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Par gibirando dans TPF2 - Comme les cailloux du Petit Poucet ou 7j sur le G.R.30 le 31 Janvier 2017 à 13:28
Nos 7 jours sur le G.R.30 Tour des Lacs d'Auvergne
(La plupart des photos peuvent être agrandies en cliquant dessus. Certains liens vers d'autres sites étant anciens peuvent ne plus fonctionner)
Etape 1 : La Cassière - Olloix 17 kms
Etape 2 : Olloix -Lac Chambon 18 kms
Etape 3 : Lac Chambon - Besse-en-Chandesse 17 kms
Etape 4 : Besse-en-Chandesse - Compains 20 kms
Etape 5 : Compains - Egliseneuve d'Entraigues 20 kms
Etape 6 : Egliseneuve d'Entraigues - St Genès-Champespe 21 kms
Etape 7 : St Genès-Champespe - Picherande 22 Kms
Ma Bohême (Fantaisie)
Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées;
Mon paletot soudain devenait idéal;
J'allais sous le ciel, Muse, et j'étais ton féal;
Oh! là là ! que d'amours splendides j'ai rêvées!
Mon unique culotte avait un large trou.
Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou
Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur;
Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur !
Arthur Rimbaud (1854-1891)
Préambule
Il faut que l'idée naisse de la vision comme l'étincelle du caillou.
(Charles-Ferdinand Ramuz-Ecrivain suisse-1878-1947)
Dimanche 30 juillet 2006 : Vulcania et La Cassière
CONCEPTION DU PROJET :
Une fois de plus, et comme en 2004, nous avions délaissé les Pyrénées Ariégeoises et cette randonnée sur le Gr.10, entre Aulus-les-Bains et Mérens-les-Vals, pourtant programmée et organisée de longue date.
En ce printemps 2006, les poussées répétitives et plus vives que jamais de la polyarthrite rhumatoïde de Dany avaient fini par me convaincre de laisser tomber ce projet sur le Gr.10. Même, s'il est reconnu que l'activité sportive en général et la randonnée en particulier ne sont pas des facteurs d'aggravation de cette maladie, pour Dany, il n'était pas raisonnable de vouloir se confronter pendant huit jours, aux forts dénivelés du GR.10 ariégeois, aux conditions précaires d'hébergement en refuges de montagne, aux ravitaillements parfois difficiles, aux impératifs horaires dans l'accomplissement de certaines étapes ; le tout avec des sacs à dos de plus de 15 kilos.
En ce début d'année 2006, les ours, pyrénéens et slovènes, qui dans ce secteur-là, n'en finissaient plus de faire parler d'eux (attaques d'ovins, dommages sur des ruches, visites des villages traversés) avaient irrémédiablement fait pencher la balance en faveur d'un parcours moins difficile sous d'autres cieux moins aventureux. A un moment, j'avais même émis l'idée d'abandonner tout projet de randonnée, mais Dany insistait pour se prouver à elle-même qu'elle était capable de surmonter ses douleurs. Mais, je sais, que c'était avant tout pour me faire plaisir.
J'ai donc cherché un trajet plus facile. C'est alors que m'est venu l'idée de terminer le GR.30 Tour des puys et lacs d'Auvergne que nous avions commencé en 2002 et dont j'avais fait le récit dans " DES PUYS POUR DEUX FOUS ". Le tronçon de La Bourboule jusqu'à La Cassière ayant déjà été accompli, nous avions eu l'occasion de découvrir les magnifiques lacs de Guéry (1) et de Servières (2). Même, si nous avions gardé en nous, les images splendides de ces lacs de montagnes, nos souvenirs nous rappelaient aussi que cette randonnée n'avait pas été qu'une simple partie de plaisir. En effet, à l'époque, nous avions du transporter tente et bardas (20 kg) pendant 5 jours sur de bons dénivelés et de longues étapes. Cette fois, j'envisageai la suite plus commodément. Mais est-ce possible ?
(1) Le Lac de Guéry : C'est un lac de montagne d'origine volcanique situé à une altitude de 1.244 m, il est le plus haut des lacs d'Auvergne. Ce lac de 25 ha est dû à une coulée de lave qui a barré le cours d'un torrent venu du Puy Gros. Il est de forme presque parfaitement ovale et peu profond puisque sa profondeur maximum est 16 mètres. Complètement gelé en hiver, il permet de commencer à pêcher début mars, en creusant un trou dans la glace. La pratique de cette technique est quasiment unique en France. Pour se faire la glace doit atteindre au minimum 15 cm d'épaisseur pour pouvoir s'y aventurer en sécurité. La pêche y est ouverte du début mars au 15 novembre. On peut pêcher des truites arc-en-ciel, des truites fario, des saumons de fontaine, des ombles chevalier, des perches, des brochets et des carpes.
(2) Le Lac de Servières : c'est un lac d'origine volcanique situé dans la chaîne des Monts Dore sur la commune d'Orcival. Situé à une altitude de 1.202 m, il s'est formé dans le cratère d'un ancien volcan c'est ce que l'on appelle un maar. Il est d'une profondeur de 26 mètres et d'une superficie de 15 ha. On peut y pêcher la truite, et l'omble chevalier. Il est en grande partie entouré de forêts où l'on trouve en été des myrtilles, et des framboises sauvages. Sur les estives qui le bordent, de mystérieux trous sont alignés. Ce sont des vestiges d'habitations, datant peut-être des invasions barbares.
PREPARATION DU PROJET :
J'ai donc commencé à organiser ce voyage en démarrant le GR.30 où nous l'avions réellement abandonné en 2002, à savoir, au bord du lac de la Cassière et plus exactement à l'hôtel restaurant l'Abc du Gourmet. Ensuite, il suffisait de réserver des gîtes et des hôtels en prenant, autant que possible, la précaution d'éviter des étapes trop longues. Des distances de 15 et 20 kilomètres me paraissaient convenables, quelques-unes dépassaient les 20 bornes mais c'était " jouable " et cela permettait de boucler la distance restante jusqu'au Puy de Sancy en sept jours voire huit si nous décidions de grimper le Sancy et de pousser jusqu'à Mont-Dore.
Pour le reste, les préparatifs étaient simples, car ne trouvant aucun tour-opérateur susceptible d'organiser le portage des bagages, il suffisait de prévoir le nécessaire (vêtements, matériels de rando habituels, trousse à pharmacie, appareil photo, jumelles, Gps, etc.…) pour une randonnée de huit jours en s'allégeant autant que possible. La lecture du topo-guide de la FFRP et l'analyse des cartes IGN étaient indispensables pour parfaire cette préparation.
En regardant les cartes, le parcours m'apparut d'une grande simplicité. Il suffisait de suivre des lacs ! Ces derniers semblaient disséminés tout au long du GR.30 comme les cailloux qu'un Petit Poucet aurait abandonnés pour éviter que l'on s'égare. Sur la carte, ces petits cailloux bleus, s'appelaient lac de la Cassière, lac d'Aydat, lac Chambon, lac Pavin, lac du Montcineyre, lacs de La Godivelle, lac du Taurons, lac de La Crégut, lac du Tact, lac de la Landie et lac Chauvet, pour ne citer que ceux vraiment côtoyés. Mais, il y en avait quelques autres pour le randonneur disposé à prendre quelques variantes et à sortir des sentiers battus : Lac de Bourdouze, lac de Chaumiane, lac des Bordes, lac de l'Esclauze, lac de Laspialade et lac de Lastioulles.
Grâce à Internet, quinze jours après la prise de décision, la randonnée était organisée, les gîtes et les hôtels réservés, les arrhes versés, le topo-guide étudié et les cartes analysées.
REALISATION DU PROJET :
Le dimanche 30 juillet 2006 au matin, nos sacs respectifs sont bouclés : le sac de 60 litres de Dany pèse huit kilos et le mien dix kilos pour 70 litres. A ce lest, il sera nécessaire de rajouter le pique-nique du midi et environ 2 litres d'eau pour une journée normale de marche sans canicule. En conclusion, nous devrons nous " trimbaler " entre 10 et 13 kilos pendant 7 à 8 jours de marche sur environ 135 à 160 kilomètres selon l'option finale choisie ! Comment Dany relèverait-elle ce challenge ? Les vacances se rapprochant, elle allait beaucoup mieux depuis quelques semaines. Mais est-ce l'envie de partir au grand air ou le désir de vacances qui prenaient le pas sur la souffrance ? Cette question me turlupinait !
Au parc scientifique Vulcania
Mais avant d'admirer les lacs d'Auvergne, nous avions décidé de consacrer ce premier dimanche après-midi de vacances à découvrir Vulcania, le parc scientifique cher à Valéry Giscard d'Estaing. Avouons-le, à la sortie, nous serons quelque peu déçus du rapport qualité/prix et des animations et projections quelquefois décevantes. Il est vrai, que la présentation du parc sur Internet, où des slogans comme " Vibrez, Tremblez, Frissonnez " sont mis en avant, peuvent laisser croire que les sensations " corporelles " sont d'une tout autre dimension.
Il n'en est rien et nous avons eu le tort de penser que nous trouverions des émotions magiques comme on peut en avoir dans les attractions d'Eurodisney, sur les montagnes russes de Port Aventura ou dans les cinémas dynamiques du Futuroscope.
Le parc reste néanmoins un lieu ludique pour la jeunesse et instructif pour tous ceux qui s'intéresse à la Terre en général et à la volcanologie en particulier.
Nous passons notre première journée de vacances à Vulcania.
Passé cette petite déception, heureusement comme souvent lors du prologue à notre randonnée, cette première journée se termina par un succulent repas. Ce dernier avait été préparé par le très sympathique Georges Roth, le chef de cuisine de l'Abc du Gourmet et servit par son agréable et éloquente épouse.
Nous étions heureux d'être là et quoi qu'on en dise, revenir quatre années en arrière, ça nous rajeunissait ! Enfin et à l'inverse à notre première venue, nous prenions le temps, sous le soleil cette fois, de découvrir le village et le lac de La Cassière (3). Le premier petit caillou avait été trouvé, maintenant il suffisait de marcher pour découvrir les autres !
(3) Le lac de la Cassière : Il s'agit d'un lac de barrage volcanique de 14 ha situé à 815 mètres d'altitude. Des coulées de lave en provenance des puys de la Vache et de Lassolas ont fermée la vallée de la Veyre et ont formé ce lac de faible profondeur (5 mètres à son maximum). Mais il reste sujet à de fortes variations de son niveau, passant certaines années de la sécheresse totale à l'inondation de ses berges. La pêche y est très pratiquée.
Dany au bord du lac de La Cassière
J'étais décidé à me métamorphoser en Lancelot du Lac et Dany, en fée Viviane (4) ! Nous étions fins prêts à conquérir l'Auvergne et à " pénétrer " ses lacs.
(4) Lancelot du Lac : Selon la légende, la fée Viviane que l'on nomme " La Dame du Lac " avait enlevé, alors qu'il n'était qu'un enfant, Lancelot à sa mère et avait plongé avec lui au fond du lac où elle vivait. Elle l'avait ensuite élevé pour faire de lui un parfait chevalier qu'elle présenta au roi Arthur. A la cour d'Angleterre, Lancelot devint le plus brave, le plus vaillant, le plus fidèle des chevaliers de la Table Ronde.
Cette fois, nous prenons le temps de découvrir le lac de La Cassière
Quelques photos de notre découverte de Vulcania
Vue sur le lac de La Cassière de notre chambre à l'ABC du Gourmet
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Par gibirando dans TPF2 - Comme les cailloux du Petit Poucet ou 7j sur le G.R.30 le 30 Janvier 2017 à 13:31
Il faudrait que les mots soient les cailloux blancs du Petit Poucet. Ils sont trop souvent ses miettes de pain.
(Louis Scutenaire-Ecrivain et poète surréaliste belge 1905-1987)
Lundi 31 juillet 2006
La Cassière (896m) - Olloix (870 m) 17 Kms.
(La plupart des photos peuvent être agrandies en cliquant dessus. Certains liens vers d'autres sites étant anciens peuvent ne plus fonctionner)
A la fin de son roman " Les Grands Chemins ", Jean Giono écrit : " Le soleil n'est jamais si beau qu'un jour où l'on se met en route ". C'est certainement vrai, mais ce matin-là à La Cassière, le soleil joue à cache-cache derrière un long chapelet de nuages gris. Mais qu'importe, il ne pleut pas, et tout en rangeant dans le coffre de la voiture, les dernières affaires que nous n'emporterons pas dans notre périple, j'ai en moi, comme à chaque départ de longues randonnées, ce sentiment absolu de liberté. J'ai comme l'impression que je vais m'évader, cette sensation de ne plus avoir aucune entrave, aucune obligation. Pour ceux qui n'aiment pas la randonnée, la pire contrainte serait celle d'avoir à marcher et d'atteindre un objectif. A l'inverse, il faut que je démarre car j'ai au fond de moi ce désir de cheminer, de découvrir qui déborde de mes poumons comme de l'air pur.
Petit déjeuner à l'ABC du Gourmet avant le grand départ.
Il est neuf heures, en quittant La Cassière, j'abandonne " un autre monde ", je suis comme un bagnard qui sort d'une prison. Atteindre notre but, c'est-à-dire le village d'Olloix distant de 17 kilomètres, c'est partir vers une terre inconnue, une espèce de croisade de la découverte ou de pèlerinage comme en faisaient les chevaliers au Moyen Age. Je vous l'ai déjà dit : " je deviens le Lancelot du Lac de la randonnée pédestre" !
Je ne pense plus à rien et surtout pas à l'idée qu'un incident, qu'un accident puisse freiner ou arrêter mon envie de marcher. Compte tenu de sa bonne humeur, j'ai, ce matin là, l'impression que Dany est dans le même état d'esprit.
Mais dès le démarrage, cet air pur qui débordait de mes poumons me manque déjà. Est-ce le sac à dos de 12 kilos ou bien cette montée sur un sentier bourbeux qui est pénible pendant les premières minutes ? Les deux certainement ! Heureusement, peu à peu le souffle revient, les muscles s'échauffent et très rapidement, nous ne pensons plus à ce fardeau et la joie de marcher et de découvrir se substitue au tourment.
Après La Cassière, le GR.30, un sentier rouge de pouzzolanes.
Le sentier rouge de pouzzolanes grimpe régulièrement dans une forêt de feuillus puis arrive sur un plateau qui domine le Lac de la Cassière. De minuscules grenouilles ; les mêmes que celles aperçues au bord du Lac de Servières, il y a quatre ans ; sautillent et traversent le chemin. Nous scrutons en permanence le sentier pour éviter de les piétiner de nos gros godillots.
Sur le plateau au lieu-dit Moulebas.
De minuscules grenouilles que nous évitons de piétiner de nos gros godillots.
En ce début de matinée, des kyrielles de mouches et de moustiques ont décidé de marcher avec nous, ou sur nous plus exactement. Nos têtes, nos bras et nos cuisses sont sérieusement convoités par des escadrilles d'insectes volants. Il n'est pas facile de regarder le paysage et en même temps, de marcher tête basse avec des nuées de bestioles au dessus de nous ! Pour les chasser, je prends ma casquette et l'a fait tournoyer au dessus de nos têtes comme les pales d'un hélicoptère. Les diptères disparaissent quelques secondes et reviennent à l'attaque encore plus nombreux. Cette agitation et ces tournoiements finissent par me fatiguer les bras. Pour un randonneur, ce serait vraiment un comble d'avoir mal aux bras avant d'avoir mal aux jambes ! Heureusement, quand nous arrivons sur le plateau au lieu-dit Moulebas, le soleil fait son apparition et les horribles " volatiles " disparaissent comme par magie. Giono avait raison : " c'est mieux sous le soleil ! "
Les chevaux et les vaches, seules créatures vivantes sur ce plateau herbeux.
Quelques jolis panoramas sur la chaîne des Puys et sur le lac de La Cassière restent visibles malgré une météo maussade.
Le chemin est agréable mais dommage, la vue est bouchée par cette brume grisâtre et la visibilité sur la chaîne des Puys est restreinte. En supplément, des lignes à haute tension barrent le panorama.
Enfermés dans leur enclos, des chevaux viennent vers nous chercher pitance, pendant qu'avec leurs mines hébétées, nos " premières vaches " nous regardent passer. Il faut dire qu'avec ces animaux, nous sommes les seules créatures vivantes à arpenter ce plateau boisé et herbeux.
Nous amorçons la descente, le chemin devient bitume et transperce quelques résidences très fleuries. Nous coupons la D.213 et longeons le Bois du Lot à Rouillat-Bas. Pendant quelques instants, nous hésitons à nous ravitailler à Rouillat car il y a encore le bourg d'Aydat dont nous savons qu'il est plus important, même s'il est situé hors du Gr.30. L'heure tourne mais celle du pique-nique est encore suffisamment éloignée et peut attendre. Il n'est pas utile de se charger d'un poids supplémentaire trop rapidement ! Nous continuons sur une large piste, entrons dans la forêt, coupons le Pont de l'Arche, puis par une sérieuse dénivellation, grimpons sur un plateau qui domine le splendide Lac d'Aydat (1).
Le " deuxième caillou " s'étend déjà devant nous, luisant de beauté. Un lac lisse comme un miroir gris bleu où les puys glauques environnants viennent se refléter. Le sillage de quelques dériveurs aux voiles blanches vient par endroit rayer le vernis de ce tableau parfait.
(1) Le lac d'Aydat : Avec ses 65 hectares, le lac d'Aydat situé à 837 mètres d'altitude est le plus grand lac naturel d'Auvergne. Il s'agit d'un lac de barrage volcanique d'une profondeur maximum de 15 mètres. L'émergence de la coulée de lave (la cheyre) des puys de la Vache et de Lassolas a verrouillé la rivière de la Veyre, bloquant le cheminement des eaux et créant ainsi une retenue naturelle. L'île située près de la rive nord s'appelle Saint Sidoine, en souvenir de l'Évêque Sidoine Apollinaire qui possédait une villa romaine au bord du lac. Situé dans un remarquable cadre boisé, l'environnement du lac est propice à d'agréables promenades et à la pratique du footing, le tour du lac faisant 5,5 km. Les activités nautiques y sont largement pratiqués : baignade, dériveurs, planche à voile, pédalos, canoë - kayak et bien sur la pêche qui est réglementée. Les pêches de nuit en barque y sont même possibles. Les poissons les plus fréquemment pêchés sont la truite, la perche arc-en-ciel, la sandre, l'omble, le brochet, la carpe, la tanche, le gardon et le vairon.
Malheureusement, le lac subit depuis quelques années, ce que l'on appelle le phénomène d'eutrophisation. Il s'agit d'une asphyxie des eaux d'un lac ou d'une rivière par un apport excessif de substances nutritives - notamment de phosphore et d'azote- qui augmente la production d'algues et de plantes aquatiques. La décomposition des algues qui meurent, consomme beaucoup de l'oxygène dissous dans l'eau : plus il y a d'algues, moins il y a d'oxygène, ceci est particulièrement important pour les eaux profondes. En dessous d'un certain seuil d'oxygène la vie devient difficile, voire impossible, pour la faune et la flore et il y a un dégagement de mauvaises odeurs. Une dégradation de la qualité des eaux de la Veyre serait en partie à l'origine de cette eutrophisation.
