•  

    DES PAYSAGES EN COULEURS.....POUR QUATRE SOUS  

    OU 6 JOURS SUR LE GR 70 

    CHEMIN DE STEVENSON (1ere partie)

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 1- Le Puy en Velay (613 m) - Le Monastier-sur-Gazeille (930m) 19kmLundi 19 juillet 2004 : 1ere étape de 19 kms.

    Le Puy en Velay (613 m) - Le Monastier-sur-Gazeille (930m).

    Extrait du livre " Voyage avec un âne dans les Cévennes " de Robert Louis Stevenson où il explique le regard que portent les gens de Monastier sur son projet de voyage : " Un touriste de mon genre était alors chose inouïe dans cette région. On m'y considérait avec une piété dédaigneuse comme un individu qui aurait décidé un voyage dans la lune ".

    Dans une petite localité, nommée Le Monastier, où nous devions nous rendre, nos bagages devaient nous précéder. Voilà pourquoi, en ce lundi matin 19 juillet 2004, il n'est que 8 heures, mais nous nous dépêchons de fermer nos sacs, car le transporteur est déjà dans le hall à attendre nos valises pour les amener au Monastier-sur-Gazeille, terme de notre première journée.

    Le temps de prendre un copieux petit déjeuner et sans oublier nos paniers-repas, il est 8 h 30 quand nous quittons l'hôtel Bristol.

    En plus de ce pique-nique, nos sacs sur le dos pour la journée contiennent, deux gourdes d'eau d'un litre, des sandales de marche légères, un poncho, une polaire et une veste en goretex. J'estime à environ 8 à 9 kilos, la charge qu'il nous faudra porter tout au long des 19 kilomètres de notre étape. De mon côté, je porte en sus, une sacoche avec l'appareil photo, des jumelles et un GPS. Le ciel est aussi chargé que nous, mais par de gros nuages gris qui détalent vers l'est. Nous redoutons la pluie et avons pris toutes nos précautions pour faire face à d'éventuelles intempéries. J'ai même pris un parapluie pliable. Si l'on en juge aux poids de nos sacs qui pèsent trop lourdement sur nos épaules, nous sommes sans doute excessivement prévoyants.J'étudie une dernière fois le topo-guide pendant que Dany entre dans une pharmacie mitoyenne de l'hôtel pour acheter un " Aspivenin ".

    Nous devons prendre la direction d'Ours, premier village à traverser après être sortis du Puy. Hier, à une vingtaine de mètres, nous avons remarqué un panneau qui indiquait Ours immédiatement à droite en sortant de l'hôtel.

    Dany a trouvé son bonheur à la pharmacie et nous prenons immédiatement cette direction.

    Effectivement, nous avons pris cette direction et quelques dizaines de mètres plus loin, nous retrouvons les habituelles marques blanches et rouges d'un G.R. Il s'agit dans l'immédiat du G.R.430, Chemin de Saint-François Régis qui est, sur le Chemin de Stevenson, le passage obligé quand on démarre du Puy en Velay.

    Par plusieurs rues, avenues et boulevards que nous grimpons, nous nous éloignons de la ville que nous finissons par apercevoir comme au fond d'une large cuvette. Seuls les trois rochers historiques avec la statue Notre Dame de France, la chapelle Saint-Michel d'Aiguilhe et le sanctuaire Saint-Joseph d'Espaly se dressent dans le décor.

    C'est avec plaisir que nous quittons enfin l'asphalte pour un chemin pavé bien ombragé bordé de murettes et d'arbustes. En regardant ces pavés usés, ces ornières creusées par les siècles et ces murettes noires et moussues, je ne peux m'empêcher de penser que ce chemin prénommé jadis " La Calade d'Ours " doit avoir une lourde histoire et a du voir des milliers de pèlerins et de randonneurs le cheminer.

    D'ailleurs au bout de quelques minutes, nous rencontrons une croix en pierre sculptée. Usée par le temps, une date apparaît : 1600 ! Peu après, nous longeons une ferme et débouchons dans le village d'Ours. Nous traversons une route et laissons sur la droite le château d'Ours qui est une ancienne maison d'assemblée (*). A bas du hameau, nous profitons de séculaires lavoirs pour nous asperger d'une eau fraîche bienfaitrice.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 1- Le Puy en Velay (613 m) - Le Monastier-sur-Gazeille (930m) 19km

    Sur un sentier de pouzzolanes rouges et au milieu des blés après le village d'Ours

    Peu après, à travers des champs de blé sur un sentier fait de pouzzolanes rouges, nous gravissons un faible dénivelé. Arrivés sur un plateau, au milieu de champs céréaliers, le chemin s'élargit puis redescend vers une vallée. Dans la descente, nous hésitons à un embranchement sans balisage spécifique où le chemin s'est sérieusement rétréci.

    (*) Tous les villages du Velay disposaient d'une maison d'assemblée où une religieuse rattachée à la Congrégation de l'enfant Jésus du Puy se chargeait de divulguer un peu d'instruction aux enfants, de donner des soins aux malades et d'enseigner le catéchisme.

    Heureusement, nous retrouvons rapidement les traces rouges et blanches du G.R et les quelques pins tordus mentionnés sur le topo-guide que l'on appelle dans la région " pins du boulanger" (**). Le sentier devient plus sinueux, remonte vers une zone habitée " Les Sarpouleyres " puis redescend dans le Bois du Mont Jonnet.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 1- Le Puy en Velay (613 m) - Le Monastier-sur-Gazeille (930m) 19kmODes paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 1- Le Puy en Velay (613 m) - Le Monastier-sur-Gazeille (930m) 19km

    A l'entrée de Coubon avec au loin le château de Bouzols et sur le pont qui enjambe la Loire

    Nous approchons de Coubon et marchons maintenant sur une route en bitume au milieu de splendides villas aux jardins très fleuris. Nous engageons la conversation avec un homme fort agréable et le félicitons pour ses extraordinaires géraniums rouges dont les fleurs en boule sont aussi grosses que celles de certains hortensias. Il nous explique dans le détail tout le travail et les soins qu'il prodigue au fil des saisons pour obtenir ce magnifique résultat.

    Au loin, nous distinguons le château de Bouzols perché sur son promontoire, puis Coubon que nous ne tardons pas à atteindre.

    Tout en remplissant nos gourdes déjà vides à une très belle fontaine fleurie de gros oeillets d'Inde oranges, nous discutons avec d'autres randonneurs qui font le Chemin de Saint-François Régis. A tour de rôle, nous évoquons la beauté des randonnées réalisées les années précédentes, puis chacun poursuit sa route et nous nous séparons aussi vite que nous nous sommes connus.

    Nous empruntons le pont qui traverse la Loire et arrivés de l'autre côté, Dany entre dans une épicerie pour faire quelques emplettes.

    Je profite de cet arrêt pour réviser le topo-guide sur la suite de la journée. Nous sortons de Coubon par la D.37 et 200 mètres après, nous prenons à droite une route avec une forte inclinaison qui se dirige vers les villages de l'Holme et de Poinsac.

    (**) Autrefois, les pins étaient élagués pour en tirer des fagots destinés aux boulangeries. Ces tailles ont finis par donner aux arbres des formes bizarres et tourmentées.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 1- Le Puy en Velay (613 m) - Le Monastier-sur-Gazeille (930m) 19kmODes paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 1- Le Puy en Velay (613 m) - Le Monastier-sur-Gazeille (930m) 19km

    Après le village d'Holme, le GR70 déroule son ruban avec de beaux panoramas

    Arrivés à une intersection où se trouve une croix en pierres, le topo-guide indique de prendre à droite en direction de l'Holme mais cet indice est en totale contradiction avec le balisage peint. Sur la droite, une croix blanche et rouge spécifie " mauvaise direction ". Nous prenons l'option de continuer tout droit et effectivement 20 mètres après, nous trouvons très rapidement le marquage sur un poteau en béton. Une centaine de mètres devant nous, un autre randonneur a pris la même direction et cela nous conforte dans notre choix. Nous cheminons quatre à cinq cent mètres, entrons dans le village de Dempeyre et ne trouvons plus aucune trace du G.R. Un coup d'oeil sur la carte du topo-guide et je constate qu'effectivement le G.R ne passe pas par ce village. Je peste contre ces mauvaises indications qui ne correspondent pas à celles du topo-guide.

    Il est midi, un brin énervé par cette déconvenue, nous rebroussons chemin, retrouvons le carrefour, source de notre égarement et grimpons par le tarmac vers le village de L'Holme. Le ciel est orageux, il fait très chaud, la faim joue sur nos organismes un peu fatigués. Nous décidons de nous arrêter à l'ombre de quelques arbres pour pique-niquer. Le panier-repas préparé par l'hôtel fait d'un gros pan bagnat, d'un oeuf dur, de fromage et d'une pomme est amplement suffisant pour caler notre bel appétit. La chaleur aidant, le repas a un effet si anesthésiant que nous éprouvons le besoin de nous allonger sur l'herbe. Après plus d'une heure de pause, nous nous remettons en marche et atteignons très rapidement le village d'Holme.

    Au centre du village, nous quittons le goudron pour un long et rectiligne sentier de gravillons. Cet agréable chemin déroule son ruban sur un large plateau au milieu de terres cultivées, de nombreux maquis et de quelques petits bois. De chaque côté, nous pouvons apercevoir toute une série de petits cônes aux formes arrondies et couvertes de pins sur leurs sommets. D'origine volcanique, ces petits puys sont localement appelés des " gardes " : Garde d'Ours, Garde de Mons.

    Nous marchons la plupart de temps à découvert avec la possibilité de voir le paysage défiler de part et d'autre du sentier. Nous surplombons de minuscules villages que nous pouvons identifier grâce aux cartes de topo-guide : Archinaud, Truchet, Arsac en Velay, Le Chier Blanc, Chadron, Le Clauzel, etc....

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 1- Le Puy en Velay (613 m) - Le Monastier-sur-Gazeille (930m) 19km

    Ravitaillement en eau fraîche au splendide village de l'Herm

    Vers 16 heures, nous entrons dans le Bois des Gondous et éprouvons le besoin de souffler à l'ombre de quelques pins.

    Le randonneur aperçut à Dempeyre en fin de matinée, là où nous nous sommes égarés, arrive. Il s'agit d'un petit homme, que j'appelle " Monsieur 62 " (car il nous dit avoir 62 ans). Il fait le Stevenson en solitaire. Lui aussi ronchonne après les mauvaises indications du balisage après Coubon. Contrairement à nous, il s'est complètement égaré, a tourné en rond à Dempeyre, avant de rejoindre le G.R près de Truchet par une longue route goudronnée qui a commencé à lui échauffer la plante des pieds.

    Quelques biscuits et un café et nous repartons sur une piste forestière. Nous observons des engins qui travaillent à l'entretien du chemin et de ses bas-côtés. Ils nettoient les fossés de part et d'autre du chemin afin que les eaux pluviales s'écoulent plus facilement. Nous ressortons du bois et arrivons au très joli village de " l'Herm " où les maisons exposent leurs très nobles façades de pierres. Par un verdoyant sentier entre des murettes et des arbustes, nous débouchons sur la D.38 puis rejoignons rapidement Le Monastier-sur-Gazeille (*), point de départ du voyage de Stevenson.

    Nous traversons le centre du village et trouvons sans problèmes, l'hôtel " Le Provence ". Nos bagages sont bien là dans le hall à nous attendre.

    La chambre, une douche fraîche, une heure de sieste et nous voilà déjà prêts à repartir pour visiter le vieux village.

    (*) Le Monastier tire son nom de mot " Monastère ", lieu habité par des moines.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 1- Le Puy en Velay (613 m) - Le Monastier-sur-Gazeille (930m) 19kmODes paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 1- Le Puy en Velay (613 m) - Le Monastier-sur-Gazeille (930m) 19km

    A Monastier devant le château édifié en 1365 et l'abbaye du XIe

    Par de minuscules ruelles, nous gagnons la curieuse église Saint-Jean couverte de lauzes, l'imposante abbaye qui date du XIe siècle avec sa façade polychrome et qui est, parait-elle, un des fleurons de l'art roman du Velay et enfin l'imposant château édifié en 1365. Malheureusement, il est déjà tard et de tous ses trésors architecturaux, nous nous contenterons de découvrir les extérieurs seulement. Déçus de trouver toutes les portes closes, nous regagnons l'hôtel pour un excellent dîner rapidement expédié. Avant de terminer la journée, j'ai bien envie d'aller voir le Viaduc de la Recoumène, car on dit de lui, qu'il est le haut-lieu européen du saut à l'élastique.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 1- Le Puy en Velay (613 m) - Le Monastier-sur-Gazeille (930m) 19km

    En direction du viaduc de Recoumène

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 1- Le Puy en Velay (613 m) - Le Monastier-sur-Gazeille (930m) 19kmODes paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 1- Le Puy en Velay (613 m) - Le Monastier-sur-Gazeille (930m) 19km

    Le viaduc de Recoumène, haut-lieu du saut à l'élastique dans la nuit tombante

    Nous voilà donc repartis sur la D.535 pour quatre à cinq kilomètres aller-retour. La nuit tombe, nous accélérons le pas, le viaduc se rapproche mais Dany qui est partie avec des sandales trop légères commence à claudiquer. Des cloques ont fait leur apparition au bout de ses orteils. Il fait nuit quand nous arrivons au Viaduc. Il s'agit d'un impressionnant ouvrage d'art à huit arches conçu entre 1922 et 1925 par l'ingénieur Paul Séjourné. Construit en basalte bleu sombre au dessus de la rivière Gazeille, le viaduc culmine à 66 mètres pour une longueur de 270 mètres en courbe. Malheureusement, les constructeurs du viaduc n'eurent jamais le plaisir de voir un train le franchir. En effet, la voie ferrée transcévenole qui avait été imaginée au début du siècle ne fut jamais construite car prise de vitesse par le développement de la " voiture automobile ".

    C'est avec un petit vent fraîchissant et sous une voûte céleste très étoilée que nous regagnons notre chambre. Les derniers kilomètres ont eu un effet désastreux sur les pieds de Dany. Au fond de moi, je regrette de l'avoir contrainte à aller au viaduc. Avec les distances qui nous attendent pour les prochains jours, j'espère que demain elle ira mieux.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 1- Le Puy en Velay (613 m) - Le Monastier-sur-Gazeille (930m) 19km

    Dany sur le parapet du viaduc

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 1- Le Puy en Velay (613 m) - Le Monastier-sur-Gazeille (930m) 19km

    Cliquez sur la carte pour passer à l'étape suivante et voir d'autres paysages en couleurs pour quatre sous.


    votre commentaire
  • DES PAYSAGES EN COULEURS....POUR QUATRE SOUS  

    OU 6 JOURS SUR LE GR 70 

    CHEMIN DE STEVENSON (1ere partie)

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 2 - Le Monastier-sur-Gazeille (930m)- Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) 22km.Mardi 20 juillet 2004 : 2eme étape de 22 kms.

    Le Monastier-sur-Gazeille (930m)- Le Bouchet Saint-Nicolas (875m). 

    Extrait du livre " Voyage avec un âne dans les Cévennes " de Robert Louis Stevenson où il fait part des plaisirs simples que lui apporte la nature : " Il y a quelque chose de meilleur que la musique dans le vaste silence insolite, et qui dispose à d'agréables pensées comme le bruit d'une mince rivière ou la chaleur du clair soleil ".

    La cloche du Monastier sonnait juste neuf heures quand nous quittâmes l'hôtel " Le Provence " et descendîmes les ruelles pour rejoindre le G.R.70 Chemin de Stevenson. Le temps d'une photographie sur la stèle commémorative en hommage au célèbre écrivain et voyageur et nous entamons une descente en direction de la rivière Gazeille que nous enjambons près d'un camping, sur un petit pont au lieu-dit " Le Moulin de Savin " quelques minutes après.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 2 - Le Monastier-sur-Gazeille (930m)- Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) 22km.

    Près de la stèle en hommage à Louis Robert Stevenson

    Aujourd'hui, il fait très beau, et nous avons un peu allégés nos sacs par rapport à hier. Dany randonne avec ses sandales de marche et ses pieds ont l'air de tenir le choc. En tout cas, elle ne se plaint pas des cloques qui sont apparues hier soir.

    Le Monastier s'éloigne. Nous pénétrons dans le Bois de Malaval par un large chemin tantôt très caillouteux et parfois très boueux et glissant. Tantôt en montée, tantôt en descente, nous marchons d'un bon pas malgré les difficultés du terrain et finissons pas atteindre un large plateau laissant entrevoir un superbe panorama de tous côtés.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 2 - Le Monastier-sur-Gazeille (930m)- Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) 22km.ODes paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 2 - Le Monastier-sur-Gazeille (930m)- Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) 22km.

    Au Bois de Malaval après le départ de Monastier puis sur le plateau panoramique

    A lieu-dit Le Cluzel, nous croisons de vrais adeptes de Stevenson accompagnés d'un âne. J'ai bien envie de prendre une photo souvenir mais leur foulée est si alerte que je ne trouve pas le temps suffisant pour pouvoir cadrer l'ensemble du groupe. Malheureusement, de tout notre parcours, ce sera le seul équipage avec baudet que nous croiserons.

