• Diaporama sur une chanson de Richard Cocciante "Avec simplicité",

    Paroles: Serge Lama - Richard Cocciante, musique: Richard Cocciante - Georges Augier de Moussac

    et quelques chants de Perdrix rouge.

    La Boucle de Canto-Perdrix (180 m) depuis Portel-des-Corbières (

    La Boucle de Canto-Perdrix (180 m) depuis Portel-des-Corbières (


    C’est le 26 septembre 2014 et en effectuant le GRP Sentier du Golfe Antique que j’ai découvert pour la première fois cette « Boucle de Canto Perdrix ». Enfin, je parle du nom car pour la découverte elle-même, il a fallu que j’attende un an de plus. Ce joli nom Canto Perdrix, je l’ai d’abord découvert sur des panonceaux de randonnées à Portel-des-Corbières où j’avais stoppé au soir de la deuxième étape de ce GRP qui en comptait trois.  Quelques jours après être rentré à la maison, j’étais curieux de savoir ce qui se cachait derrière ce musical « chante-perdrix », car bien évidemment c’est la première et principale francisation qui vient à l’esprit. Elle est juste mais nous verrons plus tard que ce n’est pas la seule explication. Alors ma curiosité en matière d’étymologie était suffisamment aiguisée pour que j’aie envie d’approfondir le sujet puis d’aller voir sur place.  Le meilleur moyen était donc d’y aller randonner. Je me suis donc « tuyauté » sur cette boucle et là, je me suis rendu compte qu’elle ne faisait que 11 km de distance mais qu’il y en avait 2 autres, La Serre et la Bade, qui, elles, en faisaient 4 de plus chacune. Alors pourquoi ne pas faire des trois boucles, une seule, un peu plus longue, histoire de ne pas avoir à revenir à Portel, en tous cas pour marcher, et surtout de faire un maximum de découvertes dans la journée ?  Lors de mon précèdent passage, j’avais bien trop rapidement visité cette étonnante chapelle Notre-Dame des Oubiels, en grande partie ruinée certes, mais que je voulais revoir plus en détail car son imposante stature et sa beauté si évidente, malgré les ruines, laissaient imaginer sans aucune équivoque bien des « histoires ». En potassant le parcours, j’ai découvert qu’il y avait aussi une « voie domitienne et  héracléenne » et quelques autres vestiges pastoraux et bien sûr, il fallait aussi compter sur les Corbières et ses décors paysagers si typiques, si parfumés et parfois si étonnamment variés. Enfin, moi qui m’étais surtout cantonné à découvrir le lit asséché de la Berre, sa faune et sa flore et son Pont de Tamaroque lors du Sentier du Golfe Antique, une visite plus approfondie de la commune ne serait pas du luxe. Désormais, je connais un peu mieux l’Histoire portelaise et notamment la Bataille de la Berre où Charles Martel met en déroute l’armée du califat omeyyade en l’an 737. Cinq ans après la Bataille de Poitiers, bien plus connue, Charles Martel n’a de cesse de bouter les envahisseurs musulmans hors du royaume des Francs mais malgré tous ses efforts, Narbonne reste aux mains des Sarrazins et c’est son fils Pépin le Bref qui parviendra à libérer le ville en 759.  Sachant tout ça, j’ai le sentiment de partir un peu moins dans l’inconnu mais à aller randonner autant qu’il fasse beau. Le 25 septembre 2015, c'est-à-dire à un an d’intervalle et à un jour d’écart seulement, le beau temps se présente et je file à Portel. En arrivant au village, comme je suis seul et qu’il y a des places, je gare ma voiture sur la D.3 mais le plus près possible de l’intersection avec la  Grand-Rue. En effet, au moment d’analyser la balade, j’ai jeté un coup d’œil sur le plan de la ville se trouvant sur le Net et j’ai constaté que c’est l’itinéraire le plus direct pour aller à Notre-Dame des Oubiels et démarrer la boucle que j’ai élaborée. Attention, je précise qu’elle n’est pas parfaitement identique à celle que l’on trouve sur les topo-guides et sur le terrain, même si  moi aussi, je l’ai appelée « Boucle de Canto Perdrix ». Alors, bien sûr, le mieux est d’enregistrer un tracé dans votre GPS comme je l’ai fait moi-même car ça évite bien des déboires. Premier déboire éventuel : éviter de suivre les panonceaux qui ne manquent pas de se présenter. Il y en a plusieurs par exemple, peu après le départ, à l’angle de la  Grand-Rue et de la rue du Quartier Neuf et là, il faut continuer tout droit par la rue de l’Horte et suivre le panonceau Boucle de la Serre, donnée ici pour une distance de 5,2 km. Peu après, je laisse sur la gauche, d’abord le boulodrome municipal « Jeannot Vieu » puis un passage à gué sur la Berre. Quelques bergeronnettes en ont fait leur juchoir. Je poursuis toujours tout droit. Peu après le virage où se trouve une source captée, l’église des Oubiels apparaît droit devant. Une piste au milieu des vignes m’y amène sans problème. Une volée de chardonnerets quitte les lieux en me voyant. Avant de venir ici, j’ai presque tout regardé et lu ce que l’on peut trouver d’elle sur le Net et plus globalement sur l’Histoire de Portel et de ses proches environs. Malgré les ruines, je reste subjugué par sa beauté et son décorum encore très imposant propre à l’architecture gothique ; épais et hauts contreforts et peu d’ouvertures à part une très fine et flamboyante rosace et un majestueux beffroi carré. J’ai lu qu’il y aurait un  agneau gravé sur la clé de voûte du cœur, alors je me mets à sa recherche mais la sculpture paraît peu évidente même en zoomant avec mon appareil photo. Alors, je tourne comme une toupie sur moi-même. Voilà, je tiens enfin  l’agneau car bien évidemment, je ne le regardais pas dans le bon sens et en plus, lui aussi a semble-t-il souffert des exactions répétées ! Oubiels signifie « agneau » (*) et cette clé de voûte en serait le symbole. Après cette trouvaille, je scrute presque chaque pierre pour tenter de trouver une gravure voire une inscription et c’est ainsi que je vais en découvrir plusieurs, deux déjà vues en 2014, avec des frises en forme de fleurs et deux ou trois autres supplémentaire dont deux gravées de quelques signes mystérieux. J’ignore s’ils sont récents car bien évidement quelques lourdauds n’ont rien trouvé de mieux que de graver leurs initiales voire un tas d’idioties. L’édifice et notamment le clocher ont été restaurés mais parfois avec des briques rouges et d’autres matériaux bien trop différents de la pierre d’origine, alors ce n’est pas toujours avec bonheur. Par un souci de sécurité, on peut supposer que les pouvoirs publics aidés par des bénévoles ont d’abord voulu renforcer l’édifice puis le manque de moyens a sans doute fait le reste. La tâche est encore gigantesque. Après cette découverte de la chapelle des Oubiels un peu plus approfondie, j’en visite les abords avec une jolie rose des vents puis cet étrange allée bordée de séculaires oliviers qui serait paraît-il un très vieux cimetière monastique. Je m’éloigne des lieux non sans avoir au préalable observé tous ces oliviers juvéniles que la mairie a fait planté à l’occasion de chaque naissance.  