc pour enfants, là encore nous fûmes en quelques minutes entourés de femmes pour la plupart toutes voilées. La plupart parlaient l’arabe entre-elles mais quelques-unes, mais pas toutes, utilisaient le français pour s’adresser aux enfants. Si je ne trouvais rien de trop étonnant à cela car le quartier en bordure de la rivière est bien connu pour héberger cette communauté, il y avait parmi tous les enfants, deux ou trois très jeunes fillettes qui étaient entièrement voilées elles aussi. Cet aspect-là des choses me choquait et il me choquait d’autant plus que ce n’était pas toutes les petites filles qui étaient habillées ainsi. Je me disais que fatalement cette différence, pour ne pas dire discrimination, aurait sans doute des effets néfastes dès lors qu’elles seraient plus grandes. Enfin, ça c’était mon avis purement personnel.
Comme on le voit et en peu de temps avant cette polémique sur le droit ou pas d’être « islamophobe », voilà les quelques expériences, plus quelques autres encore plus banales que j’avais vécues. Rien de bien méchant bien sûr, mais simplement cette petite crainte d’assister à un fort développement, pour ne pas dire banalisation, de cette religion sans pour autant y trouver cet effort d’intégration nécessaire faisant de toutes ces personnes que j’avais croisées de « futurs et véritables français » comme nous l’avions connu jadis avec les Espagnols, les Polonais, les Italiens, les Russes, les Arméniens et que sais-je encore. Oui, je l’avoue et même s’il ne faut sans doute pas mettre tous les « musulmans dans le même panier », je préférerais que tous ces gens acceptent plus clairement notre façon d’être, nos traditions, nos lois et nos coutumes. Oui voilà ce que j’aimerais. Voilà quel est en général mon état d’esprit à propos de l’islam et des musulmans. Peut-on appeler ça de l’hostilité ? Le mot me paraît trop violent. Deux éléments médiatiques récents m’avaient néanmoins heurtés à propos de l’islam et des musulmans de France. Le premier concernait le président américain Bill Clinton, lequel l’an dernier avait affirmé à nos médias que « 10% de votre population sont des musulmans nés dans d’autres pays » ajoutant, « vous allez devoir faire face à ce genre de problèmes pour un bon moment » (il évoquait le terrorisme dont la France était victime). La plupart des médias, toujours enclin à une pensée unique avaient rejeté en bloc ses dires. Pourtant, n’avait-il pas été suffisamment bien placé pour affirmer ce qu’il disait ou était-il un bonimenteur ? Si on répondait oui à cette dernière question, quel était son intérêt à de telles affirmations ? Personnellement, j’avais tendance à le croire. Le deuxième élément était un article que j’avais lu sur Médiapart à propos d’une enquête américaine effectuée en Europe et donc en France sur ce sujet si « tabou ». Outre le fait que la France était déjà le pays à compter le plus grand nombre de musulmans, je trouvais les projections prévisionnelles de cet institut absolument effarantes puisqu’il indiquait que la population musulmane française (et européenne) aurait sans doute plus que doublée voire plus d'ici 2050 et ce, selon différents scénarios plutôt très optimistes. Je me disais que ne connaissant pas les chiffres actuels car les statistiques françaises n’existant pas, ces prévisions allaient dans le sens de ce que certains appellent « le grand remplacement ». En tous cas, entre ce que j’avais entendu, lu et vu, nombreux étaient les signes allant dans ce sens.