Le lac d'Aydat, un miroir où les puys glauques environnants viennent se refléter.
Nous quittons le plateau par un étroit chemin qui descend, puis débouche sur une minuscule plage où quelques canards batifolent et se jettent à l'eau à notre vue. De cet endroit, le lac paraît encore plus beau, plus moiré. Seuls les canards et quelques poissons qui mouchent en surface parviennent à le rider.
Dans notre dos, à flanc de coteau, des vaches dodues, noires et blanches paissent une herbe bien verte et bien épaisse. En moi-même, je me dis : " Voilà, l'Auvergne que nous voulions découvrir ! " Une Auvergne apaisante composée de faune, de flore et de paysages.
Le Gr.30 remonte dans un bois cerné par de larges pâturages d'un vert intense. Ici, les promeneurs, les randonneurs et les coureurs qui effectuent le tour du lac sont plus nombreux. Nous retrouvons la route goudronnée à Poudure et là au lieu de prendre à gauche pour continuer le GR, nous continuons tout droit en direction d'Aydat que nous gagnons très rapidement. Les commerces sont tous là, au bout de la route : boulangerie, épicerie, pharmacie, presse. Il y a même une très jolie église et un bureau de Poste où nous pouvons acheter des timbres pour affranchir des cartes postales.
Une demi-heure a été suffisante pour nous approvisionner et après une brève visite de l'église, c'est avec un bon kilo supplémentaire que nous reprenons la courte montée vers Poudure. Nous retrouvons le GR.30 qui traverse le village où se dissimulent de superbes villas arborées.
Au lac d'Aydat, des images de l'Auvergne paisible que nous voulions découvrir !
Nous regardons une dernière fois le lac qui finit par disparaître et après une rude montée, nous dénichons à la sortie du hameau, près d'une belle croix en fer forgé, un champ idéal pour déjeuner.
Salades, charcuterie du pays, Cantal, Bleu d'Auvergne et fruits sont au menu de ce premier pique-nique champêtre sous un ciel bas et gris. Mais par bonheur, aucune goutte de pluie ne vient contrarier cet instant de répit. Après le repas, pendant que Dany fait une petite sieste, j'observe avec ravissement plusieurs jeunes pinsons écervelés qui jouent à se poursuivre. Sans craindre ma présence, ils sautent de branches en branches, ils descendent des noisetiers et viennent se vautrer dans l'herbe, à quelques pas de moi comme pour me narguer. Puis ils repartent dans un tourbillon de folie, s'enfoncent au milieu des genêts d'où ils ressurgissent quelques dizaines de mètres plus loin pour monter comme des flèches dans le ciel. Cette chorégraphie se renouvelle plusieurs fois et assis près de la croix de fer, je suis aux premières loges d'un spectacle naturel étonnant ; une espèce de " Patrouille de France " en miniature.
Mais il est déjà l'heure de repartir, car la route est encore longue. D'ailleurs, en quittant le champ, nous la voyons se dessiner devant nous, comme un serpent qui descend le talus, puis remonte à travers les champs, se faufile jusqu'aux collines toutes proches. A la fin, elle disparaît au faîte d'un vallonnement, horizon souvent fugitif car caché quelquefois par la brume.
Dany lors de notre arrivée à Aydat
Le Gr.30 évite le petit village de Phialex et ondule entre de petits puys dont certains ont des noms curieux : Mont Amant, Suc Brûlé, Fourchat. Quand les nuages se dissipent, ils laissent entrevoir dans le lointain des puys plus importants où prédomine le Puy de Dôme. Pendant plusieurs jours, et tout en s'éloignant, nous l'apercevrons souvent dans le paysage, mais notre point de mire restera le Sancy que nous devons gagner.
Après Aydat, un pré idéal pour pique-niquer.
Pique-nique puis repos mérité dans un pré après le village d'Aydat.
Nous coupons la D.145 et dans un décor plus chaotique où le chemin se glisse entre des murets de pierres sèches, nous finissons par atteindre avec satisfaction le hameau " Le Mas ". Nos gorges et nos gourdes sont aussi sèches que les pierres du sentier mais la seule fontaine du lieu n'a pas d'eau potable. Le village composé de quelques maisons semble désert, seul un chat dort sur le rebord d'une fenêtre. Nous arpentons chaque ruelle à la recherche d'un breuvage, mais il n'y a ni bistrot ni épicerie. Heureusement, devant une très belle demeure, un jeune homme apparaît et il accepte avec beaucoup de gentillesse de remplir nos gourdes. A son accent, je comprends immédiatement qu'il est espagnol, même s'il parle un excellent français. Il dit être un pilote de montgolfière travaillant pour une organisation qui propose des vols libres au dessus de la chaîne des Puys mais aussi près de Barcelone. Nous n'avons aucune raison de ne pas le croire, puisque cette affirmation est inscrite sous la forme d'un bandeau publicitaire sur la carrosserie de son 4x4 garé devant la bâtisse.
Par son récit, nous tentons d'imaginer la beauté des paysages d'Auvergne depuis un ballon. Ce doit être un sacré spectacle ! Nous le remercions encore une fois pour l'eau et c'est avec des rêves plein la tête et le prix du vol à 220 € par personne dans la " cabeza " que nous retournons voir ce spectacle. Spectacle que nous apprécions même au ras des pâquerettes !
Le G.R. longe de grands champs cultivés de céréales puis coupe la D.788. Mais, nous ne traversons pas immédiatement car un long et sinistre défilé de voitures suit un corbillard pendant qu'au loin l'église de Cournols sonne le glas sans interruption. Pour qui sonne le glas ? Tout en marchant, nous dissertons de l'importance du défunt. Elu du village ou homme politique plus important ont notre faveur. Compte tenu du nombre colossal de voitures que l'on aperçoit dans le village en contrebas, il ne fait aucun de doute, il s'agit d'un notable. Nous zigzaguons dans les près qui dominent Cournols mais sans jamais l'atteindre. Seul un immense dolmen appelé " Dolmen de la Grotta " retient notre attention. Plus surprenant encore, ce dolmen siège au milieu d'un terrain de football improvisé avec des cages de part et d'autre. Il est vrai qu'il n'y a pas de risque qu'un ballon de foot fasse tomber une de ces dalles ancestrales !
Paysages verdoyants et vue sur la chaîne des puys après Aydat.
Arrivée au hameau Le Mas et dolmen de la Grotta à Cournols
A Cournols, l'étrange dolmen de la Grotta siège au milieu d'un terrain de foot !
Derrière nous, Cournols s'éloigne et maintenant des puys boisés plus importants et plus hauts nous font face. On se dirige droit sur eux et sur la carte IGN, je constate qu'il s'agit au premier plan du puy d'Ozenne (914 m) et derrière, il y a surtout celui d'Olloix (1.002 m). Il est 4h15 et j'ai le sentiment de ne plus être très loin de l'arrivée. Mais la suite me prouve le contraire et il nous faut encore plus d'une heure de marche pour rejoindre le terme de notre étape.
Il est vrai que le chemin devient difficile. Il est très caillouteux et très raviné dans la descente vers les Gorges de la Monne, puis après une brève détente et un bain de pieds revigorant au Pont de Riberolles, il se hisse sans discontinuer sur le flanc opposé pratiquement jusqu'à Olloix.
Heureusement, la grimpette la plus difficile s'effectue dans un sombre sous-bois très frais où gisent les ruines du vieux hameau de Riberolles (2). Dans cette " jungle " inextricable de lierres, de lianes, de mousse et de branches, nous avons du mal à imaginer, qu'il y a encore un siècle, une activité rurale ait pu exister. Au bout de la rude montée, le sentier longe encore les ruines de quelques moulins puis débouche sur un vaste plateau à vocation agricole parsemé de gros blocs granitiques fissurés. Il s'agit de diaclases (3) d'origine volcanique sur laquelle l'érosion a fait son œuvre. Le rebord de ce plateau fait office de belvédère au dessus du site classé des Gorges de la Monne dont on imagine seulement les contours dissimulés dans une épaisse végétation.
(2) Riberolles : Ce hameau ruiné que l'on peut voir au dessus du pont de Riberolles fut abandonné au 19ème siècle. Au recensement de 1841 il comptait 33 habitants répartis dans 6 maisons, en 1886 il ne restait qu'une famille de 5 membres et 1891 il n'y avait plus personne. Le site de ce hameau autrefois très ensoleillé est maintenant envahi par la forêt.
(3) Diaclase : du grec dia signifiant en deux et klasis désignant une fracture, une rupture. On parle de diaclase lorsqu'une roche se fend sans que les parties disjointes s'éloignent l'une de l'autre. Une diaclase peut apparaître du fait des pressions auxquelles est soumise la roche.
En direction des Gorges de la Monne, on aperçoit les Puys d'Ozenne et d'Olloix
17h15, nous entrons dans Olloix et au bout du dernier tronçon du G.R., nous sommes face à notre gîte " La Maison de la Monne ". Dès notre arrivée, nous sommes " aux anges ", car cette grande bâtisse, aux volets couleur pastel avec son vaste jardin gazonné et fleuri et ses terrasses accueillantes, distille le bien-être, le calme et la douceur de vivre. Notre chambre n'est pas très grande mais moderne, bien aménagée et silencieuse. L'accueil y est simple, calfeutré mais agréable bien à l'image de l'endroit.
Après une douche réparatrice, nous partons visiter le village. Comme souvent, seule l'église semble présenter un intérêt culturel. Dans cette église Saint-Jean Baptiste trône une imposante statue couché dont j'apprends l'essentiel à la lecture d'un petit livret. Il s'agit du gisant d'Odon de Montaigu, dit St Gouérand, commandeur des Hospitaliers, grand Prieur d'Auvergne jusqu'en 1323, mort vers 1345. A côté de l'église, il y a bien les vestiges d'une ancienne commanderie des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem mais le site est en travaux et interdit au public. Dany, elle, compulse le livre d'or de l'église et est choquée par les messages parfois abjects et grossiers qu'elle y trouve.
Dany dans la descente caillouteuse vers les Gorges de la Monne
De retour au gîte, pendant que Dany part se reposer dans la chambre, je l'abandonne et muni de mon appareil photo, je m'en vais escalader le Puy de Marquerole (Mercurol sur les cartes) qui domine le village. Sur un pan de ce puy, il y a encore la présence d'orgues basaltiques qui ont résistées à l'érosion du temps. Du sommet, la vue à 360 degrés est, compte tenu du temps maussade, toujours aussi limitée. Mais grâce à un table d'orientation, j'aperçois quelques lieux indiqués et j'arrive à deviner au loin la plaine de Limagne, les Monts du Forez, les Monts du Cézallier et toujours le Puy de Dôme qui excelle à l'horizon. Très étonnamment, un nuage en panache s'échappe de son sommet comme s'il s'agissait d'un volcan encore en activité.
Il 20h20. Le souper est servi à 20h30 et content de mes quelques photos, je redescends en courant les flancs de ce petit monticule et me dépêche sur le Pré de la Barre en direction de la Maison de la Monne. Seul, un petit chat qui ressemble étrangement à notre petite Milie me freine dans ma précipitation pour aller dîner. Mais, je ne peux l'approcher car il est aussi craintif que notre chatte et disparaît derrière une haie de feuillus.
Au Pont de Riberolles, dans la rafraîchissante rivière de la Monne
Avant Olloix, une pause bienfaitrice sur le plateau au dessus du site classé des Gorges de la Monne.
Arrivée à Olloix sur le G.R.30
Dany m'attend impatiemment car le pique-nique de midi est déjà très loin et son estomac crie famine. Nous trouvons tout de même le temps de prendre un apéritif sur la terrasse et de converser avec une dame très sympathique qui voyage seule et que nous avons aperçue sur le G.R.30 au Pont de Riberolles.
Dany dans l'agréable jardin du gîte " La Maison de la Monne "
Nous visitons Olloix et ses proches alentours. Le gisant d'Odon de Montaigu à l'église Saint-Jean Baptiste d'Olloix.
Eglise Saint-Jean Baptiste d'Olloix
21 heures, il est temps de rejoindre la salle du restaurant où nous attends une belle surprise : La " Monnette " qui est la grande spécialité de la maison. Un Saint-Nectaire étêté et fumant dont la pâte continue à fondre dans sa croûte sur un chauffe-plat. Le fromage est accompagné d'une grande assiette remplie de salade et de larges tranches de jambons crus. Le tout se mange comme une fondue. Le meilleur reste la fin quand la croûte devient gratinée. Accompagné d'un excellent Saint-Pourçain rosé, c'est un vrai régal !
Mais manger ainsi, est-ce bien raisonnable ? Cette " Monnette " ne risque-t-elle pas de peser dans nos ventres lors de l'étape qui s'annonce demain ? Une étape, Olloix- Saint-Nectaire - Murol - Lac Chambon longue de 18 kilomètres ! Enfin, on verra ! Michel Déon n'écrivait-il pas : Pour bien aimer un pays, il faut le manger, le boire et l'entendre chanter !
Panoramas sur Olloix et ses alentours depuis le puy de Marquerole
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Par gibirando dans TPF2 - Comme les cailloux du Petit Poucet ou 7j sur le G.R.30 le 29 Janvier 2017 à 13:33
Le lac, oeil du paysage (Victor Hugo).
Mardi 1er août 2006
Olloix (870 m) - Lac Chambon (880 m) 18 Kms
(La plupart des photos peuvent être agrandies en cliquant dessus. Certains liens vers d'autres sites étant anciens peuvent ne plus fonctionner)
Ce matin, le temps s'est mis au beau. De grands morceaux de ciel bleu ont fait leur apparition, même si quelques nuages inoffensifs sont toujours là poussés vers l'ouest par un vent plutôt vigoureux et frais.
Hier soir, j'ai bien étudié l'étape et je n'ai pas d'inquiétude sur le parcours. Il n'y a pas de longs ni de gros dénivelés et deux cités intéressantes, Saint-Nectaire et Murol, sont au menu. Je suis d'autant plus rassuré qu'hier le balisage était très bon. Seule interrogation, où se trouvent l'arrivée et l'hôtel Le Grillon ? A la cité de Chambon sur Lac ou au bord du Lac Chambon, plus près de Murol ? Les deux sites sont espacés de quelques kilomètres, mais ce n'est jamais agréable en fin parcours d'être dans l'incertitude quant à la distance qui reste à parcourir. Je suis prêt à parier pour le Lac Chambon comme semble l'indiquer la lettre de confirmation et le dépliant que l'hôtel m'a transmis.
Il n'est pas tout à fait 9 h quand nous quittons la Maison de La Monne. Finalement "les Monettes" ont été bien digérées. Nous traversons la route départementale où s'étirent la plupart des habitations d'Olloix et le bourg disparaît rapidement du paysage car la bonne piste forestière contourne l'imposant puy du même nom.
Nous quittons le bourg d'Olloix. Aujourd'hui, direction le lac Chambon où une chambre d'hôtel nous attend.
De grands rapaces planent au sommet du puy et d'autres plus petits rasent les pelouses sèches à la recherche d'une hypothétique nourriture. Aujourd'hui, la vue porte plus loin en direction du Cézallier et du Cantal.
En quittant Olloix, la vue porte au loin en direction du Cézallier et du Cantal.
Il fait déjà très chaud, car le démarrage s'effectue bien à l'abri du vent, le puy étant situé à notre nord. Mais au fur et à mesure que l'on avance, on contourne le puy et un air frais se manifeste. Cet air finit par se transformer en légère brise puis en un vent soutenu qui devient presque bourrasque à l'endroit où le chemin fait un " épingle à cheveux ". A ce virage, le balisage est inexistant. Faut-il bien prendre ce chemin qui descend dans un cet étroit vallon ? Le topo-guide, mes cartes IGN et Cartonav sont à l'unisson. Pourtant, il y a un doute ! Pendant que je fais le point sur mon GPS, Dany est partie devant pour tenter de retrouver quelques traces. La boussole de mon GPS est formelle et ne se trompe pas non plus. Nous prenons " l'épingle à cheveux " et à l'intersection suivante, nous finissons par apercevoir quelques vieilles empreintes rouges et blanches pratiquement effacées. Nous montons dans un petit bois de feuillus et atterrissons au milieu des prairies vertes et blondes. Nous zigzaguons un peu au milieu des champs puis arrivons sur un plateau bien battu par les vents au dessus du village de Lenteuge. La descente s'effectue sur un chemin tortueux et très pierreux qui débouche sur la D.639 que nous empruntons sur une centaine de mètres en évitant le hameau. Nous traversons la route et nous hissons sur un " méchant " chemin fait de caillasses, copie conforme de la descente que nous venons d'endurer. Heureusement, dans cette ascension, les paysages deviennent plus beaux, alors que la crête du puy d'Olloix, toujours visible, s'éloigne. Au sommet, le panorama à 360° est encore plus saisissant. Vers le Sud, les monts du Cantal coiffés d'un linceul de stratus dessinent un horizon nébuleux. Vers l'ouest, à l'extrémité des champs céréaliers, l'imposant Massif du Sancy et ses Monts Dores se dévoile derrière une longue écharpe de cumulus. D'ici, le Pic du Sancy, notre objectif final, parait bien proche mais je sais pertinemment que le Tour des Lacs d'Auvergne n'est pas une longue ligne droite. Pour bien avoir étudier la carte, souvent le G.R.30 se rapproche du Sancy pour mieux s'en éloigner et cela à plusieurs reprises.
Au départ, nous contournons le puy d'Olloix.
On aperçoit encore la crête du Puy d'Olloix qui s'éloigne à l'horizon.
Des prairies vertes et blondes avant le village de Lenteuge.
Par contre sur cette petite portion, notre randonnée s'effectue sur un chemin plat et rectiligne très agréable qui encourage à la flânerie. Nous coupons la D.150 et laissons à droite le hameau de Sauvagnat puis la D.640 au plateau de Sailles puis à nouveau la D.150 où le sentier se transforme en un mirador naturel qui surplombe Saint-Nectaire. Flâner c'est bien, mais il est déjà 11h30 et nous devons impérativement acheter à manger. C'est donc à toute vitesse que nous descendons vers la cité fromagère bien décidés à trouver une épicerie ouverte avant midi.
Dany dans le chemin tortueux et pierreux qui descend vers Lenteuge
Malheureusement dans la descente, Dany se fait piquer par une guêpe et l'on est obligés de s'arrêter plusieurs minutes pour récupérer l'Aspivenin tout au fond de son sac. Cet instant de tracas passé, nous arrivons par la vieille cité de Saint-Nectaire le Haut où trône la superbe église du XIIeme siècle (1). Mais renseignements pris, tous les commerces sont à Saint-Nectaire le Bas et c'est encore avec précipitation et à regrets que nous quittons le bourg sans visiter ce joyau de l'art roman, par ailleurs en cours de rénovation.