Une belle initiative bien dans la tradition qui dit que Notre-Dame des Oubiels était l’inspiratrice de nombreuses communions d’enfants. A regarder cette jolie nurserie d’oliviers, je  ne peux m’empêcher de les imaginer dans trois ou quatre cent ans faisant un contrepoids parfait à ceux du vieux cimetière. Je quitte définitivement les Oubiels en coupant à travers les champs  et les vignobles pour rejoindre l’itinéraire. Sur cette partie de la Boucle de la Serre, le chemin s’élève très modérément mais suffisamment pour que des paysages lointains se dévoilent.  Il a du pleuvoir la veille ou les jours précédents et le terrain est variable, parfois bien souple et agréable et parfois très sec et caillouteux. La végétation, elle, reprend des couleurs et resplendit après les journées caniculaires et ventées de l’été.  Tout en montant,  j’aperçois le défilé de la Reinadouïre derrière moi. Complètement à sec l’an dernier, cette année, le défilé porte bien son nom de « Reine des Eaux » car il s’y écoule une Berre aux eaux turquoises. L’an dernier, je me souviens que j’y avais longuement traîné mes godillots en quête d’un raccourci me permettant de rejoindre le Sentier du Golfe Antique. Au dessus du défilé, et entre tradition et modernité,  Lastours laisse entrevoir les imposants bâtiments de son vaste domaine viticole. Plus haut encore, au Pla des Aladers (aulnes), les éoliennes dressent leurs blancs moulins dans un ciel bleu immaculé. A une bifurcation de la route bitumée et du chemin et après avoir regardé mon bout de carte, je fais le choix d’un aller retour jusqu’au Pont de Lastours. Avant la construction du Pont du Tamaroque en 1864, qui désenclava Portel, ce vieux pont, désormais rénové, constituait un des principaux et rares gués permettant d’accéder à la commune. Après cet aller retour de moins d’un kilomètre, je reprends l’itinéraire de la Boucle de la Serre. Peu à peu, elle se referme et pris par ma passion à vouloir photographier la nature, je m’aperçois que je ne me suis pas ennuyé une seule seconde depuis le départ : quelques oiseaux, de rares fleurs, des plantes, un champignon blanc, des papillons et des criquets,  les sujets sont suffisamment présents sinon abondants par endroits pour que la balade ne soit pas monotone. Cette première boucle se referme sur la route de Durban non loin de l’entrée de Portel et une nouvelle s’entrouvre, celle de « Chante-Perdrix ». Sur la carte I.G.N, c’est écrit ainsi à l’endroit même où se trouve une colline à l’altitude plutôt modeste d’une centaine de mètres de hauteur. Cette boucle commence en réalité au fond d’un ruisseau qui est parallèle à la D.611a. Là, on y découvre les vestiges d’un gros muret en pierres de taille. Ces pierres ont-elles un rapport avec les voies Héracléenne et Domitienne commençant de l’autre côté de la route ?  Bien qu’ayant lu pas mal de choses sur les deux voies, ici, ne comptez pas sur moi pour vous le dire car une fois encore on regrettera qu’aucune pancarte, qu’aucun panneau ne donne d’informations voire quelques mentions sur l’Histoire de ces voies antiques à cette intersection. La culture devrait commencer là, au bord de la route. Je poursuis la voie chère à cet Hercule des Romains. Elle est toujours encadrée de hauts murets mais toujours aussi muette. Selon la légende, c’est par cette voie et depuis le Jardin des Hespérides qu’Héraclès aurait ramené un troupeau de boeufs pris au géant Géryon. C’était son dixième travail. Aujourd’hui, du travail il y en a encore mais aucun bœuf et uniquement un tracteur conduit par un vigneron car les vendanges battent leur plein.  J’arrive au croisement de la Croix Rouge. La croix est bien là et droit devant moi, et derrière la croix, à une centaine de mètres, il y a une monumentale ruine. J’y file. Sur la carte, elle a pour nom « Courtal de Bas ». Inutile de traduire. L’ancienne bergerie est effectivement imposante et a du être très belle au temps de sa splendeur. Les adversités ont tout arrêté depuis longtemps mais quelques vieux récipients rouillés me rappellent qu’il y a eu une vie. Parmi toutes ces boîtes, pots et autres bassines, un récipient bien particulier attire mon attention car je me souviens l’avoir vu chez mon grand-père paternel. C’est un lourd mais petit godet en fonte en forme de sabot dans lequel, je me souviens très bien, mon grand-père Gabriel faisait fondre du plomb pour fabriquer ses grenailles et autres chevrotines dont il garnissait ses cartouches. Mon grand-père chassait mais c’était souvent par nécessité car chaque gibier était un repas de moins à payer. Je ne sais pas si c’était la fonction première du récipient du recevoir du plomb fondu mais aujourd’hui j’en doute bien qu'une espèce de cuillère, en fonte également, l'accompagne. Rien d’autre, je quitte le bercail pour rattraper le temps perdu et le chemin. Il file vers le lieu-dit « Chante-Perdrix » et c’est le moment où jamais de commencer à regarder si j’y trouve la Daphné garou voire la Bourdaine, car en réalité voilà le « bon » prétexte à ma venue ici. Un prétexte protéiforme touchant à des thèmes qui m’intéressent : l’étymologie, l’Histoire, la botanique et la faune. En effet, avant de venir ici, j’ai lu que les linguistes d’antan (sources Etymologie-occitane.fr) n’avaient pas toujours été d’accord sur la signification de l’expression « Canto-perdrix » que l’on écrit selon les régions de diverses manières : « canto-perdix », « canto-perdris », « cantoperdris » parfois avec un « s », parfois avec un «x » à la fin mais également « cante perdrix » avec ou sens espace entre les deux mots,  « contoperdise » ou « cantaperditz ». Les formules ne manquent pas et il y en aurait même dans la péninsule ibérique et en Italie. L’étymologie est pourtant très simple car composée des mots latins « cantare », « chanter » et « perdicem » accusatif de « perdix » signifiant «perdrix » et que la francisation a finalement traduite comme il se devait en  « Chante-perdrix ». Reste à savoir pourquoi, les lieux portant ce nom sont si nombreux ? Les analyses des diverses étymologies avancées qui ont pu être effectuées font surgir des désaccords : Pour le naturaliste et lexicographe l’abbé Pierre-Augustin Boissier des Sauvages, le canto-perdris c’est la bourdaine, arbuste des landes que l’on appelle aussi « garou à feuilles étroites » ou « trantanel ». Il écrit : « son bois est excellent pour faire la poudre à canon, son écorce est caustique, elle est employée dans les cautères lorsqu’il faut donner un écoulement aux humeurs ». Il rajoute dans la première édition de son  « Dictionnaire languedocien-françois » que ça peut–être aussi le nom donné à  « un terrain sec et aride ». Dans le 2eme édition  du même ouvrage, il rectifie le tir et affirme que ce n’est plus la « Bourdaine » mais le « Daphné garou », plante méditerranéenne bien plus commune dont Diderot dans son Encyclopédie affirme que « Ce purgatif est si violent, qu’on a fait sagement de le bannir de l’usage de la Médecine, du moins pour l’intérieur. Ce serait un fort mauvais raisonnement, et dont on se trouverait très mal; de se rassurer contre le danger que nous annonçons ici, parce qu’on saurait que les perdrix et quantité d’autres oiseaux sont très friands de ce fruit, et qu’ils n’en sont point incommodés: l’analogie des animaux ne prouve rien sur le fait des poisons ».  