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Ce diaporama est agrémenté de musiques celtiques qui ont pour titre "Celtic Dream" de Ronan Hardiman, de "The Long Road" de Mark KnopflerA diverses reprises, j’ai eu l’occasion au travers de ce blog, de vous emmener du côté du village de Fenouillet, ancienne « capitale médiévale » du pays Fenouillèdes, à la frontière des Pyrénées-Orientales et de l’Aude. De mémoire, il y a eu une balade au Pech de Fraissinet, une autre au Vallon d’Aigues-Bonnes et aux Gorges de Saint-Jaume et enfin, au printemps de l’an dernier, c’est le Pech des Escarabatets que je vous avais invité à gravir. Pourtant, si Fenouillet a été, à chaque fois, le point de départ de ces jolies randonnées, jamais je ne vous en avais proposé la visite. Il faut dire que Fenouillet est une commune assez étendue en surface et éclatée en divers hameaux et lieux-dits, ce qui rend sa découverte plutôt compliquée. Je vais néanmoins tenter de réparer cette lacune en vous proposant une superbe randonnée que j’ai intitulée « le circuit des trois châteaux de Fenouillet » dont le point de départ est Caudiès-de-Fenouillèdes. Vous l’aurez compris, une fois encore l’Histoire avec un grand « H » va être le fil conducteur de cette belle randonnée car il s’agit de trois vieux châteaux médiévaux. Si l’Histoire du village vous intéresse, je vous propose d’aller voir deux sites Internet assez remarquables à ce sujet. Il y a celui consacré à Fenouillet dans l’Histoire du Roussillon et celui de l’historien Jean Tosti. Vous y trouverez des résumés de tout ce qu’il y a à savoir sur le joli hameau et vous verrez, partir marcher vers ce lieu chargé d’Histoire est bien plus attrayant quant on le fait avec quelques connaissances historiques. Il y a d’autres sites Internet évoquant les trois châteaux et chaque fois que je l’ai pu, j’ai mis un lien vous proposant un renvoi vers un de ces derniers. Il suffit pour cela de cliquer sur le nom du château en question. Comme déjà indiqué, la balade s’effectue depuis Caudiès-de-Fenouillèdes mais si le centre du village peu éloigné peut en constituer la ligne de départ, il est tout de même préférable de partir depuis le petit oratoire Sainte Anne de Notre-Dame de Laval se trouvant en bordure de la D.9. On gagne ainsi quelques kilomètres inutiles et sans grand intérêt à l’aller et au retour. Là, devant l’oratoire, on emprunte la piste DFCI F.14 qui file vers le Domaine des Demoiselles. Peu après le pont enjambant le ruisseau de Saint-Jaume, on laisse le bitume au profit d’un petit sentier balisé en jaune qui file à droite en entrant dans les bois. Auparavant, toujours sur la droite, vous aurez sans doute remarqué, une vieille ruine perchée au sommet d’une colline. C’est le premier de nos trois châteaux dont le but était de surveiller la Vallée de la Boulzane et de protéger le Vicomté de Fenouillet des agresseurs arrivant par là mais de ceux pouvant également venir du Vallon de Fosse. Ce château, il s’appelle Castel Fizel, il daterait de 12eme siècle et est situé à 496 mètres d’altitude tout au bout d’une longue colline faite de hautes falaises blanches qu’on appelle « La Roque ». La Roque n’est qu’une toute petite partie de l’étonnant synclinal de Saint-Paul-de-Fenouillet. Certains historiens se sont empressés de traduire Castel Fizel en « château fidèle » en se fiant au vieux « Lexique roman ou Dictionnaire de la langue des troubadours comparée aux autres langues latines » de l’académicien François Just Marie Raynouard, philologue et historien français du 19me siècle. Pourtant le toponymiste Robert Aymard pense que le mot « Fizel » pourrait provenir du latin « fixus » signifiant « fixé » qu’on pourrait interpréter ici en « dressé », le Castel Fizel devenant ainsi le « château dressé ». Les avis sont donc partagés. Un peu plus haut, on retrouve la D.9 qu’on délaisse une nouvelle fois en empruntant une piste qui, cette fois, monte à gauche de la route. Un panonceau jaune indique «Voie romaine du Col del Mas » et comme ce col figure bien sur notre circuit, on est certains d’être sur le bon itinéraire. Comme on le voit, si ce secteur des Fenouillèdes a eu ses heures de gloire au Moyen âge, les romains sont également venus traîner leurs sandales par ici depuis bien longtemps déjà. Ils n’étaient pas les seuls d’ailleurs, car à ces époques bien antérieures à Jésus-Christ, les envahisseurs étaient nombreux et les peuplades arrivaient parfois de tous côtés : Ibères, Celtes, Phocéens, Grecs, Phéniciens, j’en