• Au même titre que de nombreux autres cols des Pyrénées-Orientales, ces sentiers sur la crête frontière avec l’Espagne par le col de Siern et le col Prégon ont sans doute vu passer au fil des siècles des millions de chemineaux.  Et quand je parle de « chemineaux »,  je n’évoque pas systématiquement l’aspect vagabondage des choses mais je pense plutôt à toutes celles et à tous ceux qui, pour des motifs divers et variés, ont cheminé ces voies de passage. Dieu sait s’ils ont été nombreux à toutes les périodes de l’histoire des deux pays frontaliers : Ibères, Celtes, Romains, Arabes, fantassins aragonais, castillans, majorquins et catalans, croisés et religieux de tous bords, pèlerins et cathares, soldats des royaumes d’Espagne et de France, angelets et miquelets, douaniers et contrebandiers, paysans et maquignons, travailleurs frontaliers et marchands ambulants, maquisards et résistants de tout poil, j’en oublie, j’en passe et des meilleurs. Mais, c’est sans aucun doute en 1939 que ces chemins ont été les plus empruntés par tous ces réfugiés espagnols qui fuyaient en masse et par vagues successives le régime de Franco.  D’abord dans un sens, pour ceux dont l’exil était la seule issue possible pour espérer un peu de liberté, puis dans l’autre sens, pour tous ces républicains qui organisèrent depuis la France et courageusement la guérilla contre le franquisme et franchirent ces cols pour retrouver un jour cette liberté démocratique. Alors, connaissant un peu l’Histoire de cette région, quand j’ai emprunté pour la première fois ces sentiers vers les cols de Siern et Prégon, je n’ai pu m’empêcher de penser à tous ces gens qui m’ont devancé sur cet historique chemin de traverse, souvent pour des raisons dramatiques et cruelles.  Aujourd’hui, sans oublier les heures les plus pénibles de ce souvent triste passé, on a le bonheur de s’engager sur ce chemin pour le simple plaisir de balader, alors sachons en profiter à sa juste mesure ! Depuis Prats-de-Mollo, commune à laquelle est rattachée La Preste, on rejoint la station thermale par la D.115A que l’on traverse pour rejoindre le parking d’où s’effectue le départ. Ici pas besoin de GPS, il faut lire le panonceau indiquant le col de Siern par le PR.20 et suivre le balisage jaune qui part vers une fromagerie. On marche d’abord sur la route goudronnée parallèle au Tech, au milieu des cytises et des genêts qui donnent une touche de couleur jaune à ce havre de verdure. Au bout d’un kilomètre, on quitte le bitume pour une sente qui monte en sous-bois. Droit devant nous, la haute pyramide du Costabonne (2.465m) s’érige en illustration souveraine de ce grandiose tableau naturel.  Souvent présent dans le décor, le haut pic va quasiment nous accompagner tout au long de cette superbe randonnée. Par d’amples lacets, la bonne sente grimpe dans la magnifique forêt de la Baga de Siern et coupe de temps à autres des pistes forestières. Il faut suivre le PR.20 et le balisage jaune même si quelques courts raccourcis signalés par des cairns peuvent être préférés. Au bout de trente minutes, on délaisse le large chemin qui va au Costabonne au profit d’un étroit sentier qui monte à l’opposé au milieu des hêtres et indique le Col de Sizern (Siern). Juste avant d’atteindre le col et la borne frontière 514 (1.629 m), on traverse un large pierrier.  Ici, il n’y a pas d’arbres pour nous boucher la vue, alors il faut en profiter car les panoramas avec encore quelques névés immaculés sur le Costabonne, les Esquerdes de Rotja et le massif du Canigou sont tout simplement extraordinaires.  Dans ce tableau enchanteur, on n’oublie pas les vues plongeantes sur la Vallée du Tech et celles somptueuses sur le Haut-Vallespir tout entier et la Réserve Naturelle. Au col, on arrive sur la crête frontière et le regard bascule sur le versant espagnol tout aussi magnifique : collines aux sombres forêts, prés d’un vert tendre tel des greens et vallons verdoyants se succèdent dans un horizon olivâtre sans fin. Au col de Siern, il faut emprunter par la gauche les caminoles qui filent plein est au milieu de petites sapinettes. A la fois traces d’animaux et de randonneurs, avec un balisage jaune et le chiffre 20 toujours présent, mais moins évident à percevoir, ces caminoles vous mènent sans problème au col Prégon en suivant les courbes du terrain. Le chemin parsemé de fleurs multicolores et encadré parfois de quelques boqueteaux s’élargit ou se rétrécit selon la configuration du paysage. Parfois il se rapproche où s’éloigne de la frontière matérialisée par une clôture, alors pour avoir une vision plus ample des deux versants à la fois, il ne faut pas hésiter à quitter le sentier balisé pour traverser les pelouses et grimper au sommet des mamelons les plus élevés (Puig del Rey, Portavella). Sur ces plateaux dépouillés, on n'a aucun mal à retrouver son chemin et il faut simplement faire attention à ne pas écraser les gentianes ou les massifs de polygales, de céraistes, de boutons d’or et d’une multitude d’autres fleurs qui poussent ici à profusion et colorent superbement les herbages.  Au col Prégon et à la borne 515, autre chemin de traverse dont les panonceaux indiquent vers la droite et l’Espagne, les cités d’Espinabell, Mollo, Camprodon et plus loin Ripoll,  nous, on tourne à gauche vers La Preste, on franchit la barrière et on descend dans la belle hêtraie en suivant un balisage jaune et rouge. Cette longue descente parfois très pentue nous amène facilement au hameau de La Forge où l’on tourne à gauche pour franchir le Tech par la petite passerelle de la Source de la Galerie. Ici l’itinéraire s’élève au dessus d’un lavoir, aboutit sur la D.115A  qui file vers La Preste, très belle cité thermale que l’on peut rapidement visiter. La boucle se referme sur le parking où l’on retrouve notre véhicule. Arrêts compris et en y allant « mollo » (c’est normal ici, même si le nom propre n’a pas, semble-t-il, les mêmes origines) comptez 5 à 6 heures pour réaliser ce splendide circuit. Carte IGN 2349 ET Massif du Canigou Top.25.