Deux cent ans plus tard, le linguiste Louis Alibert reprend la traduction du « terrain sec et aride » à son compte dans son « dictionnaire occitan-français ». Entre ces deux ou trois versions, on trouve dans le « Dictionnaire patois-français du département de l’Aveyron », de l’abbé Aimé Vayssier, un « contoperdise » qui selon lui est « un appeau, espèce de sifflet avec lequel on imite le chant de la perdrix pour l’attirer dans quelque piège ». De nos jours, l’étymologiste Robert A. Geuljans dans son site Internet « Etymologie-Occitane.fr » pense que le « canto-perdris » est l’origine la plus éprouvée du Daphné garou que l’on appelle aussi parfois  « Garou », Thymèle »,  « Bois-gentil » ou « Saint-Bois ». Pour asseoir cette suggestion, il cite Diderot et Frédéric Mistral qui écrivaient « que les perdrix aiment manger les baies du garou ». Et il rajoute : « Si cela est vrai, le toponyme s’expliquerait par la présence des perdrix dans ce genre de terrain. Dans le Gard il est attesté depuis 1553 et dans les Bouches du Rhône depuis 1046. ». Puis il termine en disant qu’il ne faut pas se fier aux quelques « champs de perdrix » que l’on trouve de nos jours, le mot n’ayant pas toujours été compris mais néanmoins transformé. Voilà pour ce que j’avais retenu de mes lectures avant de venir ici. Il ne me reste plus qu’à trouver ce « fameux » Daphné garou et à vrai dire c'est assez facile avant même d’arriver à l’endroit indiqué comme étant « Chante-Perdrix » sur la carte I.G.N. La plante est plutôt commune dans la garrigue des Corbières même si ce n’est pas celle que l’on aperçoit d’emblée et en plus grand nombre. A cette époque, elle termine sa jolie floraison faite de petites fleurs blanches odorantes et groupées en panicule et en même temps, elle commence à se garnir de petites « olives » verdâtres qui peu à peu vont prendre une belle couleur, d’abord orange puis un peu plus rouge. La plante est hautement toxique. En catalogne nord et plus particulièrement dans la région qu’on appelle la Garrotxa,  le daphné garou est traditionnellement cloué par les bergers sur les portes des enclos pour éloigner à la fois les puces et les sorcières. Alors après avoir trouvé du  Garou, il me reste juste à imaginer avoir un peu de chance et pourquoi pas apercevoir et photographier une perdrix. J’avance sur le chemin plutôt plat et rectiligne qui se faufile entre des vignobles et des prés en jachères jusqu’après le lieu-dit l’Auberge de l’Aval. Non, je ne vois aucune perdrix et seulement quelques passereaux s’envolant à tire d’ailes des champs en friches envahis par des Inules visqueuses. Je regarde presque chaque sillon de chaque arpent de vignes dans l’espoir d’y apercevoir « le chantant » gallinacé ayant donné son nom à cette petit colline oblongue qui se trouve maintenant sur ma droite et que je vais bientôt gravir. Je ne me fais guère d’illusion, la période de chasse a certainement déjà démarré et qui plus est, le daphné garou n’a pas encore ses fruits rouges, alors j’ai sans doute peu de chance d’en apercevoir, sauf peut-être si une d’entre-elles a la bonne idée d’aller grappiller quelques grains de raisins bien mûrs. Dans ma quête à vouloir tout examiner, un lapereau, lui, a beaucoup de chance aujourd’hui car le seul « Canon » que je possède, c’est mon appareil photo numérique.  Après, l’Auberge de l’Aval, l’itinéraire zigzague un peu et se met à grimper dans un décor complètement différent. Mes espoirs de perdrix s’amenuisent car désormais les vignes sont bien loin et seulement en contrebas de chaque côté de la crête. La déclivité de la large piste terreuse est modeste mais régulière. Peu avant cette petite ascension, à une intersection de pistes, quelques panonceaux directionnels déjà aperçus sur le Sentier du Golfe Antique me perturbe suffisamment pour que je m’arrête pour vérifier le tracé sur mon G.P.S et la carte. J’ignore leurs significations semblant beaucoup reposer sur des signes. J’apprendrais plus tard qu’il s'agit d’une signalétique D.F.C.I (Défense des Forêts Contre l'Incendie) propre ici au Massif de Fontfroide. Leurs symboles, des lignes, des pointillées, un cercle, un carré ou un triangle ont chacun une raison d’être qu’il serait bien trop long d’expliquer ici. Je continue jusqu’au pinacle de la crête où je m’arrête pour pique-niquer près d’un petit abri pastoral. C’est l’heure et en plus, mon arrêt précédent m’a permis de constater que j’étais grosso-modo à la moitié de la boucle imaginée.  Vers l’est, la vue porte jusqu’à la mer et derrière moi, vers l’ouest, c’est un patchwork de vignobles et de terres cultivées ou boisées. A l’horizon, sur la plus haute des collines, je reconnais les antennes de la Cadorque, au pied desquelles il y a l’ermitage Saint-Victor.  Deux éperviers virevoltent dans le ciel se laissant aller au gré d’une petite brise du nord qui s’est levée. L’un des deux accepte même de faire une démonstration de ces talents de voltigeurs devant mon numérique. Ici, la végétation est plutôt basse faite de petits buis, de pistachiers, de buplèvres, de romarins, d’ajoncs et autres chênes kermès. Seuls quelques pins chétifs qu’à la longue le cers a fini par courber surnagent un peu dans cette verdure rabougrie. Après une grosse salade, un wrap et une part de tarte au citron que j’ai réussi à avaler en moins d’une heure, je repars. La piste redescend juste avant d’arriver à l’intersection avec la Voie Domitienne. Là, je retrouve quelques vignes et une jolie maison aux volets bleus planquée sous un bel olivier. Le silence qui était de mise se brise sous les aboiements d’un chien que mon passage a dérangé. Je ne fais que passer alors il s’arrête aussitôt d’aboyer et le silence se rétablit juste entrecoupé par les cris perçants des deux petits éperviers qui sont encore là à jouer dans le bleu du ciel.  Sur ma droite et sur les flancs de la colline, j’aperçois comme une cabane en pierres sèches, ici dans l’Aude, je crois qu’on les appelle « capitelle » et juste à côté, un amoncellement impressionnant de caillasses, résultat sans doute d’un très vieux épierrements.  Alors j’y monte. La capitelle est bien cassée mais de l’endroit où je me trouve, il me semble apercevoir un autre tas de pierres ou plutôt un long muret au milieu des pins et du maquis, alors je continue de monter. L’ascension n’est pas facile dans cette végétation touffue typiquement méditerranéenne faite de petits buissons ligneux ou  épineux. Après un bel effort, j’atteins finalement ce grand mur que je longe et qui se termine par une nouvelle « capitelle », celle-ci en parfait état. Je reste toujours fasciné par cette belle technique de l’encorbellement. Ici, les pierres sont impressionnantes et l’on voit très clairement qu’elles ont été taillées avec une grande précision. De la cabane pastorale, la vue sur le vallon de la Genentière est splendide alors je m’y arrête un instant pour observer la carte I.G.N et mon G.P.S, histoire de savoir où je me situe exactement. Sur la carte, je constate que je ne suis pas très loin d’un itinéraire circulaire où figure le nom étrange de « Gauto de Fedo ». Etrange, il l’était avant que je vienne ici mais bien évidement depuis que j’ai étudié le parcours, il n’a plus aucun secret pour moi. « Bajoue de brebis » ça signifie mais ne me demandait pas pourquoi. Curieusement j’ai trouvé cette traduction sur Internet dans un lexique provençal dont la source serait le "fameux" Félibrige ! Est-ce à cause de la forme de la colline ressemblant à une joue ? Les bergers venaient-ils ici pour manger quelques délicieuses joues d’agneau ? Allez savoir ! J’ai débouché sur une piste et j’entreprends de faire le tour de ce mamelon puis d’y monter. Je n’y trouve rien de particulier si ce n’est une zone de reboisement et un mirador naturel offrant des vues superbes à 360°. L’incontournable pic du Canigou apparaît derrière les éoliennes du Pla Dal Pal.  