(1) Eglise de Saint-Nectaire : Perchée sur le mont Cornadore, la belle église, érigée en 1160 en l'honneur de Saint Nectaire, prédicateur du 3ème siècle, est un joyau de l'architecture romane auvergnate. Un clocher, śuvre du 19ème siècle, surmonte l'édifice, plusieurs fois réhabilité. Classé monument historique, il cache, derrière ses austères murs en lave de Volvic, un solide narthex à deux étages, et une nef, voûtée en berceau et revêtue de bas-côtés à voûtes d'arêtes. La centaine de chapiteaux historiés, représentant des scènes bibliques et un bestiaire, témoigne du talent des sculpteurs auvergnats. Enfermé dans un retable du 15ème siècle, le trésor, dévalisé pendant la Révolution, compte un remarquable buste de Saint Baudime, le compagnon de Saint Nectaire, une Vierge en bois polychrome du mont Cornadore datant du 12ème siècle, et un reliquaire de Saint Nectaire en argent (15ème siècle.)
Dany dans un coriace dénivelé caillouteux après Lenteuge.
Une fois nos achats effectués, on s'installe à la terrasse d'un bistrot pour déjeuner. Devant nous, somptueusement plantée dans le décor, la belle église romane se découpe sur le Mont-Cornadore et nous avons tout loisir de l'observer. Là, je m'aperçois que j'ai perdu le topo-guide et même si le parcours est bien balisé, je vais être rapidement dans l'obligation de le remplacer si je ne veux pas me tromper dans tous ces chemins G.R. et P.R. qui se croisent et s'entrecroisent.
En direction de Saint-Nectaire, le puy d'Olloix disparaît et le Sancy apparaît.
Après le repas, nous laissons la belle localité thermale pour un sentier qui monte dans une forêt de conifères. Le G.R.30 traverse sur deux kilomètres les bois de Somme et de Bouche sur un chemin sableux et moelleux parsemés d'aiguilles de pins, puis il parvient à la D.996 à la hauteur d'un élevage de myocastors. Mais il est hors de question d'apporter notre caution en partant visiter cet étrange élevage. Entreprise qui consiste à engraisser, à dépecer ou à mettre en conserves ces petits animaux qu'on appelle plus communément ragondins. Nous traversons la route et continuons au milieu de pacages en direction du monumental château de Murol (2) que l'on aperçoit dans le paysage. Il est 14 h 30 et d'un même élan, nous décidons de faire une pause dans un pré avant d'attaquer un court mais " coriace " dénivelé.
Le repos, une fois pris, nous repartons vers le hameau de Chautignat puis vers Murol dont le colossal château se rapproche à grands pas. Au nombre de voitures que l'on aperçoit au pied de l'édifice, les touristes doivent être nombreux.
Et effectivement, ils le sont ! Ils le sont tellement que Dany est accablée à l'idée d'avoir à participer à cette queue qui piétine pour visiter la célèbre forteresse. Il est vrai que déambuler sur les remparts ou dans les escaliers en colimaçon d'un château médiéval avec un sac à dos de 12 kilos n'a rien de réjouissant !
(2) Le château de Murol : Du haut de son éminence basaltique, la forteresse, dressée au 13ème siècle, par les Chambe, surveillait une voie romaine. A partir de 1380, Guillaume de Murol entreprit sa restauration, qu'il mena durant la première moitié du XVeme siècle. À la fin de ce siècle, le mariage de l'héritière Jeanne avec Gaspard d'Estaing fut l'occasion de nouveaux travaux de modernisation. Pendant les guerres de Religion, les fortifications furent augmentées sous François 1er et c'est à son successeur Jean III que l'on doit l'édification d'une demeure de plaisance au début du XVIIeme siècle. À partir du milieu du siècle suivant, le château fut abandonné. Joyau de l'architecture médiévale, elle est flanquée de tours et de courtines. Transformée en résidence, au 16ème siècle, la bastide est vendue à l'évêché de Clermont au 18ème siècle, avant de devenir un repaire de bandits et d'être dévastée. Loués par George Sand, dans son roman Jean de la Roche, les vestiges du château polygonal, dont les cuisines, les appartements et le cloître sont restés intacts, est rénové par les Monuments historiques, en 1998. Le panorama, sur Murol, les monts Dore, le lac Chambon et la Couze, est exceptionnel.
Saint-Nectaire apparaît dans le panorama
Nous restons quelques instants dans un parc, au pied du monument, à observer chèvres, faons, biches et cerfs auprès desquels nous sacrifions les restes de nos sandwichs puis nous quittons le château et partons visiter la cité.
Le G.R.30, un belvédère au dessus de Saint-Nectaire
A la recherche d'un marchand de journaux pour acheter le topo-guide, nous errons dans les petites ruelles aux maisons aux toits de lauzes et aux fenêtres fleuries. Murol possède de très belles fontaines, des parterres fleuris et colorés et une très belle église gothique.
Nous trouvons enfin le topo-guide et avec son aide, nous tentons de renouer le fil du G.R. que nous avons perdu. De l'endroit où l'on se trouve, deux variantes du GR.30 s'offrent à nous : soit remonter au château et prendre le sentier qui contourne le Saut de la Pucelle et la Dent du Marais (3), soit emprunter la D.996 qui part en direction du Lac Chambon (4). Ignorant où se trouve l'hôtel Le Grillon, nous optons pour cette deuxième solution, plus simple et surtout plus directe. Au bas mot, cinq à six kilomètres par la Dent du Marais pour rejoindre le lac Chambon avec peut-être le risque de louper l'hôtel et seulement un et demi à deux par la D.996.
Une fois cette dernière option choisie, nous suivons le bitume en prenant garde aux voitures et aux camions sur cette route sinueuse et très empruntée. Un bon moment, nous hésitons car nous retrouvons des marques blanches et rouges d'un G.R. qui monte au cratère du Tartaret. Mais en fait, il s'agit seulement d'une variante du G.R.30 qui redescend de la Dent du Marais et monte vers le volcan.
(3) La Dent du Marais : C'est un éperon rocheux du à l'éruption du volcan du Tartaret, elle surplombe le lac Chambon et se distingue par une imposante muraille rocheuse de 100 mètres de haut environ que l'on appelle le Saut de la Pucelle. Ce nom a pour origine une étrange légende : une bergère affolée par les avances d'un seigneur des environs s'enfuit à toutes jambes et adressa une prière à la Sainte Vierge avant de sauter d'en haut du rocher. Le vent s'engouffrât dans sa jupe et elle fut freinée dans sa chute. Elle en ressortit indemne et raconta son aventure aux gens du village. Bien entendu, personne ne la crut, c'est ainsi qu'elle voulu leur prouver sa bonne foi en tentant à nouveau l'expérience. Malheureusement, cette fois le saut lui fut fatal et elle mourut pucelle.
(4) Le lac Chambon : Situé à 875 mètres d'altitude, le lac Chambon est un barrage naturel qui s'est formé suite à l'éruption du volcan du Tartaret et à l'effondrement de la Dent du Marais. Il est d'une profondeur moyenne de 5 à 6 mètres, pour une superficie de 60ha. Il est alimenté par la Couze (5) de Chambon qui descend du Sancy et prend sa source dans la vallée de Chaudefour. Il se trouve entre les localités de Murol et Chambon-sur-Lac, toutes deux distantes de 4 kms. Le lac est délimité par: A l'Ouest, la Vallée de Chaudefour, site protégé classé Réserve Naturelle depuis 1991, et le bourg de Chambon-sur-Lac. A l'Est, le volcan du Tartaret le sépare du bourg de Murol. Au Nord, "La Dent du Marais", falaise qui surplombe le Lac Chambon et offre un magnifique panorama sur la vallée et les Monts Dores. Le village s'étale en bordure du lac et dispose de commerces liés principalement au tourisme. C'est un lieu de séjour agréable, où l'on peut s'adonner à de nombreuses activités. C'est aussi le rendez-vous des randonneurs, des pêcheurs, des skieurs et de tous les amoureux de la nature. Ce lac qui mesura jusqu'à 5 kms de long a vu sa surface diminuer de 8 ha de 1825 à 1974 à la fois par les alluvions de la vallée de Chaudefour qui sédimentent le lac mais aussi par un envasement consécutif à l'eutrophisation. Ces deux phénomènes naturels auront pour effet, dans une lente agonie, de faire disparaître le lac d'ici quelques siècles.
(5) Couze : Torrent en Auvergne.
Joli papillon Ecaille chinée et images entre Saint-Nectaire et le château de Murol.
Les biches et les cerfs du parc au château de Murol.
Nous sacrifions nos derniers sandwichs aux chèvres du parc du château de Murol
Fontaines fleuries à Murol et amusantes statuettes sur la D.996
En effet, le G.R.30 s'arrête au bord du Lac Chambon et il existe ensuite plusieurs variantes pour le continuer. Nous poursuivons sur la D.996 et deux virages plus loin, on aperçoit avec étonnement l'hôtel du Grillon. Il est là devant nous ! Il s'agit d'un grand hôtel deux étoiles, bien à l'image de l'enseigne " Logis de France " tout blanc avec des volets rouges, bien propret. A l'intérieur, plusieurs vastes salles à manger décorées de bois et de tissus un peu rococo se succèdent. Nous sommes reçus par un aimable cuisinier coiffé d'une toque. Sans chichi, il nous remet une clé et nous indique le chemin à prendre pour rejoindre notre chambre.
Dany sur la terrasse de l'hôtel-restaurant Le Grillon au Lac Chambon.
Ouf ! C'est avec soulagement que nous déposons enfin nos sacs et nous installons dans une chambre très coquette avec deux lits, la télé et une salle de bain avec baignoire. Nous allons largement apprécier ce confort avant de partir visiter le lac Chambon, ce " troisième caillou du Petit Poucet " blotti comme un diamant dans l'écrin du Sancy.
Promenade au bord du Lac Chambon sous un ciel très maussade.
Quelques photos de notre balade au bord du Lac Chambon
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Par gibirando dans TPF2 - Comme les cailloux du Petit Poucet ou 7j sur le G.R.30 le 28 Janvier 2017 à 13:35
Ce n'est pas dans les montagnes qu'on trébuche, mais sur de petits cailloux. (Proverbe anonyme)
Mercredi 2 août 2006
Lac Chambon (880 m) - Besse-en-Chandesse (1.020 m)
17 Kms
(La plupart des photos peuvent être agrandies en cliquant dessus. Certains liens vers d'autres sites étant anciens peuvent ne plus fonctionner)
Hier soir, au " Grillon ", le souper s'est déroulé dans un cadre délicat et distingué. Le menu était composé d'une immense tranche de terrine maison, d'un gros feuilleté de lotte, d'un plateau de fromages et d'un divin croustillant aux myrtilles, le tout arrosé d'un excellent Côtes d'Auvergne. Ce repas festif a parachevé de fabuleuse façon cette deuxième journée de marche.
Auparavant, tout en longeant ses berges, nous avions eu tout le temps de découvrir le Lac Chambon, sa plage, ses restaurants et ses commerces. Aucune affluence, tout était désert. Il ne pleuvait pas mais le temps exécrable ne se prêtait pas à la flânerie et encore moins à la baignade et aux jeux d'eau. Seuls quelques courageux pêcheurs étaient là, recroquevillés à attendre que les poissons veuillent bien de leurs appâts.
Cette ballade avait permis de repérer tout près de l'hôtel les traces rouges et blanches qui bordaient les rives aval du lac, coupaient la Couze sur un large pont de bois, longeaient la plage puis bifurquaient à gauche pour contourner le volcan du Tartaret.
Nous quittons le lac Chambon, non sans avoir donné à manger aux canards.
Ce matin, en quittant le " Grillon ", tout naturellement, nous reprenons le même chemin. Il ne pleut toujours pas, mais le temps maussade d'hier soir ne s'est pas amélioré. Toujours cet air frais, idéal pour marcher, mais un ciel bas et grisâtre, qui lui n'est pas propice à la découverte de paysages sur les 17 kilomètres qui nous attendent pour rejoindre Besse-en-Chandesse.
Nous passons devant les campings et quittons les rives du Lac Chambon. Aujourd'hui, sur ce tronçon, je sais que le Petit Poucet n'a déposé aucun autre " petit caillou bleu " pour nous guider. Pas d'autre lac ! Mais la carte annonce quelques tourbières, souvenirs lointains de quelques lacs ou étangs disparus !
Le GR.30 passe devant la stèle dédiée à Victor Charreton, peintre, chef de file de l'école de Murol
En haut de la première côte, au pied du Tartaret, nous apercevons sur la gauche une stèle dédiée à Victor Charreton, peintre, chef de file de l'école de Murol (1).
Le temps d'une photo au pied de la stèle, nous continuons sur le tarmac en direction des Fougeoles et contournons la puy du Suc du Coq. Là, en direction de Jassat, nous coupons la D.618 à hauteur d'un vaste camping et retrouvons un agréable sentier qui se faufile dans une magnifique combe verdoyante. En entrant dans la forêt de Roche Longue, le dénivelé devient plus escarpé, et en moins de deux kilomètres, on passe de 855 à 1.100 mètres d'altitude. Longtemps, nous côtoyons le ruisseau de Courbanges puis nous coupons celui de Cheix avant d'amorcer un raidillon taillé à même le roc.
(1) Par Ecole de Murol(s), on désigne une cinquantaine de peintres qui, dans la première moitié du XXeme siècle, se sont côtoyés ou succédés dans ce bourg d'Auvergne. Accueillis par l'abbé Boudal, curé de Murol et peintre lui-même, les nouveaux venus eurent pour maîtres les créateurs du mouvement : Victor Charreton, Adolphe Rey, Armand Point, Jules Zingg, Terlikowski, etc.… Chez ces artistes qui se situent dans la suite de l'Impressionnisme et du Fauvisme, on trouve des individualités aussi fortes que diverses, mais ce que tous possèdent en commun, c'est l'amour du paysage, et plus spécialement du paysage sous la neige. Mais pourquoi à Murol ? Le village et ses alentours regroupent énormément de paysages divers : hameaux, points de vue, torrents, bois, chaumières, lacs, etc. Mais c'est surtout, le climat qui attira les artistes. Murol connaît en effet un enneigement fréquent mais non constant tout au long de l'hiver. Cela permettait aux peintres de trouver des sujets variables d'un jour sur l'autre, ce qui n'aurait pas été le cas en plus haute montagne.
Le G.R.30 se faufile dans une combe verdoyante en direction de Jassat.
Le chemin finit en terrasses au lieu-dit appelé la " Roche des Jardins " sur la carte. Nous sortons enfin de la forêt et le panorama se dévoile dans toute sa splendeur. Au loin, le puy boisé de Bessolles (1.057m), plus près le pic Chauvet (1.004m) et en dessous le vert vallon de Jassat où nous étions, il y a moins d'une heure. Il est 11h15 et l'endroit, fleuri à souhait comme un immense jardin, porte tellement bien son nom, que nous déposons nos sacs à dos pour prendre un brin de repos. Nous ouvrons avec convoitise, comme nous le ferions pour des pochettes-surprises, les paniers repas préparés par le chef cuisinier de l'hôtel du Grillon.
Dans la forêt de Roche Longue et au bord du ruisseau de Cheix.
Il n'est pas encore midi, mais ce bon dénivelé nous a ouvert l'appétit et c'est à pleines dents que nous mordons dans les énormes sandwichs à la terrine de lapin. Couchés dans l'herbe sous un pin, les pieds dans les œillets nains, les achillées et les pensées sauvages, nous prenons le temps d'observer la nature environnante. C'est d'autant plus plaisant que le temps semble vouloir nettement s'améliorer et la vue porte plus loin. D'ailleurs, dès que nous redémarrons, les toits de lauzes de Courbanges apparaissent déjà dans le lointain. Puis ils disparaissent à nouveau au gré de l'ondulation du Chemin des Quayres. C'est le nom du G.R.30 sur cette portion commune avec un P.R. qui surplombe sur notre droite la vallée et la réserve naturelle de Chaudefour, sur notre gauche, un petit défilé où se blottit Saint-Victor la Rivière. Au loin, devant nous, les Monts Dore et le Sancy sont à peine perceptibles dans un brume laiteuse.
Terrible montée en direction du lieu-dit " La Roche des Jardins "
Derrière nous, le puy de Dôme, toujours présent, réapparaît au dessus de la crête des collines.
Nos estomacs enfin calés, nous poursuivons sur ce chemin cendreux, pentu et rectiligne, bordé de petits genêts, qui laisse sur la gauche le hameau de Courbanges et sur la droite la cascade du Cheix.
Dans un pré, à la lisière de la forêt de Courbanges, près du ruisseau du même nom, nous stoppons cette fois pour une pause déjeuner plus consistante.
Il est midi et demi. Les montées incessantes depuis le départ ont mis à rude épreuve nos mollets déjà endoloris par les étapes précédentes et une nouvelle halte s'impose logiquement.
Le chemin finit en terrasses au lieu-dit appelé la " Roche des Jardins "
Nous restons une heure à nous restaurer et à écouter nos baladeurs MP3, allongés au milieu des gentianes dans des hautes pelouses qui ne demandent qu'à être couchées. A la fin, pendant que je rince, dans l'étroit torrent, fourchettes et couteaux, Dany prépare notre départ et range les sacs à dos. Pour quitter le pré, nous enjambons les barbelés et entrons immédiatement dans l'épaisse forêt de conifères, nous bifurquons sur le premier chemin à notre gauche et quelques minutes plus tard, nous coupons la route forestière de Vanzoux.
Au bout d'une demi-heure, nous ressortons de cette splendide forêt et franchissons le ruisseau de Malvoissière qui coule au milieu de bocages en direction d'un immense plateau.
Au lieu-dit appelé la " Roche des Jardins " sur la carte.
Le temps s'est à nouveau couvert et nous sommes noyés dans un brouillard vaporeux. Par précaution, nous enfilons nos ponchos imperméables. Dans cette atmosphère sinistre, le chemin se glisse au travers de clôtures électrifiées et de quelques minuscules tourbières. Dans ce décor automnal, angoissant et désertique, nous avons le sentiment d'une immense solitude. Seuls, le puy des Prêtres (1.213m) et celui de Serveix (1.328 m) fissurent l'horizon. Mais en fait, si l'on y réfléchit, n'est-ce pas cette solitude que nous sommes venus chercher ? Dans nos diverses randonnées et cette quête continuelle de vouloir découvrir ces paysages variés qui nous fascinent tant, n'avons-nous pas aussi aspiré à cet isolement et à cette quiétude ?
Sur le chemin des Quayres en direction de Courbanges.
Juste avant Courbanges, on aperçoit encore le Puy de Dôme à l'horizon
A Courbanges, une certaine lassitude pour Dany qui étire ses jambes
Après Courbanges, nous enjambons la clotûre pour pique-niquer dans un pré.
Le GR.30 traverse l'épaisse forêt de Courbanges.
Après Courbanges, sur ce plateau herbeux, sous un ciel très bas et gris, un sentiment de grande solitude.
Des vols de passereaux, un grand troupeau de Salers, et quelques buses qui volètent au dessus de nos têtes nous apportent l'assurance que nous ne sommes pas seuls sur cette étendue herbeuse. D'ailleurs, moins d'une heure plus tard, le sentier débouche sur une route goudronnée au hameau de Leylavaux. Mais une fois de plus, il n'y a personne ! Seuls de petits chatons à la fenêtre d'une grange attirent l'attention de Dany qui se précipite pour les approcher. Apeurés, ils disparaissent dans les poutres et les bottes de foin. Nous suivons la route, dépassons les quelques maisons de La Bouay puis par la droite, nous quittons le bitume en direction de Besse-en-Chandesse (2) dont les premiers toits de lauzes se dévoilent à travers les futaies.