    Après Courmarcès, les étendues devant nous deviennent plus planes et les champs cultivés de diverses céréales se succèdent. Parfois déjà fauchés et ras, parfois blonds ou parfois verts, les près multicolores défilent au rythme de notre allure. Après Le Cros et le très agréable village de Saint-Martin de Fugères, les sites et les couleurs changent au fil des espaces parcourus. Les horizons sont plus vallonnés, plus boisés, les couleurs tirent plus sur les verts que sur les jaunes paille comme précédemment.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 2 - Le Monastier-sur-Gazeille (930m)- Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) 22km.ODes paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 2 - Le Monastier-sur-Gazeille (930m)- Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) 22km.

    Paysages après Courmarcès et avant Saint-Martin de Fugères

    Il est midi passé quand nous atteignons un petit bois de pins au lieu-dit " Le Prémajoux ". Nous trouvons rapidement un endroit idéal pour déjeuner, devant une clairière où trône une splendide bâtisse, à l'ombre de quelques arbres et sur un sol moelleux de mousses et d'aiguilles de pins bien sèches. Seules, quelques fourmis contrariées par notre présence sur leur territoire viendront troubler notre quiétude. Pendant que nous mangeons, des randonneurs déjà aperçus hier sur les sentiers, puis au Monastier ou à l'hôtel, passent sur le chemin.

    Malgré notre marche solitaire, nous avons l'intime conviction qu'eux aussi font le " Stevenson " et que nous les reverrons pendant plusieurs jours.

    Nous écourtons la pause-repas car nous devons être impérativement à 17h 30 au Bouchet Saint-Nicolas où un taxi doit venir nous prendre pour nous amener à Langogne. Nous, qui avions envie de flâner, aujourd'hui c'est une course contre la montre que nous devons accomplir !

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 2 - Le Monastier-sur-Gazeille (930m)- Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) 22km.ODes paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 2 - Le Monastier-sur-Gazeille (930m)- Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) 22km.

    Devant l'église de Saint-Martin de Fugères et au lieu-dit " Le Prémajoux "

    Par une sente étroite et sinueuse, nous amorçons une sévère descente et apercevons très rapidement les rives escarpées d'une rivière. Il s'agit de la Loire, qui à cet endroit, se faufile plutôt paisiblement, en cette saison, dans des gorges très abruptes d'origine volcanique. D'ailleurs, en face de nous, sur la droite des ruines du château de Beaufort, nous apercevons nettement les stries d'une large coulée basaltique.

    Nous dominons le très beau village de Goudet qui semble posé, au milieu même, de la rivière. Les grèves de la Loire sont aménagées en plage où les gens se prélassent au soleil et se baignent. Dommage que le temps nous soit compté car avec cette chaleur écrasante, je n'aurai pas hésité une seule seconde pour me jeter à l'eau.

    Nous traversons un pont métallique et montons la D.49 sur environ 800 mètres, qui la canicule aidant, nous paraissent interminables. Mais, nous ne sommes pas au bout de nos peines, car en quittant le bitume, nous nous dirigeons vers un bois où un chemin parsemé de gros cailloux présente une forte dénivellation. Nous saluons "Monsieur 62" qui est en train de déjeuner dans un pré adjacent. Dans la crainte d'une entorse, je préfère quitter mes sandales de marche au profit de mes lourds godillots.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 2 - Le Monastier-sur-Gazeille (930m)- Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) 22km.

    Dany domine le village de Goudet qui semble posé sur la Loire

    Dany, qui ne m'a pas attendu, a pris une réelle avance. Sans me presser, je refais doucement le retard sur ce terrain fortement pentu. Arrivée en haut, elle m'a attendu sur un secteur du chemin où le regard porte sur Goudet et l'autre versant de la vallée. J'en profite pour souffler un peu, boire une grande gorgée d'eau et prendre une belle photo. Aux jumelles, j'aperçois parfaitement la bâtisse de Prémajoux où nous avons pique-niqué ce midi et le G.R qui descend en zigzaguant vers Goudet.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 2 - Le Monastier-sur-Gazeille (930m)- Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) 22km.ODes paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 2 - Le Monastier-sur-Gazeille (930m)- Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) 22km.

    A Goudet, avec le château de Beaufort, puis sur l'autre versant de la Loire

    Les chemins parfois rouges de scories ou parfois blancs de sable et de gravillons s'élargissent et deviennent à nouveau plus monotones au milieu des champs céréaliers.

    Montagnac, Ussel, Bargettes, les ravissants petits villages caractéristiques du Velay à vocation agricole se relayent. Après Bargettes, les panoramas se transforment à nouveau, le G.R.70 est moins plane et quelques puys boisés se dressent dans le paysage et rendent notre balade aussitôt plus plaisante. Etang du Péchay, Bois de la Gardine, hameau de Preyssac, carrières de pouzzolanes qui exhibent leurs plaies rouges béantes, sentiers fleuris d'épilobes, nous ne voyons pas le temps passer à l'approche du Bouchet Saint-Nicolas.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 2 - Le Monastier-sur-Gazeille (930m)- Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) 22km.

    Juste avant Bargettes en direction de Puy de la Gardine

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 2 - Le Monastier-sur-Gazeille (930m)- Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) 22km.ODes paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 2 - Le Monastier-sur-Gazeille (930m)- Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) 22km.

    Après le village de Bargettes en direction du Bouchet Saint-Nicolas

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 2 - Le Monastier-sur-Gazeille (930m)- Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) 22km.

    Vue sur l'étang du Péchay

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 2 - Le Monastier-sur-Gazeille (930m)- Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) 22km.

    Après Preyssac, nous sommes bien sur le GR.70 en direction du Bouchet St Nicolas

    Il est seulement 16 heures 45 quand nous apercevons au loin la bourgade avec son clocher pointu, telle une carte postale. Nous serons dans les temps et le taxi n'aura pas à nous attendre.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 2 - Le Monastier-sur-Gazeille (930m)- Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) 22km.

    L'arrivée au village du Bouchet Saint-Nicolas ressemble à une carte postale

    17 heures, le G.R.70 passe précisément devant l'Auberge l'Arrestadou qui est notre lieu de rendez-vous. Nous nous présentons à la souriante propriétaire. Nos sacs sont bien arrivés aussi, mais le taxi n'est pas là. En l'attendant, nous en profitons pour prendre une boisson bien fraîche sur la terrasse ensoleillée de l'auberge. Compte tenu du cadre plutôt enchanteur et de l'alléchante carte du restaurant, nous regrettons déjà d'être dans l'obligation de nous rendre à Langogne. L'aubergiste nous précise qu'en effet, toutes les chambres individuelles sont réservées depuis fort longtemps et que notre prestataire " La Pèlerine " n'a pas pu faire autrement que de nous trouver un hébergement à Langogne.

    Le taxi arrive avec comme conductrice une charmante jeune femme blonde. Nous chargeons nos bagages et nos sacs à dos dans le monospace et nous voilà partis vers Langogne, étape finale de notre deuxième journée. Entre notre chauffeur et Dany, le dialogue s'installe et la conversation va bon train. Assis à l'arrière du véhicule, je déconnecte et par la fenêtre, je regarde les paysages colorés et essaie de projeter ce que sera notre étape de demain.

    Nous arrivons à Langogne, dans une toute petite rue, le taxi nous laisse devant la porte d'un vieil immeuble et d'une enseigne au nom très original " Le Modest Inn " en hommage à la célèbre ânesse de Stevenson.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 2 - Le Monastier-sur-Gazeille (930m)- Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) 22km.

    Le gîte Modest Inn à Langogne (*)

    Nous entrons, mais au delà de l'enseigne, tout est encore plus anticonformiste, le cadre, le patron qui nous accueille torse nu, sans chaussures et en short et les yeux collés comme quelqu'un qui sort d'un profond sommeil.

    Bonjour, je m'appelle Philippe, pourquoi êtes-vous ici ?

    J'essaie de lui expliquer que nous venons du Bouchet Saint-Nicolas et que ..... .Je comprends aussitôt que c'est peine perdue car il ne semble déjà plus m'écouter.

    Il rajoute : J'ai plusieurs chambres pour deux personnes avec plusieurs douches et plusieurs WC sur le palier !!!!

    Dany encore plus étonnée que moi, dis aussitôt : je veux les voir.

    Nous montons quelques escaliers et il nous présente une première chambre très " fin des années 60, début des années 70 ": vieux appareils photo, rideaux et couvre-lit très colorés, objets hétéroclites, jouets faits avec des boites de conserves, livres de science-fiction, etc..... Nous la trouvons jolie, très lumineuse et en plus la literie est excellente. Les douches et les wc sur le palier sont corrects et très propres. En réalité, nous avons tout le premier étage pour nous. Dany acquiesce.

    Après la douche, nous redescendons car Dany veut absolument trouver un pantalon de randonnée dans Langogne.

    Philippe qui est derrière son bar et semble toujours aussi peu réveillé, nous dit :

    -Je n'ai pas eu envie de vous faire à manger....

    Nous le regardons, perplexes.

    D'un index pointé vers le parquet, il rajoute :

    -Vous mangerez en dessous.

    Pensant qu'en dessous, il y a une cave avec une salle de restaurant, je lui demande surpris :

    Où en dessous ?

    Il nous répond :

    -Eh, bien dans le restaurant " la Crêperie du Gévaudan " qui est juste en dessous dans la rue.

    Et il rajoute :

    -Mais ne vous tracassez pas, tout est prévu, vous n'aurez rien à payer !

    Nous sommes plus abasourdis que mécontents, car nous étions persuadés que le " Modest Inn " faisait gîte d'étape. Mais comme cela ne change rien à nos accords avec la Pèlerine, nous sortons de l'hôtel et partons visiter Langogne.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 2 - Le Monastier-sur-Gazeille (930m)- Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) 22km.ODes paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 2 - Le Monastier-sur-Gazeille (930m)- Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) 22km.

    Le bar est très original et la chambre que nous avons occupée très agréable (*)

    En réalité, la visite se résume essentiellement à la nationale 88 qui est l'avenue principale où Dany cherche en vain un pantalon de randonnée. Après avoir acheter quelques cartes postales, nous redescendons l'avenue Foch à la recherche du restaurant " Le Gévaudan ". Il n'est pas d'une grande " classe ", mais nous y mangeons correctement et en toute simplicité, une assiette de charcuterie, une excellente potée auvergnate, des fromages trop secs et un flan maison.

    22 kilomètres parcourus, nous ne sommes pas " sur les rotules ", mais la journée a tout de même été éprouvante. Il est encore très tôt, mais nous prenons le parti de regagner le " Modest Inn " et notre chambre " psychédélique " car demain la plus longue étape nous attend avec encore 25 kilomètres ....de bonheur et de nouvelles découvertes.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 2 - Le Monastier-sur-Gazeille (930m)- Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) 22km.

    Cliquez sur la carte pour passer à l'étape suivante et voir d'autres paysages en couleurs pour quatre sous.


    votre commentaire
  • DES PAYSAGES EN COULEURS....POUR QUATRE SOUS  

    OU 6 JOURS SUR LE GR 70 

    CHEMIN DE STEVENSON (1ere partie)

     

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 3 - Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) - Langogne (915m) 25kmMercredi 21 juillet 2004 : 3eme étape de 25 kms.

    Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) - Langogne (915m).

    Extrait du livre " Voyage avec un âne dans les Cévennes " de Robert Louis Stevenson où il évoque sa solitude: " Et pourtant, alors même que je m'exaltais dans ma solitude, je pris conscience d'un manque singulier. Je souhaitais une compagne qui s'allongerait près de moi au clair des étoiles, silencieuse et immobile, mais dont la main ne cesserait de toucher la mienne ".

    L'auberge du Bouchet Saint-Nicolas n'avait pas pu nous accueillir, mais qu'à cela ne tienne, il était 9h30, et nous étions bien là au milieu du hameau prêts à repartir vers Langogne. Pas en taxi cette fois, mais à pied pour la plus longue étape de notre séjour.

    Comme convenu, un taxi était venu nous prendre à 8h30 au " Modest Inn " et nous avait ramené au Bouchet Saint-Nicolas. Très sympa, le chauffeur avait même accepter de nous conduire jusqu'au lac, seule curiosité de l'endroit qui méritait vraiment le détour selon le topo-guide. De ce lac d'origine volcanique, de forme circulaire et entouré de sapins, nous fîmes en taxi un gros quart du tour et la découverte fut brève mais suffisante pour apprécier la beauté du lieu.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 3 - Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) - Langogne (915m) 25km

    Le magnifique Lac du Bouchet St Nicolas (*)

    Ce lac nous rappela bizarrement celui de Servières au bord duquel nous avions campé voilà deux ans lors de notre randonnée en Auvergne. Le chauffeur proposa de nous y déposer, mais il était déjà tard pour faire une visite plus détaillée de l'endroit qui nous aurait fait perdre beaucoup de temps. En plus, nous étions à deux ou trois kilomètres du village et ce supplément serait venu se rajouter aux 25 kilomètres que devions encore parcourir.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 3 - Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) - Langogne (915m) 25km

    Au Bouchet St Nicolas, pas très loin de la maison où Stevenson aurait séjourné.

    Ce matin, nous n'avons pas pris de panier-repas à l'hôtel. Mais dès le départ, dans une minuscule épicerie bien achalandée, nous trouvons tout ce que nous souhaitons. Du pain, de la charcuterie, un taboulé, un melon bien mûr et quelques fruits qui entrent facilement dans nos sacs car nous nous sommes bien allégés. Plus de vestes, ni de ponchos, ni de parapluie, car la météo est plus clémente aujourd'hui. 

    Une photographie devant ce que je crois être la maison où Stevenson a séjourné et nous voilà partis vers Landos sur un très long mais agréable chemin rouge bordé d'une exubérante flore et de fleurs chamarrées. Coquelicots, épilobes, pissenlits, baies de toutes sortes, chèvrefeuilles et une plante très curieuse que je ne connais pas mais qui ressemble à l'anis et dont l'extrémité de chaque ombelle héberge d'innombrables coccinelles de toutes tailles. Tous les plants en sont entièrement recouverts et forment comme une fleur rouge.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 3 - Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) - Langogne (915m) 25kmODes paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 3 - Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) - Langogne (915m) 25km

    Sur le long sentier vers Landos puis après cet accueillant village

    Nous arrivons à Landos et je constate que nous avons bu, Dany et moi presque deux litres d'eau chacun. Nous devons impérativement nous ravitailler car pour 6 kilomètres parcourus, je trouve que cela fait beaucoup. Nous trouvons plusieurs fontaines, mais toutes précisent que l'eau est non potable. Nous nous rabattons sur un bar où le sympathique patron remplit nos gourdes sans hésiter. En échange, il nous remet un livre d'or consacré à Stevenson dont je remplis une demi-page et que nous dédicaçons bien volontiers tout en prenant un café.

    Nous quittons la place du village par une petite voie goudronnée puis aboutissons à une belle de croix en pierre mentionnée dans le topo-guide. Au dessous sur une voie ferrée désaffectée, des touristes qui pédalent sur un vélo-rail ont toutes les peines du monde à faire avancer leur machine. Sur 18 kilomètres, ce vélo-rail relie Landos à Pradelles, où nous devons nous rendre. Je trouve que c'est aussi une façon très originale et très amusante de découvrir la région.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 3 - Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) - Langogne (915m) 25km

    Après Landos, au pied d'une ancestrale croix sculptée

    Plus en altitude que les jours précédents, le regard porte plus loin mais aux pourtours du sentier, les paysages se ressemblent. Toujours des chemins rouges de pouzzolane, des champs de blé, d'orge et de lentilles. Heureusement, il y a toujours des découvertes et des rencontres à faire. Trois randonneurs, deux femmes et un homme qui font le " Stevenson " arrivent à notre hauteur, nous saluent et nous dépassent après une courte conversation.

    Nous arrivons à Jagonas, Dany part à gauche et cherche les traces du G.R pendant que je me dirige à droite pour aller vers le magnifique château du XIXeme siècle. Ne la voyant pas venir vers moi, je m'arrête à une très belle fontaine bien à l'ombre de grands platanes. Je remplis de nouveau ma gourde, trempe mon chapeau dans l'eau glacée du réservoir et m'asperge le visage. A l'autre bout de l'auge, un chardonneret qui ne semble pas du tout effrayé en fait de même. Avec son masque rouge et blanc de clown, il semble indifférent à ma présence et continue de tremper son bec et ses ailes jaunes et noires dans l'eau claire de la fontaine.