Un peu plus bas, un poste de chasse embrasse des paysages grandioses vers Portel-des-Corbières et tous ces environs jusqu’aux étangs et à la mer. J’en profite pour finir le dernier wrap qu’il me reste puis je repars. La piste redescend et se fait plus lassante quand les panoramas disparaissent, alors je ne m’arrête plus que pour quelques photos de plantes, d’un papillon, d’une séculaire ruine ou d’un vieux puits que je découvre dans la garrigue. De nouveaux panneaux directionnels avec toujours ces signes « cabalistiques » se présentent. Je les ignore et ne me fie seulement qu’à mon G.P.S et au balisage jaune. « Chante-Perdrix » est loin désormais et je ne me fais déjà plus aucune illusion quand à la chance d’apercevoir la moindre perdrix. Quand soudain, je ne vois qu’elle, à vingt mètres de moi et comme dans un rêve. Elle est là, posée au beau milieu d’un remblai terreux sur le flanc du Pech Agut. Je zoome vite et appuie sur le déclencheur et j’ai juste le temps de la voir s’envoler. Quel bol ! La perdrix est enregistrée dans mon numérique. C’était une perdrix rouge et je suis plus heureux qu’un gamin dans un magasin de jouets. Je repars. Après quelques pinèdes, les vignes et les prés en friches réapparaissent. Je ne suis plus très loin de Portel et de la dernière boucle à accomplir, celle de la Bade. J’appelle Dany pour lui dire où j’en suis et la prévenir que je rentre bientôt à la maison. Quelques oiseaux freinent encore mon ardeur d’en terminer. Je reconnais le Chemin des Charbonniers que j’avais coupé il y a un an puis ce sont les premières maisons et enfin cette étonnante retrouvaille avec le sieur Noguero.  Le monde est petit me dis-je car Monsieur Noguero et sa charmante épouse, sont les logeurs qui m’avaient si aimablement accueilli à Portel il y a tout juste un an lors de mon périple sur le Sentier du Golfe Antique. Un peu « paumé » dans un Portel que je ne connaissais pas, Monsieur Noguero était venu affablement me chercher pour me présenter et me faire découvrir son superbe gîte du Quai de la Berre. Le lendemain, il m’avait tout aussi gentiment proposé de m’amener jusqu’à Notre-Dame des Oubiels que j’avais envie de découvrir avant de poursuivre. Quand à Madame Noguero, l’ayant eu seulement au téléphone, je me souviens d’elle comme d’une personne très agréable et à l’écoute de mes aspirations car elle avait exceptionnellement accepté une nuitée pour un prix toute somme raisonnable au regard de ce que l’on me demandait partout ailleurs. Sans cet accord et ce petit effort financier, j’aurais sans doute renoncé à accomplir ce Sentier du Golfe Antique considérant que tous les tarifs qui m’étaient demandés pour le gîte et le couvert étaient tout simplement prohibitifs. Je les remercie encore tous deux aujourd’hui. Lors de cette rencontre impromptue avec Monsieur Noguero, on parle un peu du passé et de ma présence ici aujourd’hui puis le voilà qui me propose de venir prendre un verre chez lui. C’est tellement gentil alors bien évidemment j’hésite et finalement je me vois contraint de refuser venant d’appeler Dany pour lui dire que je rentrais au plus vite. Ce refus, je le fais à contrecoeur car je reste convaincu qu’il s’agît de  très « bonnes » personnes et j’espère que le sieur Noguero ne m’en a pas trop voulu. Je poursuis ma balade et retrouve la D.611a mais ce refus obligé m’a un peu contrarié. Le cœur n’y est plus et je marche presque comme un automate en oubliant parfois de prendre des photos. Heureusement deux buses dans le ciel finiront par me sortir de cette torpeur. La boucle contourne le lieu-dit la Blanque puis monte vers l’Arque. De là, de superbes panoramas s’entrouvrent vers les étangs, Sigean et celles plus aériennes sur Portel.  Ma boucle est entrain de se refermer et en regardant vers l’est et les éoliennes de la Garrigue Haute de Sigean, j’ai comme un petit pincement au cœur. Ce petit pincement, je l’ai toujours quand j’ai l’occasion de revoir un sentier, un chemin, un lieu où j’ai pris plaisir à gambader dans un passé qu’il soit proche ou lointain. C’est le cas ici en regardant une partie du chemin parcouru l’an dernier sur le Sentier du Golfe Antique.  Au pied d’un long escalier en rondins qu’il faut descendre, deux options mentionnées sur un panonceau se présentent : soit on file à droite vers le Quartier Neuf et on arrive immédiatement à Portel soit on va découvrir la Bade et c’est 3,2 km de plus à accomplir. Comme prévu initialement, je choisis cette dernière option. La Bade est une colline plantée de pins et la boucle proposée consiste simplement a en faire le tour et à revenir à cette intersection. Rien de plus, rien de moins si ce n’est qu’on remarquera que la géologie du sol semble identique aux pierres ayant servies à l’édification de Notre-Dame des Oubiels et l’encadrement de la Voie Héracléenne. Alors bien sûr, ces 3,2 km supplémentaires ne valent que pour les jolies vues que l’on découvre sur une courte portion de sa partie sud. Superbes visions aériennes sur toute la cité de Portel et tous ses alentours : Vallon de la Berre, Pont de Tamaroque, colline de Lou Castellas, Notre Dame des Oubiels et bien évidemment, on peut refaire, uniquement du regard, une immense partie de la Boucle de Canto Perdrix. Je redescends vers la ville par le Chemin de la Bade. Portel est là et ma voiture aussi. Je me déleste de mon sac à dos et pars très rapidement visiter une bonne partie de la cité que je ne connais pas. J’y rajoute le Pont de Tamaroque mais presque uniquement pour photographier quelques oiseaux noirs qui en occupent son canyon.  Il s’agit de Choucas des tours, oiseau qui présente la particularité paradoxale de pouvoir bénéficier de mesures de protection tout en étant parfois considéré comme nuisible. Cette balade se termine vraiment. Chante perdrix, tu m’as donné du bonheur toi aussi et je m’en souviendrais ! Cette balade a été longue de 20 à 21 km telle qu’expliquée ici. Le point culminant se situe au sommet de « Gauto de Fedo » à 180 m d’altitude. Les montées cumulées sont de 730 m environ. C’est donc une randonnée un peu longue mais plutôt facile au niveau des efforts à accomplir. Bonnes chaussures à tiges hautes sont préconisées. Carte IGN 2546 OT –Narbonne – Top 25