(2) Besse-en-Chandesse est une petite ville d'Auvergne intéressante à visiter. Cet ancien bourg médiéval, construit à 1.050 m d'altitude, conserve de vieilles demeures et des fortifications destinées à protéger autrefois les richesses de la cité. On a construit la plupart des maisons avec des roches volcaniques (lave noire, basalte). Pour découvrir la ville et son histoire avec plus de détail, je vous conseille de consulter le très joli site suivant :
http://ecoles.ac-rouen.fr/aubin-epinay/Auvergne/Besse_en_Chandesse.htm
Au hameau de Leylavaux, Dany observe des chatons dans une grange
Malgré une fine bruine qui ne mouille pas, nous stoppons sur un terre-plein qui domine la ville. Au milieu des fougères, des genêts et des épilobes, nous prenons le temps d'admirer la belle cité historique et profitons de cette aubaine pour terminer les derniers fruits de notre panier-repas.
En arrivant à Besse-en-Chandesse, le G.R.30 surplombe la cité.
Le chemin descend vers La Villetour, traverse le D.36 puis grimpe vers le vieille ville de Besse jusqu'à la porte du beffroi. Après une journée de marche solitaire et silencieuse, nous regagnons avec appréhension la civilisation. Une foule animée et bruyante, une circulation insensée de voitures avec leurs klaxons, nous avons le sentiment de tomber dans une caisse de résonance insupportable. On s'empresse de trouver l'hôtel La Gazelle, pas très loin des remparts de la cité ancienne mais suffisamment distant et isolé pour être complètement au calme.
A cause d'un peu de fatigue et d'une météo exécrable, Dany est heureuse d'arriver à notre hôtel à Besse-en-Chandesse, terme de notre 3eme étape.
L'hôtel La Gazelle est un grand et beau chalet avec une vaste véranda panoramique. Nous y sommes accueillis avec beaucoup de chaleur par la charmante propriétaire et le service est d'une grande qualité. Rien de manque : piscine intérieure, sauna, jacuzzi, salle de jeux, tables de billard et de ping-pong, parc, terrasses, aires de jeux, etc... Nous ne profiterons pas de toutes ces possibilités, mais en réalité, après une harassante journée de randonnée, il manquait pour nous détendre une chose primordiale ; de l'eau tiède dans la piscine et le jacuzzi pour que notre fin d'après-midi soit parfaite !
Impossible de rester longtemps dans cette eau fraîche, aussi, et malgré des jambes encore " lourdes ", nous préférons partir visiter la cité médiévale.
Après deux heures de visites, nous regagnons l'hôtel sous une pluie fine qui à la nuit tombante se transforme en déluge. Après un peu de lecture et l'analyse de l'étape de demain, il est à peine 19h30 quand nous gagnons la grande salle à manger. La patronne nous a prévenu : si vous voulez être tranquille pour le souper, descendez tôt ! Plus tard l'ambiance risque d'être bruyante car j'attends des équipes cyclistes qui participent à la course Paris-Corrèze !
Décidément on mange bien en Auvergne, car une fois de plus, le menu proposé titillera à souhait notre palais. Composé d'une salade auvergnate, d'une entrecôte de Salers au bleu, d'un plateau de fromages et d'une pompe aux pommes, ce souper met magnifiquement fin à cette troisième journée pédestre en Auvergne.
Chahutée par une pluie battante qui frappe avec violence le carreau de notre fenêtre, notre nuit sera moins douce et moins réparatrice que les précédentes. Il est vrai que je ne cesse de penser à l'étape de demain si ces trombes d'eau venaient à perdurer. Pendant longtemps cette obsession m'empêche de dormir puis la fatigue m'envahit….
Après notre installation à l'hôtel "La Gazelle", nous voilà repartis pour une visite de bourg médiéval de Besse-en-Chandesse.
Après 17 kms, nous pouvons enfin nous relaxer dans la piscine de " La Gazelle ", mais dommage que l'eau soit un peu fraîche.
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Puisqu'il n'est pas trop tard, je vous offre cet Arbre de la Paix de ma composition.....et je vous souhaite une Bonne Année 2017 !!!
En plus de tous les voeux de cette carte, je vous souhaite une excellente santé, tellement indispensable à la pratique de notre passion qu'est la randonnée pédestre !!!
"Feliç Any Nou, la bona salut !"
"Uno bono annado et uno bono santa !"
"Une bonne Année et une bonne santé".
Amicalement. Gilbert
2 commentaires -
Par gibirando dans TPF2 - Comme les cailloux du Petit Poucet ou 7j sur le G.R.30 le 25 Janvier 2017 à 13:37
Marcher, c'est retrouver son instinct primitif, sa place et sa vraie position, son équilibre mental et physique. C'est aller avec soi, sans autre recours que ses jambes et sa tête. Sans autre moteur que celui du cœur, celui du moral. (Jacques Lanzmann - Ecrivain et parolier 1927-2006)
Jeudi 3 août 2006 Besse-en-Chandesse (1020 m)-Compains (995m) 20 Kms
(La plupart des photos peuvent être agrandies en cliquant dessus. Certains liens vers d'autres sites étant anciens peuvent ne plus fonctionner)
Je me réveille et je regarde ma montre. Nous sommes le 3 août et il est sept heures. Je n'entends plus le crépitement de la pluie. Je me lève et me glisse entre la tenture et la fenêtre. Avec soulagement, je constate que la pluie a cessé mais surtout l'orage semble être définitivement passé. Si une longue voûte brumeuse et grisâtre subsiste sur les montagnes environnantes, heureusement il y aussi à l'aplomb de Besse-en-Chandesse de grands pans de ciel bleu.
Au hameau d'Olpilière, Dany donne du pain à deux gentils équidés
La vue donne sur des prés entrecoupés de haies qui s'étirent jusqu'aux pieds des collines. Ces collines sont constituées de puys qui ondulent et forment un horizon peu éloigné. Excepté ces près et ces puys, j'aperçois aussi, sur la gauche du chambranle, deux ou trois villas du hameau d'Olpilière dans le panorama.
Je reste là pendant de longues minutes à observer un chat qui chasse dans le pré situé sous la fenêtre. Il s'immobilise et avec la plus grande patience reste à l'affût devant ce qui doit être un terrier. De temps à autre, il lève la tête vers la fenêtre, me regarde avec étonnement et curiosité puis il reprend sa position de prédateur et pas un poil de ses moustaches ne bouge. Il attend avec persévérance son petit déjeuner : Un mulot ou peut-être une musaraigne.
Dany se réveille et me sort de la torpeur dans laquelle je suis plongé.
-On va déjeuner ?
-Pourquoi, toi aussi tu as faim ?
-Pourquoi, tu n'as pas faim toi ?
-Oui, il semble que tout le monde ait faim ce matin !
Sur le G.R.30, d'étranges pierres creusées et gravées de signes mystérieux et cabalistiques
Effectivement, tout le monde a l'air d'avoir faim ce matin car la véranda de l'hôtel est déjà bien remplie. Les touristes, les cyclistes du Paris-Corrèze, leurs entraîneurs, des journalistes, tout le monde s'affère autour du buffet du petit déjeuner. Seuls, les techniciens ne mangent pas, trop occupés qu'ils sont à régler les vélos de leurs champions sur le parvis de l'hôtel.
Nous quittons Besse-en-Chandesse et nous voyons le village médiéval s'éloigner.
Neuf heures, avant d'aller faire des achats, nous libérons la chambre mais laissons nos sacs à dos dans la grande salle de détente car le G.R.30 passe devant l'hôtel. Nous descendons ensuite en direction de la ville vers un supermarché tout proche pour faire quelques emplettes pour le pique-nique du midi. En effet, aujourd'hui, il faut se charger de nourriture dès le départ car sur ce parcours jusqu'à Compains, à part un restaurant au bord du Lac Pavin, il n'y a aucune autre possibilité de ravitaillement. Par contre, plusieurs lacs sont au programme du G.R.30 et l'on entre dans des zones dites humides constituées de marais, d'étangs, lacs et autres tourbières, si nombreuses dans les montagnes d'Auvergne. Sur ce tronçon, nous devrions découvrir plusieurs des " petits cailloux déposés par notre Petit Poucet ". Dans l'ordre d'apparition dans le paysage : les lacs Estivadoux, Pavin et Montcineyre. Et si nous avons le temps, le beau temps et des jambes vaillantes nous pourrions voir le lac de Bourdouze, étang tourbeux à environ deux kilomètres du G.R. soit quatre bornes supplémentaires à parcourir et sur la fin le lac de Chaumiane également hors G.R, mais beaucoup moins éloigné.
Du G.R.30, panorama sur Besse-en-Chandesse et le Puy de Pertuysat (1.304m).
Neuf heures trente, nous sommes enfin en route. Nous sortons de l'hôtel, empruntons la route asphaltée qui part en direction du hameau d'Olpilière. Nous évitons les bas-côtés de crainte d'écraser les gros escargots que la pluie a réveillé et qui parsèment le sol. Nous n'avons pas encore fait deux cent mètres qu'il faut déjà s'arrêter. Dany vient d'apercevoir dans un enclos un cheval et un âne et il faut à tout prix leur donner à manger. Heureusement, j'ai tout prévu et j'ai emporté avec moi un gros morceau de pain que j'ai chapardé au petit déjeuner. Au moment où j'ouvre mon sac, je constate que Dany a eu la même idée que moi et elle, aussi, sort de son sac à dos un gros morceau de pain. Dociles, les équidés viennent vers nous sans crainte, pour le pain bien sûr, mais aussi pour les caresses.
Des vaches se promènent dans l'épaisse forêt de la Montagne de Fraux
Par la droite, nous quittons l'asphalte pour un large chemin pierreux qui grimpe à travers les prés. Ce sont les mêmes près que j'apercevais ce matin de la fenêtre de l'hôtel et j'ai une vision complètement inversée puisque j'aperçois nettement la façade de l'hôtel devant Besse-en-Chandesse qui s'éloigne dans le paysage. Sur plusieurs dizaines de mètres le G.R.30 est maintenant bordé d'étranges pierres sculptées et creusées de signes mystérieux et cabalistiques. Au pied du Puy du Pertuysat (1.304 m), le sentier tourne en angle droit et entre dans la forêt de la Montagne des Fraux (1.302 m). En plein centre de cette forêt, nous sommes surpris de rencontrer un grand troupeau de vaches qui circule. Nous leur laissons la priorité car elles semblent, elles aussi, parcourir le G.R. mais dans le sens inverse au nôtre. Puis nous sortons du bois au Lac Estivadoux. De là où l'on se trouve, il s'agit d'une petite nappe d'eau, sans grand intérêt photographique, car envahi en grande partie par des tourbières. Quelques vaches sont là au bord du lac à tremper leurs sabots au milieu des joncs.
Nous passons plusieurs barrières d'estives et arrivons en surplomb du majestueux Lac Pavin (1). Malheureusement, il n' y pas vraiment de belvédère et la vue sur ce splendide lac bleu se fait à travers les nombreux feuillus et conifères qui l'enveloppent.
(1) Le Lac Pavin est un lac d'origine volcanique situé sur la commune de Besse-et-Saint-Anastaise communément appelée Besse-en-Chandesse. Situé à une altitude de 1.197 m, il s'est formé dans le cratère d'un ancien volcan, c'est ce que l'on appelle un maar. De forme presque parfaitement circulaire, il a un diamètre de 750 mètres, une profondeur de plus de 92 mètres, ce qui en fait le plus profond d'Auvergne. Sa superficie est de 44 ha environ. Il est d'origine très récente contrairement au massif des Monts Dore. Il semble qu'il se soit formé à la fin de la période d'activité volcanique qui a créé la Chaîne des Puys, soit il y a environ 6.000 ans. Par temps clair, le ciel bleu se reflétant dans l'eau, il est presque bleu-nuit, avec les pâturages et les forêts qui l'entourent, cela donne un paysage splendide. C'est le seul lac méromictique de France, c'est-à-dire qu'une partie de ses eaux n'est jamais brassée. On peut néanmoins y canoter à loisir et y pêcher des truites et des ombles chevaliers. Par contre, par temps d'orage, ses eaux profondes apparaissent très sombres et inquiétantes, ce qui lui a sans doute valu son nom de Pavin qui viendrait de pavens = épouvantable. Il a toujours fasciné les hommes, c'est pourquoi de nombreuses légendes l'entourent et notamment celle de Lucifer : Il y a bien longtemps, bien avant les hommes, Dieu fut irrité par l'insolence de Lucifer. Il créa alors l'Enfer et l'y précipita avec tous les anges révoltés. Le temps passa. Dieu calma sa colère et créa l'Homme. Tout était bien. Sa grande satisfaction ne lui fit pas oublier pourquoi il avait enfermé Lucifer, mais les lamentations de ce dernier le poussèrent à faire une trêve. Il lui permit de faire quelques trous dans l'écorce terrestre afin de pouvoir observer le ciel. Mais Lucifer n'avait pas perdu son arrogance et perça la Terre de part en part en formant des volcans aux laves rougeoyantes. Dieu n'apprécia pas cet affront et recouvrit la Terre de glace pour calmer ce brasier et reboucher les trous creusés par Lucifer et son armée. Vaincu, Lucifer retourna sous Terre et pleura de colère. Comme il craignait que ses larmes n'éteignent le brasier de l'Enfer, il fit en sorte qu'elles s'échappent par les fissures d'un volcan. C'est ainsi que le lac Pavin fut rempli des larmes de Lucifer. On raconte que les arbres y gardent un peu de la nuit éternelle et empêchent le ciel de s'y refléter. Il y a même des rochers amoncelés que l'on appelle la " Chaise du Diable ".
Nous passons des barrières d'estives et arrivons en vue du majestueux Lac Pavin.
Pour prendre des photos et découvrir le lac, cette vision trop restreinte ne me convient pas et je décide de descendre vers la rive, là où se trouve le restaurant. Dany n'est pas trop d'accord car il y a huit cent mètres de descente et évidemment de remontée pour poursuivre notre itinéraire. Mais j'insiste tellement qu'elle finit par accepter et vraiment elle ne le regrette pas. Au fur et à mesure que l'on descend, le lac devient plus beau, plus éblouissant et d'une limpidité étonnante quand on arrive en surplomb des berges.
Midi, après de nombreux arrêts dans une descente peu évidente, nous sommes au bord du lac où les badauds sont très nombreux. Il est vrai, que le décor est exceptionnel. Le lac Pavin entouré de sapins et d'épicéas est étincelant et sombre à la fois. Le ciel parfois bleu et parfois gris qui se reflète dans ce puits noir crée un fantastique kaléidoscope de couleurs.
Malgré un aller-retour peu facile, nous avons pris la décision de descendre vers l'admirable lac Pavin.
Midi et demi, nous sommes remontés et déjeunons tranquillement sur l'herbe en bordure du G.R.30. Mais rapidement, le temps semble vouloir se gâter aussi nous ne traînons pas trop car Dany est frigorifiée. Nous côtoyons le Puy de Montchal (1.407m) longeons des bois, entrons dans la Forêt des Fraux puis arrivons enfin sur un immense plateau herbeux où la vue porte très loin en direction du Cézallier.
Images du lac Pavin
Sur notre gauche, j'aperçois à distance le Lac de Bourdouze mais je n'envisage pas une seconde d'y aller car Dany a très froid et semble déjà bien fatiguée. En compagnie de plusieurs randonneurs, nous descendons, au milieu des pâturages et des zones humides, dans la plaine de Montcineyre en direction du puy boisé du même nom. Nous passons en bordure d'un petit étang de barrage, longeons une forêt de sapins puis quand nous arrivons au pied du puy, une partie du lac apparaît à notre regard. Sous un ciel très gris, le lac de Montcineyre (2) se révèle moins lumineux que son voisin le Pavin. Malgré cela, nous stoppons quelques minutes pour finir notre casse-croûte. Puis nous repartons en continuant le chemin d'où nous venions. Le sentier contourne le puy par la gauche et traverse une dense forêt. En fait, à la fin de la journée, en compulsant ma carte IGN, je constate que si le topo-guide dessine cette version du chemin, il propose dans le texte et comme ma carte IGN, le bord du lac par la droite du puy.
(2) Le Lac de Montcineyre est un lac de barrage volcanique fermé par le cône boisé de Montcineyre. Comme son voisin le lac Pavin, il est relativement jeune et avec ses 6.000 ans, il fait partie des derniers-nés des volcans d'Auvergne. Il doit son nom du latin " Mont Cineris ", le mont des cendres. Ses eaux qui s'infiltrent dans les laves alimentent la Couze de Valbeleix. Situé à 1.182m d'altitude, il a une superficie de 38 ha. et une profondeur de 18m. La pêche, la baignade et le nautisme y sont interdits.
Parfois le G.R.30 traverse des propriétés privées qu'il faut respecter.
Mais peu importe car les deux pistes se rejoignent et l'agréable chemin longe le bois de Montcineyre, continue dans les pacages de Cache-Broche et laisse sur la gauche le hameau de Paro Blanche. Enfin le G.R.30 parvient au dessus du très beau village de Chaumiane que l'on découvre blotti dans une anfractuosité de la vallée. Dany est de plus et plus gelée au point qu'elle a mis deux pantalons et des chaussettes en guise de gants. Aussi quand me vient l'idée de grimper sur un monticule pour prendre une verdoyante photo du hameau avec son lac en arrière-plan, elle préfère m'attendre au bord du chemin car ses articulations commencent sérieusement à la faire souffrir.
Au milieu des zones humides, le puy de Montcineyre apparaît dans le paysage.
Avant Chaumiane, le large sentier tourne à gauche à travers des murets de pierres sèches. A l'approche de Compains que l'on distingue au fond de la vallée de la Couze de Compains, le chemin longe la lisière d'une hêtraie puis dévale au milieu des fougères dans un sombre sous-bois. Quand il arrive à Compains, il n'est plus qu'un simple couloir très étroit au cœur de hautes murettes moussues.
Il est 16 heures quand nous aboutissons sur la D.26 à l'entrée du village. Nous partons vers le centre et très facilement nous trouvons l'hôtel restaurant " Les Diablaires ". L'hôtel, belle bâtisse de caractère traditionnel est là au carrefour où les D.26 et 36 se croisent.
Dans la plaine de Montcineyre en direction du lac et du puy éponyme.
Par la première porte qui s'offre à nous, nous entrons dans l'hôtel. En fait, il s'agit d'un café qui fait aussi office de hall d'accueil pour l'hôtel, d'épicerie, de marchand de journaux, de tabacs, de boulangerie, de restaurant, de salle de réunion. Il y a un monde fou et avec nos gros sacs à dos, tant bien que mal, nous tentons de nous faufiler pour manifester notre présence auprès des propriétaires.
A lac de Montcineyre, il ne fait pas beau mais nous sommes heureux de marcher.
Au Lac de Montcineyre puis peu après, Dany est frigorifiée. La marche reste le meilleur moyen de se réchauffer.
De loin, une jeune femme nous hèle :
-Que voulez-vous ?
-Bonjour, Monsieur et Madame JULLIEN, nous avons réservé une chambre pour ce soir !
Et là, grosse angoisse.
-Non c'est impossible, nous n'avons plus rien !