passe et j’en oublie, sont venus dans le pays du « fenouil » ou des « foins », là aussi les points de vue semblent divergents. Mais cette divergence s’estompe quand on sait que le Fenouil est appelé très souvent « petit foin » dans de nombreuses régions prouvant ainsi si nécessaire que l’origine latine des deux mots est commune. En effet, « feniculum » ou « foeniculum » c'est-à-dire le fenouil sont clairement les diminutifs latins de « fenum » ou « foenum » désignant le « foin ». En ce qui concerne toutes ces invasions, je vous renvoie une fois encore vers un excellent site Internet intitulé « Fenouillèdes.free.fr - Chronologie historique de la préhistoire au XXe siècle » sur lequel vous trouverez toutes les dates des principales invasions que le pays Fenouillèdes ait connues. Mais revenons sur notre piste et notre voie romaine qui commence à s’élever et se transforme peu à peu en un véritable sentier pédestre. On laisse sur la gauche, un grand pré verdoyant qui se trouve au pied des ruines du château. On peut atteindre les ruines de Castel Fizel par ce pré ou par d’autres itinéraires un peu plus haut, mais sachez que dans tous les cas vous serez sans doute confrontés à une végétation exubérante car les pourtours du château ne sont jamais débroussaillés. En effet, les vestiges subsistants étant considérés comme dangereux pour le public et les nombreux épineux faisant office de barbelés naturels, les autorités n’ont pas jugé utile d’en barrer l’accès. En conclusion, je vous en déconseille l’approche et vous préconise de regarder le Castel Fizel uniquement de loin. Il y aurait, parait-il, quelques vestiges de la Voie romaine, mais j’avoue ne pas les avoir chercher non plus. En poursuivant le sentier, les sous-bois s’assombrissent car ici la végétation est plutôt abondante et en outre, les chênes verts et les buis atteignent parfois des hauteurs assez surprenantes. Toutefois, vous remarquerez aussi les nombreux murets en pierres sèches et les multiples terrasses et l’on peut donc penser à juste titre que la forêt n’a pas toujours été aussi dense et que les hommes ont, aux temps jadis, cultivé ces « serrats ». Si la déclivité est plutôt constante, elle est néanmoins assez douce et sans trop sans rendre compte, on va très facilement atteindre le point culminant de la journée à 589 mètres d’altitude. Autant dire que le reste de la balade peut être très aisément transformé en une longue flânerie et d’ailleurs, nous-mêmes n’avons pas attendu le col del Mas pour prendre à la fois un peu de repos et notre pique-nique. Il faut dire que la partie du chemin à l’aplomb du Roc Rouge est bien moins boisée et plus ouverte sur les paysages alentours. Quelques clairières fleuries de minuscules narcisses que butinent quantité de papillons sont des invitations à s’arrêter un peu pour profiter de cette nature luxuriante et des beaux panoramas s’entrouvrant magnifiquement sur la grandiose forêt de Boucheville mais vers le Bugarach aussi. Le pique-nique terminé, on continue le parcours en direction du col del Mas et l’on emprunte désormais le G.R.36 qui ici, fait la liaison entre Fosse et Fenouillet. Peu de temps après, on retrouve finalement le D.9 au col del Mas. Là, sans doute était-il embroussaillé, nous n’avons pas retrouvé le sentier surligné en rouge sur la carte IGN qui descend vers l’aire de pique-nique et le magnifique petit plan d’eau de Fenouillet, aussi avons-nous trouvé préférable de poursuivre la D.9 jusqu’au lieu-dit « Pal Ficat » puis de tourner à gauche pour retrouver l’itinéraire. Ce nom de « Pal Ficat » rappelle très étrangement ceux de produits alimentaires pour chiens et chats, mais bien sûr ça n’a rien à voir, car en occitan, un « pal » est un poteau ou un pieu, quand à « Ficat », c’est, toujours en occitan, le participe passé du verbe « ficher » dans le sens de « planter » ou d’« enfoncer ». « Pal Ficat », c’est donc le lieu ou « le poteau ou le pieu était planté ». Aujourd’hui, vous n’y décèlerez aucun pieu ni poteau et seulement quelques ruines devant lesquelles il faut passer pour se diriger vers le deuxième château, c'est-à-dire le Castel Sabarda. Bien avant d’y arriver, vous aurez sans doute profité de la fraîcheur du limpide petit étang puis de celle du chemin verdoyant et ombragé qui passe au dessus du « Camping des Randonneurs » pour se diriger ensuite vers « Lou Prat del Rey » c'est-à-dire le « Pré du roi ». Bien qu’érigé au 5eme siècle à 520 mètres d’altitude, cet