    (*) Oubiels : De prime abord, on pourrait penser que le mot « Oubiels » est l’anagramme des « oubliés », des « éblouis » ou même des « éboulis », les trois mots ayant pu avoir selon les circonstances soit un caractère religieux voire géologique pour le dernier. Les Corbières caillouteuses ne sont pas loin. Il n’en est rien et selon le chanoine Emile Barthe qui a consacré à ce sujet un chapitre entier de son livre dédié à Sainte-Marie des Oubiels, patronne de Portel, le  mot signifie  « agneau ». Pour argumenter son propos, il explique qu’au temps de l’occupation de la Gaule par les Romains, le lieu au bord de la Berre où se trouve l’église s’appelait  « Villa Ovilis ». Je vous passe le détail puisque 20 pages y sont consacrées. En latin, une « ovilis » ou « ovile » c’est une bergerie. Au fil du temps et selon lui, la phonétique du dialecte local aurait transformé le nom latin « Ovilis » en « Ovilibus, « Oviels » puis «Ouviels » et enfin Oubiels, le « v » se transformant en « b » selon le « fameux » phénomène lié au bêtacisme. Alors bien sûr, rien d’illogique à tout ça, même si parfois ça peut paraître alambiqué ou tiré par les cheveux, ceux de la « Madone Septimanienne » sans doute. Un « agneau », une « brebis » ou un « mouton » ce sont des « ovins ». En latin, un « ovin » est un « ovis » et un troupeau de moutons est désigné en « ouailles », alors le chanoine a sans doute raison même si ensuite ce dernier mot a pris une autre signification, celle de fidèles chrétiens placés sous la protection d’un pasteur spirituel. Et puis, la clé de la voûte est bien représentée par un agneau, alors ! (Le livre Sainte-Marie des Oubiels d’Emile Barthe est édité aux Editions Lacour-Ollé).