-Vous devriez tout de même vérifier car la réservation est ancienne.
-Je vais voir !
Au bout d'un moment, elle revient, semble contrariée et dit d'un ton sec et qui paraît désagréable :
-C'est exact, nous avons bien une réservation en demi-pension ! Mais il va falloir attendre un peu que l'on vous prépare une chambre !
Juché sur un monticule, je photographie Chaumiane avec son lac en arrière-plan. Il est bien trop éloigné du parcours pour envisager d'y aller et ce, d'autant que Dany est fatiguée et gelée.
Nous arrivons à Compains et trouvons rapidement l'hôtel " Les Diablaires "
J'avoue que cette réception plutôt froide et inattendue nous laisse perplexes et nous devons " tirer la gueule " car un long silence s'installe. De mon côté, je ne sais pas pourquoi mais le cadre sombre et austère de ce bar me rappelle étrangement " l'Auberge des Thénardier ". Aussi, comme je ne suis pas à mon aise au milieu de ce tohu-bohu, je dis à Dany : "Viens à va attendre dehors !"
Je demande de quel côté sera la chambre et l'on nous indique de l'autre côté de la maison sans vraiment prendre la peine de nous y accompagner.
Dany, sur les escaliers de la belle église Saint-Georges de Compains. Elle a la particularité d'avoir une nef romane et un choeur gothique.
Là, nous entrons dans une pièce tellement encombrée que nous hésitons à nous y installer. Un chien est là, prenant toutes les places assises, couché de tout son long sur le canapé. Au moment où je me prépare à le cajoler, la femme de chambre me dit : Non, je ne vous conseille pas de le caresser !
Décidément, j'appréhende de voir la chambre et les autres prestations à venir. Où sommes-nous tombés chez les Diablaires ou les Diablesses ? Cet hôtel c'est pas l'Auberge Rouge au moins ? Et ce chien, j'espère que ce n'est pas celui des Baskerville ?
Nous ressortons de la pièce et sommes si harassés que l'on s'assied par terre au milieu de la rue, sous quelques gouttes de pluie, à attendre que l'on veuille bien nous délivrer la chambre.
Au bout d'une demi-heure, c'est chose faite. Est-ce la fatigue de la journée ou bien le temps maussade qui me tape sur les nerfs? Suis-je si irascible cet après-midi ? Mon imagination me joue-t-elle des tours ? Car oh surprise tout est irréprochable ! La spacieuse chambre mansardée est parfaite. Très coquette, les murs sont tapissés de très beaux tissus, il y a de la moquette et un grand et un petit lit. Il y aussi, une immense salle de bains avec une grande baignoire où nous pouvons enfin nous relaxer.
Promenade et détente dans Compains après une journée bien remplie.
Vers 18 heures, nous partons visiter le minuscule village. Il y a, à Compains, une belle église romane, une très belle fontaine fleurie, une charmante mairie, une adorable et vieille école communale et quelques charmantes maisons rustiques dans la plus pure tradition architecturale auvergnate, pourtant en réalité, nous avons vite fait le tour. Mais une gentille chatte qui ressemble comme " deux gouttes d'eau " à notre petite Noxy occupe le reste de notre temps. Elle cherche constamment à se faire câliner, elle nous suit et se frotte contre nos jambes, se roule au milieu de la route pour se rendre intéressante. Elle est grosse et attends pour bientôt des petits chatons. Heureusement que nous sommes à pied car je crois que Dany l'aurait adopté sans hésiter.
20 heures, nous retournons au café pour le souper. Il n'a pas désempli et une bande de jeunes filles et de jeunes gens est là devant le zinc à picoler bières et pastis. La patronne nous installe au fond de la salle, nous propose une potée comme menu du jour mais d'un commun accord, nous choisissons une truffade que nous avions eu le plaisir de découvrir il y a quatre ans. Mais à cette table, on ne s'éternise pas, car la fatigue conjuguée à ce brouhaha incessant nous incite à écourter ce généreux repas et à rejoindre nos pénates le plus rapidement possible.
Par bonheur, notre chambre sous les toits est suffisamment éloignée de ce vacarme pour être complètement silencieuse. Dany étalée dans son grand lit bouquine un magazine pendant qu'allongé sur le petit, je marche au rythme des " Grands Chemins " de Giono.
Mais il faut penser à dormir car pour nous aussi, les " grands chemins " seront là dès demain : au bas mot, 20 kilomètres à parcourir de Compains à Egliseneuve d'Entraigues !
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Par gibirando dans TPF2 - Comme les cailloux du Petit Poucet ou 7j sur le G.R.30 le 24 Janvier 2017 à 13:38
L'Auvergne... C'est un secret plus qu'une province. Elle vous tourmente toujours d'un tendre songe. C'est quand on l'a trouvée qu'on la cherche le plus. (Alexandre Vialatte- romancier et chroniqueur français-1901-1971)
Vendredi 4 août 2006
Compains (995m) - Egliseneuve-d'Entraigues (955m) 20 Kms.
(La plupart des photos peuvent être agrandies en cliquant dessus. Certains liens vers d'autres sites étant anciens peuvent ne plus fonctionner)
Est-ce les premiers signes de la fatigue qui se font sentir ou ai-je eu besoin de récupérer de ma nuit pluvieuse et agitée d'hier ? Toujours est-il que j'ai super bien dormi et qu'il est plus de huit heures lorsque j'ouvre les yeux. Dany, enfouie sous la couette, dort toujours car j'entends distinctement ses " mélodieux " ronflements saccadés. Comme toujours depuis notre départ, je me lève et me dirige directement vers la fenêtre. La fenêtre de l'hôtel, c'est ma télé avec ma météo en temps réel ! Il est vrai qu'avec les problèmes articulaires de Dany, j'appréhende qu'il fasse trop froid et par dessus tout qu'il pleuve abondamment.
Il y a toujours cette brume mais bien moins grise qu'hier et surtout plus haute, ce qui est prometteur pour cette longue randonnée sur des plateaux dont l'altitude va osciller entre 1.000 et 1.250 mètres.
Quelques moutons pâturent dans la verdure alors que Compains s'éloigne.
Je me penche à la fenêtre et regarde dans la rue. Suis-je entrain de rêver ou mon imagination me joue-t-elle encore des tours ? Deux hommes et une femme se baladent en kimonos de judo au pied de l'hôtel ! J'écarquille les yeux mais je ne rêve pas, il y a bien trois gaillards avec une ceinture noire et la panoplie complète de David Douillet qui traversent le hameau.
Ici, le G.R.30 déroule son ruban jusqu'à l'horizon au milieu de clôtures qui paraissent interminables.
Dany s'extirpe de dessous sa couette. Pourtant, je n'ai fait aucun bruit car la moquette amortit mes pas. Je me dis qu'elle a certainement assez dormi mais je me recouche rassuré par cette météo bien plus clémente qu'hier. Je reprends mon bouquin " les grands chemins " là où je l'avais laissé hier soir, quand soudain, Dany sort de sa léthargie :
- Tu te mets à lire maintenant ? T'as vu l'heure ?
- Oui et alors !
- J'ai faim, on va déjeuner ?
- Si tu veux, mais il n'y a pas le feu aux lacs de Godivelle !
- Si l'étape est longue, je préfère partir au plus vite pour ne pas speeder ce soir !
- OK, je vais me doucher.
Neuf heures, nous sommes seuls au petit déjeuner, la patronne est d'excellente humeur. Elle part nous préparer des sandwichs pour midi puis quand elle revient, une conversation très courtoise s'installe. Nous apprenons qu'elle est la maman de la chef de cuisine qui nous a accueilli hier soir et que les " Diablaires " sont membres de l'Association des Restauratrices d'Auvergne. Cette association regroupe de jeunes restauratrices dont la charte est de confectionner une cuisine régionale de qualité avec d'authentiques produits du terroir dans le respect dans la plus pure tradition auvergnate.
- Vous avez bien dormi ?
- Oui, très bien !
- Vous n'avez pas été ennuyé par l'ambiance d'hier soir ?
- Non, pas du tout, on n'a rien entendu ? Par contre, ce matin, il me semble avoir vu des judokas dans la rue ?
- Oui, c'était bien des judokas et c'était bien les jeunes qui étaient au bar hier soir ! Chaque année, ils viennent faire des stages au village. Mais je crois que c'est un judo un peu spécial ! Le Ju-No-Michi, ça s'appelle je crois ! Mais ils sont tous très gentils et ça se passe toujours très bien !
Après Brion et avant Godivelle dans le Bois de la Garde.
Décidemment, je me suis trompé sur toute la ligne quant à la qualité de l'accueil des " Diablaires ". Dans l'ensemble, hors mis ce petit souci de réservation, " après ce raté à l'allumage ", le reste a plutôt été très bien.
Finalement, ce matin, j'ai retrouvé toute ma bonne humeur et suis en pleine forme. Un bon gros dodo, un copieux petit déjeuner, un temps plus clément, je sens que tout est en place pour une journée de marche qui va être excellente.
Une fois encore, je vis le départ de cette nouvelle étape avec beaucoup de plaisir et d'entrain. Malgré les kilomètres déjà effectués, je ne suis pas rassasié et je n'ai pas pleinement assouvi mon envie de marcher. Je languis ce démarrage de Compains comme la promesse d'une gourmandise, comme une tarte insaisissable derrière la vitrine d'une pâtisserie. Je trépigne, j'aspire d'en franchir la porte pour partir avec ma boîte à gâteaux dans les bras. Malgré ses douleurs, Dany semble partir avec la même envie.
Arrivée au village de Godivelle puis au bord du lac d'En-Bas.
Mais je me rends vite à l'évidence quand j'harnache mon sac à dos, au lieu d'un gros gâteau, c'est bien une besace de 12 kilos que j'ai sur les épaules et le départ tout en montée dans le Bois Saint-Georges est très difficile. Il l'est pour moi et encore plus pour Dany qui traîne à l'arrière comme jamais jusqu'à présent. Heureusement, il y a toujours ces paysages d'une grande douceur qui atténuent les difficultés. Quelques moutons qui pâturent dans la verdure alors que Compains s'éloigne. Puis après quelques pénibles lacets bourbeux, nous quittons le bois, pour d'immenses plaines herbeuses aux formes arrondies. Dans ces paysages oblongues et désertiques, il y a heureusement quelques burons et quelques collines boisés pour couper cette monotonie. Malsagne, Barbe Sèche, Blatte, La Taillade, voilà dans ce coin des noms qui claquent et qui reflètent bien la rudesse de la vie rurale auvergnate.
Dans ces vastes étendues, le G.R.30 déroule son long ruban jusqu'à l'horizon au milieu de clôtures interminables. Tout en marchant, nous constatons que ces clôtures sont le terrain de jeu favori de nombreux passereaux. Très souvent, chaque petit pieu est occupé par un oiseau et au fur et à mesure que l'on avance, il progresse avec nous en sautant de piquets en piquets. Certains plus craintifs que d'autres s'envolent plus loin. Les plus audacieux sautillent à peine sur les barbelés. D'autres encore plus téméraires ne bougent quasiment pas et attendent que plusieurs de leurs congénères s'enfuient pour prendre à leur tour leur envol.
Ces barbelés et ces poteaux sont les planches et les tréteaux d'un véritable théâtre animal. Et comme des acteurs qui s'éclipsent derrière le rideau d'un théâtre, aussi soudainement qu'ils sont venus, les oiseaux s'évaporent dans la nature.
Une fois encore, on se sent très seuls au beau milieu de ces gigantesques prairies et le moindre mouvement ou battement d'ailes est prétexte à une attention de notre part. Lorsque nous arrivons sur la D.36 à Brion, célèbre par son foirail selon le topo-guide, après quatre kilomètres et demi de marche, nous avons croisé en tout et pour tout deux vététistes.
Notre arrivée à Brion est un bien grand mot, nous ne croisons personne, il n'y a pas de foirail aujourd'hui et pas âme qui vive. D'ailleurs, le G.R. bifurque vers la droite à angle droit et évite le centre du petit hameau. Le G.R.30 commun avec le G.R.41 depuis le Pavin devient commun avec le Tour du Cézallier. Après Brion, nous grimpons sur un chemin bourbeux qui zigzague au milieu de très hauts stockages de bois coupés. Nous avons pris de la hauteur et la vue est tellement belle que nous stoppons quelques minutes pour une pause " barres de céréales ". Allongés dans l'herbe, de cet endroit, nous percevons nettement toute la distance accomplie depuis ce matin et le chemin qui se faufile à travers les montagnes de Barbe Sèche et de Blatte, les plaines boisés et quelques tourbières inondées. Sur notre gauche, apparaît un mamelon plus haut que les autres : Le Teston de Joran (1.322m).
Le lac de Godivelle d'En-Bas, un autre beau " petit caillou bleu ".
Quand nous repartons, un peu de distraction survient dans notre nonchalante promenade sous les traits de quelques cavaliers qui randonnent pendant que dans le creux d'un vallon plusieurs paysans courent en direction d'un groupe de chevaux. Un cheval gît à terre. Est-il blessé ? Est-ce une jument qui est entrain de mettre bas ? Nous stoppons mais sommes trop loin pour voir ce qu'il se passe mais suffisamment près pour ne pas oser sortir les jumelles et passer pour des gens trop curieux.
A Godivelle, devant le plus grand fontaine du département du Puy de Dôme. Elle abreuve les animaux mais aussi tous les visiteurs car l'eau sortant des 4 robinets est potable.
Nous quittons Godivelle et sa belle petite église du XIIeme siècle
Sans avoir compris, nous continuons notre route, longeons une plantation d'épicéas, puis traversons le Bois de la Garde pour en ressortir quelques minutes plus tard au milieu de tourbières de la Coualle Basse. Dans ce dédale de ruisseaux, de joncs et de sphaignes, nous empruntons des pontons et quand il n'y en a pas, c'est avec prudence que nous progressons en tentant de poser chacun de nos pas sur des bourrelets de tourbes ou de laîches pour éviter de nous embourber.
Le lac de Godivelle d'En-Haut
Vue sur le lac de Godivelle d'En-Haut et d'En-Bas depuis la Croix Janson 1.292m
Il est presque midi, Dany a très faim, mais dans ce milieu hostile, il est impossible de s'arrêter, d'autant qu'une forte brise s'est mise soudain à souffler.
Je regarde mon topo et constate que Godivelle n'est plus très loin. Dany ronchonne un peu mais nous n'avons pas trop le choix car il n'y a pas vraiment de " super coin " pour se poser. Encore un kilomètre et nous entrons dans le hameau. Pour avoir bien étudié le parcours, je sais qu'il y a deux lacs à visiter, un en bas et l'autre en haut et la Maison des Tourbières.
A l'entrée du village, la première route à gauche indique le lac de tourbières de Godivelle-d'En-Bas (1) qui s'inscrit dans une réserve naturelle nationale (2). Je n'ai pas envie de manquer ce beau petit " caillou bleu " et je m'y dirige alors que Dany a plutôt envie d'entrer dans le village pour trouver un banc ou un endroit pour pique-niquer. Elle marmonne encore un peu mais je la persuade de me suivre quand je lui dis qu'on trouvera bien un coin propice pour manger en bordure du lac.
Le temps de quelques photos et nous voilà enfin installer au bord du lac ou plutôt de l'étang à voir la flore qui y règne. Des prêles, des épilobes et quelques arbres, saules et bouleaux, qui ont commencés à coloniser les berges. Dans l'eau, il y a essentiellement des joncs. Pendant le repas, nous sommes surpris de ne pas être ennuyer par des insectes qu'on aurait pu croire très nombreux dans cet écosystème hydrophile. Avant de quitter les lieux, j'insiste pour prendre une belle photo de Dany assise sur les vestiges d'une barque à fond plat. Elle s'exécute pour me faire plaisir mais avec la trouille de passer à travers.
(1) Le lac de Godivelle d'En-Bas est un lac d'origine glaciaire de 15 hectares, de faible profondeur car n'excédant pas trois mètres. Il est situé à une altitude de 1.200 mètres sur la commune la plus haute du département (1.205m) et dans la Réserve Naturelle des Sagnes de la Godivelle. Il forme avec le lac de Saint-Alyre, une immense tourbière.
(2) La Réserve Naturelle Nationale de La Godivelle est gérée par le Parc naturel régional des Volcans d'Auvergne. D'une superficie de 24 ha, elle est composée de deux parties : la plus grande autour du lac-d'en-Bas, et la plus petite sur la tourbière de le Coualle Basse, à un kilomètre au nord du Lac. Les recensements naturalistes dénombrent actuellement plus de 1500 espèces faunistiques et floristiques, dont plus de 80 sont protégées du niveau régional à international. Certaines sont inscrites sur les Livres Rouges des espèces menacées au niveau régional à européen. La flore de la tourbière accueille par exemple telle le droséra à feuilles rondes, une plante carnivore, et la Ligulaire de Sibérie. Plusieurs espèces de papillons remarquables sont également présentes sur le site, tout comme des coléoptères, orthoptères, etc. De nombreux oiseaux migrateurs viennent y faire escale.
Paysages après Godivelle : Dieu qu'il est encore loin le Sancy ! semble dire Dany.
Nous repartons rapidement vers le village à la recherche d'une épicerie ou d'un bar car Dany a envie d'un bon café et moi d'un autre casse-croûte car un seul sandwich, c'est bien trop peu pour moi. Cette quête nous fait atterrir au gîte des Sagnes et nous fait oublier la Maison des Tourbières. Installés à la terrasse, le patron du gîte est intarissable quant il s'agit de décrire les beautés du Cézallier, de vanter les plaisirs de faire du ski ou des raquettes sur ces hauts plateaux volcaniques.
En bon commercial qu'il est, il argumente sur la qualité de ses prestations et finit par nous laisser sa carte. Quand nous le quittons, il a réussi à nous donner cette envie de revenir à une autre saison et quant on y pense :
Dieu que ces immenses étendues doivent être belles sous la neige ! Il parait qu'en hiver, on appelle cette région la Sibérie d'Auvergne !
Nous quittons notre compagnon hôtelier mais le village mérite qu'on s'y attarde car il y a une très belle église construite au XIIeme siècle et surtout la plus grande fontaine du département (3). Quelques photos et il est temps d'aller voir le lac de Godivelle-d'en-Haut (4). Le lac d'en-Haut n'est pas bien loin, une ou deux ruelles en lacets pour sortir du village puis un large sentier qui grimpe droit vers le nord sur deux cent mètres environ.
(3) La fontaine située sur la place de l'église est la plus large du département du Puy-de-Dôme. Sa création est attribuée à l'un des anciens maires de la commune. Celui-ci, au vu des difficultés d'abreuvage des bêtes durant l'hiver (qui devaient monter jusqu'au Lac-d'en-Haut), et des problèmes d'approvisionnement en eau pour la consommation publique et pour la lutte contre d'éventuels incendies, décida de faire bâtir cette fontaine, où près d'une trentaine de bêtes peuvent s'abreuver en même temps.
(4) Le lac d'En-Haut est un lac de cratère d'origine volcanique situé à 1 239 mètres d'altitude. Il n'est alimenté par aucun affluent et n'a pas d'émissaire permanent. Il a une forme circulaire et un diamètre de 300 mètres pour une superficie de 15 hectares. Il fait partie des lacs les plus oligotrophes d'Europe, c'est-à-dire que ses eaux sont très pauvres en éléments nutritifs et en matière organique. Il a une profondeur de 44 mètres et alimente le village en eau potable.