    Je contemple le château de loin et rebrousse chemin car Dany ne m'a pas suivi. Je la retrouve occuper à lire le topo-guide. Elle cherche à savoir sur les trois chemins qui partent à gauche lequel est le G.R. Nous finissons par le trouver et descendons maintenant dans un splendide sous bois.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 3 - Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) - Langogne (915m) 25km

    Chemin de pouzzolanes et champs de blés avant le village de Jagonas

    Il est midi et demi, le site est agréable et nous stoppons dans un petit pré mi-ensoleillé et mi-ombragé pour déjeuner. Juste au dessous, nous entendons la musique rafraîchissante d'un ruisselet. La carte m'indique qu'il s'agit du ruisseau de la Mouteyre. Les randonneurs qui nous avaient dépassé, ont eu la même idée que nous et ont stoppé un peu plus bas dans un bosquet.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 3 - Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) - Langogne (915m) 25km

    Pique-nique après Jagonas, cherchez l'erreur (*)

    La distance qui reste à parcourir est encore importante, aussi nous ne traînons pas trop et repartons dès la fin du repas. Quelques minutes plus tard, nous distinguons les premières maisons d'Arquejol. Nous traversons rondement le village car le seul intérêt est un viaduc qui se trouve juste après, sur le G.R.70, au fond d'un petit vallon. Au détour d'un virage, nous découvrons le très bel ouvrage. Beaucoup moins haut et moins long que celui du Monastier mais contrairement à ce dernier, une ligne ferroviaire a fonctionné jusqu'aux années 80. À présent, il est pratiqué par le vélo-rail. Sous le viaduc, nous franchissons le ruisseau de la Mouteyre et grimpons par un étroit sentier qui s'élargit pour devenir un chemin forestier. Nous arrivons à la voie ferrée et passons dessous par un court tunnel. Nous hésitons et sommes surpris car le chemin repart vers la gauche, mais c'est bien çà, car à cet endroit le G.R.70 fait quasiment une demi-boucle et semble repartir vers Arquejol. Un instant, nous surplombons le viaduc et le village, puis, le chemin repart à droite et s'élève au milieu de la lande et de quelques futaies.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 3 - Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) - Langogne (915m) 25kmODes paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 3 - Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) - Langogne (915m) 25km 

    Au viaduc d'Arquejol puis au dessus du village du même nom

    Sur le topo-guide, le G.R est maintenant une longue rectiligne qui se hisse en douceur en direction de Pradelles. Ce chemin fleuri d'épilobes et de fleurs multicolores nous offre de merveilleux panoramas sur la vallée du Haut Allier, les verts Velay et Gévaudan et quelques minuscules voiles blanches qui régatent sur l'eau azurée du Lac de Naussac.

    Il n'est pas encore 16 heures et nous entrons dans l'épaisse forêt du Bois de Chatouneyres et arrêtons à l'ombre d'immenses épicéas pour une pause-café. Des vrombissements se rapprochent. Tout à coup, nous voyons arriver sur l'étroit sentier, une dizaine de motards sur leurs trials pétaradants. Nous nous écartons, mais ils nous ont aperçus et ralentissent un peu à notre hauteur. C'est plutôt désagréable en ce lieu, mais il faut être tolérant car chacun doit trouver un espace conforme à son passe-temps et à son plaisir.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 3 - Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) - Langogne (915m) 25km

    Chemin parsemé d'épilobes et de fleurs multicolores en direction de Pradelles

    Nous sortons du bois, et apercevons le village de Pradelles. Nous coupons la route nationale 88 et entrons dans le superbe village classé. Aux confins de la Haute-Loire et du Velay, entre les gorges de l'Allier et de la Loire, Pradelles figurent au classement des plus beaux villages de France. Nous y restons deux heures environ, le temps de remplir nos gourdes, d'acheter quelques cartes postales et de visiter le coeur de l'historique cité médiévale.

    Après cette brève découverte, nous nous désaltérons à la terrasse ensoleillée d'une brasserie et faisons la connaissance d'Henriette et Martine, deux sympathiques randonneuses qui sillonnent le " Stevenson " dans son intégralité jusqu'à Saint-Jean du Gard.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 3 - Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) - Langogne (915m) 25kmODes paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 3 - Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) - Langogne (915m) 25km

    Le GR monte en direction de Pradelles et la vue porte sur le Lac de Naussac

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 3 - Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) - Langogne (915m) 25km

    Un balle de foin en guise de fauteuil

    Après l'écriture des cartes postales, nous quittons la ville moyenâgeuse par les petites ruelles pavées, passons sous une arche près de la Chapelle Notre-Dame et débouchons rapidement sur un sentier qui déboule vers Langogne au milieu des prairies. Une heure et demi plus tard, nous entrons en Lozère, traversons l'Allier et pénétrons dans la ville fondée en 998 par Etienne, vicomte de Gévaudan.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 3 - Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) - Langogne (915m) 25kmODes paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 3 - Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) - Langogne (915m) 25km

    A l'entrée du Bois de Chatouneyres puis au village classé de Pradelles

    Nous quittons le G.R, nous dirigeons vers le centre ville car je reconnais immédiatement les rues empruntées par le taxi ce matin. Effectivement dix minutes après, nous voilà de retour au " Modest Inn ". Le sympathique Philippe nous accueille avec sa faconde familière, nous annonce avec satisfaction qu'il a fait à manger et que ce soir sa table d'hôtes sera ouverte à sept ou huit convives.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 3 - Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) - Langogne (915m) 25kmODes paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 3 - Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) - Langogne (915m) 25km

    Visite de la cité médiévale de Pradelles

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 3 - Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) - Langogne (915m) 25km

    Dany admire les vieilles pierres de Pradelles

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 3 - Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) - Langogne (915m) 25km

    Dans les prairies en quittant Pradelles et en direction de Langogne

    Martine et Henriette qui étaient parties de Pradelles bien avant nous et avaient pris une confortable avance, arrivent dix minutes après nous. Surprises, elles ne comprennent pas comment nous pouvons être déjà arrivés.

    Il est dix neuf heures, nous gagnons notre pittoresque chambre pour une douche réparatrice et redescendons au bar prendre un verre. Des amis à Philippe viennent d'arriver. Méditerranéens comme nous et d'une franche simplicité, le dialogue s'installe et nous voilà à l'aise pour une soirée qui restera dans nos mémoires.

    Nous mangeons d'excellents poulets de grain accompagnés d'un succulent aligot (*) dans une ambiance " bon enfant " et des conversations intéressantes.

    Après l'étonnement du premier jour passé, nous garderons du " Modest Inn " et de ces deux haltes passées chez Philippe Blanc, un formidable souvenir. A découvrir absolument sur http://www.gr70.com/ ou mieux, en lui rendant visite.

    (*) Recette de cuisine typiquement auvergnate faite d'une purée de pommes de terre additionnée de tomme fraîche.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 3 - Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) - Langogne (915m) 25km

    Langogne est en vue

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 3 - Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) - Langogne (915m) 25kmODes paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 3 - Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) - Langogne (915m) 25km

     (*) Résultat de cherchez l'erreur : regardez bien, photo truquée avec montage de ces 2 photos.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 3 - Le Bouchet Saint-Nicolas (875m) - Langogne (915m) 25km

    Cliquez sur la carte pour passer à l'étape suivante et voir d'autres paysages en couleurs pour quatre sous.


    votre commentaire
  • DES PAYSAGES EN COULEURS....POUR QUATRE SOUS  

    OU 6 JOURS SUR LE GR 70 

    CHEMIN DE STEVENSON (1ere partie)

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 4 - Langogne (915m) - Cheylard l'Evêque (1.125m) 16km22 juillet 2004 : 4eme étape de 16 kms.

    Langogne (915m) - Cheylard l'Evêque (1.125m).

    Extrait du livre " Voyage avec un âne dans les Cévennes " de Robert Louis Stevenson où il évoque la région après Langogne : " Des landes, des fonds vaseux à bruyères, des étendues de roches et de sapins, des bois de bouleaux nuancés par l'or de l'automne, çà et là, quelques minables chaumières et des champs mornes, telles étaient les caractéristiques du pays. "

    Le jour suivant (mercredi 22 juillet), il était deux heures du matin et je n'arrivais pas à dormir. Allongé sur le lit, je regardais les rideaux qui se balançaient, poussés qu'ils étaient par une léger courant d'air.

    Je me lève pour fermer la fenêtre restée entrouverte et constate qu'une chape nuageuse recouvre Langogne. Par la rue éclairée, une légère bruine fait briller l'asphalte et scintiller les tuiles des toitures des maisons avoisinantes. Il faut que je retrouve le sommeil, sinon ce matin je serai " mort " avant même le départ pour notre quatrième étape qui doit nous mener au Cheylard l'Evêque. Sept heures, je me réveille en bonne forme car j'ai réussi à me rendormir profondément. Du bout du pied, j'écarte faiblement la tenture pour ne pas réveiller Dany. Aussitôt ma crainte de marcher sous la pluie s'estompe car un ciel cristallin apparaît dans l'entrebâillement. Au fond de moi, je me dis que nous avons vraiment de la chance car depuis notre départ, le ciel est souvent très menaçant, il pleut parfois la nuit, mais aucune goutte de pluie n'est venue perturber notre plaisir de marcher. Huit heures, nous sommes attablés autour d'un copieux petit déjeuner avec d'autres clients du gîte. Nous ne sommes pas pressés car l'étape d'aujourd'hui est plus courte. Seize kilomètres seulement, si je puis dire. Aussi, les conversations que nous avions stoppées hier soir après le souper, à une heure avancée de la nuit, resurgissent.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 4 - Langogne (915m) - Cheylard l'Evêque (1.125m) 16kmODes paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 4 - Langogne (915m) - Cheylard l'Evêque (1.125m) 16km

    Nous visitons Langogne avec la Chapelle des Pénitents et la Halle aux grains

    Neuf heures, le temps a passé si vite et nous nous décidons enfin à abandonner tous nos amis. Nous saluons Philippe et le remercions pour la simplicité et la cordialité de son accueil. Nous quittons le " Modest Inn " par les petites ruelles du vieux Langogne. Quelle aubaine ! Le G.R.70 passe à proximité des principaux monuments historiques de la cité : L'église, la Chapelle des Pénitents, l'ancien couvent Notre-Dame, la Halle aux grains, le Pont-Vieux, etc.… Nous déambulons comme de simples touristes et marquons notre passage en prenant quelques photos.

    Après quelques emplettes pour le pique-nique du midi, nous sortons de Langogne par une longue route goudronnée en direction de Brugeyrolles. Avant, ce village, nous quittons l'asphalte pour un agréable sentier qui part sur la droite à l'orée d'une forêt. A cette bifurcation, quelques lièvres détalent devant nous, sautent les murets, traversent les champs puis disparaissent dans des buissons.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 4 - Langogne (915m) - Cheylard l'Evêque (1.125m) 16km

    Nous avons quitté Langogne, direction Le Cheylard l'Evêque

    Sur ce tronçon, nous alternons les routes en asphalte et les chemins en terre. Après Le Monteil, nous pénétrons l'orée de l'épaisse forêt de Mercoire. Dany ne trouve rien de mieux que de faire un léger malaise. Comme la tête lui tourne, nous stoppons quelques minutes et heureusement, elle retrouve rapidement ses esprits. Dans mes pensées, je me dis que c'est ni le lieu ni le moment pour " tomber dans les pommes " car nous sommes loin de toute habitation et en plus, dans cette région, le téléphone portable ne fonctionne pratiquement jamais.

    Au ruisseau du Langouyrou, nous saluons quelques pêcheurs de truites. Ils n'ont pas l'air joyeux et, selon leurs dires, ils rentreront bredouilles aujourd'hui. Quelques minutes plus tard, nous entrons dans le joli bourg de Saint-Flour de Mercoire.

    Dès l'entrée du village, une très belle fontaine ornée d'une croix de fer nous invite à nous rafraîchir. Nous remplissons nos gourdes, mouillons notre visage et notre nuque, nos bras et nos jambes déjà bien rougies par un cuisant soleil.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 4 - Langogne (915m) - Cheylard l'Evêque (1.125m) 16km

    Léger malaise dans la forêt du Gévaudan. Peur de la " Bête " ou coup de fatigue ?

    Nous partons voir la ravissante église romane avec son originale nef à deux travées, puis nous ressortons du village et entrons dans le Bois de La Garde. Il est déjà midi, nous avons pas mal lambiné et décidons de nous arrêter dans l'épaisse forêt pour déjeuner.

    La forêt est si sombre que plusieurs randonneurs passent sur le chemin à quelques mètres de nous sans nous remarquer. "Monsieur 62" que nous n'avions pas vu depuis l'étape du Bouchet Saint-Nicolas passe à son tour mais ne nous aperçoit pas non plus.

    Après le repas, comme nous bénéficions d'un abondant et moelleux tapis de mousse verte, nous en profitons pour faire un petit somme. Pendant quelques minutes, je regarde la cime des gigantesques épicéas qui se balancent au gré du vent. A force de les fixer, j'ai l'impression qu'ils vont s'écraser sur nous, puis je m'assoupis et m'enfonce dans mes rêveries. Je n'en sors que par les quelques craquements lugubres que les arbres provoquent en se frottant les uns aux autres. Dany me dit : " C'est fou comme en quelques minutes tu t'es mis à ronfler ! ".

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 4 - Langogne (915m) - Cheylard l'Evêque (1.125m) 16kmODes paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 4 - Langogne (915m) - Cheylard l'Evêque (1.125m) 16km

    Petit pont et très belle fontaine à Saint Flour du Mercoire

    Avant de repartir, je décide de faire fonctionner le retardateur de mon appareil photo. C'est vrai que je n'y pense pas souvent et pour la première fois de notre périple, je fixe sur la pellicule, le souvenir commun de ce bref moment de plénitude dans la forêt du Mercoire. J'ai du mal à imaginer que cette forêt puisse avoir été le théâtre d'horribles tragédies perpétrées par l'illustre " Bête du Gévaudan ".

    Un kilomètre plus loin, nous ressortons du bois pour atteindre une route goudronnée qui traverse Sagne Rousse. Le temps de prendre connaissance sur un panneau de quelques commentaires sur le passage de Stevenson en cet endroit et très rapidement, nous accédons à une nouvelle forêt plus clairsemée cette fois. Plusieurs barrières et chicanes successives cloisonnent quelques pâturages où de ci de là, paissent de petits veaux et des vaches tachetées blanches et rousses. Par endroit, le chemin erre dans des tourbières et quelquefois dans des zones franchement marécageuses. Un couple de randonneurs arrive. L'homme qui marche d'une allure soutenue a l'air de " speeder " car la femme est très loin derrière lui. A notre hauteur, il prend tout de même le temps de nous montrer des plants de myrtilles qui jalonnent le sentier. C'est par poignée que nous les dévorons. Les framboisiers, sont présents aussi, mais les fruits sont souvent déjà secs.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 4 - Langogne (915m) - Cheylard l'Evêque (1.125m) 16kmODes paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 4 - Langogne (915m) - Cheylard l'Evêque (1.125m) 16km

    Reposant pique-nique et plaisante ballade dans la forêt du Mercoire

    Nous enjambons le ruisseau de la Cham puis continuons sur la route bitumée qui jalonne les rares maisons des hameaux de Fouzillac, puis de Fouzillic trois cent mètres plus loin.

    Rien de particulier dans ces deux villages ne peut arrêter notre progression, sinon que je me remémore les déboires que Stevenson a vécu en ces lieus :

    L'écrivain, qui cherchait à se rendre à Cheylard et ne trouvait pas de sentier, avait reçu un peu d'aide auprès d'un gentil vieillard de Fouzillic. Ce dernier avait même fait un bout de chemin avec lui. Alors que dans la nuit, il s'était à nouveau égaré dans le secteur, il avait tourné en rond, était arrivé à Fouzillac mais toutes les portes s'étaient refermées alors qu'il cherchait sa route.

    Très fâché après les habitants de Fouzillac, il écrit : Ce n'était plus Fouzilhic, mais Fouzilhac, un hameau peu distant de l'autre dans l'espace, mais à des mondes plus loin quant à l'esprit de ses habitants.

    Après Fouzillic, l'asphalte laisse la place à un bon chemin sableux qui se faufile à travers des champs, des landes et quelques bosquets. En regardant ma carte IGN, je constate que nous traversons le " Champ du Pendu ", ce qui peut laisser présager qu'un triste événement est survenu en ce lieu.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 4 - Langogne (915m) - Cheylard l'Evêque (1.125m) 16km

    Myrtilles, framboises et fraises des bois sont au menu dans cette forêt

    Juste avant Cheylard l'Evêque, nous descendons dans de sombres sous-bois où par intervalles, quelques clairières s'ouvrent sur de très beaux paysages qui nous rappellent certaines combes jurassiennes.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 4 - Langogne (915m) - Cheylard l'Evêque (1.125m) 16kmODes paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 4 - Langogne (915m) - Cheylard l'Evêque (1.125m) 16km

    Juste avant Cheylard, des paysages qui nous rappellent des combes jurassiennes

    Seize heures, nous tombons sur la D.71 au panneau indicateur du village et trouvons très rapidement le refuge de Moure, splendide demeure en pierres, magnifiquement entretenue et fleurie.