     

     

     

     

     

     


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    Pollinis vous connaissez ? Il s’agit d’une association qui défend les abeilles et demande l’interdiction des insecticides néonicotinoïdes, principaux responsables de leur massacre ces 20 dernières années.

    La question n'est pas de savoir si on l'aime ou pas les abeilles. Les abeilles sont notre plus bel et seul avenir.

    "Si l'abeille disparaît, l'humanité en a pour 4 ans" disait Albert Einstein.

    A titre d'un seul exemple, voilà le lien vers un article de Marie Claire de 2014 assez édifiant :

    37 millions d'abeilles mortes au Canada à cause des OGM

     

    Si ce mois-ci, j’ai voulu mettre à l’honneur cette association sur Mon Journal Mensuel, c’est parce que les Eurodéputés ont voté à une très large majorité la directive dite du « Secret des affaires ». Or comment ne pas être d’accord avec Pollinis à ce propos : Je ne doute pas une seconde que si plus d’informations seront tenues secrètes, cela se fera inévitablement au profit des grands groupes et des puissants lobbies et au détriment des citoyens que nous sommes. Je vous laisse prendre connaissance des messages reçus de Pollinis ce 15 avril. Lisez ces messages et signez les pétitions proposées si vous le voulez bien.

     

    Madame, Monsieur,

    Ce qu'il vient de se passer est très grave : hier, le Parlement européen a adopté la directive "Secrets d'affaires" dictée par les lobbies, pour leur faciliter la commercialisation de pesticides ou de médicaments sans devoir rendre de comptes à personne : ni aux citoyens, aux agriculteurs, aux médecins ou aux malades, ni aux scientifiques indépendants, ni même aux autorités sanitaires censées les contrôler.

    Les députés se soumettent à la loi des lobbies !

    C'est une véritable trahison de l'intérêt général et des citoyens qu'ils sont censés représenter, au profit de l'industrie et ses milliards de bénéfices. Et seule une mobilisation massive et immédiate de tous les citoyens à travers l'Europe peut encore couper court à cette prise de pouvoir des lobbies à Bruxelles :

    Il nous reste un mois, tout juste, avant le vote final au Conseil des ministres de l'Union Européenne – ce sont eux au bout du compte qui vont vraiment décider d'approuver ou non, au nom de leur gouvernement, la directive "Secrets d'affaires".

    Avec votre aide, nous devons être au moins 1 million de citoyens pour faire pression sur le Conseil et les gouvernements des pays membres de l'Union Européenne, et obtenir le rejet du texte.

    C'est possible : en 24 heures, nous avons déjà réussi à réunir 150 000 signatures !

    Alors signez sans attendre votre pétition au Conseil, et transférez au plus grand nombre de personnes possible cet email pour faire connaître la situation, et rassembler un maximum de citoyens contre la directive des lobbies !

     Hier, les députés européens ont voté une directive dictée par les lobbies, qui est une offensive sans précédent contre notre droit à l'information et notre droit à protéger notre santé et notre environnement.

    C'est le plus gros plan jamais élaboré par l'industrie pour faire taire les citoyens et sécuriser des milliards de profit. Et notre seul moyen de l'arrêter, c'est de mettre une pression sans précédent sur le Conseil de l'UE, qui aura le dernier mot sur le texte.

    Alors :

    Signez vite votre pétition au Conseil, et transférez ce message pour rallier 1 million de personnes avant le vote, et que les citoyens pèsent plus lourd dans la balance que les lobbies de l'industrie !

    JE SIGNE LA PETITION AU CONSEIL EUROPEEN 

     

     

    Madame, Monsieur,

    Imaginez. Votre enfant ou votre conjoint tombe gravement malade. Les médecins diagnostiquent un cancer qu'ils pensent lié à l'utilisation massive de certains pesticides dans votre région, ou à l'absorption régulière de petites doses de ces mêmes produits à travers l'alimentation.

    Vous et votre famille, mais aussi des médecins et des scientifiques indépendants, demandent à l'entreprise qui fabrique ces produits de leur fournir les détails des tests et des études qui ont servi à autoriser leur commercialisation – pour comprendre ce qui s'est passé, peut-être même trouver un  moyen de sauver votre enfant ou votre conjoint malade et éviter que de tels drames se reproduisent à l'avenir.

    Mais l'entreprise agrochimique concernée refuse de divulguer ces informations.