Voilà où j’en étais, et plutôt qu’être parfois bêtement islamophobe, un matin je me suis dit « va plus loin » « tentes de comprendre, approfondis le sujet ». Je me suis d’abord plongé dans tous les dictionnaires que j’avais dans ma bibliothèque. Dans un dictionnaire Larousse de l’année 2005, le mot « islamophobie » n’y était pas ! J’avais bien un Littré et un très vieux Larousse de 1980 que j’avais récupéré chez ma mère bien avant son décès mais j’hésitais à les compulser. Finalement et par acquit de conscience, j’ai vérifié et les mots « islamophobie » ou « islamophobe » n’y étaient pas non plus. Il ne me restait plus qu’à allumer mon ordinateur. J’ai lu quelques articles à propos de la polémique en question mais je les trouvais peu clairs et surtout pas suffisamment « terre à terre ». Alors sur Google recherche, ayant tapé le mot « islamophobie », j’avoue que je suis allé de surprise en surprise. Ainsi en compulsant le dictionnaire Larousse en ligne la définition du mot était claire et nette : « Hostilité envers l’islam et les musulmans ». Il n’était plus question d’une peur de l’islam comme j’avais pu l’imaginer mais plutôt de l’inverse, c’est-à-dire d’une peur des musulmans envers ceux qui n’aiment pas ou n’apprécient pas cette religion. Là pour moi, l’incroyant que je suis, et comme déjà indiqué auparavant, je ne pouvais pas être d’accord. Avec le goût de la curiosité qui m’anime en permanence, et ce d’autant quand il est question d’étymologie, j’ai essayé de creuser le sujet au maximum. Il y avait bien le site « La Toupie » qui reprenait l’ensemble des définitions, rappelait ce qu’était une phobie et qui surtout indiquait ce que devrait être la seule et vraie définition à savoir « construit à partir de islam, religion des musulmans, et phobie, venant du grec ancien phobos, peur, effroi », je n’arrivais pas à me satisfaire de ce que je trouvais. Ainsi pour la plupart des autres dictionnaires en ligne le mot « islamophobie » n’existait pas. Idem pour le CNRTL, c’est-à-dire le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales. Idem dans les encyclopédies y compris la plus célèbre « Universalis ». Plus grave, le mot n’existait pas non plus dans le dictionnaire de l’Académie française, 9eme et dernière édition. Pourquoi ce silence autour de ce mot désormais si souvent employé dont Wikipédia m’apprenait pourtant qu’il avait été utilisé pour la première fois en France en 1910 ? Que font nos vieux « immortels » avant de mourir vraiment ? Ne pourraient-ils pas inventer un nouveau mot donnant une vraie raison d’être à tous ceux qui sont vraiment hostiles à l’islam et aux musulmans, laissant à tous les autres et au suffixe « phobie » son unique, réelle et originelle signification latine de « peur » ou de « crainte » ?
Si j’avais trouvé quelques articles plutôt intéressants sur l’Histoire du mot « islamophobie » et son origine (Wikipédia, FranceInfoTV, AgoraVox), force était de constater que cette absence totale de clarté dans les dictionnaires ouvrait bien des portes à de nombreuses supputations voire délires. Pour moi, cette polémique autour du « droit d’être islamophobe » d’Henri Peña-Ruiz faisait partie de ces délires. Mais ça n’était pas le seul. Ainsi, il y avait un site Internet qui affirmait que la société du dictionnaire Larousse ; appartenant au Groupe Lagardère, groupe dont les actionnaires majoritaires sont des Qataris ; aurait été fortement influencée par ces derniers pour modifier la définition transformant le mot « peur » en « hostilité ».
Si cette supputation pouvait paraître plausible, elle ne tenait guère à une analyse plus poussée. En effet, il faut observer que le mot « islamophobie » n’est pas le seul à bénéficier du mot « hostilité » dans sa définition. Dans le Larousse, il en est de même pour « homophobie », « xénophobie », « francophobie » et « germanophobie » par exemple. Etrangement, le mot « anglophobie » n’est qu’une simple « aversion vis-à-vis des anglais ou de ce qui est anglais ». Sur Internet, on peut trouver jusqu’à 360 mots se terminant par « phobie », de très nombreux n’étant pas dans les dictionnaires les plus connus. Globalement, on peut néanmoins noter sur le Larousse.fr que quand l’Homme est concerné, la phobie est une hostilité ou une aversion alors qu’elle est seulement une peur ou une crainte irraisonnée quand il est question d’autres choses, animaux, plantes, objets ou situations.