    Agnès, une petite femme gracieuse mais énergique nous accueille de manière très charmante mais directive. Elle sait ce qu'elle veut et a bien l'intention de le faire savoir tout de suite. L'intérieur de la bâtisse ne doit rien aux extérieurs. Tout est parfaitement rangé et propre, le cadre est très agréable et on voit que tout a été pensé pour rendre le séjour des clients le plus plaisant possible : bar, salon avec livres et télévision, vestiaires, terrasses, coin boutique, jardins avec des chaises longues. Il y a même une jolie cabane pour accueillir les ânes et les animaux de compagnie en général. Par contre, qu'ils se le disent, les fumeurs ne sont pas les bienvenus à l'intérieur du refuge. Cette résolution n'est pas spécialement désagréable pour Dany qui ne fume pas et pour moi, qui ai arrêté voilà plus de deux ans.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 4 - Langogne (915m) - Cheylard l'Evêque (1.125m) 16kmODes paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 4 - Langogne (915m) - Cheylard l'Evêque (1.125m) 16km

     Le magnifique refuge de Moure à Cheylard l'Evêque

    Nous avons hérité d'une très jolie chambre. Et même si les toilettes et la douche sont au fond du couloir, nous n'avons vraiment rien à redire à la qualité de la réception qui nous est gratifiée. Il est vraiment très tôt et après la douche, nous n'avons rien de mieux à faire que de flâner. Nous en profitons pour prendre quelques photos, puis sur la terrasse ensoleillée, quelques verres avec nos amis de voyage, "Monsieur 62", Henriette et Martine. L'homme qui speedait et que sa femme tentait en permanence de rattraper, sont bien sûr arrivés et tous deux sont là aussi. Enfin, tout le monde est là, car au Cheylard l'Evêque qui est une étape obligée sur le Stevenson, il ne doit pas y avoir d'autres solutions d'hébergement que le Refuge de Moure. A tour de rôle, les gens arrivent, certains à pieds, d'autres à VTT, d'autres sont là uniquement pour le farniente ou d'autres activités.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 4 - Langogne (915m) - Cheylard l'Evêque (1.125m) 16km

     Vue sur Cheylard l'Evêque depuis la Chapelle Notre-Dame de Toutes Les Grâces

     Vers dix huit heures, nous partons visiter la Chapelle " Notre Dame de toutes les Grâces " qui jouxte le village, perchée sur un piton rocheux. De ce rocher, nous dominons la bourgade et la luxuriante forêt environnante.

    Nous profitons du reposant jardin du refuge et de ces chaises longues qui semblent nous tendre leurs bras.

    Avec Agnès, la charmante aubergiste, une longue discussion s'instaure. Tout en parlant, elle étend son linge et ne semble s'octroyer ces quelques minutes de répit que pour les mettre à la disposition de ses clients. Elle nous explique les difficultés qu'elle et son mari Christian ont rencontrés quant ils ont voulu s'installer. Les énormes investissements humains et financiers pour réussir un tel challenge. Elle nous explique qu'ils mettent tout leur cœur et leur savoir-faire aux services des clients mais qu'ils sont très exigeants sur certains points. Pas de fumeurs et pas d'animaux à l'intérieur du refuge. Intransigeants, Agnès nous raconte les tristes et parfois amusantes expériences qu'ils ont été amenés à vivre lorsque certains tricheurs voulaient par exemple cacher leur chien ou leur chat dans les chambres. Comme le sujet de conversation concerne les animaux domestiques, elle évoque l'étrange histoire d'un chat puis d'un chien qu'elle avait eu la bonne idée d'adopter.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 4 - Langogne (915m) - Cheylard l'Evêque (1.125m) 16kmODes paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 4 - Langogne (915m) - Cheylard l'Evêque (1.125m) 16km 

    Devant la chapelle puis dans le très beau jardin du refuge de Moure

    Le devoir appelle Agnès. Nous la laissons partir vaquer à ses lourdes besognes et sortons du jardin pour aller flâner sans but précis dans les rues de Cheylard.

    Les rues, c'est un bien grand mot, car à part la D.71 qui coupe le court village en deux, pour le reste, il n'y a pas beaucoup d'issues. D'ailleurs Stevenson écrit en parlant de Cheylard : " À parler franc, Cheylard ne méritait qu'à peine toute cette recherche. Quelques issues accidentées de village, sans rues définies, mais une suite de placettes où s'entassaient des bûches et des fagots, une couple de croix avec des inscriptions, une chapelle à "Notre Dame de toutes les Grâces" au faîte d'une butte, tout cela sis au bord d'une rivière murmurante des montagnes, dans un renfoncement de vallée aride "

    Aujourd'hui cette description paraît tout de même injuste car le Cheylard est, certes, un petit village, mais tout de même plein de charmes.

     Dany aperçoit un splendide chat dans le jardin d'une belle demeure. Bien évidemment, elle veut l'approcher de plus près et surtout le caresser. Le matou qui n'a aucunement peur de nous, s'approche. Il se laisse câliner et vient se frotter contre les jambes de Dany. Le propriétaire qui a l'air aussi gentil que son minet se met à nous raconter l'histoire de ce chat qui avait été abandonné puis recueilli par Agnès et Christian. Quelques semaines, plus tard, Agnès et Christian avaient également adopté un chien blessé qui errait dans le village. Le chat, qui avait mal accepté ce nouvel arrivant, était parti du refuge de Moure et avait fini par trouver un bonheur nouveau ici.

     La morale de cette histoire c'est que Cheylard l'Evêque est un tout petit village, mais qu'il y a suffisamment de place pour que chacun y trouve son bonheur.

    Et comme le dit si bien Brigitte Bardot : " Un chien, un chat c'est un cœur avec du poil autour ".

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 4 - Langogne (915m) - Cheylard l'Evêque (1.125m) 16km

    Au départ de notre 5eme journée à Cheylard l'Evêque

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 4 - Langogne (915m) - Cheylard l'Evêque (1.125m) 16km

    Cliquez sur la carte pour passer à l'étape suivante et voir d'autres paysages en couleurs pour quatre sous.


    votre commentaire
  • DES PAYSAGES EN COULEURS.....POUR QUATRE SOUS  

    OU 6 JOURS SUR LE GR 70 

    CHEMIN DE STEVENSON (1ere partie)

     

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 5 - Cheylard l'Evêque (1.125m) - La Bastide Puylaurent (1.024m) 24km23 juillet 2004 : 5eme étape de 24 kms.

    Cheylard l'Evêque (1.125m) - La Bastide Puylaurent (1.024m).

     

    Extrait du livre " Voyage avec un âne dans les Cévennes " de Robert Louis Stevenson où il évoque la région de la Bastide : " Dans une localité nommée la Bastide, on me conseilla d'abandonner le cours de la rivière et de suivre une route qui grimpait sur la gauche parmi les monts du Vivarais, l'Ardèche moderne. Le soleil parut comme je quittais le couvert d'un bois de pins et je découvris tout à coup un joli site sauvage au sud. De hautes montagnes rocheuses, aussi bleues que du saphir fermaient l'horizon ".

    A parler franc, Cheylard méritait le détour car la soirée s'était terminée en apothéose. Un succulent repas préparé par Christian et servit par Agnès que nous avions dégusté entre une vingtaine d'amis randonneurs et convives de tous horizons. Des sujets de conversation captivants : Pourquoi, marchions-nous ? Parmi les adeptes du " Stevenson ", certains marchaient pour oublier de gros problèmes (perte d'un emploi, échec professionnel, divorce, etc.…). Certains comme nous, randonnaient pour le simple bien-être de s'éloigner de la civilisation, de découvrir d'autres paysages et de profiter des vacances d'une manière originale et sportive. D'autres marchaient sans trop savoir pourquoi, du moins c'est ce qu'ils prétendaient, ou bien par timidité ou pudeur, ils ne voulaient pas se dévoiler. Certains, plus croyants que nous, le faisaient comme un pèlerinage, d'autres pour faire des rencontres. D'autres, comme " Monsieur Speed " le faisait à titre thérapeutique pour tenter d'effacer le stress d'une vie professionnelle trépidante et ses envies suicidaires. Même sur les chemins, ce monsieur très attachant ne savait pas être " cool " et cela se voyait. Sans être psychologue, et avant même que chacun raconte son parcours, il était presque possible de deviner les motivations de certains.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 5 - Cheylard l'Evêque (1.125m) - La Bastide Puylaurent (1.024m) 24kmODes paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 5 - Cheylard l'Evêque (1.125m) - La Bastide Puylaurent (1.024m) 24km

    Après Cheylard, en direction du hameau Les Pradels

    La nuit a été réparatrice. Il fait encore un temps superbe. Neuf heures, nous fermons nos bagages et les laissons dans le hall. Nous passons au bar payer les boissons consommées hier soir et remercions Agnès et Christian pour la qualité de leur accueil et de leurs prestations.

    Nous démarrons notre journée sur la D.71 et quittons le hameau par un petit pont de pierres sous lequel cabriole le ruisseau du Cheylard. Quelques mètres après, nous laissons l'asphalte et suivons un large chemin qui monte dans la forêt. Après deux kilomètres et quelques lacets, nous retrouvons la route que nous suivons jusqu'au hameau à forte vocation agricole Les Pradels.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 5 - Cheylard l'Evêque (1.125m) - La Bastide Puylaurent (1.024m) 24km

    A l'entrée de l'immense forêt domaniale de la Gardille

    A cet endroit, dans un décor de serres et de champs déjà moissonnés, le G.R.70 part à droite et pénètre dans l'épaisse et magnifique forêt domaniale de la Gardille. Une demi-heure plus tard, nous atteignons le tranquille Etang du L'Auradou. Seul un employé à l'entretien du lac vaque à ses occupations. Les aires de jeux et de pique-nique sont désertes. Sous le vol de quelques libellules bleues, nous profitons du silence ambiant pour nous ressourcer en avalant quelques fruits secs, une barre de céréales et une boisson énergétique.

    Nous repartons en longeant l'étang, passons une passerelle et entrons de nouveau dans la forêt par une large piste qui se poursuit jusqu'à la route qui fait la jonction entre Cheylard et Le Luc. A plusieurs reprises, le G.R coupe cette route et descend vers Le Luc, dont nous apercevons de temps à autres quelques toitures. Dans la descente et dans des sous-bois, le chemin s'est bien rétrécit. A l'ombre de quelques chênes lièges, nous arrêtons pour déjeuner et reprenons la sente qui arrive sur une route à proximité des vestiges du château du Luc qui domine la vallée de l'Allier.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 5 - Cheylard l'Evêque (1.125m) - La Bastide Puylaurent (1.024m) 24kmODes paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 5 - Cheylard l'Evêque (1.125m) - La Bastide Puylaurent (1.024m) 24km

    Au bord de l'Etang de l'Auradou puis devant le château du Luc

    Ce château est en cours de restauration et ces bénévoles font un travail remarquable. En effet, construit avant le XIIeme siècle sur un emplacement celte, il servit au fil du temps de bastion militaire et a subi d'innombrables assauts de diverses armées. Il faut dire que la forteresse fut, depuis le Moyen Age puis tout au long de l'histoire de France, souvent convoitée car elle représentait un point stratégique sur le Chemin de Régordane (*), pendant les guerres de religions et de Cent Ans et évidemment pour les armées des différentes provinces de la région qui voulaient se l'approprier.

    Nous laissons le château derrière nous et partons vers le village dans l'idée de trouver une fontaine car nos gourdes et nos gosiers sont complètement asséchés. Nous passons devant la très belle église qui date, elle aussi, du XIIeme siècle et est surtout originale, par son superbe clocher aux nefs superposées. Nous arrivons sur une placette où trône une belle fontaine, mais qui malheureusement ne fonctionne pas. Nous faisons demi tour et tombons sur Martine et Henriette qui elles aussi, sont à la recherche d'un peu d'eau fraîche. Heureusement, quelques jeunes qui semblent bougrement s'ennuyer dans ce village désert, acceptent avec beaucoup de gentillesse de remplir toutes nos bouteilles et nos gourdes.

    Martine et Henriette qui n'ont pas encore déjeuné, partent trouver un endroit tranquille. De notre côté, nous quittons le village en passant devant une étrange mais sans équivoque statuette du XIVeme siècle d'un homme accroupi que l'on appelle ici " Lou Cagassou " ou " Lou Cagaï ".

    (*) Le Chemin de Régordane est un chemin mythique qui va du Puy en Velay à Saint-Gilles du Gard qui, aux XIeme et XIIeme siècle, était un port prospère. Au moyen age, il organisait un important axe de pèlerinages mais aussi d'échanges de marchandises entre la Méditerranée et le Nord de la France. Il suit apparemment la faille de Villefort qui s'est produite en des temps géologiques et qui a tracé ce sentier naturel à travers le massif montagnard des Cévennes.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 5 - Cheylard l'Evêque (1.125m) - La Bastide Puylaurent (1.024m) 24kmODes paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 5 - Cheylard l'Evêque (1.125m) - La Bastide Puylaurent (1.024m) 24km 

    Visite des vestiges du château et vue sur le village du Luc

    Nous arrivons sur la D.906 que nous empruntons jusqu'à la bifurcation de la D.154 qui part vers Laveyrune, village à cheval entre la Lozère et l'Ardèche. Nous passons en Ardèche, mais traversons sans répit Laveyrune car ce long tronçon du G.R.70 exclusivement goudronné jusqu'avant Rogleton est pénible sous la forte chaleur. Par contre, sur ce secteur, le balisage est particulièrement bien indiqué. Faut dire qu'à cet endroit, le Chemin de Stevenson fait la jonction avec le G.R de Pays Tour de la Montagne Ardéchoise et une variante qui part vers la célèbre abbaye de la Trappe de Notre-Dame des Neiges. Au dessus de Rogleton, en bordure du chemin, une grosse " boite à témoignages" avec cahier et stylo permet de laisser ses impressions sur le G.R.70. Une petite bafouille et nous descendons vers le ruisseau de La Serre dans un sentier tellement boueux que nous sommes dans l'obligation de le quitter, d'enjamber les fils barbelés et de descendre au milieu des champs. Nous regrettons déjà tout le bien que nous avons pu écrire sur notre message.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 5 - Cheylard l'Evêque (1.125m) - La Bastide Puylaurent (1.024m) 24kmODes paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 5 - Cheylard l'Evêque (1.125m) - La Bastide Puylaurent (1.024m) 24km

    Du XIIeme siècle, le château du Luc mérite d'être restauré .Statue " Lou Cagai " (*)

    Quelques minutes après, nous nous retrouvons de nouveau en Lozère sur la D.906. Le G.R. part sur un petit pont qui franchit l'Allier. Penchés au dessus du parapet, nous constatons que l'eau est très claire avec par endroit des piscines naturelles et quelques minuscules plages de gravier. La canicule aidant, c'est sans hésitations que nous franchissons les clôtures, traversons le champ et arrivons sur la berge. J'ôte toutes mes fringues et plonge sans tergiverser dans une petite poche d'eau claire. Quelques truites qui ne font pas la maille s'enfuient sous les roches. Dany, elle se contente d'un bain de pieds à peine rafraîchissant car l'eau est à bonne température.

    Nous passons plus d'une heure à barboter, puis laissons la place à d'autres amis randonneurs qui se laissent eux aussi apprivoiser par cet attirant ruisseau.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 5 - Cheylard l'Evêque (1.125m) - La Bastide Puylaurent (1.024m) 24kmODes paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 5 - Cheylard l'Evêque (1.125m) - La Bastide Puylaurent (1.024m) 24km

    Un bain dans l'Allier très rafraîchissant

    Nous passons au dessus de la voir ferrée, puis quittons l'asphalte pour un chemin qui descend vers l'orée de la forêt. Un fort dénivelé dans un chemin de caillasses m'oblige une fois de plus à quitter mes sandales pour mes chaussures de rando. Le bain nous a revigoré et malgré cette bonne grimpette, c'est sans peine que nous atteignons le plat, puis les premières maisons de la Bastide-Puylaurent.

    Nous demandons notre chemin, traversons la voie ferrée, passons devant la gare et quelques minutes après, nous retrouvons un autre petit pont sur l'Allier qui ouvre la route vers le centre du village. La pension " Les Genêts " est une vieil hôtel restaurant rénové et géré par des propriétaires très sympathiques qui nous accueillent avec beaucoup de gentillesse et de prévenance.

    Situé en plein centre du village,en bordure de la route, il ne possède pas le charme et l'attrait des gîtes croisés les jour précédents, mais nous y mangeons parfaitement servis par de charmantes jeunes filles. Par contre, nous y dormons moyennement, car le lit fait un trou en son milieu et nous avons beaucoup de mal à ne pas rouler l'un sur l'autre.

    En contrepartie, cette halte dans le centre d'un village présente l'attrait de pouvoir finir la journée par une longue visite puis, et surtout pour Dany, de flâner dans quelques boutiques pour tenter d'y trouver un petit souvenir pour notre bien-aimée petite-fille Valentine.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 5 - Cheylard l'Evêque (1.125m) - La Bastide Puylaurent (1.024m) 24km

    A La Bastide Puylaurent, devant la gare SNCF pour rejoindre le G.R.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 5 - Cheylard l'Evêque (1.125m) - La Bastide Puylaurent (1.024m) 24km

    Cliquez sur la carte pour passer à l'étape suivante et voir d'autres paysages en couleurs pour quatre sous.