    Grâce à la directive sur le secret des affaires que l'Union européenne s'apprête à faire passer (1), elle est désormais en droit de le faire : rien ni personne ne pourra plus l'obliger à fournir ces informations pourtant capitales pour la santé de millions d'individus – sous prétexte qu'elles contiendraient des données précieuses qui assureraient des bénéfices confortables et durables à l'entreprise en question !

    Pire : les journalistes ou les scientifiques qui s'aventureraient à rendre publics ces éléments confidentiels classés « Secrets d'affaires » pourraient être poursuivis devant la justice et risquer une amende colossale et jusqu'à 5 ans de prison !

    Ce cauchemar absurde est une réalité imminente qui menace l'Europe et tous ses habitants, VOUS ET MOI COMPRIS.

    Après des années de lobbying intensif, un petit groupe de multinationales agrochimiques et pharmaceutiques est en train de parvenir à son but.

    Une directive draconienne de l'Union européenne est sur le point de nous interdire définitivement, à nous citoyens, journalistes, lanceurs d'alerte, médecins et scientifiques indépendants... l'accès à toutes les données  scientifiques exigées par la réglementation pour pouvoir mettre un pesticide ou un nouveau médicament sur le marché.

    Il s'agit de la nouvelle Directive du Parlement européen et du Conseil sur la protection des savoirs-faire et des informations commerciales non divulguées (secrets d'affaires) contre l'obtention, l'utilisation et la divulgation illicite, qui vient d'être approuvée par le Parlement européen à Strasbourg le 14 avril 2016, et qui sera votée en dernier ressort par le Conseil le mois prochain.

    C'est une offensive sans précédent contre notre droit à l'information
    et notre droit à protéger notre santé et notre environnement.

    Quels que soient les enjeux qui servent à justifier cette directive, son but est extrêmement clair :

    **Garantir en inventant un nouveau droit que les intérêts des multinationales vont toujours passer avant l'intérêt général et avant l'intérêt des citoyens...

    **Permettre que les dossiers d'homologation des éléments composant les produits phytopharmaceutiques soient encore plus opaques pour faciliter la commercialisation des pesticides et des médicaments ou les maintenir plus longtemps sur le marché...

    **Sécuriser enfin des milliards de profits pour l'industrie agrochimique et pharmaceutique dans les années à venir en empêchant que n'éclatent d'autres grands scandales sanitaires et environnementaux et éviter que leurs produits ne puissent être retirés du marché.

    Cela fait des années que les multinationales rêvent d'imposer ces mesures.

    Elles ont déjà réussi en partie à verrouiller le système et empêcher les citoyens et les chercheurs indépendants de venir mettre le nez dans leurs affaires :

    Vous avez sans doute entendu parler de l'affaire du glyphosate, l'ingrédient principal du fameux RoundUp de Monsanto, cet herbicide ultra-contesté qui est pourtant le plus massivement utilisé en Europe et dans le monde ?

    Un rapport de l'OMS (l'Organisation mondiale de la santé) vient de dénoncer le produit en question dans un rapport alarmant (2) dans lequel il est soupçonné de provoquer des cancers chez les agriculteurs qui les utilisent, et dans la population...

    ...et pourtant :

    L'Union européenne, de son côté, juge qu'il est « improbable » que l'herbicide incriminé soit à l'origine de ces problèmes, et – en s'appuyant sur des études scientifiques controversées financées par Monsanto – autorise sa commercialisation dans toute l'Europe (3) !

    Lorsque des labos indépendants demandent l'accès à ces études pour en faire une contre-expertise et en avoir le cœur net, c'est un refus catégorique qui leur est opposé : ces études contiendraient des données classées « Secrets d'affaires », et il serait contre l'intérêt de l'entreprise de les divulguer.

    D'après l'Union européenne, l'autorisation de commercialiser un pesticide se baserait donc avant tout sur la « bonne foi » d'une multinationale qui brasse des milliards de profits annuels grâce à ce même produit. C'est renversant !

    Autre cas récent qui devrait nous alerter :

    C'est arrivé à Rennes, en France - et largement médiatisé : une personne volontaire pour un essai clinique est décédée à cause du traitement qu'elle testait. Des scientifiques demandent aujourd'hui la publication des données de l'essai clinique en question pour comprendre ce qu'il s'est passé exactement. Mais le laboratoire pharmaceutique concerné, Biotrial, refuse, en prétextant qu'il doit protéger ses « secrets d'affaires » (4).

    Ce que veulent obtenir les lobbies aujourd'hui, c'est que toutes ces pratiques moralement indéfendables soient officiellement gravées dans le marbre d'une directive européenne qui rende toute contestation et tout recours juridique impossible à l'avenir.

    Comment les multinationales font-elles pour imposer si facilement leur volonté à tout un peuple ?

    C'est difficile à croire, mais :

    La directive sur les secret des affaires est la dernière étape d'un plan élaboré dans le plus grand secret par leurs lobbies, main dans la main avec la Commission européenne et le Parlement européen, pour garantir que ni les citoyens, ni les chercheurs indépendants ne viendront plus se mettre en travers de leur chemin lorsqu'ils commercialisent des pesticides nocifs pour les pollinisateurs, l'environnement ou même la santé humaine.

    Pendant plus de trois ans, les lobbies ont dicté, quasiment ligne par ligne, leur loi à la Commission européenne.

    L'association Corporate Europe Observatory, qui milite contre l'emprise des lobbies au sein des institutions européennes, a suivi ce processus. Ce que montre son rapport (5) est édifiant :

    – Le groupe qui a rédigé la directive sur le secret des affaires était composé de seulement deux membres du personnel de la Commission et d'une armada d'experts, de consultants, de juristes et d'avocats travaillant directement pour l'industrie ;

    – Les échanges de mails qui ont fuité entre la Commission et les lobbies montrent clairement qui est a été aux manœuvres pendant tout ce temps : les lobbies dictent, la Commission applique ;

    – Les représentants de la société civile ont été soigneusement écartés des débats depuis le début des négociations. Ils n'ont même pas été tenus informés des réunions pendant lesquelles la directive a été élaborée, alors que les lobbies de l'industrie étaient invités à intervalles réguliers par la Commission à donner leur avis sur l'avancement des travaux.

    Il s'agit clairement d'une directive faite sur mesure pour les lobbies et par les lobbies, qui vise à s'assurer que les citoyens, les associations et les scientifiques indépendants ne viendront plus mettre le nez dans leurs affaires.

    Mais il reste un espoir d'empêcher les lobbies de faire définitivement la loi en Europe.

    Malgré la trahison des députés européens il y a quelques jours, qui ont décidé de faire passer l'intérêt des multinationales avant celui des citoyens qu'ils sont censés représenter en adoptant le texte dicté par les lobbies...

    ... rien n'est encore joué : il reste encore un vote décisif, au Conseil de l'Union Européenne.

    Un collectif d'associations, de syndicats et de représentants des citoyens européens (6), a lancé un appel pour que les institutions européennes rejettent purement et simplement la directive sur le secret des affaires.

    Avec POLLINIS nous avons décidé de jeter nos forces dans cette bataille, pour que la voix des citoyens soit vraiment entendue des politiques.

    Avec l'aide de nos membres et sympathisants, nous avons lancé une mobilisation éclair : en quelques heures, nous avons récolté 150 000 signatures à notre pétition contre la directive des lobbies.

    Il faut que cette action prenne une ampleur sans précédent pour atteindre rapidement 1 million de personnes en Europe. C'est le seul moyen de mettre une pression suffisante sur les membres du Conseil pour obtenir l'abandon de cette directive honteuse.

    C'est pour cela que je fais appel à vous aujourd'hui :

    Les lobbies ont beau être assis sur des milliards et se payer des consultants à prix d'or pour influencer les décideurs européens...

    ...nous sommes 500 millions de citoyens européens. Et c'est de nous que les institutions tirent leur légitimité !

    Il est grand temps de le leur rappeler...

    Faites maintenant un geste symbolique fort en signant la pétition contre la nouvelle directive européenne sur le secret des affaires- pour la protection des citoyens et le respect de notre droit à l'information, et ralliez un maximum de personnes supplémentaires, pour que tous ensemble on pèse plus lourd dans la balance que les lobbies !

    Le vote a eu lieu il y a quelques jours en catimini au Parlement, et la majorité des personnes en Europe ignore encore totalement ce qui se trame dans leur dos, et les conséquences dramatiques que cela implique pour leur avenir et celui de leurs enfants.

    C'est pourquoi que je compte vraiment sur vous pour signer la pétition, et m'aider à informer un maximum de personnes, en France, et dans tous les pays européens que vous pourrez nous aider à toucher.

    Il n'y a qu'en luttant activement pour nos droits que nous pouvons stopper l'initiative conjointe des multinationales et de l'Union européenne.

    Notre association s'organise pour lancer la pétition dans d'autres pays européens. Mais nous avons besoin de vous pour la diffuser, le plus rapidement possible et auprès du plus grand nombre possible : copiez les liens suivants, et transférez-les à vos amis et contacts partout en Europe :

    Lien vers la pétition en Français : info.pollinis.org/fr/NoToxicBizSecrets-Consilium

    Lien vers la pétition en Anglais : info.pollinis.org/en/NoToxicBizSecrets-Consilium

    Il n'est pas question ici de dire que les entreprises n'ont pas le droit de vouloir protéger de la copie illégale leurs recherches et leurs inventions– le droit de la propriété intellectuelle existe déjà depuis longtemps pour répondre à ces besoins.

    Mais il ne s'agit pas de ça ici : dans cette nouvelle directive, le droit au secret sert de prétexte pour justifier un verrouillage complet et définitif du système au profit de quelques multinationales, et enlever tout droit de recours et d'information aux citoyens !

    Si vous ne faites pas entendre votre voix en signant la pétition, les bureaucrates européens en déduiront que personne ne se soucie de ce recul incroyable de l'intérêt général.

    Ils penseront alors que cet énorme cadeau qu'ils font à l'industrie agrochimique et pharmaceutique en particulier n'a attiré l'attention ni l'indignation de personne.

    Alors s'il vous plaît, exprimez-vous. C'est le moment de vérité.

    Votre signature donnera une légitimité démocratique décisive aux démarches que les associations pourront entreprendre sur le plan juridique.

    Et après avoir signé votre pétition, transférez ce message à toutes les personnes que vous connaissez. Dites-leur qu'il est temps d'agir - il n'y a vraiment pas de temps à perdre.

    Merci d'avance.

    Nicolas Laarman

    Délégué général

     

    Références :

    1. Proposition de DIRECTIVE DU PARLEMENT EUROPÉEN ET DU CONSEIL sur la protection des savoir-faire et des informations commerciales non divulgués (secrets d'affaires) contre l’obtention, l'utilisation et la divulgation illicites
    2. L'étude de l'OMS publiée dans The Lancet : Carcinogenicity of tetrachlorvinphos, parathion, malathion, diazinon, and glyphosate.
    3. "Commanditées par une vingtaine de firmes agrochimiques, regroupées au sein du Glyphosate Task Force (GTF) et représentées par Monsanto, ces études sont pour l’heure tenues secrètes. [...]Tandis que l’EFSA fonde partiellement son avis sur les études industrielles fournies par le GTF et tenues confidentielles, le CIRC appuie son analyse sur les études publiées dans la littérature scientifique, principalement conduites par des chercheurs du monde académique" Roundup : Bruxelles demande à Monsanto de rendre publiques ses études, Stéphane Foucart, Le Monde du 7 avril 2016
    4. Biotrial : de nouvelles révélations troublantes dans l'essai clinique mortel de Rennes. À lire sur le Figaro.fr.
    5. Towards legalised corporate secrecy in the EU?Corporate Europe Observatory 28 avril 2015
    6. Liste complète sur le site de CEO : cliquez ici

     

     

     


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