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  • Ce diaporama est agrémenté de 2 chansons interprétées par Jonatan Cerrada. Elles ont pour titre : "A Chaque Pas" et "Je voulais te dire que je t'attends" de Michel Jonasz.

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    Dans ce blog, j’avais eu l’occasion de vous faire découvrir le ravissant village de Prats-Balaguer (1.309 m) lors d’une longue et difficile randonnée en boucle autour du magnifique Pic Coucouroucouil. Difficile car bougrement enneigé sur une belle partie du parcours. Prats-Balaguer se trouve au dessus de Fontpédrouse (sur la N.116) et non loin des fameux Bains de Saint-Thomas où un bain chaud sera toujours possible après cette belle balade au Refuge de l’Orri (1.810 m). Connu de nombreux randonneurs car ce refuge se trouve sur le sentier du célèbre G.R.10, mais aussi sur le G.R.36 et le Cami de Nuria qui va en Espagne, il peut être à lui tout seul l’objectif d’une agréable sortie d’un jour. En outre, c’est toujours avec émotion que je retrouve cet endroit où nous étions passés en 2001 lors de notre mémorable G.R.10 Mérens-les-Vals-Mantet réalisé en 6 jours et en autonomie. Le départ est le même que celui que j’avais préconisé pour le Tour du Coucouroucouil : Au départ de Prats, on monte tout droit vers le Castell par le chemin creux balisé en jaune. Le chemin est encadré de hauts murets de pierres sèches et une fois au Castell, on aboutit à une piste terreuse que l’on quitte par la gauche au bénéfice d’une étroite sente 500 mètres plus haut. Tout en montant ce sentier, il est utile de se retourner de temps en temps, à la fois pour percevoir le chemin déjà accompli, mais aussi pour observer le Massif et le pic du Carlit dont on a, d’ici,  une magnifique et large vision.  Au détour d’un lacet, on aperçoit devant soi, de nombreux hauts sommets encore très enneigés : Pic de l’Orri (2.561 m), Pic d’Eyne (2.786 m) Pic de les Nou Fonts (2.861 m), etc.… Au Roc d’Aumet, cette agréable sente au dénivelé  plutôt constant finit par arriver en surplomb de la jolie retenue d’eau de la Sola del Pomer où l’on a devant soi un extraordinaire vallon et un panorama de forêts et de montagnes à couper le souffle. Alimenté par le frêle ruisseau de la Font dels Collets, le petit bassin qui fait office de barrage peut être le prétexte à un attrayant arrêt. En effet, ses berges herbeuses permettent de s’y reposer tranquillement en prenant une collation et de plus, elles sont souvent le terrain de jeux de nombreuses et espiègles marmottes qui y ont élu domicile.  Ensuite, il suffit de contourner le petit bassin et de se diriger vers la Cabane d’Aixeques que l’on aperçoit de l’autre côté pour trouver le G.R.10 qu’il faut poursuivre tout droit dans la vallée de la Riberole. Moins d’une heure plus tard, et dans un décor ample et stupéfiant, le refuge est déjà visible sur votre droite (photo). Occupé par un berger à la bonne saison, mais en principe ouvert à tous le reste du temps, le refuge pastoral de l’Orri est un endroit où un pique-nique  improvisé peut être pris. Mais si vous n’aimez pas trop l’improvisation et que vous avez été suffisamment courageux et prévoyant pour vous trimballer tout le nécessaire à un barbecue organisé, sachez que le refuge dispose d’une cheminée ou d’un appentis où un feu peut être allumé.  Après quelques heures passées à vous émerveiller dans cette splendide vallée, vous serez peut-être tentés de poursuivre par le Cami de Nuria ou le G.R.10 vers d’autres horizons. Sachez que cela est parfaitement possible et que des boucles comme par exemple celle qui emprunte la Vallée de la Riberole par le Cami Nuria jusqu’à la crête frontière avec les Pics de la Fosse de Géants (2.799 m) et de la Vache (2.826 m) puis retour par la Vallée de la Carança et le Col Mitja (2.367m) sont parfaitement envisageables sur deux jours. Mais ici, on ne parle plus de simple balade dominicale mais d’une randonnée en haute montagne qui se prépare avec beaucoup de minutie. Ce parcours, nous l'avions accompli avec délices et en 2 jours il y a quelques années, mais aussi avec un orage mémorable qui nous avait surpris puis contraint à nous coucher tout nus dans de la fameux orri de l'étang de la Carança à 4 heures de l'après-midi. Oui, en quelques secondes, le ciel était passé d'un bleu azur très pur au noir le plus total. Alors que nous étions entre l'Etang Bleu et l'Etang Noir redescendant du pic de la Fosse des Géants, le petit sentier s'était soudain transformé en un fougueux torrent, lequel par endroits atteignait 50 cm de hauteur d'eau. Pourtant, nous avions très bien préparé cette longue boucle et Météo France avait annoncé seulement un grand beau temps. Alors comment ne pas se souvenir d'instants à la fois si périlleux mais inoubliables ? Alors soyez prudents ! Mais aujourd’hui rien de tel , il nous faut prendre à regrets le même chemin pour le retour au moins jusqu’au bassin. Ici, personnellement et ne serait-ce que pour faire varier les décors,  je conseille de prendre la piste qui part à gauche du parking de la Cabane d’Aixeques. Elle enjambe le torrent de la  Riberole puis descend  tout en sous-bois jusqu’à la Jasse de la Castellasse où vous pouvez observer un superbe exemplaire d’un orri en pierres, cet abri de berger traditionnel des Pyrénées. Oui, les orris sont nombreux par ici. Il faut savoir qu’on a donné ce nom de «  orri » ou « orry » ou encore « horry », selon les région, à ces cabanes de bergers construites par encorbellement de dalles de pierres souvent coiffées de mottes d’herbes de gispet pour l’étanchéité mais qu’au sens plus large ce terme désigne tout simplement un emplacement d’estives disposant de constructions (cabanes, bergeries, enclos, etc…). Après l’orri, l’épaisse forêt laisse peu à peu la place à un décor beaucoup plus minéral où l’impétueux torrent a creusé de profondes gorges que l’on va longer et dominer jusqu’à retrouver le Castell. Là, deux possibilités s’offrent à nouveau à vous : soit vous descendez directement vers Prats-Balaguer par la sente prise à l’aller soit vous poursuivez la piste pour une fois encore découvrir d’autres vues de ce charmant village. Les Thermes de Saint-Thomas étant souvent ouverts très tard le soir, il vous restera sans doute encore un peu de temps pour aller vous prélasser dans les agréables bains chauds ou bouillonnants de cette charmante station aquatique. Croyez-moi, après une jolie randonnée comme celle-ci, se baigner dans des eaux de 34 à 38 degrés, c’est vraiment génial !!!  Carte IGN 2250 ET Bourg-Madame-Mont-Louis.

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  • Non, pour une fois, ce n’est pas dans l’actualité quotidienne et journalistique que je suis allé chercher l’article de mon journal personnel et mensuel. En ce début juin, j’aurais pu bien sûr évoquer cet assaut israélien contre des bateaux de militants pro-palestiniens mais j’avoue être un peu dépassé pas cette horrible guerre qui dure par delà les générations. Guerre pour un territoire ? Guerre de religions ? Je ne comprends pas grand chose à cette guerre, ni les motivations des uns et des autres à la poursuivre sans répit, d’autant que les perspectives de résultats me paraissent aussi éloignées que la Terre peut l’être du Soleil.

    Ce titre racoleur, ce n’est pas non plus un contact avec des extra-terrestres, du style rencontre du 3eme ou 4eme type !!!! Non, ce sont des échanges par messagerie tout simples mais ô combien encourageants quand on se met à créer un blog comme celui que je consacre depuis deux années aux randonnées pédestres. Bien sûr, des contacts j’en ai eu quelques autres, de gentils commentaires dans mon livre d’or aussi mais j’avoue que ces échanges spontanés et amicaux que j’ai eu avec Laurence Estines-Lacabanne du Club de Randonnée Pédestre du Foyer Rural d’Auriac du Périgord sont si inhabituels qu'il me paraissait impensable de ne pas en parler dans mon journal personnel. Gentillesse des échanges, harmonie commune pour la randonnée pédestre et les « choses » que nous aimons ou pas, invitations, confiance réciproque, générosité au point de m’offrir un guide qui va m’être très précieux, etc.….

    Quand on développe un blog, on rêve de tels contacts mais ils arrivent que trop rarement.

    Alors je dois en convenir : mon actualité du mois  a été ce fantastique contact !!!!

    Le club de randonnée pédestre du Foyer Rural d'Auriac du Périgord

    (photo prise à Fenouillet en mai 2010)


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