Alors dans la mesure où je considérais que mon « islamophobie » personnelle n’était ni une hostilité, ni une aversion, était-elle pour autant une peur, et si oui, le terme « irraisonnée » se justifiait-il comme la définition du mot « phobie » l’affirmait en permanence ? A bien y réfléchir et m’intéressant à l’actualité et à la politique, il me paraissait assez simple d’énumérer de nombreuses raisons pouvant intervenir dans cette peur de l’islam de la part de nombreux français dont j’étais :
- Les attentats perpétrés au nom de l’islam bien sûr et les différents groupes faisant régner la terreur sur notre planète depuis 2 décennies. Les querelles, les oppositions et parfois les guerres quasi-permanentes entre chiites et sunnites. Les instabilités persistantes qui règnent depuis plusieurs années dans le Maghreb, le Moyen-Orient et des pays musulmans d’Afrique. Le fait que les Européens sont rarement d’accord quant à une politique migratoire à mettre en œuvre renforce l’idée qu’on est mal barré par rapport à ces problèmes. Les statistiques des personnes les plus radicalisées dont on ne sait jamais quels sont les vrais chiffres entre les classés « S » et ceux inscrits à d’autres fichiers plus orientés « terrorisme ». Des terroristes que l’on libère et qu’on est censé suivre comme de l’huile sur le feu jusqu’à leur mort. Le fait-on vraiment ? Ceux que l’on envisage de faire revenir de Syrie, d’Irak ou d’ailleurs, y compris de nombreuses femmes et d ‘enfants dont nos gouvernants ne savent que faire !
Oui, voilà quelques-unes des raisons, lesquelles à juste titre peuvent nous faire craindre l’islam. Mais j’aurais pu en citer bien d’autres comme le nombre de détenus musulmans en prisons, les problèmes que l’on connaît dans certaines zones de non-droit de plus en plus nombreuses et donc de plus en plus difficilement maîtrisables en terme de sécurité. Des événements gravissimes tels que ceux qui se sont produits récemment en France quand l’équipe d’Algérie de football a gagné la Coupe d’Afrique des Nations. Et puis bien sûr, tout ce que l’on voit comme les femmes voilées de plus en plus nombreuses, les mosquées de plus en plus nombreuses que l’on construit ou bien parfois et comme je l’avais lu, des églises catholiques qui sont transformées en mosquées. Oui, les raisons ne manquent pas et bien sûr, il y aura toujours des gens pour dire que ce n’est pas vrai, que je stigmatise, que j’amalgame.
Mais les premiers à amalgamer, n’est-ce pas les musulmans eux-mêmes dans leurs conflits permanents entre pays, entre sunnites et chiites, entre pratiquants bien différents dans leur radicalité ? Tout ça est difficilement compréhensible pour la plupart des français dont je suis. Porter des signes religieux très visibles n’est-ce pas une manière de stigmatiser ceux qui n’en portent pas ?