Alorrr….s la Marrr…ie, il est pas beau mon trrr..acteurrr…. ?
Quelques voitures et quelques camping-cars de touristes sont déjà là sur le parking. D'autres promeneurs comme nous sont surpris d'être bloqués devant une barrière qui interdit l'accès aux rives du lac. Je décide de poursuivre le sentier mais très rapidement, je m'aperçois que ce dernier s'écarte du lac et que je ne pourrai donc pas le photographier. Je compulse mon topo-guide et constate qu'il est possible depuis le sentier de monter à la croix de la Montagne Janson qui culmine au dessus du lac à 1.292 mètres et de découvrir ainsi un panorama sur les lacs, le village, les Monts du Cézallier et du Cantal. Encore faut-il pour cela enjamber les barbelés et passer outre les nombreuses pancartes qui interdisent l'accès au site à cause des terrains réservés aux estives.
Une fois encore, je gravis seul cette montagne pendant que Dany m'attend sur le G.R.30.
Quand cinq minutes plus tard, j'arrive à la croix, le décor à 360 degrés est fantastique. Juste en dessous, et comme une dégringolade de perspectives, il y a le cercle bleu-gris du lac d'en-Haut, puis un peu plus bas le village et sous le village le lac d'en-Bas où nous avons déjeuné. Tout autour, ce qui frappe c'est qu'il n' y a que du vert : quelques tourbières verdâtres, des chapelets de forêts émeraudes et surtout des pelouses, des plaines et des plateaux d'un vert intense. Seul le ciel tranche avec une voûte azurée vers le nord et des nuages laiteux qui filent vers le sud en laissant leurs colossales silhouettes sur les verdoyantes prairies.
A Espinchal, Dany lors d'un bain de pied rafraîchissant et sur le place du village
Lorsque je redescends Dany est assise sur l'herbe occupée à téléphoner pour donner des nouvelles à nos proches. Je profite de cette pause inopinée pour regarder dans le détail la carte et le topo-guide. Le constat est simple : il est 14 heures et nous avons accompli la moitié de l'étape. Quand nous redémarrons, je ne dis rien à Dany car je sais qu'elle est déjà un peu fatiguée mais j'insiste plus souvent pour qu'on marque des temps de repos. Les photos sont souvent un prétexte à des pauses imprévues. Outre, la distance qui reste à parcourir aujourd'hui, ce qui nous frappe, c'est l'éloignement que nous avons désormais avec le Sancy. A Chambon, nous avions la sensation de pouvoir le toucher et maintenant il nous apparaît quasiment inaccessible. Combien restent-ils de jours pour l'atteindre ou l'avoir à nos pieds ? Deux ou trois jours, pas plus !
Nous passons la Ferme de Gaine et avant d'arriver à Sandalouze, je provoque un arrêt dans un champ près d'un tracteur. Pendant quelques minutes, je mime un paysan et roule les " r " et par ces quelques photos amusantes, je contrains Dany à un repos indispensable à ses articulations :
- Alorrr….s la Marrr…ie, il est pas beau mon trrr..acteurrr…. ?
Nous éclatons de rire et nous roulons dans l'herbe comme deux gamins qui s'amusent de leurs propres bêtises. Et bien évidemment, si nous ne rencontrons jamais personne sur le chemin, c'est à ce moment-là, bien évidemment, que passe un groupe de randonneurs. Ils doivent nous prendre pour deux fous ! Mais sans doute, le sommes-nous un peu ! D'ailleurs deux fous en Auvergne, ça ne vous dit rien ? DES PUYS POUR DEUX FOUS bien sur !
Puis, toujours avec le fou rire, nous repartons vers un lot de hameaux qui se côtoient : Sandalouze, La Prunayre et Espinchal.
Avant La Prunayre, le sentier tourne à droite et nous entrons dans Espinchal. Là, nouvel arrêt au bord du ruisseau d'Espinchal où nos pieds ressuscitent dans l'eau fraîche et revigorante de ce torrent de montagnes.
Dany entre Espinchal et Egliseneuve, fatiguée mais toujours courageuse !
Après les pieds, nous rafraîchissons notre gosier par un " Gros Magnum " acheté au bistrot du coin et nous repartons à travers un village endormi. Il y a bien des camions de forains sur la grande place, mais la vie semble soudain s'être arrêtée. Tout est resté en plan, comme si un événement les avait surpris pendant leur travail. Il est 15h30 et l'événement, c'est inévitablement la sieste ! Ici rien ne semble impérieux. Tout comme notre allure qui est une longue flânerie et qui semble déteindre sur cette apathie ambiante.
Après quelques courtes hésitations, nous retrouvons les traces rouges et blanches dans une venelle qui file vers le nord-ouest puis se transforme en un large chemin bordé d'arbres qui grimpe au milieu des près. Le chemin rétrécit et la trace du G.R.30 sur l'herbe des près n'est plus très visible. Heureusement, elle suit des clôtures sur notre gauche et des gros blocs de pierres en terrasses sur notre droite. Malgré le bon dénivelé, ce chemin élastique reste agréable à parcourir sauf pour Dany, qui au bout d'un kilomètre éprouve le besoin de souffler. Couchée sur l'herbe, elle fait un peu de gym et lève les jambes pour une meilleure circulation sanguine. Elle m'incite à faire de même, mais j'avoue que regarder le paysage avec la tête à l'envers, ce n'est pas l'idéal. La tête en bas, elle se met à tourner et j'ai l'impression que les arbres, les près et les voitures qui filent sur la départementale vont tomber dans un immense lac bleuté. Quand je me relève, j'ai l'étrange sensation que moi aussi j'allais tomber dans le ciel.
Après Espinchal, Dany fait des mouvements de relaxation.
J'ai bien fait de me redresser car deux vététistes descendent vers nous à " fond la caisse ". Quant ils passent tout près des nous, ils ralentissent et j'ai juste le temps de les reconnaître. On se salue. C'est bien les deux cyclistes que nous avons croiser à la Montagne de Barbe Sèche ce matin.
Nous arrivons au carrefour de la Croix-du-Marquis, continuons à gauche puis nous enjambons le ruisseau de Riochaux et remontons en face le bon dénivelé. Le G.R.30 tourne à angle droit au milieu de grosses pierres puis il file vers Redondel dont il coupe le hameau constituait d'authentiques fermes auvergnates. Après quelques mètres sur un portion carrossable, le sentier devient boueux, côtoie quelques tourbières puis monte en direction de le " La Cime des Près ", une grande ferme que l'on aperçoit de loin mais qu'on n'atteint jamais. Puis sur des plateaux ondulés, le chemin paraît vouloir s'égarer dans des pelouses rases.
A notre arrivée au lac d'Entraigues
Il finit par rejoindre le tarmac au lieu-dit La Clide, qu'il délaisse aussitôt pour un chemin plus boisé au lieu-dit Les Angles. Là encore, le chemin part en angle droit et longe vers le nord une épaisse forêt de feuillus. Sur ce secteur, nous sommes tout un groupe de randonneurs et c'est un enfant qui fait office de guide en marchant devant nous.
On s'aide mutuellement à franchir les nombreuses clôtures qui barrent le chemin puis on arrive enfin sur une passerelle au dessus de la cascade d'Entraigues. La passerelle prend pied au bord d'un étang et c'est ici réellement qu'on se retrouve nez à nez avec une grouillante population. Il règne à ce carrefour une activité intense, alimentée il est vrai pour un immense camping tout proche. Des pêcheurs, des campeurs, des promeneurs, des enfants et leurs mères, des randonneurs. Tout ce petit monde grouille autour de l'étang et de la cascade.
Le temps de demander notre chemin et nous ne tardons pas à partir de ce coin fourmillant. Nous franchissons la Clamouze puis empruntons la D.978 sur plus d'un kilomètre. Il est 18h30 quand nous entrons dans le village aux toits ardoisés d'Egliseneuve d'Entraigues.
Dany devant l'église Saint-Austremoine d'Egliseneuve d'Entraigues
L'hôtel-restaurant d'Entraigues.
Nous trouvons aisément l'hôtel d'Entraigues où nous prenons nos quartiers. Ensuite comme nous le faisons toujours, malgré les kilomètres parcourus, nous partons visiter le bourg. Comme souvent, la vie s'est organisée autour de l'église. Elle s'appelle Saint-Austremoine. Il y a bien en ce moment une exposition de peintures mais il est tard et l'église est fermée. Nous en faisons le tour et partons voir les quelques commerces. Pour changer l'ordinaire, nous commandons un poulet rôti et des chips au traiteur du coin pour le pique-nique du lendemain.
L'heure de réintégrer l'hôtel pour le souper est arrivée. La cuisine de l'hôtel d'Entraigues est à la hauteur. Un excellent tripoux aux lentilles blondes de Saint-Flour pour Dany et un aligot parfaitement au point et des saucisses de pays pour moi, le tout accompagné d'un excellent Corent gris. Et comme cerise sur le gâteau, un air d'accordéon et le chant harmonieux du patron. Malgré cette agréable fin de journée, nos organismes réclament du repos. D'ailleurs, nos paupières sentent bien ce besoin, elles qui n'hésitent pas à vouloir se fermer pendant le dessert.
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Par gibirando dans TPF2 - Comme les cailloux du Petit Poucet ou 7j sur le G.R.30 le 23 Janvier 2017 à 13:40
Le fou est celui qui parle aux arbres et aux cailloux. Le poète est celui qui leur répond. (Patrick Sébastien-Chanteur-1953)
Samedi 5 août 2006
Egliseneuve-d'Entraigues (955m) - St-Genès-Champespe (1.014m) 21 Kms.
(La plupart des photos peuvent être agrandies en cliquant dessus. Certains liens vers d'autres sites étant anciens peuvent ne plus fonctionner)
Ce matin, je n'ai pas besoin de me lever du lit pour connaître la météo car du bout de pied j'écarte le voilage et le ciel d'Egliseneuve apparaît. Le jour n'est pas complètement levé et le soleil, qui pointe le bout de ses rayons, colorie les nuages d'une couleur orange pastel.
Egliseneuve d'Entraigues s'éloigne. Les rayons du soleil font miroiter les ardoises éblouissantes des toits du village.
Les branches des noisetiers esquissent des fenêtres sur les Monts embrumés du Cézallier.
Après une nuit de sommeil, agitée par nos douleurs respectives, musculaires pour moi et articulaires en sus pour Dany, la douche et le petit déjeuner finissent de nous remettre sur pieds pour cette nouvelle longue étape qui s'annonce. Vingt et un kilométres sont au programme pour atteindre Saint-Genès-Champespe.
Nous récupérons notre poulet et nos chips chez le boucher puis avons un mal fou à sortir du village et à récupérer le balisage du G.R.30.
Les traces rouges et blanches une fois retrouvées sont maintenant communes avec le G.R.4. D'emblée, le G.R.30 monte dans un bois de feuillus au milieu des pacages, et c'est en compagnie de deux jeunes filles d'origine asiatique que nous escaladons les premières rampes. Après une sérieuse grimpette en sous-bois, nous arrivons sur une plate-forme d'où l'on distingue Egliseneuve d'Entraigues dans le creux du vallon. Les faibles rayons du soleil font miroiter les ardoises éblouissantes des toits du village. La pente se stabilise, devient faux plat et nous arrivons enfin sur un plateau agraire. Le sentier file vers la Ferme d'Auger à travers de petits chênes-lièges et des noisetiers dont les branches de temps en autre esquissent comme des fenêtres sur les Monts du Cézallier. Le G.R.4 quitte le G.R.30, puis à l'approche du hameau Les Aveix, le chemin devient plus tortueux, presque impraticable car fortement raviné. Un vrai " tort-chevilles " crotté de bouses de vaches et boueux à l'extrême. Sur plusieurs centaines de mètres, c'est presque un parcours du combattant. Puis le sentier, bordé de hêtres noueux, redevient plus plaisant. Sur la droite, il surplombe Les Aveix et sa carrière de basalte, sur la gauche d'interminables marécages. Puis aux abords de l'Esclauze dont on aperçoit au loin le lac et le village, au lieu-dit les Chirouzes, le G.R.30 descend dans une cuvette occupée par des marais. Une fois de plus, j'hésite à aller voir le lac de l'Esclauze qui se trouve à dix minutes de marche selon le topo-guide. Dany n'a pas trop envie et à choisir, elle préfère s'arrêter pour grignoter un peu. Entre deux zones humides, sur un monticule rocheux, nous stoppons pour manger un peu. Il est 11 heures et les deux jeunes filles, qui marchent au même rythme que nous, font de même.
Nous traversons le ruisseau de Gabacut puis Dany observe avec tristesse un petit veau qui boite bas et qui est embourbé dans la tourbière.
Après cette collation, le chemin descend en pente douce jusqu'au ruisseau de Gabacut que nous franchissons sur des poteaux de béton en guise de passerelle.
Il est si difficile de retrouver les marques du G.R. dans ce labyrinthe d'eau et d'herbe que je décide de partir à droite de la prairie pour suivre des clôtures. Au bout de moment, force est de constater qu'il n'y a plus aucune trace et je consulte le topo-guide. Nous n'avons pas de chance car le topo indique de suivre la rive du Gabacut qui, elle, se trouve à gauche de la prairie. Nous coupons ce pâturage marécageux dans sa largeur en faisant très attention aux nombreuses fondrières remplies d'eau et de boue. Tant bien que mal, et surtout sans trop nous enliser, nous finissons par traverser mais un petit veau a un moins de chance que nous. Il est là, bloqué, boitant bas, au milieu de la tourbière. Il a toutes les peines de monde à sortir de ce bourbier sur les trois pattes valides qu'il lui reste. Dany est dans tous ses états et se morfond quant au devenir du petit animal. Mais que faire, nous ne pouvons pas l'aider et encore moins le sortir de ce piège gluant. Pour lui, un seul espoir : trouver enfin un terrain sec pour pouvoir rejoindre sa mère et ses congénères que l'on aperçoit sur une butte pas très éloignée. Mais malheureusement, s'il a une patte cassée, comme je le crains, il y a de forte chance qu'il finisse très rapidement en escalopes ou en paupiettes. Quand on regarde ses grands yeux pleins d'angoisse et de tristesse, nous sommes accablés à l'idée de cette triste perspective.
Beaucoup de gros et beaux champignons dans le Bois de Tenezeyre.
Dans le Bois de Tenezeyre puis sur un pont enjambant le ruisseau de Taurons.
Contraints, nous le laissons à son sinistre destin avec l'idée de prévenir un paysan si nous en rencontrons un dans les parages. Puis nous sortons du marécage en longeant un gros muret de pierres sèches, coupons une première route puis une deuxième, la D.88, juste après les fermes de Lamadeuf. Malheureusement, pour " notre petit veau ", nous ne croisons personne susceptible de lui venir en aide, même les fermes semblent désertées. Nous laissons sur la gauche le hameau de Chabrol avec son petit lac qui est une retenue artificielle et nous poursuivons tout droit en direction du Bois de Tenezeyre. Nous longeons longuement le ruisseau de Taurons puis rapidement on s'enfonce dans un bois touffu où le sentier se glisse au milieu de belles fougères et d'épaisses mousses transpercées de temps à autres par d'énormes champignons. Les myrtilles, par endroit, nombreuses dans ce secteur arrivent à ralentir notre rythme.
Sur le rivage du lac de Taurons
Après la pause déjeuner, nous repartons plus légers, le poulet et le gros de nos vivres ayant disparu de nos sacs, nous coupons le ruisseau sur un petit pont de bois en direction du Bois de Monge. Nous longeons un pré, puis suivons à nouveau le ruisseau sur sa rive droite jusqu'au lac du Taurons (1) que nous ne tardons pas à atteindre. Nous dérangeons quelques canards qui sommeillent la tête blottie dans leurs ailes au milieu des nénuphars et quelques grenouilles effrayées qui se jettent à l'eau à notre approche. Le temps de figer sur la pellicule ce lac sombre bordés de feuillus puis nous partons vers le nord en trottinant sur les berges.
(1) Le lac du Taurons est une retenue semi-artificielle de 20 ha qui fait partie des quatre lacs de l'Artense (Lastioulles, Crégut, Tact). Cette retenue est réalisée par un barrage hydroélectrique. A l'origine ces lacs étaient moins profonds et moins étendus avant qu'EDF ne les équipe pour produire de l'électricité.
Nous longeons solitaires les rives du lac de Taurons vers le lac de Crégut
Après avoir contourner l'extrémité du lac, nous coupons le bois par un chemin empierré pour atteindre le lac de la Crégut (2). Nous continuons par les berges à la lisière du Bois des Gardes, avec des hêtres parfois insolites, aux branches étranges, dignes de la Forêt de Brocéliande ou sortis tout droit d'un dessin animé de Walt Disney. Nous traversons la D.30 puis toujours en direction du nord, nous poursuivons au bord du plan d'eau sur plus d'un kilomètre. Malgré la fatigue, cette marche à l'orée des bois sur le pourtour des lacs est particulièrement plaisante, aussi nous lambinons comme jamais et oublions le temps qui passe. Une fois de plus, nous ne rencontrons personne et c'est dans un silence quasi religieux que nous progressons. Les seuls bruits sont ceux du froissement de nos godillots sur les tapis de feuilles, les bruissements et les bourdonnements de quelques insectes d'eau, les chants mélodieux de petits passereaux qu'on a du mal à apercevoir dans cette flore exubérante et plus rarement les " coins-coins " de quelques canetons que notre présence semble contrarier. Avec ses bosquets sombres, ses près verdoyants qui descendent en pente douce jusqu'aux berges, le grand lac de la Crégut est très beau en cette après-midi ouatée. Sur l'eau, les nénuphars parés de leurs fleurs blanches au milieu des reflets du ciel ressemblent à des tableaux de Claude Monet.
(2) Le Lac de la Crégut est un lac de surcreusement glaciaire d'une superficie de 36 ha et profond de 26 m. Il est alimenté par d'importantes sources sous lacustres. Seul lac d'origine glaciaire d'Auvergne a ne pas être envahi par une tourbière. Il a été transformé par l'homme en un barrage artificiel. En effet, sa profondeur et ses berges escarpées à beine étroite permettent à la végétation de s'implanter seulement sur une bande étroite du pourtour. On y trouve cependant des plantes flottantes tels les nénuphars. Ce lac permet le transfert des ruisseaux de l'Eau Verte et de La Tarentaine qui alimentent la retenue de Lastioulles.
Nous quittons le lac de Taurons par le bois de Garde aux arbres parfois étranges.
Nous quittons les rives du lac de la Crégut et entrons plus profondément dans la forêt par un chemin qui grimpe en côtoyant la rive droite d'un petit ruisseau. Nous atteignons un chemin d'exploitation forestier qui descend dans un sous-bois et débouche au bord du lac du Tact (3). Nous longeons le rivage, croisons quelques pêcheurs et nous arrêtons pour une belle photo au passage du déversoir. Plus loin, sur le versant Est du lac, nous stoppons quelques minutes pour un répit devenu indispensable.