     


    votre commentaire

  • Diaporama agrémenté de la célèbre musique "Over the Rainbow", paroles de la chanson d'Edgar Yipsel Harburg, musique de Harold Arlen et Herbert Stothart pour le film "Le Magicien d'Oz". Ici, la musique est successivement jouée par : le Hollywood Studio Orchestra, par le duo Santo et Johnny Farina, le duo Joshua Chiu et Julian Zorsy (Violon/piano), Johnny Ferreira (Saxo) et Frankensteindead (harmonica).

    Le Sentier Thématique Tour de l'étang de Gruissan depuis Gruissan-Village.

    Le Sentier Thématique Tour de l'étang de Gruissan depuis Gruissan-Village.


     

    Randonner sans soleil et sans grand ciel bleu, la plupart d’entre vous le savent n’est pas ma tasse de thé. Le moindre nuage et j’ai toujours envie de remettre à plus tard, une randonnée prévue pourtant de longue date. Mais, car il peut y avoir un « mais », il peut y avoir une exception à cette règle. Cette exception, c’est l’envie de marcher combinée à celle d’avoir la certitude de pouvoir photographier de très nombreux oiseaux. Des oiseaux qui ne craignent pas l’eau bien sûr au cas où la pluie entrerait dans la partie.  N’importe quels oiseaux mais en général il s’agit plutôt d’oiseaux marins, de limicoles, des échassiers et que sais-je encore ?  En général, quand il pleut, ils ne bougent pas trop  et cela peut s’avérer un avantage sauf que pour les photos,  la luminosité n’est pas géniale. Enfin de là à marcher sous la pluie, il n’y a qu’un pas que j’ai franchi allègrement en ce 30 septembre 2017 quand j’ai réalisé ce « Sentier thématique Tour de l’étang de Gruissan ». Je suis revenu bien trempé jusqu’aux os mais néanmoins ravi des découvertes opérées. Il faut dire que je suis parti « la fleur au fusil » et l’appareil-photo en bandoulière, mais sans jamais regarder la météo. Présents ce jour-là à Gruissan où nous étions là pour garder les petits-enfants, Dany avait décidé de rester au chalet. Il est vrai que le temps changeant et devenant de plus en plus maussade au fil du jour n’était guère incitatif à aller se promener. Les enfants n’avaient pas trop envie de bouger non plus, alors j’avais pris la décision de partir seul pour remplir une partie de cette journée qui s’annonçait insipide devant la télé et les dessins animés pour enfants. Mes objectifs ? Visiter la vieille cité, la tour Barberousse puis faire le tour de l’étang où le matin même en arrivant en voiture, j’avais constaté la présence de très nombreux oiseaux. J’avais prévu d’y ajouter le secteur de la Capoulade mais la pluie plutôt soutenue qui m’est tombée sur la tête à l’instant même où j’atteignais cette intersection de chemins m’a obligé à changer mon plan initial. Ensuite, les pluies ont été plutôt intermittentes mais j’étais déjà bien mouillé. D’ailleurs, vous noterez que cette balade sortait tant de mes critères habituels que je l’avais complètement zappée de la liste de celles à mettre sur mon blog. Il faut dire que faire le tour de l’étang, c’est la balade la plus commune qui soit pour de très nombreux Gruissanais. Certains la font tranquillement à pied, d’autres en courant et d’autres carrément à vélo. Moi, j’avais prévu de flâner comme à mon habitude. Il est vrai que la course à pied et la photographie ornithologique ne font pas bon ménage. Ici, à Gruissan tout est plat et la distance de 6,1 km est à la portée de n’importe qui ou presque. Cette accessibilité que les Gruissanais ont transformée en une banalité, il faut donc la combler avec d’autres centres d’intérêts et force de reconnaître que c’est assez facile. En tous cas, ça l’a été pour moi. Comme l’indique l’Office de Tourisme de Gruissan, « ce sentier pédestre thématique permet de découvrir toute la diversité de l'écosystème vivant en symbiose avec cet espace lagunaire. 10 panneaux d'information ainsi que des points de vue remarquables jalonnent le parcours. » Enfin, pour ceux qui ne connaissent pas le bourg et ses alentours, ils présentent de très nombreux autres attraits qu’ils seraient trop longs de lister ici. Richesses patrimoniales, paysages, faune et flore ont donc été au rendez-vous pour mon plus grand bonheur. La publicité de l’Office du Tourisme que j’avais lu sur Internet avant de démarrer n’était donc pas mensongère. Oui, « les étangs de Gruissan représentent un patrimoine naturel exceptionnel qu’il faut protéger et préserver. A découvrir ! » J’ai pu laisser ma voiture sur un parking près du centre-ville puis par de jolies ruelles, j’ai pris la direction de l’église Notre-Dame-de-l'Assomption et enfin j’ai terminé par la Tour Barberousse qui se trouve juste à côté. Avec le tour de l’étang, je ne m’étais pas fixé d’autres objectifs que ces deux-là. Par chance, l’église était ouverte et une chorale y était en répétition. J’en ai donc largement profité pour écouter quelques chants mais surtout pour photographier ses nombreuses décorations toutes plus superbes les unes que les autres. Il y a un maître-autel superbe coiffé d’un très beau retable à baldaquin avec 6 colonnes en marbre rose de Caunes-Minervois. Il y a également une petite chapelle joliment décorée de la statue de la Vierge et l’enfant entourée de celles de Saint-Joseph et de Saint-Dominique. Il y a également une très belle alcôve où l’on aperçoit un bénitier et Saint-Jean-Baptiste baptisant Jésus. On remarque aussi un ex-voto en mémoire aux naufragés que Gruissan a connu. Enfin, on ne quitte pas l’église sans avoir levé la tête en direction de l’étonnante toiture dont l’armature n’est pas sans rappeler la coque renversée d’un navire. Voilà pour les principales richesses mais à y regarder de plus près, on aperçoit aussi de très belles peintures, des fonds baptismaux plutôt originaux, de jolis vitraux dont certains enjolivent des meurtrières, ce qui prouve bien qu’à son origine, l’église était un ouvrage fortifié. D’ailleurs, son aspect extérieur très haut et présentant que peu d’ouvertures ne laisse planer aucun doute à ce propos. Avant de me lancer tout autour de l’étang, il ne me restait plus qu’à me diriger vers la Tour Barberousse. Là, et alors que de nombreux touristes sont bien évidemment intéressés par les ruines de la tour, mois je suis surtout captivé par les roches fossilisées qui la soutiennent. Elles n’ont certes rien de bien impressionnant mais si on prête attention, on y distingue une quantité incroyable de dessins multiformes ressemblant à du plancton pétrifié voire à des micro-organismes aquatiques de type protozoaires. Je ne suis pas un spécialiste mais je suis presque sûr qu’il s’agit là de sédiments fossilisés antédiluviens et puis de toute façon, remonter le temps et l’Histoire m’intéresse toujours. Après cette découverte, il me reste encore à remonter les marches en direction de la tour Barberousse. Elle est bien ruinée et c’est surtout la plate-forme sommitale qui offre le plus d’intérêt. Plus que la vieille tour, les panoramas à 360 degrés captent le regard de tous les visiteurs.  Je prends de  nombreuses photos même si je pose un regard plus prolongé sur l’étang et le parcours que je dois accomplir. Il est temps de quitter les lieux car le ciel devient de plus en plus gris. Direction le port nautique Barberousse et le pont routier qui enjambe le canal du Grazel permettant d’y accéder. Là, je délaisse le bitume et après avoir franchi une passerelle, je file directement vers la digue de remblais qui est parallèle à la petite départementale qui file vers l’écluse de Mandirac. La digue est rectiligne et sépare le canal du Grazel de l’étang. Est-ce un ancien chemin de halage ? On peut le supposer. En tous cas, tout devient très simple et je peux désormais me consacrer à ma passion de la photo ornithologique et à la lecture des panneaux « botaniques » qui jalonnent le parcours. Les oiseaux sont déjà bien présents, mais un peu loin parfois pour les photographier correctement. Il faut dire que la profondeur de l'étang, qui est de 1,20m maximum, est idéale pour de très nombreux échassiers. Quant aux plantes décrites sur les panneaux, je les connais un peu aussi car ce sont les mêmes que celles que j’avais découvertes lors de mes 3 jours sur le Sentier du Golfe Antique réalisé en 2014. Très rapidement, de nombreux oiseaux s’enregistrent dans mon numérique. Je suis seul sur cette longue digue et il va me falloir marcher presque une demi-heure pour croiser un couple de randonneurs. Il est vrai aussi que le ciel s’assombrit au fil de ma flânerie. D’ailleurs, à l’approche de l’écluse de Sainte-Marie, un fin mais dense crachin entre dans la partie. Les oiseaux marins, échassiers et limicoles, semblent indifférents à cette bruine. En tous cas, ils restent impassibles à mon approche. Les passereaux, presque essentiellement des tariers-pâtres, des rousseroles effarvattes, des bruants et des cisticoles des joncs, eux, sont dans une bougeotte quasi permanente et sont donc très difficiles à photographier. Ils sautent de branches en branches dans les roselières et les salicornes, et quand ils ne sautent pas, ils slaloment entre-eux.  Sans la pluie, la difficulté me gênerait moins, mais là, je l’avoue, photographier les oiseaux et protéger en même temps mon appareil-photo pour ne pas qu’il se mouille décuplent les complications. Dans les épais buissons de soude, la pluie a fait sortir une multitude de limaçons, ces petits escargots blancs qui ont pour habitude de s’endormir en grappes agglutinés les uns aux autres. Là, ils partent en tous sens, comme si l’eau était le signal d’un exode asocial irréfléchi. Je suppose que dès que les rayons du soleil réapparaîtront, ils sauront se rassembler.  A l’écluse de Sainte-Marie, un couple de pêcheurs parait placide à ce crachin qui fait autant briller leurs K-Way que leurs visages écarlates de touristes aoûtiens. Il faut dire que la pêche est « bonne » car ils sortent des mulets de 8 à 10 cm les uns derrière les autres. Rien ne semble les arrêter dans cette quête à vider le canal de ce menu fretin.  Je les observe quelques instants dans leur collecte « mécanique » mais quand je regarde l’intérieur de leurs seaux respectifs, ces derniers sont quasiment vides. Alors, j’interroge l’homme en lui demandant : « Vous en faite quoi ? Vous les rejetez à l’eau ? ». « Mais non pas du tout ! » me réponds-il dans une exclamation à la fois contrariée mais si affirmative.  « Mais vous attrapez des poissons sans arrêt alors que vos seaux sont presque vides ? » lui dis-je. « Ah non, ils sont vides parce que nous venons d’offrir notre pêche à des gens de passage. Ils nous ont dit qu’ils mangeraient les poissons en friture et comme nous, nous ne les mangeons pas, nous avons fait notre B.A ! ». Un peu dégoûté de tant d’insuffisance, je laisse les deux « généreux » donateurs  à leur génocide halieutique. Tu parles d’une B.A ! La meilleure des B.A aurait été de laisser grossir ces minuscules alevins afin qu’ils deviennent adultes et puissent atteindre leur taille normale mais respectable de 50 à 80 cm de long selon les espèces. La pluie s’amplifie, s’arrête aussi soudainement puis recommence. Un minuscule coin de ciel bleu apparaît parfois. Un rayon de soleil s’y glisse et la Nature semble revivre. Il en sera ainsi jusqu’à l’arrivée finale.  Je me laisse dépasser par un groupe de randonneurs, tous encapuchonnés dans leurs ponchos bigarrés. Ils me jettent un regard bizarre et par en dessous, comme si je débarquais d’une autre planète avec mon tee-shirt détrempé et collé comme un justaucorps. Alors, je ne suis pas le seul fou à marcher ? Sauf que eux sont des fous prévoyants. Des panonceaux « Capoulade » se présentent mais j’estime qu’il ne serait pas raisonnable de me lancer dans les 6 km supplémentaires annoncés. Je garde cette balade pour un autre jour. Un jour plus généreux sur le plan météo. Les pinèdes et les vignes toutes proches de l’étang sont autant de nouveaux biotopes ornithologiques. Je profite d’une brève amélioration météo pour partir m’y fourvoyer et y découvrir des fauvettes, des mésanges et des alouettes, passereaux tous aussi difficiles à photographier que ne l’étaient ceux des étangs. Seules quelques mésanges à tête noire sont plus dociles. A l’instant ou je retrouve la piste cyclable, quelques fous du vélo y roulent à tout berzingue. Arrivant dans mon dos, je m’écarte in-extremis au « ding-dong » de leurs sonnettes. La balade tire à sa fin dès lors qu’un carrefour routier se présente.  J’entre dans Gruissan mais en longeant toujours l’étang au plus près de son rivage. Les oiseaux sont bien présents aussi. Le vieux village est rapidement là mais retrouver ma voiture parmi toutes ces ruelles en colimaçon représente un dernier challenge. Mais je fais mienne cette citation de Nahman de Bratslav : « Ne demande jamais ton chemin à celui qui le connaît. Tu risquerais de ne pas t'égarer ». Je ne demande rien à personne, ce qui me permet de m’égarer mais de faire aussi quelques dernières et jolies découvertes : fontaine, lavoir ancestral et son histoire contée, prud’hommes des pêcheurs et sa fresque murale. Oui, outre ses étangs, Gruissan mérite sans doute une visite guidée ! Il y a probablement d‘autres secrets bien cachés qui ne demandent qu’à être découverts ? Telle qu’expliquée ici, cette balade a été longue de 8 km environ. Carte IGN 2546 OT Narbonne Top 25.

     

     

     

     

     


    votre commentaire
  • Je refais le match.....de l'équipe qui valait un milliard.