édifice est le plus saisissant des trois car il est situé sur un piton rocheux plutôt réduit dont il épouse parfaitement la forme. Dans un texte médiéval de 1109, Guillaume Peire, Vicomte de Fenouillet, fait hommage au Comte de Cerdagne pour son château et son rocher fortifié de « Samardana ».Les philologues s’accordent à penser que l’évolution de l’appellation « Samardana » a finalement donné naissance au nom de « Sabarda ». Les toponymistes, eux, sont très clairement d’accord pour dire que « Sabarda » a pour origine le mot « savart » ou « sabart » signifiant une « friche » ou une « terre inculte ». Les historiens pensent qu’une première tour a d’abord été construite, puis une deuxième un peu plus tard, reliées par une courtine, mur amplement percé et ruiné que l’on voit encore aujourd’hui et qui se trouve en surplomb du hameau principal de Fenouillet qu’on appele La Vilasse. Si Castel Fizel était chargé de défendre le nord, le Castel Sabarda, lui, était très clairement chargé de protéger le sud, l’ouest et l’est mais les deux châteaux n’étaient que les bases avancées d’un système défensif principal dont le commandement se trouvait au château Saint-Pierre, dernier objectif de notre balade. Pour s’y rendre, rien de plus simple, il suffit de poursuivre le chemin et en quelques minutes, nous voilà déjà à La Vilasse. Pour monter au château vicomtal de Saint-Pierre, il faut passer à gauche de l’église Saint-André et suivre les indications. Saint-Pierre est un vaste site très ruiné qui doit sans doute son hagiotoponyme à la création d’une abbaye monastique bénédictine antérieure ou en corollaire à celle du château autorisé par le comte de Besalu, le « terrible » Bernard 1er surnommé « Taillefer » alors vicomte de Fenouillet en 1011. Parmi toutes les ruines, on peut d’ailleurs découvrir l’abside d’une ancienne chapelle. De plus haut des ruines, on a une vue totalement circulaire sur l’ensemble des « pechs », « sarrats » et autres collines et vallons alentours : Vallon de la Boulzane, Pech de Bugarach, Gorges de Saint-Jaume, Vallon d’Aigues-Bonnes, Pech de Fraissinet, Vallon de Tulla, Col de Boire, Sarrat Naout, Vallon de Fosse, etc….autant de lieux de balades déjà expliqués dans divers de mes articles. Bien évidemment, avec ce regard embrassant ces superbes panoramas à 360°, on comprend mieux le rôle stratégique que le château Saint-Pierre a pu avoir à des époques où la guerre était le lot quasi quotidien du pays Fenouillèdes. Ici se termine la découverte de nos trois objectifs du jour mais pour autant, notre randonnée n’est pas terminée car il nous faut encore rejoindre la voiture. Alors bien sûr, si vous ne connaissez pas les Gorges de Saint-Jaume, l’épilogue de cette balade sera un bonheur supplémentaire, tant ce défilé est pittoresque et rafraîchissant. Pour cela, il faut poursuivre la petite route bitumée qui descend vers le lieu-dit le Moulin où démarre le sentier des gorges. En réalité, ce sentier est commun à de multiples chemins et c’est par ici que passent le G.R 36, le Sentier Cathare et le Tour du Fenouillèdes. Dans la descente vers le moulin, un raccourci vous permet d’atteindre le sentier plus rapidement. Bien entendu, si vous souhaitez découvrir Fenouillet dans sa quasi intégralité, c’est également par là que vous pouvez rejoindre l’ensemble des autres hameaux ou lieux-dits à savoir le Roudouna, les Nautes, la Coume, les Bordes, les Andrigotes et Aigues-Bonnes. Le sentier des gorges, lui, atterrit sur la D.9 à proximité de Notre-Dame de Laval. Rejoindre la voiture n’est plus qu’une simple formalité car il suffit de se diriger vers la vieille église, d’emprunter la porte de Notre-Dame de Douna Pa puis de descendre le petit chemin dit « des processions ». L’oratoire Sainte Anne est là et votre voiture aussi. Enfin la nôtre y était ! L’enregistrement « tracback » de la balade (enregistrement du tracé et d’un journal de route au cours de la marche) dans mon GPS a donné les chiffres suivants : distance accomplie 13 km200, dénivelé 247 mètres et montées cumulées 871 mètres. C’est donc une randonnée plutôt facile, réalisable en toutes saisons. Carte IGN 2348 ET Prades – Saint-Paul-de Fenouillet Top 25.
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Ce diaporama est agrémenté de plusieurs versions de la magnifique musique du compositeur Max Steiner "Theme From A Summer Place" (le nom du film en français est "Ils n'ont que vingt ans") interprétée ici et successivement par Tom Conlon (guitare), Joanie Sommers (chant), Percy Faith et son orchestre (instrumental) Max Steiner (Instrumental Lounge Music), Jack Jezzro (Guitare) et Bobby Vinton (chant).