Oui, comme on le voit et le montre la réalité, il y a bien des raisons d’avoir une peur raisonnée voire seulement une simple crainte ou un agacement de l’islam, et bien sûr tous ceux qui ne veulent pas voir cette réalité en face parleront de stigmatisation et d’amalgames. On peut effectivement le dire et parfois avoir raison de le dire, sauf que là aussi, il est peut être bon de rappeler la vraie définition de ces mots. Stigmatiser, c’est dénoncer, critiquer publiquement quelqu'un ou un acte que l'on juge moralement condamnable ou répréhensible. Amalgame, c’est un mélange d'éléments hétérogènes. Ce petit inventaire à la Prévert des raisons que j'ai citées ci-dessus est-ce vraiment tout cela ? Je ne le pense pas même si je suis prêt à reconnaître que comme tout le monde, j’ai une forte tendance à amalgamer les musulmans, les arabes, les maghrébins et que sais-je encore. Alors, et si à juste titre, je ne mettrais jamais tous les musulmans ni aucun homme de couleur dans un « seul et unique panier », car je considère que ce n’est pas la couleur de la peau qui compte mais ce qu’il y a derrière et/ou dedans, le mot « islamophobie », c’est-à-dire une certaine appréhension de l’islam peut s’expliquer. Cette appréhension est un minimum mais la peur ou l'aversion peut la remplacer dans le cas d’un vécu plus perturbateur comme chez des personnes qui ont vécu et réchappé à un attentat par exemple. Cette religion, je n’ai pas la prétention de bien la connaître mais j’estime avoir le droit d’en avoir sinon la peur au moins une crainte au regard de tous ces éléments et ce, qu’ils soient indépendant les uns des autres ou alors mis bout à bout. Je reste persuadé que mon « islamophobie », un grand nombre d’autres citoyens la partage et ce, que leur ascendance française soit plus ou moins ancienne, de souche comme certains diront, soit à tort, soit avec raison. Oui, je ne pense pas être le seul dans ce cas ? Si le mot « phobie » peut indifféremment s’exercer des 2 côtés du miroir, pour moi, pour d’autres comme pour certains musulmans ; au regard par exemple de l’horrible attentat perpétré en Nouvelle-Zélande contre deux mosquées le 31 mars dernier, mais il y en a eu bien d’autres ! ; Il serait sans doute bon de donner une fois pour toute une seule et bonne définition à certains mots. Je considère qu’islamophobie en fait partie.
- Dans mon Littré de 1874 mais aux Editions Famot de 1977, le mot « phobie » n’existe pas encore.
- Dans Le Larousse de ma mère de 1980, le mot « phobie » est « une aversion ou une peur instinctive. Crainte déraisonnable à l’égard d’objets, de situations ou de personnes bien définis, dont le sujet reconnaît le caractère injustifié, mais dont il ne peut se débarrasser. (Ce mot entre comme composant dans les noms de diverses sortes de craintes injustifiées : agoraphobie, claustrophobie, éreutophobie, etc…) ».
- Dans un petit Larousse de 1993, la « phobie » est une « peur, aversion instinctive et souvent angoissante.
- Dans le Petit Larousse illustré de 2005 -100eme édition la « phobie » du grec « phobos », effroi est 1- « aversion très vive, peur instinctive ». 2 Psychiatr. Crainte déraisonnable déclenchée par un objet, une personne, une situation, et dont le sujet reconnaît généralement le caractère inadapté. »
- De nos jours et toujours dans le Larousse mais .fr et donc en ligne la « phobie » est 1- Crainte angoissante et injustifiée d'une situation, d'un objet ou de l'accomplissement d'une action. 2- Aversion très vive pour quelqu'un ou peur instinctive de quelque chose : Avoir la phobie de la foule.
On notera qu’à aucun moment le terme « hostilité » n’est employé même si le terme « aversion » peut être considéré comme tout proche mais moins violent. Notons enfin que des mots similaires que l’on pourrait supposer existants n’existent pas. Il en va par exemple de la cathophobie (ou catophobie), hostilité envers les catholiques, de l’indophobie que l’on trouve dans Wiktionnaire comme une aversion pour l’Inde mais dans aucun autre dico.
Il serait peut-être temps que nos gouvernants s’intéressent au sujet de l’islamophobie et tirent de vraies statistiques à la fois sur les religions mais aussi sur l’immigration car les pays qui l’on fait ont gagné en clarté et dans l’acceptation de l’autre et de celui qui est différent. Si l’immigration est une richesse comme certains le prétendent, à juste raison parfois, elle ne l’est pas toujours malheureusement et là aussi, ils seraient intéressants d’avoir des chiffres, reflets de la réalité de ces destinées. Ils seraient temps aussi de redonner aux mots leurs justes définitions à partir du latin, d’en inventer de nouveaux si besoin et qui mieux que nos académiciens pour faire ce travail ? Allez, il est temps de se réveiller Messieurs les Immortels, la coupole ce n’est pas un dortoir !
Phobie or not phobie ? Telle est la question !
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