    Le foot quel sport bizarre ! La France vient d’être sacrée championne du monde en battant la Croatie 4 buts à 2. Bravo aux joueurs, bravo à Didier Deschamps et à tout son staff. En 2016, après la défaite contre Le Portugal en finale du championnat d’Europe, j’avais écrit un article que j’avais intitulé « Loupé ou l’injustice du foot !!! ». Je me suis relu et franchement si je devais le réécrire, je ne changerais pas le moindre iota. Une fois encore, l’équipe la meilleure, enfin celle qui a développé le plus beau football n’a pas gagné. Une fois encore, la tactique, le jeu de défense et la chance ont pris le pas et l’ont emporté sur le jeu d’attaque et le culot, c’est à dire sur le jeu que j’aime. Si les matches de la France, cette « équipe qui valait un milliard », m’ont tenu en haleine ; à cause d’une fébrilité évidente de l’équipe ; ils m’ont également ennuyé la plupart du temps. Seul le match contre l’Argentine où ils ont été contraints d’attaquer et de marquer des buts pour revenir au score et gagner m’a bien plu et a eu mes faveurs. Une fois encore, les « belles » équipes et parfois celles dites plus petites,  dont le jeu était tourné vers l’avant, ne sont pas parvenues à s’imposer : Croatie, Belgique, Japon, Corée du Sud, Uruguay et j’en oublie sans doute une ou deux autres. Si la justice, l’équité et la logique avaient été de mises, c’est parmi ces équipes-là que le gagnant aurait du sortir. Mais la chance qui n’avait pas souri à la France en 2016, avait apparemment déjà choisi son camp depuis fort longtemps. Lors des qualifications déjà avec des matches ternes contre des équipes mineures et sans aucune « star ». Je me souviens d’un horrible zéro à zéro contre le Luxembourg que la plupart des médias avaient traité de « fiasco », d’échec ou de désastre. Sûr que sur la base de ce match-là, je ne voyais pas la France devenir championne du monde ! Je n’étais pas le seul. La Suède les avait battu 8-0 et les Pays-Bas 5-0. Des résultats qui avaient de quoi inquiéter le plus fidèle des supporters. Malgré ça, la France avait réussi à finir première de son groupe. Idem lors des matches de poule, contre l’Australie, le Pérou et le Danemark où la victoire n’a toujours tenu qu’à un fil. La combativité de la défense certes, l’immense talent de deux ou trois joueurs et surtout ce fil de la chance qui ne s’est jamais rompu. Ce constat a été également flagrant lors de la finale. La Croatie, que tout le monde imaginait éreintée par trois matches successifs avec des prolongations, a démarré le match sur « les chapeaux de roue ». Elle le maîtrisait amplement. En contrepartie, ce sont les joueurs français qui semblaient fatigués et tétanisés par l’importance de l’enjeu. Ils étaient en retard sur tous les ballons et les Croates gagnaient tous les duels. Il en a été ainsi jusqu’à la 18eme minute où une fois encore un concours de circonstances a décidé de changer le cours des événements qui étaient entrain de se dessiner. Coup franc de Griezmann, Mandzukic effleure le ballon de la tête et l’envoie dans sa propre cage. Premier coup de marteau sur la tête des Croates ? La roue serait-elle entrain de tourner ? Non pas vraiment. Les Croates continuent d’attaquer et marquent très logiquement 10 minutes plus tard (28eme minute). La France est-elle entrain de sombrer ? On le craint d’autant plus que les Croates semblent les moins perturbés par le challenge et font feu de tout bois. Les Français résistent mais ne se livrent vers l’attaque que par intermittence et seulement par Mbappé. Griezmann a touché son premier ballon après 12 minutes de jeu et comme trop souvent Giroud erre et trottine comme une âme en peine devant la défense croate et comme il l’a fait depuis le début de ce Mondial. Lourdaud, emprunté, le plus souvent maladroit, jamais trop servi par ses coéquipiers, sans doute trop assigné à des tâches défensives qu’il n’aime pas de toutes évidences, j’ai du mal à comprendre ce choix de Deschamps au regard des remplaçants hyper rapides et bons dribbleurs qui se trouvent sur le banc. Ces remplaçants seraient-ils incapables d’assumer les mêmes tâches que Giroud, c'est-à-dire peser sur une défense, jouer en déviation puis défendre quand c’est nécessaire ? J’ai souvent trouvé que c’était faire peu de cas des autres grands attaquants que sont Thomas Lemar, Nabil Fekir, Florian Thauvin ou Ousmane Dembele, tous excellents dans leurs clubs respectifs. Je n’ai rien contre Giroud, lequel a marqué de nombreux buts en équipe de France, mais là, je ne le trouve pas à la hauteur de l’enjeu, surtout si je le compare à des avants-centres comme Cavani, Luis Suarez et quelques autres encore qui courent comme des lapins sur le front de leurs attaques respectives. Giroud, lui, ne fait que trottiner et même quand il est à 50cm de son adversaire, il n’a pas ce coup de rein nécessaire pour tenter de lui chiper le ballon. Il n’essaye même pas la plupart du temps. Mais pour Deschamps et le France, la chance est toujours là, même en jouant à 10 ou à 10 et demi. Elle rôde dans la surface croate et à la faveur des Français. 35eme minute et sur un corner anodin, le ballon à mi-hauteur, touché d’abord par un joueur français, vient ricocher involontairement sur la main du joueur croate Perisic. Les Français se ruent sur l’arbitre, qui n’a pas vu la faute, pour réclamer un penalty. La vidéo est là et l’arbitre sans doute contacté par les arbitres du système VAR file regarder lui-même le replay. Après mûres réflexions et sans doute parce que la main est détachée du corps, le penalty est accordé. Quelle chance pour la France que Platini ne soit jamais devenu président de la FIFA, lui qui était à fond contre l’arbitrage vidéo, et apparemment innocent dans l'affaire du « paiement déloyal » de Sepp Blatter !  C’est le second penalty accordé à la France après celui du premier match contre l’Australie. Il avait déjà permis à la France de gagner le match. Griezmann le transforme. 2 à 1 pour la France et deuxième assommoir pour les joueurs croates. Les Croates se ruent vers la cage des Français mais en vain. Le repos de la mi-temps arrive sur ce score et le moins que l’on puisse dire est que les Français ne sont pas malchanceux. Le début de la deuxième période est le reflet de la première. Les Croates continuent de dominer et leurs défenseurs poussent encore plus et viennent aider leurs attaquants pour tenter d’égaliser. Lloris est très présent sur les tentatives les plus dangereuses. Les Croates se dégarnissent et se font quelques frayeurs sur des déboulés de Mbappé. Il est vrai qu’ils connaissent bien ce scénario car dans les matches précédents, ils sont revenus à chaque fois au score. Ils continuent de croire en cette audace-là mais ce soir, il est écrit que la chance est du côté français. Nouveau déboulé supersonique de Mbappé qui réussit à centrer non sans difficulté. Le ballon parvient à Griezmann mais sa tentative de passe est contrée. Le ballon divague à la limite de la surface de réparation et les Croates éprouvent les pires difficultés à le dégager car les Français font un pressing très haut. Finalement Pogba en hérite et shoote vers le but une première fois. Le ballon est contré par la défense adverse mais par chance, il revient dans ses pieds et sa deuxième tentative finit au fond des buts croates (59eme minute) car le gardien de but Subasic est masqué par plusieurs joueurs. S’en est trop pour les Croates dont on commence à voir le doute s’immiscer dans leurs têtes. Les Français se requinquent car ils commencent à comprendre que ce soir la chance leur sourit et ce, malgré une domination évidente et une possession de la balle bien meilleure de leurs adversaires du jour. Il n’en faut pas plus pour que la confiance change de camp. Nouvelle attaque des Français avec une belle contre-attaque de Lucas Hernandez qui réussit à passer le ballon à Kilian Mbappé. Démarqué, le meilleur des joueurs français et sans doute du tournoi ne se fait pas prier pour marquer le quatrième but (65eme). Cette fois, la chance n’y est pour rien et seul le talent des deux joueurs est à mettre à l’actif de ce but. Les Croates commencent à comprendre qu’un éventuel retour au score se complique de plus en plus. Ils ne ferment pas le jeu pour autant mais les Français retrouvent une certaine maîtrise. Cette maîtrise se transforme parfois même en une certaine suffisance vis-à-vis de leurs adversaires. Les Croates dont la fierté n’est plus à démontrer s’agacent de cette arrogance des Français. Cette morgue des Français se termine par un but croate avec une énorme bourde d’Hugo Lloris sur Mandzukic (69eme). On se dit « heureusement qu’on a déjà marqué 4 buts et qu’on en a encore 2 d’avance ! » car en terme de job ça s’appellerait une « faute professionnelle » ! Lloris n’en est pas à sa première grosse boulette ! D’un autre côté, comment lui en vouloir au regard des incroyables parades qu’il a réalisées lors de ce Mondial ? Malgré tout, on se dit qu’on aura le temps de lui en vouloir si ça tourne au vinaigre. Il reste encore plus de 20 minutes à jouer et les Croates ne baissent jamais les bras. Les sélectionneurs ont déjà procédé à des changements et si ça ne change pas grand-chose pour les Croates, les entrées de N’Zonzi et de Tolisso à la place d’un Kanté et d’un Matuidi devenus « hors services » apportent un bien fou à l’équipe de France. Les Français sont à la peine mais tiennent le choc. Au regard de la physionomie du match, ils tiennent surtout ce résultat sans doute au delà de leurs rêves les plus fous. L’entrée de Fékir à la place de Giroud ne change pas le visage de cette fin de match mais démontre, si besoin était, que l’ancien « gunner » est loin d’être aussi performant que le lyonnais. Un maintien du ballon plus qu’intéressant à ce stade du match, une succession de dribbles sur l’aile droite  plus un tir cadré au bout de quelques minutes, on est en droit de se demander pourquoi Deschamps n’a pas choisi l’option Fékir ? Le match se termine. Les joueurs français sont champions du monde et l’heure n’est pas aux questionnements. L’heure de tirer des enseignements viendra-t-elle un jour ? Probablement pas sauf à être un « ronchon » comme je le suis ! Et puis à quoi bon se poser des questions quand finalement on sort vainqueurs ? Au foot, la chance fait désormais partie du jeu tant de nombreuses équipes sont proches l’une de l’autre. Un pied ou une tête qui détournent un ballon et il n’entre pas dans les filets. Ou bien le contraire et le but est marqué. Ça ne tient à rien ou à si peu de choses. De nombreux scores ont été étriqués se terminant souvent aux prolongations voire aux tirs au but.  La chance fait partie du football comme elle fait partie de la vie et c’est sans doute cette incertitude qui fait aimer ce sport à des milliards de gens. On sent presque que de nombreuses équipes sont capables de devenir championnes du monde. C'est la glorieuse incertitude du sport, enfin du foot surtout ! En tous cas, cette victoire a fait le bonheur de millions de Français. J’en fais partie même si j’ai toujours tendance à relativiser et à minimiser ce bonheur et ce, parce que le foot est devenu abject par l’argent qu’il ne cesse de brasser. Une prime de 400.000 euros pour les 23 joueurs champions du monde plus ce que le staff va percevoir et c’est plus d’un milliard que l’on attribue au foot dans un pays qui est presque en faillite car surendetté à 99% de son PIB. C'est un pays où nos gouvernants sont capables d'enlever 5 euros d'APL à des personnes qui ont du mal à boucler leur fin de mois mais où taper dans un ballon et gagner une coupe tout en or engendrent autant de passions que si un astronaute français avait mis ses pieds sur Mars pour la toute la première fois. Certains joueurs ont déjà promis de reverser tout ou partie de cette somme à des œuvres caritatives tant leurs contrats, leurs salaires et les royalties qu’ils touchent à travers la pub les mettent à l’abri du besoin pour le restant de leur vie voire pour plusieurs ! Oui le foot est répugnant par l'argent qu'il brasse, et finalement, que celui qui joue le mieux ne gagne pas est bien dans la même cohérence. La France est championne du monde et s’il faut certes s’en réjouir, le foot, n’est pas, loin s’en faut, la préoccupation principale d’une majorité de français. Blanc, black, beurk, si j’osais. Beurk pour l’argent bien sûr !

     

     

     


    votre commentaire
  • DES PAYSAGES EN COULEURS.....POUR QUATRE SOUS  

    OU 6 JOURS SUR LE GR 70 

    CHEMIN DE STEVENSON (1ere partie) 

     

     Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 6 - La Bastide Puylaurent (1.024m) - Chasseradès (1.150m)12 kms24 juillet 2004 : 6eme étape de 12 kms.

    La Bastide Puylaurent (1.024m) - Chasseradès (1.150m)

    Extrait du livre " Voyage avec un âne dans les Cévennes " de Robert Louis Stevenson où il évoque son parcours vers Chasseradès :" Puis Modestine et moi remontâmes le cours de l'Allier (ce qui nous ramena dans le Gévaudan) vers sa source dans la forêt de Mercoire. Ce n'était plus qu'un ruisseau sans importance bien avant de cesser de le suivre. De là, une colline franchie, notre route nous fit traverser un plateau dénudé jusqu'au moment d'atteindre Chasseradès, au soleil couchant ".

    Le lendemain matin, je me lève, à poils, comme à mon habitude depuis Le Puy car j'ai oublié mon pyjama. Il fait plutôt frais, j'ai des frissons dans tout le corps et, des pieds à la tête, j'ai la peau recouverte de " chair de poule ". Pourtant, il fait relativement beau, mais nous sommes quand même à plus de mille mètres d'altitude et avec la fenêtre entrebâillée et un petit vent frisquet, la chambre est fraîchement aérée.

    En ce samedi 24 juillet, j'avoue aussi avoir un " petit serrement au cœur ", car il s'agit de notre dernière journée de marche et je reconnais volontiers que je n'ai pas vu les jours passer. En plus, avec 12 kilomètres seulement, c'est l'étape la plus courte et pour en profiter pleinement, je suis bien décidé à musarder davantage que les jours précédents.

    Dany se réveille, les yeux encore bouffis par le sommeil et les membres engourdis par sa polyarthrite. Heureusement, ça ne dure pas longtemps et elle part aussitôt se jeter sous la douche.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 6 - La Bastide Puylaurent (1.024m) - Chasseradès (1.150m)12 kmsODes paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 6 - La Bastide Puylaurent (1.024m) - Chasseradès (1.150m)12 kms

    Panoramas sur la vallée de l'Allier et les montagnes d'Ardèche après La Bastide

    Neuf heures, nous abandonnons " Les Genêts " après un frugal café au lait accompagné de tranches de pains grillées et tartinées de beurre et de confitures. Sur la placette du village, nous retrouvons " Monsieur Speed " et sa frêle compagne. Ils semblent trépigner en attendant l'ouverture de la principale épicerie du village. Nous sommes sidérés quant ils nous annonçent qu'ils ont dormis et mangés hier soir chez les moines trappistes de Notre-Dame des Neiges et qu'ils ont démarré de là-bas ce matin. En outre, hors mis la parfaite qualité de la literie, ils n'ont pas l'air de garder un souvenir impérissable de l'illustre abbaye. Décidément, nous nous posons la question, randonnent-ils ou font-ils une course ? Nous ne sommes pas certains qu'ils profitent complètement de leur voyage.

    Après quelques courses chez l'épicier et le boulanger, nous prenons en sens inverse, l'itinéraire emprunté hier pour entrer dans La Bastide. Le petit pont sur l'Allier, la gare, la voir ferrée et nous retrouvons le G.R.70, qui cette fois, part sur le gauche vers l'ouest. Nous montons par un large chemin d'exploitation forestier d'abord sinueux puis rectiligne quant il longe la lisière de la forêt sur notre droite et surplombe les Gorges de l'Allier sur notre gauche. Bien au dessus de nous, pas plus grands que deux fourmis, nous apercevons au loin " Monsieur et Madame Speed " qui ont pris une confortable avance, cela malgré qu'ils aient quitté La Bastide quelques minutes avant nous seulement. Eux marchent vite, et nous, nous traînassons comme jamais. L'écart se creuse et nous ne les reverrons jamais. Pourtant quel spectacle en montant, le regard plonge dans la verte vallée de l'Allier et domine à l'est les montagnes ardéchoises et vers le sud, les sommets du mont Lozère. Le tout baigne dans le léger halo d'une brume gris bleu qui, en altitude, laisse peu à peu la place à un ciel bleu azur.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 6 - La Bastide Puylaurent (1.024m) - Chasseradès (1.150m)12 kms

    A l'aire de pique-nique de La Mourade, point culminant de notre périple à 1.332 m.

    Voilà plus d'une heure et demi que nous avons quitté La Bastide et c'est sous un ciel vidé de tous nuages que nous arrivons à La Mourade, point culminant de notre randonnée. A cet emplacement, mon GPS indique 1.332 mètres.

    Un vent violent et froid nous oblige pour la première fois à revêtir nos polaires. Quelques tables de pique-nique sont là au milieu de jeunes pins sur un large plateau fait de genêts denses et de quelques genévriers rabougris. Nous stoppons pour une pause café opportune et mangeons quelques barres de céréales. Une fois de plus, le retardateur de mon appareil fonctionne à merveille et je fixe pour l'éternité ce bon moment de notre ultime journée.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 6 - La Bastide Puylaurent (1.024m) - Chasseradès (1.150m)12 kmsODes paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 6 - La Bastide Puylaurent (1.024m) - Chasseradès (1.150m)12 kms

    Près du légendaire rocher de Réchaubo et non loin de la source de l'Allier

    Après cet intermède, la piste est maintenant sableuse et se faufile à travers des prairies ou un épais maquis sur la ligne de crête. Il est midi et demi quand nous arrivons au panneau mentionnant l'entrée dans la " Forêt Domaniale de la Gardille ", indication déjà aperçue hier après Cheylard, mais c'est normal car cette forêt est immense. Nous entrons dans la forêt, mais arrêtons aussi vite car sous d'immenses sapins, une herbe verte et tendre ne demande qu'à être couchée. Le repas se déroule dans un silence stupéfiant, seulement entrecoupait de temps en temps par le chant d'un oiseau ou l'aboiement d'un chien dans le lointain.

    Henriette et Martine passent sur le chemin, nous les interpellons et avec leurs sourires coutumiers, elles s'arrêtent pour papoter. Les questions rituelles fusent :

    -Où étiez-vous passées ?

    -Nous étions à La Bastide à l'Auberge de l'Etoile?

    -C'était sympa ?

    -Ouais, c'était bien et vous ?

    -Nous étions aussi à La Bastide mais aux " Genêts ", où êtes-vous ce soir ?

    -Dans une chambre d'hôtes à Chasseradès, et vous ?

    -A l'hôtel Les Sources à Chasseradès. On se reverra peut-être ?

    -Peut-être !

    Elles repartent pour trouver un coin où déjeuner. Le silence reprend sa place et nous encourage à faire une petite sieste.

    Nous somnolons mais quelques fourmis ne l'entendent pas ainsi et décident de trottiner sur nos jambes ou nos bras dénudés. C'est tellement désagréable, qu'elles finissent par avoir gain de cause et nous sommes contraints de décamper plus vite que prévu.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 6 - La Bastide Puylaurent (1.024m) - Chasseradès (1.150m)12 kms

    A Chabalier, Stevenson déguisé en gentil épouvantail avec une Modestine de bois

    La piste descend dans la forêt en direction de Chabalier. A une intersection, le G.R part sur la gauche et sur la droite, un autre chemin indique le " Rocher de Réchaubo ".Je propose à Dany d'y aller car je me souviens avoir lu sur le topo-guide une étrange histoire légendaire de voleurs qui cachaient leurs butins et leurs trésors dans les nombreuses cavités de ce rocher. En plus, je ne suis pas un spécialiste des minerais mais je me souviens avoir lu qu'il présente une originalité certaine.

    Je relis donc le topo-guide : " Cette crête déchiquetée, c'est en miniature les " Dentelles de Montmirail " du Vaucluse. Le rocher est un filon rhyolitique, injecté de quartz, apparu à la faveur d'une faille appartenant à l'orogenèse hercynienne, c'est-à-dire, il y a au moins 300 millions d'années ".

    Les spécialistes apprécieront ! Nous, nous allons nous contenter de l'approcher.

    Du chemin, il nous apparaît comme un simple roc très dentelé. J'ai bien envie d'y aller mais Dany pas trop car il faut marcher dans la garrigue et la caillasse. Je n'insiste pas trop et me contente d'une photo depuis le sentier car j'ai le vague sentiment que Dany a surtout peur de rencontrer des vipères.

    Pas très loin d'ici, à quelques kilomètres, un long fleuve de 410 kilomètres, pas toujours tranquille, prend sa source au Moure de La Gardille, il s'agit de l'Allier qui passe à Chabalier que nous venons d'atteindre.