Pour quelqu’un qui comme moi s’intéresse un peu à la toponymie, c'est-à-dire à la science qui étudie les noms des lieux, le nom de « Serrabonne » signifiant la « bonne montagne », (mais il faut plutôt entendre la « belle crête ») est déjà en soit une invitation à une randonnée pédestre et à la contemplation. Alors bien sûr, si une balade pédestre aux Crêtes de Serrabonne se suffit à elle-même tant les panoramas à 360° y sont remarquables, je m’étais dit que tant qu’à y monter autant y monter pour découvrir tout ce qu’il y avait à voir. Et là bien sûr, je ne parle pas seulement des paysages naturels que l’on aperçoit de tous côtés allant du Massif du Canigou aux proches collines des Aspres en passant par les massifs du Madres et du Coronat, par les Corbières, la plaine de la Têt, par celle du Roussillon et quelques vues en sus sur les Albères, oubliant sans doute au passage quelques reliefs supplémentaires ou plus lointains. Non, outre ce chemin de ronde assez extraordinaire, il faut bien le reconnaître, j’avais déjà depuis très longtemps entendu dire que les découvertes pouvaient y être nombreuses, très pittoresques et parfois même assez étranges. Comme toujours, je me suis aidé d’Internet pour affiner tout ça. C’est donc en ce 18 mars 2014, sous un soleil éclatant et printanier, que j’ai démarré cette superbe randonnée du joli prieuré dont une visite à partir de Boule d’Amont a déjà été décrite dans ce blog. Mon objectif principal était de ne rien louper de tout ce que j’avais lu ou vu sur la toile et dans quelques bouquins feuilletés chez moi ou à la bibliothèque. J’étais donc paré avec en sus quelques notes dans mes poches et il ne me restait plus qu’à crapahuter vers ces crêtes pour découvrir toutes ces « choses » insolites qui m’attendaient bien sagement du côté de la Roque Rouge, du col des Arques ou du Roc de l’Amoriador. Il est 10 heures quand je gare ma voiture sur le parking du prieuré. Il n’y a pas foule et seule, un autre véhicule est déjà là. Au moment où je traverse l’esplanade déserte du prieuré pour suivre le panonceau « les crêtes, sentier de promenade », la réceptionniste arrive, accueillie par son chat qui, au seul bruit de son véhicule, accourt vers elle. Quelques photos du magnifique édifice roman et me voilà déjà entrain de grimper un petit sentier très rocailleux au milieu des pins, des chênes verts et des bruyères arborescentes. Le sentier est si évident que l’on oublie bien vite les marques de peintures multicolores traçant sans doute divers balisages. Quelques mètres plus haut, je retrouve les quelques roches en escaliers où, il y a quelques années, une amie s’était bêtement cassée une jambe, tibia et péroné, nécessitant ainsi un hélitreuillage d’urgence par l’hélico de la Sécurité Civile. Les paysages s’entrouvrent déjà. A l’altitude de 863 m selon mon GPS, de grandes roches plates et inclinées en surplomb d’un ravin m’arrêtent dans mon élan car j’y remarque sans peine un grand « A » gravé ainsi que des cupules et un croix peu évidente car patinée par les siècles. Est-ce des gravures rupestres ? Je ne sais pas car je ne me souviens pas avoir vu ou lu sur le Net des informations sur ces gravures-là. Quelques photos de ces trouvailles et je repars. Un peu plus haut, ce sont deux étranges tertres de pierres et de terre où rien ne pousse dessus qui attirent mon regard et me stoppent de nouveau dans mon ascension vers la crête. Buttes naturelles ou tumulus artificiels cachant un quelconque mystère ? Là aussi, rien ne transparaît de ces étranges amoncellements et mon questionnement reste entier. En tous cas, rien qui ressemble à un vieux défrichage ou à un épierrement pastoral. Ici, il n’y a pas de murets ni de terrasses et je ne comprends pas ce refus de la nature de vouloir laisser vierge ces monticules de pierres et de terre. Habituellement et selon la formule d’Aristote si souvent consacrée, « la nature a horreur du vide ». En cherchant autour de ces tumulus, j’ai néanmoins trouvé, cachée dans les hautes bruyères, une petite cavité où je ne me suis pas trop aventuré ainsi qu’une grande pierre posée sur d’autres ressemblant très étrangement à un dolmen. Là aussi, ma carte IGN étant très muette à ce point précis et toutes mes recherches sur le Net et dans les bouquins ne m’ayant rien signalé de tels à cet endroit, l’apprenti archéologue que je suis repart des questions plein la tête. L’arrivée sur la crête et les grandioses panoramas qui s’y dévoilent, mettent un frein définitif à mes interrogations. J’enjambe une clôture et file sans tarder vers la droite en direction du Pic Ambrosi (981 m) et surtout vers celui de la Roque Rouge (1.015 m) où deux belles découvertes m’attendent. Dans la descente de la Roque Rouge, direction le Roc Grillère, c’est tout d’abord, cette très insolite et surprenante tête de dragon où à chaque instant, je m’attends à voir jaillir des flammes de son féroce naseau minéral. Moi, j’y vois une tête de dragon mais d’autres y voient la tête d’un cheval mythologique, enfin, les plus cartésiens y voient une sculpture montée de toutes pièces par quelques fantaisistes. Malgré des oreilles qui effectivement peuvent paraître un peu improbables, je préfère ne pas vérifier ce qu’il y a derrière ces supputations et rester avec mon regard de vieil enfant certains diront d'attardé mais je lui préfère le mot "candide". Néanmoins, et même si cette sculpture est mi-naturelle mi-factice, elle reste néanmoins incroyablement prodigieuse et l’on peut considérer son auteur comme un véritable artiste à la fois pour avoir eu cette idée et tant d’imagination mais aussi pour l’avoir concrétisée de manière aussi réaliste. Peu après la tête du dragon et un peu plus bas encore, sur le replat entre les deux rocs, c’est un superbe et vieux puits à glace souterrain dans un état de conservation assez remarquable que je découvre. Si le trou d’aération sur le tertre est relativement dangereux car sans garde-fous, il s’agit, sans discussion aucune, d’un des plus beaux puits à glace qu’il m’ait été donné de découvrir, même s’il faut bien admettre que sa visite est peu évidente et demande hardiesse et prudence, la porte et le conduit menant à la chambre principale étant fort étroit et fort bas. Après ces belles découvertes, il est temps de rebrousser chemin, direction le col des Arques dont les définitions toponymiques sont bien trop multiples pour qu’on puisse ici en déterminer clairement l’origine. En effet, quand on sait que le mot « arque » du latin « arca » peut à la fois signifier une « forteresse », une « arche », un « arc architectural», un « coffre », une « caisse », une « citerne » ou bien encore une « auge », un « abreuvoir », un « ossuaire, un « caveau » ou un « cercueil », on imagine la difficulté qu’il y a à trouver un juste raisonnement dans ce lieu sommes toutes plutôt inculte et désertique. Les historiens et autres étymologistes ont donc procédé par logique et élimination pour obtenir des résultats qui ne sont que des postulats. C’est ainsi, que la présence d’un muret en pierres sèches entourant un petit dolmen ruiné dont la dalle de couverture est amplement gravée de croix et de cupules datant du néolithique a sans doute donné naissance au « Cimentiri dels Moros » ou « Cimetière des Maures ». Là aussi, par les aléas de l’accentuation ou de la prononciation, les « morts » sont-ils devenus les « Maures » ? L’Histoire ne le dit pas mais selon les légendes recueillies par Joan Amades, les « Mores » étaient également « de grands géants qui allaient par le monde, emportant leur maison avec eux : une dalle sur la tête, les deux autres sous les bras. A la nuit, pour s'abriter, il leur suffisait de s'accroupir : leur cabane était toute prête ». (extrait de Folklore - Revue d’Ethnographie méridionale- Tome XVII- 27e Année - N° 4- Hiver 1964). Comme dans de nombreux cas similaires où le « Maure » est mis en exergue, il faut rapprocher cette légende de celle de Roland, le pourfendeur des Sarrasins et des Arabes en général. Enfin, l’archéologue Jean Abélanet, grand spécialiste de la préhistoire du Roussillon a noté que tous les lieux de notre région où l’on retrouvait le patronyme « arca » semblent disposer d’un dolmen. Voilà sans doute, la meilleure des explications. Après cette jolie découverte, ma promenade sur les crêtes se termine par la visite d’un tout proche « orri effondré », dernier vestige historique certes mais bien plus récent celui-ci. Il me faut donc quitter la crête mais le plus beau des sites restant à découvrir, je prends un chemin qui part sur la gauche en direction de Camp de l’Homme Mort. Là, une barrière en empêche l’accès et sur une pancarte, je peux lire « parc à moutons, véhicules, motos et chiens interdits ». Ne me sentant aucunement concerné par ces interdits, j’ouvre la portail et m’engage