(3) Le lac du Tact est une cuvette glaciaire würmienne qui a été aménagée en une retenue artificielle par un barrage EDF. Le lac a une superficie de 15 hectares pour une profondeur maximale de 8 mètres. En plus de son cours d'eau affluent, le lac est alimenté artificiellement par une prise d'eau du ruisseau de l'Eau Verte.
Le lac de la Crégut
Avant d'arriver à l'extrémité Nord du plan d'eau, le G.R.30 par en épingle à cheveux et coupe vers l'Est dans toute sa largeur le touffu Bois des Gardes. Après un bon dénivelé, nous traversons le hameau de Laspialade où j'ai juste le temps de prendre en photo, quelques hirondelles dans un ciel bleu soudain purgé de tout nuage. Il y a bien un autre petit lac à une heure aller et retour, le lac de Laspialade, mais Dany est si exténuée par les kilomètres que je n'envisage pas une seconde d'aller voir ce " petit caillou bleu " supplémentaire. Le topo-guide dit qu'il est un petit lac de surcreusement glaciaire de 5 ha et de 12 mètres de profondeur ceinturé par des tourbières aux tremblants très développés. Ses eaux très froides nourrissent des truites que l'on dit immangeables à cause du goût résineux de leur chair.
Nous prenons le temps d'observer la nature et les nénuphars du lac de la Crégut
Mais aujourd'hui, nous avons eu notre compte de lacs et il nous tarde d'arriver à la fin de l'étape. Malheureusement, nous ne sommes pas au dénouement de notre parcours car de Laspialade à Saint-Genès-Champespe, il y a environ deux kilomètres et demi à parcourir. En plus sur cette portion, le G.R. se hisse doucement mais sans cesse, d'abord dans un chemin creux, puis à travers une hêtraie bordée de murettes élevées qui arrivent à la ferme des Vergniauds. De cet endroit, on peut enfin soupirer, car on aperçoit les premières maisons et la flèche du clocher de l'église de Saint-Genès-Champespe. Il est exactement 19 heures tapantes quand nous entrons dans le joli hameau. Au centre du village, aucune indication quant à l'hôtel du Midi et quand nous partons à gauche en direction de la belle église, c'est tout à fait par chance que nous tombons sur l'établissement qui doit nous accueillir.
Devant le déversoir du lac de Tact.
Nous quittons le lac de Tact en direction du hameau de Laspialade
Nous retrouvons les deux jeunes filles qui sont entrain de siroter un apéritif sur la terrasse ensoleillée. Sur la fin du parcours, comme nous flânions tout le temps, nos compagnes de voyage nous ont distancées sans aucune peine. L'auberge est surprenante car elle fait hôtel, bar, restaurant, boulangerie, pâtisserie et épicerie. Quant on est à l'extérieur devant les façades, on a l'impression d'être devant des boutiques différentes mais une fois à l'intérieur on comprend très vite qu'il s'agit d'un seul et unique commerce. La charmante et agréable patronne passe de la salle du restaurant au bar, du bar à la boulangerie et de la boulangerie à l'épicerie et vous reçoit toujours avec le même sourire. Seul inconvénient, à la fin, on a une seule note qui paraît un peu plus salée.
Mais il n'y a rien à redire à l'Hôtel du Midi, notre chambre sous les toits est simple mais confortable, le repas avec du veau et des haricots verts puis un grand plateau de fromages d'Auvergne n'est pas sophistiqué mais bon et très copieux.
Ce soir, nous n'avons pas vraiment visité le village. Faut dire qu'il n'y a pas grand-chose à voir. L'église jouxte l'hôtel et c'est très bien ainsi car nous n'avions pas vraiment envie de marcher. Le bar et la terrasse de l'hôtel semblent concentrer et capter l'essentiel des attentions et intérêts des villageois. Tout le monde se retrouve là et c'est un va et vient incessant. Non, les clients de l'hôtel ne nous dérangent pas.
A Laspialade, quelques hirondelles dans un ciel bleu soudain purgé de tout nuage
Fatiguée, Dany apprécie notre arrivée à Saint-Genès-Champespe
D'ailleurs et contrairement aux " Diablaires ", le lieu est plutôt calme, mais la randonnée tire à sa fin et après six jours de marche, les organismes demandent à souffler. Aussi, dès le souper terminé, nous gagnons la chambre et nous terminons cette longue journée par un peu de lecture et l'étude de l'étape de demain. Demain sera encore un autre jour de randonnée….Qui sait peut-être le dernier ou bien l'avant dernier ? Tout dépendra de nos organismes. On verra ! En tout cas, sur le G.R.30 il ne reste à découvrir que deux " petits cailloux bleus ". Et ça c'est bien demain ! Le lac Landie et le lac Chauvet, ils se nomment !
L'église de Saint-Genès-Champespe est dédiée à Saint-Sébastien.
Dany devant l'hôtel-restaurant-épicerie-boulangerie de St-Genès-Champespe
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Par gibirando dans TPF2 - Comme les cailloux du Petit Poucet ou 7j sur le G.R.30 le 22 Janvier 2017 à 13:42
Le vrai voyageur ne doit avoir aucun objectif. (Gao Xingjian - Ecrivain français d'origine chinoise-1940-Prix Nobel de littérature 2000)
Dimanche 6 août 2006
Saint-Genès-Champespe (1.014m) - Picherande (1.134 m) 22 Kms.
(La plupart des photos peuvent être agrandies en cliquant dessus. Certains liens vers d'autres sites étant anciens peuvent ne plus fonctionner)
Au départ de La Cassière, Dany était une belle fée Viviane, pleine de fraîcheur et d'enthousiasme, mais au fil des étapes, elle se transforme en " vieille sorcière " voûtée par ses douleurs articulaires et impatiente d'en terminer avec ce " sacré " G.R.30. Bien entendu, j'exagère, mais ses réveils sont plus pénibles qu'au début du parcours et quant elle se lève, la Belle au Bois Dormant, qui sommeille à côté de moi, a toutes les peines du monde à poser les pieds par terre. Ses hanches la font terriblement souffrir, même si avec des anti-inflammatoires et quelques kilomètres d'échauffement, cela va ensuite un peu mieux. De mon côté, j'étais jusqu'à présent Lancelot du Lac mais la fatigue aidant, je ne suis plus l'intrépide chevalier qui sillonne les chemins. J'ai plutôt l'impression de devenir un Petit Poucet qui retrouvent ses repères mais dont les poches seraient encore pleines de gros cailloux qu'il aurait oublié de semer.
En partant de Saint-Genès-Champespe, l'itinéraire nous a mené au lac de La Landie.
Panorama sur le lac de la Landie, mondialement connu des pêcheurs de salmonidés
Aujourd'hui, je suis surtout anxieux pour Dany car je redoute cette étape longue de 22 kilomètres qui doit nous mener à Picherande. Je sais que l'état, dans lequel elle finira ce soir, conditionnera la dernière étape que j'ai prévue demain entre Picherande et Mont-Dore. Une étape très redoutable avec encore 24 kilomètres et un violent dénivelé de 900 mètres jusqu'au Pic du Sancy.
Ce matin, nous avons profité longuement du petit déjeuner et des facilités offertes par l'hôtel du Midi pour se ravitailler à l'épicerie et la boulangerie tenues par la charmante aubergiste.
Quant au départ, il est vraiment sans difficulté. En sortant de l'hôtel, il suffit de traverser une large placette en guise de carrefour, de jeter un coup d'œil sur les petits panneaux indicateurs et de prendre la D.614 qui se dirige vers le village de Broussoux distant de deux kilomètres. Mais après ses deux premiers kilomètres pénibles sur la chaussée, nous n'en avons pas fini avec le bitume puisque le sentier zigzague sur une autre route goudronnée jusqu'au hameau le Lac. Là, nous quittons enfin l'asphalte par un chemin de remembrement qui longe et contourne le lac de La Landie (1).
Le sentier se hisse doucement et traverse des champs emplis de fleurs sauvages multicolores. Puis toujours sur les crêtes qui dominent la vallée de l'Eau Verte, la sente se faufile dans des petits sous-bois, véritables corridors végétaux. Quant on y entre, les rayons du soleil s'infiltrent à travers les ramures et on a l'impression de marcher dans une gigantesque spirale transpercée de flèches illuminées. C'est comme si nous cheminions dans une longue corne d'abondance, mais une corne remplie d'ombres et de lumières, d'herbes, de fleurs et de feuilles.
Puis nous sortons de cet immense colimaçon végétal et retrouvons les sempiternels murets de pierres sèches et les clôtures qu'il suffit de longer ou parfois d'enjamber.
(1) Au coeur du Parc naturel des volcans, à 1035 m d'altitude, le Lac de la Landie est né de l'action successive des volcans et des glaciers. C'est un lac de surcreusement glaciaire d'une superficie de 36ha et d'une profondeur de 20m, sur un site exceptionnel, préservé des atteintes de la civilisation : sur son périmètre de 2km, aucune route, aucun pylône, le Lac de la Landie est naturellement parfait pour les salmonidés et leur pêche. Il est mondialement connu par les grands spécialistes de la pêche aux salmonidés. Outre les truites fario autochtones dont le record est de 9kg, les eaux du lac abritent depuis 1991 une forte population de truites arc en ciel (souches de Steelhead, Kamloops, Jumper) et d'autres poissons de grand sport comme le Bröding (hybride du saumon de fontaine et de l'omble chevalier). Une reproduction naturelle de ces salmonidés, exceptionnelle dans les lacs de France, est observée tous les ans depuis 1992. La maille a été maintenue depuis l'origine à 50 cm et de nombreuses captures de 3 à 8kg sont réalisées chaque année. Les installations ont été pensées par et pour des pêcheurs à la mouche, le port abrite 12 bateaux munis de moteurs électriques silencieux et non polluants, plusieurs pontons permettent les lancers du bord.....
Nous cheminons dans une corne d'abondance végétale remplie d'ombres et de lumières.
De ces crêtes, nous apercevons Picherande, tout proche, de l'autre côté du vallon. Jamais, nous pourrions croire que pour atteindre le bourg, il va nous falloir accomplir encore vingt kilomètres. Le massif du Sancy, lui aussi, semble bien près avec son panache de nuages de pluie. De nos perchoirs que représentent ces points de vue sur le G.R.30, il parait moins haut, plus ramassé et c'est comme un signe d'encouragement à l'étape qui nous attend demain. Vers 11 heures, juste avant le hameau de La Renonfeyre, nous éprouvons le besoin de souffler. Nous stoppons pour manger une ou deux barres de céréales et des fruits quant arrivent " nos deux jolies randonneuses aux yeux bridés ". Nous échangeons quelques amabilités et conversons sur nos destinations respectives.
Les sempiternels murets de pierres sèches qu'il faut suivre ou parfois enjamber.
Elles vont à Super-Besse et terminerons là leur périple en Auvergne pour repartir en région parisienne. Elles repartent devant nous et prennent un peu de distance. De nôtre côté, nous continuons à lambiner, traversons La Renonfeyre sur le bitume de la D.128 que nous ne tardons pas à quitter par la droite par un large chemin qui côtoie un petit bois de feuillus.
Peu après, nous arrivons à un petit carrefour qui laisse le hameau de La Chaux sur la gauche, les panneaux routiers de signalisation indiquent le village de Picherande, arrivée de notre étape à 3,5 kilomètres. Nous sommes sidérés car le topo-guide donne 21 kilomètres pour l'étape d'aujourd'hui. Or, selon mes calculs, nous en avons accompli 7 ou 8 ce qui fait un reliquat à accomplir de 13 à 14. J'en fais part à Dany qui tergiverse longuement à tronquer notre itinéraire par cet énorme raccourci. Seuls, le fait de me laisser poursuivre en solo et peut-être sa crainte de se perdre la font continuer. Heureusement le portable sonne et cette diversion lui fait oublier ses épreuves. Quant elle a ses enfants au bout du fil, le plaisir est tel qu'elle ne pense plus à rien ou du moins elle ne pense qu'à une chose : leur faire partager sa passion et le bonheur qu'elle vit sur les chemins. En général, c'est comme ça, même si aujourd'hui il est indispensable d'y mettre un bémol.
C'est Jérôme au bout du fil et le téléphone dure plus longtemps qu'à l'accoutumé, aussi quand nous repartons il est déjà 12 h30 et l'heure du déjeuner a sonné dans mon estomac affamé. Nous retrouvons nos jeunes amies parisiennes entrain de grignoter, affalées dans l'herbe tendre d'un pré. Sans tarder, nous aussi, nous stoppons sur l'herbe pour manger juste en face la splendide forêt de Montbert. Ici, sur ce tronçon d'un P.R. commun avec le G.R.30 les randonneurs sont plus nombreux. Il est vrai que ce chemin file directement au magnifique Lac Chauvet (2) où nous atterrissons sur la rive vers 13h30.
Là, grosse hésitation. Je ne veux pas recommencer la même erreur qu'au Lac de Montcineyre, où nous n'avions pas longé le lac car je n'avais pas jugé utile de compulser mes plans et le topo-guide.
(2) Le Lac Chauvet est un lac de cratère d'une superficie de 54 ha que l'on appelle maar. Il est situé à une altitude de 1.162 m. De forme presque parfaitement circulaire, il mesure environ 600m de diamètre et 86 m de profondeur. Il s'est formé il y a environ 150 000 ans et le relief autour s'est érodé au cours du temps d'où son nom signifiant " lieu chauve ". Il est néanmoins bordé sur la moitié de sa circonférence par la très belle forêt de Montbert. Pour la petite histoire, le Lac Chauvet est connu des Ufologues (spécialistes des observations d'Ovnis), car le 18 juillet 1952 vers 18h, un curieux objet a été photographié dans le ciel au dessus du lac Chauvet par un ingénieur géologue : André Frégnale. Ces photos ne sont apparemment pas truquées et leur auteur longtemps sceptique peut être considéré comme quelqu'un de sérieux.
En direction du lac Chauvet, le pic de Sancy apparaît sous un panache de nuages.
Cette fois, je regarde la carte, lis le topo-guide et décide, sans aucune hésitation, de faire le tour du lac même si l'ouvrage édité par la FFRP (Fédération Française de Randonnée Pédestre) indique un autre chemin. Je n'hésite pas, car les cartes, elles, proposent le tour du lac, ce qui permet d'éviter sur deux kilomètres, l'asphalte de la D.203 jusqu'au Pont de Clamouze. Mais là, commettons-nous une nouvelle erreur ? Toujours est-il que le chemin se hisse dans la forêt de Montbert bien au dessus des berges et qu'une fois de plus, nous n'avons aucune vision du superbe lac. La sente en fait le tour à travers l'épaisse forêt dont les arbres ne laissent rien filtrer. Il y a quand même sur certains arbres quelques vieilles traces de peinture rouges et blanches mais il s'agit probablement du G.R.4 qui file vers Egliseneuve-d'Entraigues. Ce n'est qu'à l'extrémité opposée à la sortie de ce bois que nous devinons le lac sur notre gauche. Y avait-il un autre chemin qui côtoyait les berges ? Nous ne le saurons jamais ! Ce G.R. débouche sur une combe puis part tout droit vers le Sud en direction d'une clôture qu'il nous faut escalader par un très haut escabeau. Nouvelle grosse hésitation, car selon le plan, il faut contourner le lac au trois quart et ce chemin part à l'opposé sans jamais y revenir. Une nouvelle fois, je compulse la carte. J'observe aussi la topographie du terrain et tous les éléments qui y figurent ; routes, chemins, montagnes, maisons, etc.….
Pas de doute, il faut repartir vers le lac, le longer plein Nord, prendre le large sentier que j'aperçois dans le vallon depuis mon escabeau et atteindre la D.203. Pour ne pas m'égarer plus qu'il ne le faut, je sors cette fois mon GPS et mes plans Cartonav sur lesquels j'ai mentionné quelques " waypoints ". Au bout d'un moment, je n'ai plus que des certitudes, nous sommes pile-poil sur un " waypoint " même si toute indication de G.R. a disparu.
En arrivant au rivage du lac Chauvet, nous hésitons sur le chemin à prendre
Après quelques zigzags dans une minuscule zone humide, Dany finit par apercevoir une " ancestrale " marque rouge et blanche sur un poteau qui indique bien le chemin que nous convoitions depuis notre promontoire de bois. Plus de doute, nous avons retrouvé notre G.R. et je me promets, dès mon retour à la maison, de prévenir la FFRP pour leur signaler ces anormales difficultés. A cet endroit, le chemin se hisse dans des pacages aux formes arrondies au sommet desquels le lac Chauvet se dévoile dans tout son apparat. Nous stoppons quelques minutes dans un pré, à la fois pour un peu de repos et pour nous restaurer, puis nous repartons sur un large chemin qui aboutit sur la D.203. Mais pour Dany et moi, c'est au pas de course que nous atteignons cette route, pourchassés que nous sommes par quelques Salers aux cornes effrayantes. Pourquoi, nous coursent-elles ?
Est-ce la polaire orange de Dany ou bien les avons-nous approchés de trop près ? En tout cas, il est hors de question de vouloir jouer aux toreros, surtout qu'un simple fil de fer les sépare de notre postérieur ! A proximité du Pont de Clamouze, petit lieu-dit composé d'une ferme que nous apercevons un peu plus loin, nous traversons le D.203 et prenons immédiatement sur la droite car maintenant les marques du G.R.30 sont à nouveau bien présentes et très nettes.
Le lac Chauvet avec au fond la forêt de Montbert
Le chemin part plein Nord en direction du Sancy, puis tourne vers l'Est et se faufile à travers de grandes tourbières. Il y a deux jours seulement, le Sancy et les Monts-Dore nous semblaient inaccessibles, aujourd'hui, ils sont là, et se révèlent quasiment à nos pieds. Nous longeons les Bois de la Barthe où les promeneurs sont très nombreux sur ce chemin ondulé rempli d'épilobes. Il est vrai qu'une très belle cascade alimentée par le ruisseau de Neuffonds se découvre dans un magnifique cadre de verdure : c'est la Cascade de la Barthe que contemplent déjà de nombreux badauds. Nous stoppons nous aussi pour quelques photos rafraîchissantes puis nous repartons par une étroite sente qui descend dans un bois et finit sa course dans un large vallon verdoyant où paissent des vaches chamarrées. Un agréable torrent chante au milieu de ce charmant vallon. Le cadre est si idyllique et si reposant, que je pose mon sac à terre, le vide de mes derniers aliments et compose avec les restes, un tout dernier sandwich. Je n'ai pas vraiment faim et ce sandwich est pour moi un simple prétexte à un bref instant de contemplation dans cette étape dont je commence à comprendre qu'elle sera certainement la dernière. Fatiguée par les kilomètres, Dany paraît à la fois surprise et agacée de me voir à nouveau m'arrêter. Elle continue et je la vois s'éloigner et disparaître dans ce dernier vallon " paradisiaque ". Ce n'est pas dans ses habitudes d'être énervée et de speeder ainsi lorsque je m'arrête. Je comprends, mais peut-être un peu tard, qu'elle ne peut plus supporter et cacher la souffrance qu'elle endure depuis plusieurs jours. Elle languis d'arriver. Je culpabilise de l'avoir entraîné dans ce périple trop difficile pour elle et maintenant je cours pour la rattraper tout en me promettant qu'il n'y aura pas d'autre étape demain !
En quittant le lac Chauvet, on se rapproche du massif du Sancy
Au Bois de La Barthe, vue sur les contreforts du Sancy.
La belle et rafraîchissante cascade de La Barthe. Elle donne envie de s'y précipiter mais son accès est trop difficile.
Dany admire la cascade de La Barthe.
Un large vallon verdoyant où paissent des vaches chamarrées.
Ribeyrette, Collanges, Ravel, les minuscules hameaux se succèdent et nous ne voyons jamais ni " le bout du chemin " ni Picherande. Et pour couronner le tout, après Ravel, le G.R.30 grimpe vigoureusement et se perd dans le Bois de Gayme. Les traces du G.R. disparaissent au milieu des arbres et des branchages cassés. On a l'impression de marcher dans une forêt qui aurait été dévastée par un cyclone. Le terrain est horriblement difficile, comme si des bulldozers avaient tout broyés sur leurs passages et je sens bien que Dany est " au bout du rouleau " à force d'enjamber ces troncs d'arbres et ces branches qui parsèment le sol. Nous finissons par retrouver les " miraculeuses " et convoitées marques rouges et blanches et débouchons enfin sur un large sentier forestier. Sans contestation, cette piste file vers Picherande car elle est indiquée sur d'explicites panneaux comme un parcours sportif. En effet, nous arrivons sur une route asphaltée près d'un vaste camping et maintenant les premières toitures de Picherande apparaissent ; celles d'un village de vacances d'abord, puis celles de l'église. Cinq minutes plus tard, nous entrons dans l'accueillant village et sommes reçus magnifiquement par une resplendissante et alerte grand-mère au chaleureux Central Hôtel.
Fatiguée par les longues distances et flinguée par ses douleurs articulaires, Dany s'éloigne et disparaît dans ce dernier vallon " paradisiaque ".
Pendant qu'elle nous amène dans une remise pour que l'on se déchausse de nos godillots tout crottés, comme je me l'étais promis, au fil des derniers kilomètres, la première chose que je lui demande est :
- Sera-t-il possible d'avoir un taxi demain matin pour nous amener à La Cassière ? Dany ne dit rien et je comprends qu'elle est heureuse de cette décision.
- La mémé : " c'est envisageable, je vais voir ce que je peux faire ?
Je l'entends héler une autre personne qui semble plus jeune.
- Par hasard, ton beau-frère, il ne serait pas disponible demain pour amener ces personnes à La Cassière ?
- Je les accompagne à la chambre et je l'appelle aussitôt après ! réponds la jeune femme.
Dix minutes plus tard, elle revient et dit :
- Pas de problème, mon beau-frère viendra vous chercher demain matin à neuf heures devant l'hôtel ! Il prend 60 euros, rajoute-t-elle.
- Parfait, nous serons prêts.
En prononçant ces mots, je prends brusquement conscience que notre voyage vient de se terminer. Habituellement je suis à la fois heureux d'avoir réussi un challenge et triste d'en avoir terminé. Mais cette fois, j'ai un vague sentiment d'inachevé, j'ai l'impression d'avoir raté un défi. A ma tête, cela doit se voir car Dany me dit :
- Fait la tout seul l'étape de demain, j'irais chercher la voiture et je viendrais te chercher à Mont-Dore !
- Non, j'ai pris ma décision et je n'y reviendrais pas dessus ! De toute manière, il prévoit encore des nuages sur le massif et monter dans le brouillard et le froid, je n'en ai pas trop envie !
Puis pour couper court à cette discussion, je rajoute sans conviction :
- Et puis moi aussi, je commence à être fatigué !
Dany est au bout du rouleau à force d'enjamber ces troncs qui parsèment le sol.
Allongé sur le lit, je pense à ce qu'aurait pu être cette dernière étape et j'essaie de me convaincre, non pas pour changer ma décision, je suis sûr que c'est la bonne, mais dois-je faire tout seul ce dernier tronçon ? Je ferme les yeux et je m'imagine monter vers Chareire et le col de Couhay dans la brume. Je peste car je ne vois pas le paysage. Puis, aussitôt après, je me souviens de ce que j'ai lu et vu sur Internet sur la vallée et le cirque de la Fontaine Salée. Ces immenses forêts de hêtres, ces belles landes, ces vastes prairies naturelles où poussent, parait-il, des fleurs et des plantes endémiques. Ce grandiose panorama où l'on peut rencontrer des oiseaux comme le mélodieux Accenteur alpin et l'exceptionnel Merle à plastron et beaucoup d'autres espèces protégées. Puis je me vois arriver sur les derniers contreforts du Sancy colonisaient par les mouflons, les chamois et les marmottes.
Mais si je prends la décision d'y aller seul, verrai-je tout çà ? Rien n'est moins sûr avec le temps qui s'annonce ! Et puis le Sancy, je le connais déjà, nous y sommes montés, il y a quatre ans ! Et puis qui pourra m'empêcher de revenir dans quatre ans pour monter à la Fontaine Salée et terminer ce dernier tronçon du G.R.30 ?
Nous arrivons enfin à Picherande, terme prévu de cette étape mais aussi terme insoupçonné mais cohèrent de notre périple. Dany souffre trop.
Pour éliminer toutes ces idées contradictoires de ma tête, il faut que je pense à autre chose et je dis à Dany :
- Viens, j'ai soif, je t'offre un pot quelque part puis après on ira visiter le village ?
- D'accord.
Et nous voilà repartis pour un tour.
Le Tour des Lacs d'Auvergne, lui, était bien terminé. Nous avions les jambes lasses par les 135 kilomètres parcourus sur les Monts Dôme, les plateaux de l'Artense et du Cézallier, mais nos cœurs étaient contents et c'était bien là l'essentiel.
Lancelot et la fée Viviane avaient trouvé tous les cailloux pour arriver jusqu'à Picherande….
Après Picherande, il n'y avait plus d'autres petits cailloux bleus à découvrir sur le chemin. Mais qui sait, c'est peut-être le Petit Poucet qui l'avait voulu ainsi………..
Devant l'église Saint-Quintien de Picherande à la recherche du Central Hôtel.
Le très accueillant Central Hôtel de Picherande
"Fais-la tout seul l'étape de demain, j'irais chercher la voiture et je viendrais te chercher à Mont-Dore !" me dit Dany
Lancelot et la fée Viviane avaient trouvé tous les cailloux pour arriver jusqu'à Picherande…. Après Picherande, il n'y avait plus d'autres petits cailloux bleus à découvrir sur le chemin. Mais qui sait, c'est peut-être le Petit Poucet qui l'avait voulu ainsi………..
QUELQUES ŒUVRES DE PEINTRES DE L'ECOLE DE MUROL
Abbé Léon Boudal
Vladimir de Terlikowski ----------------------------------Victor Charreton
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Ici dans la Vallée de l’Ubaye, un slogan publicitaire sur un dépliant dit « Tout est permis sauf l’ennui » et autant le reconnaître, il n’y a pas eu un jour où nous nous sommes ennuyés. La Vallée de l’Ubaye, c’est un grand éventail…..ça c’est de moi. Un éventail de purs bonheurs, un éventail de découvertes. Aujourd’hui, avant dernier jour des vacances, retour vers le vallon de l’Ubayette et plus précisément vers Meyronnes et Saint-Ours où nous avons prévu une balade intitulée « le Sentier de découverte de la Rochaille ». Les vacances tirent à leur fin mais nous n’allons pas nous plaindre car hors mis hier, nous n’avons eu que des journées exceptionnellement ensoleillées. Si je parle d’exceptions c’est parce qu’en montagne, les nuages sont parfois capricieux et peuvent rapidement gâcher une sortie surtout quand les orages décident d’être de la partie. Hier matin, nous avons connu nos premières ondées heureusement très éphémères et comme nous avions prévu une visite de Barcelonnette puis une longue virée en voiture vers le Parc National des Ecrins et le barrage de Serre-Ponçon, elles n’ont pas eu le temps de perturber nos projets. Aujourd’hui, le ciel est redevenu bleu et le soleil est déjà très présent quand nous prenons une fois encore la direction du col de Larche. Cette randonnée est avant tout gastronomique car c’est le serviable Jean-Charles, notre gentil proprio qui nous a conseillé d’aller manger à Saint-Ours. Il nous a décrit une cuisine familiale toujours copieuse mais d’excellente qualité en rajoutant que nous n’aurons aucun mal à trouver une randonnée à notre goût dans le secteur. Comme en randonnée, je n’aime pas trop les « surprises », hier soir j’ai regardé sur le Net et j’ai trouvé ce « Sentier de découverte de la Rochaille », boucle ô combien pittoresque et surtout ô combien différente des Lacs de la Cayolle et du Vallon du Lauzanier découverts précédemment. Décors bien différents, distance à parcourir, dénivelé à gravir et temps de marche, tout m’a paru convenable et ces quelques critères devraient convenir à deux estomacs qui ne manqueront pas d’être bien pleins après un déjeuner gastronomique, l’essentiel étant de ne pas confondre « gastronomique » avec «astronomique ». Dans le pire des cas, il faudrait sans doute annuler la découverte de cette fameuse Rochaille. Seul gros bémol, quand nous arrivons à Saint-Ours, il est à peine 11 heures. Après une rapide visite du joli hameau très fleuri, Dany part se renseigner pour savoir à partir de quelle heure nous pouvons déjeuner. Que se passe-t-il au juste ? Je ne sais pas. Mais elle affirme avoir été reçue « comme un chien dans un jeu de quilles » par la patronne. En ressortant du restaurant, elle ne décolère pas et part vers la voiture en pestant et en répétant « je ne risque pas de manger ici ! ». Elle a toujours eu du mal à accepter que des commerçants ne le soient pas, « commerciaux», c'est-à-dire accueillants et souriants. J’ai beau tenté de la raisonner, de lui dire que ce n’est qu’une anecdote insignifiante, qu’il ne faut pas se fier aux premiers abords, rien n’y fait et me voilà contraint de changer tous mes plans. J’avais prévu de faire de Saint-Ours la ligne de départ de la balade après le déjeuner, et me voilà bien embêté. Un coup d’œil sur un plan grossier que j’ai dessiné de la rando car je n’avais pas d’imprimante dans le mobil home et je constate qu’un départ de Meyronnes est possible voire même préférable, reste à savoir s’il y a un resto là-bas. Nous quittons Saint-Ours pour redescendre dans la vallée. A Meyronnes, il y a bien un resto, italien, intitulé « Mare et Monti » et dans lequel nous sommes de surcroît accueillis très chaleureusement par une patronne à la fois très jolie et très souriante, ce qui ne gâche rien et fait oublier à Dany ses déboires antérieurs. Comme la qualité culinaire est à la même hauteur que tout le reste, ce sont avec les palais comblés et les estomacs bien rassasiés que nous démarrons la balade une heure et demie plus tard. L’itinéraire démarre à droite du restaurant et comme les panonceaux sont bien présents, la suite devient assez facile. S’agissant d’une boucle, une seule hésitation néanmoins, il faut immédiatement faire le choix du sens dans lequel nous souhaitons la faire. Par bonheur, j’ai un peu étudié le parcours et dans ma tête, le choix est déjà fait. Je choisis Saint-Ours plutôt que La Rochaille, à cause du dénivelé qui me paraît plus doux et qui s’effectue en de amples lacets facilitant son ascension. Personnellement, j’oublie très vite cette déclivité car une fois encore la flore et la faune y sont exceptionnelles. Comment vous dire ? Comment vous décrire ce que je vois ? Les champs, les prés traversés le plus souvent encadrés de haies sont des herbiers et des bestiaires grandeur nature. Chaque pas ou presque est une découverte nouvelle. Si au Lauzanier et aux Lacs de La Cayolle, la flore et la faune se découvraient régulièrement au fil des pas, ici c’est un concentré de nature à chaque foulée : les fleurs bigarrées et dissemblables y sont légions sur quelques mètres carrés, les papillons et les oiseaux différents y batifolent en grand nombre et il va en être presque ainsi jusqu’à atteindre la forêt domaniale de la Rochaille. Le hameau de Saint-Ours ayant déjà été visité, nous en faisons l’impasse et poursuivons tout droit le large chemin filant vers la Rochaille. Autant l’avouer, quand on regarde cette montagne de loin, et notamment depuis le bas de la vallée de l’Ubayette, c'est-à-dire depuis Meyronnes, on ne peut s’empêcher d’être très perplexe voire quelque peu hésitant à aller l’affronter, autre raison pour laquelle j’ai également choisi de faire la boucle dans ce sens. Malgré tout les interrogations demeurent. Par endroits très rocailleuse, elle en porte le patronyme de « Rochaille », mais surtout très boisée et très abrupte, cette montagne paraît impraticable et de nombreuses questions surgissent : comment va-t-on la traverser et si oui, comment en revenir ? Est-il possible de redescendre de là-haut sans trop de difficultés ? D’ici, après Saint-Ours, ces questions restent toujours aussi présentes même si l’approche de la montagne ouvre peu à peu de larges éventails de confiance et ôte les appréhensions les unes après les autres. Alors bien évidemment, comme dans toutes les randonnées alambiquées et à flanc de montagne, la prudence reste de mise. Pour l’instant le chemin est bon et comme les panoramas sont grandioses, on oublie l’objectif et ses éventuelles difficultés. Tout en montant, notre attention est constamment en éveil. Quand ce ne sont pas les fleurs, les oiseaux ou les papillons, c'est un chat qui joue au chasseur dans un pré, plus loin ce sont les ruines de Fontvive ou bien un troupeau de moutons enfermé dans un enclos précaire. Peu après, c’est Saint-Ours et ses montagnes incroyablement arides et déchiquetées dominant le hameau qui attirent le regard et laissent songeur. Un bouquetin surgit des rochers et nous laisse une vision bien trop fugace. Au fur et à mesure que l’on avance, la météo se fait moins bonne, les nuages plus nombreux et le ciel moins lumineux mais aucun risque de pluie en perspective et cela suffit à notre bonheur. Au lieu-dit la Serre de la Safrière, un premier panneau ludique explique la vie agricole et l’exode rural au temps jadis. Le chemin file tout droit en balcon au dessus d’un profond ravin : c’est celui du « Torrent de Bouchiers », alimenté par d’autres ruisseaux qu’ici on appelle « riou » : Riou de la Combe du Loup, Riou de Gascon notamment. Ensuite, le chemin perd peu à peu de sa rectitude en suivant les contours des premiers contreforts de la montagne. Il s’élève un peu, devient plus rocailleux, tourne en épousant ces mêmes contreforts, traverse quelques « rious » asséchés et caillouteux, quelques jolies clairières verdoyantes et débouche sur d’anciens prés de fauche se terminant au sommet d’un promontoire au dessus de lieu-dit « les Granges des Gascons », vaste ruine d’une grande bâtisse que l’on aperçoit en contrebas. Un deuxième panneau en explique la vie au 19eme siècle, celle d’une unique famille dont l’un des enfants est parti s’enrichir au Mexique avant de revenir au pays fortuné comme Crésus. Les superbes villas mexicaines de Barcelonnette sont les preuves de ces réussites. Certaines de ces maisons sont classées Monument Historique. Les explications se terminent par l’enjeu stratégique que ce lieu a eu pendant la 2eme guerre mondiale. Le chemin toujours en balcon continue d’épouser la montagne et ses ravines. Certains tronçons à flancs de montagne ont été creusés dans le flysch même des falaises. Quelques boqueteaux de feuillus présagent de la forêt désormais toute proche. A l’approche du grand ravin que l’on dominait, le large chemin devient petit sentier. Le « V » que le ravin forme à cet endroit laisse apparaître la Vallée de l’Ubayette dans toute sa splendeur, largeur et profondeur. Dans cet ample décor entouré de hautes montagnes très arides ou très boisées selon si elles se trouvent à l’adret ou à l’ubac du vallon, Meyronnes et Saint-Ours apparaissent désormais minuscules. Le ravin où s’écoule un large filet d’eau est finalement enjambé et l’on entre de pleins pieds dans la forêt domaniale dont on apprend sur un autre panneau qu’elle est entièrement artificielle et a été plantée de toutes pièces par des hommes au prix d’incommensurables efforts. En 1886, l’Etat avait acheté 214 ha pour effectuer ses travaux de plantations. Le récit de ces reboisements dignes de véritables "travaux forcés" est à peine croyable et je ne peux m’empêcher de penser que c’est grâce à tous ces hommes que nous pouvons cheminer cette belle forêt pour notre seul plaisir. Qu’ils en soient remerciés. Les panneaux explicatifs vont se succéder faisant référence à l’important patrimoine militaire de ce secteur, à la forêt et aux arbres qui la composent puis à la géologie de la Rochaille. Le sentier tout en balcon continue d’offrir d’extraordinaires vues aériennes sur la Vallée de l’Ubayette. En face, de l’autre côté de la vallée, je note cependant qu’une immense partie de la forêt de résineux est de couleur rousse comme si tous les grands conifères avaient séchés sur pied. Je n’en connais pas la raison mais ce phénomène me paraît inquiétant car je l’ai également aperçu dans bien d’autres coins du département. J’y découvre aussi le Grand Fort de Roche la Croix, vestige de la célèbre ligne Maginot. Au lieu-dit la Serre La Plate, on découvre un blockhaus, autre vestige de la célèbre ligne militaire de défense, puis c’est une cabane forestière et enfin le Belvédère du Pinas avec son époustouflant point de vue dominant la partie de la Rochaille inaccessible mais offrant aussi d’incroyables panoramas sur les montagnes opposées et des vues plongeantes sur la belle Vallée de l’Ubaye. La descente commence ici, juste après le point de vue. Elle va être très longue car conçue en d’innombrables lacets qui se faufilent entre les pins noirs d’Autriche, les pins sylvestres, les mélèzes et quelques étonnants cytises aux merveilleuses grappes de fleurs d’un jaune flamboyant. En définitive, cette descente s’avère beaucoup moins périlleuse que dans notre imagination. Hors mis quelques courts tronçons nécessitant une grande prudence, le sentier tout en sous-bois est plutôt bon et pas vraiment accidenté, les arbres constituant la plupart du temps des garde-fous presque naturels. Depuis le point de vue, nous mettons tout de même 40 minutes pour sortir de la forêt et encore 20 minutes de plus pour rejoindre Meyronnes. Avant d’atteindre le village, on finit par enjamber une dernière fois un ruisseau presque asséché où des gabions on été élevés pour freiner les sautes humeurs du torrent. La balade a été belle, enrichissante et mon appareil photo a encore engrangé une quantité phénoménale de fleurs et quelques exemplaires de la faune locale dont quelques oiseaux et papillons. Seuls mammifères aperçus, mais c’est déjà beaucoup, une étagne, femelle du bouquetin et un petit écureuil roux. Telle qu’expliqué ici, ce « Sentier de Découverte de La Rochaille » serait long de 9,1 km pour un dénivelé de 527 m, renseignements recueillis sur un remarquable site Internet consacré aux randonnées dans le Mercantour dont voici le lien. Désolé de ne pas vous en dire plus mais je n’avais pas de GPS ce jour-là pour enregistrer des données plus précises. Carte IGN 3538 ET Aiguille de Chambeyron – Cols de Larche et de Vars - Top 25.
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