    Pour nous indiquer le chemin, un habitant a eu la bonne idée de travestir Stevenson en un gentil épouvantail à côté d'une Modestine de bois. Nous ne manquons pas cette opportunité pour prendre une amusante photo. Après un pont qui enjambe l'Allier qui n'est ici qu'un éphémère ruisselet, le chemin erre à travers d'agréables vallonnements boisés de résineux puis en approchant de Chasseradès parmi de nombreux champs d'avoine.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 6 - La Bastide Puylaurent (1.024m) - Chasseradès (1.150m)12 kmsODes paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 6 - La Bastide Puylaurent (1.024m) - Chasseradès (1.150m)12 kms

    Epilobes et champs d'avoine avant Chasseradès puis visite du village.

    Il est 15 heures, Dany décide de faire une pause. Dans un pré à mi-ombre de quelques bouleaux, il ne nous faut pas plus d'une minute pour préparer deux cafés avec un thermo d'eau chaude et deux sachets que nous agrémentons de quelques biscuits et de pain d'épices. Dans cette escapade de plus de 120 kilomètres, c'est certainement notre dernier interlude et avant d'en terminer, nous éprouvons le besoin d'en jouir totalement. Allongés dans le champ, pareils à deux gros lézards, nous profitons des tièdes rayons du soleil qui perforent les branchages.

    Nous avons repris le sentier depuis moins d'une minute et à une intersection, nous sommes très surpris de constater qu'un panneau indique la gare de Chasseradès à une centaine de mètres. Sommes-nous déjà arrivés ? Il apparaît que oui, car la gare est rapidement en vue, mais le village, lui, semble beaucoup plus éloigné.

    Sur une aire de pique-nique, à l'intersection du G.R et de la D.6, Martine et Henriette ont eu la même idée que nous et ont stoppé pour un précoce " quatre heures ". Nous échangeons quelques amabilités puis repartons sur la départementale à la recherche de notre hôtel que très rapidement nous trouvons sur la gauche de la route bien avant Chasseradès. Il s'agit d'une ample demeure adossée à un bois dans un cadre frais et reposant.

    La chambre est spacieuse et ne donne pas sur la route. Comme il est tôt, nous comblons ce moment de détente par un peu de lecture.

    Je termine " Voyage avec un âne dans les Cévennes ", que j'ai pris plaisir à lire au rythme des étapes. Maintenant, je les brûle, je saute par-dessus les montagnes cévenoles, je plonge dans les ravins et les gorges du Tarn. Et si dans la réalité, nous ne sommes qu'à Chasseradès, dans mes pensées ou dans mes rêves, je ne sais plus très bien, je finis par arriver avec Stevenson et Modestine à Saint-Jean du Gard.

    Dany me sort de cet état léthargique où je m'étais englouti :

    -On va se promener ?

    -Euh ….quoi ? Où ça ?

    -Au village !

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 6 - La Bastide Puylaurent (1.024m) - Chasseradès (1.150m)12 kmsODes paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 6 - La Bastide Puylaurent (1.024m) - Chasseradès (1.150m)12 kms

    Eglise Saint-Blaise à Chasseradès et viaduc et village de Mirandol

    Equipés d'une simple gourde d'eau fraîche, nous voilà repartis, une fois de plus, pour quelques kilomètres supplémentaires. Visite du sympathique village que Stevenson en 1878 décrit en ses termes : " Chasseradès, village délabré entre deux rangées de collines dénudées ".

    Cent vingt six ans plus tard, ce n'est plus tout à fait ça. Les maisons du village et l'église Saint-Blaise ont été superbement restaurées. Les monts de tous côtés sont recouverts d'émeraudes futaies et Chasseradès est devenu un hameau agréable et très apprécié des touristes.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 6 - La Bastide Puylaurent (1.024m) - Chasseradès (1.150m)12 kms

    Dany sous le viaduc de Mirandol

    Nous poursuivons le G.R.70 en direction du viaduc de Mirandol et apercevons rapidement le village blotti entre le viaduc et les gorges du torrent du Chassezac. Dans la descente vers le hameau, nous surprenons une vipère qui s'empresse de filer dans la paroi argileuse de la colline. Arrivés aux premières maisons, nous trouvons nos deux amies Martine et Henriette occupées à s'installer dans une vieille habitation transformée en une magnifique chambre d'hôtes. Dany est tellement emballée par le cadre qu'elle me dit aussitôt : " Si on revient l'année prochaine, c'est ici que je veux être ! ".

    Nous laissons nos compagnes de voyage vaquer à leurs occupations car ce soir nous aurons le plaisir de les revoir aux " Sources " pour le souper.

    Nous passons sous le viaduc qui présente la particularité de se situer à 1.215 mètres d'altitude et d'être ainsi la deuxième voie ferrée le plus haute de France après le Transpyrénéen. D'ailleurs, de retour vers l'hôtel, sur la route qui longe l'impressionnant canyon du Chassezac, nous apercevons le train qui passe à bonne allure sur le viaduc puis dans un long tunnel en béton. Malgré de multiples précautions, pare-neige en bois, tunnels anti-congères en béton, la ligne ferroviaire Mende-La Bastide reste en hiver une des voies les plus perturbées de France. En contrepartie, elle est, bien sur, l'une des plus pittoresques. D'ailleurs, si nous devons revenir à Chasseradès l'année prochaine, nous avons déjà décidé que nous prendrions le train.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 6 - La Bastide Puylaurent (1.024m) - Chasseradès (1.150m)12 kms

    Dany devant l'hôtel des Sources à Chasseradès

    Vingt heures, nous sommes dans la véranda de l'hôtel et profitons encore des derniers rayons d'un soleil rouge qui décline en face sur la verte colline du Goulet dans un ciel qui hésite entre le bleu, le rose, le mauve et le jaune.

    En regardant ce spectacle, je repense à ce qu'écrivait merveilleusement bien Stevenson : " J'avoue aimer une forme précise là où mes regards se posent et si les paysages se vendaient comme les images de mon enfance, un penny en noir, et quatre sous en couleurs, je donnerais bien quatre sous chaque jour de ma vie ".

    A cet instant précis, je me dis que moi aussi, je donnerai bien quelques euros chaque jour de ma vie pour que mon regard se pose sur de tels paysages en couleurs.

     Henriette et Martine arrivent. La première est châtain, d'une grande candeur naturelle, timide et réservée, la deuxième est brune avec un charme spontané et un sourire enjôleur. Malgré ces différences, une vraie amitié est née quant elles se sont rencontrées par hasard sur le Chemin de Saint-Jacques de Compostelle, il y a quelques années. Depuis, elles randonnent ensemble chaque été. Très gentilles toutes les deux, elles tiennent absolument à nous payer l'apéro avant de passer à table car nous leur avions offert à boire sur la terrasse ensoleillée du Refuge de Moure.

     Après l'apéritif, le souper se poursuit dans une atmosphère chaleureuse et amicale. Mais dans les conversations, nous percevons néanmoins beaucoup de pudeur et le désir de ne pas se dévoiler complètement aux premiers venus. Nous apprécions leur compagnie car pour nous, cette discrétion naturelle est le signe d'une grande simplicité et de qualités humaines indéniables.

     Il se fait tard, les serveuses sont là à attendre que nous quittions la table. Je monte dans la chambre chercher la carte bancaire pour régler la bouteille de vin d'Ardèche que nous avons tous apprécier. J'en profite pour redescendre avec l'appareil photo et immortaliser cet instant d'amitié.

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 6 - La Bastide Puylaurent (1.024m) - Chasseradès (1.150m)12 kms

     Dany avec Martine et Henriette, nos charmantes amies du " Stevenson "

    Maintenant, il est l'heure de se quitter. Nous n'aurons plus le plaisir de nous dépasser à tour de rôle sur les chemins. Demain, pendant qu'elles continueront à bourlinguer en direction de Saint-Jean du Gard, nous repartirons en taxi vers Le Puy. Au regard de cette amère perspective et des excellents moments que nous avons passés pendant six jours sur le G.R.70, nous avons la gorge un peu nouée par cette triste séparation. Mais pourquoi se le cacher, nous les envions surtout d'avoir la chance de poursuivre le " Stevenson ".

    Au delà de cette mélancolie, il y a donc dans nos têtes, cette envie folle de perpétuer ce périple jusqu'à son dénouement…. Qui sait, l'année prochaine, nous partirons, peut-être, nous aussi de Chasseradès pour découvrir de nouveaux paysages en couleurs…. pour quatre sous….

    .

    .

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 6 - La Bastide Puylaurent (1.024m) - Chasseradès (1.150m)12 kms

    Le parcours réalisé en 1878 par Robert Louis STEVENSON(*)

    Des paysages en couleurs ....pour quatre sous - Etape 6 - La Bastide Puylaurent (1.024m) - Chasseradès (1.150m)12 kms

     Cliquez sur la carte pour revenir à la page d'acceuil de mon blog.


    votre commentaire
  • Au pays des inextricables montagnes bleues - Préambule : Saint-Jean du Gard-Chasseradès et Visite de Mende.

    Pour accéder aux étapes, cliquez sur chacune d'entre-elles

    1 - Chasseradès - Le Bleymard - 14 km.

    2 - Le Bleymard - Le Pont-de-Montvert - 18km.

    3 - Le Pont-de-Montvert - Florac - 28km.

    4 - Florac - Cassagnas - 16km.

    5 - Cassagnas - Saint-Germain de Calberte - 13km.

    6 - Saint-Germain de Calberte - Saint-Jean du Gard - 21km.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Préambule : Saint-Jean du Gard-Chasseradès et Visite de Mende.

    Les images dont les légendes sont signalées par un astérisque (*) ne sont pas de moi et je remercie bien aimablement leurs auteurs de m'autoriser à les utiliser pour enjoliver cette histoire. L'aquarelle ci-dessus est une œuvre d'Anne Le Maître extraite de son magnifique ouvrage " Sur les pas de Robert Louis Stevenson ". Cette aquarelle, que j'ai utilisé pour procéder à ce montage, reflète parfaitement la douceur des paysages et les couleurs des chemins.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Préambule : Saint-Jean du Gard-Chasseradès et Visite de Mende.

    Encore un trajet de 110 kilomètres et des patates ? Non des châtaignes !


     

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Préambule : Saint-Jean du Gard-Chasseradès et Visite de Mende.Dimanche 31 juillet 2005.

    Préambule : Saint-Jean du Gard-Chasseradès et Visite de Mende.

    Extrait du livre " Voyage avec un âne dans les Cévennes " de Robert Louis Stevenson. Stevenson arrive au sommet du Finiels : " Quoiqu'il eût été longuement désiré, ce fut tout à fait incidemment enfin que mes yeux aperçurent l'horizon par-delà le sommet. Un pas qui ne semblait d'aucune façon plus décisif que d'autres pas qui l'avaient précédé et " comme le rude Cortez lorsque de son regard d'aigle, il contemplait le Pacifique ", je pris possession en mon nom propre d'une nouvelle partie du monde. Car voilà qu'au lieu du rude contrefort herbeux que j'avais si longtemps escaladé, une perspective s'ouvrait dans l'étendue brumeuse du ciel et un pays d'inextricables montagnes bleues s'étendait à mes pieds ". Voilà comme est né le titre du récit de cette deuxième et dernière partie du Chemin de Stevenson.

    Le Père Michel, un homme souriant, avait accueilli aimablement Stevenson à l'abbaye de Notre Dame des Neiges. C'est avec la même prévenance que cent vingt sept ans plus tard, le patron de l'hôtel Oronge à Saint-Jean du Gard nous accueille le dimanche 31 juillet 2005. Après un bref exposé de notre présence chez lui, nous l'informons du désir de laisser la voiture au garage et quelques affaires à l'hôtel. Nous attendons un taxi de la société " Transbagages " qui doit nous mener à Chasseradès, point de départ de ce nouveau et dernier périple sur le " Stevenson ". Le point d'arrivée, dans sept jours, étant, bien entendu, l'hôtel Oronge, raison de notre présence chez lui aujourd'hui.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Préambule : Saint-Jean du Gard-Chasseradès et Visite de Mende.

    Dany à la gare de Chasseradès

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Préambule : Saint-Jean du Gard-Chasseradès et Visite de Mende.

    Le train pour Mende arrive

    Mais notre surprise est grande lorsqu'il nous dit que le chauffeur de Transbagages est déjà passé et que mécontent que nous ne soyons pas là, il est reparti ! Nous sommes abasourdis, car nous avons deux heures d'avance sur l'horaire prévu du rendez-vous. Il est 11 heures 30 et le rendez-vous était fixé devant l'hôtel à 13 heures 30. Nous sommes entrain de débattre de cette difficulté quand soudain avec son bel accent méditerranéen, l'aimable hôtelier nous dit : " Ben, tiens, le voilà, il est revenu ! ".

    Un jeune homme brun d'une quarantaine d'années se tient devant la porte de la réception.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Préambule : Saint-Jean du Gard-Chasseradès et Visite de Mende.

    Le hameau de Mirandol, vue prise dans le train sur le splendide viaduc

    Il n'a pas l'air commode ou du moins, il a l'air en colère car d'un ton sec et interrogatif, il dit : " Transbagages ! Vous êtes mes clients ? Et sans attendre la réponse : Je vous attends depuis une heure !

    Comme je n'ai pas l'attention de me laisser " marcher sur les pieds ", je lui réponds : Attendez, nous avons deux heures d'avance sur l'heure fixée dans notre réservation avec " La Pèlerine " ! S'il y a un problème, c'est de votre côté qu'il faut le voir !

    Et là il se met à débiter un flot de griefs contre l'organisation de son employeur : " J'en était sûr, c'est toujours comme ça, j'en en assez de toujours poirauter à attendre les clients et qu'on me prenne pour un imbécile ! J'en ai marre ! A la fin du mois, j'arrête ! Peu à peu, il retrouve son calme, semble tout de même comprendre que nous n'y sommes pour rien et devient plus aimable lorsqu'il nous demande de le suivre.

    Nous laissons quelques affaires à l'hôtel et avec un peu d'appréhension notre véhicule au parking de la Poste car le garage de l'hôtel est déjà plein. Sans avoir eu le temps de la visiter, nous laissons la cité de Saint-Jean du Gard derrière nous, direction Chasseradès.

    Le chauffeur qui semble excédé par un emploi du temps trop chargé continue à marmonner contre son patron. Il semble lui reprocher le manque d'organisation et les pertes de temps entre deux courses. Nous ne prenons pas position et lui exposons notre projet de faire le Stevenson.

    Il semble parfaitement connaître la clientèle du légendaire parcours, car il est chargé de transporter les bagages des randonneurs d'hôtel en hôtel du Puy en Velay jusqu'à Saint-Jean du Gard. Nous sortons de la ville et soudain, dans la voiture, c'est le silence, car Dany et moi trouvons qu'il conduit trop vite sur ces routes cévenoles très sinueuses. Nous espérons que cette façon de conduire n'est pas à mettre sur le compte de l'énervement ou de l'envie de finir trop rapidement sa tournée. De temps en temps, le chauffeur entrecoupe ce silence en nous montrant des lieux que nous serons amener à découvrir lors de notre voyage pédestre.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Préambule : Saint-Jean du Gard-Chasseradès et Visite de Mende.OAu pays des inextricables montagnes bleues - Préambule : Saint-Jean du Gard-Chasseradès et Visite de Mende.

    Devant la splendide cathédrale de Mende lors de la visite de la cité 

    La route n'est pas encombrée et la circulation est facile. Le Pompidou, Saint-Laurent de Trèves, Florac, Quézac, Ispagnac, les petites villes se succèdent rapidement, car notre chauffeur, ancien " routier ", connaît parfaitement l'itinéraire et même s'il conduit très vite, il parait prudent quant il le faut. Un peu avant quinze heures, nous entrons dans Mende !

    Je suis très surpris d'arriver dans cette ville, car lors de l'organisation du voyage, j'ai, pendant très longtemps, tenté en vain de trouver un taxi qui pourrait nous y amener. Mon idée était d'aller à Mende, pour ensuite, rejoindre Chasseradès par le fameux train qui emprunte la deuxième ligne la plus haute de France après celle des Pyrénées.

    Je suis d'autant plus surpris que pour ce dimanche-ci, Transbagages me demandait un prix exorbitant pour faire cette course de Saint-Jean du Gard jusqu'à Mende. Or, nous avons payé 40 euros seulement pour aller à Chasseradès, ville beaucoup plus éloignée de Saint-Jean de Gard. C'est donc avec étonnement, que je constate, aujourd'hui qu'il s'agit d'un unique et même trajet ! Le chauffeur a-t-il décidé lui-même de ce trajet ? En existe t'il un plus court ? Pour moi cela restera une énigme d'une grande incohérence !

    En passant sous le viaduc de Mirandol, visité l'an dernier, nous savons que notre hôtel est maintenant tout proche. Pour Dany et moi, cette arrivée en taxi, c'est comme rouler dans une machine à remonter le temps, un retour dans le passé, le souvenir de cette curiosité déraisonnable que nous avions de vouloir découvrir la fin du " Stevenson ". C'est en quelque sorte un retour aux sources de nos envies, un retour à l'hôtel des Sources, c'est certain.