sur un agréable chemin en balcon d’un vaste ravin. En réalité, si l’on regarde la carte IGN, ce n’est pas un seul mais de multiples ravins qui descendent en éventail tout au fond d’un immense vallon du nom de la « Castagnerède ». Quand au balcon lui-même, il arpente le Pla de las Eugues, c'est-à-dire "le plateau des juments". Au regard de ce nom, on peut penser que ce lieu est propice aux rassemblements des chevaux lors de transhumances. Si de magnifiques bouleaux blancs, des pins, des saules chargés de merveilleux chatons, quelques cuisants prunelliers et des genêts à balais jalonnent ce superbe sentier, on regrettera une fois encore que des écobuages mal maîtrisés se soient transformés en véritables incendies noircissant une ample partie des paysages. En tous cas, en arrivant par ce chemin, trouver le « fameux » Roc de l’Amoriador, vaste dalle entièrement ornée de gravures rupestres est vraiment un jeu d’enfant. Alors bien sûr, ayant lu le livre « Signes sans paroles » de Jean Abélanet, je suis moins subjugué que si j’avais découvert ce site sans cette lecture préalable mais néanmoins la fascination reste bien présente. Comment pourrait-il en être autrement en sachant que certains de nos ancêtres millénaires voire séculaires ont sans doute gravé la plupart de ces croix et sans doute aussi quelques motifs car pour de nombreux autres, je pense qu’on peut faire confiance à notre grand spécialiste de l’art rupestre quand il écrit en parlant de ce roc : « A l’évidence toutes ces gravures ne sont pas préhistoriques : une date en chiffres maladroits, 1873 ou 1813 et une autre inachevée, 181., nous rappellent qu’un certain nombre de gravures rupestres peuvent être le fait de bergers et qu’une fois patinées par quelques siècles d’exposition aux intempéries, ces gravures, qui reprennent souvent des motifs traditionnels, peuvent induire en erreur les meilleurs spécialistes. Plusieurs cruciformes du Roc de l’Amoriador, par leur technique et leur patine plus claire, doivent être d’âge préhistorique ; également, les motifs en fleuron ; quant au personnage marchant, avec son bonnet de grenadier, sa tunique à cinq boutons, son fusil à baïonnette, il évoque quelque fantassin du XVIIIe siècle ou un grenadier de l’Empire ; et, avec son sexe apparent, il constitue un excellent document d’ethnographie populaire. Comme la thématique de cette roche se démarque assez nettement de celle des autres sites rupestres catalans, nous nous interrogeons sur l’antiquité des autres motifs : la spirale…, l’oiseau et le quadrupède….,le signe en phi, le motif oculé et le signe en double arceau qu’on voit encore sur ce rocher ». Voilà la lecture que Jean Abelanet fait de ce roc et son témoignage et les quelques notes que j’ai dans une poche vont me servir à faire plus clairement la part des choses. Mais dans l’immédiat, il est l’heure de déjeuner et je m’installe confortablement sur l’herbe bien à l’abri d’une légère brise du nord qui s’est mise à souffler. Et là, salade en mains, c’est un autre grand spectacle qui débute sous mes yeux, car si l’oiseau de Jean Abelanet n’est qu’une pâle imitation d’une gravure rupestre, la vingtaine de grands volatiles qui tournoient devant moi, eux, sont bien réels, en chair, en os et en plumes. Une vingtaine de grands vautours fauves, marquage alaire pour certains d’entre eux, ont décidé d’imiter la Patrouille de France. Cette spectaculaire et « angoissante » représentation « ornithologique » va durer le temps du pique-nique et bien au-delà encore et elle ne se terminera qu’avec mon départ du Roc de l’Amoriador. Au fait « Amoriador » signifiant un « lieu frais et ombragé où l’on parque du bétail », les grands rapaces ne m’auraient-ils pas pris pour un éventuel et futur casse-croûte du style méchoui ? Peut-être, car bien que ces animaux soient souvent décrits comme uniquement nécrophages, j’ai lu qu’il n’était pas rare qu’ils s’attaquent à des troupeaux alors je suppose que s’ils ont vraiment faim…... Autant le dire, le retour vers le prieuré en passant par le col des Arques , celui de Saleig et celui de l’Aspic ne va pas être à la hauteur des multiples découvertes que j’ai faite jusqu’à présent. Seuls une vieille camionnette bleue Renault faisant office de cairn monumental va m’arrêter dans cette longue et fastidieuse descente. Comme souvent, mon numérique est là pour tenter de combler ce laborieux retour mais ici, aucune fleur nouvelle ne viendra garnir mon « herbier photographique » quant aux papillons et aux oiseaux, ils semblent avoir quasiment déserté le « Planell de la Roqueta » et c’est seulement à l’approche du prieuré que j’aurais la chance de photographier quelques oiseaux rares. Mais je ne vais pas me plaindre, car aujourd’hui j’ai eu mon lot d’oiseaux bien au delà de mes espérances car la photo animalière en général et ornithologique en particulier si elle requiert persévérance et patience, elle nécessite surtout d’avoir beaucoup de chance. Or aujourd’hui, de la chance, j’en ai eu beaucoup avec bien sûr les vautours fauves, mais également des rougequeues noirs à la pelle, une grive draine, un tarier pâtre, un coucou-geai, une sittelle-torchepot et un joli chardonneret. Après un épilogue assez sportif fait de petites montées et de descentes successives, j’avoue que l’arrivée au prieuré a été un vrai soulagement. Il l’a été d’autant mieux que le lieu est calme, reposant et incite à la méditation. Les tables et bancs d’une aire de pique-nique absolument déserte sont arrivés à point nommé pour prendre une collation, finissant ainsi les restes de mon casse-croûte que j’ai toujours tendance à emporter en trop grande quantité. Ce défaut étant la conséquence de multiples égarements plus ou moins gravissimes que j’ai connu dans le passé. Il est 16h40. Arrêts inclus, je suis resté 6h30 sur les sentiers des Crêtes de Serrabonne parcourant ainsi 16 à 17 km, pour des montées cumulées de 1.120 mètres et un dénivelé de 486 mètres, le point culminant étant le Roc de l’Amoriador à 1.044 m d’altitude et le point le plus bas de cette balade étant à 558 m au fond du Correc del Vilar peu après le col d’Aspic. Une grande partie de cette balade étant peu ombragée, il est primordial d’emporter de l’eau en quantité suffisante, quant à l’équipement, les chaussures de randonnées à tiges hautes sont indispensables sur un terrain parfois caillouteux. Cartes IGN 2349 ET Massif du Canigou, 2449 OT Céret – Amélie-les-Bains- Palalda – Vallée du Tech et 2448 OT Thuir – Ille-sur-Têt Top 25.
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Après les dernières élections européennes et les résultats que l’on sait, bon nombre de français dont certains de mes ami(e)s , se sont dits froissé(e)s, choqué(e)s par la victoire du Front National. J’ai même lu des « j’ai honte d’être français » et là, je l’avoue, je trouve le raccourci un peu facile car c’est ignorer les raisons profondes de ce vote sanction. Car il ne faut pas se leurrer, c’est bien de ça qu’il s’agit, d’un vote sanction. Notre pays est clairement en faillite ; Fillon le disait déjà en 2008 ; et de nombreux français souffrent de la crise économique (enfin c'est comme ça qu'on nous la vend !) et ils ont voulu le faire savoir au Président Hollande. De nombreux français n’ont plus confiance dans les partis dits « classiques » pour trouver des solutions à leurs problèmes et ils ont voulu le faire savoir. De nombreux français ne voient pas le « bout du tunnel » et serrent la ceinture bien avant la fin du mois et ils ont voulu le faire savoir. De nombreux français sont de plus en plus ponctionnés de taxes et d’impôts sans que des solutions soient trouvées et ils ont voulu le faire savoir. De nombreux français vivent régulièrement dans l’insécurité, retrouvent systématiquement dans leurs rues ou leurs cages d'immeubles les voyous qui leur posent des problèmes et ils ont voulu le faire savoir. De nombreux français en ont assez de toutes ces affaires politico-juridico-financières du style Jérôme Cahuzac, Aquilino Morelle, Faouzi Lamdaoui, Jean-François Copé et ils ont voulu le faire savoir. De nombreux français en ont assez de voir que le gouvernement est plus diligent à régler les problèmes de certaines communautés, du style mariage pour les homosexuels que leurs problèmes quotidiens et ils ont voulu le faire savoir. De nombreux français lisent qu’en ce temps dit « de crise », pour les plus riches ça va de mieux en mieux, ils ne comprennent pas ce paradoxe et ils ont voulu le faire savoir. De nombreux français souhaiteraient qu’en ces temps de crise, préférence leur soit donnée sachant très clairement que ce n’est pas toujours le cas et ils ont voulu le faire savoir….Alors bien sûr, dès que l’expression « préférence nationale » est mise en avant, on est clairement taxé d’être d’extrême droite, de xénophobie, d’antisémitisme, de stigmatiser l’étranger ou je ne sais quoi d’autre. Je suppose très aisément qu’un chômeur de longue durée un peu désespéré voire un smicard sans horizon ou un retraité encore obligé de travailler pour vivre seront plus enclin à voter F.N aujourd’hui qu’un Yannick Noah, qu’un Patrick Bruel ou qu’une Madonna, leur avenir en général et leurs fins de mois en particulier n’étant sans doute pas les mêmes ni de surcroît comparables. Peut-être que parmi ces « bons » français, bons électeurs de surcroît puisqu'ils ne s'abstiennent pas, certains ont-ils essayé de passer du bleu au rose et vice-versa, en votant Giscard en 74, Mitterand en 81 et 88, Chirac en 95 et 2002, Sarkosy en 2007 puis Hollande en 2012 et finalement rien n’a vraiment évolué dans le bon sens ni changé pour eux. Finalement, ils ont pensé : voyons voir, si on essayait un peu le bleu marine ! Bien évidemment, mes écrits ne vont pas plaire à tout le monde mais la plupart de nos médias étant loin d’être sincères et l’information étant clairement manipulée pour que l’on nous fasse « prendre des vessies pour des lanternes » à longueur d’années, je m’en fous « royalement ». Comme le dit si bien Anne Roumanoff, "on ne nous dit pas tout". A titre d’exemple, en cliquant dessus, prenez connaissance de cet article du journal algérien le Matin.dz intitulé « L’accord d’association Union Européenne - Algérie garantit à l’enfant l’accès aux prestations sociales en France », sous entendu à l’enfant algérien quel qu’il soit. Je précise que le journal algérien le Matin est un journal plutôt socialiste et que l’on ne peut pas le taxer de complaisance avec le pouvoir actuel, quelques journalistes ayant laissé leur peau dans leur combat pour une presse algérienne libre et son directeur ayant été emprisonné pour avoir écrit un livre pamphlet sur le président Bouteflika, « Bouteflika, une imposture algérienne ». Et bien pensez-vous sincèrement que cette information ait fait la Une de nos médias nationaux français, presse ou télévision ? Eh bien non, c’est le silence le plus total et seuls quelques blogs indépendants et les « Contribuables Associés » ont relayé cette information (voir photo ci-jointe à agrandir pour la lire) et notamment dans un numéro spécial « les Enquêtes du contribuable » sorti en avril et mai 2014 et intitulé « L'assistanat ruine la France, décourage le travail et avilit les français » et en sous titre « voyage au pays des 1001 allocs » et« Immigration : l’appel d’air des aides sociales ». Je vous en conseille vivement la lecture avec un excellent article du trop rare François de Closets. Savez-vous, qu’un ancien vice-président de la CNAF (Caisse Nationale des Allocations Familiales), Olivier Collas pour ne pas le nommer, a clairement été viré de cette institution par Najat Vallaud-Belkacem pour délit d’opinion et pour avoir critiqué un peu trop vertement ce type de mesures très irrationnelles pour un pays qui comme le nôtre va si mal et qui subit des fraudes sociales et fiscales s’élevant à plusieurs milliards chaque année (voir l'encart sur la photo). Alors bien sûr, nombreux sont ceux qui en lisant mon article vont me taxer de vouloir stigmatiser l’étranger, ici en l’occurrence l’algérien venant vivre en France, mais essayons de faire preuve d’un peu de logique : si chaque mois vous éprouvez des difficultés à boucler votre budget, si chaque mois vous creusez votre découvert à la banque, vous vient-il à l’idée d’aller donner 100 ou 200 euros à votre voisin sans savoir s’il va mieux ou moins bien que vous ? La réponse est clairement NON ! Et pourtant c’est bien ce que la France fait chaque mois, depuis très longtemps, avec l’aide de l’Union Européenne qui l’y oblige, mettant par voie de conséquence, un grand nombre de français modestes ou même moyens dans la difficulté.
Alors la solidarité c’est bien, c’est même parfait quant on peut pleinement l’assumer sans trop de contraintes mais en France, ce n’est plus la cas depuis très longtemps déjà….Pourtant, avec de telles mesures et depuis presque 40 années, nos hommes politiques de tous bords ont creusé un déficit abyssal (+ de 30.000 euros par habitants à ce jour) mais ils se refusent de voir la réalité en face et à engager de profondes réformes. On continue à accueillir toute la misère du monde.....et surtout on ne veut pas voir qu'on n'a jamais eu les moyens d'y subvenir....Où cela s'arrêtera-t-il ?
C’est mon opinion et comme le chantait si bien Julien Clerc mais pour une de tout autre raison, « mais elle est, ma préférence à moi », je parle de la France bien sûr……
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