    Avec l'image de l'hôtel, les souvenirs de l'an dernier reviennent : ce magnifique coucher de soleil multicolore sur la montagne du Goulet aperçu de la véranda, ce repas pris en compagnie de nos amies Martine et Henriette, ce désir irréalisable de poursuivre le Stevenson, cette amère fin de parcours où le chauffeur de Transbagages avait oublié de venir nous chercher. Déjà !

    Après une installation rapide, je dis à Dany : " Il est tôt, nous avons plusieurs heures à perdre, pourquoi ne prendrions-nous pas le train, comme je l'avais imaginé? Nous visiterons Mende ? La gare de Chasseradès n'est pas très loin !

    Toujours partante, elle acquiesce. Le temps de prendre une gourde d'eau fraîche et l'appareil photo numérique, et nous voilà déjà en marche.

    La gare est à environ un kilomètre de l'hôtel, mais lorsque nous arrivons, elle semble fermée. Nous sommes sur le point de repartir lorsque le train arrive de la direction de Mende.

    Il marche au ralenti. A notre vue, le conducteur arrête le convoi et la locomotive stoppe devant nous. Il ouvre la fenêtre et nous demande nos intentions :

    - Nous voudrions nous rendre à Mende ? Mais la gare semble fermée ?

    - Oui, c'est exact, elle n'est plus en fonctionnement !

    - Comment faut-il faire ?

    - Attendez trois quarts d'heures environ ! Le temps d'aller à la Bastide et de revenir ! Vous prendrez vos billets directement dans le train !

    - D'accord, on vous attend !

    Le train repart et je veux en profiter pour prendre quelques photos de la gare désertée. Malheureusement, l'appareil numérique ne fonctionne pas car les piles semblent vides.

    Il n'y a qu'une solution : " Retourner à l'hôtel pour prendre l'appareil argentique que j'ai eu la précaution d'emporter ! En me dépêchant un peu, je devrai avoir le temps de faire l'aller-retour avant que le train ne revienne !

    Au pas de course, je repars par la route vers l'hôtel des Sources, prends l'autre appareil et reviens vers la gare en coupant à travers les près puis en longeant la voie ferrée cette fois.

    Ouf ! Moins de cinq minutes plus tard, le train arrive.

    Nous montons dans le train, très bien accueillis par un aimable contrôleur qui accepte de nous consentir un tarif préférentiel. Renseignements pris, nous n'aurons qu'une petite heure pour visiter Mende et, encore faudra-t-il, de la gare, rejoindre à pieds le centre ville historique sans lambiner.

    Bien que pittoresque, car le train suit les sinuosités des nombreux cours d'eau qui parsèment la région et emprunte de nombreux viaducs et tunnels, nous sommes un peu déçus. En effet, appelée " ligne du toit de la France ", (près de La Bastide-Puylaurent se trouve le point culminant du réseau SNCF non électrifié) cette voie ferrée ne donne pas en été, et ce malgré un parcours sur des plateaux d'une altitude de 700 à 1000 mètres, une impression absolue de hauteur. Pourtant, en hiver, elle reste la ligne qui donne le plus de tracas aux cheminots chargés de l'entretien des voies.

    Vers 17 heures, nous sommes de retour à la gare de Mende, après une visite rapide de la cathédrale et du centre historique. Dans un bistrot de la ville, nous avons eu juste le temps d'ingurgiter de façon expéditive un énorme sandwich qui est venu caler nos estomacs affamés depuis ce matin 8 heures.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Préambule : Saint-Jean du Gard-Chasseradès et Visite de Mende.

    Dany attablée dans un bistrot de Mende attend son sandwich 

    A 19 heures, après un dimanche bien rempli et cette mise en jambes, nous sommes de retour à l'hôtel des Sources.

    Comme l'an dernier, le repas de l'hôtel est succulent. Fait de charcuteries -maison et d'une daube aux morilles, avec ce souper du terroir, le restaurant justifie son association au label des " Tables Gourmandes ".

    Après cet excellent repas et une bonne nuit, nous devrions être prêts pour affronter, dès demain matin, les inextricables montagnes bleues de cette deuxième partie du Stevenson !

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Préambule : Saint-Jean du Gard-Chasseradès et Visite de Mende.

    Aperçu de Mirandol, on aperçoit au dessus des maisons le GR.70

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Préambule : Saint-Jean du Gard-Chasseradès et Visite de Mende.

    La cathédrale de Mende

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Préambule : Saint-Jean du Gard-Chasseradès et Visite de Mende.

    En cliquant sur la carte, vous passez à l'étape suivante.


    votre commentaire
  • Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)Lundi 1er août 2005 : 1ere étape de 14 kms.

     

    Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)

    Extrait du livre " Voyage avec un âne dans les Cévennes " de Robert Louis Stevenson. Stevenson arrive au sommet de la montagne du Goulet : "Il me semblait qu'une fois franchi le contrefort que j'escaladais, j'allais descendre dans le paradis terrestre. Et je ne fus point déçu, puisque j'étais désormais entraîné à la pluie, à l'ouragan, à la désolation de l'endroit. Ici s'achevait la première partie de mon voyage. Et c'était comme une harmonieuse introduction à l'autre et bien plus belle encore". 

    Mais il y eut un autre aspect agréable de notre séjour à l'hôtel des Sources. C'était cette ambiance feutrée malgré les allées et venues des touristes, des convives et des randonneurs en tout genre. L'hôtel était tranquille et presque silencieux comme si chacun prenait conscience de l'importance qu'il y avait à conserver à l'intérieur cette quiétude que l'on trouvait sans peine dans la campagne environnante.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)

    A l'idée d'une nouvelle aventure, Dany à l'hôtel des Sources est radieuse avant le départ - Dany à l'entrée de Chasseradès, le départ est lancé.

    Après une nuit profitable, il est sept heures quand nous rejoignons la véranda pour le petit déjeuner. Nous nous sommes levés tôt car nous avons hâte de découvrir de " nouveaux paysages en couleurs " et cela nous donne des " fourmis dans les jambes ". Pourtant, nous ne sommes pas vraiment pressés, car avec ses quatorze kilomètres, cette première étape n'a rien d'exceptionnelle même s'il y a la Montagne du Goulet à franchir. Le ciel est d'un bleu cristallin à peine parsemé par endroit de longues stries nuageuses blanchâtres. Nous allons avoir un temps superbe et ça nous mets du baume au cœur de démarrer sous le soleil. C'est avec un bel appétit que nous engloutissons les tartines beurrées, les croissants, les divers biscuits, les jus de fruits, les yaourts et les fruits de saison qui composent ce copieux petit déjeuner. Assis près de nous, le chien du patron " n'en perd pas une miette ! "

    Dès le départ, je peste car mon appareil photo numérique ne fonctionne toujours pas. Pourtant j'ai changé les piles après les avoir chargées toute la nuit. Heureusement, j'ai prévu un stock suffisant et je finis par trouver quatre accus qui devraient être satisfaisants pour la journée.

    Jusqu'à Mirandol, nous connaissons ce tronçon déjà réalisé l'an dernier lors d'une promenade. Nous prenons la direction du village de Chasseradès que nous atteignons rapidement. Par le petit pont de pierre, nous entrons dans le village que nous traversons par d'étroites et ancestrales venelles. Nous voilà, maintenant sur le large chemin ombragé partant vers Mirandol et qui finit sa course sur le parvis de l'admirable et imposante église Saint-Blaise.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)

    A la sortie de Chasseradès, sur ce chemin antique qui descend vers Mirandol.

    Quel bonheur ! Quelle satisfaction de marcher dans le silence de ce matin d'été ! Hors mis quelques vaches qui broutent paisiblement dans les prés adjacents, nous paraissons seuls au monde sur ce chemin antique qui descend en direction de Mirandol. Vieille croix de pierre, stèle en hommage aux bâtisseurs morts en construisant le viaduc de Mirandol, ce chemin a été, tour à tour, emprunté depuis l'antiquité par les croisés et les pèlerins, les bergers et les muletiers, les cheminots et les chemineaux, et depuis Stevenson, par des randonneurs contemplatifs.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)

    Croix séculaire à la sortie de Chasseradès

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)

    Dany observe la montagne du Goulet que nous devons gravir.

    Du plateau, le regard porte sur la Montagne du Goulet avec ses formes douces et arrondies. En dessous, on devine le ravin du Chassezac, puis on aperçoit la voie ferrée et ses tunnels anti-congères. Enfin Mirandol apparaît avec son admirable viaduc dont l'allure galbée me rappelle la queue d'un immense dragon. Brusquement, le sentier plonge vers le village, longe le gîte d'étape où nos amies Martine et Henriette avaient logé l'an dernier, passe sous l'impressionnant viaduc où coule le Chassezac puis entre dans le village.

    Aussi soudainement qu'il est descendu, le GR se met à gravir une étroite ruelle où règne une intense agitation. Plusieurs maçons restaurent de vieilles demeures, des paysans s'agitent autour de quelques vaches, des chiens aboient à notre passage. Malgré la rude montée, nous pressons le pas pour rejoindre les prairies et quitter au plus vite cette bruyante civilisation, tout en jetant derrière nous, un dernier regard au viaduc, superbe ouvrage d'art couronnant le village.

    Un chemin caillouteux ceint de vieilles pierres grimpe dans les pâtures. A notre grand étonnement, un vieil homme accompagné d'un chien, un agriculteur certainement, le descend en courant, se jouant avec aisance des cailloux qui jaillissent du sol. A notre hauteur, il ralentit sa course, nous sourit et dans un patois mâchouillé, lance à notre attention un " FA PA TO CHO " complètement incompréhensible pour moi.

    A ma grande surprise, Dany lui répond sans hésitation :

    - Bonjour, non ça va bien comme çà !

    - Eh, tu es doué pour les langues régionales, je n'ai rien compris !

    - Il a dit : " Il fait pas trop chaud ? ".

    - Ah, bon !

    L'homme, d'aspect octogénaire, accélère à nouveau, poursuit son chemin aussi vite que son chien. A tout moment, je m'attends à le voir tomber mais il court avec une dextérité étonnante, puis disparaît dans le virage suivant.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)

    Dany avant puis après le hameau de Mirandol.

    Sur le plateau, le sentier suit maintenant la voie ferrée parallèlement à la Montagne du Goulet jusqu'au village de l'Estampe. En lisant, le topo-guide, j'apprends que la ligne fut ouverte vingt quatre ans après la construction du viaduc de Mirandol et qu'initialement, elle devait passer sous la Montagne du Goulet par un tunnel de 2124 mètres de long, la protégeant ainsi de l'enneigement. Ce projet qui avait coûté trois millions de francs de travaux déjà réalisés fût abandonné. Comme quoi, le gaspillage de l'argent du contribuable ne date pas d'aujourd'hui !

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)

    Le train sur la ligne La Bastide-Mende emprunté hier, le Gr.70 suit la voie ferrée jusquau village de l'Estampe.

    A l'Estampe, le GR surplombe le village et retrouve le bitume de la D.120 pendant quelques centaines de mètres. Nous sommes au pied de la montagne du Goulet dont les couleurs estivales s'étalent comme sur la palette d'un peintre. Les verts pomme plus ou moins intenses des près et des feuillus tranchent avec les émeraudes des résineux, les épilobes d'un rose éblouissant et les bruyères d'un rose violacé s'emparent des contreforts défrichés. Après quelques champs de blé parés d'or, le chemin continue par une piste à travers la Forêt Domaniale.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)

    A l'Estampe, le GR.70 surplombe le village

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)

    Après quelques champs de blés parés d'or, le chemin continue dans la forêt.

    Nous pénétrons le sous-bois avec ses senteurs de résine et de terreau humide. Après quelques zigzags permettant d'éviter un rude dénivelé, nous quittons ce sentier forestier et retrouvons la D.120 que nous empruntons jusqu'au col situé à 1.413 m. Il est 10 heures.

    Ici même, et nous comprenons mieux pourquoi, Stevenson écrivit dans son Journal de route en Cévennes : " Il me sembla qu'une fois cette crête franchie, je descendrais dans un éden de vergers roses et printaniers, de paisibles ruisseaux et d'ailes de moulins à vent qui tourneraient dans un ciel rouge d'éternel couchant ".

    Pour nous, ce col, se fut d'abord un jardin d'éden de fleurs multicolores puis sur l'agréable chemin qui descendait jusqu'aux ruines du hameau de Serreméjan, le paradis des fruits rouges. Les délicieuses myrtilles, framboises, mûres et autres fraises des bois venaient sans cesse coller le bout de nos doigts rapidement empourprés, rougir nos lèvres et parfumer notre gosier. Au point que n'avancions plus et que nous fûmes rejoints par un groupe de randonneurs. C''était notre première rencontre avec ce groupe que nous appellerons pertinemment, mais sans trop savoir pourquoi, " le groupe des profs !". Trois femmes et trois hommes ! Au cours de nos nombreuses pérégrinations, nous n'avons jamais rencontré un groupe de personnes qui avait l'air, à la fois, aussi hétérogène et aussi soudé.

    Non, nous n'étions pas seuls sur le Stevenson, et encore moins au monde! Mais qu'importe, nous étions heureux d'être là, de profiter de cette nature généreuse, de marcher dans un cadre enchanteur et c'était bien cela que nous étions venus chercher.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)

    Dans la forêt du Goulet puis au sommet dans un jardin d'Eden multicolore.

    Avant Serreméjan, sur la piste forestière, quelques trouées dans cette épaisse végétation laissent entrevoir le Mont Lozère que nous devrons franchir dès demain.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)

    La forêt domaniale du Goulet : un paradis de fruits rouges.

    Nous arrivons à Serreméjan, hameau en ruines avec ses grandes bâtisses délabrées. Les toitures sont effondrées, les murs si épais, qu'on aurait pu penser inébranlables, gisent sur le sol et forment des amas de pierres colossaux. Mais avec les vestiges qui restent encore dressés, on imagine aisément qu'une laborieuse activité ait pu exister dans cette cité fantôme.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)

    Du Goulet, panorama sur les Monts Lozère.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)

    Le hameau abandonné de Serreméjan (*)

    Montage réalisé à partir d'une photo tirée d'un très beau site sur le Chemin de Stevenson : http://voyagesautourdumonde.fr/randonnee-sur-le-chemin-de-stevenson-2002/

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)

    Sur le Stevenson, en direction du village Le Bleymard.

    Après nous être restaurés avec les énormes sandwichs de notre panier repas, nous continuons de grimper vers une crête en compagnie d'un randonneur solitaire. Nous atteignons le sommet constitué d'un large chemin, la Draille des Mulets (*), que nous traversons. Le GR descend en direction de la source du Lot. On imagine mal que ce petit ruisseau que nous suivons maintenant, pratiquement asséché par endroits et que nous allons traverser à gué un peu plus bas, puisse devenir le grand affluent que l'on connaît.

    (*)Les Drailles sont des sentiers qui parcourent les crêtes des Cévennes. Elles ont été les premières voies de communication à travers le pays.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)

    Près de la Source du Lot et au petit hameau des Alpiers.

    Peu à peu, nous quittons la dense et sombre forêt pour des bois de feuillus plus clairs et quelques lumineux champs céréaliers bordés de genêts. Il est 13 heures 30 quand le petit hameau des Alpiers apparaît à notre regard au détour de la route goudronnée que nous venons de rallier.

    Quelques maisons très anciennes aux toitures de lauzes, certaines avec de magnifiques colombages ralentissent notre marche. Malgré tout, le hameau est rapidement traversé. Seule, à la sortie du village, une étrange croix de pierre soutient intensément notre attention et mérite une photo. Sur cette croix, sculpté en relief, un homme avec des bras et des mains démesurées. Un Christ stylisé, sans doute, qui semble vouloir embrasser ceux qui le regardent.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)OAu pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)

    Une étrange croix de pierre à la sortie du hameau Les Alpiers.

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)

    Arrivée au village du Bleymard.

    Le GR.70 est désormais devenu un large sentier que nous quittons rapidement par la gauche pour une sente escarpée et ravinée. Les premières maisons du Bleymard apparaissent, puis le village tout entier blotti au fond d'une vallée entourée de collines de tous côtés. Stevenson avait décrit son arrivée ainsi : " Devant moi s'ouvrit une vallée peu profonde et, à l'arrière, la chaîne des Monts de la Lozère, partiellement boisés, aux flancs assez accidentés dans l'ensemble toutefois d'une configuration sèche et triste ".

    Pour nous, l'arrivée n'est pas triste, bien au contraire. Campings, commerces et estivants créent une agitation discordante et contrastée avec la paisible et silencieuse marche de six heures que nous venons d'accomplir.

    Par la D.901, nous entrons dans le village et trouvons rapidement l'hôtel " La Remise ", refuge accueillant de cette première et splendide journée.

    Une jolie chambre mansardée ! Toute l'après-midi devant nous ! Que c'est bon les vacances !

    Au pays des inextricables montagnes bleues - Etape 1 : Chasseradès (1.050 m) - Le Bleymard (1.069 m)

    En cliquant sur la carte, vous passez à l'étape suivante.


    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires